Journal De Ma Vie Amoureuse (Histoire Fictive) - Chapitre 1 : Nouvel Ami

Je suis seul dans ma chambre, face au miroir. Mon image est fidèle à la réalité. J’ai vingt-quatre ans, je suis grand, roux, mince avec un peu de poils sur mon torse musclé. Mes abdominaux font en général craquer les mecs que je rencontre, tout comme mes yeux bleus, mon sourire charmeur, et mes tâches de rousseur. On dit que j’ai des lèvres pulpeuses, mais je les trouve normales. Du moins, personne ne s’est jamais plaint d’elles, ni de mes mains, un peu grandes aux doigts fins. J’ai des mains de pianiste, dit-on, je suis garagiste et j’aime le travail manuel.
Mon regard descend lentement jusqu’à mon boxer bien rempli. C’est l’autre raison qui fait que les mecs apprécient de me rencontrer. La nature m’a bien gâté, et contrairement à ce que l’on peut croire, mon sexe est un véritable handicap. Les mecs en ont soit peur, soit ils ne voient que lui et oublient qu’il y a un garçon au bout. Quand j’avais quinze ans, ça ne me gênait pas. Aujourd’hui, je rêve d’une véritable relation amoureuse, Je suis déjà tombé amoureux, une fois, mais ce n’était pas réciproque. Oui, je vais l’avouer, j’ai honte de mon sexe, et j’envie ceux qui en ont un normal. Je fais toujours mon possible pour le cacher quand j’ai un rencard.
Pas que j’en ai souvent. Bien que l’on me trouve beau, je suis un timide maladif. Dès qu’un mec qui me plait me parle, je rougis et je me mets à bafouiller. Tout ce que j’ai prévu de raconter s’efface de ma mémoire, j’oublie même mon nom. Alors, les hommes me fuient, et je désespère. Les seuls qui persistent sont ceux qui ne cherchent que du sexe. Ceux-là, je les vire, sauf quand la pression est trop forte. Là, je me laisse aller et j’ de ces hommes qui s’offrent à moi. C’est rare, je ne suis pas un accroc du sexe sans sentiment. Ma main droite (ou la gauche) me suffit en général, et au moins, je ne risque rien avec elles.
Je m’habille, il est temps d’aller au travail. J’enfile un jean et un tee-shirt, je mets mes baskets, et je sors en attrapant mes clefs.

J’habite un deux pièces à Montluçon, dans le vieux quartier. L’immeuble ancien est sur trois niveaux. Tous les appartements ont été rénovés deux années auparavant, si bien que je vis dans un logement nickel et meublé simplement. J’aime mon chez moi, et sa vue sur le Vieux Château.
La journée se passe normalement. Je répare ce que je dois réparer, j’accueille les clients, je les conseille, bref, je fais mon boulot. Etrangement, je suis très à l’aise dans ces situations, je sais de quoi je parle, et j’adore mon travail. Les gens apprécient qu’on leur explique ce qu’on va faire subir à leur véhicule, cela leur donne une sorte de pouvoir, et je m’adonne à cet exercice avec plaisir. Si seulement j’avais une telle aisance dans ma vie privée. Je suis toujours souriant avec mes clients, et je mets un point d’honneur à être à leur écoute pour mieux les satisfaire.
A dix-sept heures, alors que je m’apprête à me changer dans les vestiaires, un dernier client arrive. Les autres sont trop occupés, je me résous donc à faire des heures supplémentaires. Je m’avance vers la voiture, une Opel Corsa noire, un modèle ancien, et bien entretenu. La carrosserie brille, il n’y a pas une rayure, le parebrise est propre avec une fêlure. Je note mentalement que la personne est venue pour ça, un simple gel suffira. Cela ne prendra pas très longtemps. Le moteur s’arrête, et la portière s’ouvre sur un jeune homme d’environ mon âge, un peu plus petit que moi, les cheveux blonds coupés en brosse, les yeux gris, le teint hâlé. Son corps musclé est moulé dans un débardeur blanc, ses tétons pointent. Il a des épaules carrées, et des bras aux biceps saillants. J’écarquille les yeux, ce mec est une vraie bombe. Il s’avance vers moi, la main tendue pour serrer la mienne.
-Bonjour, dis-je. Que puis-je pour vous ?
-J’ai une fuite, répond le gars, et mon moteur fait un drôle de bruit. Y a aussi mon parebrise. Il vous faudra combien de temps ?
-Eh bien, ça dépendra de vos soucis de moteur.
Ça ne devrait pas prendre plus de deux jours. On peut vous prêter un véhicule en attendant.
-Merci, ça devrait aller, faut juste que je la récupère avant vendredi.
-Pas de soucis, je vais m’en occuper dès demain matin. Suivez-moi, on va remplir les papiers.
Je l’emmène dans le bureau et le confie à notre secrétaire. Je le regarde encore un peu, ce beau gosse. Son jean lui fait un cul d’enfer, et je m’imagine passant la main dessus. Je me secoue, et j’attends qu’il me remette ses clefs de voiture. Il sort du bureau de sa démarche assurée, et me les tend avec un sourire. Je frôle ses doigts, il a des mains épaisses aux ongles polis, les mains d’une personne qui porte de lourdes charges. Je tombe amoureux d’elles, je rêve déjà de les voir en action sur mon corps. Cela ne m’arrive pas souvent de fantasmer sur un mec, surtout au boulot, mais là, j’ai face à moi l’incarnation du mec idéal.
Il me remercie et je monte dans le véhicule pour la mettre sur un emplacement vide. Cela sent bon la fraise, et les tapis ont été aspirés il y a peu. Mon imagination s’emballe, ce véhicule, son véhicule, est parfait pour une rencontre sexuelle. J’ai un début d’érection que je contrôle. Je sors de la voiture, l’esprit embrumé. Caroline, la secrétaire, me tend la photocopie du permis de conduire du garçon joint au devis, il s’appelle Sylvain, et inconsciemment, j’enregistre son adresse, à Bien-Assis. Puis, je me décide à partir, je n’aurai pas grand-chose à faire sur cette voiture.
Je passe par le supermarché pour faire quelques courses, mon frigo est presque vide. Je croise ma meilleure amie, Coralie. Je l’ai connue à l’époque du collège, et on s’est tout de suite entendus. Elle est brune, petite et à l’air fragile, c’est une fausse impression, je ne connais personne d’aussi fort qu’elle. Elle me saute au cou, cela fait un moment qu’on ne s’est pas vu. Il faut dire que je ne suis pas un fêtard, et que j’apprécie de passer mes soirées à regarder la télévision ou à lire.
Mais là, je n’y coupe pas, elle insiste pour venir diner avec moi. Je ne peux qu’accepter, lui dire non est une très mauvaise idée.
J’achète donc de quoi préparer un repas simple et savoureux : des steaks bien tendres, des oignons, de l’huile d’olive, de l’ail, des pâtes fraiches et des tomates. Une fois rentré, je prépare une marinade pour la viande et je file prendre une longue douche chaude. J’ai les muscles endoloris, et le jet me soulage. Je repense alors à Sylvain, et à son sourire, et pas qu’à cela. Mon sexe durcit, et cette fois, je vais au bout de mes fantasmes Je me branle en l’imaginant nu pour moi, allongé sur mon lit, prêt à s’offrir à mon désir. J’éjacule et le sperme s’écoule avec l’eau de la douche.
D’habitude, j’attends au moins d’être sur le canapé pour me branler, mais là, ça a été plus fort que moi. Ce garçon me fait un effet monstre, et je sens que la prochaine fois que je le verrai, je risque de perdre mes moyens. J’ai toujours mis un point d’honneur à séparer ma vie privée et professionnelle, même si j’entretiens des relations amicales avec mes collègues. Non, je refuse juste de sortir avec mes clients. Sauf que là, j’ai rencontré l’Apollon de mes rêves. Enfin, s’il est gay et disponible, parce qu’un mec comme lui a ment un copain beau gosse comme lui, et ne s’intéressera jamais à un mec comme moi. Oui, je dois l’oublier.
Je me sèche et j’enfile mon jean et un tee-shirt propre, et je continue à préparer le repas. En même temps, je range un peu, je mets la table pour deux, j’ouvre en grand la fenêtre, pour laisser entrer la douce brise. Je mets l’eau à bouillir doucement, Coralie arrive normalement dans dix minutes. Je mets une dernière touche à ma table en plaçant une bouteille de cidre frais. Et c’est là que je réalise que je n’ai pas acheté de dessert, et je n’ai plus le temps de le faire. J’espère que mon amie n’en demande pas, et si c’est le cas, je peux lui proposer d’aller manger un truc quelque part. Il fait beau dehors, on est en juin, ça donne envie de sortir.

Coralie arrive pile à l’heure, et surprise, elle n’est pas seule. Double surprise, c’est le beau Sylvain. Il a troqué son débardeur pour un polo bleu avec le même jean. Il tient à la main une tarte aux pommes faite maison. Il ouvre la bouche de stupéfaction en me reconnaissant. Moi, je panique, je viens juste de me branler en pensant à lui. La honte m’envahit, et je rougis. Je m’empresse de les faire entrer, et je mets les pâtes à cuire. Heureusement que j’ai prévu large. J’avoue que j’avais pensé de garder le dernier steak pour moi. Tant pis, j’achèterai autre chose ce week-end.
-Désolé de m’incruster, dit Sylvain, Coralie a insisté. Vous, tu la connais…
-Vous vous connaissez ?, s’étonne Coralie faussement.
-J’ai compris, dis-je, c’est toi qui l’as envoyé au garage pour que je le rencontre, et tu t’es arrangée pour que je t’invite ce soir.
-D’accord, j’avoue, je voulais vous présenter l’un à l’autre.
-Je te remercie, Coralie, dit Sylvain, mais je te l’ai déjà dit, pour l’instant, je ne cherche pas de copain ni de plan. Ne le prend pas pour toi, Loïc, c’est ça ?
-Oui, ravi de te connaitre. Je ne le prends pas mal, t’inquiète, j’ai pas bien envie d’une relation non plus, mentis-je ouvertement. Ça ne nous empêche pas de passer une bonne soirée, en toute amitié.
On s’installe sur le canapé, un verre de cidre de la main. Coralie, comme à son habitude, ne ressent aucune culpabilité pour avoir joué les Cupidon. Ce n’est pas non plus un mal, elle veut juste le bonheur de ses amis. Il est difficile d’en vouloir à quelqu’un qui agit comme ça. D’un autre côté, je suis déçu par ce que Sylvain a dit, il ne veut pas de copain. Au moins, ça signifie qu’il est, d’une, célibataire, et deux, gay. J’envisage donc, au moins, d’être ami avec lui, Et qui sait, il tombera amoureux de moi. C’est peut-être me montrer un trop optimiste.
-Tu es donc garagiste, dit Sylvain. Ma voiture va bien ?
-Je l’ai pas encore regardée, je le fais demain à mon arrivée, promis. Je vais te la bichonner.
-Merci, je tiens beaucoup à cette voiture. C’est sympa chez toi, et ça sent bon.
-Loïc a décoré lui-même, déclare Coralie avec fierté. Il a tout fait à la main. Tu vois, la table basse, c’est lui.
-Coralie, pas la peine de me faire sa pub. Je suis sûr que tu es quelqu’un de bien et tout, mais je sors d’une relation qui a très mal fini, je suis pas prêt à remettre ça.
-Pardon, dit-elle penaude, j’arrête.
A ce moment, je me lève pour vérifier les pâtes, et mettre la viande à cuire. Je veux surtout m’éloigner de lui. Mon espoir s’est brisé en entendant ses paroles, j’ai pensé qu’au moins on pourrait coucher ensemble. Je mets de côté ma déception, ma poêle est bien chaude. Je mets la viande à cuire, en leur demandant leur type de cuisson. Sylvain la veut saignante, Coralie aussi. Je fais donc selon leur désir, tandis que les pâtes égouttent. Je tranche une tomate et la mets dans la poêle avec l’oignon émincé. J’apporte le tout à table avec du parmesan. J’ajoute un couvert pour mon invité surprise, et il le déplace pour se mettre face à moi. Coralie a un sourire triomphant, et je me retiens d’exulter. Peut-être y-a-t-il encore un espoir.
-Tu fais quoi dans la vie ?, lui demandé-je.
-Des petits boulots en intérim. En ce moment, je remplace quelqu’un dans une usine, je travaille à la chaine. C’est assez dur, je ne pense pas renouveler mon contrat. Mon chef est odieux.
-Ça doit pas être facile comme vie, compatis-je, tu n’es jamais certain d’avoir un job.
-C’est pas un souci, j’habite chez mon père, et j’ai des économies. Je ne suis pas très dépensier, un peu comme toi.
-J’aime pas trop les trucs clinquants, la simplicité, y a que ça de vrai. Tu verrai ma chambre, c’est spartiate, y a juste un lit, un chevet et une armoire.
-Tout ce qu’il faut pour passer une bonne nuit, plaisante Sylvain. Je vois que tu aimes la lecture aussi.
-Oui, c’est une de mes passions, avec le travail manuel.
Soudain, le téléphone de Coralie sonne. Elle répond, et son visage se décompose. Elle se lève, s’excuse de nous quitter, et se précipite dehors en enfilant sa veste. La connaissant depuis longtemps, je sais qu’il n’y a que peu de choses qui peuvent la mettre dans cet état. Je me promets de l’appeler le lendemain pour prendre de ses nouvelles. En attendant, je suis seul avec Sylvain, et je m’attends à ce qu’il parte aussi. Mais il décide de rester et reprend son repas qu’il semble apprécier. La conversation tourne vite autour des activités de Sylvain. Il aime le grand air, faire du cheval, les ballades, sortir et s’amuser avec ses amis, au contraire de moi qui suis plutôt casanier. Ma soirée idéale consiste en un bon livre ou un film avec un bol de chips.
-Un beau mec comme toi ?, s’étonne-t-il après mon aveu. Non, c’est du gâchis de rester enfermé comme ça. Samedi, je t’emmène en boite avec moi.
-Je déteste les discothèques, y a trop de monde et trop d’alcool. Je préfère les lieux plus intimes.
-D’accord, on ira boire un verre.
-Je croyais que tu ne voulais rien de sérieux, le taquiné-je, ça ressemble à un rencard.
-Pas un rencard, juste deux amis qui sortent s’amuser. Dans d’autres circonstances, j’avoue que je n’aurais pas dit non.
-J’aurais pas dit non, non plus. J’accepte ton invitation amicale.
Sylvain détourne le regard, les joues rosissant. Apparemment, je lui plais beaucoup. Il y a donc de l’espoir. Je n’ose pas lui demander de me parler de sa dernière relation, je sais que c’est toujours difficile d’évoquer ce genre de sujet, surtout face à un inconnu. Pourtant, la curiosité me dévore, je veux comprendre et aider ce garçon. Je suis persuadé qu’on ne peut pas vivre sans amour, et un cœur brisé me pousse toujours à le soigner. Ça fait partie de ma nature, quand quelqu’un que j’apprécie souffre, je veux le guérir du mieux que je peux, et j’apprécie beaucoup Sylvain.
Après diner, nous discutons un long moment, sans voir le temps passé. Assis sur le canapé, je découvre que Sylvain a une large culture, et sait l’utiliser à bon escient. Nous parlons de tout, de livres, des derniers évènements dans le pays, des lieux qu’on a visités plus jeunes, de nos familles (le sujet tourne court, c’est un tabou pour moi). Bref, nous passons une excellente soirée. Je dois me contrôler pour ne pas me jeter sur lui et lui faire l’amour. A onze heures, je le raccompagne en bas de mon immeuble, et il dépose un baiser léger sur mes lèvres. Il me faut une minute pour reconnecter mes neurones.
Je remonte chez moi pour faire la vaisselle et ranger. Cette corvée, je ne l’apprécie pas vraiment, mais je suis sur un petit nuage. Je file ensuite au lit, en boxer, et je repense aux lèvres douces de Sylvain. Je m’endors avec des images de ces lèvres sur mon exe, et au matin, j’ai une nouvelle érection que je soulage avec plaisir. Après une douche et un rapide déjeuner, je file au travail pour réparer le véhicule de mon nouvel ami.

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