0212 Une Soirée Très Riche En Émotions (Partie 1).

Ce récit et ses dialogues sont de la pure fiction. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé, ou avec des faits réels, est à considérer comme purement fortuite.

Cet épisode a été écrit en grande partie au cours d’un voyage entre Québec et Montréal. C’est pour cette raison que j’ai décidé de le dédier aux lecteurs (nombreux) qui suivent Jérém&Nico au pays du (délicieux) sirop d’érable.

Solo chi sogna puo’ volare (Seuls ceux qui rêvent peuvent voler).


De retour de notre balade, nous dessellons nos chevaux et nous les ramenons au pré en contrebas de la pension de Charlène. En remontant, nous passons par l’écurie pour déposer les selles et les harnachements. Et là, Jérém m’att par la main, m’attire dans un box, il me plaque contre le mur, il me prend dans ses bras et il m’embrasse fougueusement.
Nous sommes tellement happés par nos effusions, que ni lui ni moi ne nous rendons compte que quelqu’un est rentré dans l’écurie. Nous nous apercevons de sa présence que lorsqu’elle apparaît sur le seuil du box, le regard abasourdi, lorsqu’elle tente de se dérober, en lâchant un :
« Oh… pardon… ».
Un instant plus tard, alors que Charlène détale à toute vitesse, Jérém relâche illico notre étreinte pour lui courir après, l’air paniqué.
« Attends, Charlène ! » je l’entends l’appeler pour essayer de la rattr.
Secoué par ce qui vient de se produire, je n’ose quitter le box, je suis la scène à distance.
« J’ai pas fini de desseller… ».
« C’est pas ce que tu penses… ».
« Dis pas de bêtises, Jérémie… je… ».
« Ah, tu es là, Charlène… » je reconnais la voix de Martine « tu n’aurais pas du ruban à clôture ? ».
« Si… si… ».
« Mais qu’est-ce qui se passe ici ? Vous avez l’air d’avoir vu un fantôme… ».
Après un instant de flottement, Charlène finit par lâcher :
« Non, rien de grave… euh… Jérémie vient de me dire qu’il pense que son Unico s’est fait une entorse… enfin… j’espère que c’est pas trop grave ».


Sacrée répartie la Charlène.
« Ah, c’est pas cool ça ».
« Je vais aller le voir » fait Jérém, pressé de se soustraire aux questionnements de Martine.
« Oui, tu me diras ce qu’il en est. On en reparle plus tard » fait Charlène.
J’attends que tout le monde soit reparti avant de sortir du box et d’aller rejoindre Jérém.
Il n’a pas menti, il est effectivement descendu au pré. Il se tient à côté de son Unico. Il le caresse d’une main, tout en fumant une cigarette avec l’autre. Mon bobrun a l’air soucieux.
« Ça va ? ».
« Oui, ça va » il lâche, sur un ton sec et expéditif.
Malgré sa réponse, je sais que ça ne va pas. Son regard complice et doux de tout à l’heure a complètement disparu de son visage. Ses yeux sont fuyants, inquiets.
« Ça t’embête que Charlène nous ait vus ? ».
« T’occupe pas de ça ».
Je le sens vraiment à fleur de peau.
« Je ne pense pas qu’elle va mal le prendre… ».
« J’en sais rien… ».
« Je pense que tu n’as pas à t’inquiéter. Elle est tellement bien cette femme. Et puis, elle t’aime trop ».
Jérém ne répond pas, il fume nerveusement, comme s’il marchait sur des braises.
« Je pense qu’elle va garder ça pour elle, de toute façon » je tente de le rassurer.
« On arrête de parler de ça, ok ? On va aller à la soirée et on va essayer de faire comme si rien ne s’était passé. Ce soir, on s’amuse avec les autres »
« Jérém… ».
« S’il te plaît ».
« D’accord… ».

***

Jérém&Nico, le Livre !
Jérém : qui est-il ce garçon ?

Ce livre reprend les 40 premiers épisodes de l'histoire, enrichis de nombreux passages piochés dans les épisodes plus récents, lorsque ces derniers s’intègrent aux premiers de façon intéressante.
Il en résulte une toute nouvelle structure narrative, allégée et plus cohérente.
Tu peux commander ta copie dédicacée en version papier ou epub (pour liseuse) dans la boutique virtuelle www.
tipeee;com/jerem-nico-s1.
En achetant le livre papier ou numérique, tu contribues au travail d’écriture de la suite de l’aventure Jérém & Nico.
Merci d’avance pour ta contribution à Jérém et Nico !
Fabien

***

Pendant que nous remontons vers la pension, Jérém demeure silencieux. Je comprends bien que ce petit accident puisse le toucher. Un coming out involontaire, c’est un coming out pour lequel on n’est pas prêts, c’est un coming out « volé » d’une certaine façon. Je connais ça, j’ai vécu la même chose avec maman, le jour où Jérém et moi on s’est tapé sur la gueule.
Pourtant, je suis quelque part déçu qu’il soit à ce point secoué par ce petit accident. C’est vrai, après tout, qu’est-ce que ça peut faire que Charlène soit au courant ? Charlène m’a l’air de quelqu’un parfaitement à l’aise avec les réactions entre garçons, il suffit de regarder son attitude vis-à-vis de Loïc et Sylvain. Alors, je ne vois vraiment pas en quoi le fait de savoir que son protégé aime un garçon pourrait lui poser un problème.
Je crois plutôt que c’est à Jérém que cela pose problème. Le fait que désormais sa « maman de substitution » sache, rend tout cela un peu plus vrai, et l’oblige à regarder les choses en face, et à les regarder d’encore plus près. Un coming out nous met en face de nous même, comme devant un miroir. Un coming out, c’est mettre des mots sur une partie de notre intimité, et partager cette intimité avec une autre personne. Les mots et leur partage, sans eux, rien n’existe. Car ce sont eux qui font tout exister. Dès lors qu’on a mis des mots sur quelque chose, cela devient irréversiblement réel, pour l’autre, et pour nous.
« C’est pas ce que tu penses… ».
Ce petit accident me montre à quel point Jérém n’est pas du tout prêt à s’assumer, même devant les personnes qui l’aiment le plus et qui sauraient sans doute le mettre à l’aise vis-à-vis de tout ça. Depuis deux jours, j’avais l’impression que les choses étaient vraiment en train d’évoluer dans le bon sens dans la tête de Jérém.
A cet instant, j’ai à nouveau l’impression que ça ne changera jamais, que notre histoire est destinée à rester discrète, cachée, loin des regards « tiers ».
Soudain, j’ai comme l’impression d’avoir un aperçu de ce que je vais vivre à l’avenir dans notre relation. Non pas une existence épanouie et assumée, mais une sorte de huis clos.
A cet instant précis, je réalise à quel point j’aspire à ça, à une vie à deux, et non pas une vie en cachette. Je ne parle pas de peindre ma future maison, notre future maison, en rose Barbie ou avec les couleurs de l’arc en ciel, je ne parle pas non plus de m’habiller, de parler, de penser, d’avoir des fréquentations « gay » H24.
Non, rien de tout ça. Je n’aspire qu’à une vie de relative normalité, une vie où nos amis et nos familles seraient au courant que nous nous aimons, sans que cela pose de problème. Une vie dans laquelle nous serions un couple parmi d’autres, hétéros ou pas, une vie où le fait que nous soyons deux mecs en ménage ne serait pas notre principale caractéristique dans le « fichage inconscient » des gens qui nous entourent. Je rêve d’une vie ou le fait que je sois « gay et en couple avec un autre gars », ne prenne pas plus de place dans mon « curriculum social » que « je suis châtain », j’ai la barbe qui rouquine », « je suis né en 1983 », « j’ai fait telles études », « j’exerce tel métier », « je suis quelqu’un de gentil ».
Est-ce que Jérém pourra un jour m’offrir ce genre de vie ? A quelle distance se situe-t-il ce jour béni ? Est-ce que je suis prêt à l’attendre ? Et si jamais ce jour ne venait jamais ?
Tu te vois, Nico, à passer toute une vie à cacher ta relation avec l’homme que tu aimes ?
Soudain, j’ai l’impression de me retrouver sur le bord d’une falaise, face à un abîme infini. J’ai l’impression que je n’y arriverai pas avec Jérém, que tout mon amour ne suffira pas à le mettre suffisamment en confiance pour l’amener à s’accepter et à nous accepter. Une immense mélancolie m’envahit.
Je suis au bord des larmes.
Puis, je sens un petit espoir poindre dans mon esprit. J’ai entendu Charlène lâcher à Jérém un « on en parle plus tard ». J’espère vraiment qu’elle va le faire, et qu’elle va surprendre Jérém par sa tolérance et sa bienveillance. Charlène a un ascendant énorme sur mon bobrun et je suis certain qu’elle a un rôle, et pas des moindres, à jouer dans le chemin malaisé que mon bobrun doit parcourir pour arriver à s’aimer tel qu’il est. Pour arriver à m’aimer. Car, oui, avant de pouvoir m’aimer vraiment, mon bobrun a besoin de s’aimer lui-même, aimer tout ce qu’il est, sans exceptions.
Nous arrivons à la voiture de Jérém. C’était en effet une bonne idée de prévoir des vêtements de rechange, car l’odeur du cheval imprègne les tissus de nos vêtements de la journée. C’était également une bonne idée de prendre une petite laine : le soleil va bientôt se coucher et l’air se fait très frais.
Je regarde mon bobrun se changer et je ne peux le quitter des yeux. J’adore le voir se dessaper, même si c’est juste pour se changer.
Lorsqu’il ôte son débardeur gris, la vision de son torse, de ses pecs, de ses abdos, de ses tatouages me frappe de plein fouet et manque de peu de m’assommer. Ce qui peut paraître étonnant, en sachant que depuis notre première révision je l’ai vu torse nu un bon paquet de fois. Et pourtant, à chaque fois que Jérém ôte son t-shirt, c’est toujours la même gifle puissante. C’est dingue comment ce gars est bien foutu. Ce torse est d’une beauté à vriller les tripes. C’est dingue le côté violemment viril apporté par ses poils.
Et quand la beauté plastique se combine au souvenir de l’amour, le frisson ressenti est du genre à couper le souffle, à mettre ko.
Ainsi, lorsque le bogoss ôte son pantalon de cheval et qu’il se retrouve en boxer, je me retrouve projeté dans un état second : ça dépasse l’ivresse visuelle, c’est carrément du « coma visuel ». C’est dingue le désir que ce gars m’inspire. C’est dingue l’effet qu’il me fait. J’ai terriblement envie de faire l’amour avec lui. C’était tellement bon, à midi, dans la nature. C’est tellement excitant de savoir que j’ai encore son jus en moi.
Mon corps en redemande. Mon corps a besoin du contact de son corps, il besoin de sentir la vibration de sa virilité. J’ai envie de le sucer, envie de le faire jouir, j’ai envie de me donner à lui et de sentir la puissance de ses coups de reins. J’ai envie de le sentir autoritaire, un brin animal. J’ai envie qu'il m'étouffe avec sa queue, qu'il me noie avec son jus, qu'il m'envahisse avec son manche, qu'il me démonte au point d'avoir l'impression de l'avoir toujours en moi des jours plus tard.
Pourquoi ce mec m'inspire une telle violente envie de me laisser remplir par sa virilité, de me laisser gicler partout où je pourrais accueillir son jus de mâle ? Pourquoi j'ai à ce point envie de voir sa petite gueule se crisper sous la vague de l’orgasme ? Pourquoi je crève d’envie de le sentir crier son orgasme ?
Oui, sa presque-nudité me rend dingue. Et le fait qu’il s’apprête à la cacher sous un t-shirt et un pantalon aurait de quoi me faire hurler de frustration. Mais lorsque sa plastique de fou est « emballée » sous ce magnifique « papier cadeau » qu’est le maillot de Wilkinson, là je n’ai plus rien à dire, à part : putaaaaaaaaaaaaaaain ! Oui, putain, qu’est-ce qu’il est sexy dans ce maillot !
Un simple polo dont la coupe frôle la perfection, dont toutes les coutures semblent conçues pour mettre en valeur les lignes, les muscles de la plastique de mon bobrun, avec une mention spéciale pour le relief de ses pecs, qu'on devine très, très, très bien sous le coton tendu. Un maillot qui, de plus, possède une symbolique bien à lui, celle du rêve de rugbyman de mon bobrun.
Puis, dans la foulée, son boxer est éclipsé par un beau jeans surmonté par une belle ceinture de mec. Au final, avec son maillot, son jeans et ses jolies baskets rouges, mon Jérém est à hurler.
Pourtant, force est de constater qu’au-delà de sa tenue, c’est son attitude naturelle qui fait sa sexytude. Je veux parler de sa façon de tenir son torse et son cou bien droits, ses épaules bien ouvertes, ses jambes légèrement écartées, ses pieds bien plantés sur le sol. Je veux parler de sa façon de tenir la cigarette d’une main, tout en gardant l’autre enfoncée dans une poche du jeans. Je veux parler de cette attitude de mec bien dans ses baskets, satisfait et fier de son corps et de sa bogossitude, une assurance masculine qui ne le quitte jamais, même dans des moments de doutes et d’inquiétudes comme celui-ci. Car sa sexytude et sa virilité transcendent son état d’esprit, son humeur. Jérém est sexy et viril même quand il fait la gueule.
Et moi, j’ai encore plus envie de lui. J’ai trop envie de le sucer dans cette tenue, d’être à genoux devant lui, alors que sa queue dépasse juste de la braguette pour se faire bien astiquer pour disparaître à nouveau après qu’elle m’a rempli la bouche de jus bien chaud de bogoss.
Pendant un instant, je suis à deux doigts de lui proposer une petite gâterie. Ça le détendrait tellement de jouir. Mais nous n’avons pas le temps, et ce n’est pas le lieu. Et puis, je vois bien qu’il n’a pas du tout la tête à ça. Il m’enverrait bouler à tous les coups.
L’excitation de cet instant est telle qu’elle arrive à accaparer complètement mon esprit et me faire provisoirement oublier mes inquiétudes. Et alors que je finis de me changer, le bogoss termine sa cigarette, désormais appuyé contre le flanc de la voiture, les jambes croisées, l’une légèrement pliée, la pointe d’une basket posée au sol. Ah, comme j’ai envie de lui !
Un instant plus tard, alors que la nuit commence à s’installer, nous remontons à pied un chemin qui part du centre équestre et qui mène au minuscule village de Pélées. Sur le chemin, nous rattrapons un petit groupe de cavaliers qui s’avère être composé de Satine, de JP et de Carine.
« Alors, comment ça va le dos, Nico ? » m’interroge Carine.
« Ca va aller… je ne sens presque plus rien… ».
« Tu nous as fait peur… » fait JP.
« C’est le métier qui rentre… » conclut Satine.
« Jérémie, tu peux être vraiment fier de ton camarade. J’en connais pas beaucoup qui feraient ce que Nico a fait aujourd’hui, pour son baptême à cheval ».
« Oui » fait Jérém, laconique.
J’ai peur que sa mauvaise humeur nous gâche la soirée. J’ai peur que les autres cavaliers la remarquent, qu’ils cherchent à savoir, et que Jérém se rebiffe. Surtout si, comme je l’imagine, mon bobrun va essayer de trouver du réconfort et de l’apaisement dans la boisson. Mais en attendant, qu’est-ce qu’il est sexy dans son maillot Wilkinson !
Le relais est un grand bâtiment en briques rouges situé à l’entrée du minuscule village. Une bâtisse faisant partie d’un corps de ferme plus vaste et qui, dans le temps, a certainement dû être une étable. Il est entouré par un petit pré clôturé avec du ruban blanc dans lequel quatre chevaux sont en train de paître.
Nous rentrons par une petite porte qui donne sur un premier espace, pas plus grand que le studio de la rue de la Colombette, mais au plafond très haut. A droite, une curieuse structure en bois attire mon attention. Neuf loges y sont aménagées, occupant la totalité de la paroi, on dirait un lit superposé à plusieurs étages. Et en effet, quatre des loges sont occupées par des sacs de couchage multicolores. Apparemment, quatre chevaux et quatre cavaliers vont dormir au relais cette nuit.
Nous tournons sur la droite et avançons vers une nouvelle porte.
« Les toilettes, c’est ici » m’explique Carine, en m’indiquant une toute petite porte sur la droite « ça ne fait pas longtemps qu’elles ont été installées ».
« Elles ont été installées à la demande réitérée, très réitérée, des nanas de l’assos » plaisante JP.
« Bah, oui, vous les mecs c’est facile, vous sortez le tuyau et vous faites pipi n’importe où. Pour nous, les nanas, c’est pas pareil » s’insurge Satine.
« C’est clair » confirme Carine.
« Si tu t’en sers, Nico, tu nous raconteras comment tu as vécu cette expérience… extrême » fait JP sur un ton faussement sérieux et, de ce fait, très hilarant.
« Pourquoi, elles ont quelque chose de particulier ? ».
« Ce sont des toilettes sèches » explique Carine.
« Tu fais ce que t’as à faire et tu recouvres avec de la sciure, il y a un stock juste à côté » précise Satine face à mon silence interrogatif. J’avoue que je ne connaissais pas le concept.
« Tu fais comme les chats : tu fais, tu grattes et tu recouvres… » plaisante JP, tout en ouvrant la porte qui amène dans la salle principale du relais.
Chaleur, lumière, simplicité (dans le décor, les fringues, dans les relations humaines), conversations enjouées, rires sonores. En résumé, impression d’un endroit extrêmement accueillant : voilà ce que je ressens en une fraction de seconde alors que la porte vient tout juste de s’ouvrir. Je suis impatient de pénétrer dans ce lieu, de plonger dans cette ambiance, de me laisser transporter par cette soirée qui s’annonce tout aussi agréable que la journée que je viens de vivre. Si seulement mon bobrun arrêtait de faire la gueule !
Le grand espace est dominé par une grande cheminée dans laquelle crépite un beau feu qui fait chaud au corps et au cœur. C’est fou comment un simple feu de cheminée peut donner une profonde impression de bien-être et de bonheur. C’est le cas pour moi. D’autant plus que le crépitement et l’odeur du bois qui brûle me rappellent les sensations découvertes dans la petite maison de Jérém. Des sensations que j’associe désormais au bonheur le plus absolu.
La grande pièce doit faire une hauteur d’au moins 4 mètres, et elle est surmontée par un plafond en bois soutenu par des vieilles poutres apparentes. Un beau lustre rustique, constitué d’une ancienne roue de charrette sur laquelle ont été installées des ampoules, y est suspendu par de nombreuses chaînes. Les murs interminables sont peints à la chaux et présentent de nombreuses traces d’infiltration d’eau par le toit. Sur ma gauche, une petite fenêtre et une grande porte fenêtre, l’une comme l’autre fermées. Sur ma droite, un escalier en bois plutôt raide conduit certainement au grenier.
Une immense table, entourée de longs bancs pouvant accueillir plusieurs dizaines de convives, trône au milieu du grand espace. C’est une table en bois massif, tout comme les bancs, comme on n’en voit qu’à la montagne.
Le salle est sommairement meublée, avec des pièces (canapés, crédence, commode, étagères) qui n’ont pas grand-chose à voir les unes avec les autres, s’agissant certainement de meubles de récupération. Et pourtant, l’ensemble dégage quelque chose de « cohérent », car chaleureux, accueillant, douillet.
La plupart des cavaliers sont déjà là, assis à la grande table centrale ou en train de discuter et de se réchauffer devant la cheminée. Et lorsqu’ils nous voient arriver, ils nous accueillent tout autant affectueusement que bruyamment.
« Tiens, le voilà le toulousain ! » lance le jovial Daniel.
« Il va être parisien, bientôt… » relance JP.
« Mais il sera toujours toulousain, j’espère, dans son cœur » fait Martine.
« Alors, comment va le futur gagnant du Brennus ? » se corrige Daniel.
« Ça va, ça va » lâche mon bobrun sur le bout des lèvres.
Définitivement, Jérém n’est pas dans son assiette. Et ça me fait mal au cœur. Comment va se passer cette soirée s’il continue de tirer cette tête ?
« Bien sûr qu’il va bien… quand on est foutu comme il est foutu, on ne peut aller que bien » lance Satine, avant de conclure « si seulement j’avais 20 ans de moins… ».
« Si t’avais 20 ans de moins, il ne voudrait pas de toi quand même… » fait Daniel.
« Et pourquoi donc ? ».
« Parce que t’es trop casse couilles… ».
« Mais ta gueule ! ».
« Mais tu voudrais de moi, si j’avais 20 ans de moins, hein ? » fait Martine, taquine « remarque, on s’en fiche des 20 ans de trop, je crois que je viens de me découvrir à l’instant une vocation de cougar… ».
« Mais arrêtez un peu de l’emmerder » tranche JP « vous êtes toutes largement périmées pour un mec qui est né quand vous aviez déjà des gosses au collège ».
« T’es qu’un rabat-joie, laisse-nous rêver un peu ! » se rebelle Satine.
« Ça faisait un moment qu'on ne l’avait pas vu, il faut bien qu’on le taquine un peu » fait Martine à son tour « tu n’es pas venu nous voir souvent, dernièrement ».
« C’est qu’il avait un tournoi à gagner, le petit » explique Daniel.
« Allez, ne leur prête pas attention, elles sont folles » fait JP « ça doit être à cause de la Lune. Jérémie, viens boire un verre entre mecs. Tu bois quoi ? ».
« Un whisky ».
« Monsieur est servi » fait Daniel, le gardien de la boisson et de la bonne humeur, en tendant un verre à moitié rempli à mon bobrun. Ça commence fort.
« Et toi, tu bois quoi, Nico ? ».
Mais avant que j’aie le temps de lui répondre, il précise :
« Je suis désolé, je n’ai que de l’alcool… », tout en feignant une fausse désolation, et en cachant maladroitement une bouteille rouge et blanche derrière son dos.
« N’importe quoi, mais sans alcool… » je finis par lui répondre.
« Je n’ai rien de tel ».
« Il ment » fait Martine.
« T’es sûr que tu ne veux pas essayer un vrai apéro ? Une bière ? ».
« Si elle est blanche… ».
« Je n’ai pas de blanche. Moi je préfère les blondes, ou les brunes, ou les rousses » semble vouloir m’expliquer Daniel, avant de dér sur l’humour grivois « quand elles sont blanches, c’est trop vieux pour moi… ».
« Dans ce cas, la bouteille que tu caches derrière ton dos, ça me va très bien… ».
« Aaaah… ça ? Tu bois du pipi de chat ? ».
« C’est ça… ».
Après avoir joué les clowns, Daniel me sert enfin de la boisson à bulles, l’air dépité.
Je trinque avec Daniel (qui fait la grimace, puisque « on ne trinque pas avec du pipi de chat »), avec Jérém (qui fait toujours la gueule), et avec tous les cavaliers et cavalières à proximité (qui semblent tous ravis d’être là).
« Allez, si je m’activais, moi » fait Martine « la fondue ne va pas se faire toute seule ».
« Je vais venir t’aider » fait Ginette.
« Moi aussi » se proposent à tour de rôle Carla et Satine.
« Perso, je suis vraiment fier pour ton recrutement, je le savais que tu étais destiné à accomplir de grandes choses » fait JP.
« Merci… j’espère que ça va bien se passer… » fait Jérém, touché.
« On va te voir à la télé, alors » fait Loïk.
« C'est bien possible ».
« Et sur un calendrier à poil… » renchérit Sylvain.
Je crois bien que celui-là cherche des gifles. S’il continue sur ce ton, il ne va pas tarder à en trouver.
« Pour l’instant, je vais essayer de jouer du mieux que je peux, et ce sera déjà énorme » le douche mon Jérém. Yes !
« Tu sais déjà quand tu vas partir ? » se renseigne Daniel.
« Je ne sais pas encore, j’attends un coup de fil d’un jour à l’autre ».
Je suis heureux pour mon Jérém. Ce recrutement est une occasion en or pour lui. Je suis certain qu’il va faire des étincelles. Pourtant, l’idée de ce coup de fil qui doit arriver « d’un jour à l’autre » me donne envie de pleurer, car cela sonnera inexorablement la fin de ce moment parfait.
Après ce coup de fil, des centaines de kilomètres nous sépareront. Comment va tenir cette relation, comme va-t-elle résister à la distance, au temps, aux tentations parisiennes ?
L’idée de ce coup de fil me rend triste, mais je m’efforce de ne rien montrer, j’essaie de profiter de l’instant, de cette soirée, de ces gens qui me font rire et qui nous entourent de bienveillance et d’amitié. Mais cela serait plus aisé si Jérém arrêtait de tirer une gueule pas possible. D’ailleurs, un instant plus tard, il a quitté la conversation pour s’en aller fumer, seul, à côté de la grande cheminée, tout en sirotant son whisky, le regard ailleurs, la tête ailleurs. Heureusement qu’il avait dit qu’on devait faire comme si de rien n’était, et nous amuser. Ça semble mal parti de son côté…
Et merde, il a fallu qu’on se fasse gauler par Charlène. Déjà qu’il y avait eu la remarque de Loïc sur le débardeur passé à l’envers après notre petite escapade sexuelle dans la nature ; maintenant, cet « accident » en plus, ça risque de faire beaucoup.
Détail qui a son importance, depuis que nous avons débarqué au relais, Jérém n’a adressé ni un seul mot, ni un seul regard, à Charlène. Jérém a mis de la distance entre Charlène et lui, une distance qui est également physique, puisqu’il se tient éloigné d’elle, alors qu’ils étaient si complices, et souvent physiquement proches, jusque là.
Charlène, quant à elle, discute et rigole tour à tour avec les uns et les autre comme si de rien n’était. Elle n’a pas l’air perturbée pour un sou. Son rire franc et tonitruant résonne dans le grand espace et jaillit par moment par-dessus toutes les conversations.
« T’as l’air soucieux, Jérémie » fait l’adorable Ginette.
« Non, ça va. Je suis juste un peu fatigué ».
« C’est vrai, tu n’as pas l’air bien » enchérit Satine.
« Ça va, Nico ? ».
La voix de Charlène très proche de mon oreille me surprend. Je ne l’ai pas vue approcher.
« Oui… ».
« En tout cas, ton pote n’a pas l’air d’aller bien ».
« Je ne sais pas pourquoi il réagit comme ça ».
« Tu crois que c’est à cause de… tout à l’heure ? ».
« Je pense, oui ».
« Bouge pas, je vais arranger ça » fait Charlène sur un ton décidé et tranché.
« Il y a quelque chose qui te tracasse ? » j’entends Satine insister auprès de mon bobrun.
« Tout va bien » fait Jérém sur un ton agacé.
« On ne dirait pas ».
« Tu veux pas changer de disque ? » lâche le bogoss avec un humour qui n’en est pas vraiment.
« C’est à cause de l’entorse d’Unico ? » fait Martine en se joignant au cœur de nanas curieuses.
« Oui… oui… » fait Jérém sur un air expéditif « on verra ça demain… ».
« Tu vas appeler un veto ? » fait Ginette.
« Je ne sais pas… je ne pense pas » fait Jérém, fuyant, franchement agacé.
« Il faut pas s’inquiéter, parfois ce n’est rien du tout » tente de le rassurer Martine.
« Mais ça peut être grave aussi » s’invite Charlène « et si on ne le soigne pas de suite, ça peut avoir des graves séquelles ».
« C’est vrai, ça. Je me souviens que mon Gringo… ».
« Allez, assez palabré » tranche net Charlène, sans prêter la moindre attention à l’histoire que Satine s’apprête à raconter « Jérémie, Nico, venez avec moi, on va voir Unico ».
« On verra ça demain » tente de se dérober Jérém.
« Une entorse, c’est pernicieux. Plus on s’occupe vite, plus on évite les complications ».
Soudain, j’ai l’impression de capter dans les mots de Charlène comme une subtile allusion, un parallèle entre l’entorse à soigner rapidement et son désir bienveillant de mettre tout aussi rapidement les choses au point avec Jérém.
« Pas maintenant ».
« Maintenant, tout de suite, petit con ! » fait-elle en levant la voix, en accompagnant son injonction par un sourire sonore.
Jérém renonce à la ramener et emboîte le pas à Charlène qui se dirige tout droit vers la sortie du relais. J’emboîte à mon tour le pas à mon bobrun.
« Il fait pas chaud » commente Charlène une fois dehors, en relevant le col roulé de son vieux pull.
Ni Jérém ni moi ne trouvons rien à ajouter. Elle fixe une petite torche sur son front à l’aide d’un élastique qui fait le tour de sa tête. Lorsqu’elle l’allume, on dirait qu’elle a un troisième œil. Ou un seul œil. Comme un cyclope. Comme un Illuminati.
Guidés par le faisceau lumineux, nous descendons au pré. Enfin, à vrai dire, nous ne faisons que nous nous éloigner du relais. Lorsque nous sommes à bonne distance, Charlène ne prend pas de détours et va droit au but.
« Allez, raconte, Jérémie ».
« Tu veux que je te raconte quoi ? ».
« Je voudrais savoir pourquoi tu fais la gueule ! ».
« Je fais pas la gueule ! ».
« Si tu fais la gueule ! ».
« Je te dis que non ».
« Si, tu fais la gueule » je me surprends à considérer à haute voix.
« Tu vois, il n’y a pas que moi qui l’ai vu ».
« Je ne sais pas quoi vous dire ».
« Allez, fais pas chier, on n’a pas le temps. Ecoute-moi, petit con. Tu crois que ce que ce que j’ai vu tout à l’heure m’a choquée ? ».
« Je ne sais pas ».
« Pffff !!! Tu me gonfles ! Alors, rassure-toi, ça ne m’a pas choqué du tout. C’est vrai que sur le coup j’ai été surprise, mais ça c’est pas du tout le genre de truc qui me tracasse ! ».
« T’es pas déçue ? ».
« Et pourquoi, déçue ? ».
« Je ne sais pas ».
« Si dois être déçue pour quelque chose, c’est que tu réagisses de cette façon, que tu puisses penser que ça puisse me poser de problème d’accepter ce que tu es, et ce qui te rend heureux ».
Jérém se tait, sort son paquet de cigarettes pour en saisir une. Charlène lui en empêche.
« Tu sais, il n’y a aucun mal à ça. La seule chose importante c’est que tu sois heureux. Du moment que tu es heureux, je suis heureuse pour toi. Parce que le plus important, dans la vie, c’est d’essayer d’être heureux. Qu’importe si on est heureux avec un mec ou avec une nana, tant qu’on l’est. La vie est trop courte pour perdre du temps à s’empêcher d’aimer avec des prétextes aussi foireux que la peur des « qu’on dira-t-on ». Une dernière chose. Le fait que tu sois avec un gars ça ne change rien, tu m’entends, rien de chez rien pour moi. Tu as toujours été comme un fils pour moi, et ça ne changera pas. Jamais. Je t’aime et je t’aimerai toujours. Et j’aimerai celui qui te rendra heureux. Alors, j’aime Nico aussi… ».
J’ai l’impression que Jérém est en train de pleurer. Je suis au bord des larmes.
« Viens là, petit con » fait Charlène, visiblement émue elle aussi, en prenant dans ses bras le jeune étalon redevenu poulain. Leur étreinte dure plusieurs secondes.
« Nico a l’air d’un bon gars » fait-elle, en m’attrapant la main et en la serrant dans la sienne. Ce contact me fait un bien fou. Je pleure.
« En plus, vous avez l’air heureux ensemble. Mais de quoi t’as peur, Jérémie ? ».
« Les pd, tout les monde leur crache à la gueule ».
« Ce « tout le monde » dont tu parles, on s’en fout, ce ne sont que des cons. Mais tu sais comme moi qu’il y a bien des gens, des gens bien, et en particulier ici à l’ABCR, qui ne sont pas ce « tout le monde ». Regarde, il n’y a jamais eu aucun problème avec Loïc et Florian, et il y en a pas avec Sylvain ».
« La vie, ce n’est pas que l’ABCR… ».
« Certes, mais une chose est certaine, si tu veux du respect de la part des autres, il faut déjà que tu en aies pour toi et pour ce que tu es ».
« Désolé que tu l’aies appris ça de cette façon, j’aurais dû t’en parler ».
« Mais tu l’as fait, Jérémie… »
« Et quand ? ».
« Hier, avant-hier. Je pense que si tu m’as présenté Nico c’est aussi pour me faire comprendre ce que tu n’osais pas me dire avec des mots. Je me trompe ? ».
« Je ne sais pas ».
« Nico est un bon gars et tu es bien avec lui. Ça se voit que tu es bien avec lui. Alors, ce que j’ai vu tout à l’heure ne m’a surprise qu’à moitié ».
« T’avais compris ? ».
« Je crois que j’ai compris la première fois que vous êtes venus me voir tous les deux… ».
« Pourquoi, on fait pd ? ».
« Arrête de dire pd, c’est tellement moche. Mais non, pas du tout. C’est à cause de vos regards. Les regards de deux êtres qui s’aiment ne trompent pas. Ah oui… et aussi, tout à l’heure, quand vous êtes revenus après la sieste au bivouac. J’ai bien vu que vous veniez de faire plus qu’admirer le paysage ».
Jérém rigole pour la première fois depuis l’« accident ». Et ça me met du baume au cœur.
Pendant que nous remontons vers le relais, Jérém et Charlène parlent des chevaux, de la balade, ils se taquinent. Ils semblent avoir retrouvé leur complicité. Je suis heureux.
« Vous êtes tellement beaux tous les deux ! Je suis presque jalouse de ce que vous avez, de votre bonheur » fait Charlène à mi-voix en arrivant devant la porte du relais « ne gâchez pas ça, le bonheur ne se laisse pas attr souvent dans une vie ».
« Et t’inquiète, ça restera notre petit secret tant que tu le voudras… » précise Charlène juste avant d’ouvrir la porte de la grande salle, alors que le bruit indistinct et atténué des conversations vives de l’intérieur fait vibrer tout mon corps d’impatience et d’excitation. C’est un peu comme lorsqu’on attend avant d’entrer dans une boîte de nuit, alors que les basses de la musique qui s’échappent de la salle font vibrer le sol sous les pieds de ceux qui sont encore au vestiaire.
« Merci Charlène » fait simplement mon bobrun. On dirait un gosse qui vient d’apprendre qu’il ne sera pas grondé malgré la bêtise qu’il vient de faire. Il est tellement touchant.
« Alors, cette entorse ? » questionne Martine.
« Ça a l’air d’aller mieux, beaucoup mieux » fait Jérém.
« Parfois, il suffit de regarder les choses d’un peu plus près pour se rendre compte qu’il n’y a pas de problème. Jérémie s’inquiétait pour rien, pour rien du tout » précise Charlène.
J’adore le regard complice que ces deux-là s’échangent à cet instant. Jérém a l’air à nouveau bien dans ses baskets. Il a l’air soulagé. Il sourit. Qu’est-ce que ça me fait plaisir de le voir comme ça !
A partir de cet instant, la soirée peut vraiment commencer. Jérém est dans la place, et moi avec lui. A partir de cet instant, je me laisse emporter par le cyclone de la bonne humeur ambiante, par les répliques tour à tour cinglantes, fracassantes, parfois déroutantes, qui fusent de partout.
Martine, Satine, Daniel, Arielle, JP, Carine, Charlène, Nadine, Carla, Daniel, Lola, Marie-Line, Bertrand, Loïc, chacun semble avoir son rôle à jouer dans ce scénario de folie. Sylvain est le seul qui semble un peu en retrait, comme s’il avait du mal à trouver sa place.
Sinon, tout le monde rigole, charrie, balance. Même l’adorable Ginette, l’aînée de la bande, s’emploie à utiliser des mots et des expressions qui de premier abord étonnent dans la bouche d’une dame de son âge, à l’air si respectable. Ainsi, elle a parfois des sorties très drôles. Malgré ses nombreux printemps, Ginette a l’air d’être quelqu’un qui a su garder le cœur et l’esprit très jeunes.
Oui, les grandes gueules ne manquent pas à l’ABCR. Et force est de constater que Jérém se fond parfaitement dans ce décor. Il répond aux piques, drôles, parfois « frontales ». Il rigole, il a de la répartie, il est drôle, il est beau à tomber. Crever l’abcès avec Charlène lui a fait un bien fou. C’est comme s’il avait été libéré d’un poids immense. En fait c’est ça dont mon bobrun a besoin. De se sentir accepté, aimé pour ce qu’il est. Il a besoin qu’on lui dise qu’il n’a pas à avoir peur, qu’il n’a pas à avoir honte. Et Charlène est la bonne personne pour le faire sentir bien.
Les discussions, ponctuées de blagues en tout genre, de franches rigolades et de ces fous rires incontrôlables dont Nadine a le secret, vont bon train. Dans le relais, il y a une ambiance de fou !
Les délires des nanas sont parfois ponctués par une réplique de JP qui apporte de la sagesse, du consensus, de la réflexion, une bonne tranche de rigolade.
Je ne connais ces gens que depuis quelques heures et pourtant je ne me suis jamais senti aussi bien dans un groupe auparavant. Je sens de la bienveillance autour de moi, je sens de l’amitié.
A plusieurs reprises, on vient me parler, on me charrie, moi aussi j’ai droit à ma part de piques. Je me sens intégré de cette façon, par la déconne, par la bonne humeur, par la rigolade franche et réjouissante. JP raconte ma chute, et dans ses mots je me sens apprécié, valorisé. Ça fait un bien fou. J’ai envie de connaître ces gens, j’ai envie qu’ils fassent partie de ma vie, durablement. Je n’ai pas envie de repartir, de les quitter, j’ai envie de ne plus jamais repartir de ce village, de ce relais, de cette soirée.
Je respire à pleins poumons cette chaleur, cette convivialité, cette bonne humeur, ce sentiment pour moi inédit de faire partie d’une sorte de grande famille.
Les conversations s’enchaînent sans répit, elles se chevauchent, se croisent, se mélangent. J’écoute plus que je ne cause, car les conversations, lorsqu’elles ne sont que pure déconne, tournent le plus souvent autour de cette passion qui réunit toutes ces fortes personnalités dans ce relais, dans ce foyer « transfamilial ». J’écoute avec intérêt ces conversations, ponctuées de mots que je découvre, par un jargon qui esquisse dans ma tête un monde (presque) inconnu.
« On dirait que ça va mieux » me glisse Charlène discrètement.
« On dirait, oui. Et c’est grâce à toi. Merci pour cette petite explication, merci d’avoir pris les devants… ».
« Parfois il faut prendre le taureau par les cornes ».
« C’est bien vrai ça ».
« Je porte un toast pour Nico qui a fait toute la balade sans avoir jamais monté auparavant, et qui est remonté sur Tequila de suite après être tombé » lance JP sur un ton enjoué.
Tout le monde trinque à mon exploit.
« Il est tombé ? » feint de s’étonner Daniel, tout en entonnant le fameux refrain « il est des nooootres !!!! ».
« Mais toujours pas pour la boisson… » il se corrige.
« Au fait, il va bien ton pote Thibault ? » demande JP.
« Bien, bien ».
« Il doit être content de son recrutement au Stade Toulousain ».
« Oui, oui, je crois… en fait, je n’ai pas trop de nouvelles… on se voit moins… ».
« Ah bon ? C’est dommage. Ce gars est vraiment quelqu’un de bien. Un mec de cet âge, avec cette maturité, ces valeurs, c’est incroyable. Vous n’êtes pas fâchés quand même ? ».
« Non, enfin, bref… » tente de se dépatouiller Jérém.
« Je parie que c’est à cause d’une gonzesse » lance Daniel « il ne faut jamais laisser les gonzesses gâcher l’amitié entre potes ».
« Allez, on mange, chaud devant ! » lance Martine avec sa voix puissante et enjouée, en déboulant de la cuisine avec un caquelon qui a l’air bien lourd et bien chaud. L’irruption de Martine donne l’occasion a Jérém de se sortir de ce pétrin.
Satine et Ginette disposent sur la table deux autres caquelons fumants.
Enfin le repas va commencer. Il était temps que ça arrive, il commençait à faire faim. Je ne bois pas, je déteste les apéros qui s’éternisent, surtout quand je commence à avoir de l’appétit.
Je m’installe en bout de table, à un mètre de la cheminée. Mon bobrun s’installe à côté de moi, Martine et Satine juste en face. Je sens qu’on va bien rigoler.
Le feu dans la cheminée chauffe mon corps et l’ambiance conviviale du repas chauffe mon cœur. Et la présence de mon Jérém, sa proximité physique, nos regards, mais aussi notre complicité retrouvée, me rendent heureux comme jamais.
Les quiches et les salades s’entrechoquent sur la table. Chacun a apporté de la nourriture.
Martine allume les réchauds positionnés sous chaque caquelon. La bonne odeur de la fondue commence à chatouiller agréablement les narines. Ensuite, elle annonce qu’il faut goûter pour voir si les papilles vont être titillées aussi favorablement que l’odorat.
Nadine s’y lance. A en juger par son regard ravi, l’essai est concluant. Très vite, tout le monde suit son exemple. La bataille des caquelons vient de commencer. C’est dorénavant chacun pour soi, fourchette spéciale à la main, pour tremper, sans le laisser tomber, son morceau de pain dans le mélange onctueux.
Vraiment, c’est super bon la fondue ! Les niveaux descendent à vue d’œil dans les caquelons. Les joues rougissent, les voix portent plus haut, les rires fusent, les verres se remplissent, les bouteilles se vident. Et la joie d’être ensemble est bien là. Dans les cabas, chacun a amené non seulement de la nourriture, mais aussi sa bonne humeur. Et pour certains, c’est le cas de Daniel, quelques blagues qu’il développe sans retenue, bien aidé de JP, pendant la première partie du repas.
« Comment on appelle un chien sans pattes ? On ne l’appelle pas, on va le chercher ! ».
« C’est l’histoire d’un aveugle qui rentre dans un bar… et dans une chaise, et dans une table, et dans un mur ».
« Deux œufs discutent ensemble. Le premier dit à l’autre : « Pourquoi t'as des poils et tu es marron ? ». « C'est parce que moi je suis un kiwi, connard ! ».
Entre deux bouchées de fondue, Martine demande à Jérém et moi de lui raconter notre balade. Et dans ses mots, dans sa façon de raconter mon petit exploit, je ressens quelque chose qui ressemble à de la fierté. Dans son regard, je me sens apprécié, je me sens « important », comme il l’est depuis longtemps dans le mien. Fini le mépris des premières révisions. Désormais je me sens bien dans son regard. Qu’est-ce que j’aime, ce nouveau Jérém ! Et qu’est-ce qu’il est sexy dans son maillot Wilkinson !
Martine propose de respecter jusqu’au bout le tradition de la fondue en cassant des œufs dans les caquelons pour épaissir ce qui reste du fromage et racler le fond. Elle se saisit de l’un des caquelons, elle vide le fond des deux autres dedans et s’en va chercher les œufs. Elle en casse quatre, les brouille dans ce qui reste de fromage, jette deux poignées de pain dedans, tout en continuant à mélanger. Tout le monde suit avec attention et curiosité son drôle de manège. Il y en qui se déclarent sceptiques.
« T’es sure que ça va être bon ? » demande Satine.
« Allez, laissez-moi bosser » fait Martine « dois-je vous rappeler que je suis savoyarde ? Vous n’allez pas m’apprendre à faire une fondue ! ».
Peu à peu, l’odeur du mélange gratiné vient chatouiller les narines des convives. Finalement ils sont de plus en plus nombreux à vouloir tester le « gloubiboulga », pour ne pas « mourir bête ».
J’étais moi aussi silencieusement sceptique. Et pourtant, lorsque je goûte, je trouve ça plutôt pas mal, voire délicieux !
Le dernier caquelon passe de main en main et il revient récuré jusqu’à l’émail. Nous sommes tous repus, le ventre bien tendu. La salade verte de Lola, la copine de Daniel, arrive pour rafraîchir cette fin de repas.
A chaque fois que je regarde mon bobrun, je me peux m’empêcher de me dire que je le trouve sexy comme pas possible, et que, de plus, la façon dont ce maillot le met en valeur c’est un truc de fou. Apparemment, je ne suis pas le seul à me faire la remarque.
« Il est beau ton maillot. Tu l’as eu comment ? » demande Martine.
« C’est Nico qui me l’a ramené de… Londres » fait Jérém sans réfléchir. Je sens dans sa petite hésitation avant de prononcer « Londres », qu’il regrette déjà d’avoir répondu aussi franchement.
« Il te va très bien » commente Sylvain.
Lui, il ne parle pas beaucoup, mais à chaque fois qu’il l’ouvre, j’ai envie de lui en mettre une. Ça va tomber, ça va tomber…
« Un mec foutu comme lui, même un sac lui irait comme un gant » fait Satine.
« C’est vrai, oui » insiste Sylvain.
Rien que sa voix m’indispose.
« En tout cas, ton camarade ne s’est pas foutu de toi » fait Daniel, avant d’enchaîner « Minou, il me faut le même ».
« Mais chéri, avec ton bidon, tu ne vas pas le porter pareil, du tout, du tout ».
« Tu crois ? ».
« Je ne le crois pas, j’en suis sure ! ».
Tout le monde rigole.
« Bientôt nous pourrons acheter un maillot « Tommasi »… » fait JP, adorable.
« Moi je veux te dire un truc, Jérémie » fait Daniel.
« Qu’est-ce que tu vas encore sortir comme bêtises, toi ? » demande Lola, sur un ton faussement agacé.
« Je suis sérieux ».
« T’en es capable ? ».
« Je vais essayer. Ce que je veux te dire, Jérémie, c’est de faire attention à toi quand tu seras à Paris ».
« Pourquoi, t’as peur qu’il se fasse violer ? » fait Satine.
« Mais tu veux bien la fermer ? » lance Daniel du tac-au-tac.
« Ce que je veux te dire, Jérémie, c’est que le rugby c’est un très beau sport. Je sais que ça ne se voit pas, mais j’ai joué au rugby dans ma jeunesse, jusqu’à ce qu’on appelle maintenant la pro D2. Depuis que j’ai arrêté, j’entraîne des jeunes, tous les ans. Et j’ai vu comment ce sport a évolué au fil du temps.
Ce que je veux te dire, c’est que le rugby n’est plus ce qu’il était il y a 30 ans. Il a bien changé, surtout depuis la professionnalisation il y a quelques années, depuis que l’oseille est rentrée dans les clubs. L’oseille, ça gâche tout ».
« C’est vrai, avant on jouait pour s’amuser, aujourd’hui on doit jouer pour gagner. Il y a une pression sur les clubs et sur les joueurs qui n’existait pas avant » abonde le sage JP.
« Ce que je remarque » continue Daniel « c’est que le rugby est de plus en plus violent, et qu’il arrive de plus en plus d’accidents graves, notamment à cause de plaquages brutaux. Fractures, dégâts aux cervicales, à la colonne vertébrale, la liste est longue et franchement pas jolie. Quand on suit le rugby de près comme je le fais, on voit que les gabarits s’épaississent et que la puissance des coups est de plus en plus violente. Les gars sont HS de plus en plus jeunes. Certains sont obligés d’arrêter prématurément leur carrière parce qu’ils boitent, ou parce qu’ils ont le dos en compote, d’autres parce qu’ils ne supportent plus la pression, et qu’ils pètent un plomb.
Ce que je veux te dire, Jérémie, c’est qu’aujourd’hui tu es jeune et tu peux être tenté de te donner à 200% pour faire décoller ta carrière. Mais il ne faut pas. Limite-toi à te donner à 100% et, surtout, fais travailler autant le mental que le physique. Rappelle-toi que la tactique est plus importante que la puissance. Fais attention aux coups. Tu dois vivre ton rêve, car je suis certain que tu vas faire des merveilles. Mais si tu ne te ménages pas, le rêve va vite se transformer en cauchemar. Fais attention à ne pas t’abîmer trop tôt. Tu as un seul corps, un seul mental, une seule jeunesse : une fois que tu les as niqués, ils sont perdus à tout jamais ».
« Tu veux bien arrêter de lui saper le moral ? » s’insurge Nadine.
« Non, je ne veux pas lui saper le moral, pas du tout, je veux juste qu’il sache à quoi s’en tenir, au-delà du rêve qu’on va lui vendre à Paris. Parce que c’est un rêve sans mode d’emploi. En très peu de temps, tu vas avoir de l’argent, de la notoriété, tu vas goûter à la belle vie, voitures de luxe, boîtes de luxe, put… enfin… poules de luxe. Il faut bien sûr profiter de tout ça, mais en gardant à l’esprit que tout cela ne dure qu’un temps. Il ne faut pas que ça te monte à la tête, il ne faut pas que ça te perde. Et, aussi, il ne faut jamais oublier que tout ce bling bling a un prix… ».
« C’est quoi le prix ? » fait Jérém, intrigué.
« On va te marteler H24 et 7 sur 7 que tu dois être fort, de plus en plus fort, que tu dois être technique, tactique, physique et que ça te rendra riche et connu. Mais il est où l'humain là-dedans, bordel ? Il est où le plaisir de jouer avec tes potes ? On fait de toi une machine en te faisant croire qu'il faut donner toujours plus ! Tu vas courir après toi-même, après l'argent, après la gloire, et tu te rendras compte un peu tard que toutes tes illusions ne sont que du vent. Parce que quand ça s'arrête, y a plus personne. Alors, entre deux matches et entre deux cuites, fais des études, mets de l’argent de côté, élabore un plan B pour quand cela s’arrêtera. N’attends pas.
Une carrière sportive à haut niveau nécessite une implication totale. C’est un boulot, un vrai. Dur et éprouvant, mentalement autant que physiquement. Ne t’épuise pas à vouloir prouver à tout le monde que tu es toujours au top du top. Ce n’est pas humain. Ecoute ton corps et accepte ses faiblesses. Si un jour il dit STOP, il faut le respecter. Et plutôt que de rêver à être le plus riche et le plus connu, garde toujours à l’esprit que tu n’es rien sans les autres ».
« Ceci étant dit, on attend tous avec impatience de voir tes fesses sur le calendrier de l’année prochain » fait Nadine. Une note marrante, bienvenue pour détendre l’ambiance un peu plombée par les mots de Daniel.
« Pfffff, les nénettes ! Tout ce qui les intéresse au rugby, c’est de voir des mecs à poil » commente Daniel.
« Il n’y a pas que les nénettes que ça intéresse » fait Sylvain.
Si celui-là l’ouvre encore une fois, je crois que je vais l’emplâtrer.
La bienveillance de Daniel à l’égard de Jérém me touche profondément. Je sais qu’il a parlé pour le bien de Jérém, pour le mettre en garde. Et je lui en suis profondément reconnaissant. Ce qui n’empêche pas que sa tirade fait ressurgir en moi des inquiétudes que j’essaie de maîtriser tant bien que mal depuis que j’ai appris pour son recrutement parisien. Et, aussi, de m’alerter sur d’autres sujets d’inquiétude auxquels je n’avais pas encore pensé et qui m’arrivent à la figure comme autant de gifles.
Que Jérém va être exposé aux tentations de la grande ville, soirées, rencontres, ça je l’avais anticipé. Ce que je n’avais pas anticipé c’est que l’argent et la notoriété puissent changer mon bobrun. Et, encore moins, que le rugby puisse être un sport à ce point dangereux.
Heureusement, très vite la soirée repart sur un ton beaucoup plus léger, et je suis vite enveloppé à nouveau par la bonne humeur. Les desserts arrivent. Crumble, tarte, salades de fruits, le flan de Carine. Pendant que je déguste ce dernier, j’écoute JP et Charlène raconter un épisode survenu lors d’une balade dans les Pyrénées, sur un itinéraire qu’ils appellent « Chemin des Contrebandiers ». Comme c’est le cas à chaque fois que JP parle, les oreilles se tendent pour écouter son récit. C’est ça avoir du charisme.
« Pendant la rando, il a plu tout le temps » fait JP.
« Tu espérais quoi, d’un mois d’avril au pays Basque ? » se moque Martine.
« On a choisi le printemps pour éviter les grosses chaleurs, banane ! » explique JP.
« Bref » il enchaîne « toujours est-il qu’un jour à midi, on s’est retrouvés perdus au milieu de nulle part. On essayait de lire la carte, mais on n’était pas d’accord sur la direction à suivre. Charlène avait un avis, Carla un autre, Loïc était HS par rupture de stock de cigarettes, et moi je n’avais pas dormi de la nuit. Il pleuvait depuis la veille au soir, non stop. Tout était mouillé, y compris nos provisions. On n’avait pas dîné, on n’avait pas dormi, on n’avait pas déjeuné. On était trempés, fatigués, affamés, et on était perdus ».
« Autant vous dire que l’ambiance était tendue » fait Charlène.
« Nous sommes arrivés dans un petit village. On l’a traversé sans voir personne. Puis, près de la sortie du hameau, nous avons enfin vu un type dehors. Il était sur le seuil de sa porte, et il regardait la pluie tomber. Nous nous sommes arrêtés et nous lui avons demandé des renseignements. Et quand on lui a dit qu’on cherchait le chemin des Contrebandiers, il nous a raconté qu’il était lui aussi randonneur à cheval et qu’il avait déjà fait cette rando. Et ni une ni deux, il nous a invités à déjeuner chez lui. Dans l’état où l’on était, on a dit oui sans même réfléchir.
Sa maison était la dernière du petit village et il y avait un pré juste à côté. Le type nous a proposé de faire paître nos chevaux.
« C’est à ce moment-là, qu’on a recommencé à croire qu’il y a quelqu’un là-haut » commente Carla.
« La maison de nos hôtes était simple et chaleureuse. Il y avait un feu dans la cheminée. Trempés comme on était, cet abri et ce feu étaient à nos yeux le plus beau cadeau qui soit. Le mec s’appelait Pierre, et il nous a présenté sa femme Thérèse. Ils formaient un couple charmant, d’une soixantaine d’années. Une demi-heure plus tard, nous étions assis autour d’une table et Thérèse débarque avec une platée de spaghettis. Bien sûr, nous avons mis en commun notre pique-nique. Ça fait du bien de retrouver la civilisation après une semaine de bivouac ».
« D’autant plus que ce jour-là, nous avons partagé plus qu’un simple repas. Nous avons partagé un moment fort, avec des gens simples et intéressants. Leur histoire était assez bouleversante » explique Charlène.
« Vas-y, raconte-là » l’encourage JP.
« A 45 ans, Pierre était devenu paraplégique, à la suite d’un accident de voiture. Les médecins ne croyaient pas qu’il remarcherait un jour, et encore moins qu’il remonterait à cheval.
Mais cet homme en avait décidé autrement. Soutenu par sa femme, il avait décidé de remarcher. Et il a remarché. Puis, il avait décidé de remonter son cheval. Et il est remonté. Aujourd’hui, 15 ans plus tard, il remonte comme avant, sans corset, sans rien. Il repart en rando, dort dans une tente, fait sa toilette dans une rivière. Ce gars nous a donné une bien belle leçon, très émouvante ».
« Une leçon qui nous a remis les idées en place et qui nous a fait oublier nos petits tracas » assure Carla.
« C’était comme si, grâce à ce moment délicieux, le soleil était revenu dans nos têtes » fait JP, avant de continuer « A la fin du repas, ces gens nous ont laissé repartir sans rien nous demander, sans répondre à nos propositions d'échanges de coordonnées. On n’a pas insisté, on s’est dit que le hasard nous avait mis sur leur route, et qu’il fallait laisser le hasard œuvrer de nouveau ».
« C’est une belle histoire » commente Jérém, le regard ému, et en me serrant très fort la main sous la table. Je suis moi aussi très ému.
« Allez, assez déconné ! » fait Daniel « il est temps de passer aux choses sérieuses… ».
Et là, ni une ni deux, le bonhomme att la guitare appuyée au mur derrière lui et commence à gratter sur ses cordes. Lola s’active aussi, elle sort de son sac plusieurs classeurs avec de dizaines de textes de chansons.
Daniel continue de gratter sur la guitare en alignant des notes au hasard. Puis, soudain, les accords s’harmonisent pour dessiner une mélodie, sur laquelle notre musicien aux cheveux d’argent va poser les couplets bien connus :

Je m'baladais sur l'avenue le cœur ouvert à l'inconnu…

La suite, dans quelques jours.


Jérém&Nico, le Livre !
Jérém : qui est-il ce garçon ?
PS : je cherche un pro des réseaux sociaux et autres moyens de communications pour orchestrer la promo du livre. Candidature à envoyer par retour de ce mail. Merci !

Après une longue gestation, le premier livre de Jérém&Nico est enfin imprimé et prêt à être expédié.
Ce livre reprend les 40 premiers épisodes de l'histoire, enrichis de nombreux passages piochés dans les épisodes plus récents, lorsque ces derniers s’intègrent aux premiers de façon intéressante.
Il en résulte une toute nouvelle structure narrative, allégée et plus cohérente.
Tu peux commander ta copie dédicacée en version papier ou epub (pour liseuse) dans la boutique virtuelle www.tipeee;com/jerem-nico-s1.
En achetant le livre papier ou numérique, tu contribues au travail d’écriture de la suite de l’aventure Jérém & Nico.
Merci d’avance pour ta contribution à Jérém et Nico !
Fabien

Jérém&Nico

L'inspiration

« Jérém & Nico est une histoire qui est venue à moi un jour d’été, un jour où j’ai eu l’intuition que je devais construire autre chose, réorienter ma vie tel un fleuve creusant un nouveau lit qui ferait dévier son cours ».

L'histoire

Jérémie est un beau brun ténébreux, rugbyman et tombeur de nanas. Son camarade de lycée Nico est un jeune homo à l’esprit pur et rêveur.
Pourtant, c’est Jérémie qui, lors des révisions pour le bac, initie Nico à l’amour physique entre garçons.
Mais alors que Jérémie ne semble intéressé que par le sexe, Nico est fou amoureux de lui. Ainsi, l’amour physique avec le beau brun, pourtant explosif, ne lui suffit pas.
Mais qui est réellement Jérémie ? Comment vit-il leurs « révisions » sexuelles avant le bac ? Que ressent-il vraiment pour Nico ?
Quel rôle pour Thibault, le meilleur ami de Jérémie, à qui Nico finira par se confier ?
L’histoire se déroule à Toulouse entre 2001 et « nos jours ». C’est en effet en 2018 que le Nico adulte raconte ses années lycée et fac.
Nico n’a jamais pu oublier son Jérém. Bien que depuis tant de temps déjà, leurs vies ne marchent plus ensemble.

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