Philosophie Du Plaisir (4) : Charles Fourier Et Le Rôle De La Femme Dans Le Phalanstère.

Charles Fourier (1772-1837) fut l’un des penseurs du « socialisme utopique ». Nous nous intéresserons ici à sa réflexion sur les relations entre les sexes, qui fait de lui un précurseur du féminisme français.

Fourier est clairement un utopiste. Il veut construire une société parfaite où toutes les activités humaines sont réglées, déterminées. Il l’appelle « le phalanstère ».

Fourier classe les hommes et les femmes selon 1 620 caractères, correspondant à autant de passions différentes : les sensuelles comme l’ouïe, la vue, le toucher ; les affectives comme l’amitié ou le corporatisme et les passions organisatrices tels le « papillonnage », qui exprime le désir du renouveau. C’est sur la base des actions fondées sur le plaisir, le travail et l’absence de hiérarchie que C. Fourier projette l’organisation de son fameux phalanstère. Fourier et son phalanstère sont souvent associés à un communautarisme utopique tourné vers le plaisir et la satisfaction des passions.

Les progrès sociaux, écrit-il dans sa fameuse Théorie des quatre mouvements et des destinées générales « s’opèrent en raison des progrès des femmes vers la liberté et les décadences d’ordre social en raison du décroissement de la liberté des femmes.»

La femme est pour Fourier l'avenir de l'unité universelle. Pour Fourier, l'émancipation des femmes est la condition sine qua non de la réussite de l'Harmonie. Il veut sortir la femme de son statut de femme au foyer. Selon lui, elle doit maîtriser la connaissance théorique autant que l'homme. Fourier souhaite une société où les hommes apprendraient à ne pas mépriser les femmes et où les femmes recevraient les mêmes enseignements et auraient les mêmes ambitions que les hommes. La société phalanstérienne qu’il préconise prévoit des Séristères (des crèches) pour les nourrissons qui seront formés dès l'âge de six mois.

L’AMOUR EN HARMONIE

Dans Le « Nouveau Monde Amoureux », œuvre posthume, Charles Fourier évoque « l'amour en Harmonie ».

Selon le théoricien, dans la société civilisée, le mariage est une absurdité imposée à deux personnes qui sont obligées de vivre ensemble jusqu'à la fin de leurs jours, en dépit de leurs sentiments. Le mariage, même d'amour, tournerait, selon le philosophe, toujours à la monotonie, et, finalement, à l'adultère. Le mariage est une invention de la civilisation qui est en contradiction avec la polygamie naturelle. Aussi, il considère que la servitude conjugale participe à l'avilissement des femmes. Il est donc pour la liberté des jeunes filles ainsi que pour l'institution du divorce. L'amour et la libération des passions sont pour Fourier la base du fonctionnement en Harmonie. La liberté amoureuse devient une politique sociale pour le bien être des hommes et des femmes.

Charles Fourier va jusqu’à écrire : « La fidélité perpétuelle en amour est contraire à la nature humaine. » Dès lors, aucun comportement amoureux n'est interdit. La pensée de Charles Fourier préconise une liberté amoureuse où les pratiques sexuelles normalement condamnées, comme l'homosexualité, sont tolérées. Bien plus qu'une grande liberté accordée aux femmes, Fourier préconise une grande liberté sexuelle, et sa pensée sera reprise après mai 1968.

En exposant sa vision d’une société libre et totalement non-répressive, Fourier commence avec la critique du système conjugal et matrimonial.

Le mariage monogame symbolise pour Fourier l’incapacité de l’homme civilisé à concevoir des institutions capables de satisfaire les besoins les plus élémentaires. C’est pourquoi il ne se lasse jamais d’en énumérer les calamités. Parfois, comme dans sa magnifique « Hiérarchie du cocuage », il peint le mari comme une victime. Mais il insiste bien sur le fait que les premières victimes du mariage sont les femmes. Selon Fourier, le mariage n’est qu’un « calcul mercantile », et la femme n’est guère plus qu’une « marchandise exposée en vente à qui veut en négocier l’acquisition ». L’affaire conclue, elle devient au regard de la loi la propriété exclusive de son mari.


Convaincu que « l’extension des privilèges des femmes est le principe général de tous les progrès sociaux », Fourier soutient que la période de la Barbarie est marquée par « la servitude absolue des femmes », celle de la Civilisation par « le mariage exclusif et les libertés civiles de la femme », alors que la période suivante sera caractérisée par une sorte de « corporation amoureuse » où les femmes jouiront d’une grande liberté sexuelle.

FOURIER ET LA SEXUALITE

Le « Nouveau Monde Amoureux » n'a été publié qu'en 1967, un siècle et demi après avoir été écrit par Fourier.

Fourier y analyse la société de son temps, critiquant sévèrement le mariage monogame et l'asservissement des femmes. Il élabore un autre modèle théorique et politique de société, l'Harmonie, fondée sur la disparition du mariage monogame, la multiplication systématique des relations amoureuses de toute nature, et une égalité absolue entre les sexes. Fourier attachait une importance toute particulière aux problèmes de l’amour et de la sexualité.

Dans cinq épais carnets, il élabora la vision d’un nouveau monde amoureux évoquée dans la Théorie des quatre mouvements. Ici Fourier décrivait dans les moindres détails les institutions et les activités d’une société non-répressive, une société capable d’assurer aux hommes et aux femmes une vie sentimentale et érotique plus riche et plus libre qu’on pourrait même le concevoir en civilisation. Dans une telle société, dit-il, les relations humaines revêtiront un caractère nouveau : la passion amoureuse connaîtra une merveilleuse métamorphose. L’amour ne sera plus un simple divertissement ou une affaire purement privée, mais un élément essentiel de la vie collective, une force d’harmonie sociale dont le pouvoir de cohésion se fera sentir partout. Dans le nouveau monde, écrit Fourier, « l’amour n’est plus, comme chez nous, une recréation qui détourne du travail ; il est au contraire l’âme et le véhicule, le ressort principal, de tous les travaux et de l’attraction universelle.
»

Pour transformer cette vision en réalité, il faut un nouveau corpus de lois et d’institutions à même de favoriser la plus grande diversité dans les modes de jouissance, comme à tisser l’impulsion érotique dans la trame de la vie collective. Parmi les institutions imaginées par Fourier figurait l’établissement d’une Cour d’Amour, qui serait régie par une hiérarchie complexe : pontifes, chefs de sacerdoce, Haute Matrone, confesseurs, fées, génies et fakirs. À la fois corps judiciaire et institution récréative, cette cour d’amour se réunirait chaque soir, une fois les s et les chastes vestales partis se coucher. Elle serait présidée par « une » pontife, toujours une dame d’âge canonique et forte experte en intrigue amoureuse. Il lui reviendrait d’organiser divertissements et bacchanales pour toute la Phalange.

Fourier prévoyait trois conditions pour la réalisation de son utopie amoureuse :

• Tout d’abord la pleine émancipation de la femme : sur ce point, il n’avait rien à ajouter aux arguments développés dans les Quatre mouvements.

• Deuxième condition : reconnaître l’immense diversité des penchants en matière sexuelle. Si l’homme civilisé avait lamentablement échoué à définir un « régime amoureux » tolérable, c’était pour s’être figuré que tous les hommes et femmes sont identiques dans leurs penchants et affinités. Croire une telle chose était pour Fourier une forme de « jacobinisme érotique », encore aggravé par le corollaire que seul le couple hétérosexuel pratique une sexualité « naturelle ». Forcer tout le monde à entrer dans le même carcan ne pouvait qu’engendrer douleur et frustration. Ainsi l’organisation du Nouveau Monde Amoureux permettrait l’assouvissement de maints désirs que la civilisation condamnait. Lesbiennes, sodomites, fétichistes, flagellants, tous ont leur place dans la description que Fourier fait de la vie amoureuse en Harmonie. Bien plus, les grades supérieurs de la hiérarchie érotique imaginée par Fourier ne sont accessibles qu’aux individus animés d’une attraction passionnée pour l’un et l’autre sexe.


• La troisième condition pour la réalisation de l’utopie amoureuse est l’octroi à chacun et chacune d’un minimum de jouissance sexuelle. Quel que soit son âge et si bizarres que soient ses penchants, aucun individu ne serait totalement frustré. Ce serait en matière de sexualité l’équivalent du salaire minimum pour le travail. Le travail ne devient un instrument de liberté pour le genre humain que lorsqu’on est libéré de l’obligation de gagner sa vie. De même, l’amour ne jouera son rôle libérateur d’extension de lien social que lorsqu’il pourra s’exprimer en dehors de toute entrave.

Charles Fourier avait imaginé que chaque membre avait des rapports extraconjugaux avec une ou plusieurs personnes à la fois et ce d’une longueur variable : un soir, quelques semaines, voire plusieurs années. Ils pouvaient aussi se livrer à des orgies associatives avec de multiples partenaires. Ces orgies, loin d’être anarchiques, devaient suivre un ordre des plus méthodiques. Des prêtresses chargées des appariements sélectionneraient des partenaires en fonction de leurs penchants. Même les personnes les plus vieilles et les plus laides auraient une chance de trouver chaussure à leur pied sans faire pitié. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, ces orgies n’auraient rien de brutal.

L’ECHEC DES EXPERIMENTATIONS FOUERISTES

L’utopie développée par Charles Fourier attire des admirateurs, rapidement appelés les « fouriéristes », fascinés par ces schémas de vie qui accordent une grande place à l’enseignement mais aussi à la libération des femmes. Ce n’est que de manière posthume que ses thèses seront mises en œuvre.

Les phalanstères ont fait l'objet de tentatives d'application en France et aux États-Unis au XIXe siècle. Le plus célèbre fut le familistère de Guise, créé par Jean-Baptiste Godin (1817-1888), sur des plans qu'il avait établis lui-même, et qui conserva sa fonction à l'identique jusqu'en 1968.

Presque tous les phalanstères ont échoué plus ou moins rapidement, une autre exception est celle de la Colonie sociétaire de Condé-sur-Vesgre, créée en 1832 avec le soutien de Charles Fourier et Victor Considerant (1808-1893), disciple de Fourier. Un phalanstère appelé La Réunion fut également créé au Texas, avec l'appui de Godin, par le philosophe Victor Considerant.

CRITIQUE D’UNE UTOPIE

Dans « L'Amour libre, brève histoire d'une utopie » (Editions Molinari, 2008), l’historien de la littérature Michel Brix dresse une histoire passionnante de l'amour libre comme utopie. L'ambition d'une liberté sexuelle a, dit-il, toujours existé, et dans le sillage du grand utopiste Thomas More, des hommes ont imaginé des mondes fantastiques où l'on pourrait pratiquer l'amour libre, heureux.

Le livre de Michel Brix propose une déconstruction détaillée et méticuleuse de ces velléités libertaires en analysant les utopies de l'amour libre. Sa thèse a incontestablement une portée iconoclaste : l'idéologie de l'amour libre s'enracine dans une volonté d'asservissement sexuel et prend l'apparence d'une émancipation. En d'autres termes, les slogans de l'émancipation sexuelle résonnant lors des manifestations de mai 1968 seraient le produit d'une ruse masculine en quête de diversification des conquêtes sexuelles.

Fourier accorde une place centrale aux activités amoureuses puisque les nuits sont dédiées aux pratiques sexuelles et les journées aux activités économiques. Les deux sont liés dans son esprit. Il les articule parce que pour lui, l’économie comme la sexualité ont une même ambition : trouver des liens, des attractions nouvelles entre les personnes. Ce qu'il conçoit donc avec le phalanstère, c'est l'idée de toujours trouver de nouvelles personnes comme objets de désir.

Ce qui est frappant dans cette utopie c'est qu'elle prône une liberté qui en devient contraignante. Par exemple il est interdit de choisir toujours le même partenaire.

L’utopie de Fourier, selon Brix, ne semble pas être au service des femmes. Dans le Phalanstère, elles appartiennent à tout le monde.

La fidélité n’est pas une utopie, c’est un idéal. C’est aussi une discipline. On n’est pas infidèle par hasard ou par malchance. On est infidèles par choix, parce qu’on l’a voulu.

Considérer que la sexualité est une activité purement récréative est une erreur aussi grande que de considérer que ce n’est qu’un pêché. La sexualité n’est pas qu’un jeu, elle assure aussi la survie de l’espèce, donc c’est sérieux.

Selon Brix, l'idéologie de l'amour libre aboutit à l'asservissement de la femme et est au service de la satisfaction des fantasmes masculins. Le féminisme a cru pouvoir brandir l'étendard de Mai 68 sans voir que ce moment était l'occasion de révéler les contradictions du libertinage.

Avec le triomphe des mœurs « post-soixante-huitardes », on ne peut pour autant parler, comme le fait Marcela Iacub dans son ouvrage, paru en 2016 chez Stock, de « fin du couple ».

Le féminisme est parti de l'idée que les deux sexes étaient égaux devant la question sexuelle, reprenant les thèses classiques des libertins, sans voir que celles-ci étaient le masque d'un désir de multiplication des conquêtes sexuelles.

Le programme de Fourier est en effet utopique. Il est en même temps totalitaire, au sens étymologique du mot, englobant tous les aspects de la vie. Comme chez Platon, femmes et s sont « en commun » dans son Phalanstère.

Ce n'est pas pour rien que Fourier est redevenu très à la mode en 1968. Tout chez Fourier finit par s'arranger parce que les passions sont complémentaires. Un phalanstère est bien ordonné quand toutes ces passions, agencées par harmonie préétablie, sont représentées et peuvent se conjuguer dans l'harmonie générale.

Quant à la liberté sexuelle, elle est soigneusement organisée et même « bureaucratisée ». Chaque matin, par exemple, sous la direction de la «Haute Matrone», des escouades de «Bacchants» et de «Bacchantes», jeunes gens et jeunes filles ardents et vigoureux, iront «relever les blessés» (c'est-à-dire les exclus des unions secrètes de la nuit) pour leur porter les secours qui conviennent.

La place de Fourier dans l'ébranlement de la morale traditionnelle, la remise en cause de l'idée du mal, l'exaltation du désir, le féminisme moderne, et surtout peut-être la place exceptionnelle faite à la marginalité, l'excentricité, la déviance et à la transgression dans la littérature et l'art moderne ne sauraient au final être sous-estimés.

QUELLES LECONS ?

Il faut replacer la pensée de Fourier dans son temps et saluer les avancées qu’elle contient. Fourier est clairement un précurseur du féminisme, qui ne conçoit pas de progrès économique et social sans la libération de la femme. Il est par exemple le premier à préconiser la création de crèches pour que les femmes ne soient plus cantonnées à l’éducation des s. Il préconise également l’accès des femmes aux métiers « réservés » aux hommes. Ce sont évidemment des idées iconoclastes à l’époque où il écrit et la féministe que je suis ne peut qu’être sensible à cela.

S’agissant du couple et de la fidélité, Fourier en fait une critique radicale, le considérant comme un élément clé de ce qu’il considère comme l’asservissement de la femme, tout autant que de frustration de tous. Ce qui l’amène à prôner, au moins temporairement, la liberté sexuelle et la vie en Communauté. Cette vision était tellement contraire à la pensée dominante que Fourier n’a jamais publié son « Nouveaux Monde amoureux », qui n’a été édité qu’au moment de la libération sexuelle des années 60.

Favorable à une liberté sexuelle librement consentie au sein du couple, je ne peux a priori qu’être sensible à un tel discours de liberté, ayant eu la chance de se voir reconnaitre à cette liberté sexuelle et encouragée à en user par un mari candauliste. Je nuancerai immédiatement en soulignant les limites évidentes d’un exercice qui doit être librement consenti et encadré. Il est évident que la vie communautaire, telle qu’envisagée par Fourier et certains de ses disciples dans le Phalanstère, était une utopie qui au final débouche sur une nouvelle aliénation de la femme, vue sous le seul angle du libre exercice des plaisirs.

Si le plaisir peut être recherché dans des relations avec une pluralité de partenaires, le couple reste un cadre indispensable, essentiel pour les sentiments. Ma pratique de deux couples parallèles, l’un officiel avec Philippe, l’autre, saphique avec Agun, m’amène à penser cependant qu’un polyamour est possible, même s’il suppose des sentiments particulièrement forts et qu’il n’est pas sans risques.

Si le couple ne repose pas ment sur la fidélité, dès lors que la liberté est consentie, il exige la transparence, la vérité et le respect des règles fixées d’un commun en accord. Je sais par expérience que ce n’est pas si simple et que tout manquement à ces règles peut avoir des conséquences graves, comme nous l’avons vécu il y a peu, quand j’avais trahi la confiance de Philippe, comme celle d’Agun, en rejoignant mon amant N.

Je reconnais aussi que, pour moi, la liberté sexuelle dans le couple a été difficile à accepter quand elle est réciproque, comme en témoignent les crises que j’ai faites lorsque Philippe prétendait lui aussi bénéficier des libertés qu’il m’accorde et m’encourage à user. Je voulais bien satisfaire son candaulisme mais je ne supportais pas ou très difficilement de le voir dans les bras d’une autre, ce que je vivais comme une trahison. J’ai fini par comprendre que cette « asymétrie » était injustifiable. Si le couple s’affranchit de l’obligation de fidélité, encore une fois à ses risques et périls, cette liberté doit être reconnue au mari et à la femme, sur base de règles précisément définies, la principale étant celle de la transparence.

J’apprécie la pensée de Fourier comme étant un premier féminisme et en retiens ses aspects libérateurs, par contraste avec la vision patriarcale qui dominait en son temps, y compris chez les penseurs socialistes qui prônaient l’émancipation, oubliant celle de la femme. Beaucoup d’aspects utopiques ou communautaristes du fouérisme sont à oublier, de même que sa critique radicale du couple et de la monogamie.

J’aime le féminisme de Fourier et la liberté, en particulier sexuelle, qui sous-tend sa pensée. La liberté, pour ne pas devenir une autre forme d’aliénation, doit cependant reposer sur le consentement et des règles communes. Si ce principe semble évident, il est plus difficile à mettre en œuvre. La recherche du bon équilibre ne va pas sans dérapages et se trouve dans les expériences de la vie, à condition que l’on ait des partenaires qui accompagnent et partagent ce parcours. C’est la chance que j’ai eue en ce qui me concerne, et je n’en remercierai jamais assez Philippe, mais aussi Agun.

PRINCIPALES SOURCES

Sur internet, je renvoie aux liens suivants, que j’ai consultés :

• http://une-histoire-de-lutopie.edel.univ-poitiers.fr/exhibits/show/experimenter/politique/le-f--minisme-dans-l-utopie-du

• http://www.charlesfourier.fr/spip.php?article1134

• Un résumé du livre de Michel Brix « L'Amour libre, brève histoire d'une utopie » : http://sens-public.org/article638.html

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