Juste Une Fois - Version 2

J’ai imaginé une version 2 au récit de Catimalou « Juste une fois ». Je vous la livre avec son accord.

Ceci est une fiction, parfois certaines personnes ont des réactions extrêmes, incontrôlées, les conséquences d’une infidélité sont alors inattendues.

Tandis que j’écris, j’écoute une chanson de Georges Brassens :
« Quand je pense à Fernande,
Je bande, je bande,
…
Mais quand j’pense à Lulu,
Là je ne bande plus,
La bandaison papa,
Ça n'se commande pas ! ».

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Le soir, après avoir diné à l’hôtel, Lison suit un homme dans sa chambre, un inconnu. Son mari, Julien est désespéré. Il n’accepte pas la trahison de sa femme.

Je reprends le récit pendant la nuit. Julien raconte.

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Cela fait plus d’une heure que Lison m’a quitté, quoi faire ?

Quelle mémoire ! un numéro c’est pourtant facile à retenir … Je ferme les yeux, je nous revoie au bar, je revoie ce mec qui ose draguer mon épouse sous mes yeux… En nous quittant, je l’entends … « N’oubliez pas, chère Lison, mon numéro de chambre est le… 328 ». Euréka ! trouvé.
Pas une seconde à perdre, je fonce dans les étages, j’arrive essoufflé face au numéro 328. Un temps d’arrêt, que vais-je trouver derrière cette porte ? Que vais-je dire ?

Je frappe, grand silence… je frappe plus fort, une fois, deux fois, j’entends des bruits… la porte s’ouvre enfin sur notre homme avec juste une serviette autour de la taille, irrité, prêt à m’engueuler. Il n’en a pas le temps, sans un mot j’entre en poussant violemment la porte qu’il reçoit sur le nez…

Même si je vois ma femme nue étendue sur le lit … même si le mec a perdu sa serviette et qu’il a l’air d’un con à poil à la porte, une main sur le nez … même si je regarde Lison de façon méprisante face à son regard surpris et coupable … même si me drapant dans ma dignité, je lui tourne le dos sans un mot pour regagner notre chambre … même si nue, elle me suit en courant dans les couloirs de l’hôtel, sous l’œil furieux de son Don Juan … même si … Cela ne pourra jamais faire une longue histoire …


NOTE DE L’AUTEUR : Ce n’est pas une bonne idée, mieux vaut que Julien ne retrouve pas le numéro de la chambre.



Retour en arrière …

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Cela fait plus d’une heure que Lison m’a quitté, quoi faire ?

Lili, ma Lison, pourquoi ? Je ne comprends pas. Je croyais que tu m’aimais… Je ne peux pas rester les bras croisés à attendre… Décidemment, je ne me souviens pas du numéro de la chambre… tant pis pour ma dignité, je descends voir le concierge.

A l’accueil, je retrouve la personne qui nous a servi au bar, il travaille aussi la nuit. Je m’attendais à sa réponse :
« - C’est bien monsieur Charles ? Un habitué, je ne peux malheureusement vous donner son numéro de chambre.

Je le comprends, il a dû voir le manège de ce Charles auprès de ma femme, il ne veut pas de scandale :
« - Si vous voulez, je peux vous passer sa chambre au téléphone.

J’accepte, il compose le numéro. Discret il s’éloigne tandis que j’entends la voix d’un homme :
« - Allo ?

Mon sang ne fait qu’un tour, d’un ton sec :
« - PASSEZ-moi ma femme.

J’entends des bruits dans le combiné, une voix à peine audible « Que vais-je pouvoir lui dire ? », « Débrouilles toi ».

Une voix faible, Lison ne doit pas vouloir que Charles l’entende :
« - Allo, mon chéri ?
« - Qu’est ce qui t’a pris ? Où es-tu, dans quelle chambre ? Reviens de suite.
« - Excuse-moi, je rentre bientôt,
« - DE SUITE !
« - Je ne peux pas, pas maintenant. Sois patient mon chéri,
Une boulle se forme au creux de l’estomac. J’essaie d’être calme, je réalise que ma voix est suppliante :
« - Je t’aime ma chérie, reviens,
« - Je t’aime Julien.
Et elle raccroche.

J’attends un quart d’heure, une demie heure, avec l’espoir de son retour, l’espoir que mon coup de téléphone la fasse réfléchir.
Toujours pas de Lison, non décidément, je ne supporterais pas une minute de plus.
Je pars, elle trouvera la chambre vide… Si elle revient.

De rage, j’écris ADIEU de façon théâtrale sur le miroir, face au lit.

Entassant rageusement mes affaires dans la valise, je prends ses clés, elle n’en aura plus besoin, et je quitte cette chambre, notre chambre, en claquant la porte.

Arrivé au parking, je repère le SUV de ce monsieur Charles, et décide, la colère est mauvaise conseillère, de lui faire une petite surprise pour demain matin. Mes clés de voiture vont m’aider à graver un message sur sa carrosserie toute neuve… sa belle voiture société.
Le coffre est resté ouvert, je me rappelle qu’il est représentant en ganterie, son coffre est plein d’échantillons, de paquets préparés pour les clients, et tout un tas de documents de travail, catalogues, bons de commande, … et un bidon d’huile qui fera l’affaire …Ouf ! je ne pensais pas que deux litres d’huile ça fasse autant. Je referme délicatement le coffre pour laisser mariner.

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La rage au cœur, je prends la route, seul. Je ne décolère pas, partagé entre l’incompréhension et la tristesse… Que s’est-il passé ? C’est un mauvais rêve.

Vers trois heures, mon téléphone émet un bip, un SMS. Un coup d’œil, c’est Lison, j’en déduis qu’elle doit être rentrée, et trouvant la chambre vide se demande où je suis. Je ne réponds pas. Plusieurs « bip » m’informent qu’elle doit se poser des questions. Enfin la sonnerie, je laisse sonner… j’aurais son message plus tard… elle doit s’énerver, la sonnerie retentie au moins dix fois, et je ne compte plus les SMS.

Petit arrêt sur une aire d’autoroute, il faut que je me détende. Un café me fera du bien.

D’abord mon téléphone, les messages se suivent « Où es-tu mon chéri ?» « Je suis rentrée » … pas gonflée… « Je t’attends, viens vite, je suis dans notre chambre » ben moi je n’y suis plus… « Où es-tu ? Je t’avais demandé de m’attendre » … enfin viennent les excuses « T’es fâché ? » Non, c’est peu dire… « Excuses moi mon chéri, tu sais que je t’aime », j’avoue ne pas m’en être aperçu cette nuit… « Pardonnes moi, je ne sais pas ce qui m’a pris », moi non plus …

Sur le répondeur, seulement 2 messages pour une douzaine d’appel.
Je devine de l’anxiété dans sa voix. Elle me redit un peu la même chose, qu’elle ne s’explique pas pourquoi elle a suivi cet homme, que je suis son seul amour, qu’elle m’attend dans la chambre… elle va m’attendre longtemps.

Son dernier message vers 5 heures, lassée, fatiguée elle a dû s’endormir.

J’arrive chez nous, la maison est vide, je suis effondré. Je jette ma valise dans la chambre, et me laisse tomber sur le lit tout habillé, crevé.
Le téléphone me tire de mon sommeil, le fixe de la maison vite suivi de mon portable… elle a dû se réveiller, j’imagine sa panique de ne pas me voir à côté d’elle.

Ses messages, tous pareils : « Où es-tu ? », « Tu es fâché ? » « Je t’attends dans la chambre, reviens vite », le son de sa voix témoigne de son affolement, « Ne me laisse pas seule, je ne sais pas quoi faire … Excuses moi, je ne comprends pas ce qui m’a pris… Je viens de voir ton message sur le miroir. Non, pas adieu, je t’aime ». Je fais le mort, je la laisse sans réponse. J’imagine ses réflexions : que peut-elle faire ? M’attendre ? Rentrer chez nous ? Contacter ses parents, ses amies ?

Bingo, le message suivant est pressant, entrecoupé de sanglots « Mon chéri, réponds-moi, ne me laisse pas sans nouvelles… Je m’excuse, Julien je t’aime, viens me chercher », la tension monte, « Je ne peux pas rentrer toute seule, réponds-moi, ». Je perçois son angoisse, sa peur. Ses messages se font suppliants.

A chacun son tour de stresser, moi ça a duré toute la nuit. L’imaginer seule, en panique, ne m’émeut même pas, au contraire je deviens sadique.

Nouveau message « Mon chéri, je ne sais plus quoi faire, dis-moi au moins si tu viens me chercher ». J’ai pitié d’elle, enfin pas trop, « Débrouille toi, tu n’es plus ma femme ». Nouvel appel, j’attends pour écouter ce qu’elle veut me dire : « Mon chéri, pardonnes moi, j’ai perdu la tête, que dois-je faire ? »
Cette fois, je ne réponds plus.

Toute la journée, je tourne en rond, sans m’en rendre compte je l’attends, je m’en veux de l’avoir abandonné, mais j’enrage, c’est elle qui m’a abandonné.

Je pense partir afin qu’elle trouve l’appartement vide à son retour. Mais je suis chez moi l’appartement m’appartient, c’est à elle de partir. Toujours en colère, je prends deux valises que je remplis avec ses chemisiers, ses pulls, sa lingerie, ses robes, et sa brosse à dents. Je retourne au salon, et m’endors sur le canapé guettant le moindre bruit.

Vers 21 heures, on sonne, je ne bouge pas, on frappe « Chéri, c’est moi » « Chéri je n’ai pas mes clés », elle tambourine à la porte, elle sonne. Je ne fais aucun bruit, elle doit se demander si je suis là ou pas. Je l’entends jurer, imagine-t-elle la maison vide, sans savoir où je suis.

Toutes les lumières sont éteintes, je regarde par l’œilleton de la porte, je la vois piétiner, elle a l’air vraiment fatigué, les cheveux en bataille, la robe toute froissée, sa grosse valise à côté d’elle, j’avais déjà oublié qu’elle avait emmené une tonne de vêtements. Le spectacle au lieu de m’apitoyer, m’amuse, je souris… vengeance gratuite, mais je jubile de la voir ainsi.
Encore quelques coups sur la porte avant de s’assoir sur le palier.

Moi aussi je suis fatigué. Rassuré de savoir que Lison est bien arrivée, je vais m’allonger sur le canapé… je m’endors.
Je me réveille tôt, le jour est à peine levé… devant la porte, Lison est toujours assise par terre, appuyée sur sa valise.

J’ouvre doucement la porte, elle ne bouge pas. Laissant la porte entre-ouverte, je vais préparer du café, elle va en avoir besoin.

Alors que je m’affaire dans la cuisine, j’entends un sanglot, Lison est sur le pas de la porte, les yeux cernés, la mine défaite. Elle me regarde avec tristesse :
« - Julien je t’aime.

Je ne lève pas la tête, je l’ignore.

Elle retourne dans le salon et s’effondre dans un fauteuil. J’arrive avec un grand bol de café et des biscuits, elle doit avoir faim. Elle dévore, et tout en mangeant d’une voix faible :
« - Tu m’as abandonné… Tu es un salaud.
« - N’inverse pas les rôles. Tu m’as jeté quand je t’ai demandé de revenir dans notre chambre ? Et c’est moi le salaud ?
« - Je t’ai demandé de m’attendre, d’être patient.
« - Et pendant que je t’attendais, tu faisais quoi ? Tu me prends pour un imbécile ?
« - …

Je la laisse reprendre des forces.
Petit passage sous la douche, elle revient enroulée dans son peignoir, de suite elle m’agresse :
« - Qu’as-tu fait de mes affaires ?

Du menton je lui montre les deux valises dans un coin du salon :
« - Tes affaires sont prêtes, tu peux partir quand tu veux, tu n’es plus ma femme.
« - Non, je t’aime Julien,
« - Arrête de te moquer de moi. Hier tu as eu le choix deux fois, une fois dans l’ascenseur, une fois au téléphone. Les deux fois, c’est lui que tu as choisi. Tu peux aller le retrouver.
« - Non, c’est toi que j’aime.
« - Tu oses encore me parler d’amour après avoir passé la nuit avec ce mec ? Il va falloir que tu m’expliques.

Elle se laisse tomber dans un fauteuil :
« - Ce matin j’ai eu peur en voyant la chambre vide. Je ne savais pas où tu étais, si tu allais ou non revenir. Je ne savais plus quoi faire, Tu t’en doutes j’étais désemparée, pourquoi es-tu parti ?
« - Tu t’étonnes que je sois parti, tu es inconsciente. Moi aussi, hier j’étais désemparé, quand je me suis retrouvé seul dans l’ascenseur. Et quand au téléphone, je t’ai demandé de revenir.
« - Je ne sais pas ce qui m’a pris, je n’étais plus moi, cet homme m’a envouté.
« - Facile comme excuse… Comment es-tu rentrée ?
« - Je suis allée voir Charles, il était déjà en bas, il partait tôt pour son travail. Il était dans une colère noire, sa voiture foutue et tout le stock de gants bon pour la poubelle, c’est toi qui as fait ça ? Tu sais que ces gants valent une fortune ?
« - Ils valent une nuit avec toi, …
« - Tu me prends pour quoi ?
« - Pour ce que tu es ma chérie.
« - Oh !
« - Beaucoup d’hommes seuls le soir à l’hôtel cherche une femme pour finir la soirée. Il t’a trouvée, il a payé.
« - Tu n’as pas le droit de me dire ça.
« - A bon ? Donne-moi une explication plausible, une seule.
« - …
« - Alors il t’a aidé ?
« - Il m’a engueulé, m’a traité de tous les noms. Impossible de lui demander de l’aide, en plus sa voiture était inutilisable. Heureusement le maitre d’hôtel a été très gentil, il m’a aidé à trouver un train pour rentrer et m’a amené à la gare. Il avait l’air très compréhensif. Mais galère, il a fallu que je prenne le métro à Paris pour changer de gare, avec cette foutue valise. Et en arrivant à Lille, pas de taxi. J’ai dû attendre un temps fou, et le bouquet, quand j’arrive tu ne m’ouvres pas. J’ai cru que tu n’étais pas là. T’es dégueulasse, j’étais morte de peur, j’ai stressé toute la nuit.
« - Moi aussi j’ai eu une nuit difficile.
« - …

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NOTE DE L’AUTEUR

Non décidemment, à bien y réfléchir, Julien aurait dû rester à l’hôtel pour attendre le retour de sa femme. Charles s’en tire encore à trop bon compte…

Retour en arrière … Revenons au moment où Julien, après avoir eu sa femme au téléphone, décide de rentrer seul, et descend au parking.

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Arrivé au parking, je repère le SUV de ce monsieur Charles, et décide, la colère est mauvaise conseillère, de lui faire une petite surprise pour demain matin. Mes clés de voiture vont m’aider à graver un message sur sa carrosserie toute neuve… sa belle voiture société. Le coffre est resté ouvert, je me rappelle qu’il est représentant en ganterie, son coffre est plein d’échantillons, de paquets préparés pour les clients, et tout un tas de documents de travail, catalogues, bons de commandes, … et un bidon d’huile qui fera l’affaire …Ouf ! je ne pensais pas que deux litres d’huile ça fasse autant. Je referme délicatement le coffre pour laisser mariner.

Ce petit exercice et la fraicheur de la nuit m‘ont un peu calmé. Pourquoi partir ? Pourquoi laisser le champ libre à ce vieux ? Pourquoi lui abandonner ma femme ?

De retour dans la chambre, toujours pas de Lison, ma colère redouble. Pourquoi ma chérie ? Comment connais-tu cet homme ? Depuis quand suis-je cocu ?

J’efface tant bien que mal le message sur le miroir.
En désespoir de cause, je m’allonge tout habillé. Les heures passent, j’ai dû finir par m’endormir malgré tout, d’épuisement, de tristesse.

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C’est le bruit de la douche qui me réveille. Ainsi, Lison est revenue. Depuis quand ? Elle n’a même pas essayé de me parler en arrivant. Je suis doublement déçu.

Comment réagir ? Je décide d’attendre, de voir son attitude, d’entendre ce qu’elle a à me dire pour se justifier.

Elle sort nue de la salle de bain. Mon cœur se serre. Après l’enfer qu’elle m’a fait vivre durant la nuit, je veux qu’elle m’explique.

Debout face à moi, elle me sourit, s’approche, me tend les bras.

Mon regard, plus dur que ce que j’aurais pu croire, l’arrête dans son élan. Je n’ai qu’une envie, la gifler… mais on ne touche pas une femme. Même une salope.

Dans un souffle, elle me murmure :
« - Je t’aime Julien.
« - Tu te fous de moi, oui.
« - …
A ce moment elle découvre ma valise à côté du lit, et le mot « Adieu » à moitié effacé sur le miroir :
« - Tu voulais me quitter ?
« - Pas moi, c’est toi qui m’as quitté.
« - …

Son étonnement m’exaspère. Croyait-elle vraiment que j’allais l’accueillir à bras ouvert.
« - Mais mon chéri…
« - Il n’y a plus de mon chéri. Je veux que tu m’expliques.

Même si sa déclaration d’amour m’a un peu rassuré, je veux tout savoir, et surtout savoir pourquoi.

« - Je ne sais pas, je n’arrive pas à me l’expliquer moi-même… Ce n’est pas rationnel… C’est comme s’il m’avait envoutée… Tout d’un coup, dans l’ascenseur, j’ai ressenti le besoin impérieux de le rejoindre… j’ai senti que si je n’y allais pas, j’allais le regretter toute ma vie… Même, si ça pouvait te blesser… Même si les conséquences allaient être douloureuses…
« - Et bien tu as gagné, je suis blessé, tu es contente, ton but est atteint.
« - Mais non, ce n’est pas ce que je veux dire.
« - Je ne suis pas près d’oublier cette nuit, à t’imaginer avec lui…à vous moquer du cocu que tu viens d’abandonner pour lui.
« - …
« - Je veux savoir… c’était comment ?
« - Bien. Admit-elle d’un ton neutre.
« - Qu’est-ce que vous avez fait ?
Elle soupire avec un air mi navré, mi condescendant…
« - Chéri, j’ai passé la nuit avec lui… Réfléchis…
La boule que j’ai dans le ventre se contracte de plus belle.
« - Te fou pas de moi en plus… Tu le connais depuis quand ? Tu ne me ferras pas croire que tu as suivi un inconnu, juste pour baiser ?
« - Non je t’assure, je ne l’avais jamais vu avant. Je ne comprends pas ce qui m’a pris.
« - Et quand je t’ai appelé, ça ne t’a pas fait réfléchir.
« - J’ai hésité, et je suis restée, je ne sais pas pourquoi.

Un long silence s’installe entre nous.
« - Et ?
« - Et quoi ?
« - Et bien je voudrais un peu plus de détails… Autre chose que : « C’était bien ». Ce n’est pas que je sois particulièrement maso, mais la femme qui m’a juré fidélité devant le maire il y a à peine un an m’abandonne toute une nuit pour aller coucher avec un parfait inconnu, j’estime que je suis en droit d’en connaître un peu plus avant de nous séparer.
« - Oh !
« - Je ne pourrais plus vivre avec une femme qui m’a trahi. Qu’est-ce que ce sera dans quelques années ?
« - …
« - Demain matin, tu as le choix. Soit tu restes avec lui, soit tu rentres avec moi à Lille. Je pense que comme hier, c’est lui que tu choisiras.
« - Mais non, c’était juste cette nuit, je te le j…
« - Ne jure pas, il y a deux jours tu aurais pu jurer que jamais tu ne me tromperais.
« - …
« - Tu pensais que de pas y aller, tu allais le regretter toute ta vie. Ne penses-tu pas maintenant que d’y être aller, tu vas le regretter toute ta vie.

Encore un soupir qui me brise le cœur, est-elle complètement inconsciente ?
« - Ok, je t’en dirai plus… Mais plus tard… J’ai sommeil, et j’ai besoin de faire le point moi aussi, de savoir où j’en suis.

A peine allongée, elle s’endort comme une masse, Je reste habillé, vautré dans le fauteuil sans pouvoir fermer l’œil. Je veux savoir, savoir et comprendre.

Au matin, elle me réveille d’un baiser sur le front :
« - Alors, la nuit a porté conseil ? Tu as fait le point, d’accord pour se séparer ?
« - Non… Je ne comprends pas ce qui m’a pris hier. Je t’aime mon chéri, pardonnes moi…

Avant de partir j’ai besoin de savoir, dans le détail.
« - D’accord, admet-elle en soupirant. Si c’est ce que tu veux.

Nous nous asseyons sur le lit, l’un à côté de l’autre, sans nous regarder comme si cela rendait les aveux plus faciles.
« - Qu’est-ce que tu veux savoir ?
« - Tout.
« - C’est vague tout … Pose-moi des questions.
« - Pourquoi, comment, combien de temps, combien de fois, dans quelles positions, de quoi avez-vous parlé… tout, quoi !
« - Le pourquoi, je te l’ai déjà dit, je n’en sais rien. Je me suis posée cette question toute la nuit.
« - Un peu facile comme excuse.
« - Je ne peux même pas dire que j’étais insatisfaite, ce n’est pas vrai, tu me satisfais pleinement.
« - Je ne m’en suis pas aperçu. Passons au comment. Tu t’es déshabillée tout de suite ?
« - Non c’est lui, il a voulu m’enlever tous mes vêtements un à un, lentement,
« - Tu as aimé ?
« - Oui,
« - Et quand je t’ai appelé ?
« - C’était une pause.
« - Vous aviez déjà…
« - Oui,
« - Tu étais nue ?
« - Oui,
« - Donc, vous avez baisé … Il fait bien l’amour ?
« - Oui, très bien.
« - Il t’a fait jouir, alors.
« - Oui, j’ai joui comme rarement j’avais joui…
Mon cœur se serre. Malgré les évidences, j’espérais, au fond de moi, qu’elle avait été déçue.
« - Tu n’essaies même pas de m’épargner.
« - Tu voulais tout savoir, tu sais.
« - Et lui, il a joui ?
« - Oui.
« - Il s’était protégé ?
« - Non, mais je savais qu’il était clean.
No comment.
« - Combien ?
« - Combien quoi ?
« - Combien de fois a-t-il éjaculé en toi ?
« - La première fois… dans ma bouche.
« - Tu as aimé le sucer ?
« - Oui.
Je la regarde en faisant la grimace.
« - Et ensuite ?
« - Deux fois, une fois en missionnaire et une fois en levrette.
« - Il t’a bien remplie, tu avais donc envie qu’il te fasse un gosse.
« - Tu es fou. Tu sais très bien que j’ai un stérilet, je ne risquais rien.
Je les imagine … La grosse boule se fait encore sentir dans mon estomac.
« - Il t’a caressée, sucée les seins, léchée ?
« - Bien-sûr.
« - Et à part ça, c’est tout ?
« - Euh… presque…
« - Quoi d’autre encore ?
Je sens dans son ton une légère réticence.
« - Il m’a aussi prise… par derrière.
« - Par derrière ? Tu veux dire…
« - Oui,
Un accès d’adrénaline me cisaille l’abdomen. Je la regarde avec tristesse :
« - Tu m’as toujours refusé.
« - Je sais… Je n’ai pas osé lui dire non.
Ainsi, il m’avait volé ça aussi !
« - Tu m’as vraiment trompé… Il t’a fait mal ? … Tu as aimé ?
« - Je n’ai pas vraiment aimé, mais il ne m’a pas fait mal, il était très tendre.

Tendre ? je t’en foutrais moi de la tendresse dans le cul.

J’imagine bien que Lison a vécu cette expérience dans un état second. Mais, la vérité est qu’elle m’a fait cocu sans aucun état d’âme.

« - Tu comptes le revoir ?
« - Mais non, bien-sûr que non ! Je n’ai pas pris ses coordonnées et je ne lui ai pas laissé les miennes. Il aurait bien voulu, il a même insisté mais j’ai refusé. Ce n’était qu’un moment d’égarement, qu’une partie de sexe, que j’ai apprécié et que, malgré une certaine culpabilité, je n’arrive pas à regretter, mais ce n’était rien d’autre.
« - Ben voyons, tu n’as pas l’air de te sentir coupable. Tu ne regrettes pas, mais tu risques de le regretter lorsque tu devras choisir un avocat.
« - Non… Avec toi, c’est différent, je t’aime, c’est ça qui compte.

Sa déclaration d’amour me va droit au cœur, mais je ne peux oublier la nuit que je viens de passer :
« - Comment oses-tu me dire que tu m’aimes … Tu ne peux pas aimer l’homme que tu viens d’humilier,
« - …
« - Vous vous êtes bien moqués de moi tous les deux. Quand tu es arrivée dans sa chambre, que lui as-tu dit ?
« - Rien.
« - Tu as du lui dire que tu avais envie de lui ?
« - Pas besoin, il a vite compris.
« - Et vous avez discuté de quoi ?
« - De rien, de tout, de lui, de nous.
« - Que lui as-tu dis sur nous ?
« - Je ne sais plus, rien d’important, qu’on était marié depuis un an.
« - Il a dû être étonné. Et de moi ?
« - Rien.
« - Il a bien fallu lui expliquer pourquoi tu as laissé tomber ton mari après un an de mariage. Tu lui as dit que je ne t’ai jamais fait jouir, que tu cherchais un homme, qu’il te plaisait, et vous avez bien rigolé ensemble sur mon dos. Les cocus font toujours rire.
« - Mais non.
« - Alors quoi ? Vous m’avez vraiment pris pour un con. Il te drague devant moi, et toi tu m’abandonnes pour le suivre. Tu dis m’aimer, et tu m’humilies avec un inconnu.
« - Non, je t’ai expliqué…
« - Tu n’as rien expliqué du tout. J’aurais pu te pardonner de me faire cocu, je ne serais ni le premier, ni le dernier. Mais ton mépris pour moi, …
« - …

En serrant les dents :
« - Il me le paiera…
« - Qu’est-ce que tu dis ?
Je rajoute en lui jetant un regard dur :
« - Et toi aussi !
« - …

Je sors les valises, la voiture est devant la porte. Au moment de charger son bagage, je lui demande
« - Tu as réfléchi ? Tu viens avec moi, ou tu préfères le rejoindre ?
« - …
Pour toute réponse, elle range sa valise dans le coffre.

Au moment de monter en voiture, je vois son amant sortir de l’hôtel et se diriger décontracté vers le parking, tenant sa veste négligemment sur son épaule, sûr de lui. Je vais au-devant de lui, Lison n’ose rien dire, la frayeur se lit sur son visage.

Il me reconnait bien sûr, il ose même faire un petit signe de la main à ma femme, il me prend vraiment pour un con :
« - Sans rancune ?

Il n’a pas encore vu sa voiture…
Je m’approche de lui. Pour toute réponse, je lance mon pied en avant, l’atteignant violemment entre les jambes, ça sert d’avoir fait du foot dans sa jeunesse. Le coup le foudroie, il se tord en deux se tenant les bijoux de famille, il tombe au sol un rictus de douleur sur le visage. Le maître d’hôtel qui l’a vu tomber accoure. Un coup d’œil à la situation, il remarque Lison à coté de notre voiture, figée, livide. Il se précipite pour m’aider à relever l’homme sur le sol, malencontreusement dans son élan son pied atteint l’homme au même endroit que moi, lui tirant un nouveau cri de douleur.
Il me serre la main :
« - Moi, j’étais fiancé…
Nous nous comprenons d’un simple regard.

Du monde arrive en renfort, le maître d’hôtel emmène notre victime à l’intérieur :
« - Je m’en occupe monsieur, vous pouvez compter sur moi.
Je lui fais confiance.

Regagnant mon véhicule, je démarre, sans un mot ni un regard à Lison encore terrifiée.
« - Je pense qu’il va avoir du mal à se servir de son engin pendant quelque temps.
« - Pourquoi as-tu fait ça ? Tu es une brute.
Le regard que je lui jette, stoppe toute velléité de sa part.

Quelques kilomètres plus loin, je m’arrête sur une aire de l’autoroute. Lison est étonnée. Sans rien dire, je tire de ma poche le portefeuille que je viens de ramasser à côté de ma victime.
« - Tu lui as piqué son portefeuille ?
« - Il va mettre du temps à refaire tous ses papiers, dis-je en déchirant méticuleusement une à une ces pièces d’identité, permis de conduire, carte grise, carte de crédit, carte Vitale, de mutuelle, …

Trouvant de l’agent, 600 € tout de même, je prends les billets et les jette à la figure de Lison :
« - Tiens c’est pour toi, cette nuit tu l’as bien mérité.
Vexée, en ouvrant de grands yeux :
« - Tu me prends pour quoi ?
« - Pour ce que tu es ma chérie, tout travail mérite salaire. D’ailleurs, ce n’est pas cher payé pour une nuit, il faudra que tu révises tes tarifs.
« - …

Un silence lourd s’installe entre nous. Une fois tous les papiers déchirés, je sors un téléphone de ma poche.
« - Tu lui as aussi piqué son téléphone ?
Je regarde les photos, photos de famille, surement sa femme, ses s, en vacances.
« - Tu savais qu’il était marié et avait 2 s ?
« - …
Je lui montre les photos :
« - Dommage, ce n’est pas avec lui que tu vas pouvoir refaire ta vie.
« - …

Je regarde son répertoire :
« - Tiens, ce doit être le numéro de sa femme… je vais m’amuser un peu.
« - Eh, que fais-tu ?
« - Elle aimerait surement recevoir une photo de toi.
« - ….

J’envoie un sms « votre mari est à l’hôpital de Beaune, il est tombé sur un mari jaloux ». La réponse est immédiate, « Quoi ? Qui êtes-vous ? » … « Le cocu. Vous comprendrez vite pourquoi pendant quelques jours, il ne pourra pas vous honorer » … suis une série de messages de sa femme affolée. Je n’y réponds pas, continuant à explorer son répertoire sous le regard indigné de Lison.

Des numéros de sa société, son chef et certainement des collègues. Nouvel sms « petit problème avec la voiture et le stock de marchandises. J’ai aussi perdu tous mes papiers » … la réponse ne tarde pas « Tu as encore fait le con…rappliques de suite ». Le retour risque d’être difficile.

Lison semble perdue, elle ne sait pas de quoi je parle :
« - Sa voiture ?
« - Cette nuit, je m’ennuyais. Pendant que tu lui bouffais la queue, je suis allé faire un tour au parking, j’avais décidé de partir … il devra changer les pneus, les rétroviseurs et les essuie-glaces, mais le plus long sera de refaire toute la carrosserie.
« - Quoi ?
« - Un joli cœur avec une flèche sur le capot, romantique avec des frises tout autour…belle décoration pour une voiture de fonction. Je suis certain que son patron appréciera. Sans compter son stock de gants.

Tranquillement, je reprends le volant sans desserrer les dents. Lison est indignée :
« - C’est mesquin cette vengeance.
« - Si tu n’es pas contente, descends et va le rejoindre. Je te l’ai dit, cette petite nuit va lui couter cher, très très cher.

En tremblant, ma femme s’endort dès les premiers kilomètres, me laissant seul avec mes doutes, mes réflexions.

---- o O o ----

Arrivé chez nous, comme à chaque retour de vacances, il faut défaire les valises, ranger nos affaires… On ne s’adresse pas la parole, chacun dans ses pensées.

Le soir, Lison prépare le repas comme d’habitude, elle évite mon regard, nous mangeons face à face sans un mot…

Tandis que je lui laisse la vaisselle et le rangement, je m’affale dans un fauteuil un verre de whisky à la main. Ce n’est pas dans mes habitudes. En arrivant au salon, elle me regarde étonnée :
« - Tu bois un whisky maintenant ? C’est nouveau.
« - Pour oublier… Comme tous les cocus, je bois pour oublier.
« - Non, ne dit pas ça mon chéri, juste une fois, ça ne compte pas.
« - Je suis cocu, cocu… co cu… tu devrais le savoir.
« - ….

Au lit, elle vient se blottir contre moi, se fait tendre et commence à me caresser doucement :
« - Attends, tu as une capote ?
« - …
« - Il t’a bien baisé sans se protéger, comment savais-tu qu’il était clean ?
« - Il me l’a dit.
« - Je ne sais pas pourquoi, mais je n’ai pas une confiance aveugle en ce mec-là. Tu es naïve, si toi ça ne te gêne pas, moi je n’ai pas envie d’attr une saloperie.
« - …
« - Si tu veux qu’on reprenne une vie normale, faudra faire un test, ma chérie.
« - Je n’oserais jamais, que dirais-je au toubib ?
« - La vérité… Si tu baises avec n’importe qui, tu dois savoir qu’il faut te protéger.
« - …

La vie reprend son cours.

Le matin, je lui laisse la place dans la salle de bain, au lieu de prendre notre douche ensemble comme nous le faisions auparavant. Petit déjeuner rapide, on se croise dans la cuisine, je pars au travail sans rien lui dire, fini le petit bisou habituel.

Le soir, en rentrant du travail, nous n’osons plus nous regarder, je ne lui adresse plus la parole. Une fois couché, je lui tourne le dos.

---- o O o ----

Une dizaine de jours passent, en rentrant je trouve une enveloppe ouverte sur la table du salon. C’est une feuille de l’hôpital, elle a fait le test, en tremblant je lis les résultats, test négatif. Elle a osé le faire, c’est le principal, la leçon a assez duré. J’ai envie d’oublier.

Je retrouve Lison dans la cuisine, je la prends dans mes bras et l’embrasse amoureusement. Son sourire de bonheur me fait chaud au cœur, je réalise qu’elle m’aime vraiment, comme je l’aime. Il faudra bien que je pardonne, mais regrette-t-elle ?

Le diner est vite pris, la télé reste éteinte, ce soir pas de whisky. Sans rien dire, tout en nous embrassant, direction la chambre. Je la déshabille, elle est belle nue. Je réalise alors ce que le vieux pervers a eu sous les yeux, ce corps magnifique, ces petits seins, le triangle de sa toison, et ce visage adorable m’exprimant son amour. Une boulle revient au creux de mon estomac …

Lison contre moi m’embrasse, j’ai l’esprit ailleurs, je ne peux m’empêcher de penser que ces lèvres ont embrassé un autre. Des images me viennent à l’esprit, des mains qui la caressent ce ne sont pas les miennes, un sexe étranger s’immisçant dans ce trésor que j’avais jusqu’à présent considéré comme ma chasse gardée, ses fesses tendues attendant qu’un autre que moi s’enfonce entre elles…

Tandis que je la caresse, je vois en gros plan la tête hilare de son vieux, il rit, ses paroles résonnent dans ma tête « Tu n’y arriveras jamais, avec moi elle a joui comme jamais elle n’avait joui avec toi, laisses moi faire » … un vrai cauchemar.

Chaque geste de Lison me renvoie l’image de l’autre. A-t-elle fait ça aussi avec lui ? Préférait-elle avec lui ? … Lison est tendre, amoureuse, rien n’y fait, je n’arrive pas à bander, impossible de lui donner du plaisir… alors que l’autre… elle me l’a dit clairement.
Je me retourne, elle se colle à moi, ses seins contre mon dos, ses bras m’entourent :
« - Ce n’est rien mon chéri, tu es nerveux après ce que nous venons de vivre. Je t’aime.
« - Je ne pourrais jamais te faire jouir comme lui.
« - …
« - Tu me l’as dit,
« - Non mon chéri… je ne sais plus ce que je t’ai dit.
« - Avoue-le, tu n’as-tu jamais pris de plaisir avec moi ?
« - Tu es ridicule, tu es le seul…
« - Le seul ? Et lui alors ? Tu as joui avec lui comme rarement tu avais joui.
« - Avec lui c’était automatique, juste une question de technique.
« - Alors, en plus je n’ai jamais eu la technique… Pourquoi m’avoir épousé ?
« - Arrêtes, tu déformes tout ce que je te dis.
« - …

Je me rends alors compte que si j’aime encore Lison, si je désire toujours faire l’amour avec elle, je n’arrive pas à oublier sa trahison, je perds tous mes moyens. Pourtant ma chérie y met du sien. Elle redouble d’attention pour me prouver que je suis bien resté l’homme de sa vie. Mais je n’arrive à rien.

Pourrais-je rebander un jour ? Pour le savoir, je vais voir, sans rien dire à Lison, une professionnelle. Immédiatement, je retrouve la forme, tout fonctionne comme avant. Je suis rassuré sur ma virilité. Malheureusement, le soir avec Lison, nouvelles images, nouveaux démons, nouvelle panne.

Alors que Lison mise sur le temps pour effacer les blessures, c’est le contraire qui se produit, une véritable obsession. Cette situation agit sur mon caractère, je deviens impulsif, coléreux, aigri et jaloux, jaloux de cet autre, jaloux de cette ombre.
Nous avons souvent des disputes, pour des riens. Je me sens diminué, c’est sa faute. Je le lui reproche tous les jours… Je souffre de cette situation, même si je me doute que de son côté Lison souffre aussi.

Elle s’était lancée dans des études pour devenir dentiste, et travailler avec moi au cabinet.
Depuis la reprise des cours, elle n’arrive pas à étudier correctement. Je ne l’aide plus, l’an dernier je lui faisais réviser ses examens, qu’elle se débrouille toute seule… Naturellement elle rate ses partiels, ce sera difficile à rattr en fin d’année. Elle est effondrée.
Tous nos projets s’écroulent, fonder une famille, travailler ensemble … Quel gâchis ! Juste pour une nuit !

---- o O o ----

Malgré tout, dans la vie de tous les jours, on pourrait croire qu’il ne s’est effectivement rien passé. Pour notre entourage, nos familles, nos amis, tout va bien entre nous.

Les parents de Lison viennent quelques jours à Lille, ils logent chez Marie, la sœur de Lison. Dimanche, repas de famille, nous sommes invités. Se retrouver en famille nous changera un peu les idées, et puis j’aime bien mon beau-frère, on s’entend bien.

Tout se passe pour le mieux, les conversations vont bon train, Lison sourit, elle est heureuse. Pourtant certains regards avec sa sœur ne trompent pas, elles se regardent de temps à autre à la dérobée, comme si elles partageaient un secret. Je sens le regard appuyé de mon beau-frère, un peu trop gentil, on dirait qu’il me ménage, de quoi ?

A la fin du repas, avec l’annonce du divorce d’une nièce après 3 ans de mariage, heureusement sans nous précise belle-maman, la conversation dé sur les problèmes de couple. Je ne suis pas très à l’aise, les petits potins de famille ce n’est pas mon truc, chacun sa vie. Lison non plus ne dit pas grand-chose, je sais à quoi elle pense…

Au fil des échanges pourtant à mots couverts, je réalise que de toute évidence, Lison s’est confiée à sa sœur sur mes pannes avec elle, et bien entendu celle-ci n’a pas pu le garder pour elle, son mari est au courant. Sans le dire clairement, j’ai l’impression que ma femme est devenue ma victime, la meilleure des épouses qui comprend et qui supporte…

Compréhensif, mon beau-frère veut certainement me rassurer :
« - Ne te frappe pas, ça arrive à tous les mecs.
« - A bon, à toi aussi ?
« - Parfois oui, ça m’est arrivé.
Il parle bien sûr de mes défaillances, pas que sa femme l’a trompé, lui ne doit pas être cocu. Je joue sur l’ambiguïté du propos :
« - Tu as l’air de bien le prendre, moi je n’arrive pas à l’accepter.
« - Allons, ce n’est pas bien grave, Lison t’aime c’est le principal.

Lison regarde sa sœur, elle tremble, la conversation l’effraie, comment cela va-t-il finir ? Elle devine que je suis vexé que tout le monde soit au courant, qu’elle n’aurait rien du dire. Elle seule comprend le double sens de mes paroles.

Petit à petit, la colère monte en moi, j’interpelle mon beau-frère :
« - Et toi ça ne te dérange pas ?
« - C’est le lot de tous les hommes un jour…
Me tourant vers ma belle-sœur,
« - Alors toi aussi, comme Lison, tu vas voir ailleurs ?
« - Ailleurs ? Comment ça ?
« - Tu baises souvent ailleurs ? Ton mari a l’air de bien le prendre. Moi je ne peux pas.
« - …
Silence général, ils se regardent tous, Lison le nez dans son assiette, incapable de soutenir le regard de sa sœur qui ne savait rien.

Maladroitement, mon beau-frère essaie de se rattr :
« - Tu blagues, Lison est sérieuse tu n’as rien à craindre.
« - Demandes le lui.
Tous les yeux se tournent vers Lison dont le silence est la preuve de sa culpabilité. Je suis de plus en plus remonté, sans le vouloir j’ai haussé le ton. Je les regarde bien et je crie :
« - Oui, vous avez tous compris JE SUIS COCU alors ne va pas me dire que Lili est sérieuse.

Lison est blême, elle ne se défend même pas, toute sa famille est maintenant au courant de sa conduite. Sa sœur la regarde, incrédule.
Sans pouvoir me contenir, je rajoute toujours aussi fort :
« - Maintenant, vous comprenez pourquoi elle ne me fait plus bander.

Belle maman regarde fixement devant elle, a-t-elle bien compris ? Je n’arrête pas, malgré les yeux suppliants de Lison.
« - Oui belle maman, baisée par un inconnu et sans capote. Elle a le feu au cul votre fille.
Lison est outrée, elle veut me faire taire, en vain :
« - Elle n’a jamais autant joui avec moi.
« - Ce n’est pas vrai.
« - C’est toi qui me l’as dit.

Et regardant sa famille :
« - Et en plus, elle s’est faite enculer.

Lison ne sait plus où se mettre, la tête entre les mains. Je me rends compte que je vais trop loin, je devrais me taire, mais m’adressant à sa mère :
« - Oui belle-maman vous avez bien entendu, enculée, vous soyez le tableau ?
Son regard me fait comprendre qu’elle voit très bien le tableau. Me tourant vers Lison :
« - Au fait ma chérie, tu ne m’as jamais dit, tu t’es mise à quatre pattes, le cul en l’air ?
« - …

Belle maman se lève, choquée, telle une automate :
« - Qui veut un café ?
Et part dans la cuisine, vite rejointe par Marie qui s’inquiète pour elle.

Je reste assis, un peu honteux de m’être ainsi laisser emporter. Lison à l’air triste, honteuse.
Belle maman revient un plateau chargé de café dans les mains. Elle pointe ses yeux sur ma femme :
« - Ma fille tu es une belle idiote ! Quand on prend un amant on reste discrète, on ne dit rien à son mari.
« - Maman… Je n’ai pas pris d’amant.
Mon beau père, rouge de colère :
« - Après seulement un an de mariage… as-tu conscience de ta conduite ? … Je ne te reconnais plus…
Sa femme se tourne vers lui :
« - Tais-toi Maurice, tu n’as jamais rien compris aux femmes.
Sous le regard effaré de ces deux filles qui comprennent le double sens de cette réflexion.
« - Maman !
La situation commence à me plaire, y aurait-il des secrets dans la belle famille ?

J’en ai beaucoup trop dit, je quitte la pièce pour me calmer dans le jardin. Mais le mal est fait, Lison, me rejoint au bout de quelques minutes, nos affaires à la main. Elle n’a même plus la force de me faire la moindre remarque :
« - Vient, on s’en va.
« - …

Nous n’échangeons aucun mot durant le trajet de retour. Je ne suis pas fier. Lison, enfin, m’adresse la parole :
« - Pourquoi, pourquoi as-tu fait ça ?
« - Et toi, pourquoi as-tu dit à ta sœur que je ne bandais plus ? Tu as encore voulu m’humilier.
« - Entre sœur, on se fait des confidences. Je ne pensais pas qu’elle le dirait à son mari.
« - J’avais l’air de quoi ? D’un con qui n’arrive plus à satisfaire sa femme. Ça t’arrange de passer pour une victime, tu t’es bien gardée de dire ce que tu avais fait.
« - J’avais besoin de parler. C’est dur pour moi.
« - Et pour moi alors, tu ne crois pas que c’est dur de ne plus pouvoir baiser.
« - Baiser ?
L’abstinence rend irascible, je cherche toujours à la blesser, je deviens vulgaire :
« - Oui baiser, me faire vider les couilles comme tu sais si bien le faire. Je connais ta chatte mais j’aimerais bien, moi aussi, me vider dans ta bouche et dans ton cul.
« - Oh !

Je vois que je la choque, je m’en veux une fois de plus. Je lui tiens la main, j’aimerais pouvoir pardonner, pouvoir reprendre notre vie comme avant. Je me sens ridicule, ma réaction est excessive, mais j’ai beau me raisonner, elle ne me fait plus aucun effet.

Lison sent mon désarroi :
« - Explique-moi ce que tu ressens mon chéri, parler devrait pouvoir nous aider.
« - Je t’en veux, si tu savais comme je t’en veux d’avoir brisé notre amour.
« - Mais je t’aime mon Julien, je t’aime comme je t’ai toujours aimé.
« - Tu m’as humilié, ce n’est pas de l’amour. Tu as tout détruit en moi.
« - Pardonne-moi,
« - Il n’y a plus rien à pardonner, tu m’es devenu indifférente.
« - Oh !
« - Tu es belle Lison. Mais l’image de ce mec avec toi et savoir qu’il t’a fait jouir, m’enlève tous mes moyens.
« - …
« - Je t’aime depuis notre première rencontre. Le jour de notre mariage a été le plus beau jour de ma vie, j’ai voulu t’épouser pour fonder une famille avec toi, pour vivre avec toi, vieillir avec toi. Toi seule comptait pour moi… Tu m’as trahi sachant très bien ce que tu faisais. Tu as brisé notre bonheur, c’est pour ça que je t’en veux.
« - Mon amour, non. Je veux un de toi, la plus belle preuve de notre amour.
« - Moi je n’en veux pas.
« - …
« - En plus, tu as saccagé notre plus beau souvenir. Rappelle-toi notre première nuit dans cet hôtel, tous les ans c’était pour nous comme un pèlerinage, enfin pour moi.
« - Pour moi aussi mon chéri, je me souviens de tout, c’était merveilleux.
« - Maintenant, tu dois surtout te souvenir de ta dernière nuit. La nuit où tu as joui comme jamais tu n’avais joui avec moi. Il m’a remplacé.
« - Non…Je ne comprends pas ce qui m’est arrivé. Je t’ai tout dit, je me suis excusée…
« - Est-ce suffisant de s’excuser pour tout effacer ? Tu savais que tu allais me faire souffrir, cela ne t’a pas arrêtée, et bien soit contente cela fait trois mois que je souffre.
« - Je n’aurais jamais imaginé que tu réagirais comme ça. Juste pour une nuit.
« - Tu ne savais donc pas que je t’aimais ?
« - …
« - Tu as dit que tu assumerais toutes les conséquences de cette nuit, même les plus douloureuses, et bien assumes les. Elles sont assez douloureuses pour toi ?
« - …


Le soir, elle se fait tendre. Malgré ses efforts, comme à chaque fois, je vois une autre bouche se poser sur ses lèvres, une autre bouche lui embrasser les seins, je vois des mains inconnues, un sexe inconnu, dans sa bouche, dans sa chatte, entre ses fesses …et une tête hilare qui me regarde en riant…
Après une nouvelle tentative infructueuse, elle se blotti dans mes bras :
« - Mon chéri, nous ne pouvons plus continuer comme ça. J’ai besoin de ton amour, de ta tendresse, de tes caresses,
« - Je ne peux pas. J’ai toujours en tête l’image d’une pute qui suit son client dans une chambre d’hôtel. Et lui qui rit en me regardant.

Elle garde son calme, ne relève même pas l’insulte :
« - Mon chéri, il faut faire quelque chose.
« - Tu as raison, nous ne pouvons pas continuer comme ça, il vaut mieux nous séparer, je suis d’accord. D’ailleurs j’ai consulté un avocat, un divorce à l’amiable, sans se déchirer, c’est simple et rapide.
« - Quoi ? Tu as consulté un avocat, tu veux donc vraiment me quitter ?
« - C’est mieux comme ça. Tu seras libre d’aller le retrouver, c’est lui que tu as choisi.
« - Non ! … je ne veux plus le revoir, c’est toi que j’ai choisi… J’ai eu une idée.

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NOTE DE L’AUTEUR

J’ai maintenant deux options :
- Soit la procédure suit son cours, Lison fait ses valises pour trouver refuge à Nice chez ses parents, elle est obligée d’abandonne ses études, Julien ne la retient pas.
A Nice, sa mère est compréhensive, mais son père refuse de lui parler, il prend la relève de Julien.
- Soit …

Ecoutons ce que Lison veut proposer à Julien.

---- o O o ----

« - … J’ai eu une idée.
« - …
« - Il faut remonter le temps, tout recommencer à zéro.
« - …
« - Retournons dans notre petit hôtel à Beaune, comme si nous revenions de vacances, il y a trois mois… remontons le temps.
« - Je ne pense pas que ce soit une bonne idée… Tu veux le revoir ?

Elle ne répond pas, mais hoche la tête.

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Le Week end de la dernière chance arrive. Lison a tout prévu, elle a réservé une chambre, notre chambre, toujours la même.
A Beaune, nous retrouvons notre hôtel. Je joue le jeu. Rituel pour aller diner, Lili a passé une petite robe, pas celle d’il y a trois mois, celle de l’année précédente, on remonte le temps. Je me prends à la regarder avec mes yeux de jeune-homme.

Avant de passer à table, j’avoue avoir jeter un coup d’œil dans la salle, je sens que Lison aussi est nerveuse.
Le repas se déroule selon nos habitudes, sans nous en rendre compte, nous remontons le temps, c’est la fin de l’été, la fin de nos vacances… je pense à la nuit prochaine…

Avant de monter dans la chambre, petit passage au bar, encore un rituel. J’aime cette ambiance feutrée et discrète, enfoncé dans un grand fauteuil, siroter un verre, silencieusement … tout à coup, mon cœur s’arrêtée de battre, c’est lui, là, accoudé au comptoir, un verre à la main. Lison ne l’a pas encore vu, quelle va être sa réaction ?

Il se retourne, il n’a plus la superbe d’il y a trois mois, j’ai l’impression qu’il a vieilli de 10 ans, son costume est froissé. Comment Lison a-t-elle pu rejoindre ce type dans sa chambre ? Comment a-t-il pu la faire jouir ?
En l’apercevant, Lison blêmi, elle a du mal à le reconnaitre. Se pose-t-elle, comme moi, la question du pourquoi, pourquoi l’avoir suivi ? Je comprends que ce n’était que le dérapage d’un soir.

Il se lève, passe devant notre table sans nous voir, juste un « bonne nuit messieurs dame », politesse banale. Il ne l’a pas reconnue. Lison semble contrariée, je n’ose faire la réflexion qui me brule les lèvres « Dis donc, tu ne lui as pas laissé un souvenir impérissable ». Non, ne pas en rajouter, ne pas rompre le charme de cette soirée, mais je ne peux éviter un petit rictus de satisfaction.

Le maître d’hôtel s’approche pour ramasser nos verres :
« - Georges à votre service,

Nos regards se croisent, je le reconnais, lui aussi. Je lui demande :
« - Dites donc il n’a pas l’air en forme ce monsieur.
« - Ah monsieur Charles, un habitué. Ne m’en parlez pas, le pauvre, il a perdu son emploi l’été dernier, faute professionnelle, à 50 ans difficile de trouver un nouveau travail. Et en sortant de l’hôpital…
« - De l’hôpital ?
« - Oui il a eu un accident… pas de voiture…
L’allusion me fait sourire.

Le maître d’hôtel se penche et me dit à l’oreille sous forme de confidence :
« - Quelques ennuis intimes, maintenant il a des difficultés pour… si vous voyez ce que je veux dire.
Cette confidence entre homme n’a pas échappé à Lison.
« - Et bien à peine sorti de l’hôpital, sa femme l’a quitté…Remarquez, il l’a bien cherché. C’était un sacré dragueur, vous ne pouvez pas savoir combien de femmes il a mis dans son lit… Oui oui, ici dans cet hôtel, même si le mari était présent. Sa femme l’a appris… elle n’a pas vraiment apprécié.

Je lui souris, et ne peux m’empêcher de rajouter avec un large sourire :
« - On la comprend, elle n’a pas pris de gants … n’est-ce pas ma chérie ?
« - …
Lison ne dit rien, elle encaisse le coup.

« - Avez-vous besoin d’autre chose ?
« - Merci, tout va bien… Etes-vous marié Georges ?
« - Pas encore, nous passons devant monsieur le maire dans quelques mois.
« - Félicitations Georges !
« - Merci monsieur.

Lison réalise les conséquences de sa nuit, conséquences dont je ne suis pas étranger. Elle est pensive, mais ne veut rien faire paraitre, les déboires de Charles sont un peu de sa faute.

Dans notre chambre, Lison revient de la salle de bain en petite nuisette transparente. Dieu que ma femme est belle ! Je la prends dans mes bras, je l’embrasse, ce n’est plus ce vieux, c’est moi qui l’embrasse, moi qui l’entraine sur le lit. Mes démons ont disparu…
Une image se superpose, celle d’une jeune fille que j’amène dans cette chambre pour la première fois, une jeune fille qui me souris de bonheur, aussi belle que la femme que je tiens dans mes bras.
Je caresse Lison, Lison me caresse…
Et le miracle s’accomplit. J’aime ma femme, j’ai envie de lui montrer mon amour comme la première fois que nous sommes venus ici, bien avant notre mariage… la nuit fête nos retrouvailles… Nous avons peu dormi… neuf mois après naissait Jules, notre premier.

Nous sommes revenus tous les ans à Beaune, reprenant notre pèlerinage, deux autres s sont nés, Elise et Robin… Lison avait raison, il suffisait juste de remonter le temps.

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EPILOGUE

Le voyage dans le temps se termine, après un petit déjeuner en amoureux, nous devons rentrer. Je vais chercher la voiture après avoir salué le maître d’hôtel qui me dit avec un grand sourire :
« - Au revoir monsieur. Il faut savoir pardonner.
« - Merci Georges.

Tandis que je charge les valises dans le coffre, je vois un homme sortir de l’hôtel, monsieur Charles.
Sous le regard anxieux de Lison je vais au-devant de lui. Assurément, il ne me reconnait pas, il doit se demander qui je suis et ce que je lui veux.
Apercevant Lison, la mémoire semble lui revenir, il nous regarde alternativement Lison et moi. La stupeur se lit sur son visage. Se souvient-il de sa nuit avec ma femme ? Je crois surtout qu’il prend conscience que je suis à l’origine de tous ses malheurs.

Imperturbable, je me plante devant lui, tout sourire :
« - Alors, sans rancune ?

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