Les Contes De La Main Gauche : La Fille De Zorglub

jpj, Montpellier 11/2012

Me faut reconnaître que, jeune homme, j'ai beaucoup rêvé d'elle.

Son père me faisait trembler. Son père je l'admirais. Mais il me coupait tout. J'eusse
préféré qu'elle n'en n'eût point, de père. Cette affaire d'Eudipe m'a turlupiné
longtemps. Je l'aurais voulue orpheline... enfin disponible, sans attaches.
Elle était belle pourtant. Je l'aimais, enfin j'aimais ses cheveux longs, blonds et
ces petits seins qu'elle avait et que moulait la combi en néomex. J'aimais cette façon
qu'elle avait d'oublier la zorglangue pour me susurrer des mots cochons d'une autre
culture, que son père ignorait probablement, ou du moins ne voulait pas connaître.

Cochons, les mots surement, et même pire, bite, gland, foutre et suce mon salaud ma
fleur, et aspire, et bien d'autres trucs encore que je n'oserais pas dire ici que ça
vous ferait rougir, et bander aussi...

A Zorgland, on était hors du monde. C'était un endroit fabuleux où il était possible
de penser frais, clair, sans subir les politiquement corrects des foultitudes
stupides.

Ici, on construisait le monde de demain et j'en étais un des artisans. J'étais fier de
mon rôle. La zorglonde nous donnait une ouverture terrible et on en usait. A nous
toutes les évo du monde. On savait choisir et on prenait. Pas un brevet que nous
n'étudiions, à fond. On était obsédés par la simplicité. Zorglub nous disait tout le
temps, Light is Right, ce doit être votre outil d'analyse, de compréhension, de
décision.

On regardait le monde et les gens et on voyait bien ceux qui avaient le vent dans les
voiles et ceux qui n'iraient nulle part, les couilles atrophiées et le regard mou,
hollandais.
Moi, ce qui me faisait bander, c'était la fille de Zorglub. Je matais son entrejambe,
tendu du tissu moderne, à haute teneur en élastomère, qui lui moulait la chatte.

Enfin
je m'y croyais.

Le matin, je la cherchais des yeux. Je savais bien qu'elle passait tout son temps
libre à chercher comment faire monter tous les gars de la base en hystérésis, à mort.
Chaque matin j'attendais la nouvelle tenue sexy qu'elle aurait inventée et fabriquée
dans la nuit pour chavirer la base ou du moins tous les jeunes gars de la base.
Zorgland était en effervescence tous les matins.

Ce matin là, ça n'a pas raté, elle avait encore trouvé un truc imparable. Elle était
arrivée en cryo. Le cryo c'est un vêtement pour aller dans les salles au quasi zéro
absolu. Les salles où l'on met les gars en hiber pour qu'ils dorment pendant les longs
voyages galactiques.
Elle s'était taillé un cryo d'enfer.
Le cryo est caractéristique du fait qu'il ressemble à du papier chocolat, très
brillant. C'est un complexe de mylar, d'alu et de butadienne. Le butadienne donne une
sorte d'élasticité qui fait que le film épouse les formes les plus tordues.
Elle avait taillé deux pièces asymétriques. L'une droite, l'autre gauche.
Chacune comprenait une jambe, comme un demi-collant et remontait à l'épaule opposée
comme une bretelle, empaumant le sein et descendant sur la taille.

En haut ça faisait assez cœur croisé avec ses petits seins brillants saillants dont on
voyait la forme très exactement comme si le film n'était qu'un fin voile de peinture
alu.
Ses longues jambes brillaient et envoyaient des aveuglements tandis qu'elle marchait.
On voyait bien que ce n'était pas un vrai cryo car ses bras étaient nus. Avec un
pareil cryo en salle d'hiber elle aurait eu tout de suite bras et mains gelés.
Chacune des deux pièces lui passait entre les fesses et à l'aine.
Derrière on comprenait bien que c'était ouvert et qu'il suffisait d'y poser la main et
de tendre le doigt, le grand doigt pour entrer entre les deux globes brillants au
profond d'elle.
Mais qu'aucun de nous n'oserait...
Devant il y avait double protection de film croisés sur son pubis. Qui montrait le
renflement de ses chairs, renflement comme fruit mur d'été, prêt pour la récolte,
tendre et juteux. Bien entendu la double épaisseur de ce film micrométrique ne cachait
rien de sa fente profonde et de la languette qui montait la garde devant.

Une fois encore, les aspirants de la base, et j'en étais, ne savaient plus cacher leur
émoi.

Mais Zorglub était attentif. Il surveillait les matous qui gravitaient autour de sa
fille. Moi il m'aimait bien ; qui aime bien, chatie bien, dit-on. Je ne compte plus le
nombre de fois où il m'a envoyé une giclée de zorglonde dans les roupes avec sa
zapette. Ca fait un drôle d'effet. On se sent plus, comme on dit, et on a la
zigounette en berne. Et plus envie de rien.

Mais ça passe, vite, avec l'habitude, et on rebande encore plus fort qu'avant. On a la
tête qui bouille et les couilles qui enflent ; on est super d'attaque, après ça, comme
après un RAZ. Alors Zorglub, tu m'as remis sur les rails avec ton bidule et ta fille,
elle en profite et elle est bien contente. Elle saurait que ça vient de toi, elle te
dirait merci deux fois.

Moi, je circule en Zorglmobile. C'est une sorte d'auto avec un rotor caréné à chaque
coin. Ca reste élitiste, à deux places. Un roadster en quelque sorte. Avec une bulle
plexi en guise de hardtop. Moi je me régale car c'est léger et maniable. Vif aussi et
faut faire gaffe car l'arrière n'a qu'une envie, c'est de passer devant.
C'est facile à piloter et on ne remerciera jamais assez Zorglub d'avoir inspiré à ses
ingénieurs un tel chef d'oeuvre.

La fille de Zorglub, je l'ai tant aimée qu'aujourd'hui encore, vétéran, je pense à
elle tout le temps.

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