Tribulations Routières - Fin

Une vie d'homme au foyer ne manque pas d'avantages. Le plaisir d'attendre la personne aimée! Rien de meilleur! On s'imagine ses réactions en découvrant les surprises que l'on cogite pour elle. On se plaît à réfléchir comment lui apporter l'affection dont elle a besoin, comment l'aimer davantage. On baigne dans une sorte de béatitude sans que quiconque ne vienne troubler votre rêverie d'amoureux transi. À bientôt 34 balais, cette situation vous pousse à apprécier la vie encore plus. Cela n'empêche nullement de s'activer dans des tâches ménagères, dans quelques aménagements sans cesse remis, dans des changements de décor. Et je m'adonne à tout cela avec une fougue nouvelle. Si je procède à une vue rétrospective de mes amours, je m'aperçois que mes tentatives, mes déceptions mènent toutes à Fred. Des essais, des espérances, que toutes ces rencontres destinées à trouver la bonne âme désireuse de passer sa vie en ma compagnie. De récents exemples témoignent de mon attachement à … m'attacher. Jules en qui je voyais le compagnon durant nos longs trajets professionnels, Juan que j'espérais revoir afin de le mieux cerner et l'apprécier dans un but évident, Pavel le croate auprès duquel je voulais tant m'attarder. Je couchais une fois avec un mec, et cela suffisait à me faire échafauder des plans de vie commune. Que m'auraient apporté ces mecs? Avec Jules, la vie se serait déroulée en catimini: il éprouvait une grande honte à se révéler homo alors que tout le monde le savait pertinemment. Une vie à ses côté ne pouvait pas s'envisager pour quelqu'un abhorrant le mensonge comme moi. Juan, un sémillant amant avec pour principale qualité une vie décousue faite de rapines, de petites escroqueries. Qu'attendre d'un Pavel vivant loin de moi, dans un pays totalement différent du mien, sinon quelques amourettes vite fait dans sa chambre d'hôtel, lors de mes rares passages, et encore sous réserve que sa source de revenus habituelle ne soit pas présente en même temps que moi? Ces trois mecs viennent inconsciemment de m'enseigner trois écueils différents dans une relation amoureuse.

Tant d'autres m'ont appris une multitude de risques à éviter, sans le savoir et sans que j'en sois conscient. Tous ces apprentissages n'avaient qu'un but: me porter vers Fred. M'en voilà convaincu.

Ce que je qualifie de période transitoire, dans la plaine du bonheur partagé, prend fin au moment où je retourne au boulot. Finies les douceurs d'une vie de foyer avec l'être aimé que l'on chérit à tout moment! Vient le temps de la séparation pour raison professionnelle. Et la séparation sera de plusieurs jours. Une première surprise m'attend en arrivant au vestiaire. Joël arrive juste après moi. On se salue amicalement, presque contents de se revoir. En me serrant vigoureusement la main, il me lance:
<< - Alors, amoureux du petit? >>

Baba je suis, baba je reste en finissant de poser mes affaires dans le placard. Comment sait-il? Comme s'il devinait ma question, il continue:
<< - Quand vous faites vos courses ensemble, vous êtes pas discrets. >>

Vite fait, je me remémore ces dernières semaines. Effectivement, moi et Fred nous sommes ravitaillés. Pour le vrai, on se tenait souvent une main sur l'épaule de l'autre, parfois un bras sur la taille de l'autre, on riait d'un rien, on jouait presque. Si Joël nous a vus, il a compris. Pas que lui d'ailleurs, probable. Je renaude:
<< - Sais pas trop. Je suis bien avec lui. On se marre. Question pieu, c'est le paradis, pour le reste aussi. L'avenir nous dira. Mais je compte beaucoup sur lui. Ça veut pas dire qu'on ira pas chercher l'aventure à côté. On tient à notre indépendance. >>

Joël hoche de la tête, compréhensif. J'en pince pour Fred, je ne nie pas l'évidence même si ma réponse laisse croire à certaines réserves.

Le camion chargé, je démarre non sans une pensée pour mon universitaire laissé à la maison. Joël, lui, semble tout guilleret. Les vacances ont été profitables si j'en juge à son humeur. Nous prenons la direction de la Biélorussie en faisant un détour par Prague en République Tchèque.

Tandis que nous contournons Francfort, en Allemagne, je me repose, laissant Joël conduire. Je ne cesse de soupirer après les heures passées auprès de mon Fred. Je languis de le retrouver. Ma main se dirige incontinent vers ma braguette qu'elle ouvre, se glisse sur ma bite en érection. J'imagine mon amant la happant afin de lui administrer une fellation dont il conserve jalousement le secret. Hier, juste avant de s'endormir, il voulait me tailler une ultime pipe et désirait que je lui jouisse dans la bouche. Je m'y suis fermement opposé, alléguant que nous avions encore à prendre certaines précautions durant à peu près deux mois. Ce souvenir active ma jouissance. Je ne maîtrise pas les jets de foutre qui s'éparpillent sur moi. Je peste contre mon imprévoyance tout en nettoyant à l'aide d'une serviette. Lorsque je reparais auprès de mon collègue, il ricane:
<< - Ben dis-donc, y'avait urgence. Tu soufflais comme un bœuf. Ça m'a donné la trique à moi aussi. >>

Il se gare sur le bas-côté, me fait signe de le remplacer. J'obtempère. À peine le camion reparti, j'entends mon Joël se dispenser du bonheur. Il ne craint plus de se branler en ma présence, même si nous ne nous voyons pas. Pour le coup, me bite se dresse de nouveau. Une idée effleure mon cerveau: le rejoindre afin de lui montrer ma vigueur. Mais l'image de mon Fred vient me rappeler que je ne suis plus célibataire. Je me contente d'une main discrète dans mon caleçon, chatouillant une bite en émoi que je me garde bien de porter à paroxysme. Une fois assouvi son envie, avant de prendre quelques minutes de repos dans les bras de Morphée, Joël soupire:
<< - Putain que ça pue bon le foutre, ici! >>

*****

Nous passons la frontière germano-tchèque sans encombre, direction Karlovy Vary, pas très loin, où nous chargeons plusieurs cartons destinés à un client de Prague. Le client niche dans une banlieue assez éloignée du patelin. On passe par un chemin afin d'accéder aux entrepôts.
Le passage, très étroit, sorte de goulot séparant deux collines abruptes, demande une grande attention au conducteur. Joël, concentré, guidé par un employé de la firme, s'applique. Tout à coup, il aperçoit notre guide se jeter sous le camion en hurlant quelque chose que nous ne comprenons pas. Un bruit sourd retentit puis une avalanche de terre, de pierres et de branchages s'abat sur le camion. Joël stoppe brutalement. Heureusement que nous roulions à 10 km/h! La chute ne dure que quelques secondes. Nous constatons la solidité du pare-brise maintenant joliment étoilé. Précautionneusement, nous sortons de la cabine. J'appelle le mec, toujours tapi sous le véhicule, qui réapparaît, livide. En levant la tête, j'aperçois un résidu de terre glissant vers nous. Le guide, tremblant, refuse de continuer. On peut le comprendre. Toutefois, je compte ne pas rester dans ce traquenard, mon collègue non plus. Après un regard sur l'endroit, il redémarre, avance très doucement. Quelques dizaines de mètres plus loin nous sommes hors de danger. Je dois avouer que la peur me tiraille un long moment. Joël n'est pas en reste: ses mains tremblent. Plusieurs personnes se dirigent vers nous, dont le patron. Après un bonjour, façon anglaise, je râle ferme. On n'a pas idée de conserver une telle entrée! Il m'apprend que très bientôt, le passage sera fermé, une voie plus adaptée étant en construction. En attendant, nous devrons repasser par ce délicieux coupe-gorge. Se pose la question du remplacement de pare-brise. Pendant que je discute, Joël effectue un tour d'inspection du camion, afin de déceler d'autres avaries. Quelques gnons et des égratignures sur la carrosserie, rien de bien méchant. On pouvait s'attendre à pire.
Nous occupons une journée entière en tractations téléphoniques: notre patron, l'assurance, trouver un pare-brise etc.
Dans la soirée, on apprend que la boîte enverra un pare-brise par avion jusqu'à Prague, d'où une estafette l'embarquera pour nous le livrer sur place, au garage de l'entreprise.
Bien que le lieu où nous sommes soit gardé nuit et jour, nous décidons de rester, de coucher dans le camion. Heureusement, la météo s'avère clémente. Pas de pluie annoncée, une nuit tempérée, un soleil radieux devrait régner tout au long de la journée de demain. Le grand boss du lieu s'oppose à ce que nous campions ici. Il allègue ne pas être couvert par son assurance en cas de vol, si des étrangers sont présents aux heures de fermeture. De plus, il nous rappelle que dans cette éventualité, nous serions les premiers soupçonnés avec tous les inconvénients que cela comporterait. En réalité, comme nous le confirmera le lendemain le chef magasinier, le patron craint pour certaines marchandises entreposées ici. Après maints palabres, on nous offre un bungalow, pas loin mais situé en dehors, servant parfois aux ouvriers construisant la nouvelle route. Notre camion sera enfermé sous clé, dans un hangar.

L'incident du jour me contrarie, sans véritable raison, d'ailleurs. On nous apporte de quoi dîner copieusement avec boissons en quantité amplement suffisante. Moi et Joël mangeons avec appétit. Cet intermède nous oblige à un repos . Toutefois, dès la réparation achevée, nous devrons faire en sorte de rattr une partie du retard, pour le moins. Les effluves du vin généreusement offert nous tournent un peu la tête, au moment de nous coucher. Nous plaisantons tout en nous déshabillant. Je m'esbaudis en apercevant le paquet entre les jambes de mon collègue qui ne se gêne pas pour venir soupeser le mien. De gestes coquins en gestes érotiques, nous en venant à des pratiques sexuelles fort bienvenues afin de détendre l'atmosphère. Les lèvres de Joël écrasent les miennes avant de s'ouvrir laissant passage à sa langue fureteuse que je gobe voracement. Nos mains parcourent les corps tout en s'arrêtant en certains endroits, titillant, s'enfonçant, selon les possibilités. Je frémis en recevant cette bite dans mon fion, heureux de retrouver la sensation de posséder, de dominer, d'imposer la jouissance. Car l'enculeur ne possède rien, l'enculé le possède. La douceur de mon partenaire me rappelle combien je suis un fanatique de la caresse. Comme à son habitude, il prend son temps, impose un rythme lent mais ô combien suave. Je devine sa queue exploser dans le capote tandis que la mienne éjecte son jus sur mon ventre, éclaboussant au passage un Joël béat, repus.
Cette séance de galipettes, si elle m'apporte une certaine détente, ne m'emmène pas encore au sommeil. Je cogite tandis que mon amant s'endort profondément tout contre moi, sa main sur mon ventre, sa tête sur ma poitrine. Depuis combien de temps n'ai-je pas fait l'amour avec autant de sensualité? Près d'un mois. Pourtant, mon Fred, après sa triste épopée dans une tournante, s'était calmé, appréciant les câlineries. Seulement, au fur et à mesure que je m'éprenais de lui, il redevenait la brute d'avant, dans les ébats. Je ne m'en suis pas aperçu parce que j'étais aveuglé par mes sentiments, la nouveauté représentée par cette vie de couple que je n'avais jamais connue auparavant. Ces derniers jours, il exigeait de baiser à tout propos, affamé de sexe. Il me suçait gloutonnement, s'enfonçait ma bite dans son cul, oublieux parfois de la capote. Je me voyais contraint de râler ferme, le ramenant à plus de raison, évitant ainsi l'irréparable selon moi. Serait-il hystérique, ou simplement érotomane, à moins que ce ne soit les deux à la fois. Je ferme les yeux sur cette sinistre pensée que je regrette déjà tandis que je sens le sommeil m'envahir.
Le réveil s'effectue en douceur. Joël m'apporte un café. Bisous sur les lèvres puis papouilles juste pour égayer l'instant en nous taquinant l'un, l'autre. Les queues raides resteront au repos. Le travail nous attend.

*****

L'attente, plus longue que prévue, nous oblige à patienter toute la journée. En compensation, le client nous invite au restaurant, nous distrait du mieux possible. Enfin, nous pouvons repartir avec un pare-brise neuf, le chargement effectué. À nous de rattr le retard! Un seul moyen, écourter les pauses quand on ne peut les supprimer. Moi et Joël, on se relaye, dormant à tour de rôle, nous arrêtant uniquement pour le plein du camion et de nos estomacs. Prague! Nous déposons la marchandise embarquée à Karlovy Vary puis reprenons la route sans musarder, direction la Pologne où nous arrivons avec deux heures de rattrapées sur le retard. Les branlettes se multiplient afin de rester éveillé tandis que le collègue dort, tout comme celles destinées à nous faire dormir quand le sommeil nous fuit au moment de nous coucher. Joël abandonne toute pudeur. Je ne le reconnais plus. Les routes défilent, les villes se suivent: la Pologne homophobe à 100% avec Wroclaw, Lód&#378;, Varsovie, Bialistotok. Nous entrons en Biélorussie satisfaits: près de cinq heures de repris sur notre retard. Grodno, Lida, Minsk et enfin Borissov, ce rattrapage passe à sept heures. Nous livrons puis nous dirigeons vers un autre client pour lequel nous ramenons de la marchandise en France. Là, à notre grand soulagement, au grand malheur de notre patron, une journée d'attente s'avère nécessaire pour cause d'empêchements divers et variés. Ces 24h nous permettrons de nous reposer.
Depuis notre dernière partie de jambes en l'air, moi et Joël sommes restés sages. Faute de temps, bien sûr, mais également parce que cela ne nous disait rien. Quoiqu'il s'agisse plutôt d'une certaine gêne entre nous. Nous ne parlons pas de cette soirée. Pour lui, je ne sais pas ce qu'il pense vraiment. Moi, je regrette vivement cette faiblesse. Nous avons tiré un coup très agréable, mais j'ai trompé mon Fred. Je me promets de ne pas recommencer. Vaine résolution! Un jour entier dans un patelin inconnu, où un homo se voit contraint de se cacher, étranger de surcroît, cela demande une grande prudence, d'éviter toute attitude pouvant laisser planer un doute. Aussi restons-nous, la plupart du temps, dans notre chambre d'hôtel à deux lits. Joël ne me provoque pas, il ne me tente pas, vivant sa vie normalement. Mais je ne peux me retenir de fixer sa braguette de temps à autres. Quand je m'ennuie ferme, faut que je baise! Et là, j'ai tout sous la main. Alors je démarre:
<< - Pourquoi tu veux pas qu'on t'encule, Joël?
- Parce que ça me plaît pas.
- T'as déjà essayé?
- Jamais et c'est pas demain la veille que j'accepterais de le faire.
- Dommage! On va s'emmerder dur jusqu'à demain et peut-être plus. Je t'ai assez donné mon cul. À toi de me donner le tien. Baiser, c'est partager, mec. >>

Je le vois soulever ses sourcils, signe d'étonnement. De parler cul le fait bander. Je constate la chose oralement. Moi, je cache mon érection. En guise de passe-temps, je regarde un porno sur mon ordinateur portable, lui se plante devant la télé du cru. Au bout d'un moment, il m'apostrophe:
<< - Si je comprends bien, c'est un ultimatum: si je veux qu'on baise tous deux, faut que je passe à la casserole.
- Tu vois que ça sert d'être intelligent! T'as tout compris, mec. >>

Mes yeux frôlent sa braguette une fois de plus. Ils voient une main la malaxer doucement. L'homme va bientôt avoir besoin de mes services. Enfin je l'espère. S'il se contente d'une branlette, j'en suis pour mes frais. Il ergote:
<< - T'as ton minet si tu veux enculer un mec.
- C'est pas pareil. Et puis il fait les deux, même s'il préfère se faire baiser. Et toi, t'es pas Fred. Le mêle pas à ça.
- Tu veux compléter ton tableau de chasse en me mettant ta bite au cul?
- Non, je veux simplement qu'on se complète, toi et moi. On a niqué plusieurs fois, moi et toi, et j'aime bien le faire avec toi. Alors je veux qu'on continue en partageant vraiment. Pas compliqué. >>

Le Joël fixe toujours la télévision, moi je reprends mon porno tout en portant ma main à ma bite après avoir baissé jean et caleçon. J'entends un gros soupir puis:
<< - Bon, d'accord, j'essaye! Mais si je dis d'arrêter, on arrête.
- Promis! >>

Tout au long des prémices, je sens Joël crispé à l'idée de se faire sauter. Dans ces conditions, pas la peine d'insister. Sans rien lui dire, je plante sa queue dans mon cul, en grognant:
<< - C'est bon pour cette fois, t'es trop tendu. >>

Tout heureux de ce qu'il pense être le dénouement, il me taraude l'anus avec entrain. Je lui propose une reniflette de poppers, il ne refuse pas continuant ses œuvres de pistonnage. Renifle une seconde fois, une troisième, là aspire généreusement, mon gars. Le voilà parti dans des sphères cochonnes dont il ne voudrait plus sortir. J'en profite pour le doigter. Il frétille du croupion. Quelques coups de langue poursuivent l'avant abordage puis un gode de petite taille que je porte toujours avec moi. Je ne ménage pas le gel. Le chenapan ronronne, demandant un format un peu plus conséquent. Je place les pieds de Joël sur mes épaules, l'oblige à soulever ses arrières. Je me capote la queue sans oublier le gel. Ne pas omettre de respirer un nouveau coup de poppers mon futur bel enculé, et j'introduis mon engin dans ton magnifique cul vierge. Je comprends que ça grimace un tantinet lors du passage du gland. Pousse, ouvre-toi! Il se conforme à mes conseils. Nous y sommes, ma pine mise entièrement sous abri, stationne quelques instants au fond de toi, le temps de t'habi à cette occupation de tes entrailles. Calme, mon beau, détends-toi, inspire à fond, expire à fond. Tu vas voir combien une bite dans l'anus peut apporter de plaisirs. D'autant que la mienne ne présente pas un volume extraordinaire, la moyenne sans plus, elle ne risque pas de porter atteinte à ton intégrité physique. Bien, je commence mon limage, très doucement au début. Dès que tu l'exigeras, j'activerai selon le rythme que tu voudras. Savoure ce bâton de chair explorant ton fion. Tu vois, maintenant tu réclames une bonne bourre. Alors allons-y!
Joël de beugler qu'il en redemande de la pine au cul. Je lui donne tout ce que je possède, jetant mes forces dans les ébats. Sa main s'empare de sa queue qu'elle triture cinq ou six secondes avant d'être arrosée de foutre. Il jouit bruyamment, pour la première fois avec une bite au cul. Sa jouissance causant des contractions à son anus, décuple mon envie de lâcher le sperme dans la capote. Je m'exécute, secoué par les spasmes inévitables. Ensuite, je m'affale sur ma victime, heureux du travail accompli.
Sous la douche, en récompense de ses efforts, Joël se voit accorder le droit de m'enculer. Il ne s'en prive pas, le polisson, et m'enfourne avec ardeur.
Durant le repas du soir pris à l'hôtel, mon équipier murmure:
<< - Expérience réussie, me voilà défloré. Mais c'est quand même pas ce que je préfèrerai.
- La première, c'est pas très folichon. Les suivantes sont bien meilleures. Patience. Faut un rodage en tout, même là. >>

Il sourit, me lance un regard complice.
Alors que je m'endors, je ne peux m'empêcher de comparer Fred et Joël. Au fait, que fait le premier? Probablement en train de tirer un coup avec une machine à baiser. Je ne suis aucunement jaloux, ne présentant pas toutes les qualités requises aux fins de le satisfaire totalement. J'en suis conscient, lui également. Durant nos quatre semaines de vie commune, il s'est fourvoyé avec quelques godelureaux bien montés et aux éjaculations à répétition. Il m'a même offert de participer.

*****

Illusion? Je ne sais trop. Il me semble que Joël prend une démarche moins macho. J'aime à croire que l'enculade d'hier le change en mieux. Moi et lui, nous sommes des cérébraux autant que des physiques, question sexualité. Fred n'est que physique. Le sentiment ne doit pas interférer dans les séances de cul, selon ses principes. Amour, amitié, se développent en dehors du sexe. Quand il baise, il devient pornographie, tout son corps devient pornographie. Aucun érotisme dans ses gestes, rien que du porno! En dehors, il éprouve des sentiments qu'il libère avec complaisance. Il jubile de montrer ce qu'il ressent. Certains diraient qu'au lit, Fred se transforme en animal en rut.
Quand on pense au loup…. Au cours de la conversation téléphonique avec le secrétariat de la boîte, la secrétaire m'apprend que le gardien de l'immeuble où j'habite cherche à me joindre de toute urgence "pour affaire me concernant". J'appelle aussitôt ce brave homme qui, sans autre formule de politesse, m'assène:
<< - J'irai droit au but. Vous hébergez un énergumène peu recommandable. Depuis votre départ, ce ne sont qu'allées et venues de gens bizarres, des hommes principalement, fêtes à toutes heures, cris et hurlements laissant deviner ce qui se pratique chez vous. Votre voisin d'à côté s'est plaint à deux reprises et menace d'en appeler à la police si nous n'y mettons bon ordre. Je me permets de vous en avertir, étant donné les bonnes relations que nous entretenons vous et moi et la sympathie que j'éprouve pour vous. Malheureusement, si ce jeune continue ses frasques, je ne pourrais plus rien faire. D'autant qu'il se montre très mal élevé vis-à-vis des gens qui tentent de le raisonner. Alors, que comptez-vous faire?
- De le où je suis, peu de chose à part l'appeler au téléphone. Il est à la maison, en ce moment?
- Oui. Tout le monde dort. Et quand je dis du monde, c'est qu'il y en a! Croyez-moi. Ils ont passé une grande partie de la nuit à bambocher. Appelez-le. >>

Après un au-revoir fort urbain, l'homme raccroche. Évidemment, je me doutais bien que le Fred ne resterait pas vierge durant mon absence. Je prévoyais un défilé d'amants bien constitués, mais l'un après l'autre. Surtout, je ne pensais pas qu'il prendrait mon appartement pour une salle des fêtes ouverte en permanence. Le bougre ne se comporte pas de manière raisonnable, semble-t-il. Je raconte mes petites misères à Joël, tandis que la standardiste de l'hôtel appelle chez moi. Un long moment s'écoule avant que le Fred ne réponde: le réveil devait être pénible, pour sûr! Sans ambages je le morigène:
<< - Qu'est-ce que c'est que cette histoire de défilé chez moi, de musique à fond toute la nuit, de voisin qui veut porter plainte? On avait convenu que tu amenais un mec pour la baise, mais pas un régiment avec fanfare, bordel! Tu me fous tout ce monde-là dehors, et pas plus tard que maintenant! Sinon, je rappelle le gardien pour qu'il alerte les flics! >>

Surpris le Fred par mon algarade. Il bafouille:
<< - C'est juste des copains, on ne fait pas de mal.
- Si, tu fais du mal quand tu renvois chier les gens qui viennent te demander de leur foutre la paix. Tu emmerdes tout le monde. Et quand vous baisez, gueulez moins fort. Le gardien m'a dit que les hurlements que vous poussiez ne laissaient aucun doute sur ce que vous faisiez. Putain, tu peux pas te raisonner un peu, merde alors! Fais ce que je te dis. Je rappelle le gardien d'ici une demi-heure. Si tes partouzeurs ont pas foutu le camp, je les fais dégager par les flics. Je t'appellerai dans la soirée. >>

Le ton sec, le fait de raccrocher sans plus attendre d'explications, devraient suffire pour ramener Fred à plus de sagesse. Bien sûr, je n'ai pas l'intention d'en appeler à la maréchaussée. Si le coquin continue ses frasques bruyantes, les voisins s'en chargeront certainement, surtout l'un d'entre eux, un véritable teigneux. En attendant, il reste encore une journée à poireauter avant de repartir, suite à de nouveaux imprévus. J'aperçois deux mains se positionner de chaque côté de ma tête, caresser le haut de mes épaules. Une bouche s'empare de mes lèvres. Je ferme les yeux. Joël passe devant moi, baisse mon slip, manipule ma bite afin de la ragaillardir, l'encapuchonne puis se la fourre dans l'oignon avec un soupir de satisfaction. Il y prend goût, ma parole! Assis à califourchon sur ma personne, il m'emmène au septième ciel sans omettre de m'asperger de son foutre. Cet épisode achevé, je rappelle le gardien de mon immeuble qui m'annonce le départ des cinq mecs invités par Fred à s'éclater dans mon appartement.

*****

Ces quelques jours en compagnie de Joël, se révèlent fort instructifs. À l'évidence, il cherche à m'attirer vers lui, à m'appâter en quelque sorte. Son changement d'humeur depuis notre retour de Turquie, sa gentillesse, son désir de me faire plaisir en cédant à certaines de mes demandes et, notamment, celle de se laisser sodomiser, démontrent bien ses intentions de mettre le grappin sur moi. Cela me procure un certain mouvement de fierté. Que l'on se sacrifie pour m'avoir me flatte énormément. Cependant, je me considère comme vivant avec Fred l'impétueux, l'affamé de bites, le fougueux, l'instable, le peu fiable. Je me vois mal passer mes journées, pantouflard, avec un Joël, certes bon baiseur et compagnon agréable, mais sans aucune vitalité en dehors du travail, me semble-t-il. Et pourtant! Avec lui, la sécurité ne ferait aucun doute. Avec Fred, les risques encourus sont innombrables. Moi et Joël comptons sensiblement le même nombre d'années. Avec Fred, près de quinze ans de différence creusent un certain fossé. Je pense à tout ça en conduisant. Je souris à l'idée de m'imaginer sur un marché aux esclaves, choisissant celui pouvant être le plus rentable. En fin de compte, pourquoi choisir? Me poser cette question résulte d'une anomalie de mon cerveau. Les prendre tous les deux, chacun pour ce qu'il m'apporte, et le tour sera joué. Rien ne m'en empêche, je suis libre. Fred ne manifeste aucune jalousie pas plus que Joël. On ne vivra pas tous les trois ensemble, sauvegardant l'indépendance de chacun. Cette solution me paraît fort intelligente et pratique pour tout le monde. Bien sûr, je devrai ….

Je me réveille. La pièce aux murs verdâtres m'intrigue. Je ne peux pas bouger mes membres. Je suis immobilisé par des liens. Quelque chose d'anormal me tarabuste. Je tourne la tête, légèrement sur le côté. J'aperçois un tuyau reliant mon bras à un truc qui semble être une perfusion. Je vois également un écran dont les tracés indiquent qu'un cœur bat, le mien. Je retourne dans les vaps juste après avoir émis mentalement une constatation:
<< - Qu'est-ce que je fous dans cet hôpital? >>

Nouvel éveil. Une voix feutrée annonce:
<< - Le plus dur est passé. Rien de bien méchant, pour tout dire. Quelques semaines de repos et il n'y paraîtra plus. >>

Je vois un corps s'approcher de mon lit, puis une tête se pencher. La mine fatiguée, Joël m'observe, grogne presque:
<< - Il se réveille, docteur. >>

Aussitôt l'homme en blanc s'affaire sur ma personne: inspection des yeux, m'appelle à la réalité, enfin ordonne de me reposer. Le médicastre se retire. Je devine que Joël s'assied dans un fauteuil non loin de moi. Je me rendors rasséréné.
Régulièrement, je sens que quelqu'un rôde autour de mon lit, occupé de vérifier je ne sais trop quoi. Je me sens lourd, épuisé, immobile. Au fur et à mesure de mes réveils successifs, ma conscience reprend le dessus. Je comprends que ma tête est bandée. Une douleur se manifeste au niveau de mon crâne. Des pas résonnent qui s'approchent. Une infirmière s'approche de mon lit, murmure gentiment:
<< - Tout va bien, on prend soin de vous. Votre ami ne va pas tarder à revenir. Ne vous inquiétez pas. >>

M'inquiéter? Elle en a de bonne la brave femme! J'aimerai savoir ce qui est arrivé, ce n'est pas la mer à boire tout de même! Je bredouille ma demande, poliment, sans acrimonie. Elle accentue son sourire de bienfaitrice de l'humanité en me révélant:
<< - Vous avez eu un malaise en conduisant: la fatigue très probablement. Le camion a percuté une rambarde puis a dévalé sur une vingtaine de mètres avant de tomber dans une rivière peu profonde. Vous êtes victime d'une fracture du crâne. Votre ami, lui, en est sorti indemne. Maintenant, reposez-vous! On vous en dira plus dès que vous irez mieux.
- Mais on est où, là?
- À Francfort, en Allemagne.
- Vous parlez français.
- Je suis française mais je suis mariée à un allemand. Dormez, maintenant. >>

Obéissant, je ferme les yeux. J'entends une personne entrer. Joël demande à voix basse:
<< - Alors, comment il va?
- Bien, il parle. Mais laissons-le dormir. >>

Je devine la porte qui s'ouvre puis se referme, un corps s'affalant dans le fauteuil. Je sombre une fois de plus.

*****

Retour au pays en avion sanitaire, dès que le transport du corps, le mien, s'avère possible. Séjour de deux semaines dans l'hôpital de ma ville puis convalescence en maison de repos durant un mois. Enfin reprise d'une vie normale après examens m'y autorisant. Durant toute mon indisponibilité, Joël et Fred se relayent. Jamais ils ne me visitent en même temps, comme s'ils étaient fâchés, peu désireux de se rencontrer. À ma question sur le sujet, Joël répond:
<< - Tout simplement pour que tes journées te paraissent moins longues. Deux visites par jour c'est mieux qu'une seule. >>

Sans oublier les visites de notre patron, trois en tout. Ce qui me surprend le plus, c'est le fait de n'avoir aucune envie de baiser. J'en arrive même parfois à me demander si je ne deviens pas impuissant. Mes deux visiteurs préférés s'ingénient à me faire plaisir. Mon rétablissement suit un cours normal. Je n'ai aucune séquelle de l'accident si ce n'est une cicatrice au crâne, cachée par mes cheveux enfin repoussés.

Terminé le séjour en maison de repos, je rentre à la maison, tout heureux de retrouver mon chez moi, excité à la pensée d'envoyer mon Fred au septième ciel car, depuis plusieurs jours, je reprends goût aux choses du sexe puisque ma bite se raidit souvent, soulagée par une branlette des familles.
Je pose mon sac dans l'entrée, visite l'appartement, cherchant à reconnaître les lieux. Je les vois déserts, voilà la première idée. En y regardant de près, je constate qu'il ne reste aucune affaire appartenant à Fred. Je vais dans la chambre, idem, pas le moindre caleçon à lui. Je m'assieds sur le lit, décontenancé. La sonnette de l'entrée retentit. Je vais ouvrir. Joël apparaît, souriant. Je l'invite à boire quelque chose. Il accepte volontiers. Installés dans la cuisine, j'attends. Car je devine qu'il veut me parler. Il se décide:
<< - Fred est parti de chez toi, juste après que tu l'aies engueulé au téléphone. Il me l'a dit quand on s'est vu à l'hôpital. Il voulait te parler. Aussi, il est venu ici le jour où nous devions normalement être rentrés. Le gardien lui a appris pour l'accident. Il est revenu pour des nouvelles puis s'est rendu tous les jours à l'hôpital où il n'a pas eu le courage de te dire la vérité. Voilà, il m'a laissé un mot pour toi. >>

Joël me donne l'enveloppe. Net, précis, Fred ne s'étend pas sur ses états d'âme:
<< - Michel,
Je m'en vais. Excuse-moi si j'ai causé des problèmes. Je ne me rendais pas compte. Ça ne marchera jamais entre nous, faut le reconnaître. Moi je veux vivre des aventures, exulter, péter des flammes, baiser à tout va. Toi tu veux le calme, la sécurité, choses que je ne t'apporterais jamais. Tout ça est certainement dû à nos années de différence. Peut-être que plus tard, si tu es encore libre, je prendrais du plaisir à vivre avec toi. Je tiens à te dire que j'ai passé de merveilleuses semaines en ta compagnie, malgré tout. À plus, si Dieu le veut.
Fred. >>

Je me trouve tout con, même pas triste, aucun regret ni remord, comme si ce départ, inéluctable, devenu enfin réalité, soulageait ma conscience. Joël m'observe, l'œil un peu triste. Il s'enquiert:
<< - Tout va bien?
- Mon orgueil en prend un coup. C'est la première fois qu'on me laisse tomber. Remarque, c'est la première fois que je vis plusieurs semaines avec un mec. Je savais au fond de moi que ça finirait très vite, moi et lui. Bon, ben me voilà de nouveau célibataire! Ça m'emmerde un peu parce que j'espérai bien quelques câlins en rentrant à la maison. Je suis terriblement en manque. >>

Joël se lève, s'approche de moi, prend mon menton dans sa main, relève un peu ma tête, dépose ses lèvres sur les miennes. Il me donne satisfaction, concernant les câlins.

Il répètera, et répète encore, ce rituel, chaque matin au petit déjeuner.

FIN

PS: Ce récit narre des événements fictifs, mis à part quelques anecdotes qu'un routier, évidemment fort sympa, m'a contées à ma demande. Je l'en remercie vivement et regrette beaucoup qu'il ait refusé que son nom soit mentionné en tant que co-auteur. C'est un lecteur assidu de sites gais, et un grand timide à qui je fais une grosse bise… sous sa moustache.

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