Evasion -Fin-

Rentré chez Marie-Lou, Aubin prend une longue douche, procède à une toilette méticuleuse. Malgré le manque de sommeil dû surtout au stress, il se sent en forme. Maintenant que Gus le sait dans les parages, l'a vu (et de quelle façon!), il peut fréquenter ses anciens quartiers, juste pour revoir certaines connaissances.
La promenade tourne au cauchemar. Encore une fois, désillusions. Les quartiers changent en trois ans! Les gens aussi. Pour Aubin, le temps passé semble court. Il a beaucoup de mal à comprendre que tout soit chamboulé. Selon lui, rien n'aurait dû changer.
Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, il rejoint le bistro attitré de Gus. L'homme est là qui l'attend, si l'on en juge au large sourire éclairant son visage en apercevant l'arrivant:
<< - Tu manges avec moi? >>

Aubin accepte. Il sait ne rien risquer de mauvais. Gus ne lui fera plus aucun mal. D'abord parce qu'il aime Aubin, sincèrement, passionnément. Ensuite, parce qu'il ne voudrait pas l'entendre clamer partout qu'il s'est laissé enculer par son revenant d'amant. Pas question pour lui de formuler un tel aveu, d'en supporter ne serait-ce que la rumeur. Si c'était le cas, il s'enfuirait, loin de tout, couvert de honte, après avoir massacré le responsable d'une telle révélation. Il souhaitait cette sodomie, par amour, par besoin de sentir en lui le corps de son aimé. De petit malfrat fiérot de sa virilité, il est passé à l'amoureux transi, sans même élever la moindre objection, sans même chercher à l'éviter, heureux que cela lui advienne. Mais c'est un secret entre lui et Aubin. Ce dernier connaît l'importance des ébats de la nuit précédente. Ils furent intenses, bien que réduits à peu d'actes. En enfilant Gus, il le plaçait sous sa coupe et Gus le savait qui faiblissait par amour tout en sachant pertinemment qu'il complétait cet amour.
Dans le troquet, quelques personnes manifestent leur contentement en revoyant Aubin.

On ne l'aborde pas directement, pas en présence de Gus dont la côte remonte quelque peu, juste un signe amical. Ce qui n'empêche nullement les langues de dire ou/et de médire. Les deux amants ne parlent pas, s'observent tout en mangeant, aucun sourire, aucun geste de connivence. Ils ne ressentent pas le besoin de quoi que ce soit. Le café avalé, grand seigneur Gus paye, faisant en sorte que cela se sache, exhibant comme toujours une liasse de billets. Aubin se lève, pose une main sur son épaule, décrète d'une voix douce mais ferme:
<< - J'ai été très heureux de te revoir.
- Tu t'en vas? Tu ne restes pas?
- Non, je ne reste pas.
- Mais, je croyais….
- Laisse, Gus. Ne crois rien. Je sais ce que tu éprouves pour moi. Mais tu t'en remettras comme tu te remets de tout, en t'inventant des trucs pas possibles. Je ne m'inquiète pas pour toi. Cela dit, la vie est bizarre. Alors, qui sait? À la revoyure, si Dieu le veut! >>

Gus comprend qu'une parole supplémentaire provoquerait ce qu'il craint le plus. Il sait que, maintenant, de longues périodes d'attente commencent.
Aubin, dans le métro, résiste à plusieurs reprises pour ne pas rebrousser chemin, rejoindre Gus, lui hurler à la face qu'il veut vivre avec lui, n'aimer que lui. Ce matin, alors qu'il se rhabillait en douce, il était tenté de se recoucher, de se lover contre un Gus dont il aurait enfourné la grosse bite entre ses fesses, sans capote, preuve de sa confiance envers lui retrouvée. Il savait que céder à ses envies n'apporterait rien de bon. Qu'adviendrait-il en cas de vie commune? Le noir total: pas d'avenir envisageable donc des tas de tracasseries, d'emmerdes avec, à la clé probablement, retour à des magouilles dont il ferait les frais. En fin de compte, alors qu'il sort de la bouche de métro, il se sent fier, heureux, rassuré. Pour lui, l'histoire Gus s'achève. D'ailleurs, toute cette vie de la capitale l'énerve. Il ne connaît plus rien et presque plus personne.
S'il s'écoutait, il partirait de suite afin de revivre de belles vacances entre un Modeste toujours aussi chaleureux de la queue et du reste et un Mikael toujours gourmand de chairs et de culs. Cependant, il lui faut ménager Marie-Lou, sa copine, envers qui il pense être redevable, ainsi que Mama, sans omettre Michette et le gueuleton de ce soir. À ce propos, Aubin se rend compte qu'il oubliait presque de commander à un traiteur, s'en occupe sans plus tarder. Un peu plus tard, désireux de passer pénardement l'après-midi, il se consacre au shopping. Un certain renouveau dans sa garde robe ne sera pas du luxe. Il passe devant une multitude de vitrines sans s'arrêter. Rien ne l'intéresse vraiment, rien ne lui plaît vraiment. Pourtant, il aimait tant les fringues dernière mode! Ce qu'approuvait, et encourageait, Gus qui ne rechignait pas au décorum dès qu'il s'agissait de pavoiser en public. Décidément, tout change! Il se force à quelques achats, sans conviction.

Aubin regagne le domicile de Marie-Lou. Il compte faire son bagage, partir dès demain.
Dans l'appartement, une surprise l'attend: Élias, la mine renfrognée, l'accueille bruyamment, hurlant presque:
<< - Tu te rends compte, ils voulaient m'embrigader dans un coup merdique. Le Stan n'en voulait pas à mes fesses. Il cherchait tout bonnement un pigeon pour faire le boulot à sa place. Tu avais raison: c'est une lopette. Faire la pute, d'accord! Pas le truand de bas étage!
- Content de te savoir dans de meilleures dispositions, Élias. Et maintenant?
- Je ne sais pas trop. Je crois que je vais rester encore quelques jours dans le coin. Si je ne trouve rien qui m'aille, je rentre chez Paulin. Je l'ai eu au téléphone, il est triste. Mais il dit ne pas m'en vouloir, me comprendre. Et toi?
- J'ai une soirée. Je repars demain. Je te laisse ton billet de retour, au cas où.
- Marie-Lou espérait que tu passerais une journée avec elle. Elle sera déçue.
- Je sais mais je n'ai plus rien à faire ici et rester ne m'apportera vraiment rien.
Pour dire le vrai, je ne supporte plus. En compensation d'un départ précipité, j'ai un cadeau pour elle. Ça devrait lui plaire de venir passer une semaine avec moi. >>

Sur les coups de 18h30, Marie-Lou rentre à l'appartement. Elle ne rechigne pas en apprenant la décision d'Aubin de quitter les lieux au plus vite. Par contre, elle accepte l'invitation à passer une semaine de repos avec son ami, là-bas dans les lointaines campagnes, comme elle dit en plaisantant. Petit apéritif avant la séparation. Elias et Marie-Lou passeront la soirée ensemble. Aubin annonce qu'il ne rentrera probablement pas de la nuit, passera juste demain dans la matinée afin de prendre ses affaires.
A 19h30 pétantes, Aubin sonne à la porte de Michette qui ouvre illico.
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Grande classe, la maîtresse de maison! Cheveux permanentés, maquillage discret, magnifique robe à fourreau noire pailletée avec décolleté généreux dans le dos, talons aiguille, bijoux assortis simples mais composés de petits cailloux véritables et scintillants. Elle se colle contre Aubin dont elle happe les lèvres avec les siennes, bisou coquin avec main chatouilleuse de braguette, heureuse de sa taquinerie. D'un geste ample, elle l'invite à entrer dans l'appartement. Décor surréaliste! On pourrait penser à l'antre d'un gourou ou chez une diseuse de bonne aventure. Ici, tout est couvert de tapisseries multicolores, au sol une quantité impressionnante de coussins multicolores. La pièce (salon?) est éclairée de bougies fichées sur des chandeliers. Accrochés aux murs, ce qui semble être des trophées de chasse: cornes, griffes, peaux de zèbre et de léopard (vraies?). L'atmosphère surchauffée est surchargée par l'odeur d'un encens aux effluves épicés. Aubin tousse. Michette déclare, joyeuse:
<< - Passons dans la salle à manger. Ici, c'est notre nid d'amour. En réalité, cette pièce est le salon mais nous l'avons accaparée pour cause de travaux dans l'autre.
Mon grand loup s'y est mis depuis avant-hier. Un vrai professionnel! Hier, tu as mangé dans une pièce attenante. Viens voir la perle rare, ma petite chérie. Tu comprendras pourquoi je l'adore. >>

La perle en question s'affaire à mettre le couvert.
Impressionnant! Gigantesque! Immense! Est-ce Grandgousier? Est-ce Gargantua? Le malabar avec une peau d'ébène, luisante comme un sou neuf, ne dépareillerait pas si on le comparaît aux deux héros de Rabelais. Resplendissant, l'homme venu d'Afrique! Il émane du personnage un classe incontestable, une dignité certaine dans son costume taillé sur mesure, vestige de leur après-midi au champ de courses. Aubin, planté, inanimé, fixe Dialo de tous ses yeux comme s'il voulait engranger un maximum d'images de lui par peur de voir s'effacer le mirage. Un large sourire, des yeux amusés, viennent saluer l'arrivant. Deux lèvres épaisses et chaudes se posent sur les joues d'Aubin qui ne sait que faire, que dire. Michette, fière de son homme, rompt le silence:
<< - Je te l'avais dit. Il fait toujours cet effet-là sur ceux qui le rencontrent pour la première fois. Et ça a du mal à passer par la suite. Moi-même, j'ai dû surmonter le choc. Et chaque heure que Dieu fait, je m'étonne de l'avoir avec moi. Chaque regard que je dirige sur lui m'apporte un nouveau sujet d'admiration. >>

En disant cela, Michette passe sa langue sur ses lèvres, les yeux étincelants. Dialo ne dit rien, comme si le fait de parler de lui en sa présence ne le gênait nullement. Le compliment de son amant titulaire provoque, chez lui, un énorme rire de satisfaction. Il est heureux de lui, de son couple, de recevoir, de la vie en général, Aubin en mettrait sa main à couper. Les présentations sont interrompues par l'arrivée du traiteur. Aubin se charge de réceptionner sa commande puis, aidé par le géant merveilleux, de préparer la nourriture. Il s'étonne de ce que ce soit Dialo qui se charge des corvées ménagères, d'autant que Michette se pavane, fume-cigarette en main, admirative et évanescente. Une grosse voix s'élève:
<< - Mon petit cul adoré m'entretient, j'entretiens la maison. >>

Nouvel éclat de rire sonore. Aubin fait celui que rien n'étonne. Par contre, il admire la dextérité de Dialo dans ses gestes. Ce gigantesque gabarit se meut avec agilité, s'empare des objets avec une grande délicatesse. Comment pareille carrure peut-elle ne rien bousculer dans cet appartement qui paraît bien trop petit pour elle? Cet homme serait une parfaite publicité pour un détective, un système de défense, un groupe de gardes du corps. Un mur de défense fort plaisant, songe Aubin qui aimerait bien se cogner contre ce mur-là si la place n'était pas prise. Cette pensée s'éloigne vite: jamais il ne ferait un tel mauvais coup à Michette.

Tout est en place, on s'attable. Michette entre les deux hommes, devient frétillante, lumineuse. Quel orgueil dans ses yeux! Elle jubile de montrer son mec! Lui, content, n'y prête plus attention: question d'habitude. Il se sait admiré continuellement par sa moitié, cela lui suffit, cela le satisfait. L'appétit va avec le reste: à grande carcasse, gros besoins de nourriture. Autre motif d'étonnement: la façon dont Dialo décortique sa langouste avec couteau et fourchette et autres ustensiles, sans jamais la toucher de ses doigts! Cela rappelle à Aubin une histoire que lui racontait sa mère, à des fins éducatives, alors qu'il était . Elle travaillait dans un restaurant à clientèle cossue, n'acceptant pas le premier venu, à une exception près: le marchand de bois et charbons. Un homme frustre en apparence qui venait chaque semaine déjeuner afin de savourer quelques mets de choix. Cet homme, connaissant l'état de propreté douteuse de ses mains, sous ses ongles, malgré un nettoyage minutieux, savait se servir des couverts avec un brio hors du commun! Langouste (comme notre Dialo), crabe entier, homard, pelage et découpage des fruits, etc. Aubin était certain que sa mère exagérait. Aujourd'hui, il détient la preuve du contraire. Il raconte l'anecdote à ses hôtes. Dialo se contente de hausser les épaules. Pour lui, rien d'exceptionnel. Le reste du repas se passe dans les seuls bruits des mandibules, des couverts. Les verres se remplissent, se vident, au rythme des bouchées que l'on avale. Aubin remarque que Michette, elle aussi, fait montre d'un solide appétit. Heureusement qu'il avait prévu large. Si les yeux quittent les assiettes, c'est pour se diriger vers le bel ébène qui, lui, ne s'occupe que de son assiette. Café, pousse-café. Dialo, en maître de maison accompli, sert et dessert, s'excusant de ses brèves absences pour cause ménagère. Michette et Aubin papotent beaucoup sur le passé, peu sur le présent, jamais sur l'avenir. Enfin, corvées diverses achevées, Dialo propose un peu de détente sur les coussins. Chacun s'installe, verre de digestif en main. Musique africaine en sourdine, encens.
Aubin se sent comme partir dans certaines brumes indéfinissables. Pas un instant il pense que la soirée va tourner à la partouze. Il se voit léger, aérien, serein. Sa vessie lui rappelle certaines obligations corporelles. Il se lève, une fois la salle de bain indiquée.
Jambes écartées, braguette largement ouverte, il sort son engin qui éjecte son trop plein à gros jet. Il entend la porte s'ouvrir, pense que Michette vient se refaire une beauté tout en lorgnant sa queue. Au lieu de cela, il sent deux mains baisser complètement son jean, une grosse voix murmurer:
<< - Laisses-toi faire, tu vas vivre un bon moment. T'inquiète, Michette, elle est d'accord. D'ailleurs, elle va piquer un petit roupillon pendant que j'admire ton cul. Tu veux? >>

Aubin ne répond pas, son cerveau ne réagit plus: l'alcool, la nourriture, la fumette, évidemment! Il se reproche de céder mais se félicite aussi de céder, une fois les dernières gouttes d'urine lâchées.
Déjà une énorme barre de chair se glisse dans la raie de ses fesses, lubrifiée par la mouille et un peu de salive. Le bientôt enculé se cambre, demande que son enculeur y aille mollo. Dialo ricane, assurant avoir une grande expérience. En effet, il ne ment pas. La matraque s'infiltre dans l'anus, lentement, sans s'arrêter, intégralement. Les longs doigts s'en viennent chiffonner les tétons. Les belles grosses lèvres câlinent le cou, le dos, les joues, les oreilles. Le bassin ondule. La queue pénètre, se retire, pénètre encore, se retire à nouveau et ainsi de suite, agissant comme une sorte d'automate lubrique. Aubin grogne son plaisir de posséder en lui un tel braquemart. Plus rien ne compte hormis se faire troncher par cette merveille sexuelle. Une main lui prend le menton, l'oblige à tourner la tête. La bouche de Dialo vient jouer avec celle d'Aubin qui reçoit une des plus belles pelles de sa vie. Glouton, il demande quelque raffinement. Les corps se dénudent entièrement. Aubin admire le corps athlétique, bien que légèrement grassouillet, de son amant. Il s'assied sur la cuvette des WC, lève les jambes, offrant son trou à la perforeuse de chair qui se tend sous ses yeux. Le cul plein de ce bâton noir, il gémit à chaque coup de boutoir, prêt à hurler sa joie. Dialo s'enfonce dans ce cul avenant, souriant de toutes ses dents, remerciant son partenaire de lui permettre un tel divertissement. Les visages se tendent, comme les muscles. Les queues se rebiffent laissant échapper de longues coulées de foutre. Aubin comprend que ses intestins sont noyés. Dialo voit le carrelage inondé. Ultime pelle langoureuse. Nettoyage du parterre par Dialo qui kavera son énorme mandrin après, tandis qu'Aubin procède à une toilette de ses arrières. Sourires et retour au salon.
Michette ouvre les yeux, murmure:
<< - Vous avez vite fait, les chatons. Au fait, Aubin ma chérie, ne t'inquiète pas. Dialo est sain. Il ne supporte pas les capotes et aucune ne lui va: elles craquent toutes. Ses analyses sont négatives. >>

Aubin ne s'inquiétait pas. Michette ajoute:
<< - Dialo aime fricoter avec mes copines. Une gâterie que je lui laisse volontiers. >>

Aubin murmure, tout en reprenant position sur les coussins:
<< - Je me crois au paradis, accueilli par un drôle de couple. >>

Michette l'observe, répond:
<< - C'est vrai. Pas très conventionnel n'est-ce pas? Mais ça marche. C'est l'essentiel.
- Le tout est de ne pas payer un prix trop fort.
- Tu as raison, ma toute belle. Dialo paye un prix, moi j'en paye un autre.
- On peut savoir?
- Difficile à définir. J'aime le luxe. Tous mes bijoux sont des vrais. Les émoluments que je perçois dans mon travail sont bien insuffisants. Tu me connais: je tapine depuis longtemps maintenant. Mais je mène une vie très indépendante: pas de mac! Stan s'y est essayé. Même Gus a tenté de me protéger comme ils disent. J'ai réussi à tenir bon! Dialo arrivait de son Congo natal, sans ressource. A l'époque, je m'engageais dans le processus qui devait me permettre de devenir une femme à part entière. La seule chose qui me restait de mon état d'homme c'était le pénis. Dialo me plaisait énormément mais je craignais de l'aborder. Un jour, désespéré de ne pouvoir trouver un travail correct (il a un certain bagage universitaire), il m'a déballé son cafard. J'ai voulu lui faire voir qu'on pouvait s'intéresser à lui, j'ai débité tout un tas de conneries. Ma main s'est égarée sur sa braguette qui s'est ouverte comme par enchantement. N'ayant plus aucun argument pour le consoler, j'ai pris sa queue en bouche. Ensuite, je lui ai parlé de moi, de mon pénis que j'exècre. Fallait voir ses yeux grands ouverts quand il a su. Pour lui, c'était impensable qu'un homme puisse se les faire couper, comme on dit. Il m'a pris en pitié, je le crois fermement. On s'est parlé régulièrement, sans avoir de rapports sexuels. Afin de lui éviter la rue, je l'ai pris avec moi, à la maison, chambre à part. Quand est arrivée la mauvaise nouvelle, la confirmation d'une opération impossible pour moi, j'ai cru que j'allais en finir. Stan l'a su, Gus aussi. Tous deux ont tenté de me maquer. Sans que je le lui demande, Dialo s'est interposé. Depuis, ils me fichent la paix, ils m'ignorent et c'est tant mieux! Ils savent ne pas être de taille, ces deux minables. Un soir où je fondais littéralement en larmes, hurlant intérieurement que jamais plus aucun homme ne m'aimerait, que le bonheur m'était dorénavant interdit, que j'étais devenu un monstre mi-homme, mi-femme, Dialo est venu se coucher à côté de moi, dans mon lit. Il m'a enveloppé dans ses bras, à déposé ses lèvres dans mon cou. Ce contact m'a rassuré et je lui en serai éternellement reconnaissant. Dans la nuit, alors qu'il dormait, je n'ai pas résisté à lui faire une fellation, peut-être en guise de remerciement. Réveillé, il m'a gentiment repoussé, comprenant les raisons de mon acte. J'ai insisté lui disant que j'en avais vraiment envie. Durant quelques semaines, nous nous contentions de ce jeu. Moi, j'évitais de mettre sa peau en contact avec mon pénis que je dissimulais comme le font les travestis. Jusqu'au soir où tout à foutu le camp sans que je comprenne pourquoi. Il m'a longuement regardée, à mis son nez entre mes deux seins et trois de ses doigts entre mes fesses. Inutile de dire quoi que ce soit, il me voulait tel que j'étais. Durant cette époque, Dialo cherchait un travail, sans succès. Alors, afin de se rendre utile, il s'est occupé de la maison: ménage, cuisine, lessive, enfin tout quoi! J'ai continué le tapin, limitant mes dépenses somptuaires: plus de bijoux, plus de vêtements chics. Tous ceux que je possède aujourd'hui, je les ai achetés avant de connaître Dialo. Depuis, nous menons notre vie. Lui ne cherche plus de travail: il en a un ici, officiellement déclaré avec contrat de travail et tout le bastringue. Son seul plaisir: les courses et mes fesses. Il joue raisonnablement. À notre façon, nous nous aimons. Dès qu'un problème se met entre nous, nous en parlons, franchement, sans rien nous cacher. Nous surmontons ensemble les difficultés. Il lui arrive d'aller voir ailleurs, comme on dit, histoire de tremper son énorme engin dans un nouveau fourreau. Mais c'est juste un caprice, sans grande conséquence. Moi, j'ai mes passes. Tu sais que je choisis mes clients: pas de vieux, de bedonnants, de scrofuleux. Du bureaucrate jeune et pressé, bien mis en tous points, uniquement. Que dire de plus? >>

Dialo n'a pas perdu un mot des paroles de Michette. Aubin aperçoit ses yeux très humides, plein de reconnaissance. Ils s'admirent l'un l'autre, sans aucun doute. Un joint circule ajoutant à l'ambiance une sorte de douceur cotonneuse. Comme pour lui-même, Michette marmonne:
<< - Oui, peut-être que l'on s'aime, Dialo et moi. En tout cas, je veux le croire. >>

De son coin, Dialo rétorque:
<< - Ça! Y'a pas de doute, on s'aime mon petit cul adoré! >>

Il se lève, rejoint les coussins sur lesquels Michette se couche, s'allonge sur lui, couvre son visage de baisers. Les mains majestueuses se baladent sur le corps vêtu d'une robe du soir pailletée, corps qui commence une sorte de ballet aux trémoussements suggestifs.
Sans bruit, Aubin s'éclipse, quitte l'appartement, laissant les amoureux s'étreindre, un brin jaloux, un autre brin déçu de n'avoir pas été invité clairement à se mêler aux ébats.
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Les confidences de Michette et Dialo, la soirée passée en leur compagnie, la saveur de cette énorme bite dans ses entrailles, ont beaucoup ému Aubin. Toute la nuit il n'a pas cessé de rêver à ce bonheur. Au réveil, il ressent comme des effluves de ce même bonheur. Son humeur grimpe au beau fixe. Une idée ne cesse de le tarabuster depuis le petit déjeuner: pourquoi ne pourrait-il pas être heureux avec Gus, malgré leurs différences, leurs défauts, leurs peurs? Il en arrive à se persuader de tenter le coup. Il lui reste une grosse semaine de congé. Pourquoi ne pas en profiter? Il croise Élias sur le point de partir en quête d'un avenir incertain, le questionne:
<< - Alors, où tu en es?
- Je ne sais pas trop. Je n'ai pas envie de rentrer. Ça ne me dit rien de passer ma vie avec Paulin. Tu comprends?
- Tu sais, Marie-Lou ne va pas pouvoir te garder plus d'une semaine supplémentaire, si tu ne lui donnes pas un coup de pouce financier. Grouille-toi pour te décider. Essaye d'abord de savoir ce que tu veux faire.
- Facile à dire! Je n'en sais rien, moi. Bosser, c'est chiant!
- Faire la pute, c'est aussi bosser, à mon avis.
- Ouais mais ce n'est pas pareil. On prend son pied. Tu vois ce que je veux dire?
- Certes! Mais ça n'a qu'un temps. Celui d'un corps ferme, sans ride, sans surcharge pondérale, dus aux ans. Et tu crois y arriver seul, incapable de te défendre physiquement comme c'est ton cas? Je ne parle pas des barons que tu seras obligé de t'envoyer pour vivre. La plupart ce sont les imbaisables de tout crin, plutôt pas ragoûtant. Ce n'est pas gagné et facile de supporter ces radasses.
- Qu'est-ce que tu crois? Je vais trier.
- Au début, peut-être. Et encore, pas sûr! Mais bien vite, si tu veux croûter, tu devras en passer par ce qui se présente. À moins que tu te fasses aider.
- Pas question de me faire maquer.
- Je sais, Élias, je sais. Nous en reparlerons plus tard. Tu rentres, ce soir?
- Ouais, je n'ai plus un seul radis.
- Alors on en reparlera demain matin. J'ai peut-être une idée. >>

Élias s'en va. Aubin téléphone à Marie-Lou, déjà au travail, pour lui annoncer sa décision de rester encore un peu. Elle prend la nouvelle avec joie. Ensuite, il se bichonne. En fin de matinée, il se pointe à l'hôtel des 4 vents. Mama lui annonce que Gus dort toujours. Il confie un passe à Aubin, geste accompagné d'un clin d'œil et de deux mots: méfie-toi!

Aubin pénètre doucement dans la chambre. Les volets sont clos, les rideaux idem. La pénombre règne. Gus dort, allongé sur le dos, draps et couvertures repoussées, ventre et bite à l'air. Sans bruit, Aubin quitte ses vêtements, s'approche du lit, gobe la queue molle qui ne tarde pas à se redresser sous l'effet de la succion. Le suceur observe le visage du sucé. Il remarque les yeux devenus mi-clos, les lèvres prononcer:
<< - Tu ne peux pas te passer de moi, hein? Pareil pour moi. Putain, j'avais presque oublié comment tu suçais bien! C'est un crime de se passer d'une bouche pareille! Pas trop vite, mon Aubin! Mollo! La bête risque de cracher sans prévenir. Voilà, doucement! Avale tout ce que tu peux. Ne t'étrangle pas. Ouah!... Donne-moi la tienne, je vais te la bouffer entière. >>

Aubin se place à quatre pattes au dessus, prend la position du 69. Sa bite pénètre la bouche de Gus qui commence à se délecter, aspirant tout ce qu'il peut du morceau massif. Ses mains palpent les fesses avant de procéder à une perquisition en règle de l'anus demandeur. Ecartèlement des deux hémisphères, approche de doigts, pénétration digitale avec mouvements vibratoires. Tout en continuant sa fellation, Aubin bougonne des mots incompréhensibles. Gus prend ces borborygmes pour un assentiment. Il accélère. Les corps, électrisés par ces préparatifs, demandent une pause. Les bouches se joignent dans des pelles magistrales avec palpation générale des corps, ventre contre ventre, jambes entre jambes. Les cous reçoivent leur part de suçons, les oreilles leurs doses de salive via les coups de langues fureteuses. Les amants passent aux complications. Reprise de la position 69 afin d'accéder aux anus, de les lécher abondamment et de les titiller à l'aide de l'appendice buccale. Les gosiers gémissent le bonheur des plaisirs de la chair. Les queues, raidies au maximum, se voient congratulées lors du passage des bouches qui s'acheminent, aller-retour, entre les glands et les anus. Le temps de donner, de prendre, se fait sentir. L'engin vigoureux, fier, d'un Gus au bord de l'apoplexie, regimbe de joie au moment de son habillage. Bien lubrifié, le vit se dresse sans aide manuelle, vibrant de vitalité. Aubin s'assied dessus, face à son enculeur qu'il gratifie d'une nouvelle pelle tout en exécutant le baisser-lever. Il adore cette matraque dans ses tripes. Sa grosseur, sa longueur, autorisent un remplissage complet. Le coulissage excite la prostate. Les couilles de l'enculé frappent doucement sur le ventre de l'autre, comme son braquemart. Les corps frôlent l'explosion. Fin de la sodomie. Retour aux papouilles en tous genres, celles qui maintiennent les sens en alerte. A deux reprises, entre deux baisers langoureux, Gus murmure:
<< - Putain que je te veux! >>

Ce qui, chez lui, équivaut à un "je t'aime" sincère. La pression ramenée à une densité plus raisonnable, les rôles sont inversés. Gus se couche sur le côté, arrières bien cambrés. Aubin habille sa bite, oint l'anus exposé avant de procéder au remplissage puis au pilonnage des entrailles. Un doux concert d'onomatopées diverses et variées remplit la pièce, accompagné par le léger grincement du sommier. Cette fois, les organismes n'en peuvent plus d'impatience, seulement deux minutes de pistonnage et les queues envoient leur crème. Une fois encore, Gus arrose copieusement le bord du lit. La bite d'Aubin se noie dans son foutre qui comble la capote. Les corps, secoués de spasmes éjaculatoires, mettent du temps à s'apaiser.
Côte à côte, les amants se taquinent, se bidouillent, se tripotent. Les doigts d'Aubin se faufilent entre les poils du pubis de Gus avant de soupeser les couilles, de s'immiscer entre les fesses pour deux d'entre eux. Ce dernier déclare accepter une autre pénétration. Reprise de la position précédente. Il prend la queue d'Aubin, se la plante dans l'anus, négligeant le préservatif. Plus lente, plus langoureuse, dirons-nous, la sodomie reste délectable. Lorsque la sève monte, Gus met ses bras en arrière, retient son amant en l'attrapant par les fesses, en le collant plus contre lui. Il sent les soubresauts de l'éjaculateur, devine les jets de foutre couvrir les parois de son anus. Malgré lui, sa queue lâche son jus au même endroit que précédemment. Il râle:
<< - Merde! Va falloir nettoyer avant le passage de la femme de ménage! >>

Les corps respirent en rythme. Gus, tête sur le ventre d'Aubin lui donne de petits coups de langue. Passées dix bonnes minutes de silence, il exprime sa pensée à voix haute:
<< - Tu vois, Aubin, nous deux c'est trop fort maintenant. Je ne crois pas qu'on puisse rester ensemble. J'en suis sûr, je sais que je t'aime comme un dingue. Mais je sais aussi que je ne renierai jamais ce que je suis vraiment. Je me connais bien. Le Gus, c'est rien de joli, joli! Un jour ou l'autre, demain peut-être, je repiquerais dans mes penchants et je te foutrais encore au tapin, d'une façon inédite probablement. Toi, tu accepteras, au début. Tu en auras vite marre et on se foutra sur la gueule, on se haïra sûrement. Je ne veux pas te haïr. Je veux continuer à t'aimer. Je veux que tu continues à m'aimer. Je ne sais pas si je m'explique clairement. Je ne sais pas causer de ces choses-là. D'habitude, j'évite d'en parler pour tout dire. Passons cette dernière journée ensemble, où tu veux. Baisons à couilles rabattues, bouffons-nous complètement puis séparons-nous pour toujours. A moins que le hasard, et seulement lui, fasse que nos chemins se croisent. Alors, nous revivrons une ou deux journées, comme celle d'aujourd'hui et nous nous séparerons de nouveau. Qu'est-ce que tu en penses?
- Ça me va, Gus, ça me va. >>

La voix d'Aubin, emplie d'émotions, se fait presque inaudible. Sa tête pensait: vivons ensemble, sa bouche à prononcé des paroles signifiant le contraire.
Les amoureux ne quittent pas l'hôtel. Repas dans la chambre, champagne dans la chambre, musique dans la chambre, jeux érotiques dans la chambre, sans jamais s'habiller, culs nus, baises nues. On pétrit les chairs, on savoure les chairs, on pénètre les chairs. Entre les ébats, on raconte, on se raconte, on se fait des blagues friponnes, on rit. On imagine même la vie en couple, ce qu'elle serait, pourrait être, devrait être entre eux. Ce qui donne lieu aux plus folles suppositions. Vers 22h, harassés, repus de sexe, les deux hommes se faufilent sous la douche. Nettoyage réciproque, minutieux: les queues réagissent mollement.

Le temps de cesser les libertinages arrive. On se sèche mutuellement, on s'habille mutuellement riant des positions parfois cocasses. On quitte la chambre, sans un regard en arrière, sans un regret. Gus sort de l'hôtel. Aubin rejoint Mama, passe cinq minutes en sa compagnie, avant de partir lui aussi.
Sur le trottoir, aucunes traces de l'amant perdu.
Une vie s'éteint.

Retour chez Marie-Lou. Aubin apprend qu'Elias a emporté son bagage, refusant toute aide, tout conseil. Après tout, il est majeur, un idiot majeur en somme!

Trois jours plus tard, Aubin regagne le camping où il retrouve son travail sans se poser de question sur son avenir et remarque une apparition connue: Lazaro!.
Une vie commence.

FIN


APARTÉ PERSONNEL

Je tiens à remercier tous ceux qui m'encouragent, me complimentent, me critiquent de façon constructive, me font des suggestions et à qui je n'ai pu répondre personnellement faute de connaître leur adresse email. Idem pour ceux à qui j'ai répondu mais dont mes messages ne leur sont pas parvenus pour une raison inconnue de moi (ex: certains ayant un compte Hotmail.com ou laposte.net)
Encore merci à tous!

JMB

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