Nelly

/Misa/février 2011

Nelly
Ch1/3

Je viens de m’installer en région parisienne, toute fraîche arrivée de ma Bretagne, et en cinq semaines, ma vie a changé du tout au tout.
Je m’appelle Nelly, j’ai 25 ans et je suis prof de maths . Enfin, toute nouvelle prof de maths : c’est mon premier vrai poste de titulaire. Ah oui ! célibataire. Enfin presque. J’ai profité de mon départ de Bretagne pour quitter Jonathan avec qui je sortais depuis quelques mois et avec qui j’ai passé mes vacances sur la côte landaise. Un peu coincé, le garçon ; je le traînais dans des coins où tout le monde bronzait nu, sauf lui. Il s’accrochait à son bermuda. Coincé, collant, radin ; j’ai pas trop de chance avec mes petits amis ; Jonathan, je m’étais laissée prendre par ses yeux de cocker … et pendant trois mois j’ai promené un cocker en laisse ! ça me changeait de celui d’avant qui couchait plus souvent avec mes copines qu’avec moi !
A peine installée ici, je me retrouve acoquinée avec Didier, un autre cas, du type scotch ! ça doit venir de moi … En fait, je les choisis pas ; c’est eux qui me choisissent, et comme une imbécile, je me laisse faire. Didier … je vous dirai plus tard …
Ne croyez pas non plus qu’il suffit de claquer des doigts pour sortir avec moi, non, c’est pas ça ! Je ne sais pas m’y prendre, c’est tout. Je ne suis pas sortie avec tant de garçons que ça, et rarement plus de 3 mois ! J’étais occupée à travailler ; fille sérieuse ; la fifille à sa maman. Et puis je suis bien toute seule ; le « frottement des corps » ne me manque pas. Non pas que ça ne m’intéresse pas, mais j’ai toujours été déçue. Le grand frisson, l’extase, connaît pas ! En tout cas pas avec eux. Et même toute seule, ce n’est pas si évident. Soit je suis mal fichue, soit mes copines exagèrent.

Bon, assez parlé d’avant ! oublié, tout ça, mon histoire ! j’y viens …
La troisième semaine après la rentrée. C’est là que tout à commencé.

Par un accident stupide.

Je faisais quelques courses un samedi après-midi dans la galerie marchande d’une grande surface, bien décidée à dépenser en fringues une partie de l’argent gagné pendant l’été. J’avais déjà choisi et essayé unmèches brunes collées sur le front pantalon et je me promenais dans les rayons depuis une dizaine de minutes pour choisir des t-shirts, peut-être un chemisier, des sous-vêtements, avant de passer en caisse.
Je me suis aperçue, au début amusée et surprise, puis gênée, de l’intérêt que je provoquais parmi les clients du magasin, sans trouver la moindre explication ; je n’ai rien vu de particulier qui soit susceptible de justifier les regards de ceux que je croisais en fouillant dans les rayons, les sourires bizarres, les yeux qui se détournaient brusquement.
Sans être prétentieuse, je sais que mon physique attire l’œil. Ce n’est pas parce que je choisis mal mes copains et que je prends pas mon pied avec eux que je suis moche ! je suis très brune, cheveux mi-longs, frisés, de grands yeux noirs, et tout le monde me dit que j’ai un très joli cul et de belles jambes. Euh … tout le monde le dit pas comme ça ! pas ma mère ! mais mes frères, oui ! et je vois bien que mes copines sont un peu jalouses ! jusqu’au moment où elles voient les boulets que je traîne … par contre, j’ai oublié d’avoir des seins … on peut pas tout avoir !
Mon histoire, pardon ! j’y retourne …
Donc j’attirais l’attention, des regards bizarres, et ça commençait à m’inquiéter et à m’agacer.
Les bras chargés des vêtements essayés peu de temps avant, de plus en plus agacée, j’ai arrêté de me promener entre les présentoirs et je suis allée faire la queue à la caisse. Et ça a continué … mais pourquoi ? Dans la file d’attente devant les caisses, deux messieurs qui attendaient derrière moi souriaient bêtement et fuyaient mon regard quand je tournais la tête vers eux..
Aucun doute ! tous ces gens en avaient après moi sans que j’arrive à deviner pourquoi, et peu à peu la colère a remplacé l’agacement.

Quand une jeune femme s’est approchée et a enlevé de sur ses propres épaules son gilet de laine pour m’en entourer les hanches, je me suis d’abord reculée, me demandant ce que cette fille me voulait, et puis devant l’insistance et le regard sérieux, je l’ai laissée faire ; la jeune femme a noué sur ma taille les deux manches du gilet d’un gros nœud et m’a prise par le bras.
- Venez … allez, venez avec moi …
- Mais enfin ! qu’est-ce qu’il se passe ?
- Suivez -moi !
Les vêtements sur un bras, l’autre maintenu par une main de la jeune femme, en résistant un peu malgré tout, inquiète, je l’ai suivie jusqu’à la zone d’essayage où dans une cabine libre, le rideau refermé dans notre dos, la fille a dénoué le gilet sur mon ventre.
- Mais, enfin … qu’est-ce qu’il y a ?
Comme il n’y avait pas de miroir dans la cabine, la jeune femme a passé une main dans mon dos :
- Vous avez un problème … là !
En même temps que j’entendais ces mots, j’ai senti le contact d’une main fraîche se poser dans son dos et un doigt parcourir lentement le sillon entre mes fesses.
J’ai brusquement laissé tomber les vêtements à mes pieds en portant une main à ma bouche, l’autre dans mon dos où s’attardait la main étrangère. J’ai senti sous mes doigts la couture déchirée de mon pantalon, me rendant compte avec horreur que je venais de me promener dans le magasin les fesses à l’air pendant un bon moment.
Les larmes me sont venues aux yeux ; j’ai rejeté mes sandalettes de coups de pieds nerveux et enlevé mon pantalon pour mieux me rendre compte des dégâts. En le levant à deux bras devant moi, j’ai constaté que la couture avait cédé quelques centimètres sous la taille, presque jusqu’à l’entrejambe, et que les clients n’avaient pas eu un simple aperçu mais bien une vision nette de mes fesses, d’autant qu’avec ce pantalon en stretch très moulant, par souci d’esthétique, pour qu’on n’en voit pas la marque disgracieuse, je ne portais jamais de dessous.

- Oh non !
J’ai enfoui mon visage dans le pantalon déchiré pour y noyer mes larmes de honte. Je revoyais les visages, les regards, de tous ceux que j’avais croisés, qui s’étaient amusés de mon infortune, sans rien me dire, et des deux messieurs qui faisaient la queue derrière moi. Un long moment, j’ai sangloté, le pantalon chiffonné dans les poings pressés sur mes yeux et mes joues, le front appuyé sur l’épaule de la seule qui avait eu pitié de moi en me cachant de sa veste et en me conduisant dans cette cabine.
La jeune femme m’entourait de ses bras, attendant que je me reprenne, tapotant doucement mon dos d’une main rassurante :
- Allez, allez … c’est rien … restez ici, un moment … ils seront tous partis … vous avez le temps …
C’est vrai que je ne voulais sous aucun prétexte croiser à nouveau le regard de tous ceux qui s’étaient bien moqués de moi ! Montrer mes fesses sur une plage l’été, d’accord ! mais dans un magasin !
- Vous aviez choisi un pantalon, je crois, je vais le passer en caisse, donnez …
Elle a pris le pantalon corsaire, a quitté la cabine. Je n’ai même pas pensé à lui donner de l’argent pour régler, trop perturbée pour réfléchir.
A son retour, je n’avais pas bougé, j’étais figée dans la même position, les mains toujours crispées sur le pantalon déchiré que je serrais contre moi. La jeune femme a posé au sol le sac de plastique et m’a essuyé les joues et les yeux avec un mouchoir de papier, puis m’a tendu le pantalon corsaire en passant assez naturellement au tutoiement :
- Pleure plus, c’est fini ! … tiens, j’ai fait enlever les étiquettes … euh … moi ça me gêne pas que tu restes comme ça, mais il vaudrait mieux te rhabiller …
Pour la première fois, je me suis rendue compte que depuis que la jeune femme m’avait conduite dans la cabine, j’étais quasiment nue, ne portant plus que son petit boléro blanc descendant à peine à hauteur du nombril, et que la jeune femme ne se privait pas en souriant gentiment de s’attarder sur la broussaille noire de mon ventre.

Je me suis sentie rougir et lui ai tourné le dos pour enfiler le corsaire, rougissant de plus belle à la remarque qui a fusé dans un rire :
- J’aime bien ce côté-là aussi …

Très pressée de quitter le magasin sans croiser personne, j’ai abandonné dans la cabine les autres petits achats que j’avais prévus. C’est seulement une fois sortie du magasin que brusquement je me suis souvenue que je n’avais pas remboursé le pantalon que je portais à la jeune femme qui me tenait le bras :
- Je t’offre à déjeuner, d’accord ? Et puis il faut que je te rembourse, quand même !
- Mais j’espère bien ! Si tu ne le fais pas, je récupère le pantalon, là, tout de suite !

On s’est installées sur deux angles de la banquette de velours rouge où le serveur du Bistrot Romain nous a accompagnées.
- T’imagines pas à quel point j’ai honte ! et tous ces gens qui rigolaient ! je voyais bien qu’il se passait un truc bizarre … et pas un qui m’ait prévenue ! heureusement que t’étais là !
- Oh ! tu sais, c’était plutôt joli, j’en ai un peu profité aussi !
Elle s’est penchée en posant sa main sur la mienne :
- J’ai hésité, figure-toi ! tu étais superbe !
- Oooh ! C’est vrai ? t’as hésité ?
- Euh … non ! je rigole. J’aurais même volontiers giflé les deux mecs qui se rinçaient l’œil derrière toi à la caisse !
J’ai remarqué sa main qui se posait souvent sur la mienne, pour souligner un propos au début, puis sans prétexte, son regard sur moi quand je relevais les yeux, le genou appuyé au mien sous la table.
J’étais un peu gênée, surtout étonnée de prendre plaisir à ce regard et ces contacts, amusée aussi en pensant qu’un garçon qui m’aurait draguée ne s’y serait pas pris autrement. Mais je me grondais d’une idée aussi bête : « voyons, c’est une fille ! ». A plusieurs moments, un peu troublée, j’ai dû m’excuser d’avoir perdu le fil de la conversation quand ces pensées trottaient dans ma tête.
On a parlé de travail, des vacances d’été finies depuis peu, du petit chat que j’avais adopté et des bêtises qu’il faisait ; en fait, on a évité tous les sujets personnels, pas évoqué de trop près nos vies, et on s’est quittées à la porte du restaurant presque étrangères.

Arrivée à ma voiture, je regrettais de l’avoir quittée si vite, m’apercevant que je ne connaissais même pas son prénom. Faire demi-tour, la chercher ?
Mais non, trop de monde … je ne la retrouverais jamais … et quoi dire ? oh ! quelle surprise ! le monde est petit ! tu t’appelles comment ? t’es sympa, je voudrais mieux te connaître … j’ai pas qu’un chat, j’ai aussi un copain … t’as de beaux yeux … c’est vrai qu’elle a de beaux yeux, un joli visage …

Didier jouait sur sa console quand je suis rentrée, encore habillé du caleçon et du t-shirt avec lesquels il avait dormi ; il a à peine levé la tête, n’a pas dit un mot … n’a bien sûr pas proposé de m’aider à ranger les courses, n’a pas remarqué que je portais un autre pantalon que celui avec lequel j’étais partie. Il m’a claqué une ou deux fois les fesses quand je passais entre lui et l’écran … un samedi comme un autre, un samedi qui ressemblait beaucoup trop aux deux précédents.
Depuis deux semaines, il passait plus de temps chez moi que dans son propre appartement et envahissait peu à peu le trois pièces de ses sacs de vêtements, de ses jeux vidéo. Il avait même eu le culot un soir de la semaine d’inviter un de ses copains de travail que je ne connaissais pas, sans même me prévenir. J’avais dû m’enfermer dans la chambre pour être au calme !
On n’avait jamais évoqué l’éventualité de vivre ensemble, et je n’en avais aucune envie ; il s’incrustait petit à petit, amenait son linge sale, restait manger quand son frigo était vide, sans jamais proposer de partager les frais.
La situation commençait à m’agacer mais je n’avais pas encore trouvé l’occasion de lui en parler franchement.

Toute la semaine j’ai pensé à l’inconnue, amusée de m’être fait draguer par une femme, ce qui ne faisait plus aucun doute pour moi, une chose qui ne m’était jamais arrivée avant et à laquelle je me surprenais à prendre plaisir. J’étais partagée entre plusieurs sentiments : en même temps troublée parce que c’était une jolie jeune femme qui m’avait draguée, et honteuse de ce trouble parce que justement c’était une femme. Je regrettais de n’avoir aucun moyen de la revoir et paradoxalement, j’en étais en même temps rassurée ; la rencontre nourrissait un petit fantasme innocent qui n’aurait pas de suite. Au fil des jours, le souvenir de son visage perdait de sa netteté ; seuls me revenaient en mémoire les yeux rieurs, la robe bleue, la sensation agréable et le frisson de sa main sur la mienne.

Hello Nelly,
Pour l’anniversaire d’un accident de couture,
Samedi 15 vers midi ?
Clara

Bien sûr j’ai immédiatement su de qui venait le bristol.
Mon chèque ! Elle avait eu l’adresse sur le chèque que j’avais fait pour lui rembourser mon pantalon.
Je me suis surprise à sourire et à rougir en serrant le petit mot entre mes doigts.
Bien sûr il y avait ce petit frisson de plaisir, mais il y avait aussi les questions …
Et si je m’étais fait des idées ? Et si justement j’avais raison ? Si cette fille m’avait vraiment draguée ? Quelle attitude prendre ? Enfin quoi ! Moi ? Une fille ?

Bon, je dois être honnête, sans doute parce que je croyais cette rencontre sans lendemain, aussi parce que c’était nouveau, et surtout parce que Didier commençait à sérieusement m’agacer, j’avais un peu fantasmé sur cette fille … un matin, c’est en pensant à ses grands yeux et ses mains sur moi que je m’étais caressée … et pour une fois, c’était venu facilement … mais maintenant que j’allais la revoir, que c’était bien concret, je ne savais plus quelle attitude adopter.
Une femme ? impossible, non je … je suis … quoi ? normale ? et y penser comme ça me faisait honte. L’homosexualité ne me choquait pas … mais moi ? ça change tout ! Et puis, franchement, une fille! sortir avec une fille ? et … c’est comment l’amour avec une fille ?
Le matin même où j’ai reçu son petit mot, Didier m’a fait l’amour … vite fait … lui il aime le matin ; pas moi ; je lui avais dit pourtant que j’aimais pas, mais il s’en fichait un peu.
Il s’était invité une nouvelle fois la veille au soir, sans prévenir, avait jeté son linge sale dans un coin de la salle de bain, son sac dans la chambre avant de me rejoindre dans le salon, pour enfin dire bonjour :
- Salut ma puce !
- Salut, t’as plus de forfait ? ça se fait de prévenir quand t’arrives, tu savais pas ?
- Oh ! Toujours en colère ? Allez, bisou !
J’aurais voulu écarter les mains qu’il avait glissé sous la ceinture de mon jogging … et j’ai laissé faire … j’avais pas envie de son baiser pourtant … je savais comment ça allait finir : on n’avait pas fait l’amour depuis le week-end dernier ; j’avais pas envie, mais j’ai pas résisté. Il m’embrassait en plongeant ses deux mains sous le jogging. Il m’a caressé les fesses par-dessus la culotte pendant son baiser, baissé le jogging qui le gênait. D’une main glissée entre nous il a défait le bouton de son jeans et ouvert sa braguette.
Les premières fois, j’aimais cette envie un peu brusque, qu’il ait ce désir pressé de moi ; au début… Toujours il allait droit à mes fesses et … et voilà, il m’a retournée dans ses bras, a glissé la main dans ma culotte pour tout de suite me fouiller d’un doigt en attirant une de mes mains vers son sexe à lui, déjà bandé, que j’ai dégagé du caleçon. Sans même me déshabiller, il m’a poussée vers le canapé où je me suis appuyée des deux bras ; il a tiré mon pantalon et ma culotte sur mes genoux et m’a pénétrée, accroché à mes hanches. J’étais sèche. Heureusement pour moi, il avait un sexe assez moyen et il jouissait vite … mais comment j’ai pu aimer ça ? ne serait-ce qu’une seule fois ? parce que je me sentais un peu perdue ?
On s’étaient rencontrés à la soirée d’accueil du Lycée où il accompagnait des collègues déjà en poste, et … et je me retrouvais à quatre pattes sur la moquette du salon … et ce matin … à me faire sauter à peine réveillée … il ne me faisait pas l’amour, il me baisait … et comme une conne je le laissais faire, sans y prendre aucun plaisir !
Il se cramponnait à mes hanches et je guettais la crispation de ses mains, pressée qu’il en finisse !
- Ça va, t’as pris ton pied ?
- Oh ma puce, pardon … ça faisait longtemps …
Hier, dans le salon, il s’est essuyé avec un mouchoir en papier et m’a claqué les fesses de l’autre main … très élégant !
Et le matin, déjà, vite, se moquant complètement que je n’y prenne, moi, aucun plaisir. Il fallait que j’arrête ça ! Didier n’était qu’une erreur sur pied !

Mais de là à le remplacer par une fille … enfin … une jolie fille … et puis je suis pas obsédée de sexe, je me fais un film … une fille ? des caresses ? ben oui ! comment autrement ! comme je fais moi ! … elle me draguait, c’est sûr, pourtant elle a pas l’air de … de quoi ? ça a l’air de quoi une lesbienne ? … ses yeux, sa main … Clara … c’est joli, Clara …

J’ai hésité sur la tenue pour le rendez-vous avec Clara, me trouvant bête de seulement y penser, et j’ai posé sur le lit une petite robe légère qui mettait mon bronzage d’été en valeur, une jolie culotte en dentelle blanche. J’étais en train de l’enfiler quand Didier m’a rejointe dans la chambre :
- Waouh, drôle de tenue pour faire des courses ! t’as l’intention de draguer ?
Apparemment il appréciait : son caleçon de coton était déformé d’une érection naissante. Il s’est approché et m’a poussée sur le lit.
- Non, arrête ! c’est pas le moment !
- Y a pas de moment pour ça, ma puce, regarde si c’est pas le moment !
D’une main, il a baissé son caleçon, l’élastique accrochant son sexe déjà tendu, et il me caressait la joue de l’autre :
- Ça te fait pas envie ?
Non, ça ne me faisait pas du tout envie ! mais il se frottait contre ma bouche en retenant ma tête de sa main qu’il avait glissé dans mon cou. J’avais envie de le mordre ! et je l’ai pas mordu … pour la troisième fois depuis la veille au soir j’ai cédé. Quelle conne ! Il a écarté la main que j’avançais vers lui. Il ne voulait pas de ma main, que de ma bouche … une main dans mes cheveux, l’autre dans mon cou, il s’est servi de ma bouche comme le matin de mon sexe. Une chance … il jouit vite … et peu … parce qu’il ne m’a pas relâchée quand il a joui, me plaquant au contraire sur son sexe jusqu’à ce qu’il ramollisse entre mes lèvres. Il n’a même pas vu les larmes dans mes yeux quand je suis partie dans la salle de bains me rincer la bouche en emportant ma robe.
Il était déjà retourné jouer sur sa console de jeux quand je suis partie.

Je suis arrivée devant le Bistrot Romain avec une demi-heure d’avance, l’esprit encore occupé de Didier, de sa goujaterie et de ma faiblesse à tout accepter passivement. J’étais perdue dans mes pensées quand j’ai senti une main sur mon bras. Clara, tout sourire. Elle m’a fait une bise sur la joue et moi je suis restée toute bête, Didier encore en tête, elle si jolie, et sa voix douce :
- Tu es encore plus jolie que je m’en souvenais … allez viens, je t’emmène !
C’est moi sans réfléchir, qui ai glissé ma main dans la sienne quand elle m’a entraînée vers le parking :
- On va pas au resto ?
- Je t’emmène chez moi, j’ai préparé un petit truc simple, ça sera plus sympa qu’au resto. Ça t’embête ?
- Non, non, ça va …

Son appartement était lumineux ; Clara avait préparé la table du déjeuner devant une grande baie vitrée ouvrant sur une terrasse orientée plein sud. Après avoir préparé deux verres de jus de fruits qu’elle a posé sur la table basse en verre, elle m’a rejointe sur le canapé, s’asseyant une jambe repliée sous ses fesses, son genou au contact de mes jambes :
- Pas trop surprise par mon petit mot ?
- Un peu surprise, oui, mais j’étais contente … heureusement que je t’ai fait un chèque, finalement !
Le bras posé sur le dossier du canapé, Clara jouait tout doucement d’un doigt avec une mèche de mes cheveux :
- J’ai hésité … je ne savais pas trop si tu aurais envie de me revoir …
Je n’ai pas su quoi répondre. Je continuais à penser à mon impulsion de lui prendre la main jusqu’à sa voiture, qui sans doute l’encourageait maintenant à jouer avec mes cheveux … son genou contre mes jambes, son parfum, sa voix douce … et le souvenir de mes caresses en pensant à elle … mon stupide abandon avec Didier … tout tournait, en désordre ! Et puis, malgré tout ça, je me sentais bien ! C’est moi qui ai tout déclenché … j’ai penché la tête vers la main qui jouait dans mes cheveux, j’ai fermé les yeux, et moi qui m’étais posé tant de questions et avais ri de me faire draguer par une fille, là, j’attendais.
Ses doigts qui glissent dans mes cheveux, une main sur ma joue … les mains qui m’abandonnent, l’assise qui se déforme à côté de moi … une main qui écarte une mèche de cheveu sur mon front … un souffle sur mes lèvres, un baiser tout doux sur mes lèvres … je n’ai pas su rendre le baiser aux lèvres qui se pressaient plus fort sur les miennes, j’étais comme spectatrice … lui dire …
- … j’ai jamais fait ça …
Clara a ouvert plus grands ses yeux étonnés, un murmure …
- De quoi tu parles ?
- … jamais embrassé une fille …
Clara a souri, me caressant le visage de ses deux mains, et s’est reculée un peu :
- Je vais trop vite ? pardon, je ne veux pas te bousculer … je croyais …
- Non, c’est moi … je sais pas vraiment si …
- J’ai beaucoup pensé à toi, peut-être trop…
- Moi aussi j’ai pensé à toi !
Sur une nouvelle impulsion, presque avec brusquerie, j’ai posé un baiser sur les lèvres de Clara et me suis reculée tout aussi brusquement ; je sentais mes joues devenir brûlantes.
Elle me regardait dans les yeux quand sa main a abandonné ma joue, a glissé sur le bras que je gardais replié autour de ma taille, caressant mon cou du dos des doigts avant de descendre encore, d’effleurer du dos d’un doigt l’arrondi de mon sein à travers la mince étoffe de la robe.
Il y avait bien longtemps que je n’avais pas ressenti ça … d’une main tremblante sur son bras, je l’ai attirée vers moi, je voulais ses lèvres, je voulais partager son baiser. Plus de questions, du désir. Je sentais mes seins durcis, mon ventre noué du seul contact furtif de sa main.

A quel moment je m’étais décidée ? je ne sais plus. Dans la voiture, peut-être … Un peu par défi, sans doute aussi à cause de Didier … oui, je crois que c’est dans la voiture que j’avais pensé : « si vraiment elle me drague … ».

Clara n’a pas répondu pas à l’invitation de mes lèvres. Elle s’est redressée, a retiré sa main de mon corsage et s’est levée, me redressant d’une main ferme. Un long moment elle m’a regardé dans les yeux, soudain sérieuse, et moi j’ai souri de la voir se mordre la lèvre.
Elle m’a entrainée à sa suite vers l’escalier à claire voix qui monte vers la loggia, et sur le palier, au pied du grand lit qui occupe presque tout l’espace :
- Tu trembles Nelly …
- Aide-moi !
Clara m’a tourné le dos et les deux bras rejetés dans son dos au-dessus de sa tête, a commencé à abaisser la fermeture éclair de sa robe :
- Toi, aide-moi !
J’ai hésité un instant, et puis j’ai vu ses épaules contractées, le petit mouvement de ses doigts qui se serraient, et bizarrement c’est sa nervosité qui m’a rassurée … « si vraiment elle me drague … » mais je n’avais pas imaginé si loin …
J’ai abaissé la fermeture éclair de sa robe jusqu’au bas du dos et des deux mains sur ses épaules, je l’ai fait glisser sur ses bras « … je déshabille une inconnue, ça va trop vite … » … les mains sur ses hanches, les doigts sous la taille élastiquée de la robe, effleurant la peau douce et dorée de soleil, la robe tombée au sol en corole autour de ses jambes minces …
Debout dans le dos de Clara, je me suis arrêtée, bras ballants, détaillant le dos bronzé barré de la ligne du soutien-gorge bleu, les hanches arrondies soulignées d’un slip assorti.
- Continue … s’il te plaît, continue …
Je me sentais un peu dépassée, une grosse boule dans la gorge et le ventre serré. J’avais imaginé … quoi ? un baiser ? à peine … des gestes ? même pas … je n’avais rien mis de concret derrière ce « si vraiment elle me drague … ». Je me sentais tremblante. Et je voyais ses poings crispés, le frisson qui secouait ses épaules … alors j’ai dégrafé son soutien-gorge, fait glisser les bretelles sur ses bras, et Clara a attiré mes mains sur ses seins. Chauds. Elastiques. Et si lourds. Toute ma gêne disparaissait derrière l’étonnement de les trouver si lourds, de la sensation de douceur. Clara s’est reculée, s’appuyant de tout son dos contre moi, un bras relevé au-dessus de sa tête pour enfouir ses doigts dans mes cheveux :
- … j’ai tellement pensé à toi …
Moi aussi j’avais pensé à elle, mais sans image, sans idée précise, et jamais à la tenir nue dans mes bras. J’avais du mal à imaginer ce qu’était l’amour avec une femme, et voilà qu’elle s’offrait, si vite, sans me laisser le temps de réfléchir. M’enfuir ? Tout arrêter ? je n’y ai pas pensé une seule seconde !
Toutes les questions que je m’étais posées n’avaient plus aucun sens. Je ne pensais plus qu’à son corps chaud et nu contre le mien, sous mes mains. Les bras levés, elle attirait mon visage dans son cou. Je devinais son attente, aux tremblements de son corps, à la crispation de ses doigts dans mes cheveux, à sa respiration plus rapide et plus profonde, je savais, je reconnaissais son désir, et je connaissais les réponses, les gestes, je savais.
Plus de timidité. Mes mains sont remontées sur ses seins, appréciant le frottement du téton sur mes paumes, mes doigts plus fermes, pour presser la chaleur souple des chairs, rouler les tétons dardés entre le pouce et l’index des deux mains, pincer doucement, puis plus fort en réponse au soupir de plaisir. C’est si facile.
Ces plaisirs-là, je les connaissais, je les connaissais bien, très souvent expérimentés ; sur moi ; être douce ; et moins douce ; j’ai reconnu ce corps et ses besoins comme je me connaissais moi, comme je connaissais mon corps que je sentais réagir lui aussi, depuis que j’avais commencé à la déshabiller.
Bien sûr, c’est pour elle que j’ai continué, pour elle … et pour moi. Pour rien au monde je ne me serais arrêtée ; j’étais pleine du désir de la toucher, de la caresser, de sentir sa peau sous mes doigts et sous mes lèvres.
Je l’ai embrassée au creux du cou, chassant du nez les mèches de cheveux pour remonter derrière l’oreille ; j’ai abandonné le sein de ma main droite pour descendre très lentement, effleurant du bout des doigts la peau tendue sur les cotes saillantes de la cambrure de Clara, l’arrondi du ventre sous le nombril, et glisser vers l’aine, le haut de la cuisse, remonter en griffant doucement.
C’est Clara qui, impatiente, a guidé ma main sur son ventre, et qui de ses deux mains a descendu elle-même son slip sur ses cuisses avant de remonter ses bras en arrière à nouveau en murmurant :
- Continue … continue …
J’ai été surprise de trouver sous mes doigts le sexe totalement lisse ; toujours appuyée de son dos contre moi, Clara a écarté ses jambes, étirant à presque le déchirer le slip abaissé, libérant le passage à la main entière que je plongeais profondément entre ses jambes ouvertes, puis remontais, me faisant légère jusqu’à sentir le renflement délicieusement doux du mont de Vénus sous ma paume, étirant et pressant sous mes doigts serrés les lèvres fines. Clara a gémi, tremblé dans mes bras, son bassin projeté en avant contre ma main, expiré un long soupir de libération quand j’ai ouvert du majeur ses lèvres les plus fines, tout de suite trempé d’une liqueur chaude et collante dont je percevais le parfum lourd et épicé. J’ai plongé le doigt plus profond, écartant les chairs collées jusqu’à l’entrée du vagin, puis remonté à frôler l’urètre, remonté plus haut, ouvrant les lèvres à deux doigts écartés, effleuré du majeur le clitoris à demi caché ; d’un mouvement tournant du poignet, doigts à plat sur la tige durcie du petit bourgeon dégagé du repli de chairs tendres, j’ai accéléré le rythme, doigts appuyés fortement, de plus en plus rapides, reproduisant pour Clara les gestes que j’avais pour moi au secret de mon lit.
Clara se cramponnait à mes cheveux à pleins poings, corps tendu et crispé ; elle a poussé une plainte de dépit qui m’a fait sourire quand j’ai bloqué ma main et suis redescendue plus bas entre ses lèvres, gémi de plaisir quand je l’ai pénétrée de deux doigts, s’est cambrée à nouveau sous mes doigts qui reprenaient tout en haut de la fente leur ronde lente et régulière, comme j’aime me caresser moi, étonnée et ravie de lui donner ce que j’aimais. Accompagnée de petits bruits humides, de sa plainte de gorge, je ne me suis plus arrêtée, n’est plus changé de rythme, jusqu’à la sentir se raidir entre mes bras, la soutenant du bras passé sur sa taille quand ses genoux ont cédé et qu’elle a resserré les cuisses sur ma main.
Je suis restée immobile un instant, le temps de sentir Clara se relâcher et quand j’ai senti ses jambes se détendre, j’ai replongé mes doigts profondément au creux de son sexe détrempé pour reprendre d’une caresse plus rapide, évitant précautionneusement le clitoris que je sais pour moi trop sensible et presque douloureux après l’orgasme, lui arrachant une nouvelle longue plainte avant qu’elle n’échappe cette fois à mes bras et se retourne d’un bloc, mèches brunes collées sur le front, me serre très fort dans ses bras et enfin m’embrasse, le baiser refusé plus tôt sur le canapé, long et profond baiser qu’on a partagé longtemps.

… encore ? une suite ? mais tout est dit, non ? presque tout … allez … il y a une suite!

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