Collection Pute. Grand-Mère Odette. Saison Ii (5/6)

• Ma grand-mère !
Est-elle morte ?

Je crie ces mots devant le bar de ma grand-mère Odette alors que nous venions avec Sacha afin d’être à l’heure à ma dernière ouverture ce mercredi en fin d’après-midi.
La liberté que m’a donnée cette drôle de grand-mère, je comptais bien la passer à me faire quelques clients.

• Non, Gladys, les pompiers ont pu la ranimer et l’ambulance l’emmène à l’hôpital.
• Que s’est-il passé.
• Odette venait de descendre.
À 14 heures, j’étais montée chercher la caisse pensant qu’elle viendrait plus tard comme elle avait l’habitude de le faire.
Elle s’est plainte d’un mal de tête.
Je lui ai donné deux aspirines et je l’ai laissé dans son fauteuil pour qu’elle se repose.
Il y a une demi-heure, elle nous a rejoints et s’est écroulée au milieu du bar.
J’ai appelé les secours qui sont venus très vite.
• Merci Lala, tu as été parfaite.
Il faut prendre une décision, ferme-t-on ?
• Les filles vont avoir du mal à bosser, toutes aimaient bien Odette.
• Alors, fermons, dit aux filles de rentrer chez elles.
Quand ma grand-mère ira mieux je lui dirais de vous payer comme si vous aviez travaillé.

C’est drôle de parler de travail, pour des filles qui tapinent.
Sabine m’emmène dans sa voiture et me dépose, elle habite à quelques mètres de là.

• Mademoiselle, vous êtes la petite fille de madame Odette Coquelet !
• Oui, docteur, comment va-t-elle ?
• Impossible de me prononcer, rentrez chez vous et revenez demain, nous aurons plus de visibilité.
Si tout reste stationnaire cette nuit, demain nous pourrons vous dire son avenir.
Donnez-moi votre numéro de portable que je vois dans votre poche arrière de jean et nous vous préviendrions si madame Coquelet avait une aggravation de son état cette nuit.

En langage médecin, je comprends que ce jeune docteur me dit que ma mamy risque de nous quitter cette nuit.


Je lui donne mon numéro de portable.
Il s’éloigne.
Je prends un taxi, retour chez mamy.
Tient c’est les premières fois que je l’appelle mamy.
Ai-je une mémé du côté de mon père, maintenant que je sais un peu qui il est ?
Je passe chez Sacha, elle est à table avec les s, il me fond fêtes.

• Chérie, je suis juste passé te dire que nous aurons des nouvelles plus définitives sur son état demain matin.
Le docteur m’appellera si la situation pour elle s’aggrave.
Veux-tu dîner ?
• Non, ma chérie, je serais dans l’incapacité d’avaler la moindre bouchée.
Ça peut paraître bizarre, il y a quelques jours que j’ai découvert son existence.
Si je la perdais, c’est comme si on m’arrachait une partie de moi.
• Odette donne ce sentiment à tout le monde.
Regarde pour toi, je sais qu’elle a suivi ta vie, elle nous parlait souvent de sa petite fille.
Elle disait que tu étais espiègle et pourtant quand tu m’as remplacé auprès des clients évitant de me trouver sans ressource avec mes s, elle est restée sans réaction.
Le lendemain quand nous avons fait une passe ensemble, j’ai senti que ça lui faisait mal, mais elle est restée de marbre.
Je la connais bien, par toi elle a dû revivre ses débuts dans la prostitution.
• Contrairement à elle, nous choisissons de nous faire payer pour vendre notre corps à ce que j’en sais, les maquereaux comme mon grand-père les contraignait à se prosti.
Je rentre passer la nuit chez mamy, je serais comme une anguille dans ton lit t’empêchant de dormir.
Et aussi, il faut que j’appelle maman pour lui dire ce qui arrive à sa mère, qu’elle m’a toujours cachée.
• Veux-tu l’appeler et rester ?
• Non, ça risque d’être orageux et tu dois coucher tes filles, si tu veux, je serais là pour les conduire à l’école demain matin avant de me rendre à l’hôpital.
• Tu devais partir demain !
• Avignon m’attendra et la coiffure aussi, ma mère pourra assumer sans moi, priorité à ma mamy.


Après avoir embrassé les s et Sacha au bord des lèvres, je retourne au bar de grand-mère.
Dans son appartement, je sens sa présence malgré son absence m’angoissant.

• Maman !
• Oui, Gladys, tu es toujours chez ma mère en Belgique !

Derrière sa voix j’entends de la musique assez entrainante.
Je me garde bien de lui poser des questions, je sais comment elle fonctionne et ce serait une erreur.

• Tu te tais, tu te demandes comment je sais que tu serais parti pour Tournai avec ta Vespa dans le bordel de ma mère.
• Tu te trompes, certes, Mamy fait travailler des filles, mais elles sont toutes des femmes libres.
• Tu vas me faire croire ça, par chance, j’ai rencontré ton père qui m’a ouvert les yeux et m’a permis de nous sauver à Avignon.
Apprends qu’elle a proposé de coucher avec lui s’il me laissait tomber !
Elle devait prévoir de faire de moi une pute comme ton grand-père l’avait faite avec elle.
Sais-tu ce que l’on dit, pute un jour pute toujours ?
• Comment as-tu su que j’étais chez les nordistes Belge ?
• Deux choses, j’ai voulu ranger des papiers dans la boîte au bas de mon placard.
J’ai un système de rangement, à part toi, qui a pu fouiller.
Je me préparais pour partir en vacances quand le téléphone a sonné.
Tu connais une certaine Karine qui demandait ou elle pouvait te joindre.
Tu sais Karine, l’alibi que tu m’as donné avant de partir vers Ramatuelle.

Quelle conne, Karine j’aurais dû la mettre dans la confidence.

• Maman, je pense qu’il faut que tu viennes à Tournai, Mamy a eu un accident de santé grave et vient d’être hospitalisée.
J’en saurai plus demain, en attendant j’ai renvoyé les filles chez-elle, demain il faut qu’elles travaillent.
• Véronique, tu viens, on t’attend pour faire ce que tu sais.
• Oui, Georges, je suis avec ma fille.

J’entends un bruit comme un baiser sur cette musique, des gens font la fête.


• Qui est Georges à qui tu viens de parler et la musique de fête ?
• Je suis en vacances à Ibiza, je rentre dimanche pour ouvrir mardi.
Démerde-toi, tu as voulu être une grande fille, assume-toi.

Maman, la none est à Ibiza avec un dénommé Georges qui l’embrassait.
Je vais donc assumer.
J’ai téléphoné étant assise dans la petite pièce où mamy a son bureau.
Pour me calmer, je m’amuse avec une clef d’un tiroir, l’ouvrant et le refermant.
Quand je raccroche, il est ouvert et je vois un classeur.
Je le consulte, si je dois assumer autant en savoir plus.
Incroyable, des lettres de demande d’embauche de jeunes filles ou de femmes souhaitant travailler dans son bordel.
Je sais que c’est la crise, c’est là qu’une idée me vient, mais il faut que j’en parle à Sacha.

J’ouvre le tiroir à droite.
Trois albums photos.
J’étais belle quand j’étais petite.
Surtout le bébé que je vois dans une poussette.
Sur les premières, je vois, maman la poussant le long du Rhône près du pont.
Dans le parc où je semble faire mes premiers pas.
Qui a pris ces photos et surtout qui les a envoyés à Odette.
Le premier album ce pouvait être papa, il était encore vivant.
Dès le deuxième impossible que ce soit lui, car il avait déjà eu son accident !
En plus, maman vient de me soutenir qu’il l’avait aidé à échapper à sa mère qui l’aurait entraîné vers la prostitution, s’ils étaient restés à Tournai.
Tout ceci est plein d’incohérence, j’espère que ma mamy pourra me donner des explications si je la retrouve bien remise demain.
Dans ce deuxième, Mario, l’italien, du moins c’est ainsi qu’on l’appelait du temps où je couchais avec lui.
C’était un beau gosse de trois ans notre ainé, il allait souvent traîner à Marseille dès qu’il a été en âge de conduire.
Karine bavait devant lui, mais ce petit boudin lui était indifférent.
C’est mon cul qui l’intéressait.

Mais j’avais envie d’autre chose que de fidélité et je l’ai quitté.

Ils sont presque tous là, mamy devait avoir un observateur près de chez maman qui a photographié ma vie et celle de ma génitrice.
J’ouvre le troisième.
Tiens, Lucien qui rentre chez nous.
Et encore un autre homme, je me souviens, près de chez nous il y avait un chantier et il y travaillait.
Pour Lucien, ça était cour, car le chantier arrivait à sa fin.
Les albums refermés, comme je l’ai fait chez maman, je fais les fonds des armoires.
C’est dans celui de la salle de bains sous les serviettes que je trouve une simple boîte à chaussures est posée.
Je la récupère et je retourne dans le bureau.
J’ouvre la boîte, là encore des photos plus anciennes et des lettres.
Afin d’éviter de faire l’erreur faite chez maman, je sors le tout un par un.
Une dizaine de lettres reliées par un ruban.
Mais avant les photos en noires et blancs, montrent des filles à la porte d’un hôtel.
Très jeune, c’est mamy qui attend ses clients devant l’hôtel ou mon grand-père la faisait tapiner.
Elle était aussi belle que ma mère surtout dans sa robe Charleston à frange.
Il est certain que si papa l’avait laissé au contact de sa mère, elle aurait fait venir le client dans le bar familial dont je vais devoir m’occuper demain.
Je défais le ruban retenant les lettres entre elles.
Je les sens, pas de parfum comme le font les femmes amoureuses écrivant à leur amante.
J’ouvre la première, que vais-je découvrir de plus...

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