Histoire Des Libertines (21) : Diane De Poitiers Ou Le Ménage À Trois.

Avec Diane de Poitiers, nous continuons la série, commencée avec Agnès Sorel, sur les grandes maîtresses royales.

Maîtresse du roi Henri II (et peut-être de son père), Diane de Poitiers (1499-1566), duchesse de Valentinois, personnifie la Renaissance française et la vie de cour joyeuse, raffinée... et cruelle du XVIème siècle.

Dotée d’un sens aigu du pouvoir et de ses intérêts financiers, elle exerce une grande influence sur le roi, qui l'aime sincèrement, bien qu'elle soit de vingt ans plus âgée que lui.

Ses ennemis l’appelaient la vieille, mais elle gardera toute sa vie un incroyable pouvoir de séduction, avec « un teint de lys, blanc comme le lait » (Alain Dag’Naud, « Les dessous croustillants de l’histoire de France », Larousse 2017)

Diane est la fille de Jean de Poitiers, vicomte d'Estoile, seigneur de Saint-Vallier et de Jeanne de Batarnay. Ses parents appartiennent au premier cercle des intimes du pouvoir royal. Son grand-père Aymar de Poitiers avait épousé en premières noces, Marie, la fille naturelle du roi Louis XI et son grand-père maternel Imbert de Batarnay avait été un ami intime de ce même roi.

Contrairement à ce qui a longtemps été dit, la famille de Poitiers est d'origine provençale et n'a aucun lien de parenté avec les comtes de Poitou.

Orpheline de mère à six ans, Diane passe ses jeunes années auprès d’Anne de Beaujeu, fille du roi Louis XI, austère femme de tête qui a su tenir en respect la noblesse durant la régence qu’elle a assuré pour son frère Charles VIII.

UN MARIAGE ARRANGE

Sur l'entremise d'Anne de Beaujeu, elle épouse à l'âge de quinze ans, Louis de Brézé, petit-fils de Charles VII et d'Agnès Sorel, grand-sénéchal de Normandie et Grand veneur de France. Il est son aîné de près de quarante ans ! De ce mariage naissent deux filles.

En 1524, son père est accusé de complicité dans la trahison du Connétable de Bourbon, gendre d’Anne de Beaujeu.

Devenu le principal bouc émissaire de l’affaire, c’est in extremis, sur l’échafaud, qu’il apprend sa grâce, accordée par le roi en reconnaissance des bons et loyaux services de Louis de Brézé qui l’avait d’ailleurs alerté sur le complot. Jean de Poitiers finit ses jours enfermé (avec un certain confort) dans la forteresse de Loches. La rumeur allait bon train : Jehan venait d’être gracié parce que sa fille Diane s’était donnée au roi…

MAITRESSE DE FRANCOIS Ier, PUIS DE SON FILS, LE FUTUR HENRI II

Diane est dame d’honneur de la reine Claude, puis de la mère du roi, Louise de Savoie, et enfin de la reine Éléonore. C’est à cette époque qu’elle serait devenue été la maîtresse de François Ier.

À la suite de la défaite de Pavie (1525), le dauphin François et son cadet Henri, duc d'Orléans (et futur Henri II), âgés respectivement de 8 et 7 ans, sont remis en otage à Charles Quint en échange de leur père. Diane fait partie du cortège de Louise de Savoie qui accompagne les deux s à la frontière espagnole. Au moment où les petits princes font leurs adieux à leur grand-mère et à ses dames, Diane aurait posé sur le front d'Henri un baiser maternel.

Du fait de la reprise de la guerre, les deux princes sont bientôt soumis à une détention sévère et passent presque quatre années (1526-1530) très isolés, dans l’incertitude quant à leur avenir.

Le roi la charge de faire l’éducation de cour d’Henri lorsqu’il revient en France. Il est âgé alors d' 11 ans et elle de 31 !

En 1531, Diane est veuve. Belle et élégante dans sa tenue de deuil en noir et blanc, la silhouette fine et élancée, Diane fait partie de ces femmes dont l’âge n’altérera pas le pouvoir de séduction.

Lors du tournoi organisé en 1531 pour le couronnement d’Éléonore de Habsbourg, alors que le dauphin François salue comme il se doit sa nouvelle belle-mère, c’est devant Diane de Poitiers qu’Henri abaisse sa lance.

SA PROXIMITE AVEC L’EPOUSE D’HENRI

Henri d'Orléans épouse Catherine de Médicis en 1533.
Diane avait appuyé le choix de l’arrière-petite-fille de Laurent le Magnifique. Catherine et Diane sont en effet cousines : le grand-père maternel de Catherine (fille de Madeleine de la Tour d'Auvergne) est le frère de la grand-mère paternelle de Diane. Lorsque les rumeurs de répudiation s’élèvent devant la stérilité prolongée du couple, Diane apporte son soutien et ses conseils à Catherine, elle pousse Henri à multiplier les visites nocturnes à sa femme.

LA PREMIERE NUIT

Au matin de leur première nuit, Diane écrivit un petit poème et l’adressa à Henri :

« Voici vraiment qu’Amour, un beau matin,
S’en vint m’offrir fleurettes très gentilles…
Car, voyez-vous, fleurettes si gentilles
Etaient garçon, frais, dispos et jeunet.

Ainsi tremblotante et détournant les yeux,
« Nenni » disais-je. « Ah ! Ne soyez déçue ! »
Reprit l’Amour et soudain à ma vue
Va présentant un laurier merveilleux.

« Mieux vaut » lui dis-je, « être sage que reine ».
Ainsi me sentis et frémir et trembler,
Diane faillit et comprenez sans peine

Duquel matin je prétends reparler… »

Ainsi commençait l’une des liaisons royales les plus constantes et les plus inattendues de l’histoire de France. Henri se mit à rayonner de bonheur grâce à la présence constante de Diane à ses côtés. Diane découvrit avec Henri le plaisir que procure un amant adolescent, elle lui transmit toutes ses connaissances.

Diane veille à l’éducation. La tendresse laisse la place à l’amour platonique, puis à la passion. Malgré leurs 20 ans de différence, elle devient sa maîtresse, sans doute vers 1538. Diane sera le grand amour du futur roi.

Diane dut faire face à l’agressivité et la haine de la maitresse en titre du roi François Ier. Anne de Pisseleu, Duchesse d’Etampes, se rendait compte que le roi appréciait beaucoup Diane, elle encouragea un groupe de diffamateurs, afin de diffuser des épigrammes calomnieuses.


A la Cour, Diane était l’égérie de nombreux poètes tels Joachim Du Bellay ou Clément Marot. Celui-ci, subjugué par sa beauté, composait de magnifiques vers en son honneur. Mais la passion dont il se consumait ne fut pas réciproque. Diane le dénonça même comme protestant. Aussi Marot rejoignit la coterie de la duchesse d’Étampes.

Mme d’Étampes, Anne Pisselieu, surnomma Diane aussi « la ridée » jusqu'à ce qu’elle et sa coterie firent courir des rumeurs d’appartenance à la sorcellerie. Il y avait ainsi deux camps : celui de la maitresse du roi et celui de Diane. Diane sentit vraiment le danger, elle était devenue une proie. C’est à ce moment que le prince Henri se chargea de la défendre et devant la cour entière, il réitéra son serment de dévotion à Diane.

LA FAVORITE

L'avènement d'Henri II au trône marque le triomphe de Diane de Poitiers. Après plusieurs années d'humiliation, l'heure vient pour elle de prendre sa revanche sur sa rivale : l'ancienne favorite de François Ier, Anne de Pisseleu, est chassée sans ménagement de la cour.

Le nouveau roi lui fait cadeaux des biens qu'Anne de Pisseleu avait obtenus de François Ier : les bijoux de la couronne, un hôtel parisien et enfin beaucoup plus tard, du duché d’Étampes (1553) ou le relais de chasse des Clayes (1556), où elle aurait planté l'arbre de Diane. Diane reçoit également divers cadeaux en terre, dont la propriété royale de Chenonceau (1547) et divers cadeaux en argent, dont le produit de l'impôt sur les charges, qui lui procure une somme extraordinaire de 100 000 écus (1553).

Pour asseoir sa position à la cour, elle est titrée, en 1548, duchesse de Valentinois : les duchesses bénéficient du privilège d'une place assise dans la chambre de la reine. Diane participe elle-même au cortège des grandes dames, princesses et duchesses qui escortent et assistent la reine durant le sacre.

Sa faveur apparaît également dans la proximité de ses appartements avec ceux du roi.
Au château de Saint-Germain-en-Laye, ses appartements sont situés juste en dessous de ceux de la reine ; ils comportent une salle et une chapelle, privilège ordinairement réservé aux princesses de la famille royale.

Si Catherine est la reine, Diane est la femme d’Henri. Le roi lutine sa favorite et « lui touche quand et quand ses tétins » en public.

LES INCARTADES DU ROI

Henri, lors de la guerre à la frontière italienne, rencontra Filippa Duci : ils furent amants et, en 1538, une fille naquit…Il la fit ramener en France, la baptisa Diane et confia l’éducation de l’ à sa maîtresse. Elle portera le nom de Diane d’Angoulême, elle signa par la suite Diane légitimée de France, se mariera en secondes noces avec le fils d’Anne de Montmorency. Diane de Poitiers fut sa marraine et l’éleva comme sa propre fille, le scandale fut évité.

Henri II réalise peu d'incartades notoires. Les mieux connues sont celles avec Jane, gouvernante de Marie Stuart, et avec Nicole de Savigny, toutes d'assez courte durée. De caractère discret et prudent, Henri cherche à éviter le scandale et à ménager l’amour-propre de son épouse …et de sa favorite officielle !

Diane est toujours la maîtresse du roi, mais avec le temps et l'âge, le roi s'en serait lassé, ce qui expliquerait ses incartades avec Jane Fleming et Nicole de Savigny. Diane serait alors redevenue la confidente et l’amie des débuts.

De façon certaine, Diane constitue la dame d'Henri, dame dans le sens des romans de chevalerie. À la cour de France, c'est la coutume qu'un jeune homme fasse le service à une dame avec l'accord de son mari, en retour, celle-ci doit l'édifier dans ses mœurs, lui apprendre la galanterie et l'obliger à ses devoirs. C'est le rôle attribué à Diane par le roi François Ier lui-même, conformément à la tradition qui veut que ce soit un parent qui choisisse la maîtresse.

Selon l'historiographie traditionnelle, elle aurait poussé le roi à réprimer les protestants, mais là encore, aucune source ne permet de le confirmer. Catholique convaincue, Diane fait partie des personnalités de l’entourage royal hostile au protestantisme. Mais si elle demeure vilipendée par la propagande protestante, elle se voit d'abord attaquée sur le plan moral. Diane est accusée d’avoir entretenu Henri dans le vice, c’est-à-dire d’avoir entretenu avec lui une relation adultère.

À l'avènement du roi, Diane partage la faveur royale avec plusieurs favoris, le principal étant Anne de Montmorency, connétable de France. Il demeure le seul à pouvoir s'opposer à l'influence de la favorite.

Pour lui faire contre-pièce, Diane favorise l’ascension de la famille des Guise.

De son côté, le connétable Anne de Montmorency aurait tenté d'écarter Diane en encourageant la liaison du roi avec Jane Fleming, la gouvernante de Marie Stuart. Absente momentanément de la cour pour soigner une fracture causée par une chute de cheval, Diane est avertie par les Guise que le roi s'entretient régulièrement avec lady Fleming et qu'Anne de Montmorency sert souvent d'intermédiaire. Venue constater par elle-même au château de Saint-Germain et ayant surpris le roi et le connétable en flagrant délit de sortir des appartements de l'Écossaise, elle se serait mise en colère, reprochant au connétable de contribuer à l'inconduite du roi et de porter préjudice à la réputation de la reine, à celle de la reine d’Écosse et du coup à celle des Guise. Il est à noter que la reine Catherine de Médicis fut, dans ce cas, une alliée de Diane pour écarter Lady Fleming. L’épouse et la favorite, ensemble, obtinrent que l’intrigante fût chassée de la Cour !

UNE EPOUSE COMPLAISANTE

La reine Catherine de Médicis est tout à fait consciente de la nature de la relation entre le roi et Diane de Poitiers. Pendant vingt ans, Catherine dissimule sa rancœur, sa jalousie, sa haine, acceptant la présence de sa rivale comme dame de compagnie, par amour pour son mari, mais aussi dans la crainte de lui déplaire. Quand le roi s’éloigne à la guerre, elle souffre de ne pas recevoir assez de nouvelles de lui, alors que Diane en reçoit tous les jours.

Catherine fait bonne figure et dissimule sa rancœur. Elle dira : « Je faisais bonne figure à Mme de Valentinois parce que c’était le roi. Mais jamais femme qui aimât son mari n’aima sa putain. »

Diane et Catherine se serraient les coudes. Diane prit même Catherine à part, lui parla avec douceur, lui expliqua l’art de faire l’amour. Certains soirs, Diane envoyait Henri chez son épouse. Diane s’efforce de garder de bons rapports avec la reine. En tant que dame de compagnie de la reine, son rôle consiste à la servir dans la vie quotidienne et être présente à ses côtés.

Catherine était-elle curieuse ou voyeuse ? Selon Brantôme, elle fit faire des trous au-dessus de la chambre de sa rivale, pour mater. « Elle n’y vit rien que de très beau, car elle y aperçut une femme très belle, moitié en chemise, moitié nue, faire des caresses à son amant, des mignardises, des folâtreries bien grandes, et son amant lui rendre la pareille. De sorte qu’ils sortaient du lit et se couchaient et s’ébattaient sur le tapis. »

Le ménage à trois était tout de même très précaire. Il y eut des différents entre la reine et la maîtresse du roi. Voilà une petite anecdote relativement connue : « Diane se rendit un jour dans les appartements de Catherine, celle-ci lisait. Intéressée Diane lui demande ce qu’elle lisait : “je lis les histoires de ce royaume, et j’y trouve que, de temps en temps à toute époque, les putains ont dirigé les affaires des rois”. L’insulte fera le tour du royaume.

Diane de Poitiers joue un rôle clé au sein de la famille royale : elle a contribué à rapprocher Henri II de son épouse et c’est à la duchesse de Valentinois que sont confiés les s royaux. Le roi et Catherine auront dix s, qui seront arrachés à leur mère et élevés par Diane. Ce n'est pas par amitié ou par compassion que la favorite agit de la sorte : si Catherine de Médicis, bien que jeune, ne peut rivaliser avec la duchesse sur la beauté, en revanche, Diane aurait tout à craindre si le jeune roi répudiait son épouse. Une nouvelle reine jeune et belle serait une rivale dangereuse pour Diane. Dès lors, la maîtresse du roi de France fait tout pour conforter la position de la florentine à la cour.

CHUTE

Lorsque le roi est mortellement blessé le 30 juin 1559, Diane s'abstient de rendre visite au blessé, consciente qu'elle n'a pas sa place dans la chambre royale et qu'à juste titre, elle peut en être chassée. Catherine interdit à quiconque de donner des nouvelles du roi à Diane, il lui est également interdit de voir Henri. Sur son lit de douleur, Henri réclame la présence de Diane à ses côtés, mais personne n’avertit la favorite royale. Le 10 juillet 1559, le roi de France Henri II rend le dernier soupir, sans avoir revu sa bien-aimée « Dame ».

Après la mort d'Henri II, aucune sanction n'est prise à son encontre par le nouveau roi, hormis l'interdiction de paraître à la cour. Malgré les rancunes du passé, la reine Catherine ne semble guère manifester à son égard de volonté de vengeance. Elle décide de la laisser profiter des innombrables dons, biens et terres que son mari lui a donnés, bien qu'à la fin de l'année 1559, elle la force à rendre le château de Chenonceau que Diane s'est accaparé par malversation et à l'échanger contre celui de Chaumont.

Diane se retire à Anet où elle meurt à l'âge de 66 ans.

LA PERSONNALITE DE DIANE, FEMME LIBRE

Protectrice des Lettres et des Arts, elle sut donner au château de Chenonceau toute sa splendeur et fit édifier le superbe et audacieux château d’Anet. Éclipsant Catherine de Médicis, déjouant les complots et balayant les jalousies, armées de sa légendaire beauté et de sa redoutable intelligence, elle régna dans l’ombre sur le cœur du souverain et les destinées de la France.

L’éclatante beauté de Diane dépasse celle de toutes les jeunes filles de la Cour.

À une époque où les femmes sont vieilles à 30 ans, une telle fraîcheur paraît étonnante. On l’admire, on la déteste, on copie sa démarche, ses gestes, ses coiffures. Diane de Poitiers marque de son empreinte la poésie, la statuaire, la peinture et même l’architecture de son temps. Sa présence se fait sentir partout dans le chef-d’œuvre de l’époque. Sa mince silhouette, son visage lisse demeurent le symbole de la Renaissance. Elle inspire les canons de beauté de son temps et personnifie pour des générations la beauté éternelle et la longévité de l’amour. Un jeune roi qui pourrait être son fils lui écrit des lettres enflammées, la traite « en plus que reine ».

Le secret du charme de Diane de Poitiers : son hygiène de vie. Elle se lavait à l’eau claire, prenait par tout temps un bain d’eau glacée, pas de cosmétiques, un bouillon, 3 heures de cheval le matin à vive allure, une petite collation à 11 h, règlement de ses affaires des domaines, les audiences, diner à 18 h et au lit. Pas de soleil, une peau toujours blanche, vêtue de soie, deux boucles de cheveux s’échappaient d’une résille en fils de soie noirs parsemés de perles, elle attachait à ses épaules des rangs de perles se croisant sur un corsage de velours noir pourvu d’un profond décolleté, le bout des manches en fine mousseline, pierres précieuses à sa taille. Diane dicta la mode de son temps.

A l’aube de ses soixante ans, Diane était encore une belle femme, jouissant d’une bonne condition physique, malgré un accident de cheval qui lui fractura la jambe, elle venait d’avoir soixante-quatre ans.

Brantôme écrivait : « je vis cette dame, six mois avant qu’elle mourût, si belle encore, que je ne sache cœur de rocher qui ne s’en fut ému, encore qu’auparavant elle s’était rompu une jambe sur le pavé d’Orléans, allant et se tenant à cheval aussi dextrement comme elle avait fait jamais ; mais le cheval tomba et glissa sous elle ; et, pour telle rupture et maux et douleurs qu’elle endura, il eût semblé que sa belle face s’en fût changée ; mais rien moins que cela, car sa beauté, sa grâce, sa majesté, sa belle apparence, étaient toutes pareilles qu’elle avait toujours eu ».

Mézeray, qui traite fort mal les favorites des rois de France, ne ménage pas Diane.

Le président de Thou lui attribue tous les malheurs du règne de Henri II, la rupture de la trêve avec l'Espagne, qui entraîna la perte de la bataille de Saint-Quentin et causa des maux infinis à la France, et les persécutions que souffrirent les protestants. Il paraît en effet, par la haine que témoignent contre elle tous les écrivains calvinistes, que Diane contribua à inspirer à Henri ces cruelles idées d'intolérance qui semblaient poussées à l'excès sous ce règne. Ennemie déclarée de la Réforme, Diane, dans son testament, déshérite ses filles dans le cas où elles embrasseraient les nouvelles opinions.

Diane restera le grand amour d’Henri II. Il est vrai qu'elle fut une merveilleuse amante. A plus de soixante ans, elle était aussi désirable qu'à vingt ! Et son corps, tant sculpté ou peint par les plus grands artistes de son temps, ce corps qu'elle soignait en diététicienne avant l'heure, à grand renfort de douches froides, de chevauchées en forêts et d'alimentation équilibrée, n'avait rien à envier à son âme. Quelle intelligence ! Quelle culture ! Mais quelle ambition, de surcroît !

On la nomma « la plus que reine », celle dont la beauté fut chantée presque toute sa vie et que l’on a souvent qualifiée de surnaturelle, tant sa beauté et sa fraîcheur semblait défier le temps. Mais au-delà de cette icône de beauté, se cache un personnage plus sombre, femme rusée, volontiers retorse à l’occasion et qualifiée de franchement opportuniste.

Le roi Henri II et sa favorite, Diane de Poitiers, représentent le couple emblématique. Ils sont les derniers amants courtois, avec eux prend fin un certain type d’amoureux. La fin tragique et inattendue d’Henri II va faire basculer la France.

Quant à Diane de Poitiers, elle a réussi à faire de sa vie un modèle pour le XVIe siècle, modèle de goût, d’élégance, de beauté et de passion amoureuse.

POURQUOI DIANE ?

Diane de Poitiers avait toute sa place dans cette série, même si, grand amour d’un seul homme, le roi Henri II, elle ne fut pas à proprement parler une « grande libertine ».

Je me sens attirée par l’intelligence, la culture, la beauté de Diane de Poitiers, tout ce qu’elle a su entretenir toute sa vie. Il faut aussi rappeler que, comme Agnès Sorel avant elle, même si ce fut de façon plus discrète, Diane aimait à porter des tenues qui mettaient en valeur sa magnifique poitrine. Ce que certains qualifient d’exhibitionnisme est aussi un point commun entre Diane et moi !

Comme je l’ai rappelé récemment dans la fiche de lecture du roman de Stephen Vizinczey, Diane est l’occasion d’un « éloge des femmes mures ». Comme elle, j’apprécie tout ce qu’une femme d’expérience peut apporter à un amant bien plus jeune.

Comme à l’époque de Diane de Poitiers, une telle liaison continue à être critiquée de nos jours, alors que l’inverse ne suscite aucun commentaire, voir l’admiration envers l’amant. Diane permet de rappeler qu’une femme mure peut faire le bonheur d’un homme bien plus jeune qu’elle.

Et enfin, comme Diane, j’aimerais être aussi désirable à 60 ans qu’à 20 ans !

Comments:

No comments!

Please sign up or log in to post a comment!