Vices Et Délices

Cassandra hésite un instant, puis se décide à appuyer sur le bouton de l'Interphone. Une demi-minute de silence la décide à tourner les talons, ce qu'elle commence à faire en poussant un soupir de soulagement lorsqu'une voix demande :

- Oui ?

- C'est moi, Cassandra.

Elle se sent stupidement nerveuse, fixant avec incrédulité sa main qui tremble comme si elle appartenait à une autre personne tandis qu'elle pousse la porte. Le moment que met l'ascenseur pour monter jusqu'au sixième étage lui permet d'éclaircir ses idées. « Cassandra, pas de panique, tu constates par toi-même que tout va bien, c'est l'affaire de cinq minutes, et tu te sauves le plus vite possible en prétextant un motif bidon ! »

L'idée de rester seule avec Maud lui donne l'impression de manier de la nitroglycérine, et cela la met dans un état de trouble indescriptible. Ces derniers jours, elle ne la comprend plus, elle lui échappe totalement, et son mari lui-même est en pleine dépression, dépassé par les événements. Olivier, désespéré, lui a téléphoné pour lui demander de passer la voir. Maud répond rarement au téléphone et, lorsqu'il parvient à la joindre, c'est pour avoir au bout du fil une femme froide et distante, presque une étrangère. Il ne sait plus quoi faire... Il faut dire qu'apprendre brusquement que sa femme est une ancienne star de films X lesbiens est un véritable choc dont on peut difficilement se relever. Un vrai tsunami à briser n'importe quel homme, aussi solide aussi soit-il. Cassandra, elle, ne s'en est toujours pas remise, ayant toujours du mal à croire que cela soit possible. Certes, Maud a toujours été fantasque et exubérante, mais de là à l'imager actrice dans des films pornographiques !...

Olivier lui a avoué la vérité la semaine dernière. Anéanti, aux abois, en pleurs... Cassandra, habituée aux confidences, s'est rebellée lorsqu'il a cherché à la mêler à leur histoire. Voir Maud, lui parler, chercher à percer la vérité.

Mais a fini par céder... Elle n'aime pas du tout le sale boulot qu'il lui a confié, vérifier si Maud veut le quitter, si elle a rencontré quelqu'un d'autre. S'il a des soupçons sur la fidélité de sa femme, et bien qu'il l'att entre quatre yeux pour crever l'abcès et obtenir des réponses à toutes ses questions ! Le problème, c'est qu'il n'est pas en état, bien trop fragilisé par tous ces événements. Alors c'est sur elle que ça retombe, on lui refile le bébé, à jouer les médiatrices ! Sur ce coup là, elle s'est bien fait avoir ! Olivier a joué sur les liens familiaux pour finir par la convaincre. Elle aurait eu mauvaise conscience de lui refuser ce service, une sœur perdue depuis tant d'années et, à peine retrouvée, qui lui ferait déjà faux bond ! Elle maudit la famille avant de s'armer de courage en arpentant le couloir, souriant de toutes ses dents à Maud qui l'attend devant le pas de sa porte. La simple nuisette en satin qu'elle porte fige son sourire, et elle ne sait pas ce qui la retient pour ne pas prendre ses jambes à son cou et fuir d'ici le plus loin possible. String, bas et portes- jarretelles complètent le tableau affriolant d'une Maud qui ne se sent aucunement mal à l'aise d'être si peu vêtue. Cassandra est prête à repartir mais Maud ne lui en laisse pas le temps. Elle se précipite à sa rencontre, jetant ses bras graciles autour de son coup dans un élan spontané. Cassandra répond à son étreinte en se crispant malgré elle, évitant tout contact trop étroit. Maud rayonne. Sa joie de la voir n'est pas feinte, cela la touche énormément.

- Cassandra, je suis tellement heureuse de te voir ! » s'écrie Maud avec des rires dans la voix. Je pense tellement à toi en ce moment, et tu es là... C'est génial !

Elle est volubile et toute excitée.

- Maud, je ne te dérange pas j'espère ? Enfin, tu n'es pas en tenue pour recevoir qui que ce soit...

- En effet, je sortais juste de la douche quand l'interphone a sonné. Un peu plus et je te loupais.
.. Ne t'en fais pas, rien ne m'oblige à sortir, c'est rien d'important... Vas-y, rentre. Accorde-moi deux secondes, le temps d'annuler le... le rendez-vous.

Son hésitation à choisir ce dernier mot la met brusquement mal à l'aise, un sentiment que Cassandra partage vite.

- Maud, il est hors de question que tu changes tes plans à cause de moi. Je venais juste prendre de tes nouvelles, c'est tout. Je repars de suite.

Une lueur de panique brille dans les yeux de Maud. Elle s'empresse de lui saisir les mains avec fermeté.

- Non, je t'en prie, reste...

Elle referme la porte derrière elle, guidant Cassandra à l'intérieur en lui tenant toujours les mains. Docile, cette dernière la suit, grisée par le parfum de shampooing au pomme verte qui se dégage de ses cheveux mouillés, et l'odeur de son gel douche, à la camomille il lui semble. De plus, elle ne peut détacher son regard de la silhouette élancée qui ondule souplement, si délicieuse et provocante dans cette petite tenue. Elle se sent soulagée lorsqu'elle l'abandonne dans le salon.

- Fais comme chez toi, je n'en ai pas pour longtemps...

Elle s'éloigne, attrapant au passage son portable posé sur une commode. Cassandra s'approche de la baie vitrée, essayant de s'intéresser au morne paysage qui s'offre à ses yeux, un enchevêtrement d'immeubles et de bâtiments à perte de vue. Elle ne peut résister à la tentation de jeter un rapide coup d'œil à Maud. Elle est en pleine conversation, et sa tension visible et ses messes basses lui feraient presque soupçonner qu'elle s'adresse à un mystérieux interlocuteur, dont elle a du mal d'ailleurs à se débarrasser. Un amant ? Ou une maîtresse ? Cela est possible si Maud s'est laissée rattr par ses vieux démons, sa dépendance au sexe. Cassandra imagine le pire. Elle n'aura plus jamais le même regard sur sa belle-sœur. Elle la voit maintenant comme une femme hors norme, provocatrice et extravertie, assumant une vie sexuelle libérée, transgressant les normes sociales et brisant tous les tabous.
Cela la choque. Elle ne conçoit pas la vie ainsi. Tout est parfaitement réglé chez elle. Expert-comptable, elle mène une carrière sans surprise, mais qui lui rapporte un bon salaire. Son mari, architecte renommé, est un homme attentionné. Avec leur fille âgée de six ans, ils mènent une vie certes un peu trop tranquille, mais aussi très confortable dans un quartier chic de Cannes La Bocca. Et voilà que cette harmonie est remise en cause, un malaise insidieux qui vient s'immiscer dans son emploi du temps ordonné. La découverte de la sexualité débridée de sa belle-sœur la plonge dans un tourbillon d'émotions qui, tout à coup, lui font trouver sa vie intime bien fade. Tout cela parce que, deux jours auparavant, en rendant visite à son frère, elle l'a trouvé saoul et endormi sur son canapé, devant son écran plat LCD où défilaient des images aussi inattendues qu'obscènes. Un film de Maud, à l'époque où elle officiait dans ses films X, ce que tout le monde ignorait jusqu'ici.. Alors, malgré elle, Cassandra a regardé. Et a reçu le plus grand choc de sa vie. Une scène intime et solo où Maud se donnait du plaisir, fixant la caméra de son regard brûlant, comme prenant à témoin les spectateurs avec une insolence incroyable. Puis, ensuite, une scène lesbienne où elle jouait le rôle de la dominante, brûlante de sensualité, une vraie tornade survoltée se déchaînant sur une partenaire qui n'en pouvait plus de gémir et se tordre de plaisir. Fascinée par l'intensité de leur passion, elle est restée un long moment sans réaction, hypnotisée par la scène lesbienne, inconsciente que le doute s'insinuait en elle alors que rien ne lui avait jamais paru aussi beau et excitant. Puis, effrayée par sa propre réaction, avait vite éteint l'écran LCD, repoussant vite toutes ses images qui l'avaient un bref moment émoustillé. Ensuite, elle s'était efe de ne plus y penser, se persuadant que ce genre de rapports était sale, décadent, contre-nature. Bien sûr, elle n'était pas idiote et naïve à ce point, sachant très bien que l'homosexualité existait depuis des temps immémoriaux, mais c'était la première fois qu'elle était confrontée aussi directement à ce style de rapports décadents.


Mariée depuis huit ans, Cassandra peut se vanter d'être une femme aussi sage que sérieuse, épouse dévouée, mère modèle, avec des principes assez rigoureux. L'idée de tromper son mari, avec ou sans accord de sa part, serait pour elle une aberration de la nature, renier toutes ses convictions. Que d'autres femmes le fassent ne la regarde pas, même si cela va à l'encontre de son éducation. Mais qu'elles le fassent avec une personne du même sexe dépasse son entendement, des actes qu'elle ne s'explique pas et qu'elle préfère ignorer. Qui la déroutent et lui font peur. Et la voilà impliquer là-dedans avec une totale impuissance...

Vraiment, elle ne sait pas ce qu'elle fait ici. Elle se sent inutile... Mais son frère compte sur elle pour la raisonner alors elle fera le maximum pour trouver un dénouement heureux à toute cette histoire. Cassandra a toujours eu une bonne influence sur sa belle-sœur, la voix de la sagesse, aussi espère t-elle la remettre sur le droit chemin.

Elle essaie de s'en convaincre en l'observant avec inquiétude. Enfin, Maud en a fini, et Cassandra fait aussitôt semblant de regarder tous les livres qui s'étalent sur une large bibliothèque.

- Tu aimes la lecture ?

Cassandra sursaute. Elle ne l'a pas entendue approcher, sa tête est presque posée sur son épaule, et la sentir si proche la rend nerveuse. Elle recule d'un pas sur le côté, se retournant pour lui faire face. Elle s'efforce d'ignorer tout ce que dévoile ses dessous sexy, les longues jambes nerveuses, la gorge nue et la naissance des seins délicats qui pointent agressivement sous le satin.

- Oui, assez... Dis-moi, je m'en veux vraiment d'avoir contrarié tes plans, tu es sûre qu'il ne vaut mieux pas que je m'en aille ?

Maud la toise avec curiosité, l'air amusé.

- Non, c'est toi que je veux... enfin, que je veux voir... » se ratt t- elle hâtivement.

Cassandra se demande si elle ne l'a pas fait exprès. Maud l'observe avec un intérêt accru, les yeux brillants, comme guettant sa réaction. Cassandra se trouve gauche, plantée stupidement comme un piquet en plein milieu du salon.

- Cassandra, mets-toi à l'aise, lui dit Maud en lui désignant un fauteuil.

Confuse, elle s'assoit. Elle se sent ridicule d'être aussi gênée devant Maud, perdant tous ses moyens. Elle essaie de se détendre, lance une banalité :

- Je suis contente de voir que tu te portes à merveille.

Le regard de Maud est direct, tout comme ses paroles :

- Dis, Cassandra, je suis certaine que c'est Olivier qui t'envoie, mais cela je m'en fous et m'en contrefous littéralement. Chut, ne dis rien, je ne veux pas connaître la vérité, cela n'a aucune importance ! L'important, c'est que grâce à lui tu es venue jusqu'ici, pour ça je l'en remercie, tu es là, avec moi, et rien ne peut me rendre plus heureuse.

Cassandra est estomaquée par cette soudaine franchise qui ressemble à une déclaration. Avec un sourire espiègle, Maud s'assoit en tailleur sur le fauteuil juste en face. Alors qu'elle croise les jambes, Cassandra entrevoit une courte seconde la vision troublante d'une toison pubienne sombre avant que les cuisses se referment. Le sang lui monte au visage, elle est comme fascinée par le galbe fin et racé des jambes nues que Maud a longues et fuselées. Le satin met magnifiquement en valeur le corps splendidement proportionné.

Vite, elle se concentre sur la discussion à venir.

- Tu as raison, c'est mon frère qui m'envoie. Il est au courant.

- Au courant ?

- De ton passé. Ta participation à des films... des films érotiques.

Le visage de Maud n'exprime aucune surprise ou sentiment de culpabilité.

- Dis plutôt des films pornographiques, c'est plus proche de la réalité. Et cela te choque je présume ?

- Non. Je ne suis pas là pour te juger. Mais pour te comprendre. Si tu aimes les hommes et les... les femmes, pourquoi t'être mariée avec mon frère alors ?

- Parce que je l'aimais. Sincèrement... Il m'a apporté la sécurité et l'équilibre, l'espoir d'une vie normale. Mais on n'échappe pas à sa vraie nature. J'ai toujours eu une préférence pour les femmes. J'ai replongé... Une femme, puis une autre, et je ne le regrette pas...

- Et Olivier, tu y penses ?

- Non, pas à lui. C'est toi, Cassandra, qui occupe toutes mes pensées.

C'est dit si naturellement, avec une telle franchise, que Cassandra en reste sans voix.

Le feu qui brûle dans ses veines circule encore plus vite. L'idée de s'en aller sur le champ sans une excuse effleure brièvement son esprit enfiévré, mais ce n'est pas son genre de fuir devant qui que ce soit. C'est d'une voix presque assurée qu'elle répond :

- Alors tu perds ton temps. Il n'y aura jamais rien entre nous, tu le sais... Et si tu veux que l'on continue cette conversation, va te changer s'il te plait... Ta tenue est indécente.

- Cela te rend nerveuse ?

- S'il te plait, Maud...

Son ton est si suppliant que celle-ci, avec un haussement d'épaules excédé, cède à sa demande. Elle disparait quelques minutes pour réapparaitre dans une tenue beaucoup plus correcte, avec tailleur et chemisier. Du coup, Cassandra reprend un peu d'assurance. Brièvement, car le regard espiègle de Maud ne présage rien de bon. Comme son sourire, à la fois insolent et effronté, avec cette assurance qui lui donne froid dans le dos.

- C'est mieux ainsi ?

- Oui, merci.

- Nous en étions où ? Ah, oui... Je t'avouai que tu étais loin de me laisser indifférente.

- Et je te répondais que je n'étais pas là pour ça. Je cherche à te réconcilier avec mon frère qui est malheureux et perdu sans toi.

- Ce qui est dommage mais ne répond pas à mes questions. Cassandra, comment me trouves-tu ? Tu n'as jamais eu envie de moi ? Je ne te plais pas ?

- Maud, tu es très belle, très désirable. Mais tu es une femme. Et aussi la femme de mon frère. Cela clôt toute donc toute discussion. »

- Et alors ? N'est-ce pas ce côté interdit qui est le plus stimulant ? Cela ne t'ennuie donc pas de toujours rester sur le droit chemin, comme le dicte notre société bien-pensante ? La routine qui plombe notre quotidien...

Cassandra ne répond pas, trop abasourdie pour trouver une réplique efficace. Et cette lueur railleuse qu'elle a toujours au fond de ses yeux, mêlée à cette insolence si désarmante, la laisse plus que jamais perplexe. C'est alors qu'elle sent monter la colère, l'indignation, comme une tempête dévastatrice.

- Merde, Maud, y' en a marre, à quoi tu joues ? Je n'aime pas les femmes. Au cas où tu l'aurais oublié, je suis mariée, à ton frère. Alors, les conneries, ça suffit ! Tu perds ton temps !

D'un bond, elle se dresse. Elle est essoufflée. Elle déteste les conflits, et cette femme a le don de la mettre dans tous ses états.

Les tempes bourdonnantes, en rage, elle décide tout compte fait de fuir comme une voleuse, se dirige précipitamment vers la porte d'entrée. Souple et vive, Maud la dépasse, s'interposant devant elle. Elle la prend par surprise, avec une ardeur qui lui coupe le souffle. Cassandra se retrouve plaquée contre la cloison, collée à Maud qui l'enlace fougueusement, cherchant fiévreusement sa bouche.

- Non... est le seul mot que Cassandra arrive à articuler alors que leurs lèvres se frôlent.


Elle détourne la tête, juste à temps pour éviter le baiser fiévreux. C’est son visage qui se retrouve couvert d’embrassades goulues, avec une telle ardeur que Cassandra n’a pas la force de réagir.

Titubante, elle ne fait que reculer, coincée contre le mur, les fesses plaquées contre un petit bureau contre lequel elle s’accroche. Ivre de désir, Maud serre contre elle le jeune corps frémissant et souple. Avec la même fougue, elle ondule fébrilement en nouant les bras autour de son visage. Une telle frénésie se dégage dans son
empressement de la faire fléchir que Cassandra ne peut que protester par de petits gémissements, sans montrer toutefois de véritable rébellion. Elle est trop abasourdie, terrassée par un foisonnement d’émotions qui la laisse
sans force. Maud en profite pour la harceler de baisers affamés, sans lâcher prise. Elle l’étreint avec tant d’ardeur que le chemisier de Cassandra s’écarte, dévoilant son soutien-gorge. Cette découverte excite prodigieusement Maud qui se dépêche de dégrafer les boutons.

Les effluves frais et subtils qui montent de cette chair capiteuse lui chatouillent agréablement les narines et l’entraînent sur le chemin du plus irrésistible des sept péchés capitaux : la luxure. Cassandra réussit à se sortir de l’angle dans lequel elle était prisonnière pour partir à reculons. Une retraite chaotique alors que Maud reste accrochée à elle comme une sangsue. Cassandra en perd
l’équilibre et Maud en profite pour la plaquer contre les étagères. Le choc produit un bruit sourd et expulse l’air de ses poumons. Maud la capture ainsi entre elle et la bibliothèque, verrouillant la prise en posant ses mains de chaque côté de sa tête.

Elle recommence à la harceler de baisers sur le front, le visage, dévorant tout sur son passage, ses paupières fermées, son nez, son menton qu’elle mordille
sauvagement. Ses mains virevoltent avec une dextérité déconcertante, glissant sur son ventre nu.

De nouveau, Cassandra se retrouve sans force. Elle est effrayée. Non pas par les assauts déchaînés de Maud, mais par les effets que toutes ses attaques déclenchent chez elle. Une sourde faiblesse dont elle a honte. Éperdue, elle
cesse de résister. Puis, sans savoir comment, entrouvre ses lèvres pour sortir une langue timide.

Une invitation que saisit Maud avec impatience.

Leurs bouches se soudent brusquement l’une contre l’autre, s’ouvrant pour un baiser fougueux. Avides de se connaître, leurs lèvres se pressent impatiemment, se butinant avec une ardeur frénétique. Tandis qu’elles ne cessent de s’embrasser, elle passe la main sur ses fesses. Maud frémit de tout son être à cette caresse plus précise et se met à fouiller sa bouche d’une langue encore plus vorace. Le contact de cette peau qui vibre impatiemment la rend folle. Éperdue de volupté, Cassandra se met à ronronner comme une chatte en chaleur, torturée par un désir fugace qui charrie sous sa peau des ondes chaudes, lascives, descendant vers son bas-ventre et réclamant un assouvissement urgent. Le chemisier est complètement ouvert, rabattu sur ses épaules, et Maud en écarte davantage les pans pour caresser le dos cambré, remontant le long de la colonne vertébrale jusqu’à la nuque.

Cassandra a du mal à respirer, et s’écarte volontairement, facilitant le passage des mains qui glissent entre les deux corps, sur sa poitrine. Les mains rencontrent d’abord la pointe durcie d’un sein, que Maud fait gonfler
impitoyablement, faisant vite subir le même sort au fragile dard qui se dresse au bout de l’autre sein. Elle lui arrache son soutien-gorge, baissant aussitôt la tête pour saisir entre ses dents un sein qui, petit et insolent, se durcit de désir. Brancher Cassandra sur une prise électrique n’aurait pas eu un effet aussi spectaculaire. Elle s’enflamme littéralement, haletante, tremblante de la tête aux pieds. Sa frénésie a quelque chose d’effrayant, un choc qui rompt la
magie. Soudainement, Cassandra reprend contact avec la réalité. Cette dernière seconde, en fermant les yeux, l’image de son frère s’est imposée soudainement à son esprit, et elle sait qu’elle ne la quittera plus, obsédante, tenace, lourde de culpabilité. C’est violemment qu’elle repousse Maud par les épaules.
Celle-ci ne comprend plus. Le regard trouble de ses beaux yeux écartés ressemblent à une supplique.

Cassandra s’excuse.

- Maud, je ne peux pas… J’ai perdu la tête, pardonne moi, il faut qu’on arrête tout avant… avant de ne plus pouvoir faire marche arrière.
Maud tourne vers elle un visage attristé, la fixant de son regard implorant.

- Cassandra, ne fais pas ça, ne me repousse pas, jamais je ne m’en remettrai. Je t’en prie, fais-moi l’amour, j’en ai tellement envie !

Elle veut l’enlacer. Cassandra recule hâtivement. Maud lui bloque toujours le passage qui la mène à la porte d’entrée, sa seule issue, et du coup elle panique, le cerveau paralysé par une émotion trop forte pour trouver la moindre solution cohérente. Elle traverse le salon, poursuivie par Maud qui veut la retenir.

- Cassandra !

C’est un cri suppliant qui l’appelle. Cassandra ne préfère pas se retourner. Le faire serait signer sa perte. A moitié nue, la voilà qui coure dans le couloir, si paniquée qu’elle en perd le sens de l’orientation. Sans réfléchir, elle se précipite sur la première porte, l’ouvre violemment, la referme en tournant la clé dans la serrure. La lumière qui jaillit lorsqu’elle appuie sur l’interrupteur lui fait comprendre qu’elle est dans un bureau, avec étagères et armoires, bureau et ordinateur, dans un
décor sobre et chaleureux. Un large canapé est appuyé contre un mur.

Elle détourne les yeux de celui-ci, car l’envie de s’y rouler voluptueusement avec Maud est une tentation tout aussi brusque et pénible contre laquelle elle doit lutter.

Derrière elle, la poignée se met à tourner, Maud essaie de pousser la
porte.

- Cassandra, ouvre moi !

Celle-ci pose la main sur la clé. Sa main n’a jamais autant tremblé, et à la dernière seconde elle la retire vivement comme si elle venait d’être brûlée. Avec un soupir éperdu, elle s’adosse contre la porte. Non, non, elle ne doit pas ouvrir cette porte ! Le faire, c’est accepter l’inévitable, accepter sa défaite, et commettre un acte qu’elle regrettera toute sa vie. Elle entend faiblement la voix de Maud qui l’appelle, la supplie. Cassandra la désire avec une telle force que le seul son de sa voix, doux et in, lui donne la chair de poule. Une respiration oppressée résonne à ses oreilles, et il lui faut un certain temps pour comprendre que c’est la sienne. Sa poitrine se gonfle au point d’exploser. Les frissons qui la secouent la font claquer des dents nerveusement, et elle porte le poing à sa bouche, se mordant sauvagement, mais même la douleur ne peut atténuer ce désir impétueux qui la tenaille effroyablement. Elle a du mal à croire ce qui lui arrive. Elle se retrouve dans une situation qu’elle n’a jamais connue et l’idée de braver un interdit est l’aphrodisiaque le plus intense qu’elle connaisse. Jamais elle n’a ressenti une sensation si forte et si excitante.

De nouveau, Maud gratte à la porte.

- Je t’en prie. Laisse-moi entrer.

Bon sang, comme Cassandra en a envie. Faire pour la première fois l’amour à une femme, commettre un acte qui sort de l’ordinaire et de sa petite vie bien rangée. Goûter au fruit défendu. Une fois, une seule fois, une parenthèse enchantée dont elle se souviendrait plus tard avec un plaisir coupable. Avec la certitude de ne pas être déçue. Se laisser entraîner par une femme experte dans une frénésie de plaisirs la plonge dans des abîmes de sentiments contradictoires, entre désir et culpabilité. Le silence qui s’instaure lui permet de retrouver un peu ses esprits, de courte durée lorsque la voix de Maud se fait de nouveau entendre.

- Cassandra, excuse-moi, j’ai perdu la tête… Ouvre, j’ai retrouvé mes esprits, tu ne crains rien…

Cassandra a des doutes. La voilà qui, craintive et apeurée comme jamais elle ne l’a été, s’enquiert d’une voix blanche :

- C’est vrai, tu me le jures ?

- Promis. Je regrette… Ouvre, il faut qu’on parle…

Cassandra est sceptique. Le comportement irrationnel et passionnée de sa belle-sœur a de quoi l’inquiéter. Vraiment, elle ne sait pas si elle peut lui faire confiance alors qu’elle-même doute de ses propres réactions. La tension qui l’habite est si forte qu’elle a l’impression de perdre la raison. A cet instant, c’est le trou noir, le vide absolu, comme si son cerveau refusait de se rappeler le moment où la porte s’est ouverte.

Il n’y a aucun doute que c’est elle qui a tourné la clé dans la serrure, mais elle n’aura jamais aucun souvenir de ce geste, de cette seconde précise où son cerveau lui a dicté de céder à la tentation. Par contre, elle se souvient très bien de la suite. Maud est entrée, divine et lumineuse, totalement nue, la tentation incarnée. D’un geste autoritaire, elle la colle contre la porte de la chambre, la coinçant de tout son corps frémissant. C’est en haletant et en ayant perdue toute retenue qu’elles s’enlacent aussitôt étroitement, comme si elles voulaient se fondre l’une dans l’autre, se souder pour ne faire plus qu’un.

Cassandra se colle davantage en s’arc-boutant le dos au mur, remontant sa jambe droite pour la glisser entre les jambes de sa partenaire qui, vive comme une anguille, se frotte contre elle.

Entre-temps, leurs langues n’ont pas cessés de s’affoler goulûment dans un ballet de glissades mouillées, se dévorant avec une faim insatiable.

Le baiser dure une éternité, si enivrant qu’elles vacillent debout l’une contre l’autre, se cherchant de la bouche, de la langue, de leurs corps soudés qui se frottent et se consument malgré les vêtements froissés de Cassandra qui, vite, deviennent des obstacles dont il faut se débarrasser. Toutes les deux réalisent à cet instant que le désir est plus fort que toute raison, et que leur envie l’une de l’autre doit se concrétiser maintenant. Sans un mot, Maud lui prend la main pour l’amener sur le canapé. Là, elles s’assoient en tailleur, face à face. La folie qui s’était emparée d’elles s’est soudainement volatilisée.
L’instant est à la magie, la sensualité, qui se passe de mots. Maud soutient son regard, y pénètre, et elle y détecte une soumission complète, une attente docile. Son visage grave exprime les mêmes sentiments. Etrangement, Maud n’ose accomplir le premier geste, elle se sent pétrifiée, morte d’anxiété. Son cœur se met à cogner plus follement dans sa poitrine, elle en a la gorge sèche, les symptômes d’un émoi indescriptible qu’elle n’a pas ressentis depuis longtemps.
Alors, le corps noué par l’impatience, c’est Cassandra qui rompt le charme, enlève son pantalon, sa culotte, comme s’ils étaient en feu. Puis, nue, offerte et consentante, soulève doucement les bras et prend le visage de Maud entre ses mains. Ses lèvres s’entrouvrent en une invitation muette et tacite, ses jambes bougent et s’écartent dans l’impatience d’une volupté frémissante. Leurs yeux brûlants ne cessent de se dévorer du regard alors que les visages se rapprochent.

- Mon Dieu, qu’est-ce que je fais ? murmure Cassandra sans reconnaitre sa voix.

La fin de sa phrase s’étrangle quand les lèvres s’effleurent. Elles restent ainsi, bouche à bouche, savourant la caresse de leurs lèvres, et ce simple contact les fait vibrer de la tête aux pieds. Enfin, leurs langues se nouent, s’apprécient, se défient avec une ardeur qui se fait grandissante. Cassandra a vite la respiration suffocante. Une émotion que partage encore plus douloureusement Maud.

Ce baiser la transporte, l’enivre. Elle a vécu ce moment comme un
fantasme douloureux, si vif et intense, allant du plaisir aux remords, un mal délicieux qui la fouillait et l’emportait dans la plus brûlante volupté. Y succomber maintenant lui donne l’impression de transgresser un interdit, violer une règle sacrée, tomber dans un gouffre sans fin, où l’issue en sera une extase sans nom, irréversible. Maud, de ses mains tremblantes, lui caresse le visage avec ardeur, et le baiser devient encore plus profond, plus appliqué. Il dure une éternité. La tension qui possède Cassandra devient insoutenable, elle réclame des étreintes plus précises. Elle chevauche Maud et s’excite à se frotter sur elle.

Mais la nature dominatrice de Maud reprend vite le dessus et elle bascule sa partenaire sous elle. C’est avec délice qu’elle happe goulûment les pointes de ses seins, allant de l’un à l’autre avec
un sadisme raffiné, se plaisant à les titiller de la langue sans la moindre
retenue.

Et c’est avec la même espièglerie qu’elle joue un moment à la caresser au creux de l’aine, effleurant les poils pubiens, en prenant surtout garde de ne pas effec de gestes trop précis.

Mais la r si habilement lui devient vite aussi insoutenable. Maud cède à l’envie de passer à l’étape supérieure. Elle lui élève les jambes pour les écarter au maximum. Cassandra accueille l’initiative avec un soupir de soulagement.

Elle est au bord de l’orgasme et elle ne cesse de crier alors que Maud, au lieu de la soulager de cette tension érotique qui ne cesse de la faire
trembler, s’évertue à aspirer délicatement son clitoris, le titillant, le
faisant grossir, sans la moindre pitié… Elle sent que sa partenaire se crispe à l’approche d’un orgasme dévastateur et, sadique, se retire. Elle veut faire durer le plaisir, que cela soit un moment unique et éternel. Elle remonte sur elle, glisse sur la peau luisante de transpiration.

Le contact de son corps la fait sursauter violemment, ce qui fait bondir Cassandra à son tour.

Elle cherche aussitôt sa bouche, la trouve, et elles s’embrassent avidement, plus férocement qu’auparavant. Les corps collés sont traversés par la même fièvre érotique, affolés par cette incontrôlable exigence charnelle qu’il leur faut assouvir d’urgence. Elles continuent de se dévorer la bouche, aspirant leur souffle, échangeant leur haleine, avalant leurs salives, enroulant leurs langues. Maud s’accroche comme une éperdue à ses épaules, elles roulent l’une
sur l’autre en s’étreignant de plus belle. Cassandra en profite pour la coincer sous elle, décidée à prendre l’initiative des opérations. Elle lui caresse les seins avec passion, tantôt du bout des doigts ou les écrasant de ses paumes, pressant les petits mamelons vivants qui pointent orgueilleusement. Gémissante, Maud lui caresse le dos, les fesses. Cassandra abandonne ses seins pour glisser le long de son ventre, dessinant des courbes qui progressent lentement vers le bas. Maud râle sans discontinuer, se tord souplement, respire de plus en plus vite tandis que la main s’approche de l’objectif. Cassandra est surprise d’une telle réceptivité, comme si chaque millimètre de sa peau était autant de zones
érogènes. Elle vibre à chacune de ses caresses, sa chair frémit, son ventre se noue au plus léger effleurement de ses doigts. Elle lève son pubis, cherchant le contact de la main qui, avec un sadisme exaspérant, ne fait que frôler le pourtour soyeux. Cassandra joue avec elle, gardant ce parfait contrôle de soi-même, même s’il n’a jamais été aussi difficile de maîtriser ses sens littéralement enfiévrés. Elle ne peut toutefois retenir un cri voluptueux lorsque Maud, n’y tenant plus, lui saisit fermement sa main et l’oblige à la plaquer entre ses jambes. Elle veut la retirer, mais Maud l’en empêche, la gardant prisonnière dans l’étau de ses cuisses. Cassandra cède à ses envies. Sa surprise est totale lorsqu’elle se faufile dans une véritable source trempé qui
l’accueille goulûment, impatiemment. Ravie, elle gémit de satisfaction, et Maud y répond par un soupir extasié. Elle s’écarte toute entière pour mieux s’offrir au long va-et-vient des doigts qui la pénètrent.

Son bassin se décolle, allant au-devant de la caresse, s’accordant au rythme que sa partenaire lui impose.

Elle se met à haleter plus fort, agitant davantage les reins tandis que Cassandra accélère aussi la cadence. Maud est déjà au bord de l’orgasme, elle ne cesse de l’embrasser lorsqu’elle se met à se tortiller en tout sens, éblouie par une jouissance libératrice, dévastatrice, si intense qu’elle râle son plaisir longuement. Cassandra la contemple, observant l’expression de son visage, si blanc tout d’un coup, d’une pâleur touchante, fragile. L’orgasme semble la purifier, adoucissant ses traits ins dans un masque de volupté qui ne perd rien de sa grâce, de son innocence. Elle immobilise sa main, toujours retenue dans un fourreau chaud et mouillé qui se contracte nerveusement. Maud connaît un moment de soulagement, le sang afflue de nouveau à son visage. Son corps se détend, pour se nouer aussitôt après plus violemment alors que les doigts se remettent à bouger en elle. Cassandra la caresse savamment, réveillant une tempête impétueuse qui emporte tout sur son passage. Maud a le corps agité de mouvements spasmodiques. Elle se met à geindre, à hoqueter, à crier, puis à formuler des mots indistincts que Cassandra prend pour des encouragements. Avec des bonds véhéments, sa jeune aimante se soulève du sol pour se planter d’incroyables coups de reins contre les doigts qui s’introduisent au plus profond de son vagin.

- Oui, oui, encore, plus vite, plus vite ! rugit-elle d’une voix presque hystérique.

Soudain, elle cesse de la caresser. Maud pousse un long gémissement de frustration, se mordant les lèvres jusqu’au sang. Cassandra l’admire brièvement, satisfaite de l’effet voulu, consciente de sourire avec une joie perverse. Elle a émoustillé sa partenaire au plus haut point et c’est maintenant elle qui va en profiter.
Jamais elle n’a été aussi garce, aussi espiègle, avec une audace qui la
surprend encore. Hors d’elle, Maud se jette sur elle comme une furie. Ravie, Cassandra se retrouve coincée sur le canapé, écartelée, offerte… Un moment, elles se contemplent, les yeux dans les yeux, et le regard chaviré de Cassandra lui fait comprendre combien elle est soumise et consentante. Il n’en faut pas plus pour Maud pour continuer, avec l’envie de donner plus de plaisir, un plaisir inouï, au-delà de toute raison. Elle se laisse glisser le long de son corps, descendant en une caresse à fleur de peau, piquetant de légers baisers la progression sur le ventre lisse, concave, puis contournant le nombril. Du bout de la langue, elle lèche délicatement le ventre jusqu’à la naissance du pubis, glisse sur l’aine. Cassandra se cambre d’un coup en un arc tendu quand elle enfouit la tête entre ses jambes, jouant avec les mèches des cheveux qui glissent sur son bas-ventre en une caresse sophistiquée. Sa bouche s’introduit enfin dans une secrète moiteur, frôlant la chair sensible du clitoris, ce qui la fait trembler de tout son corps. Ses dents mordillent sa toison brune avec un raffinement si exquis que, comme dans un rêve, elle l’entend crier avec volupté. Excitée de la savoir si ouverte et réceptive, Maud s’attaque sérieusement au sensible bourgeon qui se gonfle à la commissure de sa féminité éclose. Cassandra, avec un râle surpris, enfonce sauvagement ses ongles dans les épaules nues. Maud commence à gémir, emportée elle aussi par cette frénésie contagieuse.

Elle délaisse un instant le clitoris et glisse dans le sillon mouillé, aussi loin que possible. Elle n’existe plus que par le mouvement de sa langue qui se fraie un passage, explorant, tournoyant, perçant, agaçant avec cet art et cette connaissance innées que seules les femmes semblent posséder pour allumer le désir d’une autre femme. Cassandra vibre à en perdre l’âme.
Sans aucun contrôle sur elle-même, sa croupe accentue les profonds mouvements de houle qui l’agitent. Elle en vient à se contorsionner comme une perdue, battant follement des bras avant de saisir la tête qu’elle essaie de repousser, comme si elle avait peur d’une jouissance trop violente, redoutant les effets d’un orgasme redoutable qui la damnerait pour l’éternité. Tout son corps frémit malgré ses efforts pour repousser son plaisir. Elle se crispe soudain, et Maud devine vite qu’elle ne résistera pas longtemps. Elle accélère la pression de sa bouche et la vibration de sa langue avec plus de vivacité. Cassandra lui empoigne à pleines mains les cheveux, y enfonce ses doigts, puis plaque davantage son bas-ventre contre la bouche active. Et c’est l’explosion fulgurante, une tornade ravageuse qui la bouscule avec une force fabuleuse, l’ébranle toute entière. Cassandra est incapable de contenir les spasmes qui ne cessent de l’anéantir, se vidant sans retenue sur la bouche gourmande qui, ayant perçue les contractions annonciatrices de l’orgasme, a redoublé d’efforts pour laper jusqu’à la dernière goutte le calice capiteux dont elle se désaltère avidement. Maud tire à pleins doigts la peau de chaque côté du sexe en feu, s’enfonçant plus en amont. Cassandra doit avoir l’impression d’être bue jusqu’au cœur, s’accrochant toujours à sa partenaire, accompagnant les mouvements de la tête pendant que son bassin ondule. Maud prolonge l’orgasme, ainsi que le deuxième qui se déclenche aussitôt après, aussi longtemps qu’elle
le peut. Cassandra finit par retomber mollement sur le lit, le corps secoué des derniers spasmes. Elle attire à elle sa complice, déposant avec tendresse un baiser sur ses lèvres. Eperdue de reconnaissance, elle enfonce ensuite dans sa bouche une langue frétillante, y recueillant sa propre saveur secrète. Maud s’écarte, lui laissant une minute de répit, laissant à cette bourrasque fougueuse le temps de s’apaiser. Elle tremble encore, avec sur son visage tout le bonheur du monde, un sourire in qui irradie et sublime la perfection de ses traits. Bouleversée par sa beauté, Maud lui sourit, puis pose sa tête plus bas, entre la tiédeur réconfortante de ses seins. Elle a le ventre en feu, les sens en ébullition, torturée par une fièvre indescriptible. Elle tourne la tête, saisissant entre ses lèvres le téton du sein gauche qu’elle se met à sucer avec gourmandise. En même temps, elle se frotte langoureusement contre elle, de souples mouvements du bassin, puis finit par l’embrasser dans le cou pour remonter jusqu’à sa bouche. Cassandra a récupéré ses forces et, déjà échauffée, répond à ses appels, répond à son baiser.

- Maud, c’est affreux, j’ai encore envie de faire l’amour ! avoue t- elle avec un petit rire nerveux.

Elle change de position, la bascule sur elle, l’obligeant à se présenter de dos, fesses offertes. Et elle lui fait ce qu’elle n’a jamais fait à personne. En transe, elle plonge sa langue dans la raie des fesses, lèche de bas en haut.
Cette caresse fait l’effet d’une bombe à Maud. Elle hurle son plaisir. La
supplie de continuer.


Cassandra ne se fait pas prier et sa langue écarte la fente,
la fouille, s’insinuant dans tous les coins. Secouée par l’orgasme, Maud
se soulève et se trémousse. La langue de Cassandra reprend son mouvement de bas en haut, mais avec plus de force, de vigueur,
lui dévorant allègrement l’anus. Maud relève encore plus sa croupe,
offrant ses fesses à son amie. Encouragée, Cassandra lubrifie son majeur avec la cyprine dégoulinante de son amante et présente son doigt à l’entrée de l ’anus. Elle appuie légèrement et le trou se détend, s’écarte. Cassandra geint à son tour quand elle constate l’effet procuré. Maud entame un long mouvement avec ses fesses qui aspire le doigt tout entier vers l’intérieur. Sadique, elle le ressort pour le replonger aussitôt, plus loin. Puis, accentuant son mouvement de va et vient, glisse son autre main à l’entrée du pubis trempé, introduisant par surprise deux doigts dans le sexe en feu. Une double pénétration qui arrache à Maud un cri de bête terrassée. Cassandra l’achève en se contorsionnant, se
glissant sous elle pour lui butiner le sexe à pleine bouche.

L’orgasme prend fin dans un concert de cris et de gémissements. Puis, sans force, Maud se laisse tomber dans les bras de son amante.

Elles se contemplent en silence, ébahies, reconnaissantes. La plus surprise est Cassandra. Jamais elle ne s’est laissé aller à de telles extrémités, sans aucune pudeur. Pour elle, c’est un choc. La révélation. Réduisant à néant sa petite vie trop tranquille, trop sage.

Comme le font souvent les gens qui sont trop raisonnables et qui, brusquement, commettent l’irréparable, elle a été beaucoup trop loin… Avec la certitude de ne plus pouvoir s’en passer, recommencer à la première occasion.

Sa vie ne sera plus jamais comme avant. Effrayée, elle enlace Maud de toutes ses forces, comme une noyée. Celle-ci répond à son étreinte, comme si sa vie aussi en dépendait.

Elles se bercent, se cajolent, se réconfortent dans l’enclos de leur corps encore luisant de transpiration.

Se toucher, se sentir, se tenir…

Pour la dernière fois ?

Ou au contraire pour un nouveau départ ?

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