Le Dortoir Des Grandes

Elles n’étaient pas très nombreuses. Une vingtaine guère plus dans ce dortoir des grandes classes, seconde, première, terminale. Cela changeait du collège avec ces gamines chahuteuses insupportables et surtout innombrables.

Le dortoir des grandes était calme et les filles avaient des états d’âme romantiques qui ne cherchaient pas. Qui s’épanouissaient dans le calme et la pamoison.

Nous les surveillantes, on préférait être affectées au dortoir des grandes plutôt que dans la cavalcade incessante des collégiennes en perpétuelles batailles de polochon et autres castagnes de gamines effrontées chahuteuses.

Les grandes étaient déjà jeunes filles. Leur corps portait les signes distinctifs de leur appartenance au genre.
Hanches larges et taille fine, thorax portant fièrement des tétés naissants ou même déjà largement épanouis, et, intimement, pilosité luxuriante frisée cachant la mue complexe du petit abricot finement ourlé tout lisse en dindon ruisselant.

Elles jouaient, les grandes, de leurs dates qui étaient prétextes à exemption des cours de gymnastique, à séjours à l’infirmerie du lycée et surtout leur donnait statut de stars auprès des camarades.

Le soir avant couvre-feu, les grandes avaient un droit, un privilège de lecture. Une demi-heure pendant laquelle l’électricité n’était pas coupée permettant lecture d’un livre de grande fille, collection Harlequin. Les princes charmants se glissaient sous les draps de coton et caressaient les pensées interlopes des innocentes pensionnaires.
Quand, moi pionne, je coupais la lumière en signe du début de la nuit, j’entendais des bruissements, des pas de pieds nus sur le carrelage du dortoir. Les unes allaient en visite au lit des autres.
Et la grande pièce bruissait du murmure des conversations des unes avec les autres.

Les filles se racontaient des romances inventées avec des garçons, des légendes de faubourgs, des aventures de villages voisins en fêtes votives ou en animations foraines manèges et jeux de nougats.


Les grandes filles avaient tant d’imagination que la nuit, souvent, les figeait en sommeil dans les bras les unes des autres sans que leurs histoires de cœur fussent arrivées à terme.

Au matin, je réveillais ma troupe et souvent les lits abritaient deux filles enlacées comme amoureuses. Mais personne ne s’en formalisait, c’était juste tendresse de copines que Morphée avait surprises en aventure de prince charmant en vagabondage.

Parfois, même souvent, les amitiés amoureuses viraient à plaisirs coupables de caresses saphiques. Mais personne, en tous cas pas moi la pionne, n’y aurait porté opprobre.
Les plaisirs de filles avec les filles étaient seulement de tendres introductions aux bonheurs futurs des filles avec les garçons.

Bonheurs qui dureraient, eux, vie entière.

Même souvent sans reniement, dans les bras d‘un homme, des aventures d’adolescence de tripotages de caresses des amies de cœur des amies intimes des bonnes copines.
Le poids d’un mec sur son ventre et sa saillie au fond de soi et penser avec nostalgie aux tendres amitiés particulières de l’adolescence si douces si innocentes… Et prendre son pied ainsi, dans l’ambiguïté. Mister Hyde, qui gicle lourd son sperme au col, de sa bite épaisse et Dr Jekyll en petite jeune fille amie qui vous broute la minette en douceur, en respect tendre de votre bitmini.
Les grandes du dortoir étaient attendrissantes d’ingénuités. Moi, la pionne, je retrouvais mes années ado.

Je me réjouissais au week-end prochain de retrouver mon copain mais je comprenais que mes belles années avaient été là, dans cette tendre ambiguïté. Passées envolées.

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