Aventures (8)

Fortuné et Antoine, amoureux transis, quittent le bus afin d'en changer, laissant Hubert et Patrice continuer presque jusqu'au terminus, toujours silencieux comme des carpes, face à face, les yeux rivés sur la rue, le nez presque collé contre la vitre.

Hubert ouvre sa porte, laisse entrer un Patrice qui, le premier pas effectué à l'intérieur, explose:
<< - Tu me prends pour un con ou quoi?
- Pardon?
- T'as vu comment tu étais avec ce mec, le Juan? C'est tout juste si vous vous foutiez pas à poil et si vous avez pas baisé devant tout le monde. Tu crois tout de même pas que je vais accepter ça sans broncher!
- C'est la meilleure! Je n'ai fait que répondre à ton attitude avec cette fille. Tu penses peut-être que votre tenue était plus discrète que la nôtre? Moi, au moins, je ne me frottais pas contre Juan comme si je l'enfilais. Toi, par contre, s'il n'y avait pas eu la jupe de cette fille, elle se prenait ton chibre dans sa chatte! C'est toi qui m'as pris pour un con, pas moi!
- Qu'est-ce que tu compares! Moi c'était avec une gonzesse, pas avec un mec!
- Et alors? Où se trouve la différence?
- Ben c'est autre chose, quoi!
- Ah oui? Facile le mec! Tu t'arranges selon tes envies. Le problème, ce n'est pas une question de fille ou de mec, c'est le fait de draguer alors que tu es avec moi, que tu devais draguer avec moi et personne d'autre. Que tu sois bi, je m'en fous, que tu me traites quasi comme une pute, alors ça jamais! Pigé? >>

Patrice fronce les sourcils, paraissant réfléchir. Évidemment, vu sous cet angle, Hubert n'a pas trop tort. Il se radoucit, s'approche de son amant, susurre à son oreille:
<< - S'cuse. J'avais pas saisi. D'accord, je le referai plus jamais. Je croyais simplement que ça prêtait pas à conséquence. On s'est juste frottés, elle et moi. Et je comptais pas partir avec elle. Ma nuit était réservée pour toi seul, ça je peux te le jurer.

N'empêche, ça m'a fait un coup quand je t'ai vu avec ce Juan. En plus, il n'arrête pas de te dévorer des yeux. Il est amoureux de ta pomme qu'il en peut plus, le pauvre… >>

Les mots s'adoucissent, comme les voix qui deviennent murmures entre deux baisers de réconciliation. Patrice déshabille Hubert tout en le poussant vers la salle de bain, glissant à son oreille quelques suggestions salaces sur leur très proche avenir. Les vêtements gisent, épars, sur le parquet de l'entrée, du salon. Slips et teeshirts tombent sur le carrelage. On tente de reprendre son souffle mais l'envie de conserver les lèvres connectées s'avère bien trop forte, aussi respire-t-on par le nez ce qui provoque des éclats de rires. Hubert tend une main vers l'armoire de toilette, en retire un préservatif et le flacon de lubrifiant, supplie tendrement:
<< - Vas-y, baise-moi! >>

Sans attendre, Patrice prépare sa queue déjà au mieux de sa forme. Une fois prêt, il soulève son amant, le dépose entre les deux vasques du lavabo, cul bien relevé. Patrice se positionne sur le plan contigu, tend sa queue qui pénètre avec force, presque avec dureté, arrachant un râle de douleur puis de satisfaction lorsque les va et vient commencent. L'œil sévère, la bouche crispée, l'enculeur active le rythme, ne se préoccupant plus que de son propre plaisir. Lorsque qu'il lâche son sperme dans la capote, il pousse quasi un hurlement méchant, ajoutant:
<< - Ça c'est pour avoir dragué ce con de Juan! >>

Surpris, Hubert se reprend très vite. Remis sur ses pieds, il compte bien se venger. Calme, tendre au début, il se pelotonne contre le corps de Patrice qui, heureux de voir un Hubert soumis, l'enlace, l'embrasse. Profitant de leur occupation, Hubert revêt sa queue de l'inévitable latex puis bloque son partenaire d'une clé au bras, le retourne afin de le sodomiser énergiquement. L'autre ne bronche pas, heureux de cette situation. Le tréfonds magistralement pilonné, il émet des gloussements de joie lorsqu'il sent son anus s'élargir sous la pression d'un énorme gode alors que la bite d'Hubert se retire.
Commence alors un pilonnage effréné. Cette queue artificielle de près de 30 cm de long sur 7 de diamètre, entre en entier, ressort, trifouille ses entrailles, l'éventre presque. Trois minutes durant, le cul de Patrice subit des assauts douloureux sans toutefois être insupportables. De nouveau, la bite de chair reprend place quand l'autre quitte le trou. Patiemment, Hubert encule son amant, grognant qu'on ne saurait lui manquer de respect ou vouloir le molester sans risquer un retour de bâton et quel bâton! Épuisé par cette séance uniquement provoquée par les nerfs, il jouit dans la capote, s'affale sur Patrice qui gémit des mots tendres.
Un quart d'heure plus tard, Hubert donne son fessier à Patrice qui l'enfile sensuellement, tendrement, amoureusement.

*****

Patrice, convié chez ses parents, se lève tôt, ayant pas mal de route à faire. Hubert s'attarde au lit, bien content d'y rester encore une heure ou deux. Son premier devoir de la journée consistera à remercier Paco de son intervention chez Fortuné, celui-ci ne s'étant rendu compte de rien, trop préoccupé qu'il était à fricoter avec Antoine. Certes, la forme ne brille guère. Un peu la gueule de bois, en ce dimanche matin, un peu les cernes dus aux galipettes nocturnes. Mais cela ne gênera nullement la réalisation du projet dans la mesure où quelque sieste devrait permettre de recouvrer tout le dynamisme. Il appelle Paco qui accepte le dîner en tête à tête précédant un tête à queue comme il se plaît à le dire avec un rire gras.

Léger repas à midi suivi d'un repos compensateur.
En fin d'après-midi, bain puis douche froide (ou presque), Hubert se juge présentable. Il s'affaire dans la cuisine: dîner léger mais reconstituant accompagné d'un vin au bouquet peu commun. À 19h30 pétantes, la sonnette se manifeste, annonçant l'arrivée d'un Paco tout joyeux qui tend une bouteille de champagne, le meilleur cela va de soi. Ils s'enlacent, s'embrassent longuement, non sans quelques papouilles coquines.
Durant le repas, chacun raconte sa nuit. Paco explique:
<< -… Au début, je n'ai pas trop compris. Ensuite, je croyais que Patrice et toi c'était fini, juste une passade d'une nuit. Après, quand j'ai vu la concurrence que vous vous faisiez, j'ai de suite vu ce que je devais faire. Ce n'est pas moi qu'elle voulait vraiment, même si elle me trouve beau mec. Elle voulait Patrice. Pour elle, détourner un pédé vers les bonnes femmes, c'est le pied suprême. Enfin, on n'a pas perdu notre temps, malgré tout. Elle en veut la gamine mais fatigue vite. Pour être exact, elle avait pas mal picolé et m'a avoué faire la fête depuis plusieurs jours. On doit se revoir, enfin peut-être…>>

Hubert n'écoute guère, occupé à des choses beaucoup plus intéressantes comme passer sa main sous les couilles de Paco, les rouler doucement entre ses doigts, coller ses lèvres dans son cou ou fourrer sa langue dans son oreille. Ces agaceries font monter la pression sanguine d'un Paco enfin ramené aux choses de la vie, comme on dit. Il se tait, concentre toute son attention aux faits et gestes de son compagnon auquel il renvoie ses mignardises. Les mauvaises pensées s'éloignent. Les événements se précipitent vers une baise classique lorsque Paco quémande:
<< - J'ai envie d'un truc un peu différent.
- Dis-le.
- Je voudrais que tu me fistes l'anus. C'est comme ça qu'on dit, non?
- C'est vraiment ce que tu veux? Je veux bien essayer de te le faire, même si je n'ai aucune expérience.
- Si tu veux, je te le ferais après.
- Très peu pour moi.
- D'accord. Vas-y! >>

Allongé sur le dos, jambes levées et tenues par ses mains, Paco présente son fondement. Hubert revient avec un gant dit de chirurgien, le revêt, l'enduit de lubrifiant. Ensuite, il envoie une giclée de ce même lubrifiant sur la rondelle de Paco puis entre un doigt qu'il tourne quelques secondes avant d'en ajouter un deuxième. Le fisté ne bronche pas, savourant les phalanges qui agitent ses tripes.
Il grogne lorsqu'un troisième doigt pénètre en lui, écartant les chairs afin de préparer l'entrée aux deux autres qui effleurent l'orée de son trou. La main se retire. Nouvelles giclées de lubrifiant dans l'anus, sur la main fureteuse. Réintroduction avec quatre doigts puis cinq réunis. Hubert enfonce, tentant de faire pénétrer la main jusqu'au poignet. Il se retire, bien avant de réussir, recommence. Paco souffle, pousse comme s'il allait accoucher. Peu concerné par l'opération en cours, Hubert décrète:
<< - Je m'ennuie! Personnellement, je ne vois pas où est le plaisir à faire un truc pareil. En plus, je ne sais pas comment m'y prendre.
- Et moi j'en ai marre de m'ouvrir le cul à s'en crever la paillasse. Tu as raison, mieux vaut un bon gode si on n'a pas de pine véritable. Mais là, j'en ai une à ma disposition. >>

Soulagé de ce changement, Hubert enfourne sa bite dans une capote et le tout entre les fesses de Paco qui ne mâche pas ses mots tant il est content. Maintenant il sent le vrai plaisir monter en lui d'autant que la perspective d'enfiler Hubert lui donne encore plus de sensibilité aux choses de la chair.
Les ébats durent près de deux heures avec fusion de sperme à deux reprises chacun.

Épuisé, mais heureux, Paco regagne son domicile non sans avoir couvert Hubert de petits bisous plus tendres les uns que les autres.

*****

Le même lieu d'attente, la même secrétaire, rien de changé depuis ces huit dernières années. Hubert se souvient. Ici, il rencontrait Paco pour la première fois. La vue de son futur patron lui faisait oublier sa déception de n'être nommé que sous-directeur. Ensuite l'affectation dans une des agences les plus difficiles. Dans le fond, il ne s'en est pas trop mal sorti, Paco non plus, d'ailleurs. Aujourd'hui, Hubert répond à une convocation du siège. Rien de mystérieux: son actuel directeur prend une retraite bien méritée, comme tout le monde s'y attendait. Logiquement, le poste libéré revient à Hubert. Il se remémore la phrase de l'inspecteur, quelques mois auparavant: "Profitez-en, vous ne resterez pas toujours aussi peinard". Certes, les responsabilités seront plus importantes mais pas au point d'être insupportables. On appelle l'intéressé. La secrétaire l'annonce au grand manitou des ressources humaines. Le ponte se lève de son bureau, se dirige vers Hubert et le gratifie d'une solide poignée de mains. Sur un ton jovial il le salue:
<< - J'ai enfin le plaisir de vous connaître. Depuis le temps que l'on me parle de vous.
- …..
- Ne me dites pas que vous pensiez que nous vous avions oublié et laissé sans garder un œil sur vous?
- C'est que….
- Prenez place, nous devons parler de votre avenir. >>

Le silence d'Hubert n'a rien à voir avec le lieu ou la convocation par elle-même, loin de là! Quelques minutes plus tôt, il se souvenait de son premier passage dans ces bureaux et, entre autres de l'ancien DRH, homme ventripotent, très sympathique bien que réac au possible. Aujourd'hui, face à Hubert, un jeune de tout juste la trentaine, respirant la droiture avec, semble-t-il, une pointe de naïveté. Le monsieur occupe ce poste depuis quelques mois, recruté à la sortie d'une grande école supérieure où il était major de sa promotion, après un stage d'une année. Les demoiselles, les dames, de tous âges, employées au siège social, ne cessent de papillonner des cils lorsqu'elles le croisent dans un couloir. Quelques messieurs, honteux, le regarde "par en-dessous" tout en se pourléchant virtuellement les babines, s'imaginant les cabrioles possibles avec un tel mec que tout le monde assure sérieux, fiancé, promis à un très bel avenir dans la finance. C'est que Mr Xavier, comme on le nomme ici, présente super bien! De taille moyenne, une classe phénoménale, un visage fin aux yeux rieurs, un air doux, soucieux de rester à l'écoute de ses semblables. Et mignon avec ça que c'est à le croquer à tout bout de champ! Là réside la raison du silence d'Hubert bien trop occupé à admirer. Malgré tout, il finit par reprendre pied et surtout son sang froid. Passées les circonlocutions exigées par la bienséance, l'homme, un peu nerveux, en arrive au fait:
<< - Vous n'ignorez pas que le poste de directeur dans votre agence devient vacant. Bien entendu, il vous revient de droit. Donc, d'ores et déjà, vous êtes nommé directeur. Cependant… comment vous dire…. Pour des raisons indépendantes…Et puis non! Mieux vaut en en parler directement. Nous aimerions que vous occupiez votre nouveau fauteuil dans une autre agence. Bien entendu, cela ne se fera qu'avec votre accord et sans aucun préjudice pour votre carrière en cas de refus de votre part. - Je ne vois aucun inconvénient à changer d'agence.
- C'est déjà un point. Seulement l'agence que nous vous destinons ne passe pas pour être des plus faciles. Ne croyez pas que nous vous mettons au rancard, si je puis dire, en vous affectant là-bas. Bien au contraire! Pour le moment, vous êtes le seul en qui nous puissions avoir confiance. C'est une marque d'estime envers vous.
- Je vois. On aimerait que je revienne dans la première agence, celle peu prisée par mes confrères. Je me trompe?
- Vous ne vous trompez pas. Comprenez-nous bien. Le directeur actuel manque totalement de diplomatie. Sa politique que je qualifierai de répressive, nous vaut pas mal de soucis. Nous avons envisagé de fermer cette agence. Un de nos plus gros clients tient à ce que ses comptes soient domiciliés là-bas, quartier où il est né et où il se fait construire une superbe propriété. Si nous fermons, il nous quitte. De plus, une fermeture serait mal interprétée. On nous accuserait de désertion, d'une sorte d'ostracisme envers cette population, si vous voyez ce que je veux dire. Vous avez le temps de la réflexion.
- C'est tout réfléchi, j'accepte ce retour aux sources, pourrait-on dire… >>

L'atmosphère s'allège nettement. Mr Xavier se détend enfin. Le plus dur est fait! Tout sourire, presque guilleret, il annonce:
<< - Je ne vous cache pas mon soulagement! Le client dont je vous parlais à l'instant aimerait faire votre connaissance. Nous avons convenu, lui et moi, d'un déjeuner en votre compagnie. Ça vous dit?
- Eh bien, allons-y pour le merveilleux client qui ne veut pas quitter son quartier de naissance! Au fait, quand dois-je prendre mes nouvelles fonctions?
- Dès lundi prochain… >>

*****

Cloué sur place! Paralysé! Coi! Hubert balbutie un "enchanté" sans trop savoir ce qu'il dit. Mr Xavier lui présente le "gros client". Ce dernier éclate de rire, se tapant presque sur les cuisses tant la situation lui paraît cocasse. Les deux autres ne savent quelle attitude prendre. Un peu calmé, Patrice, c'est bien lui, les larmes aux yeux, arrive à déclarer à l'attention du DRH:
<< - On se connaît tous les deux. Nous sommes des fervents de cinéma d'art et d'essai. On se rencontre souvent ces derniers temps. Si je m'attendais à ça! >>

Et de se tordre à nouveau, plié en deux par une crise d'hilarité peu commune. Plusieurs minutes s'avèrent nécessaires avant le retour au calme. Hubert, un soupçon de trac dans la voix, demande à Patrice:
<< - C'est à toi que je dois le poste?
- Pas du tout. Je ne savais même pas où tu travaillais. Nous n'avons parlé que de… cinéma, lors de nos rencontres, pas de notre profession respective, même si nous avons imaginé un passé, un présent et un futur dans nos délires d'ados attardés.
- Comment se fait-il que tu n'étais pas client, il y a sept ou huit ans, quand j'y étais?
- Trop long à t'expliquer, mais je le ferai en son temps. Passons plutôt à ce que nous allons mettre dans nos assiettes. Cette petite surprise m'a ouvert l'appétit. >>

Mr Xavier devient carrément jovial. Il n'en espérait pas tant! Pour un choix judicieux, il a fait un choix judicieux, même si le hasard est en grande partie intervenu dans cette nomination. Le repas se déroule dans la meilleure convivialité. On penserait à trois vieux amis de collège fêtant leurs retrouvailles après des années d'éloignement. On en arrive presque aux plaisanteries, aux sous-entendus. Ainsi, il n'est pas très difficile au DRH de deviner les véritables relations entre les deux autres. Il ne s'en étonne guère, tout le monde sait pour Hubert et les frasques de Patrice ne passent pas inaperçues dans certain milieu. Le repas se termine, l'après-midi bien avancé. On boit un ultime digestif. Mr Xavier retourne à son bureau après avoir chaudement congratulé le nouveau directeur et son "gros client". Ceux-ci, avant de se séparer, se donnent rendez-vous pour le dîner.

Après la fermeture de l'agence, Hubert rentre chez lui, éprouvant un grand besoin de solitude. Cette journée n'a pas manqué de piquants! Il comprend les couverts en argent, les porcelaines rares, les cristaux de baccarat. Mais il comprend moins les mensonges émis par Patrice, concernant son passé, son présent et son avenir. Que d'histoires inventées! Pourquoi? Des éclaircissements sont indispensables! Bien que … Après tout, cette conversation se tenait sous forme de jeux et Patrice n'a certainement vu aucun mal à s'inventer une vie quand lui, Hubert, déballait toute sa vraie vie, ses aspirations.

*****

Ambiance nocturne, feutrée, lumières tamisées, musique douce, décor intime. Patrice prend une main d'Hubert dans les siennes, le regarde bien dans les yeux:
<< - Le petit Hubert serait donc susceptible. Fâché par le gros vilain Patrice qui s'est un peu moqué de lui. Allez, fais un effort et après je passe à la vraie confession. Bien, comme ça, impeccable. Tu as un visage formidable quand tu ne boudes pas. Je ne suis pas riche, mes parents le sont. Ils tiennent à revenir habiter dans leur ancien quartier, une lubie comme une autre. Moi, j'aide mon père dans son entreprise, comme cadre tout de même: relations financières en quelque sorte. Mon compte bancaire, dans l'agence où tu vas, se réduit à bien peu de chose. Je m'évertue à dépenser honorablement tout ce que je gagne. L'autre nuit, ça m'amusait de dire n'importe quoi, d'imaginer une autre vie. Nous étions lancés là-dessus. Jamais je n'aurais pensé que cela t'affecterait autant en apprenant la vérité. J'en suis vraiment navré. C'était par jeu. Te voilà rassuré maintenant?
- Je n'aime pas le mensonge, quel qu'il soit.
- Alors tu dois souvent connaître des désillusions. Fini la fâcherie?
- Tu es vraiment bi?
- Non, pur gay! Mais j'aime faire semblant avec une fille comme celle de l'autre jour chez ton copain, celle qui tente de détourner les pédés. Mais c'est vrai, qu'elle est la reine du gode.
- Moi qui voulais te faire virer 100% pédé, c'est raté!
- Souris puis dis-moi que nous parlerons plus de cette farce. >>

Sa phrase finie, Patrice dépose un baiser sur les doigts d'Hubert qu'il tient fermement. Celui-ci répond par un autre baiser. L'appétit reprend le dessus. S'ils choisissent un repas riche en calories, ils limitent le vin n'ayant pas tout à fait éliminé les nombreux verres d'alcools en tous genres ingurgités lors du repas de midi.
En sortant du restaurant, Patrice propose:
<< - Chez moi ou chez toi?
- Chez toi.
- Va pour ma bicoque! >>

En disant cela, Patrice passe son bras autour de la taille de son compagnon. Ils se dirigent à pieds, heureux de savourer le calme, l'air frais. Au bout d'une demi-heure de marche, ils s'arrêtent, s'enlacent sous une porte cochère, joignent leurs lèvres, langue contre langue. Les visages se séparent, très momentanément, Hubert en profite pour déclarer:
<< - Tu sais, je tiens beaucoup à toi. Je ne sais pas pourquoi. On s'est vu cinq ou six fois et je m'ennuie quand tu n'es pas avec moi. J'ai peur de me perdre dans toi. >>

Il se tait, Patrice dépose à nouveau ses lèvres sur celles de son amant. Avec douceur, précision, ses mains soulèvent les vêtements afin de câliner la poitrine. Puis, l'une d'elles va se nicher dans le caleçon. Hubert gémit faiblement arguant de l'endroit. Il ne résiste pas longtemps, submergé par les effluves érotiques que lui procurent les caresses. Il répond par d'autres gestes érotiques, se baisse, ouvre la braguette de Patrice, en sort une queue bandée qu'il enfourne dans sa bouche. Il suce le braquemart avec application, tâtant les boules ou effleurant la rosette. Deux mains accompagnent sa tête au rythme des succions. D'une voix sourde, le sucé geint:
<< - Fais attention, je viens! >>

Effectivement, deux gros jets de foutre maculent le visage d'Hubert qui, après un court instant d'arrêt, reprend la queue en bouche. Des pas résonnent. Le couple se rhabille en vitesse. À quelques secondes près, ils avaient droit au cabanon: deux gendarmes passent devant eux sans même les regarder.

Dans le lit, on se bichonne avec passion puis on se donne avec ferveur. Hubert sent son cœur éclater de joie. Jamais il n'a atteint un tel degré dans l'orgasme.

Le réveil s'effectue dans la tendresse. Les attentions un tantinet polissonnes sont interrompues par le téléphone mobile: Fortuné appelle son ami, lui lance presque un S.O.S.

Lever, douche cochonne effectuée, rasage entre deux câlineries, occupent une bonne heure. Les montres rappellent à l'ordre, l'heure de se rendre au boulot est quasiment dépassée. Ils se précipitent chacun dans leur voiture. Avant la séparation, Patrice regrette:
<< - On pourra pas se voir avant mardi prochain. Je pars en déplacement et le week-end je le passe en famille pour cause de mariage, pas le mien, rassure-toi. Marque notre rendez-vous mardi vers 14h, à l'agence. Nous parlerons boulot et après on parlera fiesta. Ça te va?
- Impeccable! >>

Ils éprouvent beaucoup de mal à se quitter.
Toute la journée se déroule en rêveries pour Hubert qui s'impatiente déjà malheureux que mardi soit si loin dans le temps. Il appelle plusieurs fois Fortuné (absent pour la journée) sans obtenir de réponse. Dans la soirée, enfin, la voix de son ami lance un allô des plus énergiques. Si le ton du matin semblait maussade, chagrin, celui de ce soir resplendit de joie de vivre. Hubert demande:
<< - Alors qu'est-ce qu'il y avait d'urgent?
- Rien mon bichon. Enfin, je veux dire plus rien. C'est passé. Antoine et moi on s'est chipoté méchant hier soir et il n'est pas rentré de la nuit. Mais à midi, il m'attendait pour se faire pardonner. Je te raconterai. On se voit ce soir?
- Oui, pas de problème.
- Et toi, où en sont tes amours diverses et variées?
- Je crois que je suis pris au piège.
- Toi? Pas possible! Aurais-tu atteint les dix mille mecs que tu t'étais juré d'avoir avant de tomber amoureux?
- Je suis sérieux, j'aime comme un fou.
- Allons bon, voilà autre chose! Ça me rappelle ce que tu disais, jadis, au sujet d'un certain Paco. Tu me présentes cette perle rare quand?
- Dès que possible, promis.
- Je suis impatient. Au fait, félicitations pour ta promo! On m'a dit aussi que tu retournais là-bas, dans notre gourbi d'origine.
- En effet. Avec toi si tu es d'accord.
- Pourquoi pas? Mais c'est pas dit qu'au siège ils marchent.
- T'inquiète, ils pleurent pour trouver quelqu'un qui veuille bien y aller… >>

Les deux amis continuent de papoter sur tout et rien. Lorsqu'il raccroche, Hubert soupire de bonheur. Que c'est bon d'être heureux!

*****

Le mobilier neuf rutile tout comme les murs récemment repeints. La haute direction s'est mise en frais pour rendre cette agence vivable! Hubert retrouve avec plaisir deux de ses anciens collaborateurs, ceux du début. Il prend possession du bureau dans lequel, jadis, il violait, ou presque, son ex-directeur Paco! Il regrette que la moquette ne soit plus la même. Certaines tâches devaient subsister sur l'ancienne.
Les demandes de "dépannage" financier ne tardent pas. Le premier client se présente, rapidement suivi par une dizaine d'autres. Alors que ce défilé semble s'achever, une voix lui parvient qu'il reconnaît. Il soulève un rideau (autre nouveauté) et aperçoit un Ahmed gêné qui repousse la caissière ne cessant de répéter:
<< - Je vous dis que vous connaissez notre nouveau directeur.
- J'sais qui c'est, j'suis pas miro.
- Alors allez le voir! Vous savez bien qu'il est compréhensif.
- Non, c'est pas possible! >>

La dame se tourne vers le bureau de son tout récent patron, écarte les bras comme pour marquer son désespoir de ne pouvoir faire entendre raison. Hubert sort de sa cage de verre, s'approche, prend le bras d'Ahmed qu'il entraîne. Tous deux se retrouvent face à face, sans mot dire. La gêne devient vite insupportable. Enfin, Hubert demande:
<< - Quel est ton problème?
- Ben j'avais fais l'dossier pour un emprunt, avec l'ancien qu'était à votre place. Y m'a dit qu'c'est vous qui prendriez la décision. Mais j'savais pas qui s'rait là. Ça fait rien, j'irais ailleurs. J'crois qu'c'est mieux.
- Et c'est mieux en quoi? Mieux de recommencer un dossier et d'attendre encore et toujours sans être certain d'obtenir quelque chose? Qu'est-ce qui ne va pas? Que je sois là ou que l'on se retrouve?
- Les deux. J'veux pas en parler.
- Bon, alors parlons de cet emprunt. Une seconde, je prends le dossier.
- Il est au nom de….
- Je me souviens du nom, Ahmed.
- Ah! T'as pas tout oublié?
- Je n'ai rien oublié. Tu me tutoies à nouveau?
- Pourquoi, ça t'branche pas?
- Si, mais je te croyais fâché à mort. Bon, voilà le dossier. Tu travailles toujours dans le même garage, félicitations! Je suis content d'apprendre que tu… mais tu es marié et tu as deux s!
- Ouais, tu sais c'que c'est… la vie quoi!
- Mais je ne te fais aucuns reproches. Une famille, c'est très bien… >>

L'affaire se présente sous un bon jour. Rien ne motive un refus. Hubert se demande pourquoi son prédécesseur n'a pas jugé bon de conclure avant de partir. Il observe Ahmed qui garde la tête baissée comme s'il attendait une mauvaise nouvelle. Il n'en croit pas ses oreilles en entendant:
<< - L'argent sera directement versé au notaire. Tu es bien conscient que la banque va prendre une hypothèque sur cette maison que vous achetez?
- J'sais, l'autre m'l'a dit. Alors, c'est vrai, t'es d'accord?
- Moi oui. Je vais donner un avis favorable au siège qui ne devrait faire aucune difficulté.
- T'es chouette, vraiment sympa.
- De rien, je ne fais que mon travail et ton dossier est excellent.
- T'sais, Hubert, j'ai souvent pensé à toi. J'm'engueulais de t'avoir laissé tomber comme ça. Mais j'pouvais plus rester. T'avais trop d'mecs qui tournaient autour. J'te kiffais vachement pourtant.
- Ne t'en fais pas. Si j'ai été malheureux, c'est uniquement que nous ne soyons pas restés copains. Tu aurais pu venir me parler. Enfin, n'y pensons plus. Maintenant, tu es heureux avec ta femme et tes s, je suppose.
- On peut l'dire. Mais c'est plus l'aventure comme moi et toi! On s'emmerde à quatre, elle les gosses et moi, la routine, rien d'nouveau, d'spécial, la vie d'famille quoi! Enfin, comme tu dis, c'est la vie. Et j'suis fou d'mes mômes, c'est c'qui m'fait tenir.
- Rien n'est définitif, Ahmed. La vie te réserve encore d'agréables surprises.
- Peut-être, j'sais pas. La surprise, j'l'ai eu en t'voyant ici. Tu sais, une autre surprise m'rendrai vachement joice: qu'on passe une soirée ensemble, comme avant. Ça f'rait voir qu'tu m'en veux pas.
- Mais ta femme?
- C'est ma femme, je suis l'homme.
- Je vois…
- Putain! Rien que d'te voir, j'bande! J'ai envie de t'en faire une de pepi. >>

Ahmed observe la pièce, main sur sa braguette qui, effectivement, montre certain gonflement. Les grands panneaux couvrant les murs de verres ne laissent rien transparaître des pièces attenantes. Vu de l'extérieur, on ne peut donc distinguer ce qui se passe dans ce bureau. Rassuré, Ahmed s'approche du siège où Hubert est assis, tout en dégrafant son jeans, queue surgissant. Il tourne le fauteuil afin que les jambes soient face à lui, s'agenouille, ouvre le pantalon. Le directeur ne renâcle pas, presque reconnaissant de ce geste de paix, de ces retrouvailles. La bouche s'approche de la braguette, les doigts sortent la verge qui s'émeut, s'étire, gonfle, se tend. Le gland turgescent demande un assouvissement. Une paume de main se pose dessus, étalant la mouille. Hubert plaque ses mains sur la tête d'Ahmed qui se penche un peu plus, entame une sucette dite périlleuse pour cause d'endroit insolite. Les lèvres joliment ourlées gobent la bite qu'elles taquinent frénétiquement. Le suceur fixe le sucé qui se baisse afin de plaquer ses lèvres sur les siennes, de rouler sa langue autour de la sienne. Le baiser s'achève, la bouche enfourne la bite maintenant au bord de l'extase. Quelques va et vient suffisent pour ouvrir le robinet à foutre. Cinq superbes jets s'éparpillent dans le gosier d'Ahmed qui n'en perd pas une goutte, avant de s'agiter, ses doigts enserrant sa grosse queue maintenant au mieux de sa forme. Ces gestes masturbatoires le mènent à l'explosion des sens. Prestement, il s'empare d'un mouchoir, le porte à sa queue qui, déjà, éjecte sa semence en jets fournis. Ahmed se relève veillant à ne pas tâcher la belle moquette neuve, s'essuie, jette le mouchoir dans la poubelle de bureau en précisant qu'il laisse un souvenir. Petite pelle et chacun reprend une tenue correcte. Hubert regrette de ne pouvoir satisfaire plus amplement son amant, se promettant de rattr le coup un peu plus tard. Ses pensées changent de sujet.
L'heure tourne. Dans moins de deux heures Patrice sera là. Hubert donne rendez-vous à Ahmed, histoire de reprendre le contact. Heureux, Ahmed quitte le bureau. Le voilà bénéficiaire d'un prêt pour sa maison, et de nouveau en relation avec un Hubert dont il n'a jamais oublié les charmes ni les coups de queues dans son fion ou dans le sien.

*****

À l'heure convenue, pas de Patrice mais une espèce de croquemitaine velu, bourru, tassé sur lui-même, tout fier de son importance:
<< - Je suis le fondé de pouvoirs de Mr Patrice… Voici les documents l'attestant. C'est donc à moi que vous aurez à faire dans l'avenir. Il vient de partir pour l'Amérique du sud où il doit séjourner plusieurs mois. >>

Déçu ne semble pas le qualificatif exact pour exprimer le sentiment d'un Hubert aux jambes flageolantes. Sa gorge se noue, ses yeux piquent. Il se maîtrise tant bien que mal, répond quelques banalités, écoute l'arrivant d'une oreille distraite. Lorsque ce dernier s'en va, le directeur de l'agence ne retient qu'une chose: Patrice s'est foutu de lui, en long, en large et en travers! Et dire qu'il l'aime! Pour la première fois de sa vie, Hubert est amoureux, il s'en rend compte maintenant. Durant tout le reste de l'après-midi, il glande d'un dossier à l'autre, refusant quelque communication que ce soit, sous prétexte d'un important travail à terminer. En réalité, il laisse flotter ses pensées vers des horizons brumeuses où tout se mélange et rien ne sort de très clair. Il lui prend l'envie de consulter la multinationale sur internet. Oh surprise! Grand branle bas au niveau des dirigeants. Le fils du fondateur remplace papa à la tête du groupe. Évidemment, occuper un tel poste ne saurait seoir avec le fait de fricoter avec un petit directeur d'agence bancaire. C'est connu: gay et grand patron ne font pas de ménages du tout!
Rentré chez lui, Hubert s'affale sur son lit, yeux fixant le plafond. Quelques larmes viennent glisser le long de ses joues, très vite réprimées. Il soupire, s'empare du téléphone: Fortuné saura le consoler.

À suivre …

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