Méprise Involontaire

"Dialogues Interdits" : une série de mini-nouvelles sans narration, uniquement faite de dialogues. Confessions crues, drôles et surprenantes entre amis...

Méprise involontaire

— Je vais te faire une confidence. Quand on s’est lancé le défi de se faire une semaine en camp naturiste entre copines, j’ai eu peur qu’on nous mate à longueur de temps et qu’on croise des lourdingues. Et quand j’ai vu à quel point on était anonymes dans la masse, j’ai presque regretté que ce soit pas le cas. Peut-être que je suis jamais contente…
— C’est pas moi qui vais te juger ! Ça m’a fait le même effet.
— Tu me rassures ! On aurait pas dû choisir le plus grand terrain d’Europe. Trop de monde… trop de concurrence aussi. On n’est pas les seules jolies filles, loin de là. D’ailleurs, encore maintenant on est là à marcher le long de la plage et toujours cette affreuse sensation d’être invisible. Bon, c’est pas non plus qu’on se soit pas du tout fait draguer.
— Mais très peu matées. Remarque, je pense que ça se fait surtout plus discrètement qu’ailleurs.
— Peu importe puisque ça ne se voit pas ! Qu’est-ce qu’on pourrait faire pour se faire au moins un tout petit peu plus remarquer ? Parce que je viens de me rendre compte… en fait, j’ai besoin d’une dose quotidienne. Un minimum, quoi.
— On va tenter quelques trucs. D’abord, on se met un peu plus les pieds dans l’eau. Par là.
— Putain, c’est froid !
— Tant mieux, ça te fait une petite chair de poule à ravir. Grâce à la mer on traîne les pieds, on avance de façon plus langoureuse…
— Ah oui, pas mal. Bien trouvé. Qu’est-ce qu’on pourrait faire d’autre… Oh je sais, si on se tenait par la main ? Donne-moi ta main.
— Bonne idée. Eh, mais c’est que ça marche nos petites astuces ! Je vois déjà des têtes se tourner.
— Faut qu’on marche encore plus lentement, en prenant bien notre temps. Et aussi, pas si loin ! Laissons nos pieds traîner dans l’eau tout près du bord, qu’on soit juste à quelques mètres des vacanciers.


— Regarde, fais comme moi… remue un peu du popotin, ça fera encore meilleur effet. Pas autant ! De façon plus subtile. Comme si un mec t’excitait au point que tu parvenais pas à t’empêcher de le bouger doucement, comme quand on danse un slow. Tu as vu ? Tout le monde nous regarde, maintenant. Quel pied.
— Au top. Attends, mieux encore : cambre-toi bien. Poitrine bien en avant, voilà, et je fais pareil. Ça commence à me plaire, regarde je crois bien que mes seins grossissent… là, les mecs vont carrément péter les plombs ! Écoute, on entend même des compliments et des sifflets. Ha ha, faut pas non plus qu’on en fasse trop, il paraît que dans ces espaces la sécurité veille à ce qu’il y ait pas de comportement indécents : là, on est limite-limite.
— Heu… Sidonie ?
— Quoi !? T’as l’air effrayé tout d’un coup.
— Demi-tour. Vite. Et au pas de course. Je viens de comprendre. On est sorti de la plage naturiste depuis au moins deux-cents mètres et on est en plein dans la zone maillots, c’est pour ça que tout le monde nous regarde. Encore cent mètres de plus c’est soit le viol soit le poste.

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