Aventures (6)

<< - Mon bichon, je suis tout retourné, j'ai la hargne. Mon mec m'a laissé tomber
comme une vieille chaussette. Tu te rends compte, il draguait un autre type, sans se
gêner, devant moi. Je pensais qu'il envisageait une partouze. Ça me tentait. Faut dire
que l'autre mec avait des arguments valables. Mais non, c'était pas ça. On était dans
un bistrot à pédés. Chouette d'endroit, soit dit en passant. Alors que je prévoyais de
m'envoyer en l'air entre deux mâles, voilà que le mien se lève, s'excuse vaguement, et
va s'installer à la table de l'autre. J'étais complètement baba. Deux minutes plus
tard, ils sont partis, bras dessus, bras dessous. La honte! Je savais plus où me
foutre. Je croyais que tout le monde savait que je venais de me faire méchamment
larguer. J'avais les larmes aux yeux, de rage.
- Ma pauvre puce, va. Un cinglé, ce mec là. Il ne te méritait pas. Remarque, il t'a
évité le pire. Image que tu sois tombé amoureux de lui.
- C'est que je l'étais un peu, amoureux. Il me plaisait bien. Un rustaud qui ne
manquait pas de charmes. Une brute épaisse que j'avais dépucelée du cul. Ça laisse pas
mal de souvenirs, des trucs comme ça. Je lui ai même appris à bouffer un cul. Il ne
savait pas ça, le pauvre ignorant! Tu te rends compte? Je l'ai sauvé de la nullité, en
quelque sorte. Aucune reconnaissance ce gars! Maintenant, il fait profiter les autres
de mes leçons quand c'est moi qui devrais en profiter! Enfin, je me suiciderais pas
pour autant, mais quand même! Ça fait mal de se voir plaqué comme une vieille
chaussette devant tout le monde. Et toi, ton toubib?
- Le pied! Pas la folie des sens, mais la folie de la tendresse. Nous sommes allés à
l'auberge, on y a couché. J'ai dû le ramener parce qu'il travaillait la nuit.
- Vous allez vous revoir?
- Probablement, mais pas tout de suite.


- J'ai besoin de tendresse. Je peux dormir chez toi, cette nuit?
- Bien sûr, ma puce. >>

Dans le lit, Hubert écoute patiemment un Fortuné déverser sa bile contre les mecs sans
respect pour leurs congénères, les sans paroles, les faux jetons, les hypocrites, les
infidèles et autres mauvais garçons uniquement soucieux de leur bien-être même s'ils
doivent écrasés les autres. Enfin, calmé, il s'allonge, tête contre l'épaule d'Hubert.
Un petit bisou clôt la veillée. Ils s'endorment enlacés.

Réveil en fanfare! La sonnette s'ébroue. Hubert regarde sa montre: 5h30! Tout en
soupirant après son lit, il se lève doucement prêtant attention de ne pas réveiller
Fortuné, va ouvrir. Un Ahmed totalement décomposé bougonne:
<< - J'ai les pétoches! Tu comprends, c'est une première pour moi. J'voulais qu'tu
m'encourages.
- Toi aussi tu as besoin de soutien?
- Pourquoi moi aussi?
- Fortuné a dormi ici cette nuit parce que son mec l'a largué d'une façon plutôt
dégueulasse. Allez, entre.
- Alors on peut pas faire un câlin, moi et toi?
- Mais si, dans la chambre d'amis.
- Chouette, ça va m'bouster pour t'a l'heure. J'commence à la demie de huit et c'est
pas loin d'ici. Tu viendras m'voir, comme si t'étais un client?
- On verra ça plus tard. Mais c'est d'accord, j'irai pour ma prochaine vidange,
promis.
- Tu verras que j'me mets clean. Pour toi tout ça. >>

Hubert s'enquiert de savoir si Fortuné dort toujours. L'antillais respire
régulièrement laissant échapper un petit ronflement dû à un début de rhume. Hubert
rejoint Ahmed déjà à poil sur le lit. Il retire la robe de chambre, s'allonge contre
le beur à qui il mange quasiment les lèvres. Impossible de se passer de tels délices!
Ses doigts reconnaissent la grosse queue, soupèsent les boules. Les yeux fermés, il
savoure ces contacts.
Très vite, son esprit vogue vers d'autres caresses, celles de
Juan. Il se reproche une certaine légèreté, une frivolité incontestable. Alors que des
lèvres entourent son vit, qu'une langue fait le tour du gland, il chasse ses mauvaises
idées par une seule constatation: il est libre de ses amours, n'a aucun lien
sacramentel avec qui que ce soit! Son amant, lui, ne se pose aucune question. Il œuvre
avec sa bouche, happant la queue turgescente, laissant Hubert lui taquiner la queue
par une masturbation lente mais jouissive. D'un geste, Ahmed demande de cesser sous
peine de gicler dans la seconde. Hubert obéit, le relève, le tourne, écarte bien les
deux fesses, approche son visage de la raie et fourre sa langue afin d'aller
chatouiller la rosette. Le léché du cul pousse certains gloussements, exigeant plus de
pénétration. La minute d'après, le cul bien embroché par la bite d'Hubert, il jouit
rapidement, éclaboussant le parquet de généreuses lampées, explique:
<< - J'ai pas niqué d'puis l'autre jour avec toi. J'en pouvais plus d'poireauter après
toi. >>

Soucieux de se rattr, il reprend sa fellation sur son amant, l'amène à
l'éjaculation avant de remettre "le couvert" en présentant sa queue revigorée, et sous
latex, à un Hubert disposé à se laisser sodomiser. Le beur se déchaîne, tant par
besoin d'assouvissement sexuel, que d'assouvissement sentimental ou que calmant en vu
de sa première journée de travail. Nouveaux grognements, nouvelles bordées de foutre,
nouvelle capote pleine, nouvelles traces de sperme sur le sol. Les sens apaisés, les
amants se prélassent quelques minutes, écoutant le bruit de leurs baisers. La porte
s'ouvre, Fortuné encore tout ensommeillé renaude:
<< - Tu perds pas de temps, mon bichon! Vous auriez pu m'inviter, quand même. Pourtant
tu sais que mon cœur est esseulé tout comme ma bite.
>>

Il gagne la cuisine afin de préparer le petit déjeuner. Sa douche prise, Ahmed avale
deux croissants, deux cafés bien forts, quitte l'appartement tout sourire en
promettant:
<< - J'suis en pleine forme, les keums! Mon patron aura jamais eu d'bosseur comme moi!
>>

Il revient sur ses pas, roule une pelle à Hubert, dépose un rapide bisou sur les
lèvres de Fortuné qui constate:
<< - Ta bouche a le goût de vos galipettes. J'ai reconnu le goût de semence à Hubert.
Merveilleux! J'espère qu'un jour tu me laisseras goûter la tienne, de semence, Ahmed.
>>

Ahmed parti, il demande à Hubert:
<< - Alors c'est sérieux, il se met au boulot?
- Faut croire.
- Tu en doutes?
- Non, en fait. Je suis certain qu'il veut faire un effort. Mais ce qui m'inquiète
c'est qu'il le fait pour rester avec moi et je ne tiens pas spécialement à avoir ce
fil à la patte. Ce qu'il construit pour moi, il peut le détruire méchamment à cause de
moi et se détruire par la même occasion. C'est bien le genre de tout ou rien. Tu vois
ce que je veux dire?
- Pas d'attachement pour toi. Moi j'en rêve et je n'y arrive pas. À croire que tous
les mecs tombent amoureux de ceux qui veulent rester libres et ignorent ceux qui
veulent un mec à vie. C'est mal foutu, la vie!
- T'inquiète, ça viendra en son temps, ma puce. Et tu verras, ce jour-là on fera une
fiesta à tout casser en l'honneur de ton mariage. >>

Ils tombent dans les bras l'un de l'autre. Fortuné murmure:
<< - C'est gentil de me soutenir. Je sais pas ce que je ferais sans toi.
- Tu sais, je suis sérieux en te disant d'aller voir du côté de l'Antoine. Tu pourrais
tomber sur lui, par hasard. Je connais un de ses lieux favoris. Lui semble chercher la
même chose que toi. J'ai remarqué qu'il ne t'était pas indifférent, tu me l'as dit.

Lui semble sensible à tes charmes, il me l'a dit. Mais fais gaffe! Plus question de
batifoler à droite ou à gauche! C'est un exclusif, l'Antoine. Bien qu'il assure le
contraire.
- Tu tiens vraiment à le caser?
- En quelque sorte, oui. J'ai comme un sentiment de ne pas m'être bien conduit avec
lui. J'aurais dû le prévenir dès le début, comme je l'ai fait avec, Juan, Ahmed et
Paco.
- Je sens que cette liste va s'allonger.
- Je l'espère bien. Bon, c'est pas le tout mais le boulot nous attend.
- Je dois passer chez moi me changer. >>

Après avoir accompagné Fortuné à son domicile, Hubert et lui pénètrent dans l'agence
où se trouve déjà Paco sourire aux lèvres, mine réjouie. Sans attendre d'être seul
avec Hubert, il déclare à ce dernier:
<< - J'ai réservé pour le week-end prochain. Seulement toi et moi. D'accord?
- Je ne sais pas trop. J'ai promis depuis longtemps à des amis d'aller les voir.
- Ils peuvent bien attendre une semaine de plus, non? Allez, accepte! >>

Le regard implorant de Paco oblige Hubert à accepter la proposition. Pas que le
regard, d'ailleurs. Cette moue un peu ine, ce sourire plein de promesses
coquines l'obligent à céder, tout comme la perspective de pouvoir, enfin, passer
quelques heures d'agréables douces frénésies avec un Paco délivré de tout doute.
Aussitôt son oui émis, il se sent comme soulagé, presque heureux à la pensée de ce
tête-à-tête. Fortuné qui assiste à la conversation, soupire une fois de plus, arguant:
<< - C'est pas à moi qu'une pareille chance arriverait! Je te le disais tout à
l'heure: tout pour toi, rien pour les autres. >>

*****

Dès que l'occasion se présente, Hubert et Juan se retrouvent, durant la semaine. Ils
se baladent souvent, parlent de tout et de rien, passent du temps à se contempler,
s'embrasser. L'un comme l'autre n'éprouve, en apparence, aucun sentiment amoureux. Ils
sont bien ensemble, n'en cherchent pas les raisons, se contentant de vivre le moment
présent. Cela leur convient parfaitement. Certes, le sexe joue un rôle important dans
leur relation. Toutefois, le futur médecin doit faire face à un horaire de travail
imprécis, surchargé, ce qui empêche les coucheries depuis le début de la semaine. Une
partie amitié n'est pas négligeable dans ce couple. Ils s'entendent fort bien sur
divers sujets, malgré la différence énorme d'instruction. Ils veulent connaître, se
connaître, partager, recevoir, donner, simplement, sans complication sentimentale.
Pourtant, une fois séparés, ils ne rêvent que de retrouvailles. Aussi, écourtent-ils
leurs entrevues qu'ils multiplient afin de mieux savourer ces retrouvailles.
Le mardi, profitant d'un clair de lune poétique, Juan demande:
<< - Si on vivait ensemble, tu crois que ça marcherait entre nous? Je veux dire, si on
vivait tout en respectant la vie privée de l'autre. Tu vois ce je veux dire?
- Je ne sais pas. Pour être tout à fait honnête, je ne tenterais pas l'expérience par
crainte de voir notre relation se détériorer si ça ne marchait pas. Et puis, pourquoi
vivre ensemble quand on est si bien comme ça? Je pense qu'on s'apprécie, justement
parce que nous ne vivons pas ensemble, Juan. Là dessus, ajoute ton travail avec ces
horaires impossibles, les urgences et tout le tremblement. Ce serait probablement un
sujet de frictions assez rapidement. Je ne suis pas prêt à me sacrifier, à me
soumettre à un rythme de vie qui ne me conviendrait pas. Je suis fait ainsi. Un jour,
plus tard, qui sait?
- Tu as peut-être raison. >>

Juan semble quelque peu déçu de cette tentative qui vire à l'échec. Néanmoins il
réagit positivement, se gardant bien d'aller plus loin dans son argumentation et se
réservant de revenir à la charge dès que l'occasion se présentera.
Durant tout le reste de la semaine, ils se rencontrent chaque jour, même s'ils se
contentent de flirter faute de temps. Le jeudi soir, ils vont au cinéma puis au
restaurant. Ils passent la nuit accolés l'un à l'autre, l'un dans l'autre ou l'autre
dans l'un. Dans l'appartement le silence n'est interrompu que par des bruits de
succions, des soupirs, quelques petits cris au moment des éjaculations. Au réveil,
Hubert annonce:
<< - Je ne serai pas là de tout le week-end.
- Qui ose t'enlever à moi?
- Mon patron, rien que ça.
- Il est gay?
- Il se dit hétéro à 200 %!
- Mais?
- J'ai réussi à l'avoir deux fois. Ce week-end est projeté depuis longtemps.
- Donc?
- Donc quoi?
- Vous allez baiser, c'est ça?
- Peut-être. Cela dépendra des humeurs. Tu sais, il est assez fantasque, le Paco. Il
ne sait pas trop ce qu'il veut. Il a bien envie mais à peur.
- Ce n'est pas le seul. Et ça ne te gêne pas de me raconter ça?
- Pas du tout. Je t'ai annoncé mon absence, tu m'as demandé avec qui je partais, et je
t'ai répondu la vérité.
- Ça, on ne peut pas le nier. Comme tu dis si bien, j'ai eu mes réponses. >>

Hubert remarque l'expression furax sur le visage d'un Juan peu partageur. Le premier
reprend:
<< - Écoute, nous avons passé plusieurs jours à se voir, à baiser, à se balader.
C'était très chouette. Au point que je n'ai vu personne d'autre. Même Fortuné a évité
de venir à la maison sachant que tu étais souvent là. Maintenant, il est temps pour
moi de faire autre chose. J'aime la diversité, je n'y peux rien. Tu aurais aimé que je
te raconte des chars, c'est ça?
- Je ne sais pas trop. En tout cas jamais je n'aurai pensé à une vérité cinglante. Tu
m'as jeté ça à la figure comme si je n'étais pas concerné.
- Mais tu n'es pas concerné. Seuls Paco et moi le sommes. Bon, d'accord, la prochaine
fois je m'y prendrai avec plus de délicatesse.
- Si prochaine fois il y a et ça m'étonnerait beaucoup.
- Tu ne vas pas me dire…
- Rien du tout! Je préfère partir prendre l'air. >>

Sans plus prononcer un mot, oubliant de passer sous la douche, Juan s'habille et part.
Un peu déconcerté, Hubert marmonne:
<< - Lui qui disait se fiche pas mal de ma vie en dehors de lui… >>

*****

Hubert fait son bagage. Fortuné l'observe, demande:
<< - Alors tu es prêt à affronter ces deux journées avec notre cher Directeur, mon
bichon?
- En pleine forme!
- Ça y ressemble. Je t'ai rarement vu aussi frétillant. Qué passa?
- Cette nuit, j'ai rêvé que tous mes amants me plaquaient pour la bonne raison que je
refusais de me laisser passer la bague au doigt. Mais ils auront beau faire, je ne
changerai pas, enfin pas encore. Ces départs me chagrinaient un soupçon. En me
réveillant, je me suis dit que ma santé physique et mentale dépendait de cette
indépendance. Me voilà rassuré et confirmé dans ma résolution de ne pas me mettre la
corde au cou et d'éviter de la mettre à quiconque.
- Ton rêve reflétait un peu la réalité, Juan par exemple, sans omettre Antoine. Ne
parlons pas de ce pauvre Ahmed qui tire la langue après toi. Il ne tire pas que la
langue, d'ailleurs, si j'en juge d'après l'épaisseur de sa braguette dès qu'il
t'approche. Un sacré réactif de la quéquette, ton Ahmed!
- Pour Juan rien de vraiment définitif, tu sais.
- Tu espères encore? Il t'a téléphoné aujourd'hui, comme chaque jour?
- Non, il boude dans son coin. Laissons-le mariner.
- Tu laisses plutôt échapper une belle proie. Remarque, si c'est pour me le refiler,
je dis pas non. Avertis-moi quand ce sera vraiment fini avec lui, je le préfère à
Antoine, quitte à récupérer tes restes. Antoine fait plus guindé, voire snob.
- Fâchée, ma puce?
- Non, pas quand il s'agit de ces restes-là qui sont des mets de choix.
- Au fait, Antoine, où tu en es?
- Je suis allé dans son bistrot favori. J'ai poireauté plus d'une heure avant de le
voir arriver. J'étais juste face à la porte. Quand il m'a aperçu, il a froncé les
sourcils. Moi, j'ai fait celui qui ne l'avais pas vu. Je suis parti cinq minutes
après. Une nouvelle tentative est prévue pour lundi. Je dois pas trop précipiter les
choses si je veux que ça ait l'air naturel. Mais j'ai mes chances puisque j'habite pas
loin.
- Il faut que j'y aille, ma puce. Tu peux rester à la maison si tu veux. Prends le
double des clés dans le tiroir de la table de cuisine. Bisou et à plus. >>

Fortuné, bouche bée, regarde Hubert quitter l'appartement avant de bougonner pour lui-
même:
<< - C'est bien la première fois qu'il me laisse ses clés. On nous l'a changé notre
bichon. >>

Hubert qui trouve Paco attendant patiemment. La voiture est mal garée. Il guette une
éventuelle tournée de la gente policière afin de s'esbigner avant la pose d'un PV sur
son pare-brise. Il accueille son invité avec un large sourire, démarre aussitôt.

Le lieu de villégiature se présente richement. Un palace en pleine campagne, avec tout
le confort possible, des terrains de jeux, des piscines, centre équestre à proximité,
lac avec possibilités de faire de la voile ou du ski nautique et autres réjouissances
aquatiques.

Le concierge donne les clés à ses clients, appelle un groom pour s'occuper des
bagages.
Une fois dans sa chambre, l'employé parti avec un pourboire non négligeable, Paco
défait son sac de voyage avant de taper à la porte communicante où gîte Hubert qui ne
peut s'empêcher d'ironiser:
<< - Pour faire vrai, on couchera une moitié de la nuit dans mon lit et l'autre moitié
dans le tien. Comme ça, la femme de ménage n'y verra que du feu.
- Ne m'en demande pas trop.
- Je ne te demande rien. Je te rappelle que tu as insisté pour que nous passions ce
week-end tous les deux en tête-à-tête.
- Tu n'as pas dit non. Et je n'ai pas été si mauvais que ça, j'ai pris deux chambres
communicantes.
- Bon, ça va. Je cherchais à t'échauffer les oreilles, juste par amusement.
- Si tu tiens à t'amuser, viens contre moi. Tu m'échaufferas mieux. Nous jouerons
ensemble à des jeux de grandes personnes majeures et vaccinées. >>

Obéissant avec plaisir, Hubert s'approche de Paco, se colle contre lui, offre sa
bouche aux lèvres pulpeuses de son amant qui scellent la paix dans un long baiser. Les
pantalons tombent lentement le long des jambes, vite rejoints par les caleçons. Les
mains folâtrent à tous les niveaux des corps, s'attardant plus spécialement sur les
queues en effervescence et les rosettes impatientes. Ce doux intermède est interrompu
par la nécessité de se débarrasser des vêtements devenus gênants. À deux ou trois
reprises, les jouteurs perdent l'équilibre. Il n'est guère aisé de marcher avec le
pantalon aux chevilles. Hubert susurre à l'oreille de Paco:
<< - Tu veux de la douceur, tu vas en avoir. C'est toi qui me supplieras de passer à
une vitesse supérieure. Attends mon gaillard, tu ne connais pas vraiment ton adjoint.
- Parle pas boulot et fais comme bon te semble. Je me laisse guider. >>

En réalité, Paco éprouve d'énormes difficultés à se contenter d'un rôle passif, dans
le vrai sens du mot. Il ne peut supporter de subir sans réagir. Un bon point pour lui,
comme le constate mentalement Hubert. La moquette, moelleuse, offre une couche fort
acceptable. Ils s'allongent, se positionnent en 69 et gobent chacun la queue de
l'autre laissant les doigts de la main libre accéder aux tétons qu'ils triturent avec
délicatesse. Au tour des rosettes de se voir visiter par des index fureteurs. Peu de
temps après, ils se retirent, remplacés par les langues en mal de léchages. La séance
des prémices dure depuis près d'une demi-heure. Paco montre quelques signes annonçant
une montée de sperme. Pause afin de permettre un retardement de l'apothéose. Puis
habillage de la queue d'Hubert qui se glisse doucement mais fermement entre les fesses
velues et fermes d'un Paco en transe n'hésitant pas à s'ouvrir du mieux possible. Un
savant pistonnage électrise les corps qui ne tardent pas à gicler dans un concert de
gémissements peu discrets. Sans prendre de répit, les étreintes se renouvellent, les
baisers s'éternisent, les caresses se font plus attentives. Ensuite, au tour de Paco
de revêtir le latex avant de pénétrer dans l'anus bien tendu, presque ouvert par le
désir. Les corps se mélangent, ne laissant aucun espace entre eux. Les lèvres ne se
quittent pas tandis que le braquemart commet son œuvre de bienfaisance. On retarde au
maximum l'éjaculation. Mais Paco ne veut plus se retenir. Il s'active dans son limage
de cul, cherchant à perforer les entrailles le plus loin possible, dans des angles
différents. Les spasmes commencent alors qu'il crie sa joie d'éjaculer. Hubert se
joint à lui dans cet instant glorieux de la jouissance sexuelle finale.

Douche avec câlins, essuyage tendre et appuyé sur certaines zones sensibles.
Tout en s'habillant pour se rendre au restaurant où attend un délicieux dîner, Hubert
compulse la messagerie de son portable. Un texto de Juan propose:
<< - Jeudi prochain, ça te dit? Avant je peux pas. Regrets pour hier. >>

Hubert sourit, jette l'appareil sur son lit avant de se jeter lui-même, une fois de
plus, dans les bras de Paco qui questionne:
<< - Tu es toujours aussi passionné, question sexe?
- Plus que ça si c'était possible. Je n'aime pas décevoir.
- Alors tant mieux, on va s'en donner à cœur joie. C'est bon d'être libre, sans
contrainte.
- Tu vois que tu fais des progrès. Allez, j'ai faim! >>

Dans l'ascenseur, Hubert compose mentalement son programme de la semaine prochaine.
Lundi Ahmed pour le rassurer et éventuellement le câliner. Mardi, soirée avec Fortuné
au théâtre. Mercredi, Ahmed de nouveau. Jeudi, Juan et probablement une discussion peu
marrante. Vendredi départ, direction la côte basque où l'attendent depuis des mois un
couple de copains. Après, on verra bien.
En attendant, il savoure les instants passés avec un Paco décontracté; heureux du
moment présent. À table, les plaisanteries fusent dont les principales victimes sont
leurs clients de la banque. Jusqu'au moment où Paco remarque:
<< - Le petit Ahmed, il te plaît bien, pas vrai?
- Petit, petit… tu ne dirais pas ça si tu voyais l'engin.
- Donc je pensais juste.
- Pourtant nous sommes discrets.
- Tout se sait, même dans une grande ville où l'on pense passer inaperçu. T'inquiète,
je ne te fais pas une scène. C'était juste par curiosité.
- Tu ne me fais pas la morale sur le fait qu'entre banquier et clients….
- Oh non! Si l'occasion se présente avec une femme, je n'hésiterais sûrement pas… >>

Ils en arrivent à parler fantasmes, se promettent de les réaliser dans la mesure du
possible. Lorsqu'ils quittent le restaurant, leurs pantalons sont gonflés au niveau de
la braguette. Quelques minutes plus tard, un des lits est totalement chamboulé par des
corps plein d'énergie, désireux de jouir à satiété.
Une fois repus de sexe, Paco constate:
<< - C'est bon, quand même, un mec! >>

Hubert approuve en ajoutant que le week-end ne fait que commencer.

*****

Antoine déambule cherchant à noyer ses désillusions. Pourquoi s'être entiché d'un mec
aussi volage qu'Hubert? Il ne comprend pas. D'autant moins qu'il était averti dès le
départ ou presque. Certes, il pourrait faire machine arrière et retourner chez lui,
présenter ce qui semblerait des excuses qui pourraient ne pas en être tout à fait.
Impossible, trop de jours se sont écoulés depuis. En outre, fier comme un paon, il se
voit mal s'abaisser devant qui le trompe afin de récupérer quelques miettes d'amour ou
pour tirer un coup de temps à autre avec l'infidèle. Machinalement, il se dirige vers
l'immeuble où habite Hubert. Surpris de se retrouver en pareil endroit, Antoine veut
faire demi-tour, craignant de croiser le coupable à ses yeux. À la place dudit
coupable, il croise une tête qui ne lui est pas inconnue: un de ses rivaux. Les deux
hommes s'arrêtent, face à face, se fixent du regard, tendus. D'un coup, réalisant la
scène, Antoine ricane:
<< - On croirait deux cowboys dans un film, prêts à dégainer! >>

Cette remarque détend Juan qui sourit, opine du chef avant de rétorquer:
<< - Sauf que le seul pistolet que nous possédons chacun ne tire pas de balles
mortelles pour qui sait s'en servir convenablement.
- Effectivement. Sans compter que l'objet de notre duel virtuel n'a plus lieu d'être.
Je crois savoir qu'Hubert fricote sous d'autres cieux, entre d'autres cuisses
généreuses.
- Celles de son patron pour être plus exact.
- Alors, on fait la paix, Juan?
- Va pour la paix, sieur Antoine. >>

Les deux hommes se serrent la main, s'observent quelques secondes avant de se moquer
de leur attitude. Juan note:
<< - Je crois que nous devrions sceller cette paix par le verre de l'amitié. Entre
cocus … >>

Ils se rendent dans le premier troquet venu.
La discussion aborde divers sujets, exception faite de celui se nommant Hubert. Les
deux nouveaux compères se trouvent nombre de points communs ainsi que nombre de points
complémentaires dont un très important qui les unit pour un moment: Juan reconnaît
être exclusivement passif quand Antoine jure être exclusivement actif. De là, la
conversation divague sur ce qu'est un véritable actif ou un véritable passif. Aucune
divergence ne les séparant à ce propos, ils décident de passer immédiatement à la
pratique afin de s'assurer qu'ils n'ont pas tort.
L'endroit choisi pour leurs exploits semble sordide. Une sorte de renfoncement sous un
ancien pont aujourd'hui désaffecté, renfoncement qui, jadis, devait servir à
entreposer des objets. Les chaleurs printanières permettent une mise à nu des corps,
tout en se gardant bien de se dévêtir complètement afin de se préparer à toute
incursion inopinée que pourrait faire une tierce personne non initiée aux choses des
amours mâles pour mâles. Pantalon sur les chevilles, rejoints par slip et caleçon, les
amants s'échauffent en pelles longues et savoureuses, laissant les mains se balader
aux fins d'évaluer, de soupeser, de tester, les parties viriles et émotives des
individus. Effectivement, Antoine se rend compte des frémissements côté fesses chez
Juan dès qu'une main se pose au bas du dos. A l'opposé, Juan note la raideur pénienne
subite d'Antoine, tout juste effleure-t-il son fessier. L'un mouille du gland, l'autre
de l'anus. L'appel à la sodomie se confirme, chacun des partenaires étant dans de très
bonnes dispositions. Mais avant, les bouches voudraient bien s'encombrer de mandrin
aux fins de les malaxer, de les triturer doucettement, de les avaler. Plus sportif que
son compère, mais plus léger, Antoine se met en position dite du poirier, tête en
bas, pieds en haut appuyés contre un mur. Juan pige la manœuvre qui soulève Antoine en
lui empoignant les mollets jusqu'à ce que les bites soient au niveau des lèvres.
Ainsi, les succions commencent dans un bruit caractéristique, arrachant aux gorges des
suppliques osées. Cette séance d'équilibriste ne dure guère car bien trop
contraignante. Impossible de se coucher au sol très sale. Qu'importe! On abandonne les
prémices au profit d'opérations plus consistantes. Arc-bouté, cul cambré, Juan s'ouvre
à la queue qui se revêt d'un préservatif. Dans l'attente, il salive ses doigts qui
s'en vont humecter l'anus déjà trempé de mouille. Quatre phalanges s'insèrent dans le
trou, qui virevoltent, ouvrent, écartent, avant de se retirer, vite remplacées par le
braquemart en furie. Un long gémissement plaintif s'élève alors que le pénis s'enfonce
lentement, inexorablement. Le pubis touche les fesses. Une minute de pause afin que
les chairs s'habituent: les unes par l'intrusion, les autres à leur nouvel habitat.
Calmement, Antoine commence les va et vient, jouant à sortir puis rentrer, crachant de
temps à autres sur sa queue afin de la lubrifier, au cas où. Ses mains tiennent
fermement les hanches de son partenaire, sa bouche picore le dos, le cou de l'enculé
ou applique un suçon quand elle ne laisse pas la langue déposer de longs filets de
salive le long de la colonne vertébrale. Juan ne retient pas ses râles de plaisir,
jurant que jamais queue ne l'avait autant contenté, qu'il aimerait que cela se
prolongeât une éternité, clamant haut et fort que la vie ne vaut pas d'être vécue si
l'on ne connaît pas le bonheur d'avoir une pine au cul. Heureux du compliment, Antoine
s'acharne avec plus de conviction sur ces arrières généreux qu'il défonce allègrement,
susurrant de son côté certaines allégations cochonnes sur le chatoyant d'un anus
sodomisé, le velouté des entrailles en fusion avec une bite, la merveilleuse sensation
d'un bâton raide s'enfonçant dans une motte de beurre affichant 37° à l'ombre et
autres grivoiseries culinaires plus hallucinantes les unes que les autres. Les amants
se défoulent en paroles afin de s'exciter mutuellement, d'oublier leurs déconvenues
communes, de panser leurs plaies situées au niveau de leur amour-propre. A chaque
poussée, Antoine rugit. A chaque coup de boutoir, Juan grogne. Les sons gutturaux se
transforment au fur et à mesure de l'avancée du foutre dans les organismes pour
devenir chant de sirène lors de l'explosion des sens et des giclées de sperme.
Longtemps encore, les corps se tordent sous les spasmes éjaculatoires. Longtemps
encore, les amants restent collés l'un dans l'autre, se divertissant de baisers
fusionnels, de caresses annonciatrices de recommencement. La queue toujours raide,
Antoine entame un second chapitre dans ces festivités sexuelles. Juan ne refuse pas
qui effectue certains mouvements afin de raidir la chose un peu plus, si nécessaire.
Le mandrin coulisse à merveille dans l'anus en folie. Les ébats s'interrompent pour
raison de sécurité: changement de capote oblige, l'usagée risquant de céder lors d'une
seconde bordée. Les gestes précis, furtifs, rapides, habillent l'engin qui se replace
dans son antre de volupté. Tout en pistonnant le cul de Juan, Antoine remarque une
pierre formant comme une sorte de banc. Il pousse son amant dans la direction de la
chose. Juan pige où l'autre veut en arriver. Une fois sur place, Antoine jette son
blouson en jeans sur la pierre où son amant se couche sur le dos, jambes en l'air. La
queue reprend place entre les fesses prometteuses de jouissances. Le pilonnage
reprend, moins précipité, plus langoureux, plus sensuel. Les amants se gargarisent
d'onomatopées salaces, d'observations grivoises, d'exigences vicieuses. Ainsi, Juan
laisse échapper des filets d'urine qui aspergent les corps secoués par l'acte de
sodomie, causant une sorte de folie sexuelle dans laquelle les deux hommes se
complaisent. S'encourageant mutuellement, ils cherchent à compliquer leur baise,
verbalement, sans pour autant définir ce qu'ils veulent véritablement. Ceci à cause
des tripes qui se révoltent sous la pression de montées crémeuses virulentes du côté
des bourses maintenant impuissantes à retenir les salves de foutre en préparation. Le
premier, Antoine se tord qui hurle sa joie d'éjaculer, serrant très fort son amant
afin d'enfoncer le plus loin possible sa bite en feu. Tout juste apaisé, il doit
retenir Juan, lui aussi secoué par les jets de semence qui tapissent le sol, égrenant
quelques gouttes sur le blouson d'Antoine. Ce dernier conclue les ébats, déclarant:
<< - Ce sont les médailles de notre victoire! >>

Juan s'écarte, libérant la queue encapuchonnée que dévêt son propriétaire. Quelques
coups de mouchoir en papier retirent certaines traces humides. Ce séchage est complété
grâce aux deux teeshirts ensuite jetés sur un tas de détritus.
Ultime baisers, ultimes caresses. Tenues correctes retrouvées. Dans la rue, deux mecs
marchent côte à côte, discutant comme deux amis. Nul ne remarque les cernes sous les
yeux, les coiffures en broussaille (quoique ce soit la mode), la braguette de l'un mal
refermée. En fait, Antoine comme Juan, ressentent une gêne. Ce dernier confirme:
<< - C'est idiot! Mais j'ai l'impression de l'avoir trompé.
- Moi également, bien que je l'ai quitté. >>

Ils se séparent, sans plus de paroles, regagnent leur domicile respectif mains dans
les poches, tête baissée comme s'ils venaient de commettre une faute.

À suivre …

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