La Passion Du Passé, Partie 1.

13 mai 2018, 02h15

- Pourquoi à chaque fois que je pense que tu es enfin sorti de ma vie, il faut que tu reviennes ?!?
- Peut-être parce que je dois en faire partie…


10 ans plus tôt… 5 septembre 2008

ELLE

Ça fait 10 mois que je sors avec Thomas quand il me semble bizarre alors qu’on est posé sur un banc comme souvent. Il est allongé, la tête sur mes genoux, les yeux perdus dans le vide pendant je passe ma main dans ses cheveux.

- Bon, tu vas le cracher le morceau ? Je vois bien qu’il y a un truc qui va pas…
- Ma puce, s’te plaît, y a rien… je suis KO c’est tout…

LUI

Je sais pertinemment que je ne la convaincs pas, elle me connaît trop bien, mais elle n’insiste pas.

Bien sûr qu’il y a un truc. Un putain de truc qui me fout le cul entre 2 chaises. Un truc qui me rend heureux, mais qui à la fois me fout les boules. Et va falloir que j’en parle à Julie. Je sais qu’elle va pas aimer ça.

Je n’ai pas le courage de lui dire maintenant. Je suis bien là, contre elle, ses mains dans mes cheveux. Ça fait 10 mois que c’est notre petit rituel quand elle sort du lycée : je l’attends à la sortie et on vient se poser ici, sur ce banc avant que je la raccompagne chez elle.

Ses parents sont cool. Ils voient d’un bon œil notre relation et nous font confiance. Ils acceptent que je dorme occasionnellement chez eux, ou que Julie vienne dormir chez mes parents où j’habite encore. Eux aussi ne vont pas aimer ce que j’ai à dire à leur fille.

Il faut dire qu’ils m’apprécient beaucoup en réalité. Je suis le premier mec de leur fille. Le premier qu’elle a embrassé, le premier à qui elle a dit je t’aime, le premier avec qui elle a couché. Et tout ça ils le savent. Ils savent aussi à quel point ça compte pour une fille sa première histoire d’amour. Et si je lui fais du mal, je leur en ferais par la même occasion.



ELLE

- Allez viens, raccompagne moi, j’ai une interro demain, faut que je révise.

Il se lève, je l’imite et il passe son bras autour de ma taille alors que je glisse ma main dans la poche arrière de son jeans. Et c’est en silence qu’on fait le trajet jusque devant chez moi. Je le trouve toujours aussi bizarre. J’ai un mauvais pressentiment.

- Tu entres 5 minutes ? Je lui propose.

Mais il ne répond pas tout de suite.

LUI

Je jette un coup d’œil, et aperçois les voitures de ses parents dans la cour. Je crève d’envie de rester encore un peu avec elle, mais si je repousse encore ce moment, ça va être encore plus difficile. Et puis je ne veux pas affronter ses parents.

- Non, je vais pas rester bébé.
- Ça marche, on se voit demain alors ? Me demande-t-elle, visiblement pleine de questions.
- Non…

Elle me regarde de travers, attendant que je m’explique.

- Faut que je te dise un truc… et je ne sais pas par où commencer. C’est confus dans ma tête… tu sais que je t’aime et…
- Oh putain, généralement, quand ça commence comme ça, c’est pas bon…
- Laisse moi finir bébé, s’il te plaît… c’est déjà pas facile comme ça…

Elle pince les lèvres et garde le silence, me foudroyant du regard pour que je continue mes explications.

- Donc, je t’aime, et c’est ce qui rend tout ça tellement dur.

Je marque une nouvelle pause, augmentant encore un peu son énervement.

- J’ai été contacté par un recruteur. J’ai passé des test et j’ai la chance de pouvoir passer pro…

Elle me saute cou.

- C’est génial ! Tu en rêvais tellement.

C’est vrai, c’est un rêve de gosse qui devient réalité. Mais elle ne semble pas réaliser ce que cela implique.

- Puis faire parti du stade français, t’en parles tout le temps…
- C’est pas pour le stade français Julie… je pars à Toulouse, demain…

Elle relâche son étreinte, recule de quelques pas.
Une larme roule sur sa joue.

- Toulouse ? Demain ? Tu le sais depuis quand ?

Elle a croisé les bras sur sa poitrine et me lance le regard le plus noir que j’ai jamais vu.

- Ils m’ont dit qu’ils me voulaient y a 4 jours. Ils m’ont laissé 3 jours pour leur donner une réponse. Je leur ai dit oui hier…
- Et ce n’est que maintenant que tu me le dis…
- J’ai essayé de te le dire, mais j’arrivais pas à trouver les mots… ni le courage parce que je savais que j’allais nous faire du mal…

Elle ne dit plus un mot, puis me gifle avant d’entrer dans la maison et de claquer la porte. Je reste un moment comme un con devant celle-ci avant de faire demi-tour pour rentrer chez mes parents, tiraillé par mes émotions.


ELLE

Je monte les marches 2 par 2 jusqu’à ma chambre. J’entends ma mère qui m’appelle en bas des escaliers, mais je n’ai pas envie de parler pour le moment.

Je ferme la porte de ma chambre derrière moi en enfouis mon visage dans mon oreiller pour hurler toute ma douleur avant d’éclater en sanglots.

De légers coups se font entendre avant la voix de mère.

- Julie ? Tout va bien ? Ouvre la porte.

Cette dernière n’est pas fermée à clef mais mes parents ont toujours eu beaucoup de respect pour mon intimité et n’entrent jamais dans ma chambre sans y être invités.

Je ne réponds pas et pleure de plus belle. Elle toque une nouvelle fois puis un court silence s’installe.

- Julie…

La voix chaude et rauque de mon père me serre le cœur. Et un nouveau sanglot se fait entendre.

- Je vais entrer parce que je m’inquiète pour toi…

La porte s’ouvre et j’entends ses pas. Il s’arrête puis s’adresse à ma mère.

- Isabelle, vas lui préparer un chocolat chaud et un petit en-cas s’il te plaît…

Mon père s’allonge près de moi, passe ses mains dans mes cheveux et je me blottis dans ses bras me laissant aller au chagrin.
Il tente d’apaiser ma peine en me berçant et en embrassant mon front comme lorsque j’étais une petite fille.

- Allez, ça va aller. Tu as mal et tu auras encore mal pour un certain temps, mais tu verras qu’un jour tu vas te lever et la douleur se sera atténuée. Et elle le sera un peu plus chaque jour, jusqu’à n’être qu’un souvenir et se transformer en force. Pour l’instant laisse sortir tout ton chagrin, et quand tu seras prête et seulement si tu le souhaites, explique nous ce qu’il s’est passé afin que l’on puisse t’aider…

Je ne parviens pas à lui répondre. Je pleure dans ses bras jusqu’à m’endormir sans même toucher à l’assiette et à la tasse que ma mère a posé sur mon chevet.

Les semaines suivantes sont difficiles. Je pleure beaucoup, mange et dors peu. Mes résultats scolaires en pâtissent. Mes parents font ce qu’ils peuvent pour m’aider, mais je crois que je ne souhaite pas aller mieux pour le moment.

Non pour l’instant, j’ai simplement envie de pleurer. Et encore plus en pensant au fait qu’il ne m’a même pas envoyé ne serait ce qu’un message quand il est parti. Je n’ai pas eu la moindre nouvelle depuis que je l’ai giflé devant la porte.

LUI.

Je suis parti le lendemain matin de cette gifle. Je n’ai eu de cesse de penser à elle tout le trajet. J’aurais du être le mec le plus heureux de voir son rêve se réaliser, mais j’avais la tête de quelqu’un qu’on mène à l’abattoir.

J’ai tenté de me convaincre avec ces mêmes phrases que certaines personnes m’ont dites quand j’hésitais à partir : ‘’ des nanas t’en trouveras d’autres, surtout maintenant que vas être pro ‘’ , ‘’ une chance comme celle-là, on en a qu’une dans une vie, alors que les filles, ça va ça vient…’’. Même mon père m’a fait comprendre à demi-mot qu’il était plus important de faire passer ma carrière avant, sans pour autant me dire de la quitter : ‘’ si elle t’aime, elle comprendra…’’

Seule ma mère n’a pas souhaité me donner son avis : ‘’ c’est ta vie, c’est à toi de faire les choix importants… je ne veux pas t’influencer.
‘’

Alors les premiers jours ont été difficiles. Je n’arrivais pas à me sortir Julie de la tête. J’ai voulu un millier de fois lui envoyer des messages ou l’appeler, et à chaque fois la colère dans son regard me revenait en mémoire. Et puis à quoi ça aurait servi ? A lui faire du mal comme je m’en serais fait à moi-même de ne pouvoir être ensemble ? Autant nous éviter ça.

Mais je pensais continuellement à elle. Heureusement que les journées étaient rythmées par les entraînements, les séances de musculation et les cours.

J’ai rapidement fait mes premiers pas sur les pelouses des matches professionnels. À 19 ans, je me retrouve à gérer mes études et ma carrière professionnelle, les folies que l’argent que cette dernière m’apporte avec.

Au début, je cède facilement à la moindre de mes envies : montre, portable dernier cri, fringues de marque, voiture de sport lorsque le premier gros cachet tombe. Suivi de près par mon père qui réalise que je flambe

- Thomas, tu vas me faire le plaisir d’arrêter de claquer tout ton fric ! Je sais que l’argent n’a jamais été florissant chez nous, au contraire on s’est toujours serré la ceinture… que tu te fasses plaisir est une chose, mais là tu exagères. Imagine si demain tu te blesses et que ta carrière prenne fin… tu devrais mettre de l’argent de côté…
- Je sais, c’est ce qu’ils nous disent pendant les cours de gestion… mais maintenant que je peux me faire plaisir, j’ai envie d’en profiter. Mais je te promets de faire attention dorénavant.

Et c’est ce que je fais. Il m’arrive encore de m’acheter ce qu’il me fait envie, mais je pense plutôt à l’avenir. Je mets de l’argent de côté pour pouvoir m’acheter un appartement, un achat raisonné selon mon père et mon agent.

Au fil des mois, j’en arrive même à oublier Julie.

Jusqu’à…


26 juillet 2013

ELLE

Il fait chaud ce samedi. Mes copines de l’école vétérinaire m’ont convaincue de les suivre aux fêtes de Bayonne. Je ne suis pas super motivée mais mon copain a insisté :

- Julie, vas-y ! Tu as bossé pendant des mois comme une forcenée pour valider ton année. Tu as besoin de t’amuser.

J’ai rencontré Christophe en arrivant à Toulouse, quand je suis venue pour mes études. Au début, je ne voulais pas venir à Toulouse. J’avais envoyé une demande pour les 4 écoles véto de France. Les 4 m’ont acceptée. Malheureusement, je n’ai pas eu de bourse, mettant maison Alfort hors de portée. Et j’étais prête à tout pour ne pas aller à Toulouse, pas envie de me rapprocher de Thomas. Les années ont passé mais pas la douleur, et je sais qu’il y est toujours joueur pro. Alors j’avais choisi Lille, plus proche de chez mes parents aussi.

Mais ils n’étaient pas d’accord avec mon choix, et m’ont dit qu’ils payaient mes études et mon loyer uniquement si j’allais à Toulouse, deuxième meilleure école véto de France. Je n’avais plus le choix. C’était ça ou me retrouver équipière chez McDo.

Au cours de ma deuxième année, j’ai rencontré Christophe. Il a 8 ans de plus que moi. Il est professeur des écoles remplaçant. Et adorable. Ça fait près d’un an et demi qu’on est ensemble, bientôt un an que j’ai emménagé chez lui. Il a su me redonner foi en l’amour. Je ne pensais pas pouvoir retomber amoureuse comme je l’ai été de Thomas.

A midi, j’entends des coups de klaxon. Ce sont Sophie et Magali. J’att le petit sac que j’ai préparé, Christophe me serre dans ses bras et m’embrasse doucement.

- A demain bébé. Amuse toi bien. Je t’aime.
- Moi aussi je t’aime mon cœur.

Je m’installe à l’arrière de la polo de Sophie et nous sommes parties pour près de 3h de route.

LUI.

Hier soir, on avait un match caritatif à Bayonne. Et les gars ont voulu rester pour le week-end afin de profiter des fêtes de Bayonne.

Hier soir je ne les ai pas suivis. J’étais KO après le match : j’ai fait une mauvaise chute et le médecin m’a fait sortir sur protocole commotion. Plus de peur que de mal, mais une bonne migraine m’a tenu compagnie toute la nuit.

Au cours des 5 dernières années, je suis devenu le demi d’ouverture le mieux payé du top 14. Et depuis deux ans, je fais parti du XV de France. J’ai d’abord été appelé comme remplaçant puis rapidement comme titulaire. Je n’aurais jamais imaginé étant gamin pouvoir vivre de ma passion.

Mon nouveau statut m’a permis d’aider mes parents. Locataires depuis toujours d’un logement HLM dans une cité parisienne, je leur ai offert une maison en banlieue, les ai envoyé en vacances, chose qu’il n’avait pas pu faire depuis des années.

Ma situation m’a également permis de rencontrer de magnifiques femmes. J’ai notamment fréquenté un temps une star de la pop anglaise puis une mannequin italienne. Sans compter les aventures d’un soir avec des supportrices… avec le temps, je suis devenu un peu coureur.

Et ce soir je compte bien passer du bon temps avec mes collègues, bière à la main, et filles dans les bras.

Je rejoins mes compaires à 17h sur la place des basques.

ELLE.

On arrive à notre hôtel vers 15h. On récupère les clefs de notre chambre et on monte y déposer nos affaires.

J’en profite pour envoyer un message à Christophe :

‘’ coucou mon cœur. On est bien arrivées. Profite bien de ton week-end entre mecs. Je t’aime. Bisous où tu sais ‘’

‘’ coucou ma puce. Amuse-toi bien et faites attention à vous. Moi aussi je t’aime. Vivement que tu puisses me les faire alors ces bisous.’’

C’est avec le sourire aux lèvres que je sors ma petite robe blanche en lin de mon sac. Je l’enfile avant de rejoindre mes amies dans la salle de bains. Elles sont en pleine discussion quand je passe la porte et ne m’entendent pas arriver.

- Non, mais franchement, tu as vu les belles fesses qu’il a ? Elle en a de la chance d’avoir un mec aussi canon… dit Sophie.
- Grave, surenchérit Magali. En plus, j’étais avec eux à la piscine y a pas longtemps, et je peux te dire qu’il a l’air d’être gâté par la nature le beau Christ…
- Je rêve ou vous parlez de mon mec ? Dis-je faussement outrée.

Elles se retournent toutes les deux avec un petit sursaut.

- Euh, c’est pas, euh… commence à bafouiller Magali.

J’éclate de rire.

- C’est bon les filles, je suis pas vexée. Je suis même plutôt flattée de savoir que vous trouvez mon mec canon et je confirme, la nature fait bien les choses.

Elles deviennent soudain toutes rouges avant de rire à leur tour.

Je relève mes cheveux pour me faire un chignon un peu pin-up avant de nouer mon foulard rouge pour finaliser ma coiffure. Les filles terminent de se préparer elles aussi.

A 17h, nous arrivons sur la place des basques de Bayonne. De l’autre côté, près d’une fontaine, un attroupement s’est formé, mais impossible de savoir pourquoi.

LUI.

On a à peine posé le pied sur la place, que les gens nous reconnaissent et viennent à notre rencontre. C’est parti pour une séance de photos et d’autographes. Ce n’est pas ce qui me plaît le plus dans ce boulot, mais je m’y plie de bonnes grâce : j’étais comme ces gens lorsque plus jeune j’étais moi aussi fan de joueurs.

Alors que je pose à côté d’un jeune de 17 ans, j’aperçois de l’autre côté de la place une personne qui me ramène à mes vieux démons. Impossible, ce ne peut pas être elle. Qu’est ce qu’elle ferait ici ? Elle est sûrement toujours à Paris.

- Monsieur Minalto ?

La mère du jeune m’interpelle. Je quitte cette jeune femme des yeux pour regarder l’objectif de l’appareil photo. Quand je lève à nouveau les yeux vers le côté opposé de la place, elle et ses amies ont disparu. De toute façon, il est impossible que ce soit elle.

ELLE.

Nous flânons dans les rues déjà bien animées de la ville. La chaleur est accablante. Je rêve d’une boisson bien fraîche. Mes amies semblent lire dans mes pensées et me proposent de nous arrêter au stand d’une peñas. On s’installe à la dernière table libre.

Il est 18h30 et les rues se remplissent de plus en plus. Des bandas jouent des musiques traditionnelles basques tous les 100 mètres.

D’une nature timide, je suis plus extravertie quand j’ai bu 2 ou 3 verres. Et mes amies le savent. Alors, dès que mon verre est presque vide, elles m’en ramènent un autre. A 20h, j’en suis à ma troisième bières cerise sans avoir rien mangé. J’entraîne alors mes amies manger quelques tapas un peu plus loin.

Puis on passe la soirée d’animation en animation : pelote basque, concert, jeux de troquets. Vers minuit, on se retrouve dans une rue proche de l’Adour où il y a un bal. Les quelques verres que j’ai bus après avoir mangé ont fini de faire tomber les barrières de ma timidité et je danse au milieu de la foule avec mes amies.

Quand commence une chanson plus langoureuse, des couples d’inconnus se forment pour danser ensemble. Magali et Sophie se sont trouvées des cavaliers. Alors que je m’apprête à me diriger vers un jeune homme à quelques pas de moi, des mains se posent sur ma taille, m’invitant à entrer dans la danse.

Mon partenaire m’attire à lui doucement, plaquant mon dos contre son buste que je devine musclé. Il pose sa tête contre la mienne, le visage légèrement baissé vers mon épaule, m’empêchant ainsi de distinguer ses traits.

Au milieu de la chanson, je croise les regards de mes amies : elles ont un sourire jusqu’aux oreilles et font de gros yeux en me voyant. D’un coup d’œil, elles me font comprendre que je devrais me retourner pour découvrir qui est mon cavalier.

Je m’écarte doucement de son corps. Il ne me retient pas, mais garde ses mains sur ma taille. Quand je tourne sur moi-même pour lui faire face, ses mains effleurent les miennes comme s’il ne voulait pas perdre le lien entre nous. Cette sensation, je la reconnais. Puis il lève le visage vers le mien, ses doigts tentant de saisir les miens.

- Thomas…

Aussitôt, je me tourne et me précipite loin de cette foule.

- Julie, attends… je l’entends crier derrière moi pour couvrir le son de la musique.

Je cours de plus belle quand je remarque qu’il essaie de me rattr.

LUI.

Mais qu’est-ce que j’ai cru ? Qu’elle allait me sauter au cou en voyant que c’était moi ? Non mais quel abruti… et voilà que maintenant elle se sauve en courant.

Il faut que je la ratt. Pas pour lui parler ni la draguer, même si j’avoue que quand elle dansait dans mes bras j’ai espéré qu’elle veuille retenter quelque chose avec moi. J’ai eu un mal de chien à contrôler mon corps pour pas qu’elle remarque qu’elle me fait toujours autant d’effet.

En fait, non, c’est faux. Elle m’en fait bien plus. Son corps de jeune fille a laissé place à de jolies courbes de femme. Elle a pris quelques centimètres aussi. Son visage est moins in.

Alors que je pense à la beauté son corps, elle court toujours en direction du fleuve. Elle finit par s’arrêter au bord de la rive. Elle prend une grande inspiration avant de se tourner vers moi.

- Tu devrais t’éloigner du bord…
- Pourquoi tu m’as couru après ?
- Parce qu’il est tard, qu’il fait nuit et que des mecs bourrés traînent dans les rues à la recherche de jolies filles comme toi, et j’ai pas besoin de te faire un dessin pour te dire ce qu’ils veulent leur faire… j’ai pas envie qu’il t’arrive quelque chose parce que tu veux me fuir…

Elle me tourne à nouveau le dos, mais s’éloigne de l’Adour. Elle passe devant moi sans même me regarder et s’adosse à un mur.

- Laisse moi te raccompagner auprès de tes amies. Elles doivent s’inquiéter…
- Pourquoi ne pas être simplement venu me parler quand tu m’as vue ?

J’ai voulu le faire tout au long de la soirée. Après avoir pensé que je m’étais trompé en l’apercevant sur la place des basques, je l’ai vu à nouveau un peu plus tard au détour d’une rue. J’ai passé la soirée à quelques mètres d’elle sans qu’elle ne le sache. J’ai voulu aller lui parler. Mais j’ai eu la trouille qu’elle ne veuille pas m’écouter. Puis pour lui dire quoi ? Alors j’ai fait ce que je fais avec les filles depuis quelques temps : j’y vais au culot, au contact. Ma popularité fait le job, les filles me tombent dans les bras. Mais Julie n’est pas de ces filles là.

- Parce que tu ne m’aurais pas écouté, n’est-ce pas ?

Elle hoche la tête pour confirmer mes dires.

- Parce que je suis con aussi. Je t’ai approchée comme si tu étais une fille comme les autres, mais tu n’es pas comme les autres…

Elle lève les yeux au ciel, comme pour dire ‘’cause toujours…’’ alors que je m’approche lentement d’elle. Je pose mes mains de chaque de sa tête contre le mur. Mon visage n’est plus qu’à quelques centimètres du sien. Mon cœur bat comme lors de notre premier rencard. J’ai de nouveau 19 ans…

- Et parce que j’espérais pouvoir faire ça…

Mes lèvres viennent rencontrer les siennes. Elles sont douces comme dans mon souvenir. Elle pose ses mains sur mon torse mais ne repousse pas. Sa bouche reste impassible, jusqu’à ce que ma langue frôlent ses lèvres. Elle soupire doucement de plaisir. Elle commence alors à répondre à mon baiser et je me dis qu’avec un peu de chance, je pourrais peut-être à nouveau envisager un futur avec elle.

Mais ses mains poussent sur mes pectoraux pour me faire reculer. Je ne veux pas que ce baiser prenne fin, alors j’insiste. Ses poings me frappent maintenant. Je cède.

Elle marmonne un ‘’connard’’ et rejoint ses amies qui arrivent au coin de la rue.

ELLE.

Je passe à côté de Magali et Sophie et fait encore quelques mètres avant de m’arrêter. Je sors mon portable de mon petit sac à main et envoie un sms à Christophe.

‘’ tu dors bébé ? ‘’

‘’ non ma puce. Quelque chose ne va pas ?’’

‘’ oui et non. Tu crois que tu peux venir me chercher ? ‘’

‘’ pourquoi ? Tu ne t’amuses pas ? Ou y a un stress avec les filles ? ‘’

‘’ Thomas… ‘’

‘’ je fais au plus vite. Attends moi à ton hôtel.’’

Christophe sait tout de mon histoire avec Thomas et de l’état dans lequel j’étais quand il est parti.

Magali brise le silence qui nous entoure.

- Tu peux me dire ce qu’il t’a pris ?!? OK, t’es casé avec une bombe atomique, mais là il s’agissait juste de danser ! Et pas avec n’importe qui putain. Thomas Minalto. Le Thomas Minalto. Demi d’ouverture le mieux payé de France. Le mec le plus populaire du XV de France, monsieur mai 2012 sur le calendrier !!!
- Merci je sais qui c’est… je le connais.
- Faudrait vivre dans une grotte pour ne pas le connaître ma jolie, ajoute Sophie.
- Je veux dire je le connais, connais, comme je vous connais vous…

Elles me regardent toutes les deux en attendant que je leur donne plus d’explications.

- Je suis sortie avec lui… il a choisi le rugby et m’a jetée comme une chaussette sale il y a presque 5 ans maintenant.

Elles me fixent, la bouche grande ouverte.

- Moi je rentre à l’hôtel. Christophe vient me chercher, j’ai plus envie de m’amuser. Mais je vous en prie les filles, restez, éclatez vous. Et je suis sûre qu’il y en a 2 là-bas qui attendent que vous reveniez danser avec eux. Et je ne veux aucune protestation.

LUI.

J’attends de ne plus entendre leurs voix avant de m’aventurer dans la ruelle où les trois amies discutaient. Je les distinguent reprenant le chemin de la rue animée. Mais je sais que Julie souhaite rejoindre son hôtel, sans ses amies pour attendre son copain. Je vais la suivre à distance pour être sûr qu’il ne lui arrive rien.

Je reste à bonne distance d’elle pour qu’elle ne me remarque pas, maudissant chaque homme qui la reluque, certains la sifflant même.

Quand elle passe les portes de l’hôtel, je rebrousse chemin. Je ne rejoins pas mes coéquipiers pour ne pas tomber sur les amies de Julie. Je m’arrête dans un bar et m’enfile quelques whisky pour me sortir Julie de la tête.

Au contact de sa peau et de ses lèvres, mon corps a immédiatement réagi. Aucune femme ne m’a fait cet effet depuis elle. J’ai eu beau sortir avec d’autres femmes, m’envoyer en l’air à tout va pour l’oublier, je n’ai fait que me mentir en pensant que je ne l’aimais plus.

Il m’est impossible de fermer l’œil cette nuit. Je ne cesse de penser à elle et de bander comme jamais au souvenir du contact de ses lèvres sur les miennes. Et je rage à l’idée qu’elle m’ait rejeté et que je ne la reverrai donc jamais.

ELLE.

Christophe m’appelle à 3h15 du matin.

- Je suis devant l’hôtel ma puce. Mais je ne me sens pas de rouler encore 3h… je passe à la réception voir si je peux encore avoir une chambre.
- Ça marche. Je te rejoins en bas.

Deux minutes plus tard, je retrouve mon petit ami au comptoir de l’accueil. Tout en parlant au réceptionniste, il me prend dans ses bras. Discrètement il me serre fort contre lui. Son contact me rassure toujours.

- Vous avez de la chance monsieur, nous avons eu un désistement un peu plus tôt.
- C’est parfait, on la prend.

Christophe règle la note et nous montons main dans la main. Une fois à l’intérieur de la pièce, il referme la porte et prend mon sac pour le poser dans la penderie. Puis il me prend dans ses bras et embrasse mes cheveux.

- Raconte moi tout ma puce. Il t’a fait du mal ?
- Fais moi l’amour, je le supplie.
- Maintenant ? T’es sûre ?
- Fais moi l’amour, fais moi oublier ses mains sur ma peau, sa bouche sur la mienne…

Je vois un voile noir passer devant ses yeux, mais il ne se fait pas prier pour se jeter sur moi.

Le contact avec Thomas n’a pas seulement ravivé la peine, la douleur et la haine, il a aussi rallumé le désir. Moi qui pensais que c’était parce que j’étais jeune et que je n’avais connu que lui qu’il m’excitait autant quand j’avais 16 ans, eh bien je m’étais trompée. 5 ans plus tard il me fait toujours le même effet. Je suis excitée depuis que ses mains ont frôlé les miennes.

Christophe pose ses mains sur mes cuisses et les fait remonter sous ma robe pour les poser sur mes fesses. J’ouvre la boutonnière de son jeans et défais les boutons de sa chemise avec précipitation. Sa bouche envahit la mienne, effaçant le goût de celle de Thomas.

Il m’enlève ma robe en la faisant passer par-dessus ma tête et la jette derrière lui avant de laisser tomber sa chemise le long de ses bras au sol. Il me pousse jusqu’au lit.

- Tourne toi et penche toi pour prendre appui sur le matelas.

Je pose mes mains sur le bord du lit, et tends mes fesses vers lui, écartant légèrement mes jambes pour qu’il puisse faire glisser ma petite culotte jusqu’à mes chevilles.

Il se laisse tomber à genoux derrière moi, une main sur ma fesse droite l’autre cherchant ma poitrine. Sa langue parcourt mon intimité d’avant en arrière, de mon clitoris à mon anus.

Rapidement, tous les muscles de mon corps se raidissent pour canaliser mon excitation. Il se relève alors et se place derrière moi, les mains sur mes hanches pour me pénétrer avec force.

- Touche toi ma puce…

Je glisse une main sous mon ventre jusqu’à mon clitoris que je commence à caresser alors qu’il entame un va et vient en moi. Après quelques minutes, je jouis bruyamment, laissant échapper un ‘’oh Christophe’’ quand à son tour il jouit en moi, laissant le souvenir de Thomas derrière nous.

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