54.5 Il Y A Cours De Conduite Et Cours De Conduite.

Jeudi 02 août 2001

Le lendemain de ce nouvel après-midi de sexe chaud bouillant, mais aussi d’intense sensualité et de complicité grandissante en compagnie de mon beau mâle brun, je me réveille très excité.
Car aujourd’hui, c’est sûr, il va revenir. Je ne me pose même pas la question, il me l’a dit. Hier, en partant, il m’a demandé un truc bien précis pour cet après-midi. Et je lui ai dit oui. Alors, c’est sûr, il va revenir chez moi, tout comme il est revenu me voir chaque après-midi de la semaine.
Son kif, je le partage à fond. J’y ai même déjà pensé, d’une certaine façon. Pas si précisément, pas avec tant de détails ; mais je sais que j’ai déjà imaginé cette situation.
Alors, le fait de l’entendre annoncer, préciser par ses propres mots ; le fait de découvrir que lui, le mec avec qui j’ai envie de réaliser n’importe quel fantasme, ait dans sa tête celui-là précisément, si proche du mien ; voilà qui me donne d’incroyables frissons.
Mon imagination travaille, essaie d’échafauder les circonstances, les gestes, les attitudes, les sensations, les détails, l’intensité des plaisirs de ce moment à venir ; elle fait des plans dans le vide, car rien ne se passera comme je l’ai envisagé, c’est une évidence ; qu’importe, je ne peux empêcher mon imagination de divaguer, entraînée par mon excitation débordante.
Je crois que depuis que Jérém m’a annoncé son envie, je n’ai pas passé plus d’une minute sans y penser, et sans bander comme un âne ; je crois même que j’en ai rêvé cette nuit ; ou, plutôt, ce matin : un rêve moite, se traduisant par une jouissance survenue sur le seuil entre sommeil et veille.
Pourtant, peu à peu mon excitation semble se mêler à un autre sentiment, de toute autre nature. A force d’y penser, j’en arrive même à me demander si c’est vraiment une bonne chose d’assouvir son kif.
Dans ma tête, ça cogite dans tous les sens ; plus le moment approche, moins je suis sûr de pouvoir assurer ; tout en étant consumé par l’envie.


Le problème est que je lui ai quand même promis ; si je me dégonfle, il ne va pas être content ; si je me dégonfle, il va me prendre pour un guignol ; si je me dégonfle, notre « pacte » scellé avec une grande tape complice dans la main ne tiendra plus ; et je pourrai faire une croix sur mon kif à moi.
Même si je ne sais toujours pas ce que je pourrais bien lui demander en guise de kif « retour ». C’est quand même un comble : j’ai l’opportunité de proposer 1/ au mec qui me fait le plus d’effet au monde, 2/ quelque chose qui me ferait vraiment plaisir, et mon imagination semble partie en RTT.
Certes, il y a bien de trucs « inédits » qui me feraient vraiment kiffer, mais ils sont toujours placés dans la « liste noire du bobrun » : j’ai essayé de l’embrasser pas plus tard que hier, il n’a pas voulu ; j’imagine que demain il n’aura pas toujours pas changé d’avis sur le sujet.
Le fait est que, lorsque je pense « kif » avec Jérém, je me dis que j’aimerais surtout pouvoir lui faire de véritables câlins sans peur de me faire jeter ; lui offrir une tendresse qu’il saurait recevoir sans se braquer ; ou même, je peux toujours rêver, qu’il pourrait partager avec moi.
Pourtant, je sais bien que si je veux pouvoir mener le jeu, je dois rester réaliste ; pour mon kif, il va falloir la jouer fine : il va falloir trouver quelque chose de très sensuel et très sexuel à la fois ; j’aimerais à la fois le faire jouir comme un fou et le câliner sans crainte.
Ça doit bien pouvoir se faire, il doit bien exister un moyen : mais à chaque fois que j’essaie de me représenter une image, une position, une pratique, mon imagination patine très vite et finit immanquablement par glisser sur son fantasme à lui, celui-ci très bien défini, en revanche. Un kif bandant et déstabilisant. Car, il faut bien l’avouer, il m’oblige à me questionner sur ma relation avec mon bobrun, à me demander ce dont j’ai vraiment envie avec lui, compte tenu des limites qu’il impose à notre relation ; à me demander si ces limites sont vraiment figés dans le marbre ; et à comment je réagirais si un jour ils devaient bouger de façon significative.
Je peux toujours rêver…
Bref, plus la matinée avance, plus ça me prend la tête. Heureusement…
Oui, heureusement, à 11 heures précises, j’ai cours conduite avec le sexy et fouineur Julien. Je sens que ça me faire du bien, que ça va me changer les idées.
En marchant vers l’autoécole, je me surprends à compter sur l’indiscrétion déjà légendaire de ce mec qui ne semble pas connaître l’existence même du mot « tabou », pour me laisser questionner au sujet du « bobrun qui fait la gueule », même si la définition ne semble plus vraiment d’actualité à présent.
Son aisance et son franc parler, associés à une bienveillance que j’ai ressenti à mon égard, font que je me sens étrangement à l’aise avec ce « presque inconnu » ; cours après cours, je commence quasiment à le percevoir comme un pote. Un peu curieux, un peu envahissant parfois, mais un pote quand-même. Drôle et charmant.
Sauf que, à peine cinquante mètres plus loin, je me dis que je n’ai pas à laisser rentrer cet inconnu, si ouvert d’esprit soit-t-il, dans ma vie intime.
Non, le mieux c’est de me concentrer sur ma leçon de conduite, d’essayer d’éluder ses immanquables questions.
Le voilà le sexy Julien, dans sa voiture, sur le petit parking de l’autoécole, garé tout en travers, à cheval sur deux emplacements, dépassant de tout côté. Sa façon de se garer est à l’image de sa personnalité, débordante de toute part, ne passant pas inaperçue pour un sou, prenant beaucoup de place.
Naaaan, franchement, ce coton noir bien tendu sur ses épaules, soulignant parfaitement le relief de ses pecs, marquant ses tétons, moi j’appelle ça, un scandale absolu ! Ça ne devrait pas être permis d'être aussi sexy ; et, en plus, de porter un débardeur de ce genre !
Je n’ai même pas encore croisé son regard ; mais dès qu’il rentre dans mon champ de vision, je suis instantanément assiégé, assailli, dépassé par son charme dévastateur, et par toutes les envies que ce corps et cette jolie petite gueule savent inspirer.

Vraiment, ce mec pue le sexe à plein nez, ça transpire par tous les pores de sa peau ; c’est insoutenable, tellement il est à hurler.
Et même si je sais que rien n’est possible entre nous, parce que :
1/ je suis fou amoureux de mon bobrun, d’autant plus amoureux que cette nouvelle complicité entre nous me donne des ailes et me fait rêver à bien de choses ;
2/ je cite le beau moniteur : il « ne baise que les nanas » ;
la simple vision de ce mec est une déchirure, une brûlure insoutenable ; l’envie qu’il provoque est violente.
Pour arranger le tout, le bogoss m’accueille avec son sourire incendiaire.
Je me dis parfois que je suis trop sensible au charme masculin, trop facilement ému par la vision d’un beau garçon ; mais là, on touche dans ma tête à des sommets de sexytude où seul s’aventure mon bobrun. De plus, le beau moniteur possède un côté souriant et joueur, un aspect de sa personnalité qui fait que tous les soucis s’évaporent dans ma tête dès le premier regard.
J’ai tout juste le temps de lui serrer la main que Sandrine débarque à son tour. Elle ne pouvait pas rester chez elle pour une fois ? Heureusement, comme d’hab, c’est elle que le bogoss fait conduire en premier (cool, je vais encore me retrouver seul avec lui, situation propice pour un nouveau moment « confessions sur un bobrun qui fait (plus) la gueule ; c’est un hasard ou le bogoss a voulu lui aussi s’assurer d’un moment « entre mecs » ?).
Me revoilà « condamné » au délicieux supplice de la banquette arrière, ce poste d’observation, de « matage », d’étude de bogoss.
Plusieurs informations à ce sujet, aujourd’hui.
La première : depuis la dernière fois, Julien a fait quelque chose à ses cheveux : il a dû passer chez le coiffeur. Autour de la nuque, c’est plus court ; mon regard est immédiatement aimanté par cette lisière où la peau nue du cou se couvre petit à petit de cheveux fins et doux, puis taillés en dégradé ; je suis comme hypnotisé par cet « endroit », je ressens une très forte envie de poser des bisous, ça me donne presque le tournis ; je dois me faire violence pour ne pas avancer mon buste et poser mes lèvres là où elles sont si violemment attirées.

Sur le haut de la tête, les cheveux sont beaucoup plus longs, et une fixation au gel plaque et maintient la crinière très fournie et presque blonde vers l’arrière ; et là, ce sont mes doigts qui ont envie de se poser dessus, de se faufiler dedans, d’ébouriffer, de défaire, de remettre en place, de caresser doucement, longuement ; soudaine, impérieuse envie de voir ce brushing définitivement défait après une bonne partie de jambes en l’air.
Deuxième info : le bogoss sent terriblement bon. Deux différentes sollicitations olfactives viennent chatouiller mes narines ; la première, se dégageant justement de son brushing. Le bogoss est bien assis sur le siège passager, la nuque plaquée contre l’appui-tête ; et moi, assis juste derrière lui, je ne me prive pas d’avancer mon buste pour apprivoiser cet effluve qui remonte de sa nuque... shampooing ? produit pour fixer les cheveux ?
Je ne le saurai jamais. Car une deuxième sollicitation olfactive s’impose à mes narines, autrement plus puissante, me détournant de la première : maintenant j’en suis certain, le bogoss a changé de déo. Les vitres ouvertes à l’avant laissent l’air rentrer et se brasser vers l’arrière, m’apportant cette fragrance par grandes « rafales », comme autant de gifles olfactives ; et plus mes narines sont percutées, plus je me dis que cette fragrance subtile n’est pas un déo ; ça aurait plutôt l’air d’un parfum au bouquet plus riche, charmeur, un parfum que je ne connais pas mais dont le seul nom possible me saute aux yeux, comme une évidence : « Fraîcheur de bogoss ».
Troisième info : son sourire est à la fois attachant et coquin, son rire in et très sensuel.
Sa voix un brin « éraillée » se balade en permanence entre vibrations bien masculines et d’autres plus caressantes, plus douces ; son accent du sud plutôt marqué, très chantant, avec cette façon de doublement rouler les « R » bien au fond de la gorge qu’ont certains gars du cru toulousain, le rendant définitivement craquant.
Quatrième info : après notre discussion de la dernière fois, depuis que je sais qu’il sait que je le kiffe et que ça l’amuse, je n’ai plus trop de scrupules à me livrer au « jeu du retro » ; même, plus du tout. Ainsi, nos échanges de regards et de sourires sont nombreux, marrants, complices, excitants.
J’adore savoir qu’il sait pour moi et Jérém et que ça crée une sorte de complicité entre nous.
Cinquième info : depuis la dernière fois, Sandrine semble avoir radicalement changé d’attitude vis-à-vis du boblond ; exit la reine des glaces ; sans transition, place à une midinette sous le charme, limite impressionnée par l’aura du beau moniteur.
Putain de mec… il a réussi son pari… je me souviens très bien de ses mots, quelques jours plus tôt : « Elle fait la difficile, mais tu vas voir, dans une semaine, elle va me manger dans la main… ».
Une semaine est passée ; et c’est exactement l’impression qu’elle donne ce matin, lui « manger dans la main ». Elle qui croyait tenir les rênes de jeu de séduction, traitant Julien avec une sorte de condescendance polie, le prenant de haut avec un regard semblant annoncer : « il est gentil, quoi, mais il ne m’aura jamais » ; c’est la même Sandrine qui est désormais tout sourire en regardant le beau moniteur, la voix mielleuse (c’est écœurant) en s’adressant à lui.
Je me demande bien ce qui a bien pu se passer pour qu’il y ait un tel changement d’attitude. J’ai dû rater un épisode.
Quand soudainement je réalise… ah, putain, le petit con… il a dû finir par la mettre dans son lit… oui, à tous les coups c’est ça… à mon avis, pouffe Sandrine n’a pas dû lui bouffer que dans sa main.
L’idée que le beau Julien ait pu tremper son bon biscuit dans le bol de cette nana me paraît très vite plutôt désagréable ; alors, j’essaie de l’effacer de mon esprit en me délectant de cette essence de bogoss qui se distille sous mes yeux sur le fil de cette insolente jeunesse, à la fois effrontée et touchante, qui se dégage de lui en permanence.
Ce mec est une charmante canaille, un adorable fripon. Mais en même temps, il y a quelque chose de très classe chez lui, une élégance naturelle qui dépasse et transcende son côté queutard invétéré.
Le cours de Sandrine se termine. Il était temps. Il me tardait vraiment de la benner en bas de chez elle pour rester en tête à tête avec Julien.
Bye bye la brunasse. Sache que, dans l’absolu, je ne te veux pas de mal ; mais je vais quand même mener mon enquête ; et si jamais j’apprends que tu as posé tes sales pattes sur le bogoss, je te bute. Rien de personnel…
« Ca va toi ? » m’interroge le bogoss dès que nous retrouvons seuls, tout en m’envoyant son plus beau sourire, lumineux, communicatif et contagieux.
« Oui… » je lui réponds en lui souriant à mon tour.
« Vas-y, engage-toi dans l’allée vers le centre-ville… on va éviter Esquirol… ».
« Pas besoin aujourd’hui… ».
« Ah, voilà autre chose… tu as donc revu ton brun qui fait la gueule… ».
« Il fait plus la gueule… » je réponds sur un ton enjoué.
« Ooohhh !!! Toi… » fait-il sur un ton surjoué, mais tellement drôle « toi t’as l’air d’un mec qui s’est drôlement bien fait baiser… ».
Ça y est, grillé sur la ligne de départ. Sacré personnage, ce Julien.
« Je t’en prie… » je tente d’esquiver, très amusé, mais aussi un peu gêné par le caractère très direct de ses mots.
« C’est pas vrai ? » fait le beau moniteur, sûr de son fait.
« Arrête, s’il te plaît... ».
« Vas-y, raconte… ».
« Tu es mon moniteur, on doit rester professionnels… » je tente.
« M’en branle… crache le morceau, je te dis… ».
« Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Il est revenu tous les jours depuis lundi… ».
« Cool… et il t’a bien baisé… ».
« Arrête, s’il te plaît… ».
« C’est un bon coup au lit, au moins ? ».
« Tu peux pas imaginer… ».
« T’as bien kiffé, alors… ».
« On peut dire ça, oui… ».
« De toute façon, ça se voit… t’as pas du tout la même tête que la semaine dernière… le bonheur c’est simple comme un coup de queue… pas vrai ? ».
« Je t’en prie… ».
« Pas vrai ? » il insiste, son irrésistible sourire lubrique montant très vite à ses lèvres.
« Et en plus il va revenir cet après-midi… » je balance.
« Il te l’a dit ? ».
« Oui… ».
« J’espère qu’il va pas te poser un lapin… ».
« Je suis sûr qu’il va venir… ».
« Et pourquoi, ça ? ».
« Pour rien… » je tente de me reprendre en réalisant soudainement que je viens de faire un petit pas de trop.
« Maintenant, t’en as trop dit et pas assez dit, allez, balance ! » il insiste
Je tourne sur le pont St Michel et m’engage sur les allées.
« J’attends… » il insiste, en me fixant avec un regard à la fois interrogatif, impatient et marrant, les sourcils en chapeau, une étincelle bien coquine dans les yeux.
« Tu m’emmerdes… » je tente de balayer son insistance d’un revers de main.
« Et je vais pas arrêter tant que tu m’auras pas dit… ».
J’adore ce petit jeu du chat et de la souris. Je me sens vraiment à l’aise avec ce mec, même plus à l’aise qu’avec ma cousine Elodie, notamment pour parler de ma relation avec Jérém, surtout quand ça touche au sexe : car ce mec est chaud comme la braise, ce mec est un « Jérém » en presque blond ; et j’ai le sentiment que ses ressentis pourraient me donner un nouvel éclairage sur ceux de son alter ego brun. Certes, Julien ne semble pas du tout intéressé par le plaisir entre mecs, mais son attitude ne montre aucune hostilité vis-à-vis de cela ; au contraire, je ressens en lui une forme de la curiosité « intellectuelle » à ce sujet ; bref, un « pote » avec qui il fait bon de parler de tout.
Mais pas de choses si intimes ; il faut que je désamorce sa curiosité.
C’est en m’arrêtant au feu au croisement entre Boulevard Carnot et de la Rue de Metz, le coin de l’œil attiré par la Halle aux Grains au loin à ma droite, que j’arrive à placer :
« Il m’a demandé un truc bien chaud pour cet après-midi… mais c’est trop intime pour en raconter plus… n’insiste pas, s’il te plaît, vraiment… ».
« En tout cas… » fait Julien en rigolant « il est chaud du bulbe, ton mec ! ».
Ah, oui, que, oui, il est chaud du bulbe, oui. Je trouve l’expression très drôle. Mais il y a autre chose qui me touche dans ses mots ; et que je relève presque mécaniquement :
« Si seulement c’était mon mec… ».
« C’est pas mon mec en tout cas, je t’assure… ».
« Je ne sais pas trop quoi en penser… ».
« C’est pas pour « penser » que vous allez vous revoir, apparemment… » il se marre.
« Depuis quelques jours on dirait que ça s’arrange entre nous… » je continue sur ma lancée « mais je sais que tout peut changer très vite... ».
« Arrête un peu de pleurnicher, Nico… tu as la chance de baiser avec un mec que tu kiffes comme pas permis, qu’il te fait kiffer ta race en te baisant… et puis, s’il revient te sauter tous les jours, c’est qu’il aime ça… ».
Voilà le genre de discussion que j’aime avoir avec Julien.
« Ca, il aime baiser, c’est sûr… ».
« Tais-toi, et écoute-moi… s’il revient tous les jours, c’est qu’il ne peut pas s’en passer… ».
« De tirer son coup… ».
« Mais la ferme… c’est toi qu’il vient baiser… et s’il ne peut pas s’en passer, c’est qu’il te kiffe… rappelle-moi, depuis combien de temps ça dure, déjà, votre petit ménage ? ».
« Presque trois mois… ».
« Et vous avez baisé très souvent ? ».
« Presque tous les jours depuis… parfois, plusieurs fois par jour… ».
« Ah, quand même… moi je te dis que s’il continue de venir, ça veut dire quelque chose… quand on baise juste pour baiser, on se lasse vite, et on va tout aussi vite voir ailleurs… c’est pas les occasions qui doivent lui manquer… non, tu n’es pas qu’un coup pour lui… ».
« Si tu le dis… ».
« Je l’affirme, même… ».
« Oui, tu dois avoir raison… ».
« Et pourquoi ça te pose problème de faire ce qu’il t’a demandé ? ».
« C’est vrai… il me l’a demandé… » je lâche, tout en admettant et réalisant cela en même temps. Oui, il me l’a demandé en quelque sorte.
« Ça te branche ? » il m’avait d’ailleurs lancé Jérém après avoir exposé son kif.
Il m’avait demandé si j’étais d’accord. Et ça, c’est carrément une première.
« Si c’est son kif, ça va le rendre dingue… alors, tout à l’heure, tu t’accroches, parce que tu vas prendre cher ! ».
« Facile à dire… ».
« Je n’ai pas envie d’être encore sa… ».
« Sa quoi ? ».
« Sa… sa… ».
« Sa… salope ? ».
« Oui… à chaque fois que je cède à ses envies, je redeviens sa salope, et je ne veux plus ça… ».
« Arrête un peu Nico… il t’a balancé son fantasme, car il veut le vivre avec toi… c’est pas mal, non ? ».
« C’est sûr… ».
« Si tu lui dis non, il ira chercher à l’assouvir ailleurs… encore, si ça ne te branchait pas… mais tu en as aussi envie que lui… ».
« C’est vrai… ».
« Tu sais, tu peux être la pire des salopes au lit, le tout c’est de ne pas lui laisser toujours le contrôle de la situation ; surprends-le… tu dois trouver le moyen d’équilibrer les rapports de force… il t’a proposé un kif… à toi maintenant de lui en proposer un qui te fait bander… »
« On a fait un deal… ».
« Un deal ? ».
« J’acceptais son kif et lui il acceptait un kif à moi… ».
« Il a accepté ? ».
« Oui… ».
« Bien joué, mec… » fait le beau moniteur en levant la main pour taper dans la mienne, geste qui me donne des frissons en me rappelant le pacte scellé avec mon bobrun ; puis, il continue « et c’est quoi ton kif à toi ? ».
« Je ne sais pas encore… ».
« Il a accepté un deal sans connaître la contrepartie ? ».
« Oui… ».
« C’est vraiment qu’il te fait confiance… ».
« C’est vrai… j’y avais pas vraiment pensé… mais en attendant, je ne sais toujours pas quoi lui proposer… ».
« C’est malin… t’as envie de quoi, toi ? ».
« J’ai envie de l’embrasser et de lui faire des câlins… ».
« C’est tout ? ».
« C’est énorme, c’est tout ce qu’il ne veut pas que je lui fasse… j’ai aussi envie de lui dire à quel point je l’aime… ».
« Ah, oui, quand même… ».
« C’est tout ce qu’il ne veut pas entendre… ».
« Tu dois lui dire ce dont tu as envie ; si tu as des envies, tu existeras à ses yeux et il te respectera ; pour le reste, fais gaffe à choisir le bon moment, et la bonne manière… tu dois sentir quand certains mots s’imposent, alors que d’autres doivent attendre… ».
« C’est pas simple tout ça… ».
« Ne lâche jamais le morceau sous prétexte que c’est difficile… ne te dis pas que tu ne vas pas y arriver, sinon tu pars perdant… ne regarde pas le sommet de la montagne, sinon la tache va te paraître insurmontable ; fixe-toi des objectifs intermédiaires, mets toute ta force pour les atteindre et réjouis-toi quand tu y es arrivé… ».
« Tu as bien raison… j’en ai atteints quelques-uns, de ces objectifs intermédiaires, cette semaine… et il n’y a pas de raison que ça ne continue pas… ».
« Tiens, un exemple au hasard, moi avec Sandrine… plus elle faisait sa difficile, plus ça me donnait envie de la pécho… résultat des courses, j’ai ramé, mais je n’ai jamais lâché le morceau, et j’ai fini par l’avoir… ».
« C’est vrai ? »
« Oui… » fait-il avec un beau sourire coquin et fier « l’autre soir on a eu un petit rapprochement… ».
« Ah, je me disais bien que toi aussi t’avais l’air bien en forme… et elle aussi, elle a bien changé d’attitude… ».
« Carrément… je fais cet effet aux filles… surtout après qu’elles ont vu la bête… ».
Petit con, va…
« T’as couché avec elle ? ».
« Pas encore, pas tout à fait… pour l’instant, on a juste fait les préliminaires… ».
« Elle t’a fait une gâterie ? ».
« Nico, t’es insupportable… c’est quoi les préliminaires ? Tu veux un dessin ? » fait-il en levant soudainement le ton de la voix sur un ton enjoué et très drôle, le tout « noyé » dans son rire à gorge déployée, éclatant, bondissant, juste magnifique.
« Non, non, je ne veux pas les détails… ».
« Disons qu’elle m’a sucé… » il continue une fois son rire dissipé, tout en gardant sur son visage ce son petit sourire de jeune loup aux longs crocs « disons qu’elle a tout pris mais qu’elle a tout recraché… ».
Soudainement, l’image du boblond en train de prendre son pied avec cette Sandrine s’affiche dans mon esprit. D’une part, j’aime bien l’idée que celle qui jouait les forteresses imprenables ait fini par capituler devant tant de bogossitude ; mais en même temps, elle me devient soudainement tout à fait antipathique ; car, en attendant, elle l’a eu entre ses lèvres, elle a pu découvrir le bonheur de tenir son plaisir de mec dans sa bouche, elle a pu sentir la puissance de son sexe, son attitude pendant la recherche du plaisir ; elle a eu la chance de le sentir vibrer sous la puissance de l'orgasme, sentir la puissance de ses jets, connaître son goût, la chaleur de son jus. Et a tout recraché. Quel gâchis ! Quand je pense qu’en plus elle va bientôt avoir la chance de se faire secouer pas ses coups de reins, ça me rend dingue.
Nous arrivons au parking de l’auto-école.
« Tu t’en es plutôt bien tiré aujourd’hui… je pense qu’il ne te faudra pas beaucoup de cours de plus pour être prêt pour l’exam… ».
« Merci, j’ai pas vu le temps passer… ».
« A samedi alors… ».
« A samedi… ».
Je m’apprête à quitter la voiture, lorsque Julien m’att l’avant-bras, geste qui m’oblige par reflexe à me retourner vers lui ; le bogoss plante ses yeux coquins dans les miens et là il me balance une bonne réflexion tirée de celle que je pourrais appeler « L’encyclopédie du bogoss baiseur » :
« Dis-toi que les mecs c'est comme les poêles, ça se tient par la queue… mais pas que… pas que… ».
Je lance un dernier regard à ce mec qui croque la vie par les deux bouts, ce bogoss qui drague, charme, baise tout ce qui bouge ; je me dis qu’il a raison ; je me dis qu’il n’y a pas lieu de me soucier pour les conséquences de ce kif ; il faut juste le vivre ; je me sens soudainement libéré de toute angoisse.
Certes, ce kif pourrait représenter une sorte de retour en arrière : un fantasme terriblement bandant, certes, mais qui impliquerait de me retrouver à nouveau dans une position de « premières révisions » vis-à-vis de mon bobrun, de revenir à ce moment où il n’y avait vraiment que le sexe « entre nous », où j’étais le mec qui obéit à toutes les envies de sa queue.
Pourtant, j’ai le sentiment que cette fois la situation est quand même bien différente ; car, si ce kif ressemble dans son postulat à une relation de dominant à soumis, il a quand même été validé d’un commun accord entre Jérém et moi, sur un scénario que nous partageons et que nous avons décidé de réaliser tous les deux, explicitement, avec une certaine complicité.
Certes, son kif nécessite d’un minimum de préparation pour en préserver toutes les promesses de plaisirs et de sensations toutes les unes plus excitantes que les autres.
Pourtant, au-delà du côté pratique, j’ai voulu également voir dans son « annonce » une nouvelle marque ce cette nouvelle et grandissante complicité entre nous ; le fait qu’il me considère enfin comme un partenaire de jeux sexuels et non pas juste un objet sexuel dont il est le seul maître.
Depuis qu’il vient chez moi, surtout depuis que je lui ai parlé, j’ai enfin l’impression que les choses évoluent dans le bon sens « entre nous » ; j’espère juste que ce kif ne va pas tout gâcher. J’espère juste que, submergé par la situation excessivement excitante, par la sexualité débordante de mon beau mâle brun, et par les nouveaux, intenses plaisirs qui s’annoncent, je saurai trouver le moyen de ne pas retomber dans la soumission totale.
De toute façon, je me suis engagé ; et en plus, j’ai grave envie de ça. Et puis, si le « match » d’aujourd’hui se solde par un « résultat » trop déséquilibré, il me reste toujours le « match retour » de demain, avec à la clé l’arme secrète de mon kif pour rééquilibrer les scores.
Oui, ce petit con de Julien m’a vraiment donné un bon cours de conduite ; enfin, deux : le plus intéressant n’étant pas forcement au sujet du code de la route.

Lorsque j’arrive à la maison il est 12h30. Je déjeune avec maman. Il est tout juste 13h20 lorsqu’elle part travailler. Je me retrouve seul à la maison, seul avec mon excitation et mon impatience fébriles. Comment tenir jusqu’à l’arrivée de mon bobrun ? Si encore je connaissais l’heure de sa venue, je pourrais essayer d’apprivoiser les minutes ; sans repère précis, je navigue à vue.
J’essaie de lire ; je n’y arrive pas ; j’essaie la télé, le tour des 5 chaînes est vite fait, d’autant plus en plein après-midi : plus je zappe, plus ça me donne envie de me pendre.
Même la musique n’arrive pas à me distraire ; internet non plus, je fixe l’écran sans savoir où aller.
14h00. Je me douche, me rhabille, m’allonge sur le lit. Je vais tenter une petite sieste. Je suis trop fébrile, je n’arrive pas à me détendre, la branlette me guette.
Quelques minutes plus tard, je me relève, je me remets à l’ordi, foudroyé par une soudaine envie d’écrire quelques mots, par le désir de laisser une trace de tout ce bouleversement qu’a connu ma vie depuis que Jérém s’y est rué dedans.
J’ouvre une page blanche et j’écris quelques mots :

Jérémie a 19 ans. Il est brun, des beaux cheveux assez courts, toujours bien coiffés, un torse en V magnifique, des épaules carrées, sculptés par le rugby, un cou puissant.
Aujourd'hui, en cette fin d'année de lycée, il porte un t-shirt blanc bien moulant, cou en V assez profond d'où dépasse une chaîne dorée. Son t-shirt est comme une deuxième peau qui semble taillée sur mesure tant il met en valeur les lignes magnifiques de son torse.

Quelques mots bien naïfs, qui resteront tels quels pendant tant d’années, avant que je ne trouve la force de me remettre au clavier et développer ce que j’avais entamé à ce moment-là.
J’aurais certainement pu aller plus loin dans l’écriture ce même après-midi, si mon élan n’avait pas été coupé en plein vol par le couinement de mon portable annonçant l’arrivée d’un sms tant attendu.
Il est 14h35. Le message dit :
« J arrive ».
Message auquel je m’empresse de répondre :
« Ok, à de suite ».
J’estime qu’il va lui falloir à peu près 10 minutes pour être chez moi. Le compte à rebours vient de commencer. Je sauvegarde le fichier sous le nom « Le t-shirt de Jérém » me promettant d’y revenir très vite et j’éteins l’ordinateur.
Je ferme les volets, je m’allonge sur le lit, le cœur qui tape très fort dans ma poitrine ; dans la pénombre, je fixe le plafond, les murs, les meubles, j’essaie de passer en revue cette chambre où tout désormais me parle de mon bobrun, ce bobrun qui va débarquer d’une minute à l’autre comme un ouragan sexuel.
Allongé dans la pénombre, les dernières minutes me paraissent interminables ; je bande dur, ma respiration s’accélère, les battements de mon cœur grimpent jusque dans ma gorge, cognent dans ma tête. Sans cesse, je regarde l’heure lumineuse du radio-réveil, je guette le moindre bruit dans l’entrée.
Soudainement, une idée s’illumine dans ma tête : une image, une position, un ensemble de sensations s’imposent dans mon esprit ; je sais désormais ce que je vais lui proposer demain : c’est un truc tout aussi sensuel que sexuel ; un truc où je pourrais autant le câliner que le faire jouir ; le plaisir sexuel aidant, si besoin, à lui faire accepter une tendresse que je compte bien lui offrir.
C’est pendant cette excitante réflexion que j’entends la porte d’entrée s’ouvrir.
Maintenant je ne peux plus reculer : mon bel étalon est là ; j’ai fait tout ce qu’il m’a demandé.
Hier, en partant, il m’a dit : « J’ai un kif… ».
Je lui ai dit : « Quel kif ? ».
Il a dit : « Demain je vais revenir… ».
Je lui ai dit : « Ça, c’est mon kif aussi… ».
Il a dit : « Et tu vas m’attendre dans ta chambre… ».
Et j’y suis.
Il a dit : « Tu vas m’attendre dans le noir… ».
Et j’y suis.
Il a dit : « Tu vas m’attendre à poil, allongé sur le lit, sur le ventre, la tête vers la fenêtre… ».
Et j’y suis.
Il a ajouté : « Non, garde plutôt un débardeur… ».
Et je l’ai gardé.
Il a dit : « Je t’envoie un message quand je débauche… ».
Je lui ai dit : « Je laisserai la porte d’entrée ouverte, t’auras qu’à la refermer derrière toi… ».
Ça a semblé lui convenir.
J’en ai profité pour lui annoncer que moi aussi j’avais un kif.
Il a été étonné. Mais il a quand même tapé dans ma main lorsque je lui ai présenté la mienne. Et il est parti.
Et là, il est revenu.
J’entends la porte en bas qui se referme.
J’entends ses pas rapides dans l’escalier.
Il approche.
Je l’entends avancer dans le couloir.
J’entends la porte de la chambre s’ouvrir ; la luminosité du couloir s’infiltre très provisoirement dans la pièce ; puis la porte se referme, replongeant la chambre dans la pénombre.
Il pénètre dans ma chambre, il vient en silence ; le voilà, l’étalon qui vient pour son kif, pour sa saillie dans le noir, à la rencontre d’un cul bien offert.
Il a tout calculé ce petit con ; le noir, ainsi que ma position sur le lit, les deux combinés ne me permettant pas de le regarder. J’aime penser qu’il n’a pas imaginé ça sur un coup de tête ; j’aime penser que, au contraire, c’était prémédité, que ça devait le chatouiller depuis un moment.
Non, je ne le vois pas mon bel étalon, mais je perçois très bien sa présence.
En condamnant le sens de la vue, celui qui a tendance à vampiriser tous les autres, mes autres sens tentent de prendre le relais pour répondre à l’appel de mon désir d’appréhender la bogossitude de mon beau mâle.
J’ai le sentiment que cette expérience de frustration et de privation pourrait même m’apporter des sensations nouvelles. L’essentiel est parfois invisible à nos yeux.
Alors, est-ce que la ligue des « 4 fabuleux », l’Ouïe, l’Odorat, le Toucher et mon Ressenti Profond, réussira-t-elle là où la vue, sens tout puissant mais parfois distrait, car trop sollicité et trop excité, a échoué jusque-là ? A savoir, capter l’essence, la vibration ultime de sa bogossitude ; et, par-dessus tout, est-ce que je vais avoir une autre perception de lui, de ses gestes, de ses attitudes à mon égard ?
Je tends l’oreille et j’arrive à percevoir le bruit léger de sa respiration ; je n’ai pas besoin d’autant d’effort pour capter son déo, cette fragrance entêtante de bogoss qui me rend dingue ; sa sexytude crépite partout autour de lui, dans la pièce, incandescente, radioactive ; je ressens son excitation ; je ressens sa présence, comme un fluide épais qui vient de saturer la chambre à l’instant même de son arrivée.
Un instant plus tard, des bruits bien familiers se présentent à mon oreille, la caressent, provoquant en moi une excitation inouïe.
Premier bruit, le cliquetis de la boucle de sa ceinture, qu’il défait lentement, calmement ; suivant, le zip de sa braguette, ouvert tout aussi lentement ; un bruit un peu plus sourd ensuite, ses pompes enlevées sans se baisser, sans défaire les lacets, en opposant juste un pied à l’autre, nonchalance de jeune mec ; nouveaux cliquetis, c’est la boucle de sa ceinture qui suit et accompagne le bruit de tissu glissant sur ses cuisses musclées, le short qui court le long de ses jambes pour finir abandonné sur le sol ; suivi d’un double bruit très léger, tout juste perceptible, ses socquettes qui quittent ses pieds ; un instant plus tard, un bruit très connu, l’un des deux les plus excitant qui soient : le glissement du coton extensible du boxer qui à son tour descend le long de ses cuisses et de ses jambes ; bruit suivi d’une légère vibration se propageant dans le matelas, dans mon corps ; le boxer atterrit sur le lit, effleurant ma cheville au passage.
Le bogoss est là, dans ma chambre, dans le noir, nu ou presque, à peut-être un mètre de moi ; la queue en l’air, certainement raide comme un piquet, pointant le zénith, prêt à assouvir son fantasme.
J’entends le bruit de ses pieds nus sur le sol ; plus il approche, plus son déo de jeune mec m’assomme.
Le bruit de ses pas cesse net lorsque ses jambes arrivent en contact avec le bord du lit. Je sens qu’il me regarde en silence ; j’adore penser qu’il est peut-être en train de se caresser, tout en imaginant à quel point il va s’amuser, à quel point il va me faire couiner, à quel point il va prendre son pied. Il est peut-être en train de retarder l’instant pour commencer à s’occuper de moi pour faire monter encore son excitation. En tout cas, cette attente insupportable fait monter la mienne.
Enveloppé par sa présence invisible, c'est la tempête dans ma tête ; toutes mes sensations sont décuplées ; je vibre, transpire, je m'embrase ; mon corps devient hypersensible, ma peau toute entière est électrique ; dans ma nuque, mon dos et mes fesses, les frissons circulent en boucle comme des voitures sur un circuit de Formule 1 ; les cheveux sur ma nuque se dressent, les poils sur mes jambes et sur mes bras dansent la salsa ; même l'air qui passe dans mes narines m'apporte des frissons de plaisir ; mon ventre est en feu, mon entre cuisse frissonne : chacune de mes fibres crie l’effet puissant que la simple présence chargée de testostérone de ce beau mâle est capable de lui provoquer.
Il ne m’a même pas encore effleuré et je ressens de vagues intenses de plaisir parcourir mon corps.
Dans la pénombre, dans le silence, les secondes s’éternisent et je me consume de désir ; mais je n’en ai pas fini de me laisser dévorer par le désir.
Je sens toujours son regard lourd sur moi ; mon ouïe très aiguisée arrive à capter un tout petit bruit sourd et répété ; j’en suis sûr désormais, il est bien en train de se branler ; oui, j’essaie de l’imaginer, en train de me regarder, allongé sur le lit, les pattes bien écartées, les fesses bien offertes, tout en se branlant.
Puis, ce bruit cesse à son tour. Je sens le poids de son corps écraser le matelas dans l’espace entre mes jambes, le faisant se dérober légèrement sous mes chevilles. Le plaisir approche.
Nouveau bruit, lui aussi très familier et très attendu, le seul manquant à l’appel, le deuxième bruit le plus érotique dans le processus de « dessapage » de bogoss : le glissement léger du t-shirt sur sa peau, le chuchotement très érotique du coton quittant son torse de ouf ; et dégageant en même temps un intense bouquet supplémentaire d’arômes de jeune mâle, un bouquet où j’arrive à isoler son déo, bien sûr ; ainsi qu’une légère, agréable, délicieuse odeur de transpiration ; et aussi, comme une émanation de sexe, de phéromones mâles, on ne peut plus excitante. Dans la pénombre, je ressens très fort l’odeur de son envie de mec. J’ai l’impression de perdre la raison.
Le premier contact entre son corps et le mien, se fait par ses mains ; elles se posent sur mes fesses, les empoignent fermement, les malaxent, les écartent ; dès le premier contact, c’est comme si une nouvelle, puissante décharge électrique parcourait mon corps de fond en comble.
Un frisson qui n’arrive pourtant pas à effacer totalement une petite mais intense déception qui s’empare de moi lorsque je suis saisi par l’impression que le kif de mon beau mâle brun ne se résumerait vraiment qu’au fait de me baiser direct.
Mais alors que je m’attends à sentir un bon crachat s’abattre entre mes fesses écartées, je perds le contact avec ses mains ; ses mains que je retrouve un instant plus tard sur le bas de mon dos ; elles se posent à plat sur mes reins, remontent un peu ; ses doigts jouent avec mon débardeur, glissent dessous ; le contact est léger, pourtant (ou justement) suffisant à provoquer des étincelles explosives, sous ma peau, des séismes dans ma tête.
Ses mains remontent mon dos se faufilant entre ma peau et le tissu, elles remontent jusqu’à mes aisselles, tentent de se glisser sous mon torse, mouvement que je seconde en relevant légèrement ma tête et le haut de mon buste ; elles avancent encore, se faufilent sous mes pecs.
C’est là que j’atteins le point de non-retour sensuel ; lorsque ses doigts atteignent mes tétons, les titillent avec insistance ; lorsqu’au même temps, son gland effleure mon entrejambe.
C’est là que je me sens perdre pied ; c’est là que je sens l’asile me tendre définitivement les bras.

La suite, « 54.6 Dans le noir, on voit parfois clair » à paraître dans très peu de temps.

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