Plaisirs Troubles - 3/5

Plaisirs troubles
3ème partie - 3/5

« « Eh oui ! 3ème partie ! Pour la troisième fois je vais vous parler de Patricia.
Plaisirs troubles … pourquoi ce titre ? Parce qu’elle n’a pas une façon « conventionnelle » de prendre son pied. On juge ? Surtout pas ! C’est quoi les conventions ? De s’allonger dans le noir ? Peut-être quelques caresses, à peine, et l’amour missionnaire ?
Pas elle. Toute jolie toute calme, et ... elle aime être e, bousculée, contrainte.
Trouble ? Bizarre ? Pas conventionnel, c’est certain. C’est ce que lui proposait, exigeait son premier amour, tardif, elle avait 22 ans quand elle l’a connu.
Ça explique ? Sans doute.
Elle a 25 ans. Ce premier amour, elle l’a quitté, vit seule depuis, avec ses souvenirs, ses fantasmes, et rencontre Christelle, piégée par une « amie », Cathy, qui l’entraîne dans un « bar à filles » pour y fêter son anniversaire. Elle d’alcool, provoque une fille qui la drague, se réveille le lendemain menottée sur le lit de cette fille, sans se souvenir de comment elle est arrivée là.
Bousculée, malmenée ? ça lui va bien ! Par une fille ? Pourquoi pas … sa solitude lui pèse.
Pendant deux semaines, Patricia pense sans arrêt à cette soirée, qui colle si bien à ce qu’elle aime.
Une femme ? Curieusement elle trouve plus acceptable, moins effrayant, que ce soit une femme.
Un samedi, deux semaines plus tard, elle retourne dans le bar où elle a rencontré Christelle, l’y retrouve, la suit chez elle pour la deuxième fois.
Christelle n’est pas seule : une autre fille, Charlène.
Et … le début de la soirée ? … désolée, il faut lire les parties précédentes !
… inutile de vous rappeler que Charlène a violé Patricia avec un gode ceinture, puisque vous avez lu …
Samedi, dans la nuit … » »

Elle est assise sur le parquet, les jambes repliées sous elle, la joue appuyée sur son bras sur l’assise du canapé.

Elle tremble, elle pleure, elle a mal.
Pour calmer la douleur elle a plaqué une main entre ses fesses, s’est affolée de voir sur ses doigts, de trouver son anus encore ouvert bien après que Charlène en ait retiré le gode et ait quitté le salon avec Christelle, la laissant seule écroulée devant le canapé.
Elle a joui quand Charlène besognait son sexe, de ces va-et-vient ou de ses hanches martyrisées que Charlène serrait à pleins poings, des mains de Christelle qui maltraitait ses seins, sans doute, bien sûr, mais surtout d’être impuissante entre leurs mains. Un orgasme violent qui l’avait laissée pantelante.
Et Charlène avait ses fesses. Pierrick aussi aimait la prendre comme ça, mais le gode était dur, long, plus gros que le sexe de Pierrick. Pas de plaisir cette fois. Juste le déchirement, la douleur, la colère et la honte.

Elle a mal aux genoux, mal aux hanches et entre les fesses, mal aux seins aussi. Elle se redresse lentement et s’assoit sur le canapé, remet sa culotte restée enroulée autour d’une de ses chevilles et remet sous soutien-gorge en place.
Elle entend les voix de Christelle et de Charlène, leurs rires. Elle se lève pour remettre en place sa robe roulée sous sa poitrine quand Christelle revient :.
— Eh ben ! eh ben ! Tu fais quoi, là ? Viens !
Elle la prend par la main et l’entraîne vers le fond du couloir jusqu’à la salle de bain :
— Déshabille-toi … allez, dépêche !
— … je veux rentrer chez moi …
— Mais non, pas tout de suite ! enlève cette robe, discute pas !
Christelle fait un pas vers Patricia, les poings sur les hanches, l’œil noir, lève une main vers le visage de Patricia qui se protège du bras en réflexe. Christelle éclate de rire :
— Eh ! n’aies pas peur comme ça !
Elle caresse la joue de Patricia et pose un baiser sur sa bouche, la prend dans ses bras pour la câliner en caressant ses épaules, l’embrasse encore avant de s’écarter.
Patricia pose son front sur l’épaule de Christelle et pleure doucement :
— … j’ai mal …
— Je vais m’en occuper, t’en fais pas, c’est rien ! Allez, chérie, enlève cette robe.

Patricia soupire et s’exécute, parce que c’est plus facile d’obéir que de se battre.
Dans son dos Christelle dégrafe son soutien-gorge et prend ses seins en coupe :
— Moi aussi, je t’ai fait mal ? J’aime bien tes seins … de gros seins pour une fille toute menue, j’aime bien … oooh ! et tes tétons qui se dressent encore !
Patricia se mord les lèvres et ferme les yeux à la caresse, aux doigts qui font rouler ses tétons.
— Ta culotte, enlève-la.
Patricia soupire, baisse les épaules de résignation et obéit, se penche pour enlever son petit slip noir.
— Appuie-toi à la baignoire que je vois ça ! Ecarte !
D’une main sur son dos, Christelle penche Patricia en avant et de l’autre lui fait ouvrir les cuisses.
— Bouge pas, j’ai ce qu’il faut. Reste comme ça.
Nue, ne portant plus que ses Dim-up, Patricia ne bouge pas, pliée en deux les mains sur le rebord de la baignoire. Un contact froid, glissant, sur son anus sensible :
— Penche-toi mieux … oui, écarte bien !
Elle obéit. C’est humiliant. Mais elle obéit sans discuter, se contracte en sentant le doigt s’introduire en elle,
— Ça va te calmer, t’inquiète pas, ça y est ! Viens laver ces grosses larmes. Et tant que tu y es, tu laves ça aussi !
Dans le lavabo, Patricia voit le gode, rouge et veiné, moins gros qu’elle n’aurait cru après la douleur qu’il lui a procuré, dégoûtée et honteuse de voir l’extrémité salie de matières fécales, osant à peine y toucher, les joues cramoisies.
— Tiens ! essuie-le ! Et te plains pas, Charlène aurait pu en prendre un plus gros !

Christelle la pousse vers la chambre d’une main au creux de ses reins :
— S’il te plaît … Laisse moi partir !
— Pourquoi ? Quelqu’un t’attend chez toi ? T’as un copain ?
— Non.
— Eh ben tu vois ! T’es pas pressée !
Elle pousse Patricia au pied du lit où Charlène est allongée à plat ventre, le nez dans un coussin.
Charlène s’est retournée et regarde Christelle l’installer :
— C’est pas jojo, tes poils ! T’as qu’à faire comme moi !
Elle écarte les genoux et expose à Patricia son sexe nu en riant.

Elle montre du menton la porte de la chambre que Christelle vient de quitter, les laissant seules :
— En plus elle préfère. Elle t’as pas dit de te raser ?
Elle s’accroupit et tend la main entre les jambes de Patricia qui se raidit en sentant les doigts s’insinuer entre ses fesses :
— T’en as même dans la raie des fesses ! ça fait femme des cavernes !
Patricia ne dit rien, se mord les lèvres pour retenir une plainte, et plaque ses reins contre le pied du lit en tentant d’échapper, vainement, à Charlène qui chatouille son anus du bout de l’index :
— T’as mis de la crème ? T’avais mal ? Pov’ tit’ chatte, va !
— Tu m’as fait …
— Oh ? T’étais pucelle du cul ?
Patricia hausse les épaules, estomaquée par cette fille et le naturel avec lequel elle parle de ces choses-là.
— Ben dis-donc ! Heureusement que j’ai choisi celui-là ! Avec l’autre ... attends !
Charlène se penche et ouvre le tiroir de la table de nuit, reviens vers Patricia en exhibant sous son nez un gode noir monstrueusement gros, qui fait écarquiller les yeux à Patricia.
— Moi j’ai l’habitude … tu verras, tu t’y feras !
— Ça m’étonnerait !
— T’auras pas le choix, ma vieille ! Quand elle veut un truc … T’es nouvelle, par ici ? Je t’avais jamais vue ! Je connais que ta copine, la brune.
— Cathy ?
— Ouais, l’infirmière. Elle était maquée avec une copine, mais c’est fini.
— Elle … elle sortait avec une fille ?
— Mmm ! T’étais pas avec elle ?
— Non ! Je … je suis avec personne.
— Avec nous !
Elle a posé le gode sur le lit et s’est redressée sur les genoux face à Patricia, rampant vers elle jusqu’à se coller tout contre elle et passe ses bras autour de sa taille :
— Franchement … ça me faisait chier quand elle m’a dit, pour toi … Mais bon ! T’es là … On peut être copines, toutes les deux, non ?
Elle a un grand sourire et embrasse Patricia sur la joue :
— Si ça te va, moi aussi …
Elle avance les lèvres vers la bouche de Patricia pour un petit baiser léger, insiste en pinçant une lèvre entre les siennes, avance la langue :
— … embrasse-moi …
Quand elle avance ses lèvres à nouveau, Patricia répond au baiser.


Elle n’est plus elle-même. Une inconnue qui l’embrasse, une inconnue qui vient de lui faire l’amour, non, de la baiser avec un gode, de la violer ensuite. Et … elle est bien ! Elle n’avait aucune intention en revenant dans le bar, voulait juste … quoi, au juste ? Se faire peur ? Elle embrasse cette fille et elle aime ça ! Incroyable ! La peur ? La peur est toujours là, le frisson, mais étonnamment elle se sent en confiance.

Charlène interrompt le baiser, se recule un peu et caresse sa joue, arrange les mèches sur son front, lui sourit, efface du doigt une ride creusée entre les sourcils :
— Ça va ?
— Je me sens … bizarre …c’est la première fois …
— Ce que je t’ai fait ?
— Non … une fille …
— Quoi une fille ?
— … que j’embrasse une fille …
Charlène s’assoit sur ses talons et fronce les sourcils :
— Qu’est-ce que tu racontes ? Je comprends pas !
— … tout ça … tout !
Charlène reste un long moment bouche bée et dévisage Patricia :
— Ben merde ! Je croyais … Waaoouuh ! Ben toi alors ! Tu fais fort ! Tu te fous pas de moi ?
Patricia hausse les épaules, sent ses yeux se gonfler de larmes, sans trop savoir pourquoi.

Christelle en revenant dans la chambre a l’air furieuse. Elle prend le gros gode noir sur le lit et en menace Charlène :
— Mais c’est pas vrai ! Qu’est-ce que t’as fait ?
— Rien, rien du tout ! Je lui ai juste montré ! T’aurais pu me prévenir, quand même !
— Te prévenir de quoi ?
— Que … qu’elle … elle a même jamais embrassé une fille ! Et toi …
— Qu’est-ce que t’en sais, toi ? C’est ce qu’elle voulait, non ? dis-lui, toi !
— C’était des bêtises … je savais pas.
— Mais …tu me cherchais bien, pourtant !
— J’avais bu, c’était mon anniversaire …
— T’étais avec Cathy ! Et elle était d’accord !
— C’est une collègue de travail … Comment ça, ‘d’accord’ ?
— T’es pas son amie ?
— Mais non … j’ai jamais …
— Jamais quoi ?
— Avec une femme … jamais …
Christelle croise les bras en la dévisageant, les sourcils levés. Et Patricia se rend compte qu'elle s'est préparée à la nuit, ne porte plus qu'un t-shirt avec dessus un Marsupilami et une petite culotte blanche, et se met à rire nerveusement de l'irréalité de la scène.
— Qu’est-ce qui t’amuse ?
— Rien … c’est rien …
— Oui, mais dis-moi … t’es sûre que c’est une bonne copine, Cathy ?
— Pourquoi ?
— Non, comme ça. Elle a dit des trucs bizarres … elle t’aurait pas draguée, des fois ?
Patricia réfléchit, réfléchit vraiment, essaie de retrouver le souvenir de mots, de gestes, hausse les épaules, essaie de repasser dans son esprit les soirées qu’elles ont passées, leurs discussions, et Christelle et Charlène la voient lever les sourcils d’étonnement :
— Alors ?
— Peut-être, je faisais pas vraiment attention !
— Tu l’aurais pas rembarrée ?
— Je sais pas, c’était … une collègue, quoi ! … c'est un Marsupilami …
— Observatrice ! et alors ?
— …t’es jolie …
Charlène et Christelle ont éclaté de rire en même temps :
— T’es une drôle de fille, toi !

Christelle l’a allongée entre elles deux et a éteint la lumière. Charlène l'a caressée doucement avant de s’endormir, tout en douceur pour lui donner du plaisir de ses mains, Christelle calée dans son dos. Elle, ne les a pas touchées, n’effleurant leur peau que par accident.
Charlène l’a réveillée le dimanche en milieu de matinée d’un baiser sur ses lèvres.
Elle s’était endormie entre les deux filles comme elle dormait d’habitude, une main coincée entre ses cuisses, sauf qu’au réveil une autre main était là avec la sienne, au chaud de son ventre, celle de Christelle qui dormait sur son épaule.

— T’es toute rêveuse ! A quoi tu penses ?
— A rien … à tout ça … ça me ressemble pas !
— T’es pas bien, avec nous ?
— Si. Si, justement. C’est … bizarre !
Elles sont assises toutes les trois autour de la petite table de la cuisine. Il est 13 heures passées et elles prennent leur petit déjeuner …

Patricia ne savait pas trop qu’elle attitude adopter en se levant, gênée, un peu mal à l’aise. Christelle s’était réveillée quand elle avait voulu doucement retirer sa main d’entre ses cuisses, s’était enroulée sur elle pour l’empêcher de se lever en l’embrassant dans le cou « … pas tout de suite … câlin … ». C’est cette fille qui la giflait ? Elle avait fini par repousser les draps du pied et s’asseoir dans le lit en s’étirant, avait éclaté de rire en voyant que Patricia avait dormi avec ses Dim-UP et l’avait embrassée avant de l’entraîner dans la salle de bain pour une douche.
Même avec Pierrick, son seul amant jusque-là, jamais Patricia n’avait connu une telle intimité et un tel naturel. Elle se sentait bien avec elles.

— Hier, pourquoi tu me demandais si Cathy m’avait draguée ? Je savais même pas qu’elle … qu’elle était …
— Lesbienne ? T’as peur des mots ? Elle l’est. Elle est restée longtemps avec une copine à nous. Fini. Elle a un caractère de merde ! Elle fait sa sucrée, comme ça, mais c’est une salope ! Hypocrite …
— Et tu disais …
— Que c’est elle qui m’a dit que je ferai bien de m’intéresser à toi ! Que tu cherchais un coup d’un soir, et que t’aimais te faire bousculer.
— Ben merde …
— Elle avait pas tort ! Reconnais-le !
Patricia haussait les épaules avec un sourire gêné :
— Elle en sait rien … J’ai jamais … on a jamais parlé de trucs comme ça !
— T’avais pas mal bu ! Tu causais !
— C’est vrai ?
— Ouais !
— Zut.
— Mais elle m’avait parlé de toi avant. T’as dû lui faire quelque chose qui l’a fâchée ! Tu devrais te méfier d’elle, elle est pas clean.

Patricia a fait le tour de l’appartement pour récupérer ses affaires : sa petite culotte sous le canapé du salon et sa robe sur le dossier, ses bas dans la salle de bain, son soutien-gorge dans la chambre, ses chaussures et sa pochette dans l’entrée.
Charlène l’a accompagnée dans la salle de bain quand elle s’est rhabillée :
— Tu sais, je déconnais pas, hier … Ça serait bien si … on se voyait plus souvent, quoi … enfin, si tu veux, c’est sûr ! En copines !
Patricia aurait été bien incapable de lui répondre, complètement dépassée par la question, incertaine sur ce qu’elle pensait de cette situation tellement éloignée de ce qu’elle avait jamais vécu jusque-là.
Mais sentir Charlène l’entourer de ses bras pendant qu’elle se peignait et déposer de petits baisers sur son épaule lui faisait des frissons partout et piquait sa peau de façon bien agréable.


Comme tous les matins, Jade et Cathy sont passées par son bureau en arrivant pour lui dire bonjour.
Comme tous les midis, elles ont mangé ensemble dans la salle de repos.
Patricia avait réfléchi à ce que Christelle lui avait dit de Cathy, mais sans doute n’aurait-elle rien dit si Cathy ne l’avait pas asticotée pendant leur déjeuner.
— T’as une petite mine, toi !
— T’es pourtant rentrée tôt, samedi ! Qu’est-ce qui nous vaut ces yeux cernés ?
— Tu sais pas ce qui fait ces yeux-là aux filles ?
— Oh ! Tu t’es trouvé un mec ?
— Même pas !
Cathy avait un petit sourire en coin et Jade observait l’échange étonnée du ton aigre doux de Cathy, des réparties de Patricia habituellement plus effacée et qui rougissait tout de suite quand on la pressait.
— Toute seule ? Waouh ! Tu y es allée fort !
— Tu te souviens de cette fille à qui t’as parlé il y a deux semaines ?
Cathy fronçait les sourcils en jetant un coup d’œil de surprise feinte vers Jade pour la prendre à témoin :
— Une fille ? De qui tu parles ?
— Mais si ! tu sais bien ! Celle à qui tu as dit de me bousculer, que j’étais une petite sainte nitouche prête à cueillir, que j’aurais trop peur du scandale pour me rebeller, que j’attendais que ça, un coup d’un soir ! Tu m’as payé beaucoup de verres, ce soir-là ! Bon, c’était mon anniversaire, d’accord, mais c’était pas que pour ça, hein, Cathy ?
Cathy s’était reculée de la table, avait un peu pâli au début et avait maintenant les joues bien rouges, se forçaient à rire avec une mimique d’incompréhension vers Jade :
— Tu dis vraiment n’importe quoi ! Qu’est-ce qui t’arrive ?
— Il m’arrive que j’ai passé la nuit avec Christelle et sa copine, Charlène, et que c’était vachement bien ! Bon, les filles, je connaissais pas ! Je savais pas ! Je trouvais même ça un peu bête. Mais c’est bien ! Très bien ! Enfin, à toi, je t’apprends rien, n’est-ce pas ?
Jade avait ouvert de grands yeux ébahis et riait au début, puis cachait son rire derrière sa main en regardant Cathy dont les lèvres tremblaient.
— Tu vois, ça me gêne pas ! Elles sont super sympas et on s’éclate. Alors je t’en veux pas … enfin pas trop … de nous avoir amené dans ton bar à gouines ! Un peu quand même, parce que t’as fait ça pour me faire une vacherie, et ça, c’est pas cool ! Qu’est-ce que t’en penses, Jade ? Après tout, qu’elle soit lesbienne, on s’en fiche, nous ! Tout le monde s’en fout, on peut en parler tranquillement sans se faire de vacherie, non ?
Cathy s’est levée tout d’un coup en faisant basculer sa chaise derrière elle et a quitté la salle de garde en abandonnant son déjeuner.
Jade regardait Patricia bouche ouverte de stupéfaction, et petit à petit s’est abandonnée à un fou-rire.
— Bon, voilà ! C’est dit ! Je suis pas sûre qu’on soit encore copines …
— C’est pas des conneries ?
— Quoi ? Que j’ai passé un super week-end ? Non, c’est pas des conneries !
— Et …
— Et que Cathy soit lesbienne non plus ! Ce que je comprends pas, c’est qu’elle le cache ! C’est con ! On s’en fout, non ? Tu savais, toi ?
— … non, enfin si, je m’en doutais … et toi, tu …
— Moi je sais pas. C’était bien. Mieux que tout ce qui m’est arrivé avant. Mais j’en sais rien. Tu vas m’éviter, maintenant ?
— Pourquoi ?
— Ben tu vois ! On peut en parler !
— Toi tu dis pas grand-chose, mais quand tu t’y mets … ça dépote ! Tu me racontes ?


Patricia ne savait pas quoi faire. Elle mourait d’envie de revoir Christelle, de revoir Charlène, mais malgré tout ce qu’elle avait dit à Jade, elle ne savait pas très bien où elle en était. Elle était même un peu effrayée du tour que prenait sa vie.
Elles avaient échangé leurs numéros de téléphone. C’est Charlène qui l’a appelée.
Elles ont plaisanté un long moment, complices, et Patricia a raconté la scène avec Cathy.
— Faudra raconter ça à Christelle ! ça va l’exploser ! Dis, si tu passais demain ? On se fera livrer des pizzas … Tu veux ? Allez, dis oui …
Fébrile ? C’est peu dire ! Ce n’était plus l’accident de la première fois, plus la surprise du dernier week-end. Il y avait eu une nuit et la douceur du réveil, il y avait un autre regard. Et elles ? Elle était un jeu pour elles ? Inquiète. Elle n’en était plus à se fabriquer des frissons pour ses nuits solitaires.
Elle voulait, aurait voulu … ne savait pas très bien ce qu’elle attendait, ce qu’elle espérait.
Pour se rassurer ? Pour rester dans le rôle qu’elle avait avec elles ? Pour plaire à Christelle ? Elle s’est souvenue de la remarque de Charlène : elle a pris un bain, et au ciseau au début, au rasoir ensuite, s’est entièrement rasée, le sexe d’abord, entre les fesses ensuite avec quelques contorsions. Un rôle. Puisque Christelle préférait. Etre « acceptable » pour elle. Qu’elle le sache. Dans la glace en pied des portes de son armoire, elle se trouvait … différente ! et indécente ! ses seins lourds sur sa silhouette mince, la bosse du mont de Vénus mise en évidence par la peau nue et le ventre creusé jusqu’aux os des hanches saillants, la fente du sexe très haute et les nymphes roses qui toujours pointaient un peu entre les grandes lèvres gonflées, charnues. Indécente !
Mais peut-être n’était-elle invitée que pour une pizza … Inquiète.

Elle a enfilé un string et un collant noir opaque, le soutien-gorge dont elle ne pouvait pas se passer et un top à col rond, son petit gilet de garçon en satin.
Sans savoir exactement ce qu’elle attendait, ce qu’elle espérait, elle voulait plaire.

C’est Charlène qui lui a ouvert, a attendu d’avoir refermé pour lui dire bonjour. Elle tenait ses deux mains et les soulevait, l’a faite tourner sur elle-même d’une passe de rock :
— Tu vas travailler dans cette tenue ? ça a vachement changé, les comptables !
Elle l’a prise dans ses bras pour une bise, ne s’écartait pas :
— Trois jours, c’était long …
Un baiser léger sur ses lèvres, un petit rire, elle a pris son visage entre ses deux mains pour un baiser plus appuyé. Charlène s’est reculée le rose aux joues :
— Christelle va pas tarder, viens !

Elles étaient dans le salon quand Christelle est arrivée, deux boîtes de pizzas dans une main, une bouteille de rosé dans l’autre :
— Oh ! C’est-y pas mignon, ça !
Elle riait en regardant Patricia et Charlène qui se tenaient la main dans le canapé.
— Et elle rougit en plus !
C’était de Charlène qu’elle se moquait.
— Mais non ! Bougez pas ! Vous êtes mignonnes tout plein, comme ça !
Elle s’est débarrassée sur la petite table du salon et les a embrassées l’une après l’autre.
Elle secouait la tête en souriant quand elle s’est redressée :
— Je suis contente que tu sois venue ! et t’es toute belle, en plus ! Exprès pour nous ?
— Oui, exprès pour vous !
— Bon ! J’avais peur qu’on t’ait un peu trop maltraitée et que tu veuilles plus nous voir ! On peut être plus gentilles, tu sais ?
Patricia souriait en feignant une moue de regret.
— Quoi ? Tu nous préfères ‘vilaines filles’ ?

Elles ont grignoté, discuté, Patricia les a amusées en racontant la discussion avec Cathy, la curiosité de Jade ensuite qui voulait tout savoir tout comprendre. L’heure tournait et Patricia sentait venir le moment où elle devrait les quitter quand Christelle est venue s’asseoir à cheval sur ses genoux :
— J’ai pas envie que tu t’en ailles. Je sais que tu bosses demain, nous aussi, et ce soir j’ai pas envie de t’attacher. J’aimerais bien que tu restes juste parce que t’en as envie … parce que t’es bien avec nous … que … tu nous aimes bien ?

Patricia était toute rouge et gênée, elle n’a rien répondu. Cette question ‘Tu nous aimes bien’, elle y avait pensé et s’était empressée de l’oublier, trop impliquante, dérangeante.
Christelle a vu son malaise et pour un sourire ou un rire, a voulu libérer la tension :
— Mais s’il faut te convaincre … une fessée te fera le plus grand bien ! et si tu nous montrais tes fesses, déjà ?
Cependant Patricia ne pouvait pas s’y tromper, le ton n’y était pas vraiment. Christelle ne voulait pas la contraindre à quoi que soit, elle jouait.

Deux nuits. Que penser de deux nuits ? Deux tourbillons de sensations en marge de sa vie, de ce qu’elle était. Pour Patricia deux parenthèses d’anormalité dans sa vie bien rangée depuis qu’elle avait quitté Pierrick et ses débordements, deux parenthèses où elle retrouvait les mêmes plaisirs troubles, plaisir purement physique violent et intense, du sexe sans échange, sans partage, égoïste … ça pouvait être plus ? Différent ?
Comment prévoir, imaginer un futur ? Deux filles ... elle au milieu ? ça ne menait à rien ! Pourtant elle avait beaucoup aimé se réveiller au chaud de leur bras le dimanche précédent !
Deux filles pour ces parenthèses, cela posait trop de questions, c’était dérangeant … « tu nous aimes bien » …
Au pied du mur ? Il fallait une réponse ? Des amies ? De simples amies ? Ce qui se passait entre elles n’avaient rien à voir avec une ‘relation amicale’ ! Alors ?

Christelle et Charlène avaient perçu le malaise : tempête sous un crâne ! L’une a desservi la table, l’autre a rangé le reste des pizzas dans le frigo.
Patricia s’est écartée de la table, a dit « toilettes … ». Juste pour être seule, gérer la boule au ventre qui venait avec l’inconfort déstabilisant de la situation.
— Dépêche-toi ! Je t’attends ! Une bonne idée cette fessée, non ?
Il y avait plus de rire que d’autorité dans cette sortie de Christelle, mais soulageait Patricia d’une décision qu’elle se refusait à prendre, lui permettait de se cacher derrière l’exigence de Christelle.

— On est là, viens !
Christelle était assise adossée aux barreaux au milieu du lit, Charlène serrée tout contre elle, son chemisier ouvert et en petite culotte rose
— Rejoins-nous ! Oh ! Attends ! Déshabille-toi, lentement, fais-nous un strip !
Un peu maladroite, elle a joué le jeu. Son gilet et son top, son collant ensuite en leur tournant le dos, son soutien-gorge dégrafé en roulant des hanches … elle s’est retournée vers elles, les joues cramoisies, en string noir, ses seins enveloppés de ses bras.
Christelle et Charlène la regardait.
— Pas mal … continue !
Elle leur a tourné le dos pour faire glisser le string sur ses hanches, s’est penchée en levant un pied pour l’enlever.
— STOP ! Reste comme ça, ne bouge plus ! On a une jolie vue ! … euh … quelque chose a changé, non ? Tourne-toi, pour voir ?
Patricia cachait ses seins d’un bras, son sexe d’une main en se retournant. Elle se mordait la lèvre inférieure, le front barré d’un pli d’inquiétude.
— Enlève tes mains … Waouh ! mais qu’est-ce que t’as fait ?
— … Charlène …
— Quoi, Charlène ?
— Elle m’a dit … que tu préférais …
— De quoi tu te mêles, toi ? Je les aimais bien, ses poils, moi ! ça me changeait un peu ! Bon, c’est plutôt … pas mal ! T’as fait ça quand ?
— Hier …
— Bon ! Ben y a plus qu’à attendre que ça repousse, alors ! C’est vrai que c’est joli. Tu es … très nue ! Viens-là.
Charlène s’était redressée. Elles ont attiré Patricia entre elles, se relayaient pour l’embrasser, l’une après l’autre, de longs baisers gourmands tout en la faisant frissonner de caresses légères du bout des doigts qui évitaient ses seins et son ventre, piquaient la peau de froid, chatouilleuses.
Charlène la première a posé une main sur son sexe nu après avoir attiré une cuisse sur les siennes, la paume enveloppant la saillie du mont de Vénus, son majeur parcourant la fente du sexe, se glissant sous une lèvre puis l’autre, effleurant du bout du doigt le capuchon de peau pour éprouver dessous la tension du clito qui s’y cachait, redescendait en ouvrant les nymphes pour aller se mouiller au creux du sexe à l’entrée du vagin.
Lentement, longtemps. Sous la caresse, les baisers, la respiration de Patricia s’accélérait, se bloquait quand le doigt tournait sur son clito qui pointait son nez sous le capuchon retroussé, se libérait en tremblements quand le doigt repartait plus bas chercher une goutte de sa liqueur de désir et qu’elle soulevait les hanches et creusait le ventre pour forcer le contact. Elle serrait le drap d’une main, la main de Charlène de l’autre, les yeux clos.

Elle a gémi de déception quand la main l’a abandonnée :
— Oh non ! … pourquoi ?
Charlène ne lui a pas répondu. Elle s’est redressée et debout au côté du lit a fait voler ses habits dans la chambre, et s’est allongée nue à côté de Patricia et a repris ses caresses où elle s’était arrêtée.

Et … et c’est pas fini ! mais pour la suite, faudra attendre un peu …

Misa – 10/2015

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