Essayages

C’était pas un bon matin ! Enervée ? Oui. Colère même. Un matin où vient l’envie de changer le quotidien …

Luc était en retard : pas ma faute s’il est pas fichu de se lever ! Il a éteint le réveil, et il s’est rendormi … et après, il râlait !
Moi, je voulais dormir plus tard, je ne travaillais que l’après-midi au magasin.
Mais Môssieur s’agitait devant l’armoire de la chambre : il ne trouvait pas sa chemise bleue ! alors il a allumé la lumière ; sans me prévenir ; en grommelant « on trouve jamais rien dans cette baraque ! » ; après la chemise, c’était son costard : le pantalon était froissé. Quand même pas ma faute, à moi, s’il l’avait jeté en vrac sur le fauteuil !

J’ai fini par me lever … entre la lumière et ses jérémiades, pas moyen de dormir.
Et il râlait toujours en sortant de la douche parce que le café n’était pas encore passé : c’est comme ça que j’ai appris ce matin qu’on a « une cafetière de merde ».
Et tout ça parce que j’ai pas voulu de lui hier soir ? Il a regardé la télé très tard, comme souvent depuis quelque temps, et il voulait faire l’amour en se couchant, et ça c’est pas souvent ! Je dormais bien, moi ! Et il insistait ! Je l’ai envoyé promener : « Main droite, chéri ! et fais pas ça ici, je dors ! ». Il a pas aimé … Presque un mois qu’il ne m’a pas touchée et brusquement il se souvenait en pleine nuit que j’existais ?
Il se couchait tard tous les soirs. Quand je le rejoignais sur le canapé, il partait jouer sur son micro, regardait des films après que je sois partie au lit … Il se met en colère pour n’importe quoi … « qu’est-ce que tu me fais, Luc ? ».

Et donc, ce matin-là, il avait décidé de me pourrir la vie.
Il a claqué la porte en partant sans même me dire au-revoir. Moi j’ai rangé son bol et sa petite cuillère dans l’évier, le lait et le beurre dans le frigo, repoussé du pied contre un mur ses chaussons qui traînaient au milieu du couloir, et après, dans la salle de bains, j’ai ramassé ses chaussettes roulées en boule sur son slip de la veille qu’il avait abandonné à 20 centimètres du panier à linge, rebouché le dentifrice, accroché son drap de bain sur le porte-serviette … Sa bonne ! Il me prenait pour sa bonne !

Je regrettais d’avoir cédé.

On vivait ensemble depuis trois mois à peine et j’en avais déjà assez. Je vivais très bien toute seule dans mon deux pièces ! On se voyait un ou deux soirs par semaine, les week-ends, tout allait bien. J’aurais pas dû céder !

Je faisais la cuisine, le ménage, je lavais et je repassais ses foutues chemises qu’il n’est même pas capable de trouver dans son armoire sans rouspéter … ça l’embêtait de me laisser de la place pour mes affaires. Qu’est-ce qu’il croyait ? que j’allais les laisser dans mes valises ?
Je ne voyais même plus mes copines ! Elles étaient venues deux fois, au début : « Tu vas pas transformer l’appart en volière tous les soirs ? ». Deux fois ! J’aurais pas dû céder ! Par contre que ses copains viennent piller le frigo en semaine et squatte le canapé le samedi pour jouer sur leurs consoles, là, c’était normal !

Je me suis servie un café et j’ai préparé mes affaires pour la journée : jupe en laine bleu roi et mon petit pull blanc, body blanc et Dim-up chair, un foulard de soie.
J’ai mis l’eau du bain à couler en étant généreuse en sels moussants et j’ai posé au bord de la baignoire mon petit rasoir pour mes jambes et les aisselles, ma crème pour le visage, avant de me déshabiller devant la grande glace sur le mur face au lavabo … « t’as trouvé mieux, Luc ? c’est ça ? à peine trois mois et tu vas voir ailleurs ?».
Mieux. Ben oui, y a toujours mieux … pourtant ce que je voyais dans le miroir était plutôt bien ! Le ventre ? Un peu arrondi, normal … j’aurai mes règles fin de semaine. D’ailleurs, c’est pour ça que j’ai failli lui céder hier soir : une semaine avant, je suis toujours plus « réceptive » ! Par contre pendant, aucune chance ! Au tout début, Luc, ça le gênait pas vraiment ; moi si, et ça le faisait rigoler.
J’ai profité du miroir pour raser les quelques poils disgracieux qui se cachent à l’arrière des cuisses et pour couper les poils trop longs dans les aines au ciseau.
Deux ou trois fois il a demandé si me raser complètement ne me tentait pas ; il a eu l’air déçu que je ne veuille pas.

J’ai fait une fois, un été : c’est bizarre, ça fait de drôles de sensations d’avoir le sexe aussi nu qu’une gamine, assez agréables même, seulement ça repousse ! et ça pique, ça gratte, j’avais des poils qui poussaient sous la peau, ça me faisait de gros boutons rouges … j’ai passé l’été à m’entretenir et à me gratter pour quelques minutes de douceur sous mes doigts et ceux du seul garçon qui en avait profité ; je me souviens que lui avait bien aimé. A Luc, j’ai dit non : je garde tout partout où ça pousse sous ma culotte, je veille seulement à ce que ça déborde pas ; il était déçu.
Je suis restée une bonne heure allongée sous la mousse dans l’eau chaude que je laissais couler tout doucement pour maintenir l’eau bien chaude. J’avais la pulpe des doigts toute fripée et j’ai attendu qu’ils redeviennent normaux pour me maquiller.

J’étais prête à 10h30. Au lieu de traîner dans l’appartement à ne rien faire, je suis partie au travail. Le magasin ? Des vêtements : confection et lingerie, Hommes et Femmes. Le gérant qui s’occupe du rayon Hommes, moi du rayon Femmes.
Armelle, l’épouse du gérant, a été surprise de me voir arriver si tôt. Mélanie, notre apprentie, m’a fait un petit signe de la main. Elle avait l’air un peu paniquée devant une masse de sous-vêtements sur le petit comptoir proche des cabines.
— Y a une dame en cabine … elle essaye pleins de trucs, mais je sais pas ce qu’elle veut, et puis …
— Et puis quoi ?
— Elle essaye sans rien dessous … j’ai vu !
Sur le comptoir, il y avait des ensembles coordonnés slip et soutien-gorge, deux bustiers avec strings assortis, des tailles allant du 36 au 40, du 90B au 95C.
— Elle fait du combien, au juste ? t’as sorti de tout !
— C’est elle qui a voulu …
— C’est bon, je m’en occupe. Commence à ranger tout ça !
— Mais elle les a mis … tout nue ! normalement …
— Je sais, je sais ! C’est pas la première, va ! Ramène tout en réserve ! et vérifie quand même.

En haussant les épaules, avec un air dégoûté, elle m’a montré un fond de culotte décoré d’un poil pubien noir sur la feuille plastique de protection.
— Tu vérifies et tu ranges ! Allez, va !
Je me suis approchée de la cabine du fond, ma mauvaise humeur du matin réveillée par cette cliente sans-gêne.

Je n’aurais pas dû être là si tôt ce matin-là … d’une humeur plus normale … c’est bizarre la vie, ces petits évènements sans véritable importance qui changent la vie !

Par le rideau entrouvert, j’ai aperçu une jeune-femme, son dos nu balayé par des cheveux bruns mi-longs. Elle était dressée sur la pointe des pieds, les deux mains posées sur les hanches, cambrée et le visage tourné vers le miroir au fond de la cabine. Pendant qu’elle pivotait sur ses orteils, j’ai vu ses seins relevés par sa cambrure et ses épaules rejetées en arrière.
J’ai ouvert le rideau de la cabine faisant face à la sienne, qui est équipée de deux miroirs en vis-à-vis, avant de revenir vers celle qu’elle occupait dont j’ai écarté le rideau d’un doigt :
— Madame ? Je vous en prie ! Ce sera plus facile pour vous de juger !
J’ai fini d’ouvrir le rideau et j’ai tendu une main vers elle. Elle s’est retournée brusquement, la bouche ouverte en un « oh » de surprise, et en cachant ses seins sous ses bras. Elle ouvrait de grands yeux et avait les joues très rouges, restait figée de surprise.
— Venez, je vous en prie !
Elle restait muette, a hésité quelques secondes avant de libérer un de ses seins pour prendre la main que je lui tendais, faisant un effort de son autre bras pour cacher sa poitrine.
Elle a résisté un instant avant de me suivre, ses doigts crispés et tremblant dans ma main, puis a traversé très vite le petit couloir séparant les cabines vers celle que j’avais ouvert pour elle.
— Vous pourrez mieux vous voir ici … voyons …
J’ai pris sa deuxième main dans la mienne pour lui ouvrir les bras face à moi :
— Je pense qu’il vous faut du … 95C ? C’est ce que vous portez ? et …
J’ai lâché ses mains en m’agenouillant devant elle.
Je l’ai prise par les hanches, lui ai fait faire un demi tour devant moi :
— Du 40 … 42 peut-être pour certains modèles, on verra ! C’est bien ça ?
Je me suis décalée un peu pour croiser son regard dans le miroir face à elle. Elle hochait la tête, Je la tenais toujours par les hanches, et je lui ai fait faire un nouveau demi-tour.

Jamais d’habitude je ne touche ainsi nos clientes, sauf à arranger sur elles le pli d’une robe, ou pour l’ajuster sur les épaules, étirer aux genoux un pantalon pour vérifier qu’il tombe bien. Pourquoi elle ? A cause de mon humeur du matin ? Un peu aussi parce que j’étais énervée par la pagaille des dessous sur le comptoir quand j’étais arrivée et que j’avais envoyé Mélanie ranger … par ce qu’elle m’avait dit sur la tenue de cette cliente : où irait-on si toutes nos clientes essayaient ainsi les dessous ? Ce n’est pas très sain !
Et … et elle avait l’air tellement timide et gênée d’avoir été surprise quasiment nue dans la cabine à essayer de cacher sous ses mains de jolis seins aux aréoles très brunes et aux tétons étonnants, épais, fièrement dressés.
Je voulais la mettre mal à l’aise ? Un peu, je le reconnais … mais elle était belle, une jolie peau que j’avais eu envie de toucher, qui était satinée et chaude sous mes mains. Je la regardais dans les yeux et elle ne m’a rendu qu’un tout petit sourire à peine esquissé. Elle gardait les bras écartés du corps et se mordait la lèvre, le front plissé de ses yeux écarquillés.
Toujours à genoux devant elle, j’ai baissé les yeux sur ses seins un instant, avant de retrouver son regard. Elle avait les joues cramoisies et je voyais du coin de l’œil ses mains se crisper en poings. J’ai à nouveau baissé les yeux, sur son nombril creusé où un bijou jetait des éclats du même bleu que ses yeux, sur son ventre un peu rebondi et le petit duvet brun qui descendait du nombril et s’évasait en triangle en épaississant jusqu’à rejoindre la bande noire de sa toison qui dépassait au-dessus de la taille du string qu’elle portait, trop bas et trop étroit pour le large triangle bombé de son sexe ouvert en son milieu d’une fente marquée remontant très haut. Au lieu de suivre le pli dans l’aine, l’étroite bande de voile blanc quasi transparent montait droit vers la taille, laissant apparent le gonflement adorablement charnu de la vulve sous la toison noire frisée qui mordait sur ses cuisses. Cette nudité crue mise en évidence et soulignée était à la fois peu esthétique, troublante et touchante.
Je me suis redressée en m’aidant de mes mains sur ses hanches. Elle a détourné le visage pour me cacher ses yeux humides de larmes.

Il faut que je vous explique … Je vous ai dit que j’avais emménagé avec Luc depuis quelques mois … mais avant lui, je partageais de temps en temps le lit d’une de mes copines. Une des deux qui étaient venues chez nous, Caroline. Luc était au courant, bien sûr. Il s’était imaginé, en avait parlé une fois, avec nous deux dans son lit, et avait été vexé de notre refus catégorique ; ce refus était sans doute la raison pour laquelle il ne voulait pas que mes amies viennent passer une soirée avec nous de temps en temps.

Les filles m’ont toujours plu, physiquement, autant que les hommes. Et cette jeune-femme, ce jour-là, à cause sans doute de l’attitude de Luc que j’acceptais de plus en plus mal, réveillait en moi des envies.
Je vous ai dit sa quasi nudité … Je sais que les garçons sont parfois inquiets et parfois fiers de l’aspect de leur sexe ; c’est pareil pour nous ! Et le sexe de cette fille, gonflé, en large triangle ouvert et cette fente haute et profonde, je le trouvais très beau. C’est idiot ?
Plus idiot encore … … outre l’esthétique pure, savez-vous ce qui m’attire ou est rédhibitoire pour moi ? L’odeur corporelle ! Je n’aime pas les corps qui se cachent sous des parfums lourds et entêtants. Je leur préfère les odeurs « sui generis » de transpiration ou de désir.
Pire ? Pour les filles … moquez-vous ! allez ! mais je peux détester ou aimer leur goût … ben oui … Le goût des garçons ? je suis pas fan. Parce que je sais qu’ils adorent, je les laisse parfois jouir dans ma bouche, mais c’est pour eux, pas pour moi.

Pourquoi je vous raconte ça ? Parce qu’elle sentait bon … dans cette petite cabine, le parfum naturel de sa peau me chatouillait agréablement le nez, m’attirait autant que ce que je voyais d’elle.

Ses seins dressés et ses hanches généreuses, ses jolies fesses barrées de blanc sous le triangle du string sur ses reins, ses yeux noyés de larmes, et même le petit côté ridicule de sa toison qui débordait du string trop petit et mal choisi qu’elle portait, son odeur de fille, mon humeur du jour … l’effet qu’elle produisait sur moi, elle qui semblait si perdue et passive, tout concourait à me donner l’envie de la bousculer un peu, pour voir , et j’étais troublée, un peu brusque …
— Enlevez ce string, il ne vous convient pas. Je vais vous en proposer d’autres. Je reviens.
Avant de la quitter j’ai essuyé du pouce la grosse larme qui avait débordé de ses yeux et je lui ai posé une bise sur la joue, une impulsion, pour me faire pardonner la sécheresse du ton.
Pas très professionnel, tout ça … mais elle était bien jolie !

Elle semblait s’être un peu ressaisie quand je suis revenue. Elle avait essuyé ses yeux et m’a accueillie d’un petit sourire timide. Elle n’avait pas tiré le rideau et m’attendait, nue, plantée au milieu de la cabine d’essayage, les poings serrés sur le string blanc qu’elle avait enlevé et qu’elle tenait au creux de son ventre. Je lui ai tendu un soutien-gorge noir bordé de fines dentelles et un string assorti dont l’empiècement sur le ventre était plus large et s’ouvrait en un triangle plus évasé que le précédent, mieux adapté à son anatomie.
Je n’ai pas résisté … je l’ai mis en place moi-même de deux doigts glissés sous la dentelle, descendant des hanches à ses cuisses comme pour y cacher une toison qui était pourtant déjà parfaitement en place, puis j’ai arrangé les bonnets sous ses seins. Elle n’a pas protesté, m’interrogeait moi, d’un regard un peu inquiet, un peu étonné, au lieu de se regarder dans les miroirs.
— Celui-ci vous va très bien ! Qu’en pensez-vous ?
Elle s’est regardée, a un peu haussé les épaules :
— … oui, c’est mieux … c’est … c’est sexy ?
Je n’ai pu retenir un éclat de rire :
— Mais oui, vous êtes très belle ! avec ou sans ces dentelles vous êtes très belle …
Encore ce petit sourire … elle se rendait compte de l’inconvenance de mes gestes ? J’arrangeais les bretelles de son soutien-gorge sur ses épaules et étirait les dentelles sous ses bras dont elle n’avait pas rasé les aisselles, j’arrangeais la taille de son string sur ses reins et gardais une main sur sa peau pendant qu’elle se regardait dans les miroirs. Elle avait toujours sur le front un petit pli d’inquiétude et continuait à m’interroger du regard, sans essayer d’échapper à ma main qui caressait son dos.
J’ai abusé ? J’ai abusé. Pour voir. Et parce que j’en avais envie, parce que je voulais qu’elle reste encore …
Debout derrière elle, sans la quitter des yeux dans le miroir, je l’ai entourée de mes bras, mes mains sur ses hanches puis sur son ventre pour abaisser un peu la taille du string et laisser dépasser une mèche de poils noirs, que j’ai étirés entre deux doigts, en lui souriant :
— Comme ça c’est encore plus coquin, non ?
J’ai embrassé la peau nue sur son épaule. Elle souriait, cette fois :
— Il m’a dit de choisir quelque chose de sexy …
Ah, bien sûr … il y avait un « il », de quoi refroidir mes ardeurs ? Même pas … elle était là, avec moi, et pas de « il » à l’horizon pour me voir avec elle …
— Il m’a dit de choisir plusieurs choses et qu’il viendrait ce soir pour payer et voir si ça va …
— Bien ! Plusieurs choses ? Des limites ?
Elle a haussé les épaules avec une petite moue complice.
— Bien ! Uniquement des dessous ou des vêtements aussi ?
— Des dessous …
— D’accord ! Ceux-ci vous plaisent ? On les met de côté ?
— Oui …
— Bien ! enlevez-les, alors ! je vais vous proposer d’autres choses !
Elle a hésité quelques secondes, en me guettant dans le miroir. J’ai dégrafé son soutien-gorge dans son dos au moment où elle se penchait pour faire glisser le string à ses pieds, me laissant ensuite faire descendre les bretelles le long de ses bras, résistant à l’envie de soulever ses seins aux tétons dressés.
Je lui ai fait passer deux bustiers, un trop grand, un trop petit, une nuisette avec un petit shorty assorti, une guêpière noire en maille fine soulignée de parements roses, qui finissait en pointe sous son nombril et dont j’ai fermé les agrafes dans son dos. J’étais à ses pieds pour y fixer les jarretelles amovibles et lui enfiler des bas. Elle se tenait d’une main sur mon épaule pour garder l’équilibre et je sentais mes cheveux effleurer son ventre et se mêler à sa toison ébouriffée. C’est tout exprès que je ne lui avais passé un slip qu’à la toute fin.
Etait-elle encore dupe de mes attentions ? Plus à ce moment-là … elle savait. Elle ne me repoussait pas, se laissait faire, les joues rouges et un petit sourire aux lèvres, un éclair dans les yeux qui disait « je sais, j’aime bien ».
Les meilleures choses ont une fin … il fallait arrêter. Je suis allée dans la cabine où elle s’était déshabillée et lui ai tendu son pull et sa jupe, ses collants, son soutien-gorge et ses chaussures. Je l’ai regardée se rhabiller devant le rideau qui était resté ouvert tout au long de ses essayages.
Elle savait ? Bien sûr elle savait ! Comment aurait-elle pu oublier qu’elle était arrivée avec une culotte et que je ne la lui avais pas rendue !
Elle a froncé les sourcils quand je lui ai donné son collant tout à la fin, m’a regardé en se mordant la lèvre inférieure et a eu un drôle de sourire avant d’enfiler son collant.
— On reviendra ce soir … ça fait combien, pour tout ça ?
— Aucune idée… Je mets tout de côté, et vous déciderez. A ce soir !

Armelle, derrière sa caisse, a trouvé que j’avais pris beaucoup de temps pour une cliente qui partait les mains vides, mais quand elle a vu les articles et a su qu’elle reviendrait les chercher dans la soirée, elle a retrouvé un air plus avenant.

Ils sont venus vers 17h00. Elle qui paraissait toujours aussi timide, et lui … franchement pas mal ! La quarantaine, soigné … un beau mec, vraiment ! Il voulait tout voir, et tout voir sur elle !
Il se tenait bras croisés appuyé d’une épaule contre la séparation entre deux cabines en face de celle où j’avais conduit la jeune-femme et dont j’ai laissé le rideau ouvert en partant chercher les articles réservés le matin.
A mon retour, aucun des deux n’avait bougé : lui toujours adossé à la cloison, bras croisés, et elle plantée au milieu de la cabine, n’ayant enlevé que ses chaussures à talons et qui me regardait d’un regard clair :
— Je n’arrive pas à défaire ma robe …
— Ah ! Ne bougez pas, je vous aide !
Ne sachant où les poser, j’ai tendu les articles à son compagnon :
— Vous voulez bien les tenir, s’il vous plaît ?
Il a tendu un bras sur lequel j’ai disposé string et soutien-gorge, la guêpière et le slip assorti, les bas, une nuisette et son shorty. Pendant que je disposais tous les sous-vêtements sur son bras, il ne me quittait pas des yeux, les lèvres à peine étirées d’un sourire.
— Vous choisirez dans quel ordre vous souhaitez les voir sur mademoiselle ?
— Je vous laisse décider … vous les lui passerez, n’est-ce pas ?

Que je les lui passe … qu’entendait-il exactement par là ? Son ton contenait une invitation … Il me regardait toujours sans ciller, levant les sourcils en même temps que son sourire s’élargissait. Un défi ? Etait-ce vraiment ça ? Eh bien pourquoi pas …

Je l’ai déshabillée pour lui, lentement. Sa robe d’abord puis son collant en glissant mes mains dessous autour de ses hanches et de ses cuisses, sa petite culotte ensuite en prenant mon temps, son soutien-gorge à la fin. Elle se laissait faire. Je croisais souvent le regard de l’homme qui a approuvé l’effeuillage d’un signe de tête.
Sur son bras j’ai choisi en premier le string noir. Accroupie derrière la jeune-femme, je le lui ai enfilé et me suis redressée pour l’ajuster sur ses hanches et sur ses reins.
J’oserais ? Pourquoi pas … Il ne me quittait pas des yeux, moi, regardait à peine sa compagne. Debout derrière elle, j’ai écarté ses bras du corps et passé les miens dessous autour d’elle. J’ai glissé les deux index sous le fin cordon du string sur ses hanches et je suis descendue lentement en suivant le pli de l’aine, jusque très profondément entre ses jambes qu’elle a écarté en pliant les genoux, puis comme le matin j’ai écarté la taille sur son ventre d’une main pour de l’autre étirer sa toison pubienne au-dessus de la taille, faisant bouffer les poils soyeux de deux doigts en relâchant l’élastique du string. Pas un instant je ne quittais des yeux l’homme qui se tenait immobile face à nous, dont les yeux n’abandonnaient les miens que très brièvement pour suivre mes mains. Il a marqué son approbation à la fin d’un très bref hochement de tête.
La jeune-femme se laissait faire, s’abandonnait totalement, et je sentais la chaleur de ses fesses appuyées contre mes cuisses.
Le provoquer, lui, encore ? Oh oui ! Je voulais une réaction de sa part, fissurer un peu ce calme glacé et distant.
Elle ? Je savais, depuis le matin, qu’elle se laisserait faire sans protester, je la sentais trembler puis s’alourdir contre moi ; j’avais vu dans le miroir de la cabine d’en face ses lèvres se pincer, et un petit bout de langue rose humidifier très vite ses lèvres quand j’avais glissé mes doigts sous le string entre ses jambes.
Je suis allée prendre sur le bras tendu le soutien-gorge assorti et l’ai enfilé sur les bras complaisamment tendus et avant de remonter les bretelles sur les épaules, j’ai pris ses seins au creux de mes deux mains pour les soulever, puis ses deux tétons pour les faire bander en les roulant entre pouces et index. Ils ont durcis, plus qu’ils ne l’étaient déjà, étirés et pincés entre mes doigts. La jeune-femme inclinait la tête en arrière, ses cheveux contre ma joue et enfin j’ai vu son compagnon réagir, lui aussi humidifiait ses lèvres et j’ai vu sa glotte faire quelques allers-retours sur sa gorge.
Il n’était donc pas de glace ! Je regrettais que la guêpière qu’il portait sur le bras m’empêche de voir si sous sa ceinture une manifestation plus évidente serait visible.
Moi ? Depuis le tout début je sentais mes seins durcir, et je ressentais maintenant des pointes de contractions et une douce chaleur au creux de mon ventre.

Trois fois je l’ai déshabillée puis rhabillée. Trois fois j’ai caressé sa peau et ses seins, pour lui, pour elle. Et pour moi, pour moi aussi.
Lui ne bougeait pas, ne trahissait pas son excitation au spectacle que nous lui offrions ; nous, parce qu’à l’évidence la jeune-femme s’offrait à lui en s’abandonnant à mes mains sur sa peu chaude tout autant que moi je lui offrais mes gestes et mes caresses sur la peau nue de son amie.

Je venais de refermer les agrafes de la guêpière dans le dos de la jeune-femme quand il s’est avancé vers la cabine dont il a tiré le rideau dans son dos : notre apprentie, Mélanie, conduisait une dame et sa fille vers les cabines pour un essayage.
Les circonstances … rien n’était provoqué, rien ne serait allé plus loin que ce lent jeu d’exhibition sans l’arrivée de ces clientes. J’ai reculé jusqu’au fond de la cabine en attirant la jeune-femme avec moi pour laisser suffisamment d’espace à son compagnon.
Elle était tout contre moi et depuis 30 minutes que ce jeu durait, la tension était trop forte ; je l’ai embrassée. Pas une bise posée comme le matin sur son épaule. Un baiser, un vrai. Un baiser qu’elle a partagé, de ses lèvres ouvertes sous les miennes et de nos langues gourmandes.
Qu’il était bon ce baiser et comme elle était sérieuse quand je me suis écartée ! Je l’ai retournée dans mes bras pour la placer face à lui, qui souriait et encore une fois me regardait moi et pas elle, qui avait une étincelle dans les yeux que je ne savais comment décoder : amusement ? triomphe ? défi ? provocation ?
A tous ces jeux-là, je savais jouer aussi …

Je me suis penchée vers la jeune-femme en écartant ses cheveux du nez pour l’embrasser là, au creux du cou où la peau est chaude et douce, et de mes deux mains ensuite, sans un mot, j’ai appuyé sur ses épaules pour la faire s’agenouiller.
Juste devant ses yeux, en tendant les bras, j’ai écarté les pans de sa veste de costume et dégrafé la ceinture du pantalon que j’ai déboutonné à la taille avant de baisser la fermeture éclair de la braguette.
Il tenait toujours sur un bras l’ensemble des sous-vêtements essayés plus tôt et gardait son deuxième bras pendant, immobile. Depuis que j’avais fait s’agenouiller la jeune-femme devant lui, nos regards ne s’étaient pas quittés une seconde. J’avais écarté les mains de son amie qui montaient vers lui pour m’aider à le dégrafer et quand le pantalon est tombé par petites saccades sur ses chevilles, j’ai roulé sa chemise sur elle-même au-dessus de son nombril, caressant du dos de la main la toison brune sur son ventre en descendant vers le boxer blanc qu’il portait, dont j’ai étiré la taille de la main gauche pour plonger la droite à l’intérieur et prendre sa verge à pleine main, descendre encore en étirant le boxer un peu plus pour soupeser ses testicules chaudes dans ma main et les faire rouler un instant, lui arrachant enfin une réaction, un léger, très léger froncement de sourcils, vite effacé et suivi d’un sourire …
… dans la cabine d’à côté, une dame demandait à Mélanie de lui amener la taille au-dessus … et moi, un sourire est monté à mes lèvres à les entendre : la taille de ce que j’avais en main me convenait bien …
… pendant que je baissais à deux mains le boxer sur les cuisses de l’homme et que je reprenais son sexe bandé dans ma main droite pour le plier à l’horizontale en le décalottant sans ménagement de deux va-et vient profonds.
Je serrais fort mes doigts à la base au contact de son ventre dur et de la main gauche j’ai saisi sa cravate pour l’attirer vers sa compagne dont je poussais la tête de mon ventre vers lui.
Pour la première fois depuis qu’ils étaient arrivés, l’homme a un instant fermé les yeux, et ne me regardait plus moi quand il les a ouverts à nouveau. Comme moi, il regardait son sexe glisser entre les lèvres de la jeune-femme agenouillée devant lui et qui se tenait des deux mains appuyées sur ses cuisses.
J’ai rejeté la cravate sur l’épaule de l’homme et retiré la main de son sexe sur laquelle venait buter les lèvres étirées de la jeune-femme, dont j’ai caressé une joue creusée et relevé les cheveux avant de prendre l’homme par les hanches pour imprimer mon rythme à la fellation, de mes mains sur lui et de mon ventre sur la tête de sa compagne, l’amenant jusqu’à noyer son nez dans la toison drue au-dessus de la verge, ne relâchant ma pression qu’à la sienne exercée sur mon ventre pour échapper à l’envahissement de sa gorge et aux haut-le-cœur qui la prenaient.
Je surveillais le visage de l’homme, ses mâchoires contractées et ses dents serrées ; je guettais la montée du plaisir aux froncements de ses lèvres et aux palpitations de ses narines ; j’ai lu sur ses traits l’instant exact où il a éjaculé dans la bouche que je poussais vers lui.
Elle l’a gardé longtemps dans sa bouche après que je l’ai libérée de la pression de mon ventre, puis a remonté son boxer et son pantalon en rentrant dedans les pans de sa chemise. Elle a refermé la braguette et bouclé la ceinture. Il a quitté la cabine après un long regard échangé avec moi.

J’ai aidé la jeune-femme à se relever et j’ai défait les agrafes de la guêpière dans son dos avant qu’elle ne se retourne vers moi. Elle avait un grand sourire et les yeux pleins de larmes. Sa bouche avait le goût à la fois épicé et fade du sperme quand je l’ai embrassée pour la deuxième fois.
J’ai retiré de la poche de mon gilet de laine la petite culotte blanche que j’avais gardée le matin pour lui en essuyer la bouche et le menton et pour la première fois elle a ri avant de me prendre dans ses bras et de m’embrasser à son tour très tendrement.

C’est moi qui l’ai rhabillée. Elle peignait mes cheveux de ses doigts quand agenouillée à ses pieds j’ai effacé avec sa culotte sur le haut de ses cuisses et sur sa toison les traces collantes et blanchâtres de son désir de femme qui inondait mes narines d’un parfum merveilleux.
— Vous me la rendez ?
— Non, je la garde … je vous la rendrai une autre fois … peut-être.
— D’accord. Une autre fois.

En la raccompagnant à la caisse, j’ai vu que son compagnon avait ajouté la veste kimono en satin assortie à la nuisette et au shorty, un string et un soutien-gorge rouges identiques à l’ensemble noir que j’avais choisi pour elle le matin. Armelle avait un grand sourire en lui rendant sa carte bleue et le ticket de débit.
Sur le pas de la porte où je les ai accompagnés l’homme m’a tendu une carte de visite :
— Venez dîner ce soir, je vous en prie.
Sur la carte : Marc et Joanne D… , une adresse et un numéro de téléphone.

Luc ? Des scrupules vis-à vis de lui ? Pas le moindre !
J’avais pris une douche après avoir trouvé un message sur le poste fixe : « je rentre tard, Sylvain et Fred doivent passer, fais-les patienter, bye ».
Faire patienter ses copains ? Et puis quoi, encore !

Je me suis choisi de jolis dessous, blancs, qui feraient contraste avec ceux de Joanne, parce que je n’imaginais pas qu’en allant chez eux je garderais le pantalon et le chemisier que j’avais enfilés par-dessus toute la soirée, et à vrai dire, j’espérais même m’en débarrasser assez vite !

C’est Marc qui est venu ouvrir et m’a accueillie d’une bise sur la joue en pressant doucement de ses doigts la main que je lui tendais :
— Bonsoir, Nathalie. Ravi que vous soyez venue.
A mon interrogation muette, il a eu le premier vrai sourire que je lui aie vu :
— Votre prénom ? La dame à la caisse … Joanne se prépare. Allez donc la rejoindre pendant que je nous prépare un verre. Au fond à droite …

Il avait décidé de nous laisser du temps, ce n’est qu’après longtemps qu'il nous a rejointes et nous a tendu une coupe de Champagne à chacune.

Les rôles avaient été inversés. Joanne portait un robe fourreau noire et apportait une dernière touche à son maquillage quand j’ai poussé la porte de la chambre au fond du couloir et après une bise légère sur mes lèvres et un grand sourire, sans un mot, elle a déboutonné mon chemisier puis m’a enlevé mes chaussures et mon pantalon.
Ce début me convenait à merveille.
Mes dessous ? Ils ont vite disparus eux aussi.

Bien sûr, je pourrais vous raconter cette première nuit, ou celles qui ont suivi … mais je vous ai déjà retenus bien longtemps …

J’aime l’amour des hommes et l’amour des femmes. Pour la première fois, cette première nuit, j’ai goûté aux deux en même temps.

C’est … que vous dire ? Je n’ai pas les mots … essayez !

Misa – 01/2014

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