Au Coeur De La Cité

- Voilà, il est à vous, me dit le notaire en me tendant le trousseau de clefs.

L'appartement est au cœur d'une petite cité fortifiée, plusieurs fois centenaire,
perchée sur les hauteurs de la ville. Le plan, œuvre d'un célèbre architecte
militaire, est un carré parfait ceinturé d'épaisses murailles. On franchit l'enceinte
par quatre grandes portes. Au milieu, il y a une petite place où se croisent deux
larges rues. Tout le reste est constitué de ruelles bordées de bâtiments tous
identiques. À la mort de ma tante, je suis donc devenu le propriétaire d'une
magnifique garçonnière. Pas facile de chauffer les quatre mètres de plafond l'hiver,
mais j'adore cet endroit, son calme, la lumière. J'aime moins la promiscuité que
créent les quelques mètres seulement qui séparent mes hautes fenêtres de celles de mes
voisins d'en face.

L'été dernier, mon premier ici, a été difficile. Les rideaux me coupaient de la vue,
mais pas du bruit, de la musique, des disputes, des soirées interminables et des cris
du bébé. Et moi aussi, j'avais du mal à faire mes nuits.

Le bambin fête son premier anniversaire au milieu des cartons. Aucun doute : ils
déménagent. Quelques jours plus tard, nous faisons l'état des lieux sortant. Je suis
aux premières loges, assis confortablement sur mon canapé et je ne peux m'empêcher de
les saluer en agitant mon verre de champagne lorsqu'ils ferment pour la dernière fois
leurs fenêtres.

La semaine suivante, elles s'ouvrent sur un monde merveilleux : celui de mon nouveau
voisin. Il a les cheveux aussi noirs que sa peau est claire. Sa barbe fait ressortir
ses jolies lèvres, comme un fruit appétissant. Son troublant regard vert est planté
au-dessus d'un grand nez fin. Il doit faire au moins une tête de plus que moi, je
pense. Quand il emménage, son tee-shirt trempé laisse deviner sa maigreur.



Vient le moment où il défait ses cartons, installe ses meubles, pend ses rideaux,
qu'il ne tire jamais. Je ne touche plus aux miens non plus et nous nous regardons
vivre l'un, l'autre. À son contact, je me découvre des tendances au voyeurisme. Au
début, ce ne sont que des coups d'œil furtifs. Puis, je me mets à le guetter, à me
planquer pour mieux l'épier. J'aime particulièrement son armoire, à l'entrée de sa
chambre. Lorsqu'il fouille dedans, son grand miroir balaye une bonne partie de la
pièce. Quand elle est fermée, j'ai vue sur sa salle de bain. J'ai ainsi droit à des
bribes de vie plus intimes, toujours savamment organisée pour qu'elle se dévoile à moi
petit à petit. Et pour mieux m'en régaler, je ressorts ma paire de jumelles. Jusqu'au
jour où… il lâche le "morceau". Je l'observe sous la douche. Enfin, ce que j'en vois.
Au moment où il en sort, mon portable se met à vibrer sur la table basse à mes pieds.
Julien. Il attendra. Quand je relève la tête, il est là, au milieu de son salon, sa
serviette autour de la taille, les bras croisés et il me fixe. Mon cœur bondit dans ma
poitrine. Il voit ment ce que j'ai dans la main. Tout se fige, sauf les gouttes
d'eau qui glissent sur sa peau. Il penche légèrement la tête, esquisse un petit
sourire et d'un geste lent, il fait glisser l'éponge. Ce qu'il a entre les jambes est
d'une taille impressionnante et contraste singulièrement avec sa minceur.

Il s'essuie doucement pour que je n'en perde pas une miette. C'est comme un doux rêve.
Retour à la réalité quand mon portable se manifeste à nouveau. Julien encore. Zut,
Julien ! On doit se retrouver dans trente minutes et je ne suis pas prêt. Douche
rapide, séchage approximatif, bermuda en lin bleu sans sous-vêtement – ça ne se voit
pas… enfin, je crois –, chemise de coton blanc, un nuage de Vétiver et me voilà prêt à
conquérir le monde.
Et en face, qu'est-ce qui se passe ? C'est éteint. Parti à
l'aventure lui aussi ?

Les rues piétonnes de la ville basse, au pied des remparts, sont très animées. J'y
retrouve mes amis, nos bars, nos cafés, nos "assiettes de pays", nos "vins de pays".
Autour des halles, j'aime particulièrement "Le comptoir" et sa grande terrasse. On
refait le monde, affalé dans les grands fauteuils. Le serveur m'apporte un autre verre
de Bordeaux. "De la part du monsieur, là-bas !" J'essaye de suivre son mouvement de
tête, mais qui me désigne-t-il dans la foule ? Quand je trouve, je sens mon sang qui
chauffe mon visage. Mon voisin, accoudé sur son mange-debout, qui me scrute à travers
un verre qu'il tient comme une longue-vue. Je remarque aussi la carrure de l'homme qui
l'accompagne. Je les vois se parler à l'oreille et s'éloigner.

Le lendemain, c'est jour de marché. Je traîne un peu, me prépare, traîne encore. Mais
pas d'activité en face. Jusqu'à ce que j'empoigne mon cabas. Je vois le salon traversé
par l'homme qui l'accompagnait hier soir. Nu. Si je ne bouge pas, il ne me verra peut-
être pas. Et merde. Je suis repéré. Tout en s'étirant, il me salut avec un grand
sourire. On se regarde un instant jusqu'à ce qu'il soit rejoint. Il me salut à son
tour, att son amant par la bite et le ramène dans la chambre. Il est temps que
j'aille acheter mes légumes.

Les jours suivants, je suis en déplacement. J'ai du mal à me concentrer sur mon
travail et il faut que je ramène sans cesse mon esprit de mon appartement, où
j'aimerai me trouver, à la sinistre agence où je dois intervenir. Je me fais
l'impression d'un en manque. Je me rabats sur des sites de vidéos de mecs
filmés en caméra cachées. Mais… il me manque quelque chose.

Me voilà devenu voyeur compulsif. Sur le chemin du retour, plus j'approche et plus je
sens revivre.
Quand je rentre, je suis saisi. Il est là, sur son canapé… empalé sur un
petit bonhomme aux cheveux clairs. Doucement, je ferme la porte et me glisse jusqu'au
frigo. Dans la pénombre, je sirote ma bière. Quel spectacle. Quel régal. J'aimerai
être à sa place. Mais surtout, j'aimerai avoir sa liberté. Plus je bois frais et plus
je sens la chaleur m'envahir. Je me déshabille. Je bande. Mon corps se met à onduler
au rythme du sien. J'imagine ce manche en moi, comment je m'ouvre assis dessus. Son
corps est luisant de sueur. Je me caresse doucement, titille mes seins. Je l'entends
assez clairement dire à son compagnon combien il aime sa queue. Ça m'excite. Je
mouille. J'aimerai leur dire que c'est à mon tour, que je veux avaler cette tige avec
mon cul. Mais c'est bien lui qui sautille dessus en se branlant. Il va jouir. Il se
contracte. Il jouit. Je jouis aussi. En même temps que l'aquarium, sur minuterie,
s'allume. Je suis juste devant. Je vois tout à coup deux paires d'yeux braquées sur
moi.

Je m'endors avec une légère appréhension. Mais s'il ne tire pas ses rideaux, est-ce
que je ne dois pas en conclure que c'est bien parce qu'il aime être vu ?

Le vendredi qui suit, j'ai ma réponse. Il aime VRAIMENT être vu. Moi, je suis toujours
tapi dans l'ombre et ce soir, les poissons se passeront de lumière artificielle. Je
m'installe confortablement dans un coin, à poil sur un fauteuil. Je me suis servi un
whisky et j'attends le bon moment pour m'introduire un de mes godes préféré. Il joue
beaucoup avec l'homme qu'il reçoit. Je ne sais pas où il les trouve, mais ils me font
tous envie. Celui-là a plutôt le format déménageur, ou rugbyman. Un beau bébé qui aime
les mêmes choses que lui. Le summum, c'est de les voir s'enfiler à tour de rôle.
Quelques coups de butoir et on inverse les places. L'enculeur devient enculé. Et ils
tournent.
Ils font ça de plus en plus vite, de plus en plus excité. Moi, je m'agite
sur mon phallus de latex qui masse ma prostate. Ma bite se met à dégouliner sans que
j'y touche en même temps qu'ils balancent leur jus. Quel pied ! Tandis que son amant
file à la douche, il vient fumer une cigarette à la fenêtre. Je voudrai m'en allumer
une aussi, mais la flamme... Au diable. Je crois que j'ai envie qu'il me voit. Je
laisse l'allumette se consumer pour qu'elle m'éclaire le plus longtemps possible. Et
son sourire me mon montre qu'il apprécie. Je me caresse en étalant mon foutre à la
lumière de ma clope sur laquelle je tire. Il finit la sienne, se redresse et me fait
un discret signe avant d'aller se coucher.

Le réveil qui sonne annonce une journée chargée. Mais l'idée de la finir par ces
retrouvailles que j'aime tant me la rend plus légère. En rentrant, je trouve une
enveloppe glissée sous ma porte. Dedans, un morceau de papier avec dessus, une adresse
mail. Seulement ça. Est-ce que c'est la sienne ? Que me veut-il ? Et pourquoi ne pas
se parler ? Soit, puisque c'est ce qu'il souhaite, je commence par un mail. Qu'est-ce
que je peux bien lui dire ? Formule de politesse de base et… et… "mon adresse, en
retour. Cordialement".

Je vais me coucher sans qu'il se soit passé quoi que ce soit en face, ni avoir reçu de
réponse. Par curiosité, je consulte ma messagerie avant de partir au boulot le
lendemain matin. Le choc. Il y a bien une réponse et elle va me faire passer une drôle
de journée.

"À 20 h, tu entendras toquer cinq coups à ta porte. Tu vas recevras ton visiteur à
poil, à quatre pattes sur ton canapé et tu devras impérativement porter le petit
cadeau que tu trouveras dans ta boîte aux lettres tout à l'heure. Ça va être ta fête
!"

J'en ai presque le souffle coupé. Quand je relève la tête, personne. À propos de tête,
je ne l'avais pas au boulot, aujourd'hui. J'ai passé mon temps l'œil rivé à la
pendule. En revenant, je me précipite sur ma boîte aux lettres. Il y a une enveloppe
un peu bombée, mole et très légère. Je ne l'ouvre qu'une fois dans mon appartement.
Une cagoule !

Dans une heure, il est là. Une douche, vite. Un whisky. Un deuxième. Je déverrouille
la porte. Le tissu est opaque. Je n'y vois rien. Je m'installe. Le temps semble s'être
arrêté. Je n'entends plus que mon cœur qui cogne dans ma tête et qui s'emballe quand
j'entends les coups puis les gongs qui grincent. Il entre. Le parquet craque. Il
s'approche. Je sursaute quand il pose sa main sur mes fesses. Il me caresse, me masse.
Je prends une fessée. Puis il alterne, les claques et les effleurements. Je sens tout
à coup sa langue qui plonge dans mon cul. Je me cambre, je gémis. Je suis surexcité.
Un doigt. Puis deux. Lentement au départ. Puis de plus en plus vite. Quand il ralenti
à nouveau, il les recourbe et titille ma prostate puis caresse mon gland baveux. Je
sens que je mouille beaucoup. Il recommence à aspirer ma rondelle avec sa bouche. Je
l'entends cracher dessus. Là, ce n'est pas un doigt qui essaye d'entrer. Je pousse un
peu avec mon cul. Je m'ouvre. Il entre. Pas beaucoup. Juste son gland. Et il pompe. Il
ressort. Puis recommence à me pomper, juste le bout. Je suis chaud, humide et au bord
de l'extase. Il me l'enfourne complètement maintenant, tout doucement. Quand il est
complètement dedans, il joue avec son bassin et j'ai l'impression que sa bite gonfle
encore. Il me lèche entre les omoplates et ça, ça finit de me faire décoller. Il me
ramone maintenant assez brutalement. Puis de nouveau, il me pistonne uniquement avec
son gland. Je me redresse et il joue avec mes seins. Il met son pied gauche sur le
bord du canapé et att mes burnes par l'arrière et tire dessus. À chaque coup de
butoir, ma bite tape sur le tissu. J'ai l'impression qu'elle va exploser. Je mouille.
Une onde de chaleur me parcours. Son foutre. Le mien se repend sur mon sofa sans que
je ne commande rien. Mon cul se contracte autour de sa bite pour mieux la retenir. Il
se retire tout doucement et me fouille immédiatement avec sa langue pour ne pas perdre
une goutte de son jus.

Je reçois une dernière tape sur les fesses en guise d'au revoir. De nouveau la porte
grince. Quand elle claque, j'enlève ma cagoule et me sert un verre, histoire de me
remettre de mes émotions. Wahou. Là, je sais ce que je vais lui dire dans mon prochain
mail. Je m'y mets tout de suite. La réponse ne se fait pas attendre.

- Êtes-vous bien sûr que c'était moi ?

J'ai l'impression de prendre un coup sur la tête et lorsque je la redresse, je le vois
planté au milieu de son salon. Il me fait face. À côté de lui, il y a un type que je
n'ai jamais vu, mais très à mon goût, comme les autres. Il lui caresse la bite à
travers son jean. Tous les deux me sourient.

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