Evasion (4)

Élias revient au village, profitant des congés scolaires. Tremblant, larmes aux yeux, le garçon débarque chez Mathilde et Paulin, criant sa volonté de voir Aubin en urgence, faute de quoi il menace de tout casser. Heureusement, le couple est absent pour la journée. Aubin tente de calmer le jeune homme mais, surtout, de l’emmener loin de la maison. En effet, la marche calme les esprits, surtout celui du visiteur. Hors du village et des yeux scrutateurs, Aubin et Élias s’assoient au pied d’un arbre, côte à côte. Le premier, d’une voix rassurante, s’inquiète :
<< - Qu’est-ce que tu veux de moi ?
- Seulement te revoir.
- Et pour cela tu as besoin de faire un scandale?
- Je savais que les vieux n’étaient pas là. Je suis revenu depuis hier soir. Pourquoi tu ne veux plus de moi?
- Parce que nous l’avions décidé ensemble. Tu te souviens?
- C’est vrai. Mais je suis mordu. Je n’y peux rien. Toi, tu ne l’es pas. Je me trompe?
- Non, je ne le suis pas. Alors, qu’est-ce qu’on fait, maintenant?
- On baise. >>

En prononçant ces deux mots, Elias pose ses lèvres sur celles d’un Aubin décidé à céder avec contrepartie. Une fois les langues détachées, il murmure :
<< - D’accord pour baiser. Mais après, basta! On s’oublie.
- Promis, Aubin, juré!
- Si tu ne tiens pas parole, moi je demanderais à tes parents d’intervenir avec tout ce que cela comporte.
- Tu ne ferais pas ça?
- Si! Mathilde et Paulin sont au courant pour moi alors je n’ai rien à perdre. Tandis que toi, avec tes parents…. >>

Il n’a pas le loisir d’achever sa phrase : une langue vient congratuler la sienne. Le long baiser s’achève sur une nouvelle promesse de la part d’Élias. L’air est frais, le vent humide. L’endroit peu propice aux ébats. Les amants n’en tiennent aucun compte. Mal leur en prend! Fiasco total! Tout se termine par une branlette réciproque, sans chaleur.

Aubin est heureux de ce dénouement qui efface complètement le souvenir merveilleux de leur première fois. De plus, Élias ne décolère pas, persuadé qu’Aubin est responsable de cet échec. La séparation définitive intervient, les braguettes à peine fermées, sans mot, sans geste d'adieux.
Content, Aubin se dirige vers le village où l’attendent deux experts en matière de jambes en l’air. Il compte bien se rattr.
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Nuit chargée voire surchargée! Les humeurs étaient au porno. Modeste en verve ne manque ni d’ardeurs ni d’idées cochonnes. Aubin partage sa connaissance de la baise. Mickael apprend sagement avant d'innover en plusieurs domaines salaces. Duos ou trios se déroulent en une valse géante de queues en furie, de fesses en ébullition, de bouches chasseresses de baisers, de mains avides de palpations en tous genres. Les lèvres sucent. Les bites tronchent. Les culs avalent les pines. Les peaux subissent tous les outrages des langues fouineuses. Les anus aspirent des mètres de queues se succédant à un rythme effréné. Que dire des giclées de foutre aspergeant corps, capotes, draps, parquets ou carrelages? On s'attarde longuement à pratiquer diverses masturbations, différentes positions pour les fellations ou les sodomies. On papouille. On baisouillait. On s'enfile. On s'adonne au stupre avec assiduité.
Le combat cesse faute de jus, les muscles tétanisés par le trop plein de caresses, de jouissances. L’œil torve, l’ouvrier agricole se rend au boulot, à 5h comme d’habitude, les jambes plus que flageolantes.

Aubin quitte l’appartement au-dessus du magasin vers 11 heures, laissant Mikael dormir. Arrivé chez ses "patrons", il tente d’éviter de croiser Mathilde qui l’aperçoit malgré tout. Elle l’accueille courtoisement mais sans chaleur. À l’évidence, elle n’apprécie guère les escapades nocturnes de son invité qui, d’un regard, réfute d’avance toute objection, tout reproche à venir.
Soucieuse de ne pas provoquer de dissension, elle déclare :
<< - Mon mari vous a préparé pas mal de travail pour aujourd’hui. Il l’a posé près de l’ordinateur. Bon courage! Nous déjeunerons un peu plus tard, aujourd’hui, vers 13h30. Comme nous ne savions pas où vous étiez passé… >>

Aubin gagne sa chambre, se déshabille, se jette sous la douche avant de se raser. Tout à ses occupations hygiéniques, il remarque quand même que divers objets ont été déplacés ou mal remis à leur place. La femme de ménage? Non, elle ne vient jamais ici, Aubin nettoie lui-même, ses hôtes le savent. Il se dirige vers le grand placard mural, dans l’entrée : rien d’anormal. Visite des tiroirs : t-shirts, chaussettes et caleçons ont subi une inspection. Pire : quelqu’un s’est couché dans son lit, deux longs cheveux gris le prouvent. Mathilde? Non, impossible! Alors Paulin s’est offert un petit frisson en venant se faufiler entre les draps, espérant humer l’odeur de l’occupant habituel, apercevoir quelques tâches causées par des secrétions intimes. Le frisson, maintenant, c’est Aubin qui le subit, mais de rage. Comment ce vieux se permet-il une pareille violation! Ah il est beau l’ancien toubib, notable notoire du patelin qui s’adonne à des pratiques sexuelles en solitaire dans le lit des autres, à leur insu! Aubin maugrée une bonne dizaine de minutes sur le sujet pour en arriver à une conclusion imprévue au départ. Paulin est un homme malheureux qui tente de résister à ses penchants. Lui, Aubin, brise cette résistance par son unique présence.
En fin d’après-midi, les deux hommes se retrouvent en tête-à-tête, dans le bureau. Le plus jeune achève le travail du jour. L’aîné en apporte d’autre. L’ambiance vire à la gêne. L’un ne veut émettre aucun reproche à l’autre pour avoir découché. L’autre se retient de morigéner pour cause de fétichisme sur ses vêtements et sa literie. Finalement, Paulin n’y tient plus:
<< - Nous étions inquiets, ce matin, de ne pas vous voir.
Un accident est si vite arrivé. Soyez assez aimable pour nous avertir, si cela devait se reproduire, Aubin.
- Je n’y manquerai pas, Paulin. Cela vous permettra de mieux organiser une nouvelle incursion dans mes effets personnels ou entre mes draps.
- Je…. Je ne sais pas quoi dire….
- Vous ne niez pas, je vous en suis très reconnaissant.
- Pardonnez-moi, Aubin, c’était plus fort que moi. Vous n’étiez toujours pas de retour, vers 1h du matin. Je voulais m’en assurer. Et puis…. >>

Paulin se tait avant d’achever ce qu’il voulait dire. Ses yeux brillent plus que de raison. Aubin s’avance vers lui, pose une main sur son épaule :
<< - Je n’ai pas à porter quelque jugement que ce soit, Paulin. Je comprends ce que vous endurez depuis tant d’années. Je crois deviner que vous arrivez au bout de vos forces. Vous ne voulez pas perdre Mathilde mais désirez ardemment vous adonner aux errances, comme elle dit si joliment. Je suis incapable de vous donner ce que vous voulez, si peu que ce soit. Rien à voir avec votre personne. J’ai eu à fréquenter des hommes comme vous. Maintenant, les événements d’un passé récent m’en empêchent. Ceci précisé, je pense qu’il serait bon que je sorte de cette maison. Ma présence vous martyrise et je ne crois pas exagérer en disant cela.
- Où irez-vous? Et Mathilde?
- J’ai une possibilité au village. Il me suffira de demander. S’agissant de Mathilde, dites-lui la vérité. Si vous voulez, je vous y aiderai. Ça, c’est pour l’immédiat. Pour l’avenir, jetez-vous dans les errances, comme vous appelez ça, discrètement, en vous rendant en ville, par exemple. Une incartade de temps à autres ne devrait pas nuire à votre couple. Vous avez assez de motifs valables pour vous absenter quelques heures et vous rendre en ville, sans que Mathilde se doute de quoi que ce soit. Profitez de la vie! Vous ne manquez pas de qualités.
- Ma principale qualité, pour un jeune homme, c’est mon aisance financière.
Pour le reste, je ne suis qu’un vieux chnoque.
- Evidemment, si vous partez sur ce principe…. >>

Aubin écarte les bras, hausse les épaules. Paulin réussit un léger sourire de tristesse. Ils se séparent pour se retrouver dans la salle à manger au moment du dîner. Un peu plus guillerette que le matin, Mathilde devine qu’il se passe quelque chose entre son homme et son invité :
<< - Vous deux, ça ne va pas fort. Que se passe-t-il? >>

Paulin hésite. Aubin attaque franchement :
<< - Votre époux et moi avons eu une petite conversation, tout à l’heure.
- A quel propos, si ce n’est pas indiscret?
- De ses errances, enfin de ses espoirs d’errance si vous préférez.
- Et alors?
- Je vais aller au village, prendre une chambre, le temps de permettre à Paulin de faire le point. Que je vive ici le fait énormément souffrir outre le fait qu’il veut vous éviter toute peine. S’il estime pouvoir à nouveau supporter ma présence sous votre toit, je reviendrais. Au demeurant, notre collaboration littéraire devrait bientôt s’achever. Dans un mois environ, comme prévu. >>

Aubin regarde tour à tour l’époux puis l’épouse. Les couverts stagnent dans les assiettes encore pleines d’une délicieuse entrecôte bordelaise accompagnée de pommes sautées. Paulin, poings serrés sur la table, semble paralysé. Mathilde soulève sa généreuse poitrine, se coupe un morceau de viande qu’elle porte à sa bouche. Ensuite, comme si une idée géniale venait de lui traverser l’esprit, elle propose :
<< - Partir pour quelques jours serait idiot, et ne servirait à rien, Aubin. Mon mari et moi n’en surmonterions pas nos problèmes pour autant. Je crois savoir comment résoudre ces dilemmes. Mais permettez-moi d’aborder ce sujet en tête-à-tête avec Paulin. Ce n’est pas que je veuille faire des cachotteries, comprenez-le bien.
- Parfaitement. Je vous laisse.
- Non, finissez le dîner. Mon mari et moi parlerons plus tard. Nous aurions dû le faire bien avant. Il est des cas où espérer n’apporte que des malheurs. >>

Le repas s’achève dans une ambiance glaciale, comme si les convives étaient tous des étrangers les uns vis-à-vis des autres. Aubin se retire : il passera la nuit dans les bras de Mikael et de Modeste. Mathilde et Paulin se rendent dans le jardin d’hiver, où, devant une tisane, ils déversent leurs sentiments mutuels, cherchant un moyen de continuer ensemble, dans une nouvelle entente satisfaisante pour les deux.
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Quelle période! Pas loin de deux semaines de baises à deux toutes les nuits. Près de deux semaines de baises à trois la journée, à la demande d’un Modeste dont l’épouse est revenue. Le grand gagnant durant cette période, c’est Mikael : pour lui, câlins à tout va, grasses matinées, siestes prolongées avant de préparer la venue de ses amants.

Aubin tente de tenir le rythme : surtout ne pas négliger son travail, préserver ses bonnes relations avec Paulin et son épouse. Entre les deux, un accord est intervenu : lui a la permission de se ménager quelques heures "d’errances" durant ses déplacements en ville, sous réserve de ne rien chambouler dans sa vie de couple. C’est toujours mieux que de se priver 24h sur 24h, 365 jours sur 365 sans compter le jour supplémentaire dû aux années bissextiles!

La vie reprend un cours normal : Modeste se libère quand il peut, Mikael également qui retrouve le boulot, la recherche d’un coin tranquille et confortable, apte aux ébats lubriques, posant le plus de problèmes. Mais l’envie de baiser rend ingénieux.

Les jours défilent, les travaux de Paulin arrivent à leur terme. Il demande à Aubin de rester plus longtemps afin de taper le manuscrit définitif. Refus aimable mais ferme. Toutefois, le jeune homme tient à "dégourdir" son aîné qui semble paralysé à l’idée d’aller à la rencontre de mâles pour mâles. Après ces semaines de campagne, quasi de solitude, Aubin compte passer une semaine à F…. ville de plus de 100.000 habitants où foisonnent les endroits pour polissons en goguette. Il aimerait se dégourdir les méninges, selon ses propos, retrouver un peu d’agitation avant de décider où traîner ses guêtres et penser à se poser. Il propose à Paulin de le rejoindre afin de le "parrainer" dans sa nouvelle vie sexuelle. Celui-ci ne demande pas mieux, certain que rien de dangereux ne lui adviendra avec Aubin.

Dernière soirée, dernière occasion pour le trio de se la donner, pour sûr, comme dit Modeste. La fiesta se déroule…. chez Modeste dont l’épouse s’est efe de recevoir comme il convient, pour sûr (dixit son mari). En effet, la dinette initiale s’est transformée en agapes où le vin coule presque à flot. Les s couchés, les trois hommes s’adonnent aux conversations cochonnes qui causent une rougeur sur le visage de Madame. Toutefois, elle semble habituée au langage châtié de son Tendre qui n’hésite pas à lui proposer une petite place entre lui et ses amants. Donc, la Douce est au courant des frasques viriles de son jules au regard plus qu’égrillard. Elle décline poliment l’offre, grand sourire aux lèvres. Modeste croit indispensable de préciser à la cantonade:
<< - Elle sait pour mes frivolités entre mecs. J’y ai dit. Elle voudrait bien essayer les cochonneries d’groupe, mais elle ose pas. Une timide, pour sûr ! Enfin, l’occasion s’représentera. L’Mikael y reste, lui. >>

Les digestifs sur la table de la salle à manger, Madame se retire après une mise en garde :
<< - Pas de bruit. Les s dorment. Y z’ont pas besoin de savoir les vilénies de leur père, pour sûr. Chamboulez pas tout. Je vous souhaite pas bonne nuit, pas besoin. >>

Compréhensive la Madame de Modeste dont les yeux pétillent dans la perspective de la mélanger à ses enivrantes turpitudes. Les verres dégustation vidés, on se regarde entre hommes. La digestion devient difficile. L’idée d’un départ gâche la fête. On se dirige vers l’appentis aménagé en boxon. Tendrement allongés les uns contre les autres, on palabre sur les bons moments vécus. Les mains se baladent vers les queues mises à l’air plus par habitude que par envie. On tâte de la fesse, du cul, du téton. On se lèche un peu le gland, histoire d’obtenir de belles érections qui ne tardent pas à disparaître. Une fois de plus, Modeste traduit la pensée de tous :
<< - L’cœur y est pas, l’cul encore moins, pour sûr. >>

Alors on décide de couper court aux adieux. De sa fenêtre de chambre, Madame voit Aubin et Mikael déposer un rapide baiser sur les lèvres de son mari. Elle devine des humeurs chagrines. Dans pas longtemps, elle redonnera de la joie à Modeste, son déshabillé vaporeux le subjuguera dès qu’il l’apercevra, en attendant de s’ébattre entre lui et le petit Mikael pour qui elle mouille parfois.
Le mari rejoint sa Tendre avec qui il va se la donner, pour sûr. Compensation oblige. Les deux invités se quittent à l’entrée du village où le fils de l’épicier à voulu accompagner le vacancier. Là encore, rapide bisou sur les lèvres. On se met en chemin, sans se retourner.
Arrivé au domicile de son futur ex-patron, Aubin s’assied dans le jardin d’hiver, reste là sans penser, juste à fixer l’immense ficus éclairé par le clair de lune. Il monte se coucher vers les 3h, content de lui, content de ses amants, content de l’avenir qu’il se promet. Ce séjour campagnard s’est avéré fructueux, en tout cas délassant. Néanmoins, il a assez duré. Plus, ce serait s’ennuyer ou, pire encore, s’encroûter.

Vers 10h du matin, Aubin inspecte sa chambre : tout est nickel, il tient à laisser l’endroit impeccable. Il descend, dépose son bagage dans l’entrée, gagne la salle à manger où Mathilde et Paulin l’accueillent. Embrassades amicales sincères, sans mot dire. Aubin n’a pas voulu qu’on l’emmène à l’arrêt du bus. Il s’y rend à pied, là encore sans se retourner. Un quart d’heure plus tard, le car l’emporte.

Chez elle, Mathilde soupire. Elle s’était attachée au jeune homme, presque maternellement, encore que... Seulement il représentait un danger pour son couple. Il s’en est fallu d’un rien. Alors ce départ ne la chagrine pas trop. Elle omet simplement le petit service rendu à son époux et, dans peu de temps, à elle. Pas d’ingratitude dans tout ça, un oubli tout bonnement.

Dans son bureau, Paulin inerte n’a pas envie de travailler. Il regarde l’emplacement où s’installait Aubin, cherche à retrouver son odeur, son sourire, sa beauté. Demain, une femme prendra sa place pour taper le manuscrit. Ce flottement ne dure guère. Dans quatre jours, il se rendra à F… pour certaines démarches : Aubin à promis de le guider dans son "errance". Ce mot devient ridicule quand on sait ce qu’il évoque. Paulin s’en rend compte. Il jure d’appeler un chat, un chat et ses errances homosexualité.

Sur son tracteur, Modeste se dit que, pour sûr, cet Aubin là était un sacré coup ! Mais un sacré coup que commençait à lorgner sans vergogne sa douce épouse. Pour lui, désormais, deux personnes comptent dans sa vie amoureuse : sa femme et Mikael. Demain soir, ils doivent passer la soirée tous les trois. Une question se pose : le Mikael, de fait, acceptera-t-il de fricoter avec lui et Madame ? Probable mais pas sûr. Modeste hausse les épaules : on verra bien. Il passe non loin de la petite baraque au milieu du pré. Se souvenant y avoir amené des couvertures et autres objets de confort, il s’arrête afin de les récupérer. En revoyant le lieu, ses souvenirs resurgissent : le premier trio avec Mikael et Aubin : oui, un sacré coup le gars de la ville ! Modeste inspecte ce qu’il veut emporter : triste état que ces affaires-là, pourries par l’humidité et les bestioles. Idiot de les avoir oubliées ici! Dommage de perdre tout ça, un vrai gâchis, se dit-il.

Mikael, affairé derrière son comptoir, tente de satisfaire ses clientes toujours aussi bavardes. Son esprit n’est pas au boulot. Tout à l’heure, il a entrevu Aubin, sous l’abri bus, sac aux pieds, qui lui a fait un signe de main. Pour le jeune épicier, une aventure s’achève. Une période d’apprentissage, plutôt. Il regrette ce départ. Demain, d’autres événements commenceront : Modeste seul ou, à n’en pas douter, avec son épouse. Certes, elle ne déplaît pas à Mikael. Mais qu’est-ce qu’on peut bien faire avec une fille ? Se demande-t-il souvent. Il sait ce qui s’achève, il craint ce qui commence. La seule certitude de sa vie : il aime Modeste.
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Comme prévu, Paulin retrouve Aubin à F…. Le second emmène le premier dans un parc réputé pour le charme des flâneurs en quête d’amourettes furtives ou non. L’endroit semble quasi désert. Ensuite, ils se rendent au sauna. Révélation pour l’ex médecin à la retraite ! Éblouissement total ! Après quelques mouvements de répulsion en visitant certaines pièces quasiment noires et en reniflant les relents de foutre, après avoir repoussé des mains baladeuses au niveau de sa croupe, il s’engouffre dans un de ces bouges, poussé par le besoin d’apaiser ses chairs. Il laisse une bouche happer sa queue et son cul subir les assauts d’une bite vigoureuse, le tout sans voir les visages ou les corps de ses partenaires. Aubin, désireux de rester éloigné, se contente d’une séance de sauna et d’un plongeon dans la piscine. Une heure plus tard, il aperçoit Paulin au bar qui commente :
<< - J’en avais entendu parler. Mais c’est loin de ce que j’imaginais. Bien sûr, tout se déroule incognito. Ce qui ne saurait me combler. Enfin, c’est déjà ça ! >>

Aubin ne tient nullement à recevoir de confidences. Souriant, il rétorque :
<< - Je vais vous laisser. Nous nous reverrons peut-être un jour. >>

Chaleureuses embrassades avec bisous pudiques sur les joues. Paulin retourne se jeter dans le stupre, éternellement reconnaissant envers le jeune homme de l’avoir aidé à sortir de son enfermement sexuel.

Une semaine plus tard, Mathilde reçoit avec surprise la visite des gendarmes. Ils se renseignent sur Aubin : une enquête pour recherche dans l’intérêt des familles est en cours, selon eux. La pauvre femme ne sait que dire. Pas question de nuire à Aubin, mais pas question de mentir aux représentants de la justice. Elle ne sait qu’une chose : il s’est rendu à F…. Paulin répond à l’identique, omettant consciencieusement sa rencontre avec lui à F… justement.

Comme il l’avait promis, Aubin appelle Mathilde afin de lui donner certains renseignements qu’elle lui avait demandé de prendre concernant de jeunes athlètes attirés par des femmes esseulées d’âge mûr. Elle en profite pour lui annoncer l’enquête dont il fait l’objet. Surpris, il ne commente pas. Une fois le téléphone raccroché, il se demande comment les flics savent où il était. D’un coup, il se rappelle leur passage alors qu’il campait. Reste à découvrir qui a demandé cette enquête. Il n’a plus de famille, tant est qu’il en est eu une. Cette affaire l’intrigue. Ou alors, on le recherche pour tout autre chose, et l’intérêt des familles est un prétexte bidon. Mais quoi? Aurait-il commis un acte délictueux sans le savoir? Doit-il se rendre directement dans un commissariat? Consulter un avocat ne serait-ce pas plus judicieux? Aubin s’affole, imagine toutes sortes de scénarii. Il retourne à son hôtel, s’allonge sur le lit. Avant tout, se calmer, réfléchir. Il ferme les yeux, s’oblige à la détente. Maintenant il se sent prêt. De nouveau dehors, il part en quête d’un avocat susceptible de le recevoir immédiatement. Il trouve. L’homme de droit passe quelques coups de fil, obtient la réponse à la question posée :
<< - Bien, voilà, c’est fait! Votre frère Gustave a signalé votre disparition ce qui a provoqué cette recherche dans l’intérêt des familles. Comme vous avez pu l’entendre, j’ai précisé que vous étiez en bonne santé. Pour le reste à vous de décider si vous voulez que les gendarmes transmettent ou non vos coordonnées à votre frère. >>

La nouvelle ne fait guère plaisir à Aubin : Gus sur sa trace, cela ne présage rien de bon et pose plusieurs questions.

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Tout en marchant, Gus met au point le scénario. Il arrive chez le gonze : bisous, papouilles, grand jeu. Pas question d’exiger de suite ce qu’il veut savoir. Du temps, de la patience. Ce mec peut encore servir et on a toujours besoin d’un gars comme lui dans la manche. Gus ne se fait aucune illusion quant à sa propre personne. Il se sait casseur minable mais le champion des enjôleurs. Aubin le lui a plusieurs fois jeté à la figure ce qui a malheureusement provoqué une remise aux valeurs entre maîtres et soumis, assez cocasses. Ce rappel des faits lui remémore sa récente résolution : plus jamais il ne le frappera, promis, juré! Encore doit-il le retrouver. Dans cette perspective, depuis quelques jours il drague dur pour s’accointer avec le corps frère susceptible, en même temps, de l’aider dans sa quête. Bingo! Gautier, candidat parfait au rôle de poire, s’est pointé sans que Gus lui demande quoi que ce soit. Depuis le temps que le chauffeur du préfet lorgnait en direction du beau mâle, sans osé l’aborder, la connexion devait bien se produire un jour. Elle se produisit par un hasard habilement provoqué. Gus entendit parler du sieur Gautier, de ses mœurs sexuelles mais également de ses mœurs en matière de luxe. Un accro à tout ce qu’il y a de beau, de chic, de cher. Dommage pour lui que la paye ne suive pas. Alors il complète son compte bancaire par quelques opérations rémunérées en faveur de personnes plus ou moins angéliques. Justement Gus a besoin d’aide, de beaucoup d’aide que le Gautier en question rechignera peut-être à fournir contre quelques splendides coups de queue dans son joli fion, certes, mais non accompagnés de monnaies.
Interphone, ascenseur et un étage complémentaire à pince. Le studio au fond du couloir avec écrit sur la porte le nom du gagnant : Gautier. Ce dernier ouvre. Empressé, Gus le prend par la taille, le pousse à l’intérieur, plaquant ses lèvres sur les siennes et refermant la porte à l’aide de son pied. Plus veloutée que jamais, la langue de l’arrivant occupe la bouche de l’autre, s’y complet, laissant les mains faire un petit tour d’inspection sur le corps offert. Gautier est aux anges ! Depuis des mois il guette le bonheur de coucher avec la coqueluche du quartier, voire des alentours. La semaine passée, juste après leur première rencontre, il s’est vu infligé un aperçu des qualités sensuelles de son invité : pipes gloutonnes, baisers avides, geysers de foutre lâchés dans les taillis du parc. Gus ne joue pas les amoureux, seulement les baiseurs consciencieux de donner et de prendre du plaisir. Il réussit à chaque joute. Le voilà occupé à sucer un téton tout juste découvert, laissant sa main droite glisser sous le jean et le caleçon de l’autre et aller soupeser les couilles pleines qu’il compte bien vider jusqu’à la dernière goutte. Gémissements, balancements du bassin accompagnent l’opération dite des approches. La bouche de Gus savoure le cou de Gautier puis ses lèvres avant de se jeter sur la queue sortie qu’elle aspire. Le suceur prend un énorme plaisir à déguster l’engin de taille moyenne, courbée vers le bas, agréable à regarder tout comme le reste du personnage. Le chauffeur du préfet est un homme type latino, 1h70 pour environ 65 kg. Cheveux bruns, bouclés, courts avec mèche à la Tintin au dessus du front, peau basanée, pomme d’Adam saillante. Au menton une espèce de début de bouc pas déplaisant. Les yeux noirs immenses, ombragés de cils très longs, scintillent au moindre intérêt. Corps nerveux, peu musclé. Visage rieur à l’ovale parfait. Deux minuscules grains de beauté sur l’aile droite d’un nez aux proportions ravissantes. Vraiment pas moche comme mec mis à part ses gestes et sa voix un tantinet efféminés. Pas le genre de gars avec qui Gus se baladerait en public. Pour ça, jamais personne ne devine qu’Aubin est pédé en le voyant marcher ou en l’écoutant parler. Ça non. Gautier se jette sur l’énorme bite qu’il vient d’extraire de la braguette de Gus qu’il taquine manuellement. La tige se développe pour atteindre des proportions peu communes. Malgré sa grosseur, elle se tient raide, droite, magnifique. Les lèvres remplacent les doigts. Le sucé en profite pour retirer blouson, t-shirt, et se débarrasser du jean à ses pieds ainsi que du slip. Le voilà nu, offert aux œillades émerveillées d’un Gautier soûl de bonheur. La bouche n’avale au maximum qu’un tiers de l’engin qu’elle malaxe du mieux possible. Gus juge le moment venu de partager d’autres jeux, estimant que pour cette première, grandeur nature, il doit garder en réserve quelques agaceries. Aussi propose-t-il un emboutissage sur canapé sans plus attendre. Gautier ne saurait résister. Illico il achève de se dévêtir, entraîne l’autre dans la chambre où débutent les ébats sérieux. D’une voix suppliante, le futur enculé réclame une séance préalable afin de se dilater l’anus pour permettre une intromission moins douloureuse de l’imposante matraque. Gus est bon. Jamais il ne blessera un mec en le baisant. Il concède la diversion en se proposant d’enfiler lui-même le gode. Gautier, couché, lève les jambes en l’air écartées, après une onction de lubrifiant entre les fesses. Gus oint le braquemart artificiel avant de l’introduire prudemment dans l’anus. Quelques centimètres et déjà des soupirs de bonheur résonnent dans la pièce. Gus joue, enfonce, retire, tourne la chose, sa main libre branlant sa queue afin de la conserver prête à l’emploi. Lorsqu’il estime que Gautier est prêt à la recevoir, il pose la capote et le pénètre doucement, en plusieurs étapes. Les entrailles peinent à faire de la place. Plusieurs giclées de lubrifiant sont indispensables avant que l’engin ne soit absorbé complètement. Commence alors un pistonnage langoureux qui provoque de multiples sensations plus érotiques les unes que les autres. Les amants ne pensent qu’à jouir de leurs corps. Gautier crache la purée dans une série impressionnante de convulsions qui éjectent la grosse bite de son cul. Chagrin, il maugrée :
<< - Vas-y, donne moi une douche de sperme! >>

Gus ne refuse jamais ce genre de coquetterie. La capote enlevée, debout, il laisse la main de Gautier assis devant lui le masturber tout en léchant le gland par moments. Il faut du temps pour que la montée de jus explose en de longs et généreux jets. Gautier, le visage trempé comme son torse et ses épaules, étale la crème avec sa main libre, l’autre main continuant à branler.
Gus arrête les ébats, rappelant l’heure de reprendre son boulot. Rendez-vous est fixé pour le surlendemain. Gautier a eu droit au minimum, juste pour l’appâter. La prochaine fois, il aura droit à un bouffage de cul en règle, en plus du reste. Chaque séance se verra augmentée d’une douceur. Revenu chez lui, il se demande où peut bien se trouver Aubin, l'appelant de tous ses vœux. Au même instant, loin de là, l’intéressé partage ses nuits entre Modeste et Mikael.

Passées deux semaines de rendez-vous amoureux, comme prévu dans son plan, Gus joue les attristés, sans trop en faire. C’est un artiste dans son genre! Gautier s’apitoie : un frère disparu, envolé, sans raison, il comprend que l’on soit affligé. Oui, il aidera Gus volontiers. Jadis, il est intervenu auprès du Préfet pour une amie employée au service des personnes disparues, ce qui tombe bien. Elle lui est redevable. Coup de fil pour signaler la disparition du frère avec signalement et pedigree. La machine policière est lancée. Dès le lendemain, la nouvelle arrive : Aubin se porte comme un charme, se pavane dans une région paumée. Nouvelle tentative auprès de la gendarmerie du coin précité : Aubin vient juste de quitter les lieux pour une destination inconnue, on poursuit les recherches. Deux jours plus tard, un avocat appelle les gendarmes, assure que son client, Aubin, veut qu’on lui fiche la paix et qu’on l’oublie le plus vite possible. Message transmis à la copine de Gautier qui le passe à un Gus déconfit. Cela ne l’arrête nullement. Muni de l’adresse dudit avocat, il déduit logiquement la ville où réside son amant favori. Gautier acceptera-t-il de l’aider à nouveau? Ce dernier refuse: pas d'argent à la clé pour ses services; en outre il n’a aucune relation chez les flics qui permettrait d’enquêter discrètement afin de dénicher le frangin prodigue. En réalité, Gautier doute des raisons invoquées par Gus et surtout des motifs concernant la fugue de ce frère. Plusieurs remarques laissent supposer que le frère serait plutôt un petit ami fort mal traité. Pour lui, cette affaire sent la magouille, pour le moins. Prudent, Gus remercie, assure le service de lit, selon son expression en tronchant le chauffeur de maître de telle façon qu’il ne puisse plus s’asseoir durant plusieurs jours. En réalité, il le baise à fond, longuement, sans ménagement. Ce sera leur ultime sauterie grivoise. Gautier comprend qu’il n’était qu’un pion dans les projets d’un Gus aux visées estimées malsaines. S’enrichir en tripatouillant quelque peu, soit, mais pas au-delà. Le courage n’est pas le fort de Gautier ni les aventures dans le grand banditisme. Ce qui le console grandement de la perte de cet amant fabuleux.

À suivre…


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