Clotaire Et Pierre - Septième Épisode

Sept et heures et demi. L’heure de se lever : le premier cours de la journée devait commencer un peu moins de deux heures plus tard. Pierre ouvrait péniblement les yeux ; il faut reconnaître que pour tout un chacun, il est peu agréable se lever pour une journée de travail s’annonçant bien longue… Une fois suffisamment réveillé pour se saisir de tous ses esprits, Pierre se rendit compte qu’il était seul dans le lit : son amoureux n’était plus là. Dubitatif, le jeune homme, vêtu de son seul caleçon, se leva pour quitter la chambre afin de gagner le salon. Peut-être que son hôte s’y trouvait… Après tout, pourquoi Clotaire aurait-il quitté son appartement sans un mot, sans l’en avoir averti ? Et surtout… Pourquoi diable Clotaire ne l’a-t-il pas réveillé ? Voulait-il s’isoler un peu ? Tout cela le laissait perplexe et de si bon matin, cela avait de quoi l’agacer un peu.

En pénétrant dans le salon, il eut la surprise de constater que le petit déjeuner était prêt. Sur la petite table basse, il y avait deux bols, l’un empli de céréales Cruesli, l’autre de café ; il y avait, en outre, quelques Krisprolls, de la confiture aux fruits rouges et deux verres emplis de jus d’orange. Pierre constatait avec bonheur que Clotaire n’avait pas vraiment disparu : il s’est juste absenté pour préparer leur premier petit déjeuner en amoureux. Il faut le reconnaître, l’attention était particulièrement délicate et Pierre en était absolument sensible. Il voulait remercier son petit ami pour cela mais il ne semblait pas être dans les parages. Tout à coup…

- Bonjour, bel homme ! Si vous voulez bien vous donner la peine de vous asseoir pour combler votre appétit matinal…, lança Clotaire arrivé par derrière pour enlacer son invité.
- T’es adorable, vraiment… C’est… Je me sens bête devant ça, moi, balbutia, ému, Pierre, encore touché par ce geste d’affection plus que de courtoisie.
- Fais-moi simplement plaisir en acceptant de partager ce repas avec moi, répondit Clotaire en posant délicatement un baiser sur la joue de son compagnon.



Sans attendre plus longtemps, Pierre s’était assis sur le canapé tandis que Clotaire prenait place dans le fauteuil bordant la table basse. Il était déjà habillé et semblait avoir déjà fait sa toilette ; malgré cela, la chemise à carreaux qu’il portait était encore ouverte et bientôt, Pierre ne put s’empêcher, bien malgré lui, de se trouver excité par pareille vue…

- Eh bien… Déjà ! rigola Clotaire, assez fier de l’effet qu’il produisait sur Pierre.
- Excuse-moi, répondit celui-ci un peu gêné, je vais enfiler un pantalon et je reviens, d’ac ?
- Oh, je ne me plains pas, ne t’en fais pas ! Au contraire, c’est très agréable de te mater dans cette posture…
- Tu ne me dirais pas cela pour me faire plaisir, quand même ?
- Eh bien je pense que tu peux faire la différence entre un compliment facile et une remarque sincère !

Les deux jeunes hommes se mirent à rire comme deux s complices tout en poursuivant leur petit déjeuner. L’heure tournait, et il ne leur restait plus qu’une heure avant de retrouver le chemin des cours, mais ils n’en avaient cure : c’était leur premier petit déjeuner en commun et ils étaient si heureux que même Clotaire, naguère absorbé par le travail, ne paraissait pas pressé.

Entre deux Krisprolls couverts de confiture de fruits rouges et deux gorgées de jus d’orange, ils parlaient (enfin !) de leur exposé, convenant qu’ils devaient absolument s’y consacrer car leur travail, il est vrai, n’avait pas franchement avancé. Ils évoquaient également les prochaines vacances, Pierre avouant à Clotaire qu’il était très impatient de les commencer à ses côtés, chez lui, sur la côte normande, lequel lui répondit par un sourire approbateur.

Le petit déjeuner terminé, Pierre se proposa pour aider Clotaire à ranger, ce à quoi ce dernier s’opposa assez fermement.

- Ah non ! Dans ma famille, on nous impose d’honorer l’invité jusqu’au dernier instant. Toi, tu vas te préparer dans la salle de bains, je te rejoins de suite.

- Mais… Tu ne t’es pas déjà lavé ?
- Si… Mais pour toi, je peux bien prendre une deuxième douche…
- …
- Sauf si, bien sûr, tu trouves qu’à la longue, j’en fais un peu trop…
- Tu plaisantes ? J’en rêve depuis que je suis réveillé ! Dépêche-toi de ranger cette maudite vaisselle et cours me rejoindre sous la douche ! J’ai très, très envie de toi !

Sans plus attendre, Clotaire se pressa de ranger les bols et les verres dans le lave-vaisselle afin de retrouver son partenaire dans la salle de bains. Après avoir fermé la porte, il découvrit celui-ci complètement nu, le sexe au garde-à-vous, le regard lubrique… Une créature attendant impatiemment ce moment, dirait-on.

Très excité par un tel spectacle, Clotaire s’avança progressivement vers Pierre puis, sans un seul mot, lui saisit les deux joues pour l’attirer vers lui afin de l’embrasser passionnément, liant sa langue à la sienne. Pendant ce temps, Pierre posa sa main sur les attributs de son homme, encore dissimulés par son pantalon qu’il commençait à enlever. Bientôt, le caleçon allait être le seul obstacle l’empêchant de saisir cette queue qu’il désirait tant et il ne lui fallut que peu de temps pour que tous les deux se retrouvent face-à-face, complètement nus, prêts à se faire plaisir sous la douche.

Sous une eau bien chaude, aussi chaude qu’ils n’étaient tous deux, les deux jeunes hommes se caressaient sensuellement, Pierre, de ses doigts bien fins, effleurait les couilles de son étalon tandis que celui-ci parcourait, de ses main, les cheveux puis la nuque et enfin le dos de son partenaire avant de laisser ses doigts jouer avec les fesses, puis le trou de Pierre. Lentement, Clotaire inséra un doigt, puis deux dans le trou de Pierre qui, gémissant, cessait alors de s’occuper du corps de son hôte pour s’abandonner entièrement à lui.

Alors que Clotaire, intensément concentré, poursuivait ses caresses digitales, Pierre, n’en pouvant plus, tout à fait excité, mordillait l’oreille de son amant avant de contacter, avec ses lèvres, la peau de celui-ci, pour finalement les poser sur celles de Clotaire qui allait plus loin en joignant sa langue à celle de Pierre.
Ce dernier devait initialement prendre sa douche, mais il n’avait pas une seule fois pris la peine d’user du gel puisque une fois sous l’eau, il entreprenait, très bien d’ailleurs, de satisfaire son homme.

A présent, tous les deux liaient leurs deux queues pour les masturber mutuellement, tout en étant liés par un langoureux baiser accompagné de caresses absolument divines et subtiles. Dans ce contexte, ni l’un ni l’autre ne purent tenir bien longtemps : Pierre avait joui le premier, très rapidement suivi de Clotaire, qui lâcha une impressionnante coulée de semence projetée jusqu’à la porte, bien embuée, de la douche. Pierre, la main encore couverte de son propre sperme auquel était lié celui, tout chaud, de son compagnon, lui offrit un dernier baiser empli de tendresse, auquel Clotaire répliqua en le prenant amoureusement dans ses bras.

- Dis-moi… Il ne serait pas temps d’aller à la fac ? demanda spontanément Pierre
- Oh merde ! J’avais complètement oublié… Habille-toi donc, on va finir par être en retard !
- Euh… Tu peux me prêter deux ou trois affaires du coup ? C’est que je ne veux pas venir avec mes fringues d’hier.
- Oui, je sais, on en a parlé ; reste-là, je vais te chercher ce qu’il te faut.

En quelques instants, Clotaire était revenu dans la salle de bain pour donner à son invité quelques vêtements propres ; une chemise bleu ciel, une veste clair, un pantalon sombre… Une fois vêtu, Pierre était surpris par un rapide baiser donné par son compagnon, qui semblait assez pressé, tant le temps défilait. Sans un mot, le pas rapide, tous les deux quittèrent l’appartement de Clotaire pour descendre les marches de l’escalier en trombe.

Les deux jeunes amants pressaient le pas pour prendre le métro puis entraient finalement à pied. Tout à coup, Clotaire semblait déjà assez distant ; cela étant, Pierre n’en fut pas si surpris que cela… Tous les deux avaient des réticences à assumer leur liaison et pour autant que cela soit, ni l’un ni l’autre n’avait promis de révéler leur histoire au grand jour à quiconque.
Évidemment, il ne s’agit ici que de leur position « officielle » ; car en réalité, tous les deux avaient, au fond d’eux-mêmes, très envie de montrer leur couple au public : se tenir la main, s’embrasser, faire montre de gestes tendres, afficher leur complicité… En somme, faire ce que tout couple aurait le droit de faire dans une société civilisée digne de ce nom. Mais pour le moment, il semblait « aller de soi » qu’il valait mieux éviter de montrer leur amour. Tous les deux le regrettèrent bien sûr, mais ni Clotaire ni Pierre n’osait l’avouer l’un à l’autre.

Tous les deux pénétrèrent essoufflés dans l’amphi, sous le regard cinglant de madame Elvire Erik, le professeur du cours intitulé « Histoire des institutions » ; un cours au demeurant passionnant tant cette belle femme de cinquante ans, mais bien conservée au point d’en faire dix ou quinze de moins, usait d’un charisme efficace sur ses élèves. Malgré ses airs sévères accentués par les tenues noires qu’elle portait continuellement, c’était une femme séduisante, au sourire enjôleur ; dans la promotion, bien des jeunes hommes n’auraient pas refusé les avances de cette enseignante qui, bien que plus âgée qu’eux, ne manquait pas d’atouts physiques et personnels.

Mais madame Erik, hélas, avait un défaut : elle ne supportait absolument pas les retards ni les perturbateurs de son cours, si bien qu’il suffisait pour un étudiant d’ouvrir la bouche sans son autorisation pour qu’il soit prié, séance tenante, de prendre ses affaires avant de franchir la porte. Et bien que sa sympathie, généralement bien appuyée, pour Clotaire soit un fait de notoriété public, elle n’entendait, cette fois-ci, pas lui donner le moindre traitement de faveur. Un retard est un retard, après tout…

- C’est pour quoi ? fit semblant de demander madame Erik sous les rires étouffés de quelques élèves.
- Excu…, commença Pierre.
- Nous vous prions de nous excuser pour notre retard, coupa Clotaire, mais nous le devons à… une bien mauvaise circulation, répondit le jeune homme, assez troublé par ce qui semblait être le premier retard de sa vie toute entière.
- C’est un motif assez compréhensif… Cela dit, la circulation devait être franchement mauvaise : cela fait déjà une heure et dix-huit minutes que ce cours a débuté !

Cette fois-ci, les étudiants assis dans l’amphi ne purent contenir leurs rires, tant l’humour de leur enseignante les comblait. Et puis voir le « favori » des professeurs être ainsi taillé par l’un d’eux devant un tel public provoquait, il est vrai, une certaine satisfaction.

- Vous serez bien inspirés, la prochaine fois, de vous lever, l’un et l’autre, entre trois et cinq heures du matin pour être certains d’arriver à l’heure en cours. Maintenant, dépensez votre temps comme vous l’entendez, mais quittez les lieux ; vous n’êtes pas admis ce matin.

Les deux jeunes hommes, toujours sous les rires de leurs camarades, commençaient à tourner les talons, quand madame Erik les coupa dans leur élan.

- Quant à vous, Clotaire, je dois vous parler à propos du T.D. Je vais m’entretenir avec vous juste avant le début de la séance de cet après-midi.

En guise d’approbation, Clotaire se contenta d’incliner légèrement la tête avant de suivre son compagnon qui, lui, n’avait pas attendu très longtemps pour franchir la porte de sortie.

Sans s’échanger un mot, pas même un regard, les deux garçons quittèrent les lieux, presque sur la pointe des pieds, pour s’isoler rapidement dans un petit couloir sombre. Très proches l’un de l’autre, ils s’échangeaient tous les deux un sourire que la pénombre environnante semblait protéger des curieux.

- Quelle peau de vache, cette prof… Je n’ai jamais été capable de la supporter, souffla Pierre comme un petit chenapan tonnant contre une punition toute récente.
- Non, je pense qu’elle n’a pas eu tord de nous virer, tempéra Clotaire. J’aurais dû surveiller l’heure…
- Mouais… En tout cas…
- Oui ?
- Eh bien… Maintenant qu’il nous reste un peu moins d’une heure de libre, on pourrait…
- De quoi ?
- Roh ! Tu le fais exprès ou quoi ?
- Oui… Enfin, là pour le coup, je ne suis pas très chaud…
- Tu te fous de moi ? Sous la douche, tu ne sortais pas le même discours !
- Mon Dieu ! Je vois enfin ce que tu veux dire…
- Ah ! Pas trop tôt, rigola Pierre en approchant ses lèvres de celles de Clotaire.
- Puisque nous avons une heure devant nous, profitons-en pour nous consacrer à l’exposé…
Contrit. Pierre était contrit par le comportement de son mec. Il n’était plus avec son amoureux mais avec un simple camarade de promo. Finalement, tout semblait recommencer à zéro. De quoi décevoir le jeune homme qui maudissait ce fichu exposé qui, certes, lui avait permis de rencontrer Clotaire, mais qui n’allait pas les lâcher de sitôt. Cet exposé, se dit-il, c’est comme un chien refusant de lâcher un os de ses crocs…

Contrairement à la précédente fois, Clotaire était, quant à lui, tout à fait content, de bonne humeur. De temps en temps, il jetait un petit regard vers son camarade avant de lui tapoter l’épaule en l’aguichant d’un sourire, comme s’il cherchait à le consoler comme il le pouvait de ne pouvoir lui donner satisfaction. Mais quelque chose en lui le poussait résolument à bosser sur cet exposé. D’autant que le sujet lui plaisait énormément.

Une fois le tourniquet de la bibliothèque franchie, les deux jeunes hommes entrèrent dans le vestibule de l’immense bibliothèque universitaire. C’est assez rare pour être souligné, mais cette bibliothèque était très appréciée des étudiants : grande, spacieuse et très confortable, elle offrait une vue magnifique sur le campus universitaire ; quand une lecture pouvait être poussive pour un étudiant peu concentré, celui-ci pouvait lever ses yeux et les tourner vers le côté pour apercevoir les autres étudiants se promener sur les chemins étendus du campus, lesquels bordèrent un vaste jardin qu’appréciaient celles et ceux qui s’allongeaient sur celui-ci quand venait le soleil frais.

Faisant l’effort de parler tout bas pour ne pas avoir à subir les réprimandes de l’une des quatre documentalistes qui tenaient l’accueil, Clotaire, tel un général s’adressant à l’un de ses lieutenants, donnait déjà quelques consignes.

- Le Royaume-Uni, la France et l’Italie : ce sont les trois pays qui nous intéressent. Disons que je vais m’occuper de la France et de l’Italie ; quant à toi, tu pourrais t’occuper du Royaume-Uni…
- Écoute, je…
- Allons, Pierre… Reconnaissons-le : cet exposé traîne en longueur, c’en est sidérant !
- Oui, t’as raison…
- Et puis… Dis-toi que… Quand ce sera terminé… Eh bien, nous saurons fêter ça dignement, chuchota Clotaire en adressant à son partenaire un rapide clin d’œil.

Sur ces mots, tous les deux se séparèrent pour trouver les livres pouvant nourrir dûment leur exposé. Comme chacun le sait désormais, Pierre n’était pas un étudiant très sérieux ; c’est donc avec une assez mauvaise volonté qu’il s’appliquait à chercher les livres concernant, entre autres choses, le système parlementaire britannique, les relations entre la Couronne et le Parlement de Westminster, les prérogatives du gouvernement… Des choses qui, sans l’ennuyer à mort, lui faisaient un peu mal à la tête !

C’était tout autre chose pour Clotaire : lui se faisait une joie d’écolier de parcourir les rayons des bibliothèques pour choper, les uns après les autres, des ouvrages propres aux institutions de la Ve République, au bicamérisme, aux entités régionales… En moins de cinq minutes, il avait déjà les bras encombrés par une dizaine d’ouvrages volumineux qu’il était impatient de feuilleter, bien que cela ne lui aurait pas été si nécessaire que cela : féru de droit constitutionnel, il semblait connaître, au bout des doigts, toutes les formes d’institution propre à la République italienne. Quand il en discutait avec quelques camarades pour des travaux de groupe, tous étaient bluffés par sa culture générale, très enrichie sur ce sujet.

Au bout de dix minutes, à peu près, les deux garçons se retrouvaient tous les deux, juste devant une petite table du travail un peu plus à l’écart des autres et située à proximité d’une galerie vitrée qui donnait une pleine vue sur les couloirs inférieurs à l’étage de la bibliothèque, bondé d’étudiants qui venaient pour commencer leur journée de cours. En faisant le point, tous les deux ne purent s’empêcher de rire en constatant leurs piles de livres respectives : Clotaire avait ramené treize livres quand Pierre s’était contenté de trois bouquins… Et ce n’est pas ment leur épaisseur qui allait épuiser notre homme !

Sans plus attendre, tous les deux se mirent à travailler. Bien sûr, deux jeunes amants préféreraient se consacrer à des activités un peu plus divertissantes, mais malgré cela, tous les deux appréciaient l’instant. Ils étaient si amoureux que tout instant passé côte-à-côte était un délice à savourer avec bonheur, quand bien même serait-il lié au travail universitaire.


Pendant que Clotaire prenait plaisir à parler du sujet de leur travail, Pierre, la tête soutenue par sa main gauche, trouvait son bonheur en fixant son acolyte avec un regard qui devait avoir de quoi rendre perplexe. Il y avait dans ce regard une sincère admiration pour les connaissances particulièrement impressionnantes de cet étudiant chevronné et aguerri. Parfois, sans que cela ne soit trop visible, ils consentaient à s’effleurer, l’un et l’autre, leurs doigts ou leurs cuisses pour signifier combien le moment leur paraissait délicieux.

Cela devait faire déjà deux bonnes heures que Pierre et Clotaire planchaient sur cet exposé. Ils aimaient tellement ce moment partagé que le temps semblait être passé vite. Et puis tous deux se souvinrent que d’autres cours les attendaient pour la journée. Ni une ni deux, ils prirent leurs affaires, allèrent à l’accueil pour emprunter les livres dont ils avaient grand besoin pour poursuivre leur exposé, dont il faut souligner qu’il avait remarquablement avancé ; enfin, ils se hâtèrent pour gagner leurs cours respectifs ; Pierre avait cours de langue tandis que Clotaire se souvenait qu’il devait se rendre au T.D. d’Histoire des institutions.

Arrivé à l’étage, Clotaire, d’ordinaire assez flegmatique, s’essoufflait bruyamment jusqu’à la porte de la salle du cours de madame Erik qui n’allait pas tarder à la refermer derrière elle, n’ayant à peine distingué le jeune homme qui ne demandait pas mieux que de rentrer à son tour. Déjà, tous les étudiants avaient trouvé place pour s’asseoir. La salle était quasiment complète et Clotaire, par réflexe, leva les yeux vers le ciel tant il désespérait, comme tous les retardataires, de chercher avec peine le moindre espace pour suivre le cours.

Il ne l’avait pas encore remarqué mais, par chance, une petite place était libre, au beau milieu, de la salle. Sans prendre son temps, Clotaire se précipita vers elle, déposant sa sacoche et sortant son très chic bloc-notes, toujours impeccable malgré le nombre excessif de notes y étant étendues. En tournant légèrement la tête, cependant, il se rendit compte que son voisin n’était autre… que Cédric. Et par goût de la provocation, celui-ci n’avait pas trouvé mieux que de lui sourire un peu crânement, assez fier que les circonstances les aient placés côte-à-côte. Le cours de madame Erik pouvait commencer ; mais les deux jeunes hommes semblaient assez perturbés et ne paraissaient pas vraiment soucieux d’écouter attentivement la parole professorale. L’un se trouvait gêné, l’autre assez fier ; il y a encore quelques mois, ils étaient « amants d’un soir » et, tout récemment, Cédric était très tenté de remettre le couvert avec Clotaire. Il faut croire que le destin peut prendre plaisir à se jouer des gens…

Quant à Pierre, il débarqua avec fracas, comme à son habitude, au cours de langue espagnole. Pour sa plus grande joie, l’enseignante semblait être en retard. Il n’allait pas devoir supporter encore une réflexion vacharde liée à son retard. Puisque professeur il n’y avait pas, les étudiants, au nombre de douze, discutèrent de manière affable et bruyante jusqu’à ce que survienne un grand claquement de porte qui devait contraindre les élèves à se retourner pour faire face à l’arrivant. A leur plus grande surprise, ce n’était pas leur enseignante habituelle mais un jeune homme qui s’installa au bureau du professeur situé devant le tableau. Et toutes les jeunes femmes assises dans la salle n’en revenaient pas… Ce jeune enseignant provoqua un silence absolu décuplé par l’assurance qu’imposait celui qui devait être le professeur remplaçant.

- Bonjour à tous. Je m’appelle Alejandro Ridez Major et comme vous l’avez certainement deviné, je sui votre nouveau professeur de langue espagnole. Madame Dures n’est plus tout à fait en mesure d’assurer ses cours durant ce semestre et c’est pour cela que, désormais, je vais assurer ce cours de langue à sa place. Rassurez-vous, je vais me conformer à la méthode de travail de votre enseignante, je n’ai pas très envie de bouleverser votre schéma d’étude.

En fait, le petit discours introductif de ce professeur n’intéressait quasiment personne ; en tout cas, bien moins que l’enseignant en lui-même. Vêtu d’une petite chemise à carreaux couverte par un veston noir et d’un pantalon clair, monsieur Ridez Major, dont il est à peine utile de préciser qu’il est réellement espagnol de nationalité, était un très beau jeune homme aux cheveux bruns. Ils portaient de grandes lunettes qui corrigeaient le léger strabisme que quelques élèves parvenaient à constater lorsqu’ils le regardaient de face mais dans l’ensemble, celui-ci ne se voyait pas beaucoup. Il avait une peau quelque peu bronzé et dégageait quelque chose de tout à fait séduisant tant dans le ton, un peu corsé par un accent espagnol qui n’était pourtant pas flagrant, et dans l’allure assez masculine qui se trouvait être la sienne.

Les étudiantes, sans trop verser dans l’effet de caricature, étaient toutes ouïes, le regard pétillant et le sourire à peine dissimulé tant cet enseignant leur paraissait sexy. Dans l’assemblée, un étudiant, cependant, ressentait la même chose. Comme ses collègues féminines, il était attiré par la prestance de cet enseignant et déjà, il n’avait qu’une envie : que ce charmant professeur ne soit pas que provisoire… Cet étudiant, bien sûr, c’était Pierre.

[A suivre…]

Chers lecteurs, comme vous l’avez remarqué, j’ai mis du temps à rédiger la suite. La faute à quelques examens qui nécessitaient ma concentration et, surtout, d’intenses révisions. Je ne vous cache pas que la publication de mes récits sera sans doute moins prolifique, mais rassurez-vous, j’ai toujours très envie de poursuivre la rédaction des aventures de ces deux héros et ne vous inquiétez pas : la suite est à paraître bientôt. En espérant que cet épisode vous convienne ; n’hésitez pas à me faire part de vos réflexions, conseils, encouragements et critiques ; cela me motive davantage ;) ! Bien à vous…

Comments:

No comments!

Please sign up or log in to post a comment!