Romance

Je suis rentré du travail à l'heure habituelle. Ma femme, Mireille, repassait une de ses robes de cocktail. 
Immédiatement, j’ai pensé qu’elle avait prévue l’organisation de la soirée, et j’étais tout excité.
J'adore sortir avec ma femme. Elle est toujours très sexy quand nous sortons, et les regards envieux des autres gars me donnent le sentiment d’être le type le plus chanceux du monde. Son teint cuivré, héritage de ses ancêtres espagnols, ses yeux verts, hasard génétique, combinés avec un corps dynamique, je peux dire qu’elle est magnifique. 

Avant que je puisse lui demander ses plans pour la soirée, elle a engagé la conversation
"Devine qui j'ai rencontré aujourd'hui ? Anthony !"

Anthony? J'essayais de placer un visage sur le nom, après un instant d’intense réflexion, un seul me vint à l’esprit.
"Anthony, ton ex, quand tu étais au lycée, celui-là ?"
"Ouais ! Tu peux croire ça ? Il a surgit de nulle part, après toutes ces années !"

Anthony, c’était le premier petit ami de ma femme, le grand amour d’adolescence. Je ne l'ai jamais rencontré, mais j'ai entendu parler de lui. Oh, oui, j’ai entendu parler de lui ! Il l'avait laissé tomber pour une fille plus affriolante, et elle a mit très très longtemps à s’en remettre. D’ailleurs, la première année de notre relation, j'ai dû me contenter d'être son ami, parce qu'elle n'était pas encore prête pour une relation amoureuse.

Elle a finalement accepté de sortir avec moi au bout d’un an, mais ensuite, elle était retournée chez ses parents, pour les vacances, cet été-là. J'ai appris qu’Anthony avait fait une apparition au cours de cet été-là, mais sans connaître les détails, et je pensais à l’époque que c’était pour rompre définitivement toute relation..

"Où l'as-tu rencontré ?" J'ai demandé.
"Au boulot, dans le hall de l’immeuble, je l’ai croisé en entrant, juste après le déjeuner. Il m'a reconnu immédiatement.

Il est représentant en produits pharmaceutiques, et il vient dans le quartier tous les quinze jours. Incroyable, non ?"
"Oui, incroyable" ai-je accepté. Mais je n’aimais pas son enthousiasme.

"Je veux dire, quelles étaient les chances que nous nous rencontrions de nouveau ? J’en suis époustouflée. Quoi qu'il en soit, nous dînons ce soir pour rattr notre retard !"
Cela expliquait la robe de cocktail. Je n'aimais pas l'idée d'avoir une troisième personne avec nous quand nous sortions.
Je préfère que l’on ne soit que nous deux. Mais je pouvais l’accepter pour la rendre heureuse.

"Bon, d'accord. À quelle heure dois-je être prêt à partir?" 
Elle a arrêté de repasser : "Désolée, chéri, je ne pensais pas t’emmener avec moi; juste lui et moi."
Je n'aimais pas cette idée : "Juste toi et lui ? Pourquoi ne veux-tu pas que je sois avec toi ?"

"J’ai accepté un dîner pour que nous puissions rattr notre retard. Nous allons parler de l'ancien temps, je ne veux pas me soucier de ce que tu pourrais penser ou dire sur, tu sais, certaines choses qui se sont produites avant qu’on se rencontre. Je veux pouvoir parler librement. En plus, tu t’ennuierais. Mais tu sais que je n’aime que toi, bébé."

"Chérie, il est tout à fait inapproprié qu'une femme mariée dîne seule avec un homme qui n’est pas son mari, en plus son ex-petit ami. Même en supposant que tout soit parfaitement correct, que se passe-t-il si quelqu'un que nous connaissons te voit en tête à tête avec quelqu'un d'autre que moi ?"

"Henri, ce n'est pas un rendez-vous galant. Juste deux vieux copains en train de dîner. Je ne peux pas croire que tu me fasses une scène pour ça." Elle posa le fer à repasser et souleva la robe pour inspecter les plis.

"Si ce n'est pas pour flirter, alors comment se fait-il que tu t’habilles aussi sexy ?"
"Je m'habille toujours ainsi quand je sors. Ça ne veut rien dire de spécial. Tu ne me fais pas confiance ?"
"Je te fais confiance, mais ce n'est pas la question.
Aimerais-tu que je vois une de mes ex sans toi ?"
"Je dirais oui, parce que je te fais confiance, et je sais que tu n'aimes que moi."

Je n'ai pas acheté sa justification : "Mireille, ça ne me va pas, pas du tout. Tu ne sortiras pas seule avec Anthony. Je m’y oppose. Soit nous y allons tous les deux, soit tu restes là. "

Le moins que l’on puisse dire, c’est que cela l’a rendue nerveuse : "Tu n'es pas mon père, je suis une femme adulte et tu ne me commandes pas ! Je fais ce que je veux ! Et tu vas arrêter de me faire chier avec ta jalousie de petit macho."
Elle emporta sa robe dans la chambre, claquant et verrouillant la porte derrière elle. 

Je sortais une bière du frigo et m'assis à la table de la cuisine. Nous avions toujours tout partagé jusqu’à présent. 
Jamais l'un de nous n'avait dit à l'autre qu’il ferait ce qu’il voudrait, et que si ça ne lui plaisait pas, et bien tant pis.
Quand elle est ressortie de la chambre, elle avait l'air super sexy, et ma pensée principale était que c’était risqué de la laisser faire ce qu’elle voulait faire. Sûr que l’autre salopard allait vouloir la croquer.

"Nous pourrons en reparler davantage quand je rentrerai, d'accord, chéri ?"
"Nous en avons déjà parlé et tu m’as clairement exprimé ta position. Tu fais ce que tu veux, et si ça ne me plaît pas c’est pareil. C'est bien de savoir ce que nos règles ont changé. J’en profiterai aussi, n'oublie pas d'utiliser un préservatif !"
Elle a hurlé : "Je ne vais pas baiser avec lui, fils de pute ! C'est juste pour dîner ! Connard !"
Sur ce, elle est sortie en claquant la porte de l’appartement.

Je me suis couché tôt. Elle avait quitté la maison vers 19H et j'ai entendu la porte se refermer vers 22H30. 
Elle est allée immédiatement sous la douche, mais ça n'avait rien d'extraordinaire, elle se douchait souvent le soir.
Elle s'est glissée contre moi et j’ai senti qu'elle était nue.
 Elle m'a chuchoté à l'oreille.

"Bébé, je pourrais utiliser ton sexe ce soir. Intéressé par un peu d’exercice corporel ?"
Je me tournais vers elle : "Franchement, l'idée que tu te fasses allumer par Anthony, puis que tu rentres tranquillement à la maison, n'offre pas beaucoup d'intérêt. À moins que tu veuilles comparer en te demandant lequel tu préfères. De plus, je ne pense pas que nous nous soyons déjà réconciliés."

Cela n'est pas bien passé, et son argument pour faire la paix ne s'est pas déroulé comme elle l'espérait.
"Alors, tu préférerais que je me sois laissée corrompre et que j'ai couché avec lui ?" m'a-t-elle lancé, provocante.
"Donc, tu admets que ça t’as alléchée d'être avec lui ?"

"Non, c'est ... ouah, ce n'est pas ce que je voulais dire ! Tout ce que je voulais dire, c'est que, quoi qu'il arrive, c’est toi que j’aime, c’est avec toi que je veux coucher, crétin !"

Elle n'a tout simplement pas compris. Je lui fis face : "Je ne comprends pas que tu ne vois pas ce qui me dérange. Peu importe ce vous avez fait avant, tu es ma femme maintenant, et il semble que tu devrais oublier l’autre. Maintenant que M. Anthony est réapparu, je ne suis qu'un obstacle à surmonter pour que tu puisses faire ce qu’il te plaît !"

Sa rage est tombée : "Tu as raison, bébé. Je suis désolée. J'aurais dû être plus attentive à tes sentiments. La surprise et l'excitation de le revoir, j'ai oublié nous deux. Peux-tu me pardonner, s’il te plaît ?"
Soulagée qu'elle ait finalement semblé comprendre, je l'ai attirée vers moi ; "Bien sûr, chérie, je te pardonne."

Elle a prit sa voix de petite fille : "Pouvons-nous faire l'amour maintenant, j’en ai envie ?"
Nous le pouvions et nous l'avons fait. Ce soir-là, elle était particulièrement ardente.

Je l'ai oublié pendant deux semaines. Deux semaines plus tard, Mireille m’a appelé pour me dire qu'elle devait travailler tard, un projet spécial qu’on lui avait confié.
On était mercredi. Le même jour où son ex, Anthony, passait dans le quartier, en fin d’après midi. Je ne croyais pas que ce pouvait être une coïncidence.

En sortant du travail, je suis passé par son bureau. J'ai acheté quelques sandwichs en chemin, mon excuse était de lui apporter son dîner. En toute innocence ? Je me suis dirigé vers son bureau. Mireille travaille dans une grande compagnie d'assurance, et c’était la première fois qu'elle devait travailler tard.

La porte d'entrée était verrouillée, j'ai donc frappé. Je m'attendais vraiment à ce que le bureau soit vide, mais elle était là, à son poste, en train de travailler, et bien sûr, elle m'a vu à travers la porte en verre dès qu'elle s'est retournée. 
Son beau sourire a illuminé son visage, et elle s’est précipitée pour m’ouvrir la porte.

"Hé bébé, quelle belle surprise." Elle s'est jeté à mon cou et m'a embrassé. "Que me vaut ce plaisir ?"
"Je t'ai apporté un casse-croûte pour ton dîner. Nous pourrions partager un sandwich, même si tu dois travailler tard."
"C'est gentil. Mais mangeons rapidement. Plus je perds de temps, plus tard je devrais rester ici."

Nous avons passé environ 20 minutes à manger et à parler de nos journées, puis je l'ai laissée faire son truc. 
Je suis rentré à la maison en me sentant merdeux d'avoir douté d'elle. 
Peut-être que le dîner était la fin de quelque chose. Ils s’étaient expliqués, elle l'avait sorti de son univers, et c'était tout. 
Basta et adieu ! J'étais prêt à lui faire confiance ... jusqu'à ce que cela se reproduise deux semaines plus tard.

Le même appel téléphonique, m’avertissant qu’elle travaillait tard pour un autre projet spécial, est arrivé. 
Si c'était vrai, cela signifiait que son entreprise lui donnait plus de responsabilités, ce qui était une bonne chose. 
Mais je ne pouvais pas oublier ce sentiment que c'était juste un alibi. Le moment était trop providentiel.

Cette fois, je l'ai simplement appelée, mais sur sa ligne directe. Je savais que, grâce à l'identification de l'appelant, elle saurait que c’était moi au téléphone, et qu’elle décrocherait. En l’appelant sur sa ligne directe, au travail, je saurais qu'elle était à son poste. Sur son téléphone portable, elle pouvait répondre de n’importe où elle se trouvait. Et comme les bureaux étaient équipés de caméras, il était donc très peu probable qu'elle fasse des cochonneries au bureau.

Je l'ai appelée à 17H45, puis à 18H30. Les deux fois, elle a décroché à la deuxième sonnerie, avec le même ton enjoué dans la voix. Un rapide : "Je t'aime, tu me manques, j’avais besoin d’entendre ta voix" et j’ai raccroché.

Et donc je suis resté avec mes doutes, espérant qu'elle était fidèle et que j'étais juste paranoïaque. 
Quand elle est rentrée à l'heure habituelle le mercredi suivant, Anthony était en ville, j'ai pensé que c'était fini. 

Deux semaines plus tard, Mireille a de nouveau appelé pour dire qu'elle travaillerait tard, mais c'était le jeudi, pas le mercredi, alors je me suis détendu. Cela a continué de se produire un jeudi sur deux, j'ai quand même appelé au moins une fois, juste pour apaiser mes craintes. Elle a toujours répondu.

Ses aventures auraient pu continuer longtemps. À peu près quatre mois après le début de ces incidents, l’entreprise de ma femme organisait une petite fête. Dans l’immense salle de réunion au sous-sol, une sorte d’apéro dînatoire pour fêter les bons résultats. Deux fois par an, à Noël et fin juin. Les conjoints étaient invités.

Je reconnaissais quelques visages, mais pas les noms car je voyais ses collègues si rarement.

J'ai discuté avec quelques participants, jusqu’au moment où j’ai pu me rapprocher de Sheila. Mireille me l’avait présentée lors d’une fête précédente comme étant la directrice de son service.

"Alors, vous mettez le désordre dans ma vie conjugale !?" lui dis-je en riant. Elle a semblé perplexe.
"Je m'excuse si j'ai fait une chose pareille, mais je ne comprends pas de quoi vous me parlez"

En essayant de garder un ton léger, j'ai mentionné les projets spéciaux qui étaient assignés à Mireille avec une certaine régularité, ce qui l'obligeait à rester le soir quelques fois par mois. Son expression devint sérieuse.

"Je suis désolée, Henri, je suis vraiment confuse" m’a déclaré Sheila. "Je n'ai assigné aucun projet spécial à votre femme au cours de ces derniers mois. Je sais qu'elle a parfois travaillé tard au cours des derniers mois, mais c'était pour compenser les pauses-déjeuners de trois heures qu'elle prenait pour faire ses courses. "

J'ai marmonné une excuse bidon à propos de ma confusion et de ma stupidité. Une boule de glace géante se formait dans mon estomac. Je me dirigeais vers les toilettes pour reprendre mes esprits et calmer ma rage. 

J'avais cru ma femme, je lui avais fait confiance, et ça me pétait au visage. Ses heures supplémentaires le soir pour compenser une longue pause déjeuner, ça ne m'était tout simplement pas venu à l'esprit. Le passage du mercredi au jeudi était anecdotique. Anthony avait pu modifier son itinéraire. Ou c’était pour calmer mes soupçons, ou autre chose ...

En tout cas, les choses étaient claires maintenant. Tout ce dont j'avais besoin, c’était d’une preuve.

Lorsque le prochain "travail supplémentaire" s’est produit, j'étais garé dans la voiture d'un copain devant l'immeuble de son travail. Effectivement, à midi, j'ai vu ma femme, et celui que je soupçonnais être Anthony, sortir main dans la main de l’immeuble et se diriger vers le parking. J'ai pris quelques photos. J'étais un peu surpris qu'ils soient si exposés, sans méfiance. S’afficher ainsi avec un homme qui n’était pas son mari, elle aurait pu croiser n’importe qui …

Ils ont quittés le parking dans une voiture qui n’était pas celle de ma femme. J'étais juste derrière eux. 
La circulation était suffisamment dense pour que je ne sois pas remarqué. Ils se sont garés dans un motel.
Directement dans le logement sans passer par la réception. Je suppose qu'ils avaient réservé. 

Je me suis garé sur une place au bout du parking et j'ai pris quelques photos. Il lui a tenu la porte ouverte. 
Sur le pas de la porte, elle lui a donné un long baiser à pleine bouche, pendant qu’il lui caressait les fesses. 
Mon estomac s’est crispé lorsque j'ai remarqué qu'elle n’avait pas ôté ses bagues. 
Je me demandais si cela augmentait son frisson, qu'elle garde ses bagues pendant qu'il la baisait.

J'ai passé quelques coups de fil pendant que j'attendais, fixant un rendez-vous à un avocat et prévenant mon travail que je serai absent pendant quelques jours. Enfin, vers 14H30, la porte s'est ouverte. Je prenais encore quelques photos de Mireille rajustant sa tenue. Sa coiffure était légèrement ébouriffée. Je n'avais pas besoin d’un dessin pour comprendre la situation. J'ai rangé mon appareil photo et je suis rentré chez moi.

C'était heureux que nous n'ayons pas fondé de famille ni acheté de maison. La répartition sera simplissime.
Il n'y avait que peu d'argent en banque, et nos affaires étaient facilement divisible par deux. Je n'ai pas pris la peine de l'appeler ce soir-là, pensant que cela ne servait à rien, mais elle l'avait remarqué, et j’ai dû me justifier.

"Chéri, j'attendais ton appel avec impatience. Tu m'appelles chaque fois que je travaille tard pour me dire que tu m'aimes. Que s'est-il passé ?"
"Je suis désolé, bébé. Je bricolais dans le garage et je n'ai pas vu le temps passer. Je te promets de ne plus t’oublier, même si j'espère que tes soirées studieuses seront bientôt finies."
"Bientôt, mon chéri. Je vais leur demander de confier leurs projets à quelqu'un d'autre."

J'ai pris ma résolution. La prochaine fois serait la dernière. J'avais pris toutes mes dispositions possibles pour les finances. Même si j’avais conscience de ce qui allait se passer, je n'ai pas pris la peine de la suivre de nouveau. 
J'avais tout le matériel nécessaire. Quand l'appel est venu, pour dire qu'elle allait travailler tard, je n'ai pas été surpris.

J'ai acheté un sandwich sur le chemin du retour. Je l'ai grignoté en emballant mes affaires personnelles. J'avais quelques heures avant que Mireille ne rentre à la maison et je n'avais que mes vêtements et mes affaires de toilette.
Toute la décoration, les articles de cuisine, le mobilier bon marché, je n'en voulais pas. 
Je l'ai appelée au travail, juste pour ne pas éveiller ses soupçons.

J'étais prêt à partir quand Mireille est revenue vers 19H25. Elle était de bonne humeur en franchissant la porte.
"Salut, chéri" dit-elle. "Comment s’est passée ta journée ?"
Elle a essayé de m’embrasser, mais je l'ai évité. "Mireille, il faut qu’on parle."

"Euh, d'accord chéri. Laisse-moi poser mes affaires."

Nous nous sommes assis à la table de la cuisine. Elle m’a souri, comme si nous allions discuter pour acheter un nouveau canapé. Elle semblait ne pas se douter de ce qui allait lui arriver.

"Donc, tu as travaillé tard ces derniers mois. Comment se présente ton avenir ?"
"Génial ! Ils sont très impressionnés par mon travail. J'espère que cela paiera un jour."
"Parle-moi de tes travaux supplémentaires."
"Quoi ?"

Elle ne s'y attendait pas, pensait que rester dans le vague serait suffisant, que je n'exprimerais jamais le besoin de connaître les détails. Elle n'avait pas envisagé si loin …
"Tes travaux, tes projets, parlez-moi d'eux ..."

"Euh ... juste ... euh ... c’est technique, tu sais … des analyses, tu sais, des taux, dans certains domaines, et ... euh ... tu sais ... des trucs comme ça."

"Je suis content que ça se passe bien pour toi. Alors, y a-t-il quelque chose que tu voudrais me dire ?"
"Juste que je t'aime, mais tu le sais déjà."
"Moi aussi, tu sais, je le pensais, jusqu'à ce que je découvre ta liaison avec Anthony."

Elle poussa un cri d'exaspération : "Merde, Henri, tu me fais chier avec ça ! Ça fait des mois que je l’ai plus revu !"
"Tu ne l'as pas revu depuis des mois? Est-ce vrai? T’en es sûre ?"
"Oui, Henri. J’en suis sûre."

Mais son expression trahissait son inquiétude.

"Bien" Je posais sur la table les photos que j'avais prises, celles où on la voyait sortir de la chambre d'hôtel, la tenue en désordre. Elle est restée bouche bée. Ensuite j’ai posé sur la table les papiers de divorce.
"Non Henri, s'il te plaît. Attends. Ce n’est pas ce que tu crois, juste ... rien. Rien du tout. Ne peux-tu pas me pardonner ? Juste des réprimandes ou une mise à l’épreuve; tout ce que tu veux."

"Bien sûr que non, Mireille. Je t’avais prévenue, quand nous avons commencé à sortir ensemble, que l’infidélité était synonyme de rupture, et que j'étais sans tolérance à ce sujet. Tu l’as accepté et nous nous sommes mariés. Mariés, Mireille, nous avons échangés nos vœux ! Anthony réapparaît, et tu oublies tout ! Tu as couché avec lui et tu m’as menti. Les yeux dans les yeux, jusqu'à ce que je te mette les photos en face. Aucun respect, ni pour ta parole, ni pour moi. Tu as grillé tes dernières cartouches. J’espérais que tu étais heureuse d’être ma femme. Je suis désolé de ne pas te suffire !"

"Non, Henri, ne pense pas que ça a quelque chose à voir avec toi. Je t'aime de tout mon cœur, je n’ai pas fait ça à cause de toi. Je ... je ne peux pas l'expliquer. Je me suis retrouvée avec mes sentiments d’adolescente quand je l'ai revu pour la première fois. Je voulais, je ne sais pas, rajeunir, retrouver ma fraîcheur d’adolescente. Ce premier soir, c'était juste pour dîner, je croyais que c'était fini. Puis il a continué à envahir mes pensées. Quand il est revenu deux semaines plus tard, il m'a demandé de déjeuner, j'ai accepté. Puis l’hôtel. Je l'ai fait volontiers. J'aimerais pouvoir dire que je ne l'ai pas aimé, mais je l'ai fait. Après cela, c'est devenu plus sordide à chaque fois, moins romantique. C’était juste baiser. Je pensais y mettre fin, mais évidemment trop tard. Je suis désolée, Henri. S'il te plaît, je t'aime. N'y a-t-il aucun moyen. Quelque chose que je puisse faire, une dernière chance ? "

"Je suis désolée aussi, Mireille. Je t'aimais vraiment." Je suis sorti de l'appartement pour la dernière fois.

Un an plus tard, le divorce était prononcé. Elle n'a émit aucune complication. J'ai emménagé dans un appartement plus petit. Je me suis concentré entièrement sur mon travail, ce qui m’a permis d’obtenir une promotion lorsque mon entreprise a été rachetée par un grand groupe. Mireille m’a manqué souvent, et je pensais souvent à elle, même si je savais que nous ne reprendrions jamais la vie commune. Elle était tellement belle !

Plus d’un an après cette dernière soirée, j'ai reçu un SMS de Mireille disant qu'elle aimerait me rencontrer pour prendre un verre. Nous avons convenu de nous rencontrer dans un petit bar, ce soir-là. Quand je l'ai vue en entrant, j'ai immédiatement pensé qu'elle était encore plus jolie. Mais elle avait l'air différente. Je l'ai saluée tendrement, avec un câlin et un bisou sur la joue.

J'ai commandé un jus de fruit, et un Mojito. Avant, je ne buvais jamais une goutte d’alcool. Elle l’a remarqué.
"Un apéritif alcoolisé, Henri ? Ça ne te ressemble pas !"
"Certaines choses ont changé cette dernière année."
"Je suppose que c'est vrai pour moi aussi. J’ai l’impression de rajeunir en venant dans ce quartier."

"Anthony viendrait-il travailler dans cette zone ?"
C'était une vraie question. J'avais dépassé la colère et la douleur.
"Je ne sais pas. Nous ne sommes pas restés longtemps ensemble. Il courait. Il s'avère que je n'étais pas la seule. Il avait plusieurs arrêts réguliers sur sa tournée, et il ne s'est jamais fixé avec aucune d'entre elles. Je pense que son besoin de conquête était quelque chose de maladif."
Quelle ironie, pensais-je.

"Je suis désolé d’apprendre ça. Comment l’as-tu découvert ?"
"D'autres maris moins compréhensifs et plus jaloux que toi. Une bonne raclée lui a donné l’envie de changer d’air. Je ne sais même pas ce qu’il est devenu, et je m’en fiche."
Elle ne semblait pas le regretter.

"Ça ne pouvait pas arriver à un gars plus gentil. Alors, essayerais-tu de retrouver ton travail dans ce bureau ?"
"Peut-être, mais tout est suspendu, en attente d’un arrangement particulier."
Elle m'a touché en plein cœur avec ce sourire si particulier qu'elle avait, auquel je n'ai jamais pu résister. 

"Et cet arrangement, quel serait-il, Mireille ?"
Comme si je ne m’en doutais pas.
"Henri, je suis vraiment désolée pour tout le mal que je t'ai fait. J'étais une idiote qui a cru à belle histoire, pensant retrouver une personne qui n'existait plus, et qui n'avait probablement jamais existé. Nous avons eu quelques belles années et je t'aime toujours. La leçon a été dure, mais j'ai bien appris ma leçon. Ai-je une petite chance ...?"

À ce moment-là, un mouvement dans une robe bleue a traversé la pièce, droit sur ma table.

La grande blonde en robe bleue posa son sac sur une chaise libre et me claqua un baiser sur la joue. 
"Me voilà, bébé. Désolée d'être en retard. La réunion s’éternisait. C'est pour moi ?"
Sans attendre ma réponse, elle attrapa le Mojito et tira longuement sur la paille.

"Je sais. J'ai reçu ton SMS. Tout est réglé ?"
"Bien sûr que non. Ce n'est jamais le cas, tu sais bien. Mais je ne veux plus parler boulot. Je suis prête à m’amuser."
J'ai fait les présentations. "Rosine, voici Mireille, mon ex-femme. Mireille, voici ma chérie, Rosine."

"C'est tellement agréable de vous rencontrer enfin !" s’exclama Rosine, sincère. 
"J'étais tellement excitée quand Henri m'a dit que nous allions faire connaissance autour d’un verre. J'ai tellement entendu parler de vous."

"En bien, j'espère" a plaisanté Mireille.
"Pratiquement pour tout, en fait; il parle très souvent de vous. Tout sauf pour les derniers mois, mais je suppose que c'est normal," répondit Rosine.

Je pouvais voir le regard de Mireille devenir fuyant. "C'est un bon gars" a-t-elle commenté.
"Je prévois de l’enchaîner. Nous avons déjà fixé la date."
J'ai regardé les yeux de Mireille chercher et trouver la bague de fiançailles sur le doigt de Rosine.

"Félicitations. C'est merveilleux. Je suis heureuse pour vous deux."
Rosine lui fit un petit sourire complice. "Tu espérais le récupérer, n'est-ce pas?"

"C’était mon idée" admit Mireille. "J'espérais que le temps avait cicatrisé ses plaies, et que j’aurais une seconde chance. Je ne savais pas que vous vous étiez engagés. Je devrais probablement m’en aller."

"J'aimerais que tu ne le fasses pas," dit Rosine, posant sa main sur le bras de Mireille.
Mireille était clairement perplexe. "Pourquoi? Quel est l’intérêt de connaître l'ex-femme de votre fiancé ?"

"Mireille, tu as été très longtemps une importante partie de sa vie. Tu as contribué à faire de lui l'homme qu’il est, et dont je suis tombé amoureuse. Pourquoi ne pourrions-nous pas être amies ? Cela dit, je ne vous laisserai jamais seul à seul, mais je pense que c'est juste du bon sens."
"Oui," dit Mireille, "Comme on me l'a dit une fois, il est inapproprié qu'une personne mariée sorte seule avec son ex."
Si seulement elle avait suivi mon conseil quand je le lui ai donné.

Comments:

No comments!

Please sign up or log in to post a comment!