Jalousie ...

Elle, c’est Alice, originaire de l’Est, de l’est de la France, une lorraine. Belle blonde, pas besoin de connaitre ses mensurations, elle attire toujours les regards quand elle entre dans une pièce.
Moi, c’est Franck, j’ai eu la chance de lui plaire autant qu’elle m’a plu, au premier regard. On doit appeler ça le coup de foudre.

Rencontrée chez des amis communs à Paris, elle acceptait le soir même de diner avec moi dans un petit restaurant de la Butte aux Cailles. Main dans la main, je l’ai raccompagnée chez elle. Elle a tourné la tête quand j’ai voulu l’embrasser pour lui dire bonsoir, juste une bise sur la joue, alors pas question de monter boire un dernier verre chez elle.

Le lendemain j’hésitais à la rappeler, lorsque j’ai reçu son appel, pas un SMS non, elle en direct. Avec une voix qui m’a fait chavirer, une voix unique. Je ne me souviens plus ce qu’elle m’a dit, je n’entendais que le son de sa voix, réalisant après avoir raccroché qu’elle me proposait d’aller au cinéma le samedi suivant. Heureusement ça je m’en suis souvenu.

Ai-je aimé le film ? Surement, puisque je l’ai regardé sa main dans la mienne. Quand la lumière s’est rallumée, je l’ai embrassé, elle n’a pas dit non.

J’ai de suite compris qu’elle avait reçu une éducation assez stricte, surtout ne pas la brusquer. L’attente est un plaisir.
Un soir, elle a accepté de venir chez moi, pas besoin d’excuse, elle savait ce que je voulais, elle le voulait aussi. Elle n’est retournée chez elle que le lendemain, dans l’après-midi, après une petite sieste où nous n’avons pas dormi.
Une semaine après, elle emménageait chez moi. Une évidence.

Je lui ai fait une place dans ma vie, une place dans mon armoire. La vie à deux commençait.

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Depuis un an, depuis le retour de notre lune de miel en Corse, nous ne sommes pas redescendus de notre petit nuage. Avec ma chérie nous nageons dans un océan de bonheur, toujours attentif au plaisir de l’autre.



Cet été, pour nos vacances en amoureux, j’ai loué un mas provençal perdu dans la garrigue. Petite maison caractéristique de la région, toit en tuile rouge, mur ocre, persiennes bleues.
Des persiennes typiques du pourtour méditerranéen pour filtrer les rayons du soleil, permettant de regarder dehors sans être vu. Ce n’est pas pour rien qu’en Italie et en Andalousie on les appelle des « jalousies ».

La solitude à deux. Pas d’autre maison à moins de 500 m. Une petite route à peine carrossable, heureusement nous étions prévenus, la voiture est pleine pour tenir quelques jours. Le jardin tout autour de la maison n’a pas de clôture, pas de limite, la montagne est toute à nous.

Inutile de regarder la météo, beau temps assuré. La campagne est inondée de soleil, dans l’après-midi la chaleur devient étouffante, même les cigales s’arrêtent de chanter, elles attendent cinq heures pour reprendre leur chant si particulier.

La nuit, la chaleur est toujours présente, nous dormons nus sur le drap de notre lit, la fenêtre grande ouverte, les persiennes à moitié fermées. La lune est le témoin privilégié de nos amours.

Tous les jours, après un déjeuner léger accompagné du rosé local, je pars pour une randonnée derrière les collines découvrir les mystères de la région. Une marche de 2 ou 3 heures ne me fait pas peur, sans oublier ma casquette, mes lunettes de soleil, ni de l’eau pour le retour.

Ma chérie en profite pour sa sieste quotidienne, qui la mettra en forme pour le soir.

Je croise d’autres promeneurs solitaires, rapide signe de la main… je suis seul face à moi-même. J’aime la marche, méditation sportive, permettant de faire le vide dans sa tête.

Aujourd’hui, au bout d’une heure, je remarque des nuages noirs qui s’amoncellent au-dessus des montagnes, signe que le temps va changer. Ici les orages sont violents, soudains, le vent nous prévient, il ne faut pas traîner.

Demi-tour, je rentre au plus vite me mettre à l’abri et retrouver ma chérie.
Bien décidé à faire une exception, sans attendre ce soir.

Notre mas est en vue. J’ai été plus rapide que les nuages, déjà le vent souffle plus fort, mais le soleil brille toujours.

Un bruit attire mon attention, la persienne du premier grince, celle de la fenêtre de notre chambre. Levant les yeux, je remarque une échelle appuyée contre le mur, je n’y avais jamais fait attention.

Intrigué, je monte quatre à quatre les marches en pierre menant au premier étage, et m’arrête net face à la porte ouverte de notre chambre.

Je ne me lasse pas du spectacle de mon épouse nue, délicieusement alanguie.

Elle est belle, adorable, lumineuse, désirable, dans un demi-sommeil elle se love sur notre lit, étire ses muscles endoloris, m’offrant une vue imprenable sur ses fesses tendues, offertes.

Mais aujourd’hui, je ne vois que lui. Il effleure ses cuisses, ses hanches, ses fesses, remonte le long de son bras pour atteindre sa poitrine qu’il caresse voluptueusement. Ma chérie ne bouge pas, garde les yeux fermés, semble envoûtée par la douceur de ces caresses. Émois de la première fois ou habitude de ses siestes ?

Fasciné, je ne peux détacher mes yeux de ce corps qui m’était jusque-là réservé. Les frôlements se font plus précis, elle se retourne radieuse, exposant à ma vue sa poitrine parfaite et sa fine toison brune taillée pour mon plaisir. La bouche légèrement entrouverte, aucun baiser n’est échangé. Elle s’étire comme un chat qui ronronne, goûte la chaleur que lui procurent les caresses qui maintenant descendent vers son ventre, vers son moi le plus intime. Instinctivement, elle écarte les jambes, juste un peu, en une invite silencieuse.

Moment intense, sa respiration s’accélère, elle s’abandonne avec un sentiment de bonheur, un sourire illumine son visage.

Une boule se forme au creux de mon estomac, m’empêche de respirer. Mille questions me passent par la tête. Comment est-il entré ? … Par la fenêtre évidemment.


Je devrais hurler, intervenir…je suis comme hypnotisé, incapable de faire le moindre geste, de pousser le moindre cri.

Je tombe par terre devant la porte, assis la tête entre les mains, la gorge nouée et cette boule dans le ventre qui grossit, qui grossit.
Je ne me reconnais pas. Suis-je devenu jaloux ? De qui, de quoi ?

La pièce s’obscurcit, l’orage arrive, je l’avais oublié. Le vent fait claquer les persiennes, d’un seul coup des trombes d’eau s’abattent sur la maison.

Je jette un œil dans la chambre, il n’est plus là, elle est seule, elle n’a pas bougé. Le souffle du vent qui s’engouffre dans la pièce l’a fait frissonner.

Réveillée par le bruit de la pluie, allongée sur son drap bleu pâle elle me sourit, me tend les bras. J’ôte mes vêtements. Nu, je la rejoins et je l’enlace pour la réchauffer.

En Provence, les orages sont violents mais de courte durée. Déjà les nuages s’éloignent, le vent les emporte, le ciel se dégage.

Le soleil se croit tout permis, que tout le monde est à lui. Mystérieux amant, il revient sans prévenir.
Comme un voleur, il entre à nouveau par la fenêtre ouverte, ses rayons se faufilent entre les persiennes pour venir caresser le corps nu de ma Belle blottie entre mes bras.

Une douce chaleur nous submerge.

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Inspiré de la dernière chanson d’Alain SOUCHON « Jaloux du soleil ».

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