Histoire Des Libertines (2) : Le Temps Des Hétaïres.

Ce second texte de la série sur l’histoire des libertines, que j’ai commencée à écrire (avec le soutien actif de Philippe) et que j’enverrai à HdS en alternance avec la suite des textes « Philippe, le mari candauliste et Olga, l’épouse hypersexuelle », n’est pas une apologie de la prostitution, mais un rappel d’une société raffiné où une grande place était laissée au plaisir, ce qui ne veut pas dire que le sort de la femme y était idéal. Il faudra ensuite attendre longtemps pour que se retrouve une telle liberté de mœurs.
Le rapport à la sexualité et au plaisir, la place de la femme dans la société sont un point fondamental d’une civilisation. Ceux qui me suivent combien la civilisation de la Grèce ancienne m’est chère. Et comme il m’est arrivé souvent de me faire traiter d’hétaïre moderne, je me suis donc particulièrement intéressée à ce qu’étaient ces femmes et la place qu’elles ont occupée, en particulier à Athènes. Et, en effet, j’aurais en ces temps-là été hétaïre ! J’aurais aimé être la muse des philosophes, être la compagne de Périclès ou côtoyer Alexandre le grand. Et comme la belle Phryné, j’aime montrer mes jolis seins !
Pour ceux qui sont habitués aux textes de « Philippe, le mari candauliste et Olga, l’épouse hypersexuelle », ces récits historiques sont naturellement moins «hard » (encore que la description des frasques de Messaline ou Théodora valent bien des récits pornographiques). Ils s’appuient sur des textes d’historiens et de spécialistes. S’y ajoute la vision que j’ai des personnages, qui sont souvent pour moi de courageux précurseurs, des femmes courageuses, libres et qui l’ont souvent payé cher, y compris de leur vie et ont vu, ensuite leur mémoire maudite par un monde où le pouvoir appartient aux hommes et où ce sont des hommes qui écrivent l’histoire.
PENETRER OU ETRE PENETRE
A y regarder de plus près, les sociétés antiques avaient aussi leurs propres tabous et leurs propres codes. Éros et Cupidon, les dieux de l’amour grec et romain, ne pouvaient pas décocher leurs flèches n’importe où.

Décryptage de la sexualité de nos anciens, pour ne pas se tromper de cible…
Tout est une question de langage. La plupart des historiens de l’Antiquité font remarquer que les mots "homosexuel" comme "hétérosexuel" d’ailleurs n’existaient pas à l’époque en Grèce. L’homosexualité telle que nous nous la représentons aujourd’hui (un désir partagé entre deux adultes consentants de même sexe) est une construction moderne. Dans les anciennes Athènes, Sparte ou Thèbes, le vrai critère de différenciation entre les individus, c’est le statut et non l’orientation sexuelle. Même chose chez les anciens Romains. Ce sont des sociétés profondément inégales. Il y a, d'un côté, les citoyens mâles qui possèdent le pouvoir et qui pénètrent. Et de l'autre, "ceux qui sont pénétrés, tous les autres qui ne possèdent pas le pouvoir - les femmes, les garçons, les esclaves", indique Géraldine Puccini-Delbey dans son livre La vie sexuelle dans la Rome antique (éd. Tallandier, 2007).
L’homosexualité antique est donc à observer d’une tout autre manière. Chez les Grecs anciens, elle est avant tout un rite de passage initiatique qui marque l’intégration des jeunes hommes à la société des adultes. On est homo pour devenir adulte en somme. Et appartenir à la cité des hommes. Voilà qui a de quoi nous surprendre. N’oublions pas qu’à cette époque, "l’âge légal du mariage est d’environ 12 ans pour une fille, 14 pour un garçon. L’espérance de vie est d’environ 25 ans", comme le rappelle Géraldine Puccini-Delbey.
La première fonction de l’homosexualité masculine chez les anciens Grecs est presque "pédagogique" comme l’a montré l’historien Bernard Sergent. Ainsi, lorsqu’on regarde de plus près l’iconographie antique comme les célèbres vases grecs, on comprend assez vite qui fait quoi dans le couple. Le partenaire actif (qu’on appelle "éraste") est le plus âgé (souvent il porte la barbe), tandis que les adolescents (les "éromènes") tiennent le rôle passif.
Au Ve siècle av. J.-C., cette "pédérastie" antique était même pratiquée par le philosophe Socrate, dont le jeune et bel amant Alcibiade attirait beaucoup d’érastes de familles prestigieuses.
Cette fonction particulière de l’homosexualité antique ne pourrait plus être invoquée aujourd’hui. Elle serait même condamnée pour pédophilie. Alors qu’elle était la norme à une époque où l’homme de condition libre dominait toute la société. L’Antiquité, c’est un peu l’invention du machisme…
L’ART D’AIMER
Il n’empêche que nos anciens avaient des sentiments et que l’homosexualité antique n’était pas que rituelle. Elle était aussi érotique. Toute la statuaire antique en témoigne. Les plus belles fesses de marbre qui siègent aujourd’hui dans nos musées sont toujours celles des hommes. Pourquoi? Parce qu’à l’époque antique, "c’est une morale d’homme faite par et pour les hommes", affirmait le philosophe Michel Foucault dans sa célèbre Histoire de la sexualité.
L’idéal de la beauté en Grèce est avant tout masculin. Il célèbre la nudité de l’homme, qui est la seule à pouvoir s’exposer au stade, au gymnase ou aux thermes, des lieux exclusivement réservés à ces messieurs. On apprécie, comme le dit le poète Aristophane dans Les nuées, "la poitrine robuste, le teint vermeil, les épaules larges, le discours bref, la fesse rebondie et la verge menue". On comprend que les gros attirails ne sont pas valorisés dans la Grèce antique, mais plutôt signe de vulgarité. À l’agora comme aux banquets, ce sont les hommes qui se regardent et se désirent, dans une atmosphère de masculinité fortement érotique. Une sorte de paradis homo auquel même Zeus, le dieu des dieux, aurait cédé en étant séduit par le jeune Ganymède…
LES EPOUSES ET LES AUTRES
Et les femmes dans tout ça? Éros et Cupidon ne les épargnaient pas. Il faut imaginer que la plupart des histoires d’amour devaient avoir lieu entre les hommes et les femmes, même si ce sont les relations entre hommes qui étaient les plus valorisées. Il y avait deux catégories de femmes: les épouses (on y reviendra) et les autres - prostituées, danseuses ou musiciennes. Chez les anciens, la prostitution était totalement admise afin d’épargner les femmes mariées.
À Rome, on se rencontrait publiquement: au forum, sous les portiques, au théâtre ou bien au lupanar - le mot vient de lupa, "louve", surnom des prostituées antiques (et mère de Romulus et Remus qui fondèrent la cité)… À Athènes, les maisons closes étaient légion et leurs propriétaires devaient s’acquitter d’une taxe, le "pornikon" (qui donne son nom à la "pornographie" actuelle).
Au VIe siècle avant notre ère, le législateur et poète athénien Solon fit même élever un temple à Aphrodite "Pandemos" (la déesse de l’amour commune à tous) avec le fruit du "pornikon". On a retrouvé de nombreux graffitis pornographiques dans les bordels et les latrines publiques de Pompéi. La pire insulte qu’on y trouvait: être traité d’homo passif! La prostitution était très présente dans cette cité, à tel point que le XIXe siècle en a fait un lupanar géant, tant les sculptures de phallus ornaient la ville. Aujourd’hui, on revoit à la baisse la présence de ces priapes, dieux de la fécondité au sexe perpétuellement dressé, qui permettaient aussi de conjurer le mauvais sort… Le sexe a du bon.
Dans la Grèce antique, à côté des putains des bordels, on croise aussi des courtisanes (qu’on appelle "hétaïres"). Elles vivent souvent à Athènes ou à Corinthe, et maîtrisent l’art d’aimer ou de briller en société. Comme Aspasie de Milet, la maîtresse du stratège Périclès, qui tient salon à Athènes et s’entretient même avec Socrate. Mais cette apparente liberté sexuelle ne doit pas cacher la réalité du statut des femmes pendant l’Antiquité, que résume ainsi l’orateur Apollodore: "Les courtisanes, nous les avons pour le plaisir; les concubines, pour les soins de tous les jours; les épouses, pour avoir une descendance légitime et une gardienne fidèle du foyer"… On est loin des mœurs débridées affichées dans certains péplums.
PROSTITUTION ET HETAIRES.
La prostitution est une composante de la vie quotidienne des anciens Grecs dès l'époque archaïque. Dans les cités grecques les plus importantes et en particulier les ports, elle emploie une part non négligeable de la population et représente donc une activité économique de premier plan.
Elle est loin d'être clandestine : les cités ne la réprouvent pas et les maisons closes existent au grand jour. À Athènes, on attribue même au législateur légendaire Solon la création de lupanars étatiques à prix modérés, les dicterions. La prostitution concerne inégalement les deux sexes : femmes de tous âges et jeunes hommes se prostituent, pour une clientèle très majoritairement masculine.
Les Grecs n'éprouvaient pas de scrupule moral au recours courant à des prostituées. Parallèlement, les lois réprouvent très sévèrement les relations hors mariage avec une femme libre — dans le cas d'un adultère, le mari trompé a le droit de l'offenseur pris en flagrant délit — de même que le viol. L'âge moyen du mariage étant 30 ans pour les hommes, le jeune Athénien n'a pas d'autre choix, s'il veut avoir des relations hétérosexuelles, que de se tourner vers ses esclaves ou vers les prostituées.
L'existence d'une prostitution féminine à destination des femmes est mal attestée. L'Aristophane du Banquet de Platon le mentionne dans son célèbre mythe sur l'Amour. Pour lui, « les femmes issues des portions de femmes primitives n'ont pas grand goût pour les hommes : elles préfèrent les femmes, et c'est de là que viennent les hetairístriai ». Certains ont supposé qu'il s'agit de prostituées s'adressant à une clientèle lesbienne. Lucien de Samosate s'étend sur cette pratique dans son Dialogue des courtisanes.
Ces prostituées sont classées en plusieurs catégories. En bas de l'échelle se trouvent les πόρναι / pórnai, qui comme l'étymologie l'indique — le mot vient de πέρνημι / pérnêmi, « vendre » — sont généralement des esclaves, propriété du πορνοϐοσκός / pornoboskós ou proxénète, littéralement le « berger » des prostituées, qui acquitte une taxe sur le revenu qu'elles génèrent. Le propriétaire peut être un citoyen, pour qui il s'agit d'une source de revenus comme une autre. Théophraste cite le proxénète aux côtés de l'aubergiste et du collecteur d'impôts, dans une liste de professions ordinaires, bien que peu honorables. Le propriétaire peut être également un ou une métèque.
À l'époque classique, les filles sont des esclaves d'origine barbare ; à partir de l'époque hellénistique, s'y ajoutent les cas de jeunes filles exposées par leur père citoyen, considérées comme esclaves jusqu'à preuve du contraire. Ces prostituées travaillent dans des maisons closes, généralement dans des quartiers connus pour cette activité, tels que le Pirée (port d’Athènes) ou le Céramique à Athènes. Elles sont fréquentées par les marins et les citoyens pauvres.
À cette catégorie appartiennent les filles des bordels d'État athéniens. C'est Solon le législateur qui, prit l’initiative d’ouvrir des maisons de passe et d’y installer des jeunes femmes achetées. Ces bordels étatiques sont tenus par des gérants appelés pornobosceions15 et surveillés par des fonctionnaires. Ils jouissent du privilège d'inviolabilité et sont d'abord établis dans les ports pour une clientèle de marins. Les prostituées qui y travaillent s’appellent les dictériades. Dans cette même optique, Solon aurait érigé, grâce à la taxe levée sur les maisons closes (la pornikotelos), un temple à Aphrodite Pandémos.
Un cran au-dessus se trouvent les prostituées anciennes esclaves ayant acquis leur liberté. Leur statut est très proche des hetaira, les concubines. Ces prostituées sont d'origines diverses : femmes métèques ne trouvant pas d'autre emploi dans la cité d'arrivée, veuves pauvres, anciennes pornai ayant réussi à se racheter — souvent à crédit. À Athènes, elles doivent être enregistrées auprès de la cité et paient une taxe.
Une hétaïre, elle, est, dans la Grèce ancienne, une femme éduquée et de haut niveau social qui offre compagnie et services sexuels, souvent de manière non ponctuelle.
De manière littérale, le mot signifiait « bonne amie ». Elles possèdent généralement une éducation soignée et sont capables de prendre part à des conversations entre gens cultivés, par exemple lors des banquets. Seules entre toutes les femmes de Grèce, Spartiates exceptées, elles sont indépendantes et peuvent gérer leurs biens. La concubine reçoit des dons de quelques « compagnons » (hetairoi) ou « amis » (philoi), qui assurent son entretien, et à qui elle accorde ses faveurs. Il s'agit le plus souvent de métèques, comme Aspasie, originaire de Milet, ou Nééra, originaire de Corinthe.
Il est parfois difficile de distinguer les hétaïres des simples prostituées : dans les deux cas, la femme peut être libre ou esclave, autonome ou protégée par un souteneur7. Les auteurs semblent parfois employer les deux termes de manière indifférenciée. Certains spécialistes se sont donc interrogés sur la réalité de la distinction entre « hetaira » et « pornē » ; on s'est même demandé dans quelle mesure le terme hetaira n'était pas un simple euphémisme. Donc, sont-elles ou non prostituées ? La réponse est bien sûr : oui.
Quand la concubine était une Athénienne, comment la distinguait-on de la femme légitime, si ses s à elle aussi étaient considérés comme Athéniens ? Isée nous dit : « Ceux-là même qui donnent en concubinage des filles leur appartenant conviennent d'une somme qui sera versée à la concubine. » On peut concevoir que des Athéniens pauvres, incapables de doter leurs filles, leur aient fait contracter des unions de ce genre en exigeant seulement pour elles des avantages pécuniaires en cas de séparation. Au contraire, la femme légitime, elle, apportait ordinairement une dot à son mari.
Les courtisanes (hétai'rai), quand à elles, étaient principalement des esclaves. Elles se contentaient souvent d'une modeste rétribution d'une obole, alors que d'autres, les hétaïres de haut vol, coûtaient très cher à leurs amants. A l'époque hellénistique, des courtisanes réussirent même à se faire épouser par des princes et à devenir reines. Mais, dès le IVe siècle, la célèbre Phryné, Béotienne de Thespies, devint fort riche. Elle s'appelait en réalité Mnésarété, ce qui signifie « celle qui se souvient de la vertu ». Maîtresse de Praxitèle, elle lui servit de modèle, dit-on, pour plusieurs statues d'Aphrodite.
Il y avait à Athènes, au quartier du Céramique, mais surtout au Pirée, depuis l'époque de Solon, des maisons de prostitution ; une partie du profit des tenancières avait servi à édifier le temple d'Aphrodite Pandémos.
Ces courtisanes, libres ou cloîtrées, étaient-elles vraiment comme on le prétend, des femmes plus instruites et cultivées que les Athéniennes honnêtes? Cela reste douteux. De Phryné, on nous dit qu'elle était belle, mais non pas qu'elle était intelligente et cultivée comme Aspasie.
Il reste probable, cependant, que beaucoup de courtisanes avaient reçu une éducation plus libre et plus large que les bourgeoises d'Athènes, notamment en ce qui concerne la musi­que, le chant et la danse ; nombre de courtisanes venaient jouer du hautbois (aulos), chan­ter et danser dans les banquets. Certaines de ces hétaïres étaient très riches.
Il est parfois difficile de distinguer les hétaïres des simples prostituées : dans les deux cas, la femme peut être libre ou esclave, autonome ou protégée par un souteneur. Les auteurs semblent parfois employer les deux termes de manière indifférenciée. Certains spécialistes se sont donc interrogés sur la réalité de la distinction entre hetaira et pornē ; on s'est même demandé dans quelle mesure le terme hetaira n'était pas un simple euphémisme.
LES HETAIRES CELEBRES
Nous connaissons les noms d'un certain nombre de ces hétaïres. À l'époque classique, il y a ainsi Théodoté, compagne d'Alcibiade et de Cébès, avec qui Socrate dialogue dans les Mémorables ; ou encore Nééra, sujet d'un célèbre discours du pseudo-Démosthène ; Phryné, modèle de l'Aphrodite de Cnide — chef-d'œuvre de Praxitèle dont elle est la maîtresse, mais aussi compagne de l'orateur Hypéride, qui la défendra dans un procès en impiété ; Léontion, compagne d'Épicure et philosophe elle-même, et la proverbiale Laïs de Corinthe, amante régulière de Myron, à qui Aristippe voua une grande passion ruineuse. À l'époque hellénistique, on peut encore citer Pythonikè, maîtresse d'Harpale, trésorier d'Alexandre le Grand ou encore Thaïs, maîtresse d'Alexandre lui-même et de Ptolémée Ier après lui.
ASPASIE DE MILET, COMPAGNE DE PERICLES
Aspasie, née à Milet (Asie mineure) vers -470 et décédée vers -400 fut la compagne de Périclès. Courtisane cultivée, elle s'attira le respect de la plupart des grands hommes de son temps, en premier lieu Périclès ou encore Socrate, et acquit une grande influence sur la politique athénienne de son époque. Les écrits de Platon, Aristophane et Xénophon, entre autres, mentionnent son existence.
Selon la plupart des auteurs antiques et des historiens contemporains, Aspasie serait devenue hétaïre et aurait géré une maison close à son arrivée à Athènes. Courtisane de haut rang, recherchée autant pour ses talents intellectuels que pour ses attraits physiques, Aspasie porterait un nom professionnel signifiant « la bienvenue ». Plutarque, indique qu'elle tient une maison close de haut vol, formant de jeunes courtisanes au métier et attirant chez elle, grâce à sa grande culture, hommes politiques et philosophes. En société, Aspasie est réputée davantage pour sa conversation et les conseils qu'elle prodigue que pour sa seule beauté physique.
Elle rencontre Périclès, dans des circonstances qui demeurent inconnues ; il s'éprend d'elle et en fait sa maîtresse vers 450. Aspasie vit avec lui en tant que concubine (la loi athénienene ne lui permettait pas de l’épouser, car étrangère à Athènes), après son divorce d'avec sa femme, vers 445. Vers 440, Aspasie a de cette longue liaison un , Périclès le Jeune, que son père fait inscrire comme citoyen, malgré ses propres lois restreignant l'octroi de la citoyenneté aux s de deux citoyens athéniens uniquement. Elle dut être très jeune, dans la mesure où elle put encore donner un à son nouveau compagnon, Lysiclès, vers 428.
Les adversaires politiques de Périclès dénoncèrent l’influence d’Aspasie sur Périclès et sa politique. Aristophane lui fait même endosser la responsabilité de la guerre du Péloponnèse.
On l'accuse également de procurer des jeunes filles à Périclès. Sans doute en réponse à ces attaques, Plutarque insiste au contraire sur l'amour qui unit l'aristocrate à la courtisane : « chaque jour, dit-on, en quittant la maison puis en y revenant, au sortir de l'agora, il la prenait dans ses bras, en la couvrant de baisers ». Après les premiers revers de Périclès durant la guerre, ses ennemis espèrent l'atteindre par le biais d'Aspasie en attaquant cette dernière pour impiété. On visait par-là les conversations philosophiques qui se tiennent dans sa maison. Le poète comique Hermippos mène l'accusation et Périclès doit user de toute son influence pour la faire acquitter.
À la mort de Périclès, en 429, Aspasie fréquenta Lysiclès, que Plutarque nous décrit comme « un homme grossier par naissance et par éducation », marchand de moutons, mais, dit-il, Aspasie fit de lui « le premier homme d'Athènes ».
PHRYNE, LA PROSTITUEE SAUVEE PAR SA POITRINE
Phryné est née à Thespies, en Béotie au IVème siècle avant Jésus Christ. En vrai, elle ne s’appelle pas véritablement Phryné, un petit surnom qui signifie « Crapaud ». Non pas qu’elle soit laide, ou qu’elle ressemble à une grenouille, bien au contraire. En fait, c’est parce qu’elle avait le teint un peu jaune. Ce n’est pas sexy, mais ça n’a pas posé problème dans sa carrière. Son vrai nom c’est Mnésareté, qui signifie : qui se souvient de la vertu. On a dit qu’elle était la plus belle femme de Grèce.
Des bordels du Pirée aux banquets raffinés où elle séduit les amants les plus influents, de l'atelier de Praxitèle à l'Aréopage, où, accusée de pervertir la jeunesse athénienne, l'orateur Hypéride la sauvera en déchirant sa tunique, Phryné attise les passions par sa beauté envoûtante mais aussi par ses caprices prométhéens. Elle part ainsi à la conquête de son indépendance en défiant la morale et l'autorité des hommes, à une époque où la place des femmes dans la société ne différait guère de celle des esclaves ou des animaux.
Après avoir grandi en Béotie, elle décide de partir faire carrière à Athènes. Et ça va plutôt bien marcher pour elle, elle va rapidement se faire une place au milieu des artistes et gagner beaucoup d’argent. D’ailleurs, on raconte que c’est elle qui a servi de modèle pour la célèbre sculpture de Praxitèle : Aphrodite de Cnide.
Phryné se rapproche des puissants, des politiques, des artistes, des riches citoyens d’Athènes, et elle les fait payer cher. Très cher. Machon, un célèbre poète raconte qu’elle demande une mine pour passer la nuit avec un homme. Ça fait environ 600 grammes d’argent. Un autre raconte qu’en fait c’est 60 fois plus cher qu’une mine, mais plutôt un « talent », soit presque 26 kg d’argent… C’est beaucoup.
Callistrate explique que Phryné a proposé de reconstruire à ses frais les murailles de Thèbes qui ont été détruites par Alexandre le Grand en 336 avant notre ère à condition de faire inscrire : « Détruites par Alexandre, rebâties par Phryné, l’hétaïre ». Le projet n’a jamais abouti.
A Athènes, il y a les dieux athéniens. Alors que le dieu de Phryné, il vient de Thrace. Elle a un petit autel, fait quelques prières, et elle a créé une confrérie religieuse afin d’idolâtrer son Dieu mais aussi de corrompre les jeunes femmes. Phryné est alors mise en accusation devant un tribunal pour impiété.
On connait le sort qui fût réservé à Socrate pour la même accusation.
C’est l’orateur Hypéride qui va défendre Phryné, ils sont amants. Rapidement, la défense s’effondre. Phryné est en tort, elle n’a pas respecté les Dieux, ni les rituels pour éventuellement faire accepter son Dieu. Alors Hypéride, en fin avocat, décide de jouer le tout pour le tout. Il s’approche de Phryné et déchire sa tunique de sorte que les juges découvrent les seins de l’accusée. On raconte qu’à la vue de la poitrine de Phryné, cette dernière a été acquittée et conduite jusqu’au temple d’Aphrodite. Déesse de l’amour et de la sexualité…
THAIS, L’INCENDIAIRE DE PERSEPOLIS
Réputée à Athènes pour sa beauté, elle séduit notamment Ménandre, le poète comique, qui donne son nom à l'une de ses pièces. Elle accompagne Alexandre le Grand dans ses conquêtes en Asie. La tradition veut que ce soit elle qui, à l'issue d'une nuit orgiaque, met dans la main d'Alexandre la torche qui embrase Persépolis en 330 av. J.-C. À la mort du conquérant en 323 av. J.-C., elle devient la première épouse du futur roi d'Égypte, Ptolémée. Elle lui donne trois s : Lagos, Léontiscos et Irène qui épouse le roi de Chypre, Eunostos de Soles.

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