Gros Bonnets

A l’époque on ne disait pas DRH, on disait chef du personnel...
On ne disait pas non plus Gros Bonnets, on parlait juste de filles à forte poitrine. Lourdement nibarrées...

Quand notre patron faisait de la réclame à la TSF, à la radio quoi, alors les représentants engrangeaient tant et tant de commandes que nous, à l’usine, on pouvait plus suivre. Le chef du personnel embauchait plein d’intérimaires pour donner un coup de main. Si l’on peut dire ainsi...

Il passait une annonce dans le canard local, le Midi Libre, tout un programme à la rubrique offres d’emploi. En ce temps béni Pôle emploi n’existait pas. Dieu merci.

L’annonce était simple, du style Embauchons Jeunes Filles à l’atelier de fabrication. A l’époque on avait encore le droit, dans les usines, de préférer les filles aux garçons. Il n’y avait pas encore eu la théorie du genre et il était tout à fait normal chez les vrais gens que les garçons aillent aux filles.
A part peut être sur les bateaux où les marins préféraient les mousses pour faire bougres. Pauvres bougres ... disait-t-on en se marrant. Entre mecs...

Pareil, le chef du personnel notait bien Jeunes Filles parce qu’à l’époque, nous les gars de l’atelier, on préférait les gamines encore fraîches aux vieilles ménagères sur le retour un peu décaties. Pas même cougars.

Le chef du personnel savait motiver ses troupes et vu qu’il y avait toujours pléthore de candidates en provenance des villages voisins de notre usine, il choisissait exclusivement les filles à forte poitrine. De toutes façons, vu qu’en ce temps les CV n’existaient pas, le critère de sélection était simple et facile à appréhender, à mettre en œuvre.

Les filles, on ne leur demandait pas de savoir lire écrire ou compter, non, juste le chef du personnel contrôlait que le corsage était convenablement empli. ABC étaient éliminées sans pitié, l’usine ne prenait en compte une candidature qu’à partir du bonnet D.



Nous on faisait confiance à sa capacité de jugement à ce chef-là car nous étions tous officiellement habilités à vérifier par nous-mêmes que les critères avaient été strictement respectés et ce pour chacune des nouvelles arrivantes.

Pensez si ces périodes de réclame étaient aubaines pour nous, les mecs de la production. On disait aux copains, en ce moment à l’usine on est en pleine bourre. Et je puis vous dire que tout le monde était content. Autant les vieux briscards de l’atelier que les impétrantes accueillies comme moisson de l’été et honorées à couilles rabattues du matin jusqu’au soir dans tous les coins sombres de l’usine.

L’affaire était connue dans les campagnes alentour et toutes les familles suivaient attentivement les radios locales surtout Monte Carlo et Radio Andore pour pister les réclames de notre patron. Zappy Max et Jean-Pierre Foucault déclenchaient alors des vagues d’espoir et de bonheur en disant les messages publicitaires en faveur de notre usine sur les ondes.

Les filles n’attendaient que cela et savaient que quelques jours plus tard elles pourraient postuler et, si elles avaient la chance d’être retenues, auraient statut d’intérimaires et se feraient baiser en long en large et en travers par toute l’équipe de l’atelier. Durant un mois entier et même un peu plus si la publicité avait été efficace.

Dans le landernau, on ne vivait que pour le bruit engendré par l’événement. Et c’était fête.

Pensez l’ambiance quand les gonzesses débarquaient le lundi matin à la pointeuse. On leur montrait comment faire en leur tenant la main pour introduire la fiche et de l’autre on leur touchait le cul. On levait leur jupe on cherchait la culotte et on enfilait un doigt ou deux en écartant l’étoffe.
Timides elles serraient un peu les cuisses en faisant des sourires coincés. Mais leur cœur était tendre et leur touffe trempée, on était manifestement bienvenus. Et c’était sympa d’être ainsi bien accueillis.


Les filles des campagnes elles aimaient ça, aller à l’usine. Elles aimaient les garçons. Elles savaient qu’elles allaient y trouver un cavalier où deux ou même trois pour le bal du samedi suivant avec l’orchestre de Pietro Riviera à la salle des fêtes ou à la fête votive du village voisin.

Les filles elles cherchaient les rencontres. Et nous les gars, on aimait ça, les rencontrer.

Quand même c’était autre chose que le Meetic de maintenant. En ce temps-là on testait longuement une fille avant de lui offrir un Fanta citron à la buvette du dancing. Sacrés souvenirs de bonheurs partagés.

Les filles n’avaient pas le chapelet de capotes dans leur sac, non. Elles étaient un peu cruches les filles en ce temps-là...
Alors on giclait sur leur ventre ou alors on les enculait pour finir.

C’était le bon temps.

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