Promenons-Nous Dans Les Bois...

Je me remémore cet après-midi avec un plaisir nostalgique. Je n’ai qu’un regret : ne pas l’avoir écris plus tôt, avant que le temps n’ait commencé son oeuvre. Mais je pense avoir été suffisamment marqué pour ne pas avoir oublié certains détails…

J’ai pris du retard. Pourtant, depuis plusieurs jours, j’avais tout calculé : l’heure du départ, les affaires, le trajet, le temps de chercher un lieu, et enfin, la durée pour aller te chercher.

Mais voilà, il y a toujours quelque chose pour venir contrarier les meilleurs plans.

Les lacets de la route défilent. Je sais que je ne rattrai pas le temps perdu.

J’ai repéré sur une carte des lieux qui me paraissent propice à notre rendez-vous. Le premier est décevant : j’entrevois une tente, un fil à linge et des affaires éparses.

Passons au suivant. Sur le trajet, un bois, puis un passage. Je stoppe sur le bas-côté et je m’approche. Un chemin se dessine au travers des branches. Je passe un talus. Mais la déception m’y attend : ce lieu en apparence si prometteur est parsemé de déchets incongrus. Je rebrousse chemin en pestant intérieurement. Je commence à douter au fur et à mesure que je compte les minutes qui nous séparent. Un peu plus loin, nouvelle déception : le terrain abrite des gens du voyage.

Je persévère. Un jardin potager s’est perdu au détour d’une route. Juste avant, je devine un champ. Le lieu est idéalement dissimulé. Mais les hautes herbes l’ont envahi.

Visiblement, je ne trouverai pas mon bonheur dans ce secteur. Le doute s’installe et l’heure avance. Je pars vers notre lieu de rencontre. Mais je ne perds pas mon objectif. Ma déception serait double si je devais t’apprendre que notre projet se voit vidé de son intérêt premier. Je reste vigilant et je guette. A une intersection, je repasse machinalement dans ma tête l’image du lieu et une route forestière attire mon attention. Je rebrousse chemin. Quelle surprise me réserve encore le sort qui semble s’acharner sur moi : une barrière, un chemin impraticable, une maison ?

La route est carrossable.

J’avance à pied. Sur la droite, un renforcement baigné d’une lumière douce qui perce le feuillage. D’ici, la route est invisible.

Reboosté, j’enregistre les coordonnées dans le GPS et reprends la route, pressé de te retrouver. La possibilité d’un empêchement de ton côté m’effleure l’esprit. Je sais qu’il m’est difficile de te joindre autant que tu mets de temps à répondre parfois à mes inquiétudes, jusque-là injustifiées.

J’arrive enfin sur le parking. J’avais aussi exploré le secteur il y a quelques jours. Nous aurions été sous les bois, loin de tout. Mais là aussi, l’accès n’était pas aisé, en tout cas, pas dans la tenue où j’espérais te voir ! Mais l’essentiel est que, malgré l’adversité, j’ai pu trouver un endroit. Une dernière fois, je repasse dans la tête ce lieu. J’en cherche les défauts. Il est de toute façon trop tard. En contrebas de la route, je guette les voitures pour espérer voir la tienne.

Enfin, tu t’engages à l’entrée. Je te vois hésiter, me chercher. De la main, je t’indique une place. Tu souris, rassurée.

Je m’approche de ta portière. La robe est courte, la tenue légère comme je l’aime. Nous nous embrassons platoniquement, puis je t’accompagne jusqu’au coffre. Comme convenu, tu nous as apporté quelques mets pour accompagner notre escapade champêtre.

Nous ne tardons pas à partir. Là, dans la pseudo intimité de la voiture, je m’autorise à poser la main sur ta cuisse. Ce geste a pour habitude de déclencher chez toi ce petit sourire qui me plait.

Sur la route, je te confie mes déboires pour trouver notre petit coin. Pourtant, vu sur une carte, je pensais n’avoir que l’embarras du choix. Et de conclure que cet endroit, trouvé par le plus grand des hasards, semblait réunir toutes les conditions idéales. Je ne te sens pas convaincu, toujours sceptique comme à ton accoutumé.

Au détour d’un virage, je reconnais le lieu et je m’engage dans le chemin. Même si nous sommes abrités des regards indiscrets, je gare la voiture en retrait.
L’inquiétude doit être contagieuse. Même si j’ai vérifié tout à l’heure la nature du terrain, je préfère m’assurer en descendant que nous pourrons bien repartir.

Enfin, nous pouvons nous poser. A ton tour, tu explores le lieu tandis que je sors une bâche et deux couvertures. Minutieusement, je les étale sur le sol pour nous en protéger. En cette fin de mois d’Aout, l’atmosphère beigne dans une atmosphère légèrement moite.

La scène est installée. Tu n’es cependant pas tranquille : les moteurs qui passent à proximité éveillent tes sens lorsqu’ils ralentissent pour prendre le virage. Je tente de te rassurer. Quelle meilleure diversion que celle de découvrir ce que tu nous as apporté pour manger. Quelques verrines sucrées, à boire… Ce sera suffisant comme collation. Qui pourrait soupçonner en nous voyant les projets qui nous animent.

Ton inspection a révélé à ton nez délicat une odeur désagréable. Je ne la perçois pas de ma place et penche pour l’humus humide qui jonche le sol. Face à ton insistance, je m’approche de toi. Prétextant faire barrage de mon corps au léger vent porteur, je peux t’entourer de mes bras. Lové, mais toujours un peu tendue, j’appose un baiser à la base de ton cou. Tu inclines légèrement la tête en guise d’acquiescement. Mes mains parcourent doucement ton corps, mais la position n’est pas ment confortable.

J’en profite pour t’inviter à t’asseoir sur la banquette arrière. La portière entrouverte sera un très bon pare vue aux yeux indiscrets, si tenté qu’il y en ait. J’accompagne ton mouvement de la main pour t’aider à t’allonger.

La longueur de ta jupe n’est pas propice à occulter tes dessous. La petite culotte de dentelle noire m’apparait presque naturellement. A genoux dehors, je commence ma lente ascension.

Tes jambes s’écartent légèrement pour me laisser s’approcher. Leur douceur est pour moi une tentation de chaque instant. Mes lèvres s’attardent sur l’intérieur de tes cuisses.
Je perçois tes soupirs naissant lorsque je remonte jusqu’au bord de cette illusoire barrière de tissu qui cache à mes yeux ton intimité. J’en joue, tant pour retarder l’inévitable que pour me délecter te voir ton corps tenter de résister et prolonger mon plaisir. Au travers des dessins presque transparents qui ornent ton bas ventre, je reconnais cette petite bosse familière. Mon souffle chaud la caresse juste avant de te faire deviner par quelques baisers précis, le sort que je lui réserve. Ma langue habile se glisse dessous et manifeste son mécontentement en tirant dessus. Il est temps.

Mes mains suivent tes jambes jusqu’à leur naissance et s’emparent des deux liens qui soulignent tes hanches. Je m’écarte en même temps que se révèle le présent que tu me réserves maintenant depuis plusieurs mois déjà.

Je me pose quelques secondes. C’est à chaque fois une découverte. L’espace d’un instant, les images de nos ébats me reviennent. Je réalise tout le potentiel de plaisir qu’une chose aussi anodine et fragile peut dissimuler à celui qui n’y prend garde. J’aime la pousser dans ses retranchements et tester ô combien tu y es sensible.

Je reprends ma position et je m’en approche. Ma langue s’aplatit sur tes grandes lèvres que je remonte lentement. Mes lampées se succèdent régulièrement. Leur défense cède sans résistance et me contraignent, pour mon plus grand plaisir, à me consacrer à leurs consœurs. L’étreinte est plus forte, mais il m’en faudra plus pour me dissuader. Ma langue se fait vicieuse pour venir à bout de leur vigilance. Le bastion qu’elles protègent bien maladroitement me fait face. J’entame alors une dance triomphante autour. Ton corps s’ébranle et cache difficilement l’émoi dont je suis la cause. Je le revendique, j’insiste. Je pourrais me contenter de cette victoire. Je reviens sur mes pas et viens humilier une nouvelles ces piètres cerbères. J’enfonce le clou et ce n’est pas qu’une image : j’ose même m’introduire en toi !

Mes yeux se portent vers ton visage comme souvent à ce moment.
Les yeux mi-clos, le visage sur le côté, tu n’es plus là. Tu portes les phalanges à la bouche et les mordilles. J’aime ce moment. Fièrement, j’en suis le responsable. Je plaide coupable, madame le Juge. Et je récidive de plus belle. Ma peine sera ton plaisir. Ton absence n’est que l’annonce d’un retour meilleur lorsque tu capituleras. Je savoure autant ce moment que je te déguste avec délectation. Parfois, tu me gratifies d’un nectar rare. Il vient enrichir l’excitation qui perle sur tes lèvres. Mais cette récompense se mérite. La source à laquelle j’étanche ma soif est exigeante.

Mon corps réclame plus. Mon envie, jusque-là mise au second plan, se manifeste. J’ai besoin de te sentir, j’ai envie que tu me sentes.

Mes baisers s’estompent et te tirent de cette douce léthargie. Je me redresse et tu me suis.

Je te rejoins dans l’habitacle, assis en passager. Nul besoin de mots : tu m’enfourches. Je peux prendre possession de ta bouche et mes mains parcourent le reste de ton corps tout à l’heure inatteignable.

Tes mains s’affairent à retirer ma ceinture. Mon pantalon n’est qu’une formalité malgré l’exiguïté. Je t’aide en laissant glisser mon boxer à mes pieds. Mon bassin s’avance, provoquant, exposant ma nudité à mon tour à ton envie. Nos intimités se frôlent, se cherchent, s’embrassent. Tu plonges la main et saisis mon membre pour le guider.

J’ai déjà gouté ta douceur de ma langue. Elle devrait m’être familière. Mais la sensation que je ressens à cet instant est unique. Tes lèvres chaudes et humides habillent mon sexe d’un manteau onctueux juste avant de se présenter au siège de ton intimité profonde. Ainsi unis, nos corps ondulent. Ta tête bascule en arrière, ton corps m’appelle. Je saisis tes fesses parfaitement galbées à pleine main et je soutiens le rythme. Je commence à regretter notre chambre habituelle, l’espace que nous offre le lit et qui me permet de te prendre pleinement.

Je sens mon sexe se raidir. Soudain, tu brises le silence.

Il y a quelqu’un !

Je tourne le visage sur la droite et j’aperçois un promeneur qui remonte le chemin vers la route. Il porte à peine le regard vers nous. Il serait étonnant qu’il n’ait pas vu notre manège. Je te sens prête à interrompre notre étreinte alors qu’il s’éloigne sans se retourner.

Tu crois qu’il nous a vus ?
Le contraire serait étonnant !

Mais je suis en toi, et rien ne me privera de ce moment. Je veux te témoigner mon désir, l’envie qui anime la perspective de chacun de nos rendez-vous, la satisfaction que tu aies enfin consentie à aller nous amuser dehors. Mes mouvements sont plus amples. Je vois ton visage se crisper ; tes yeux, se fermer; ta tête, se pencher vers moi et laisser échapper un râle libératoire. J’en aurais presque oublié ma propre jouissance si elle n’était pas venue s’unir à la tienne à cet instant. Je peste intérieurement de ne pas être mieux installé pour mieux te sentir, pour mieux te marquer intimement de ma fougue.

Nos corps se relâchent, s’apaisent de la vague de plaisir qui les a submergés. Notre étreinte joue les prolongations quelques instants. Mais la perspective qu’un autre promeneur vienne s’inviter y met fin.

Nous rassemblons nos affaires et nous nous installons quelques instants sur la couverture. L’envie me gagne à nouveau. Notre plaisir est mon énergie. Je te prends dans les bras comme tout à l’heure. Mais il est temps de partir. Le reste de nos victuailles se retrouve dans un sac, et nous plions les couvertures.

Nous reprenons le chemin inverse vers le parking. Je me gare à coté de ta voiture. Avec cette réserve habituelle que tu affiches quand nous sommes en “public”, tu m’embrasses. Alors que tu t’éloignes, je reste quelques instants et m’assure que rien ne viendra trahier cette après-midi coquine.

Je pars à mon tour. J’ajoute cet après-midi à l’album de nos moments intimes que je feuillette lorsque tu n’es pas avec moi. J’en garde quelques clichés qui me revienne comme tout à l’heure. Pourtant, la page centrale est toujours vide : je la réserve pour cette nuit que j’espère depuis longtemps.

à L.

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