32 Thibault - Final

suite à incident technique, voici le final de l'épisode de Thibault


Tu le sais, Thibault, il a des gars qui ont un truc, une façon de regarder qui fait qu’on a envie de les regarder aussi… ça t’est arrivé à toi aussi de te faire mater… au taf, en boite… une fois t’as même du refuser du rentre dedans plutôt cash… t’avais même trouvé que le mec n’était pas mal et en plus il savait s’y prendre… il était charmant… ça avait été dur pour toi de lui dire que tu n’étais pas intéressé… alors, si ces trucs là t’arrivent à toi, ils doivent arriver dix fois plus à Jé-Jé… toutes les nanas sont folles de lui… alors les homos…
Eh oui, Thibault, il faut bien admettre que de mater les mecs… parfois ça réveille des trucs… est-ce bien que de la curiosité ce truc qui se passe dans ta tête quand tu ressens cette sensation de bien être et de douceur en regardant les potes rigoler entre eux, se dessaper dans les vestiaires, faire les cons, nus sous les douches… ce sont des potes, tu es bien avec eux… ce sont des potes marrants, ils sont cool… mais tu te surprends bien souvent à être admiratif devant leur nudité, devant leur aisance, devant leur beauté…
C’est vrai, c’est beau le corps d’un garçon… on ne peut pas dire le contraire… tu aimes les regarder, respirer, t’imprégner de cette ambiance chargée de testostérone propre aux vestiaires, mais jamais tu ne pourrais passer à l’acte, n’est-ce pas Thibault ? Jamais tu ne pourrais faire des trucs avec un mec… jamais… jamais ou bien… sauf si c’était avec lui… juste un ti truc, histoire de se souvenir de ce bon moment sous la tente il y a six ans déjà, ce moment que tu n’as jamais pu oublier…

[Août 1995. On reste en silence à coté du copain qui nous a fait ce plaisir... on sent qu’il est en train de se branler à son tour et alors on ne peut pas se priver de lui rendre la pareille... on allonge la main, on rencontre la sienne, elle laisse la place et on continue de branler le sexe de ce pote qui nous a fait ce cadeau en premier.

.. on le sent jouir dans notre main et on est contents de l’entendre haleter de plaisir.
A treize ans, l’excitation est si forte, la sensation de découvrir son propre corps si prenante que l’on recommence une, deux fois dans la même nuit... le sommeil est entrecoupé de plaisirs inattendus...
Ensuite le matin arrive, trop tôt, le soleil est haut dans le ciel quand on décide enfin de se lever. On ne reparlera plus jamais de ce qui s’est passé cette nuit là et on ne recommencera plus jamais ce même manège. On est un peu gênés au début, on n’ose pas trop se regarder dans les yeux, mais on retournera rapidement à la vie de tous les jours et on reprendra l’amitié là où on l’avait laissée avant cette parenthèse fermée, avant cette folle nuit hors du temps…].

Eh oui, Thibault, il faut bien avouer que Jérémie te fait bien plus d’effet que quiconque… depuis toujours… c’est le seul mec qui te fait cet effet là… combien de souvenirs de ton Jé-Jé, de ces instants d’éternité ou tout semble possible…

[Septembre 2000. Souvenir d’un soir d’entraînement de rugby, d’être resté pour faire de la muscu dans la salle à côté des vestiaires… souvenir d’avoir traîné assez longtemps pour que l’on soit que tous les deux… souvenir d’avoir passé de longues minutes à regarder Jé-Jé faire des haltères et puis des exercices pour muscler le dos, les abdos…
Et puis avoir attendu avec impatience le moment de prendre une douche rien que tous les deux… avoir eu envie de le voir poser son t-shirt, son short, envie de le voir nu… sentir l’effet que ça fait de le voir tout près, à poil, sous la douche, les peaux si proches, s’effleurant par moments, essayer de penser à autre chose, sans pouvoir, sentir la trique venir toute seule; se retourner en catastrophe, gêné, fermer l’eau chaude et laisser le jet glacial fouetter la peau pour essayer de se calmer… alors qu’on ressent une envie de dingue de serrer son corps contre le sien, l’envie de toucher à nouveau, après tant de temps, cette queue jamais oubliée et qui hante bien des rêves… envie de lui faire plaisir… envie à en crever, envie impossible… envie tellement pressante, tellement obsédante qu’on se dit à un instant : j’y vais, je vais y aller, je vais le caresser, il ne peut pas refuser, juste une branlette.
.. le cœur qui cogne dans la poitrine, la tête qui semble devoir exploser…
Envie impérieuse, grandissante à l’extrême, envie qui semble pouvoir tout rendre possible, comme si en raison de sa puissance elle pouvait devenir contagieuse et se transmettre à lui à l’instant… envie déchirante, et si vite rattrapée par la déception soudaine, lorsque on entend le robinet qui se ferme, quand on voit son corps ruisselant d’eau s’éloigner avec cette démarche assurée qui est la sienne depuis bien longtemps déjà… tristesse et désillusion quand on réalise que l’instant est passé… quand on se rend compte qu’un instant plus tôt, alors que tout était encore possible, on avait estimé que ce n’était pas le moment, alors qu’un instant plus tard, maintenant, sans crier gare, ce n’est déjà plus le moment…
… rester alors sous la douche, hagard, dépité, et le regarder en train de s’essuyer, reluquer sa queue apparaître et disparaître au gré des passages de la serviette sur son anatomie parfaite…
... respirer un bon coup avant de fermer l’eau à son tour, avant de sortir de la douche, grelottant, la queue toujours raide… avoir honte de s’approcher pour chercher la serviette, honte de lui montrer cette putain de trique qui ne tombe pas, alors qu’il a déjà passé son jean et que, torse nu, son t-shirt dans les mains, beau comme un Dieu, il pose son regard exactement là où on ne voudrait pas qu’il le pose… se sentir gêné comme jamais, embarrassé devant son petit sourire narquois, troublé d’entendre sa réflexion pas gênée du tout, elle : « Dis donc, c’est l’effet de la douche, ça ? »...
... avoir envie de lui balancer à la figure… putain, Jé-Jé, non ça c’est juste l’ « effet douche avec toi » !!! Mais sentir la honte plus forte que le courage d’assumer ses envies… faire semblant de sourire de sa blague, mais se sentir frustré, déçu, s’en vouloir à mort, sentir en soi un sentiment lancinant de défaite qui fait mal au ventre…
« Souvenir de m’être branlé une fois rentré chez moi en pensant à Jé-Jé me matant sortir de la douche, la queue tendue, avec son petit sourire en coin, avec cette étincelle canaille »… ].


[Janvier 2001. Une autre soir, tard dans la nuit, se retrouver tous les deux chez moi après une virée en boite, parler rugby, boire une bière, rigoler, boire une autre bière, refaire le monde, boire une troisième bière… parler nana, parler cul… espérer trouver le moyen, envisager quelque chose, ne pas oser l’exprimer… avoir honte rien que d’y avoir pensé… espérer qu’il me tende une perche… qu’il m’offre une occasion… parler pendant des heures en espérant que le bon moment se présente… chercher les yeux de Jé-Jé, chercher à y lire un ressenti semblable au mien… et puis fuir son regard quand il semble accrocher mon désir et lui laisser une ouverture…
Oui, il y a des moments où il me semble de lire un truc dans son regard, comme une invitation… au fond de moi, je me dis que je n’ai qu’a sourire à mon tour et à me laisser aller… mais à chaque fois qu’une occasion du genre s’est présentée, voilà, je n’ai pas eu le cran… à chaque fois j’ai baissé mon regard, j’ai sorti une connerie, j’ai lancé un sujet sans importance, j’ai fait le clown, j’ai volontairement raté le coche, ignoré l’instant, fui mon désir, son désir ? Notre désir ?…
Je connais Jé-Jé, je sais qu’il est bien trop fier pour faire ce genre de pas… pourtant il a bien du voir ce truc dans mon regard… s’il a vu, il fait mine de rien… il est ainsi fait ainsi mon Jé-Jé… alors, il n’y a que moi qui puisse débloquer la situation, prendre le courage à deux mains et faire arriver ce dont on a peut-être envie tous les deux…
En plus il y a entre nous un putain de feeling… il est de ces moments où il y a une espèce de tension, une telle complicité, une telle perfection de l’instant, une entente, une magie… je sens nos jeunesses se frôler, nos amitiés se frotter l’un à l’autre en faisant des étincelles… il n’y a pas de mots pour ça, c’est un ressenti épidermique, je suis bien avec lui, je me sens vivre avec lui, je sens qu’il est bien avec moi, qu’il m’apprécie, qu’il y a un truc qui se passe… c’est vrai, on se comprend, on s’entend pour tout… pour tout sauf que pour ça… pourtant je crois vraiment qu’on en a envie tous les deux, mais c’est comme si tous les deux on avait peur de gâcher la perfection de notre amitié en passant à l’acte… comme si en passant à l’acte plus rien après ne pouvait plus être comme avant…
Pourtant le désir est toujours là, dans ma tête : j’essaie alors de l’évacuer autrement, en vain, en restant avec lui pendant des heures, en rigolant… au fil de la nuit, se retrouver à vivre un de ces moments que je ne connais que trop bien, ces moments où l’on sent venir une bonne dynamique de franche rigolade, d’intimité, comme de promiscuité… une conversation cul qui arrive de nulle part et semble aller dans le bon sens… des instants qui se prolongent, durent et donnent l’impression que oui, tout est possible, que c’est possible, qu’il SE passe un truc, qu’il VA se passer un truc… Et puis, un détail, un mot et patatras, tout s’écroule…
Faut que je rentre…
Quatre mots et toute la magie a disparu d’un coup, un seul.
Je lui souris et je lui souhaite la bonne nuit. Rentre bien…
Et patatras…
Tu sais Thibault que tu es le seul à pouvoir faire le premier pas, mais tu as laissé passer tellement d’occasions… si connement… toujours fui l’instant présent t’en remettant aux espoirs encore intacts de celui qui viendra dans une meilleure occasion, demain sûrement. C’est con d’attendre de demain ce que aujourd’hui pourrait nous amener. C’est con mais c’est ce qu’on fait souvent, lorsque on n’ose pas assumer nos envies. Par peur, par crainte. C’est con… surtout qu’il n’y aura peut-être pas toujours un demain… la vie change si vite et au gré des rencontres, les envies peuvent changer et les occasions de les assouvir aussi…
Tristesse et désillusion quand on réalise que l’instant est passé…].

[Août 2000. Dans la tête de Thibault, voilà l’image d’un soir de l’été d’avant, bien avant le début de ces putains de révisions avec Nico, quand Jérém était encore le Jé-Jé qu’il connaissait, « son Jé-Jé à lui », un soir où l’alcool était joyeux, à point pour faire tomber quelques barrières et suffisant pour adoucir les mœurs.
Ce soir là ils s’étaient retrouvés tous les deux sur ce même lit dans lequel il lui était si difficile à présent de trouver le sommeil : il faisait tellement chaud qu’ils s’étaient mis torse nu en arrivant, avant d’ouvrir des bières bien fraîches qu’ils étaient en train de boire, allongés l’un à cote de l’autre…
Ca tapait la discute autour de tout et de rien, la conversation n’étant que prétexte pour faire durer cet instant entre potes…
La nuit d’été était chaude, et il n’y avait pas que la nuit qui l’était… des images torrides se bousculaient dans la tête de Thibault… envie de lui, envie de sentir son torse sur le sien, sa peau contre la sienne… son parfum de mec aux effets ravageurs… alors, une fois la bière avalée, trouver un prétexte quelconque pour faire le con, pour se jeter sur lui, pour le chatouiller, pour passer sa main sur son dos, sur ses épaules, frôler sa braguette et sentir son paquet à travers le jean… un pur fantasme que de sentir son corps musclé contre le sien… Thibault se retrouve allongé sur Jérémie, torse contre torse, la tête penchée sur la sienne… les yeux dans les siens… il lui sourit et il continue à parler et à déconner pour que cette situation ambiguë ne tape pas trop dans l’œil de son pote et que ça ne lui donne pas l’envie de s’y soustraire ; parler pour ne pas se laisser gagner par ses fantasmes… parler encore et encore pour ne pas céder à la tentation insupportable de l’embrasser… lui sortir une connerie, tenter de sonder le terrain en le flattant…
J’aimerais avoir la moitié de la cote que t’as toi avec les filles…
T’en as autant que moi, mais tu as peur d’aller les voir…
Je n’ai pas l’impression qu’elles s’intéressent à moi plus que ça…
Je te dis que si…
Pas sûr…
Ne sois pas bête, tu sais que tu es beau garçon, tu plais…
C’est toi qui plais, Jé-Jé… t’as vu comme tu es foutu… comme t’es beau… toutes les nanas ont envie de toi…
De toi aussi, faut juste que tu aies un peu plus de confiance en toi…
Se sentant pousser des ailes, le joint qu’ils avaient partagé en arrivant à la chambre faisant son effet, Thibault avait au cette phrase qu’il avait regrettée presque instantanément :
Moi si j’étais une nana, je préférerais coucher avec un mec comme toi qu’avec un mec comme moi…
Un silence gêné s’en était suivi. Thibault avait croisé un regard troublé sur le visage de Jérémie, juste avant qu’il ne détourne les yeux, alors qu’un seul petit sourire de la part de Jé-Jé ça aurait été pour lui le feu vert pour aller plus loin… Jérémie n’avait pas saisi son désir et s’il l’avait deviné il n’avait pas souhaité faire un pas vers lui…
Thibault se sentait désormais super gêné de se trouver toujours sur lui, torse contre torse, bassin contre bassin, braguette contre braguette… plus tard, il repassera mille fois cette scène dans sa tête, en se disant à chaque fois qu’il avait laissé passer le bon moment, comme un con… il aurait voulu revenir en arrière pour avoir le cran de porter une main sur la braguette de son pote qu’il avait senti bander sous son jean, contre son propre jean… au lieu de quoi, par crainte, il avait reculé, il avait reculé alors que c’était gagné… il avait rigolé comme un idiot, il avait chatouillé son pote pour détendre l’ambiance et il s’était laissé glisser sur le flanc, se retrouvant à nouveau allongé sur le lit, à côté de Jérémie…
Il aurait suffit qu’il ose lui ouvrir la braguette, saisir sa queue comme cette nuit sous la tente, rien de plus, ils auraient certainement passé tout les deux un super moment… et le faire jouir n’aurait été qu’un pas de plus pour lui montrer à quel point… à quel point… à quel point… quoi ? A quel point son amitié était… forte ?].

Dimanche matin, juin 2001, 4h52. Thibault n’arrive pas à trouver le sommeil et il n’a cesse de penser à Jé-Jé en train de s’envoyer en l’air, de l’imaginer en train de prendre son pied avec Nico. La chance, ce petit Nico… la chance et le bonheur de sentir son corps musclé contre le sien... le contact de sa peau mate et chaude… la chance de voir ce beau garçon en train de jouir… il est jaloux, il est frustré mais au même temps il trouve ça extrêmement excitant... il l’imagine bien son Jé-Jé en train de se faire sucer ou en train de coulisser entre les fesses de Nico, ce petit Nico qui, faut bien l’admettre, possède quand même un charme bien à lui…
Ils doivent être bien ensemble… Nico est homo, un vrai mec qui aime les mecs et qui s’assume… il doit lui faire des trucs que je n’oserais pas lui faire ou qu’il ne saurait pas accepter de moi, qui a été son meilleur pote… est-ce que Jé-Jé fait toujours… le mec ? A priori, on pourrait penser qu’un garçon aussi viril ne peut que faire le mec… à moins que… chercherait-t-il peut-être à assouvir un fantasme que seul un mec peut lui faire vivre ?
Au final, en étant vraiment honnête, est-ce bien vrai que le coup de Jérém cherchant la compagnie d’un garçon dans son lit, il ne l’avait pas vu venir ? Est-ce que plutôt il n’avait juste pas voulu le voir venir ?
Il avait fallu qu’un petit Nico surgisse dans la vie de son pote pour que certains signes avant coureurs lui sautent aux yeux, alors que sur le moment il était passé à coté de tout cela… dès lors, voilà que les regards de Jérém posés sur certaines nudités dans les vestiaires, à l’origine passés inaperçus par le fait de sa conviction que Jérém était un mec 100% à nana, prenaient aux yeux de Thibault une nouvelle dimension.
Creuser un peu et retrouver dans la mémoire certains de ses regards dans les vestiaires ou sous la douche… et encore plus flagrant, des regards de certains potes sur son Jé-Jé… avoir parfois capté des échanges fuyants, flottants, des regards qui décrochent à l’instant même où ils se rencontrent, des regards qui ne s’avouent pas, qui sont là, qui disparaissent, qui reviennent, des regards gênés, regards appuyés, regards gênants quand ils se font un peu insistants, regards qui manquent quand ils cessent, regards sur Julien et sur d’autres gars, regards troublés par les nudités qui apparaissent et disparaissent au gré du passage d’une serviette… regards sur lui, parfois… souvenir de s’être branlé une fois dans les chiottes des vestiaires en pensant à Jé-Jé le matant sous la douche avec son petit sourire en coin, avec cette étincelle canaille… sacré fripon de pote ! ».
« Mais oui, oui, oui… oui, il matait… mais comment je ne me suis pas rendu compte avant que Jé-Jé était sensible à tout ça… les corps nus, les muscles chauds, les odeurs de douche mélangées aux odeurs de peaux masculines… l’excitation des corps qui se frôlent… qui se caressent du regard, alors que l’imagination est vive… le corps est faible… alors qu’un garçon de notre âge a toujours envie… alors que l’excitation toujours présente et que la promiscuité adoucit les mœurs dans l’ambiance moite d’un vestiaire de rugby après le match »…
Tant qu’il avait été persuadé que Jérém n’était qu’un mec à filles, ses désirs étaient restés enfouis dans le domaine de l’irréalisable : Jérém 100% hétéro avait de quoi décourager toutes des envies de rapprochement au delà de la plus stricte amitié virile… mais maintenant qu’il savait que son meilleur pote était ouvert à d’autres horizons sexuels, il ne pouvait pas s’empêcher de se demander pourquoi Jérém n’avait pas pensé à lui pour essayer un truc entre mecs, alors qu’il pouvait bien se douter que s’il s’était fait laisser faire une fois, il y avait de fortes chances pour qu’il soit d’accord pour recommencer…

[Août 1995. A treize ans, l’excitation est si forte, la sensation de découvrir son propre corps si prenante que l’on recommence une, deux fois dans la même nuit... le sommeil est entrecoupé de plaisirs inattendus...
Thibault ne pourra jamais oublier ce soir là quand, au delà de ses espoirs les plus fous, Jérémie avait allongé en premier sa main dans le noir pour la poser sur sa queue et commencer à le branler délicatement en l’amenant tout doucement vers sa première jouissance à deux]…

Est-ce qu’il repense parfois à cette nuit lointaine quand il couche avec Nico ? Comment Jérém a vécu cela ? On n’en a jamais reparlé… jamais, pas un mot, pas une allusion… j’ai cru que Jérém en avait honte ou pire que ça ne signifiait rien pour lui, alors j’ai essayé de faire comme si elle n’avait jamais existée… je n’en ai jamais parlé à personne, mais j’y ai repensé mille et mille fois… en me disant que je n’ai jamais pris autant mon pied que lors de cette branlette sous la tente… et ce n’était qu’une simple branlette…
Est-ce que il s’en souvient seulement ? Avec toutes les coucheries qu’il a connues, il a du certainement oublier tout ça, alors que moi je n’ai jamais pu oublier cette nuit… cette nuit qui a bel et bien existée malgré mes efforts pour l’oublier, pour faire comme s’il ne s’était rien passé…
Décidemment, ce petit Nico avait bousculé sur son passage pas mal de choses autour de lui… alors, comment faire face au changement de son pote ? Comment ne pas en être affecté ? Déjà que c’était pour lui une de voir toutes ces nanas qui lui tournaient autour… déjà que, en étant enfin honnête avec lui-même, il fallait bien reconnaître qu’il avait été souvent si jaloux des aventures de Jérém… jaloux au point de se poser la question s’il l’était davantage de son succès inouï avec les nanas ou s’il n’était pas plutôt jaloux de la nana elle-même qui avait la chance de partager l’intimité de son beau Jérém, une nana pour qui son pote n’aurait été qu’un coup parmi d’autres alors que pour lui il représentait le seul mec avec qui il avait envie de cajoler et de faire jouir?
Oui, déjà que c’était pour lui une de voir toutes ces nanas qui lui tournent autour… depuis quelques semaines, depuis qu’il sait que Jérém couche avec Nico, Thibault a remarqué qu’il n’y a pas que les nanas qui matent Jérém en boite de nuit… il y a bien de garçons qui pourraient tenter leur chance si un jour il devait se montrer à peine un peu réceptif à leurs charmes…
Ainsi, voilà que la jalousie résignée qu’il éprouvait à l’égard de ses aventures avec des nanas, se transformait en une véritable jalousie maladive en imaginant Jérém avec Nico ou un autre garçon… avec combien de garçons a-t-il couché ? Quand ? Où ? Comment ? Est-ce qu’il a pris son pied ?
Comment a-t-il pu ne pas remarquer toutes ces fins de soirée où j’ai été à deux doigts de lui montrer ce que je ressentais… toutes ces fois où j’ai renoncé de justesse, meurtri par cette terrible frustration endurée au nom de cette putain d’amitié… c’est quoi donc cette foutue amitié qui empêche deux garçons qui s’aiment d’un amour pur de s’unir dans un lit dans un plaisir sexuel intense ?
On se connaît si bien, on est si complices… je saurais comment lui faire plaisir, c’est sur, je l’aime trop, on s’aime trop, il n’y a pas de doute qu’on saurait être bien ensemble sans besoin de jouer le rôle de mâle rassurant comme avec une nana. Il me semble que la tendresse entre mecs doit être si reposante… qu’elle doit arriver quand on en a besoin, qu’elle est là sans demander de grandes promesses… qu’elle doit avoir ce petit goût défendu qui rend la vie excitante… qu’elle doit ressembler à la beauté de la liberté… oui, ça doit être beau et troublant que de caresser un garçon… J’aurais eu mille occasions pour faire arriver des choses… et maintenant… maintenant ça en est peut-être fini de ces moments de complicité, ces moments d’ambiguïté où l’espace d’un instant tout parait possible… depuis quelques mois, depuis qu’il voit Nico, Jé-Jé n’est plus tout à fait le même… parfois il part vite après les entraînements pour le rejoindre… putain de révisions… depuis qu’il voit Nico, finis ses regards qui traînent dans les vestiaires, sous la douche, sur la nudité des potes, sur ma nudité… dans les vestiaires, il a l’air comme mal à l’aise… ses douches sont bien plus courtes qu’auparavant, son regard perdu dans le vide, sa nudité vite rangée sous une serviette, fini le mec capable de commencer un débriefe de match en sortant de la douche pendant qu’il s’essuyait longuement… désormais l’attirail est vite rangé… comme s’il était moins à l’aise avec sa nudité, avec la promiscuité avec d’autres garçons…
Est-ce à cause du malaise qu’il doit ressentir vis-à-vis de sa nouvelle vie, une vie qui ne doit pas être facile à assumer ? Ca doit être difficile pour lui désormais de regarder un garçon nu, comme s’il se sentait coupable et qu’il avait peur de se trahir, peur qu’on devine ce truc qui est en train de se révéler en lui… quand on se sent coupable, on a l’impression que tous les regards nous accusent… alors on essaie de tenir une conduite exemplaire, une conduite qu’on croit capable d’éloigner tout soupçon de nous, une conduite qui ne nous ressemble pas, une conduite qui, en essayant de ne pas se faire remarquer, finit par obtenir l’effet exactement inverse…
Ça te rend dingue, Thibault, que ton pote Jérémie se tape un mec… et puis… si ce n’était qu’un coup d’un soir, sur un malentendu, après une cuite… non… ça fait des semaines, des mois que ça dure… pourquoi lui ? Pourquoi il n’a pas vu à quel point tu avais envie de ça ?
De toute façon, il faut être réaliste Thibault, comment imaginer un seul instant de coucher avec lui alors que vous êtres potes, les meilleurs potes du monde ? Comment l’amour physique et l’amitié pourraient se combiner sans s’affronter, sans se détruire l’un l’autre? Est-ce que l’amour physique entraînerait d’autres sentiments que l’amitié?
Jérémie est ton pote depuis toujours, et depuis toujours il a été ton petit Jé-Jé. Depuis que tu le connais, tu as eu envie de le protéger, de le prendre sous ton aile… c’est ce que tu as fait et lui il s’y est bien installé… oui, depuis que tu le connais, depuis que tu l’as vu se faire bousculer par la vie, tu as toujours eu envie de protéger Jé-Jé… de l’apaiser, de l’aider à trouver le calme au delà de ses aventures qu’au fond ne lui apportent rien au-delà d’un plaisir immédiat suivi d’une tristesse indélébile…
Qu’est ce qu’il est beau ce jeune homme en devenir, fort, puissant, avec cette allure affichée de conquérant, froid et déterminé, droit dans ses baskets… mais toi, Thibault, toi et toi seul, tu sais que sous la carapace il y a un gentil garçon avec qui la vie n’a pas toujours été tendre…
Tu te souviens de Jérémie à l’age de 11-12 ans, malmené par les plus grands dans la cour de recré ; tu te souviens quand sa mère lui manquait à en crever et sa belle mère le harcelait pour le pousser à quitter la maison; tu te souviens de l’avoir vu pleurer, plus jeune, et de l’avoir pris dans tes bras pour le réconforter.
Tu te souviens avoir vu le petit bonhomme mal dans sa peau se transformer en un jeune homme magnifique pour qui les nanas se battent et dont les mecs se jalousent l’amitié. Tu te souviens d’avoir vu ce même Jérém construire jour après jour cette armure à double face, cette double défense qui le rend cool et marrant, admiré par les potes ; qui le rend charmeur, froid et intransigeant, limite goujat avec les nanas…
Tu es le seul à savoir que Jérém, faute de faire confiance à l’amour, cherche à charmer, à 360 degrés : en amitié, avec de ses potes de rugby, par l’excellence du jeu, ce qui lui donne l’impression (et donne l’impression autour de lui, cette impression qui lui est renvoyée régulièrement par l’estime de ses potes et qui est si précieuse pour son ego) d’être incontournable ; le fait de se sentir admiré, jalousé, ça le galvanise, ça lui donne l’impression d’exister, sans pour autant combler le vide qui est depuis toujours en lui…
ǒen est de même avec les nanas, le besoin d’avoir un pouvoir de séduction quasiment absolu… Jérémie aime plaire, se sentir désiré, profiter de la position de force qui lui offre son charme pour collectionner les aventures, parce que ça le rassure… il ne l’a jamais vu rester avec une nana plus de quelques semaines… et en aucun cas leur être fidèle… il lui semble même que son pote prendrait un malin plaisir à se faire désirer, à chaparder rageusement ce que son charme lui offrirait sur un plateau… ce que Jé-Jé aime, c’est le défi que représente une nana à séduire…
Oui, Thibault sait beaucoup de choses au sujet de la sexualité de Jé-Jé… tout comme Jé-Jé en sait pas mal sur la sienne… entre potes ils se sont souvent confiés ce genre de trucs… il sait que Jé-Jé aime tout dominer pendant la baise, et il sait que Jé-Jé aime par-dessus tout faire craquer les nanas qui font mine de lui résister au premier abord, ce qui est quand même chose plutôt rare ; c’est le désir, la soif jamais étanchée de jauger la puissance de son pouvoir de séduction qui le fait courir vers ce genre de nanas ; une fois dans son lit, une fois dingues de son physique et de sa queue, soumises à sa virilité, il aime tout particulièrement obtenir d’elles tous ces trucs devant lesquels elles rechigneraient avec d’autres… il sait que Jé-Jé aime qu’on se laisse baiser la bouche, qu’on avale son jus, qu’on se laisse prendre par derrière…
Ce qu’il aime par-dessus tout, ce sont les territoires vierges, ou du moins vierges de son passage… ensuite, du moment qu’il a posé son empreinte, ces territoires ne l’intéressent plus le moindre du monde…
Thibault a parfois essayé de lui faire remarquer que son attitude, en plus de ne rien lui apporter à part quelques orgasmes, était machiste, presque méchante, mais il s’est toujours heurté à la position bien arrêtée de son pote sur le sujet: Jérémie veut juste sauter (sur) tout ce qui bouge… c’est sa façon d’exister, de se sentir vivant…
Thibault connaît tout ça de son pote, car c’est avec lui que jusqu’à il y a pas si longtemps Jérém avait terminé toutes ses soirées après les sorties en boite ; c’est avec lui que Jérémie avait partagé ces moments tard dans la nuit ou la fatigue et l’alcool amènent souvent le plus fermé des gars à s’ouvrir à son meilleur pote… dans ces moments là, l’étalon assuré et un brin imbu de lui-même vis-à-vis de son succès avec les nanas, laissait ressortir devant lui tous ses doutes, ses faiblesses, ses craintes, ses angoisses. Et Thibault était là pour le réconforter, à attendre que les fumées de l’alcool se dissipent, que les angoisses se calment, à le serrer dans ses bras, à lui empêcher, parfois en se disputant, de prendre la voiture pour rentrer avant qu’il ne soit à peu près en état de le faire…
C’est l’un des plus beaux souvenirs pour Thibault, se rappeler de certains soirs l’alcool aidant avoir entendu son Jé-Jé lui dire « Thibault, tu es un frère pour moi, je t’aime plus que tout ». Et s’être serré l’un contre l’autre pour s’apaiser mutuellement…
Tu le connais si bien, Thibault, ton Jé-Jé… tu l’aimes si fort… tu sais qu’il a besoin de quelqu’un pour veiller sur lui, pour lui empêcher de se perdre dans ses anciens démons, dans sa souffrance profonde.
Dans un monde idéal, tu voudrais être l’ami qui partage tout avec lui, son amitié, ses confidences, sa tendresse, des câlins, du plaisir… tu as envie de tout lui offrir, tout ce qui pourrait lui faire du bien au corps et à l’esprit…
Et une fois repus de tendresse et de jouissance, le prendre dans tes bras et lui montrer à quel point tu l’aimes, comme un ami, comme un frère, lui montrer que l’intimité de vos corps n’est qu’un moyen de pour rapprocher vos esprits et renforcer encore votre amitié… tu le sais que vous ne pourrez jamais être plus que copains, amis…
Alors, tu voudrais juste lui montrer que dans vos vies à venir, ces vies qui vous éloigneront peut être, il y aura toujours un ami, un lit, un refuge prêt à l’accueillir quoiqu’il arrive, d’où qu’il arrive, de n’importe quelle situation ou nana ou mec qu’il soit en train de fuir, dans n’importe que état d’âme ou d’esprit… tu voudrais qu’il sache que si la vie lui met des coups, il pourra toujours trouver dans tes bras un peu de chaleur, un peu de cette sensualité qui est pour un mec le préalable à sa détente, la détente qui lui permet de s’ouvrir et faire ressortir ses angoisses… lui faire comprendre qu’il pourra venir taper à ta porte à n’importe quelle heure pour parler de tout et de rien, pour rigoler, pour se cajoler, pour passer une nuit ensemble, jouir ensemble…
Tu sais que les blessures de ton meilleur ami sont profondes, tu sais à quel point ses démons sont puissants… comme Nico, tu redoutes l’échéance du bac, car tu crains qu’après le diplôme Jérém ne soit amené à partir travailler ailleurs… tu redoutes le moment où tu ne pourras plus être assez présent dans sa vie pour lui empêcher de boire le dernier verre ou pour le ramener quand il aura trop bu, pour lui empêcher de toucher à autre chose que le shit… pour lui rabâcher que la capote n’est pas qu’un contraceptif… pour lui demander de ralentir en voiture, pour le rassurer, parfois par ta simple présence, quand tu sens que ça ne va pas fort, que ses angoisses refont surface et que Jé-Jé semble retrouver des attitudes autodestructrices…
Au fil du temps, tu as gagné la confiance de Jérémie et tu es devenu pour lui quelqu’un dont la parole compte vraiment. De par ta conduite droite et simple, tu as inspiré du respect à ton égard dans l’esprit de Jérém. Ton opinion a de l’importance pour lui. Ta simple présence a de l’importance pour lui. Le fait de savoir que quelqu’un d’aussi droit que toi est son pote, un pote qui tient à lui, a fait que Jérém se tient à peu près à carreau pour ne pas te décevoir à toi, son meilleur pote… il craint de te déplaire, et cette crainte lui a empêché à plus d’une occasion de faire de trop grosses bêtises… le respect et l’estime pour toi, Thibault, il n’y a que ça qui peut le dissuader de se foutre en l’air…
Et ça Thibault tu le sais bien… Jérém te l’as bien montré, il te l’a même dit parfois, un soir tard dans la nuit… « Merci d’être là et de m’empêcher de faire des bêtises »…
Ainsi, tu as fini par endosser et assumer ce rôle de tuteur, de figure paternelle qui manque dans sa vie… quand Jérémie te lance à la cantonade un « oui, papa ! », comme sur le parking de l’Esmé ce samedi là, tu as à la fois envie de le gifler et de le serrer dans tes bras… de le gifler car, en t’attribuant un rôle de rabat-joie, ce mot semble l’éloigner quelque part de toi, d’une intimité que tu désires établir avec lui… et de le serrer dans ses bras car tu as tout simplement envie de lui montrer que tu es là… Jérém a besoin de quelqu’un qui le protége de ses excès d’instabilité, qui le protége de lui-même…
Tu es sa famille, le grand frère qu’il n’a pas eu… tu le connais par cœur… au fil du temps tu as appris à être proche de lui sans l’, à être présent sans t’imposer, à parler quand il le faut, à te taire parfois, à partager une déconnade, une conversation joyeuse ou plus intime, parfois rien qu’une cigarette, d’autres fois encore rien qu’un silence… tu as appris à deviner ses états d’esprit, à t’y adapter au quart de tour… tu as appris à connaître ses faiblesse, ses point sensibles, tu sais comment le faire rire, comment l’apaiser, comment le rassurer… tu le connais tellement par cœur que tu as l’impression de percevoir son ressenti dans les moindres détails… comme après sa bagarre à l’Esmé… tu le sais qu’il a été bien plus remué de ce qu’il veut bien l’admettre…
Tu sais que depuis quelque temps Nico est rentré dans la vie et dans le lit de ton Jé-Jé. Tu te demandes aussi si tout ça ce n’est qu’une passade pour Jérém ou si au final c’est ça, sa véritable vie… quoi qu’il en soit, tout ce qui compte c’est qu’il soit heureux et que quelqu’un veille sur lui... et au fond de toi tu es content que ce soit ce petit Nico qui va s’occuper de lui… il a l’air très amoureux, ce petit Nico… il suffit de voir comment il le mate… et l’idée qu’il soit amoureux de Jé-Jé et que ton Jé-Jé puisse en pincer à son tour pour lui, ça te fait chaud au cœur… oui, même si ça te rend aussi un peu jaloux, l’idée que ce soit Nico l’élu du cœur de Jérém ça te rassure… car tu en es sûr... Jé-Jé sera bien avec lui...
Et, en tout cas, tu trouves rassurant que ton Jé-Jé soit dans un lit avec Nico plutôt qu’en train de picoler à en être malade et puis chercher la bagarre ou prendre la voiture et rouler jusqu’à avoir un accident… tu trouves apaisant de le savoir en train de jouir plutôt qu’il se fourre dans des mauvaises passes, comme cette fois qu’il s’était fait tabasser pour avoir trop fait le malin à cause de l’alcool et d’une coucherie de trop, plutôt qu’il cherche de la compagnie dans des endroits plus dangereux… plutôt qu’il prenne des risques pour sa santé, qu’il se livre à une sexualité du chiffre, qu’il se laisse aller à des rencontres qui ne lui apporteront rien qu’un plaisir passager et une solitude encore plus grande une fois la jouissance passée…
Nico est amoureux, très amoureux … pour lui ce n’est pas qu’une passade… pour lui Jérém est tout et encore plus… oui, Nico est amoureux et en plus il est homo… alors, il doit certainement oser lui faire des trucs dont tu serais incapable… Nico devait faire jouir Jé-Jé comme pas permis pour que ce dernier en soit devenu si accroc, accroc comme jamais il ne l’avait vu l’être avec aucune nana… et savoir que Jé-Jé est en train de jouir comme un dingue le rendait heureux, car il savait que le sexe l’apaisait, certes momentanément, mais assez longtemps pour lui faire terminer une soirée au chaud dans un lit…
Peut-être qu’avec Nico il trouvera enfin le vrai plaisir, celui qu’on éprouve avec la personne qu’on aime, ton Jé-Jé a besoin de tendresse, de douceur… il a besoin de trouver la force d’accepter qu’on puisse enfin lui en apporter, la force de faire confiance… peut-être qu’avec Nico il redécouvrira son corps, sa sexualité, qu’il arrivera à mettre un peu d’ordre dans sa petite tête si embrouillée… qu’il trouvera sa place et qu’il arrivera enfin à s’apaiser…
Parce que le bonheur de Jé-Jé est très important pour toi, Thibault… parce que Jé-Jé compte beaucoup pour toi, vraiment beaucoup, tu es content qu’il soit bien avec Nico, ce petit Nico qui peut lui apporter une forme de bonheur que ton rôle de meilleur ami ne te permet pas de lui apporter, bien que l’envie soit bel et bien là… et maintenant que ton amitié semble ne plus lui suffire, c’est à Nico de prendre le relais… il a besoin de ça, ton Jé-Jé, de se sentir aimé… alors tu le lui confies en quelque sorte, tu lui demandes de garder un oeil sur lui…
En même temps qu’il se rendait compte de charger le dos du pauvre Nico de lourdes responsabilités, Thibault sentait une question lui marteler l’esprit, le rendant inquiet : pour l’instant Jérém a l’air de trouver son compte dans la compagnie de Nico… cette situation le rend peut-être un peu nerveux car c’est tout nouveau pour lui, mais j’en mettrai la main à couper qu’il était content de rentrer avec Nico… mais qu’adviendra donc de tout ça, de cette amitié, de cet amour si un jour Jé-Jé part travailler loin, loin d’ici, loin de Nico ? Ca va se terminer entre eux, comme ça va se terminer entre nous…
Sacré Jé-Jé… au fond de lui il devait culpabiliser de te planter là et de partir seul avec Nico ; oui, il est fort probable qu’il avait deviné ta frustration… son tour de passe-passe pour te pousser dans les bras d’une nana comme pour tenter de ménager ta jalousie qu’il avait perçue… tu t’es même senti un peu con, comme s’il te lançait : « vas y mon pote, va baiser toi aussi pendant que je baise loin de toi »…
Sa bienveillance intéressée te fait mal aux tripes… c’est charmant de sa part de se préoccuper de ta fin de soirée… mais tu as envie de lui, pas de la brune…
Ce soir là, une demi heure à peine après avoir vu son Jé-Jé partir avec Nico, Thibault rentrera avec Julie; il couchera avec, l’esprit ailleurs… pendant qu’elle le sucera, il pensera à son pote Jé-Jé dans les bras de Nico, pendant qu’il la baisera il s’imaginera le pied que Jé-Jé est en train de prendre loin de lui, il se demandera dans quelle position, combien de fois, à quoi ressemble l’expression de son visage pendant qu’il prend son plaisir de mec… son esprit divaguera loin, vers des images de son pote nu, dans les vestiaires du rugby, sous la douche, ou alors son torse moulé par un t-shirt blanc OxBow hyper sexy… pendant qu’il jouira, il verra remonter à son esprit l’image de son meilleur pote sortant de la douche, sa peau mate et trempée sur laquelle ses lèvres rêvaient de se poser, comme aimantées…
Et quand il aura fini sa besogne, lorsqu’il sera allongé sur le noir dans le lit a côté de cette fille qu’il vient de baiser pour se soulager le corps et l’esprit, il repensera une fois encore à cette nuit de l’été de ses 13 ans en camping sous la tente avec Jé-Jé cette branlette réciproque… ce putain de truc qu’il aurait bien remis à la nuit suivante sans jamais oser le faire, sans que son Jé-Jé ne lui propose non plus… dans un moment de nostalgie et de tristesse, il se demandera encore et toujours pourquoi Nico est dans le lit de Jérémie à sa place...
Une heure après avoir joui, Thibault n’aura toujours pas trouvé le sommeil ; en pensant à tout ça, il sentira à nouveau la trique monter… Julie dors déjà… Thibault se lèvera lentement, il ne veut pas la réveiller… il se dirigera vers la salle de bain ; il se postera devant le lavabo et commencera à se branler en pensant au corps et à la queue de Jé-Jé, il jouira une dernière fois cette nuit là en imaginant son Jé-Jé en train de coucher avec Nico…
Pendant qu’il jouit, dans l’illusion de toute puissance qu’on éprouve pendant la courte durée de l’orgasme, Thibault se retrouvera à imaginer un monde idéal où l’amour et l’amitié s’arrangent dans un bonheur qui se mélange… un monde impossible, un bonheur inaccessible… un monde à inventer pour le bonheur des mecs, un monde où il n’y aurait pas de jalousie, pas de désir frustré, peut-être pas de désir tout court, rien que de l’amour et des esprits qui s’assemblent, en grappes…

Retour à Dimanche soir, juin 2001, 23h59.

Avis de mauvais temps persistant sur la vielle de Toulouse : Quartier St Michel c’est les giboulées ; rue de la Colombette c’est la tempête; aux Minimes c’est carrément l’ouragan… trois garçons seuls dans leur lit, seuls dans le noir de leur chambre, trois plaisirs solitaires pour tenter de trouver un sommeil réparateur.
Thibault, seul dans son lit en ce dimanche soir, n’arrive toujours pas à trouver le sommeil. Le sentiment d’être en train de perdre son meilleur pote… le sentiment d’avoir gaspillé tellement de temps, d’avoir laissé passer tellement d’occasions… non, il faut bien se rendre à l’évidence : quand on ne sait pas saisir la chance, il n’y aura pas toujours un demain pour rattr le coup… la vie change si vite et au gré des rencontres, les envies peuvent muer et les occasions de les assouvir passer et ne plus jamais se représenter… il faut savoir profiter de chaque instant de bonheur. Le temps ne nous appartient pas, notre vie n’est qu’un grain de sable emprunté à l’éternité.
The time is only borrowed…
En se branlant ce soir là encore, Thibault ne pourra pas s’empêcher de revenir une fois de plus à cette nuit d’été six ans plus tôt… l’été de ses treize ans…

[Août 1995. Allongé sur son duvet, nu, profitant de la fraîcheur de la nuit d’été, le corps heureux après deux bonnes jouissances amenées par la main de son pote, les sens toujours en éveil par ce truc de dingue qui vient de se passer, excités par la proximité de son Jé-Jé, par l’odeur de mec et de sperme qui imprègne les t-shirts avec lesquels ils se sont essuyés et qui persiste dans le petit espace de la tente, Thibault sent la trique monter à nouveau ; il a envie de se toucher, il a surtout envie de sentir à nouveau l’autre main le faire à sa place… est-ce que son pote aurait envie de recommencer ?
Comme s’il l’avait senti, c’est précisément à ce moment là que, au delà des espoirs de Thibault les plus fous, la main de Jérémie se posera une troisième fois sur sa queue, qu’elle recommencera à la branler doucement… pour arrêter un instant plus tard…
Thibault s’imaginera alors que son pote allait renoncer, terrassé par la fatigue qu’il sentait le gagner lui aussi… mais quelle sera alors sa surprise, comment imaginer son enchantement lorsque, après un court moment de pause, peut-être d’hésitation, il entendra un bruit dans la tente, son pote qui s’approche de lui, ses lèvres qui se posent sur son sexe tendu, le bout de sa langue qui joue avec le bout de son gland… dans le noir, la bouche de son pote autour de sa queue lui procurera un tel panel de sensations agréables, une découverte si intense et si plaisante qu’il sentira vite son plaisir monter…]…

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