Histoire Des Libertines (6) : Agrippine La Terrible.

Agrippine la Jeune (née le 6 novembre 15 après JC et morte assassinée sur ordre de son fils en mars 59) est la fille du général romain Germanicus et d’Agrippine l’Aînée. Descendante directe de l’empereur Auguste, elle sera sœur, épouse et mère d’empereur.
Décidément, l’empereur Claude n’aura pas de chance avec ses épouses ! Autant on peut être fasciné (je le suis, je l’avoue) par le personnage de Messaline, autant celui d’Agrippine fait froid dans le dos. Si elle fut adultère et hypersexuelle, elle est aussi une grande criminelle, responsable de nombreux s et fut aussi ueuse (avec son frère Caligula et peut-être son fils Néron). Une terrible femme motivée par l’ambition et le pouvoir. C’était une femme très ambitieuse et pour arriver au pouvoir elle était prête à tout, elle était insatisfaite de sa vie et de la vie.

SON ENFANCE

Agrippine nait en Germanie. Alors qu’elle a deux ans, sa famille rentre à Rome et son père est accueilli triomphalement, popularité qui provoque la jalousie de l’empereur Tibère. Germanicus meurt en 19, probablement sur ordre de Tibère, et sa famille fait les frais de la jalousie de l’empereur. Deux frères d’Agrippine sont enfermés et leur mère est exilée ; tous trois meurent sans avoir retrouvé la liberté.

SON PREMIER MARI : UNE BRUTE

En 28, Tibère choisit Cneius Domitius Ahenobarbus (17-40) comme époux pour Agrippine, qui a alors treize ans. L’époux, Aheonobarbus, est certes issu d’une excellente famille, mais le marié a surtout 45 ans passés et est réputé pour sa grande brutalité. D'un naturel violent et débauché, il disait lui-même que de sa femme et lui il ne pouvait naître qu'un monstre.
Tout cela donne des éléments de compréhension pour appréhender la femme « froide et calculatrice » qu’elle allait devenir. Dès sa prime enfance, Agrippine la Jeune devait comprendre qu’il n’y avait que deux choses essentielles dans la vie : gouverner et rester en vie.


Les disputes conjugales sont fréquentes et Ahenobarbus aspire à s'éloigner de sa femme, qui, disons-le franchement, l'agace véritablement.
À Antium, le 15 décembre 37, Agrippine accouche d’un fils, Lucius Domitius Ahenobarbus, le futur Néron. C'est son seul .

LE PHILOSOPHE SENEQUE, SON 1er AMANT

Les historiens évoquent une longue stérilité psychologique d'Agrippine avant cette naissance (ou une stérilité physique de son mari, le géniteur de Néron pouvant être Sénèque, ce qui expliquerait pourquoi Agrippine le fait revenir d'exil en 49 et le nomme tuteur de Néron), Néron ayant été conçu, à quelques jours près, au moment de la mort de Tibère.

AGRIPPINE ET CALIGULA

Caligula qui devient empereur de Rome à 25 ans, il rappelle auprès de lui la seule famille qui lui reste, à savoir ses trois sœurs : Agrippine, Drusilla et Livilla II.
Selon les historiens romains, Caligula entretenait à cette époque des relations ueuses avec ses trois sœurs (la préférée étant Drusilla), et n’hésitait pas à les prosti à ses favoris. Au début du règne, les sœurs de l’empereur sont entourées d’honneurs à la cour.
Agrippine essaye de séduire son frère qui s'en lassera vite. Alors, une idée lui vient à l'esprit: séduire l'amant de l'empereur, Lépide, époux candauliste de Drusilla, la sœur tant aimée de l’empereur. Belle et charmante, elle réussit sans trop de mal et pactise même avec Lépide contre Caligula!
Lépide pouvait être considéré comme un héritier de Caligula qui n’avait pas d’ mâle. Il voulait le pouvoir. Découvert, il entraina Agrippine dans sa chute. En 39, accusées d’adultère et de complicité dans le complot de Marcus Aemilius Lepidus contre l’empereur, Agrippine et sa sœur Julia Livilla sont condamnées à l’exil sur les îles Pontines, exil qui dura jusqu’au principat de Claude en 41.

LA CONQUETE DU POUVOIR PAR AGRIPPINE LA DEBAUCHEE

Sur l'ordre de Claude, Agrippine et Livilla (qui sera assassinée sur ordre de Messsaline, car elle avait tenté de prendre sa place auprès de l’empereur) retournent à Rome.

Agrippine sera à nouveau exilée quelque temps, exilée en même temps que Sénèque accusé d’être son amant.
Veuve depuis l’an 40, Agrippine Elle voulut se remarier.
Elle fait scandale en aguichant des hommes mariés et parvient à ses fins avec le consul Passienus, qui divorce pour l’épouser ! Agrippine avait jeté son dévolu sur Galba, celui qui devait devenir empereur en 68, à la mort de Néron. Mais ce dernier était déjà marié et fidèle à sa femme, il ne voulait pas divorcer. Elle fut même giflée par la belle-mère du futur éphémère empereur !
Elle se retourna, alors, vers l'orateur Caius Sallustius Crispus Passienus, un homme immensément riche. Nouvel adultère puisque pour l’épouser Passienus dut divorcer de Domitia, sœur de l’ancien mari d’Agrippine, En 47 il meurt en laissant un héritage colossal à son beau-fils et des rumeurs accusent Agrippine de l'avoir empoisonné !
Elle découvre alors que sa grande ennemie Messaline, la femme de l’Empereur Claude, a tenté de faire assassiner Néron. Mais cette dernière est mise à mort après avoir été accusée de comploter contre son mari. La place est enfin libre pour Agrippine.
À la mort de Messaline en 48, Claude souhaite en effet se remarier, contrairement à ses déclarations faites juste après l’exécution de « l’impératrice-putain ». Plusieurs candidates s'affrontent, soutenues chacune par l’un des affranchis qui gouvernent Rome derrière Claude : Ælia Pætina soutenue par Narcisse, Lollia Paulina soutenue par Calliste et surtout, soutenue par Pallas, son amant, Agrippine, seul parti réellement digne de la maison impériale car issue de la dynastie des Julio-Claudiens.
Agrippine l’emporte, la liaison est d’abord officieuse par crainte que l’opinion condamne un e : Claude est en effet l’oncle d’Agrippine. Le mariage est officialisé en 49 grâce à un subterfuge. Vitellius fait voter une motion par le Sénat obligeant l’empereur à se remarier. Aussitôt, Claude se hâte de se conformer à la demande pressante du Sénat et du peuple romain.
Mais il ordonne aussi des sacrifices expiatoires par les pontifes pour l’e (« ce qui fit rire tout le monde », précise Tacite).
Agrippine obtient alors le retour d’exil de Sénèque qui avait été le précepteur de Lucius, et parvient à fiancer son fils avec Octavie, la fille de son propre époux. Mariage conclu en 53, mais jamais consommé. Par son influence auprès de l’empereur et ses manœuvres, Agrippine élimine ses rivales passées (Lollia Paulina, Domitia Lepida) ou potentielles (Calpurnia) et s’empare des richesses de plusieurs notables (Statilius Taurus).
Lollia Paulina avait été sa plus importante concurrente pour épouser Claude. On dit qu’elle se fit apporter sa tête et que pour bien l’identifier plongea les doigts dans sa bouche pour en inspecter la dentition, ce fait est rapporté par Dion Cassius. Elle fit se démettre de leur fonction les deux hommes qui occupaient la fonction de préfet du prétoire, trop proches de ce qu’il restait du clan de Messaline, pour les remplacer par un seul homme qui lui était dévoué : Burrus, probablement un de ses amants.
Elle est alors la maîtresse de Pallas, un affranchi richissime, proche conseiller de Claude. Toujours en 49, poussant son époux à imiter Auguste, elle obtient que son fils soit adopté par Claude et passe de la famille des Domitii à celle des Claudii : il prend alors le nom de Nero Claudius Caesar Drusus (abrégé en français en Néron) et devient le rival (plus âgé) de Britannicus, le fils de Claude et de Messaline. Britannicus est peu à peu isolé : tout est fait pour amener Néron au pouvoir.
En 50 elle obtient le titre d'Augusta. Agrippine estima qu’il était plus que temps pour son fils de régner. S’apercevant que Claude voyait en elle une arriviste doublée d’une femme violente qui voulait à toute force que son fils accède au trône impérial, des historiens ont même pensé que l’empereur regrettait de l’avoir épousée, elle décida de le supprimer. Elle agit avec la complicité du médecin de la cour : Xénophon de Cos, elle avait aussi soudoyé le goutteur de Claude, l’eunuque Halotus qui injecta le poison dans les champignons qu’ils venaient de tester, plat dont raffolait l’empereur.
Ce dernier ne mourut pas tout de suite. Le médecin, Xénophon (lui aussi amant d’Agrippine ?), dut employer une plume qui lui servait d’habitude à faire vomir les convives d’un banquet pour qu’ils puissent remanger ou boire, il l’empoisonna, la plaça au fond de l’auguste gorge. L’empereur fut divinisé et elle devint la prêtresse de son culte.

IMPERATRICE TUTELAIRE

Néron devenait empereur à moins de 17 ans et Agrippine réalisait son rêve, être impératrice mère. À toujours être sur le dos de son fils et à lui dire comment gouverner, il fallut moins d’un an à Agrippine pour se faire haïr de Néron et moins de 4 pour que celui-ci pense carrément à l’occire.
Pendant cinq ans, Néron, devenu empereur grâce à elle, supporte son autorité. Mais elle a décidé de régner : en tant que petite-fille et fille de généraux romains, elle compte de nombreux partisans dans l'armée et parvient à placer des hommes à elle à des postes importants.
Agrippine gouvernait en s’appuyant sur Sénèque, Burrus et Pallas. Les Romains considérant la femme comme une perpétuelle mineure donc irresponsable, elle ne pouvait franchir les portes de la Curie comme la loi le disait. Elle obligea donc son fils à convoquer le Sénat au palais impérial où elle pouvait l’écouter en se dissimulant derrière une tenture.
Devant l'omnipotence de sa mère, Néron, appuyé par Sénèque et le préfet du prétoire Burrus (dont le premier avait été l’amant d’Agrippine et donc le second avait peut-être aussi eu des relations avec elle), choisit de l'écarter du pouvoir. Si elle choisit de s'opposer à Néron, c'est un risque de guerre civile, mais elle prend malgré tout le parti de s'allier avec sa belle-fille Octavie menacée de répudiation et de s'opposer au mariage de son fils à sa maîtresse Poppée.
Néron ne supportait pas la pauvre Octavie. Il rencontra l’affranchie Acté. Agrippine redouta immédiatement l’influence qu’elle pouvait avoir sur son fils mais après un moment de colère, elle essaya de s’en faire une amie. Surtout lorsque surgit Poppée qui fut toujours son ennemie : « …sa passion pour Poppée devenait chaque jour plus ardente. Cette femme, qui voyait dans la vie d'Agrippine un obstacle à son mariage et au divorce d'Octavie, accusait le prince et le raillait tour à tour, l'appelant un pupille, un esclave des volontés d'autrui, qui se croyait empereur et n'était pas même libre. » Tacite, Annales, XIV, 1.
On a même dit que la nouvelle maitresse impériale aurait poussé son amant à sa mère.
Puis en 55 après J.C., Sénèque, Burrus et Néron voulurent s’affranchir de la tutelle de l’impératrice mère. Pallas, l’amant d’Agrippine, fut disgracié. Au printemps de cette année-là, Agrippine avait perdu entièrement son influence sur son fils. Pour marquer ce changement d’attitude, il priva sa mère de sa garde personnelle et elle dut quitter le palais impérial.
Face à cela, sa réponse est le chantage : elle se tourne vers le jeune Britannicus, âgé maintenant de quatorze ans et affirme qu’il est le meilleur héritier de Claude. Prenant alors conscience du danger que celui-ci représente, Néron le fait empoisonner en plein milieu d’un banquet familial sous les yeux médusés de sa mère et de son épouse. L’Empereur commence à devenir hors de contrôle.
Au printemps 55 apr. J.-C., Agrippine ne peut plus paraître dans les rues de Rome sans être insultée ou raillée. Elle, la femme la plus puissante de l'Empire, du moins en théorie, est à présent une paria. Elle, que l'on craignait quelques semaines auparavant, est contrainte de se retrancher dans ses villas de plaisance. Cette chute vertigineuse, elle la doit à celui qu'elle a porté au pouvoir : son fils.
Elle tenta de retrouver son influence par tous les moyens, y compris l’e. Entre 56 et 58 après J.C., des rumeurs se firent de plus en plus insistantes disant que la mère et le fils avaient des relations ueuses. Tacite évoque ce fait par l’intermédiaire du témoignage de Fabius Rusticus, un ami de Sénèque. Certains affirment que cette relation infâme fut consommée.

NERON MATRICIDE

Burrus et Sénèque, pourtant anciens amants de la redoutable Agrippine, firent comprendre à Néron la gravité de la situation, qui ne pouvait qu’inspirer l’horreur aux Romains. Il se ressaisit et, pour s’affranchir de sa tutelle, il en vint à penser que le seul moyen était de la .
En mars 59 après J.C., pour les fêtes consacrées à Minerve, il lui envoya une lettre laissant entendre un prochain rapprochement, il lui demandait de venir dans une demeure qu’il possédait dans le golfe de Naples.
Il lui aurait envoyé un navire pour la traversée. Il l’aurait fait embarquer sur une galère trafiquée qui devait s’ouvrir en deux en haute mer. Effectivement le bateau coula, ses passagers furent achevés à coup de rames par les marins qui étaient complices de l’attentat. Agrippine put s’échapper à la nage et regagna sa villa de Baules. Elle avertit son fils qu’elle vivait toujours.
Néron consulte Sénèque et Burrus, qui le convainquent de la faire assassiner en pleine nuit dans sa villa par des soldats (non des prétoriens, fidèles au souvenir de Germanicus), des marins, sous le commandement d'Anicetus, ancien précepteur de Néron, devenu ennemi juré d'Agrippine.
Sa fin vue par Dion Cassius :
« Quand elle fut arrivée dans sa maison, elle ne fit semblant de rien et ne dévoila pas le piège qu'où lui avait tendu : elle se hâta d'envoyer vers son fils, pour lui dire l'accident qui était arrivé comme un effet du hasard, et lui annonça qu'elle avait eu le bonheur de se sauver. A cette nouvelle, Néron ne se contint plus, il fit punir le messager comme coupable d'attentat envers sa personne, et dépêcha aussitôt à sa mère Anicétus et les matelots, car il n'osa pas confier sa mort aux prétoriens. Agrippine, à leur vue, comprit le motif qui les amenait, et, s'élançant de son lit, elle déchira ses vêtements, puis, découvrant son sein : « Frappe, dit-elle, Anicétus, frappe ce sein, il a porté Néron. » » Livre LXI.
Selon une légende, Néron aurait voulu voir le corps de sa mère et aurait été émerveillé par sa beauté. La version officielle de son décès fut qu’elle s’était suicidée après un échec d’une tentative d’assassinat de Néron. Ce n’est qu’après la mort de ce dernier que des serviteurs d’Agrippine osèrent élever un petit monument à sa mémoire.

UNE FEMME DE POUVOIR

Agrippine fut sans aucun doute une criminelle, sans scrupules. Elle était une femme habitée (comme beaucoup de ses parentes) par l’ambition et donc elle fut, comme Messaline, vilipendée par une historiographie sénatoriale qui ne pouvait supporter de voir le sexe « faible » jouer un rôle politique !

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