Retour De Bâton - Partie 4

Cette histoire est une pure fiction. Toute ressemblance avec des personnes, des lieux et des phénomènes existants ne peut être que fortuite…

Partie 4

« Mais qu’est-ce que tu fais là mon chéri ? »
« Ce serait plutôt à moi de te poser la question, tu ne crois pas ? »
« Attend, ce n’est pas ce que tu crois. »
« Tu ne sais pas ce que je crois. »
« Mais tu es là depuis quand ? »
« Depuis que tu es sortie de l’immeuble de France 2 aux bras de ce salopard. »
« Mais, mais… »
« Écoute, ce n’est ni le moment, ni le lieu, pour s’expliquer sur ce j’ai vu et non sur ce que je crois. »
« Viens mon amour, rentrons à la maison, je vais tout t’expliquer. »
« Je n’ai pas besoin d’explications, enfin pas pour le moment. »
Il se tourna vers la jeune fille qui l’avait rattrapé.
« Voici mon amie Aurélie. Depuis quelques temps nous sommes devenus proches et elle m’a beaucoup soutenu dans ma traversée du désert. Je vais aller passer quelques jours chez elle pour réfléchir et aussi pour écrire. Je reviendrai à la maison après cela et on pourra s’expliquer. »
« Mais qui est cette femme ? Tu couches avec elle ? C’est ta maitresse ? »
« Absolument pas. Je ne couche pas en dehors de notre couple moi. Bon, ce n’est pas l’heure de s’expliquer comme je te l’ai dit. Je m’en vais quelques jours. Ne cherche pas à me joindre, je vais couper mon téléphone. Je te préviendrai quand je rentrerai pour que tu sois là et qu’on puisse parler. Je te dis au revoir. »
Il se tourna vers Aurélie et pris le chemin inverse des studios sachant qu’Agathe devait retourner à son bureau avant de rentrer chez elle.
« Attend mon chéri, c’est trop bête, viens on va discuter. »
Mais Sacha était trop loin maintenant pour qu’elle tente de le rattr. Elle sentit les larmes couler sur ses joues et se décida à repartir en direction de son bureau.
Sacha s’installa chez Aurélie et pris le canapé.

Il se mit rapidement au travail et commença à écrire. Quelques jours passèrent et, un soir alors qu’elle rentrait de l’université, elle le trouva en pleine réflexion sur le canapé. Elle lui fit un thé et s’assit à côté de lui.
« Je l’ai mon idée de roman. J’ai déjà écrit tout un chapitre. Je suis en train d’écrire ce qu’il m’est arrivé depuis mon réveil à l’hôpital. »
« Oui, c’est bien ça, voilà, tu la tiens ta grande idée de roman. »
« J’évoquerai ma détresse, mes longues marches en solitaire, notre rencontre, notre pacte d’entraide, notre amitié naissante, la solidification de nos liens et les sentiments qui se sont installés entre nous petit à petit. Je vais aussi parler de la lâcheté de ma femme, de sa fuite en avant dans des histoires de sexe pour se prouver qu’elle avait encore un pouvoir de séduction et qu’elle n’était pas tant affectée que ça par mes errances. Je parlerai, d’un côté de la déliquescence de mon amour pour elle, jusqu’à la découverte de ses infidélités et, de l’autre, de mon attachement grandissant pour toi, de notre complicité, du lien que nous avons presque involontairement tissé entre nous. »
« Tu trouves qu’il y a un lien entre nous ? »
« Oui, parfaitement Aurélie. Ces longues discussions sur la recherche de notre personnalité égarée, m’ont fait découvrir quelle personne exceptionnelle tu es, bienveillante, droite, entière, engagée, se donnant à fond, prête à donner son soutien quelles que soient les circonstances. Tu as joué le rôle qu’aurait dû tenir ma femme. Tu as fait preuve d’une empathie permanente, d’une affection qui m’a bouleversé et qui, surtout, m’a fait ouvrir les yeux sur ma situation maritale et amoureuse. »
« Mais, c’est i qui est provoqué tout ça ? Je ne l’ai pas cherché tu sais. »
« Je sais, et c’est pour ça aussi que j’ai développé ces sentiments à ton égard. Je n’y était pas préparé, rien n’était prévu, cela s’est fait petit à petit. »
« Je dois moi aussi t’avouer que je me suis sentie de plus en plus proche de toi.
J’ai beaucoup passé de temps à penser à toi après nos longues soirées, quand je me retrouvait seule chez moi. Tu es un homme merveilleux, plein de courage, franc, vrai. Tu es entier toi aussi et c’est ça que j’aime chez toi avec ta personnalité brillante mais modeste. Grâce à toi, j’ai pu apprendre à vivre loin de mon fiancé, pas à l’oublier, non, mais à faire avec sa disparition, à accepter l’idée de vivre désormais sans lui. Et le seul fait de savoir ton amitié sans faille, ton soutien permanent et ta présence quotidienne, ma rapproché de toi, m’a fait te regarder comme l’homme que tu es, beau, très attirant et, au lieu de m’embarrasser, cela m’a fait infiniment plaisir. »
« Je vais écrire tout ça aussi, bien entendu si tu le permets. »
« Elle lui prit les mains.
« Tu peux écrire tout ce que tu veux sur nous, car, maintenant, il y a un nous, n’est-ce pas ?
« Oui Aurélie, il y a un nous, mais il doit prendre son temps. D’abord parce que je ne veux pas que tu prennes la place que ma femme n’a pas su occuper, je veux que tu prennes TA place. Ensuite, parce que je ne veux pas que nous construisions quelque chose sur des restes encore incandescents. Ensuite, parce qu’il faut que nous prenions le temps de nous libérer de ce que nous avons été jusqu’à présent l’un pour l’autre et que nous sachions apprendre à nous regarder autrement que comme des amis ou des soutiens. »
« Je ne veux pas te prendre à ta femme, je veux que tu sois libéré de toute attache, de toute entrave pour me choisir, si tu me choisis, en homme libre de toute attache. Je sais que cela peut prendre du temps, mais, c’est ce qu’il me faut aussi, pour être certaine que je te choisis pour prendre toute la place dans mon cœur, et pas seulement un strapontin. »
Je vais terminer mon roman, puis j’irai m’expliquer avec ma femme, et, après, nous prendrons le temps de nous construire notre Nous. »
« Tu as une idée du titre ? »
« Oui, mais je ne suis pas encore certain.
»
La semaine passa rapidement et Sacha avança à pas de géant dans son nouvel ouvrage. Le dimanche soir, il avertit son éditeur que les quatre premiers chapitres de son nouveau roman étaient écrits. Ce fut la liesse dans la maison d’édition au point que son directeur de publication lui proposa une avance conséquente. Sacha l’accepta et plaça l’argent sur un nouveau compte qu’il ouvrit pour l’occasion. Une semaine supplémentaire passa et il écrivit trois chapitres supplémentaires. Son roman était presque achevé. Il lui manquait le point final. Il l’écrirait après s’être expliqué avec Agathe. Non pas qu’il avait besoin de cette rencontre avant d’en coucher le contenu sur le papier, mais plutôt parce qu’il n’était pas encore sûr d’en connaître la fin. Il décida donc de se rendre chez lui et en informa Aurélie.
« Tu es convaincu qu’il te faut y aller maintenant ? »
« Oui, il faut que je sache pourquoi elle a pu me faire ça, pourquoi elle m’a trahi alors que j’avais tant besoin d’elle. »
« Tu l’aimes encore, c’est ça ? »
« Je ne sais pas. Pour être franc, j’ai encore beaucoup de douleur, mais plus parce qu’elle m’a déçu, qu’elle n’a pas été celle que j’aurais juré qu’elle était et, surtout, parce que je me suis trompé sur elle finalement. »
« C’est pourtant elle qui t’a choisi. »
« Je sais, mais c’est elle que j’ai voulu, et, à l’époque, pas une autre. »
« Tout le monde fait des erreurs, des choix qui à la longue, ne se révèle pas être les bons. »
« Tu as parfaitement résumé ma pensée. Je me suis autant trompé qu’elle m’a trompé. Et de cela, je m’en veux autant que je lui en veux de n’avoir pas été celle que je croyais qu’elle resterait. »
« Ne la blâme pas, elle doit être bien malheureuse depuis trois semaines sans nouvelles de toi, avec sa culpabilité. Parce que, au fond, je suis certaine qu’elle se sent coupable et qu’elle s’en veut. »
« Tu vois, c’est ça que j’aime chez toi. Tu ne peux pas t’empêcher de la plaindre, alors qu’elle est sans doute encore ta pire ennemie.
Celle qui pourrait encore peut-être, qui sait, détruire tout ce que tu m’as dit vouloir construire avec moi. »
« Je te l’ai dit, je te veux en homme libre et libéré de toute entrave. Si tu as encore des sentiments pour elle, j’en serai meurtrie, mais je l’accepterai. Car je ne veux, ni te prendre, ni te partager. »
« Tu n’auras pas à le faire. Je suis quelqu’un de déterminé. Si je donne une chance à mon couple, bien que je sais que je le regretterai, je serai honnête avec toi et te le dirai franchement. Je reviendrai te le dire et nous ne nous reverrons plus. Si, en revanche, je scelle définitivement l’histoire que j’ai vécue avec Agathe, c’est elle que je ne reverrai plus et je reviendrai vers toi le cœur libéré et prêt pour te donner tout mon amour. »
« Alors va, va vite et fais ce que tu as à faire. »
Sacha parti sur le champ et se rendit rue de Vichy. Il avait gardé ses clés et pénétra dans l’appartement. L’obscurité était totale et il dût allumer les lumières pour se diriger jusqu’au salon où il trouva Agathe allongée sur le canapé. Elle avait les traits tirés et semblait porter ses vêtements depuis plusieurs jours.
« C’est toi ? Tu es revenu ? »
« Oui, c’est moi. Tu dormais ? »
« Oui, ça fait plusieurs jours que je suis sur le canapé et que je ne sors plus. Je me suis faite arrêter au bureau. C’est Inaya qui me remplace le temps que je retrouve un semblant d’apparence. Mon chéri, je ne me pardonnerai jamais ce que je t’ai fait. Pardon, pardon mon amour. J’ai été égoïste, je n’ai pensé qu’à moi, qu’à ma détresse d’avoir perdu l’homme que j’aime et que je désespérais de revoir un jour. Tes longs silence, tes absences, m’étaient devenus insupportables et, quelque part accusateurs. Je n’étais plus moi-même. J’avais besoin de retrouver l’homme que j’adorais, l’homme qui m’avait faite femme et pour qui j’avais donné ma vie. Je me suis perdue dans les bras d’autres hommes, pour te chercher en eux, pour retrouver la protection, l’affection, la chaleur qui venait de toi et qui me manquait tant. Ces hommes ne sont rien pour moi. Il n’existent pas. Il ne sont que les trait d’union avec toi. Ta personnalité, ta beauté, ton corps, tout ce que j’aime en toi et que je ne trouverai jamais chez un autre. J’ai mis longtemps à le comprendre et l’ai sans doute compris trop tard, mais il faut que tu saches que je ne garde aucun souvenir de ces hommes. Je n’aime et n’aimerai jamais que toi. Il faut que tu me crois, il faut que tu me comprennes et il faut que tu me pardonnes. J’étais perdue, seule, si seule. Je ne savais plus quoi faire pour te retrouver, te redonner le goût d’être toi, d’être celui que j’aime tant et à qui j’appartiens toute entière. Je veux que l’on se retrouve, que l’on réapprenne à s’aimer comme on savait si bien le faire. Je n’ai jamais eu autant de plaisir qu’avec toi, je n’ai jamais autant joui qu’entre tes bras. Je mourrais si tu ne me pardonnais pas. »
« Tu vois Agathe, je croyais qu’avec la mort de mon frère, j’avais éprouvé la plus grande des douleurs et vécu la plus grande des errances de ma vie. J’avais tort. Celle en qui j’avais le plus confiance, celle en qui j’avais remis mon amour, mes espoirs, mon avenir, celle de qui j’attendais un appui, un soutien sans faille, une aide inconditionnelle, une compréhension totale, ma femme, n’a pas su, non seulement tenir son rôle auprès de moi dans mes moments de douleur et de perdition, mais pire encore, a profité de ma faiblesse pour aller chercher ailleurs ce que je n’étais plus momentanément en mesure de lui donner. Quand ton assistante m’a tout raconté, j’ai été finalement moins surpris et décontenancé par tes infidélités que par ce que tu avais osé lui faire. Comment as-tu pu lui voler ses idées et te les accaparer ? Comment as-tu pu me faire croire que c’est toi qui avais imaginé ces projets ? Comment as-tu pu te jouer de ton meilleur soutien au travail et de ton premier supporter à la maison ? Comment as-tu pu nous mentir et te mentir à toi-même de cette façon ? »
« Je ne sais pas, j’ai traversé une période où je n’étais plus moi-même. »
« En es-tu sûre ? Tu sais, c’est souvent dans les épreuves qu’on se révèle tel que l’on est au fond. Pourquoi ne m’as-tu pas dit que tes audiences baissaient dangereusement ? Pourquoi ne m’as-tu pas demandé de t’aider à trouver de nouvelle idées, de nouveaux concepts ? Après-tout, l’entraide, n’est-ce pas le premier devoir des époux ? Je t’aurais aidé, tu m’aurais aidé, et cette interaction nous aurait probablement permis de recoller les morceaux ; moi de la perte de mon frère jumeau, toi de l’absence d’un mari tel que tu en avais besoin. Au lieu de cela, tu t’es réfugiée dans d’autres bras, contre d’autres corps, d’autres lèvres, d’autres sexes. Tu es allé chercher ce que tu aurais pu retrouver chez toi en cherchant bien. Mais pour cela, il aurait fallu que tu t’impliques totalement, quitte à te mettre en danger dans ta vie professionnelle et dans ta vie conjugale. Mais tu as tellement eu peur de perdre le confort des deux que tu as trouvé des solutions de facilité qui étaient à portée de main, au risque de te déshonorer. »
« Mais j’ai compris tout cela mon amour. Je l’ai compris et je m’en veux et te promets de ne plus jamais faillir, ne plus jamais te décevoir, ne plus jamais te tromper. J’ai besoin que tu me crois, que tu me dises que tu me pardonnes et que tu me refasses confiance, car je t’aime plus que tout, plus que ma vie. »
« Tu vois, la jeune fille qui m’avais empêché de trop me pencher sur le pont Alexandre III, et bien elle a tenté de se jeter de ce même pont un soir où je passais par là. Je l’ai rejointe sur le pat et lui ai pris la main en lui disant que si elle sautais, elle m’entrainerait dans sa chute et son suicide. Elle est redescendue et nous avons parlé et fait connaissance. Nous nous sommes revus et avons appris à nous connaître. Sans aucune raison ni aucun intérêt, elle m’a apporté le soutien que j’avais attendu vainement de ta part. Elle a su me réconforter, me redonner le goût de vivre et de croire en l’avenir. Dans le même temps, je lui ai fait oublier petit à petit la mort accidentelle de son fiancé. Cela nous a rapproché et une solide amitié est née. Je l’ai aidée à préparer son agrégation et elle m’a aidé à retrouver l’envie d’écrire et, surtout, elle m’a quasiment soufflé l’idée de mon nouveau roman. »
« C’est vrai, tu écrits un roman ? Mais c’est miraculeux mon amour, je suis tellement contente pour toi. »
« Oui, c’est vrai. Et figure-toi qu’il est presque terminé. Il me reste la conclusion à écrire. »
« De quoi parle-t-il ? Raconte. »
« C’est l’histoire d’un homme qui doit se reconstruire et qui s’appuie sur la mauvaise personne. Quand il le comprendra, sa vie basculera dans le chaos et il sombrera jusqu’à ce qu’il rencontre quelqu’un de désintéressé qui va l’aider à remettre sa vie en ordre de marche. Il va développer un attachement profond avec cette personne car, dans le même temps, il va l’épauler pour effacer les traces terribles d’un malheur qui l’a frappée elle aussi. »
« Mais c’est ton histoire que tu es en train d’écrire. Alors c’est comme ça que tu me vois ? La mauvaise personne ? »
« Comment veux-tu que je te vois autrement ? Tu m’as trompé, trahi, menti, humilié, et tout cela, sans le moindre remord. Les remords tu ne les as eus que quand tu as su que j’avais tout découvert. Après tes deux premières coucheries, tu me disais encore que tu m’aimais et c’est là que tu as éhontément volé ton assistante et que tu m’as trompé avec mon pire ennemi. »
« Oui, je m’en veux, tu ne peux pas savoir à quel point. Il faut que tu saches que je lui ai fait promettre de ne jamais s’en vanter sinon, j’irai en parler à sa femme. »
« Qu’est-ce que tu veux que cela me fasse que tu lui aies fait promettre de n’en parler à personne. Je sais ce qu’il s’est passé, je vous ai vus, je t’ai vu le tenir par la main, l’embrasser, le prendre dans tes bras. Je ne pourrai plus jamais te prendre dans mes bras, ni t’embrasser sans voir son visage rieur se moquer du cocu que je suis. »
« Oh non, ne dis pas cela. »
« Je ne pourrai plus jamais te faire l’amour sans penser à toutes ces bites qui sont passées elles aussi par ta chatte en feu ! Toutes ces queues qui t’ont faite jouir ! Toutes ces langues qui t’ont léchée ! »
« Mon amour, j’effacerai avec toi leurs traces, tu verras. Je n’ai jamais eu autant de plaisir avec ces hommes qu’avec toi. Toi seul sait comment me donner autant de plaisir. C’est avec toi que je veux jouir, avoir des orgasmes fabuleux comme ceux que tu as toujours su me donner. »
« Et eux, ils t’en ont donné des comment des orgasmes ? Tu voudrais me faire croire que tu n’en as pas éprouvé ? Que tu aurais simulé ? Comment veux-tu que j’oublie ? Que j’efface leurs traces ? Non, c’est impossible. Jamais je n’oublierai, jamais je n’effacerai, jamais tu n’effaceras. Tu es souillée pour moi. Souillée à vie. »
« Non mon amour, ne dis pas cela. Je suis toujours ta femme, ton amour, celle en qui tu crois, celle avec qui tu veux faire des s, celle avec qui tu veux partager ta vie. »
« Non, pour moi tu es sale, sale et souillée. »
« Oh non. »
« Non Agathe, je ne suis plus ton amour et je ne veux plus rien partager avec toi. Je suis venu encore incertain de mes sentiments. On ne détruits pas plus de dix ans de mariage comme ça. J’ai cherché au fond de moi s’il me restait une étincelle, quelque chose qui me donne l’envie de repartir de zéro et qui me permette, un jour, de te pardonner. Mais je n’ai pas trouvé cette flamme. Mon amour est mort. Il s’est consumé et il ne me reste plus que les souvenirs des jours heureux, mais quelque peu souillés par ta trahison. Tu me connais, je ne réagis jamais à chaud. J’ai pris ce recul de trois semaines pour faire le point, sur ma vie, sur notre couple et sur les sentiments que j’éprouve pour Aurélie. »
« Tu l’aimes ? Tu veux m’abandonner pour elle, c’est ça ? »
« Non, je ne sais pas si je l’aime. Ce qui est certain c’est que j’éprouve une grande et profonde affection pour elle et que si je n’étais pas l’homme droit et fidèle que j’ai toujours été, j’aurai sans doute des sentiments amoureux pour elle. Mais moi, contrairement à toi, je ne peux me donner sans sentiments, sans amour. Je ne veux et ne peux commencer une histoire sans avoir terminer celle qui la précède. Voilà ce que j’avais à te dire. Nous allons nous séparer, je ferai dès demain les démarches auprès de mon avocat pour que notre séparation ait lieu au plus tôt. Quant à Aurélie, je verrai où notre relation nous mène, mais ce qui est certain, c’est que rien ne se fera tant que je ne serai pas libéré de mes engagements que, contrairement à toi, j’aurai respectés jusqu’au bout. »
Elle s’écroula en larme sur le canapé, le visage dans les mains.
« Non, ne me laisse pas, je n’aurai pas la force de vivre sans toi. Je reconnais mes erreurs, mais je saurai te les faire oublier. »
« Il n’est plus temps Agathe. Je n’ai aucun ressentiment contre toi, mais je ne t’aime plus. Notre histoire va prendre fin. Je te souhaite de trouver le bonheur et de savoir, cette fois, le garder. Je passerai plus tard prendre mes affaires. Tu peux garder l’appartement, je te fais cadeau de ma part. Adieu, prend-soin de toi. »
Sacha quitta les lieux, le cœur serré, mais déterminé dans sa décision de rompre et de mettre fin à son mariage au plus tôt.
Quelques semaines plus tard le divorce fut prononcé et il acheta un nouvel appartement avenue Marcel Proust au pied du parc de Passy où il emménagea avec une Aurélie rayonnante et jeune lauréate de l’agrégation et en attente de son premier poste au lycée Jean de la Fontaine Porte de Molitor, à deux pas de l’éditeur de Sacha. La parution du nouveau roman fut un triomphe et il fut même candidat au prix de l’Académie Française et au Goncourt. C’est au cours de sa présentation à la presse qu’il fit sa demande en mariage à une Aurélie aux anges qui l’accepta de tout son cœur.
Le même jour Agathe promenait sa peine du côté du pont Alexandre III. Elle se pencha sur le pat pour regarder la Seine, avec un sentiment trouble en tête. Elle retomba sur ses pieds, en larme, puis s’en retourna et s’en alla tristement et sans espoir vers sa nouvelle destinée.

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