Orga 1

Lorsque j’ouvris les yeux, j’étais allongée sur un lit à colonnes, couvert de velours cramoisi. Je ne savais où j’étais. La chambre, très luxueuse au demeurant, m’était complètement inconnue. Etourdie je m’asseyais au bord du lit et tentais de me lever quand une douleur atroce me vrilla le dos. Plusieurs minutes passèrent avant que je puisse remuer un muscle. Quand enfin je pus me mettre debout je me dirigeais instinctivement vers le miroir sur pied placé à côté de la commode…
Le reflet me présenta une jeune fille nue, à la peau claire. Son corps était très mince, presque maigre, les seins petits et hauts perchés, la taille extrêmement fine et les hanches à peine plus large. Les lèvres de son sexe, complètement rasé, laissait paraître un clitoris proéminent qui pointait, indécent, appelant ingénument les caresses et les baisers. Remontant le long de ce corps, mes yeux verts, très clairs, écarquillés par la surprise, se plantèrent dans leur propre reflet, s’attardant à présent sur le visage émacié et les cheveux blonds, coupés courts et coiffés en bataille.
La bouche, aux lèvres rosées, formait un O silencieux que je peinais à muer en ce hurlement qui montait dans ma gorge et ne demandait qu’à s’échapper : ce visage et ce corps qui, selon toute vraisemblance étaient les miens, m’étaient tout aussi inconnus que le reste. Je ne savais pas qui j’étais, d’où je venais, ce que je faisais nue ici dans cette chambre. Un seul mot me venait à l’esprit : Orga…

La porte s’ouvrit soudain et un jeune homme entra d’autorité dans la pièce. D’un bond j’allais me cacher derrière le lit.
Il ne paraissait nullement surpris de me voir et ma réaction déclencha son hilarité.

« Mais enfin à quoi jouez vous. Est-ce ainsi que vous comptez éveiller mon désir ? En me refusant le plaisir de vous contempler ? Je ne vous paie pas aussi cher que pour n’apercevoir que péniblement votre visage par-dessus les couvertures.

Allons levez-vous et venez devant moi que je puisse profiter pleinement de… ce que vous êtes, dirons-nous… »

Malgré le rire contenu dans cette voix grave la demande équivalait à un ordre. Je m’exécutais aussitôt. Même si ce corps qui était le mien m’était, pour une raison que j’ignorais, étranger, je n’avais pas pour autant le désir de l’exposer à la vue de n’importe qui. Néanmoins quelque chose en cet homme m’enjoignait à ne pas le contrarier malgré mes réticences.
Déjà il mettait bas veste et chemise, m’exposant un torse puissant, couvert par une toison presque aussi sombre que ses cheveux et ses yeux. Il paraissait jeune, je ne lui aurais pas donné plus de 20 ans, mais sa musculature était impressionnante et il se dégageait de lui une telle férocité qu’il me terrorisait.
Par ses propos je compris que j’étais une prostituée, payée par son père. Il attendait depuis plusieurs heures mais il lui avait été interdit de me voir avant maintenant aussi était-il plus qu’impatient de me contempler.
Cachant mes propres émotions je me pliais à ses désirs. Il commença à m’observer de loin puis il vint tout contre moi. Il était très grand mais je lui arrivais sans peine à l’épaule. Son souffle rauque était chaud mais empuanti par le tabac ce qui me dégoûta. Heureusement il ne vit pas la grimace que je fus incapable de réprimer.
Mains sur mes épaules il me détailla de haut en bas puis me retourna. Son souffle s’accéléra tandis qu’il palpait mon fessier. Afin de mieux en profiter il m’ordonna de me pencher sur le lit, bras tendu et de tendre mon cul vers lui. Au début je n’étais pas assez cambrée, ce qui me valut une claque retentissante sur cette partie de mon anatomie qui avait sa prédilection mais enfin je fus en une position qui lui convint.
Ses mains caressaient, pétrissaient, écartaient. Il était loin d’être tendre. J’en eus une preuve supplémentaire quand il enfonça brutalement un doigt puis deux dans mon anneau. Loin de m’émoustiller, ces attentions m’arrachèrent des larmes qu’il vit et qui, étonnamment, l’arrêtèrent.

« Excusez-moi je vais peut être un peu trop vite, vous devez être un peu…comment dirais-je… perdue peut être ?... Asseyez-vous sur le lit il me semble que vous avez besoin de vous détendre. Si je m’occupais un peu plus doucement de mon nouveau jouet qu’en pensez-vous ? »
Il avança sa main vers ma cuisse. Je dus faire un effort monstrueux sur moi-même pour réfréner un mouvement de recul mais contre toute attente il fut très doux, caressant, et remonta avec tendresse jusqu’à mon sein gauche qu’il palpa un instant. Son autre main s’occupait de mon sein droit. Lorsqu’il vit que je me détendais il me lacha pour se lever et enlever son pantalon. Il était nu dessous. Son sexe dressé était à la hauteur du personnage : il était positivement monstrueux. D’instinct je serrais les cuisses… mais pas pour longtemps. Il les écarta au maximum et plaça mes talons sur le bord du lit. Ainsi j’étais plus qu’offerte à ses regards et mon clitoris pointait franchement entre mes grandes lèvres. Il le trouvait positivement fascinant et du doigt se mit à le titiller. Aussitôt toutes mes peurs, mes craintes, mes interrogations s’envolèrent… Le plaisir était incroyable et je m’abandonnais complètement à lui. Une langue se mit à lécher ce qui m’arracha un gémissement, puis une bouche à aspirer et là je ne voulais plus rien que l’éclatement de ce plaisir qui montait, montait, montait encore… Enivrée par l’extase je pris son visage entre mes mains et le plaquais encore plus contre mon sexe, me frottant contre lui. Mais alors que je pensais atteindre les sommets il se dégagea brusquement de mon étreinte et cria.
Hébétée j’ouvris les yeux et le vis assis par terre, pointant un doigt vers moi et hurlant :
« C’est un monstre ! Vous êtes un monstre ! Qu’est-ce que ça veut dire ? »
En à peine quelques secondes il remit son pantalon et sortit en trombe, claquant la porte avec violence.
Je voulus me lever à mon tour quand mon regard se posa entre mes cuisses… et j’hurlais, moi aussi : à la place de mon sexe rasé se dressait une hampe de chair, d’un très beau calibre, et qui ne m’aurait certes pas déplu s’il n’avait été aussi bizarrement placé… Au fur et à mesure que la terreur prenait place du plaisir je vis la hampe se rétrécir, se rétracter et sans aucun doute possible se ranger à l’intérieur de moi, comme aspiré par mon sexe de femme… Mes cris n’en furent que plus stridents.
Je me jetais contre la porte et constatais que ce salopard l’avait fermé à double tour. J’essayais en vain de l’ouvrir, tirant sur la poignée. Finalement je tambourinais désespérément en appelant à l’aide et je finis par tomber à genoux, secouée par les sanglots. Mais enfin j’entendis tourner une clé dans la serrure. Je me préparais à affronter l’homme quand à ma grande surprise je vis une ravissante jeune fille, en robe de chambre et les cheveux dénoués qui se tenait dans l’encadrement.
« Qui êtes-vous et que faites vous ici ? »
Sa voix était très douce, bien loin de la voix impérieuse du jeune homme. Je me remis à pleurer mais de soulagement cette fois.
« Mais enfin mademoiselle, voyons remettez-vous, ne pleurez pas ainsi et dites moi plutôt qui vous êtes et ce que vous faites enfermée nue dans cette chambre ? Quand êtes-vous arrivée ? Comment êtes-vous entrée dans le manoir ? »
Elle s’était agenouillée à côté de moi et me serrait contre elle, pleine de sollicitude. Sa peau était aussi douce que sa voix et malgré mon désarroi je profitais pleinement de ce contact.
Calmée je lui racontais tout ce qui s’était produit depuis mon réveil hormis ma toute dernière surprise. Je ne voulais pas l’effrayer inutilement et prendre le risque de me retrouver à nouveau cloitrée et traitée de monstre.
Mon récit l’outragea grandement.
« William est un porc ! Comment ose-t-il vous amener ici à un pareil moment…! Et vous traitez de plus aussi… aussi… Je ne trouve pas un mot assez fort que pour qualifier la conduite de mon cousin… Levez vous, prenez vos habits et venez avec moi… Comment vous n’avez pas de quoi vous vêtir ici ? Vous ne savez pas où sont vos affaires ?... Bon… je vais vous donner des habits de Richard… Les miennes ne vous iraient pas je suis trop petite… Attendez-moi ici je n’en ai que pour quelques minutes… Mais enfin quels sont ces cris venant de la cave maintenant… Mais vraiment qu’est-ce qui se passe ici ce soir… ! »

Elle revint deux minutes plus tard avec une chemise et un pantalon qui ma foi m’allaient parfaitement.
Je descendis ensuite avec elle un grand escalier tournant.
Elle m’avait mis de l’argent dans une des poches, supposant que William ne m’avait pas encore payé et m’enjoignant de reprendre contact avec lui plus tard, via mon « employeur » au cas où la somme n’était pas suffisante. Elle me donna ensuite des indications pour aller au village et s’excusa de ne pouvoir m’aider plus car une urgence dans la maison requérait toute son attention.

Je me retrouvais donc dehors, pieds nus, devant une porte close, habillée de vêtements de garçon et, contrairement à ce que la jeune fille croyait, n’ayant personne à contacter. Visiblement mon amnésie ne l’avait pas plus inquiétée que ça à partir du moment où elle sut quel était mon métier. J’allais sonner pour qu’elle revienne et que je puisse m’expliquer quand un cri déchirant retentit à l’intérieur du manoir, suivi d’un silence de mort. Je volais plus que je ne couru jusqu’à la grille. Ce n’est que là, à bout de souffle, que j’osais me retourner. Dans la nuit noire la bâtisse, immense, éclairée par la lueur blafarde de la lune, était plus que sinistre. Plus aucune lumière ne filtrait à travers les fenêtres. A nouveau un cri, plus perçant que le premier, suivi d’un chuintement inexplicable. C’en était trop pour moi. Je couru à perdre haleine, droit devant moi. Je ne pensais à rien d’autre que mettre le plus de distance possible entre moi et cette maison. Bien entendu lorsque je m’arrêtais enfin j’étais perdue au milieu des bois et il était vain de retourner en arrière pour retrouver le chemin du village.
Mes pieds étaient en sang et la douleur dans mon dos se rappela à mon bon souvenir. Epuisée, apeurée, je m’allongeais au bord du chemin et sombrais dans les ténèbres.

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