Sarah, Le Retour

En écrivant « Branle-bas de combat », je n’envisageais pas d’écrire une suite. Sarah payait sa légèreté. En une journée, elle perdait son travail et son fiancé.
Plusieurs lecteurs, comme Jacques le Québécois, en ont décidé autrement, demandant une suite, un pardon, un happy end…

Répondant aux sirènes qui m’appelaient, je me suis remis au clavier pour le retour de Sarah dans une nouvelle enquête… Aura-t-elle plus de chance cette fois-ci ?

Merci à Lætitia, ma complice, la spécialiste du pardon, pour ses conseils éclairés afin de rendre Sarah plus sympathique.

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Ce matin, comme tous les matins, Sarah a du mal à se réveiller devant son bol de café. La radio est allumée, elle tend l’oreille, « Avignon. Une jeune fille, Jeanne 14 ans, a été agressée hier à la sortie de l’école, Elle a été retrouvée inanimée en bordure d’un petit chemin par ses parents partis à sa recherche à la tombée de la nuit.
Elle a été admise à l’hôpital pour observation, mais ses jours ne sont pas en danger ».

Non ! ça ne va pas recommencer ? Ce monde est fou… Heureusement cette fois plus de peur que de mal.

Une bouffée de souvenirs lui remonte en mémoire. Sarah était encore dans la police, appelée à une brillante carrière. La disparition de Fanny en avait fait une vedette dans les médias. Puis tout s’est enchaîné très vite, la réouverture de l’enquête du de Camille, le retour sur les lieux de son enfance, sa nuit avec Tony avant son arrestation. Et la descente aux enfers, le départ de Nicolas quand il a appris son infidélité, et son exclusion de la Police, obligée de démissionner.

Deux ans se sont écoulés, le procès de Tony devrait avoir lieu dans quelques mois, il risque 30 ans d’incarcération s’il est déclaré coupable. Pourtant Sarah est certaine que Tony est innocent, une intuition. Que peut-elle faire ? Les preuves sont là, la justice suit son cours.

Perdue dans ses pensées, Sarah sursaute en entendant la radio :
« Flash spécial suite à l’annonce faite ce matin de la jeune fille agressée près d’Avignon.

Selon une source bien informée proche de l’enquête, les policiers auraient fait un lien entre cette agression et la joggeuse d’Avignon dont tout le monde se souvient. Il est rappelé que Tony L. doit être jugé prochainement pour le de Camille. Le Procureur de la République devrait faire une conférence de presse en fin de matinée ».

Sarah bondit sur sa télévision, les chaînes d’info ont peut-être des informations plus précises. Rien, elles passent toutes la même nouvelle « un lien a été établi entre l’agression de Jeanne ce matin et le de Camille », ils ne savent rien de plus. Pour retenir les spectateurs, petit rappel en boucle, quelques images de l’époque, la découverte de Camille, l’interview des parents, l’arrestation de Tony… On voit Sarah avec son équipe parmi les policiers, mais heureusement personne ne parle d’elle tout le monde l’a oubliée.

Lors de la conférence de presse que Sarah suit en direct sur BFM TV, le Procureur confirme que des éléments font penser à un lien avec l’agression de la Joggeuse d’Avignon, sans plus de précision. Il rappelle que Tony L. mis en examen pour le de Camille devait être jugé très prochainement par la cour d’assises du Vaucluse. Devant ce nouvel évènement, le procureur demande un complément d’enquête et ajourne la date du procès.

Y a-t-il encore un espoir de sauver Tony ? Sarah décide d’appeler sa sœur. Rachel habite toujours en Avignon, elle en saura peut-être plus.
- Comme toi, j’ai entendu la radio.
- Bon, j’arrive, je veux savoir. Tu peux me loger ?
- Bien sûr, vient ça te fera des vacances.

Son train part en début d’après-midi, juste le temps de sauter dans un taxi. Sur place, elle espère pouvoir rencontrer ses anciens collègues.

Après le scandale qu’elle avait provoqué, Sarah était repartie sans avoir accès au dossier incriminant Tony. Est-il coupable des faits reprochés ? Sarah ne peut y croire. Son ADN le désigne, mais il continue de clamer son innocence.


Deux ans, deux années déjà que Nicolas est parti. Elle ne lui en veut pas, elle ne peut s’en prendre qu’à elle. Impossible de faire machine arrière. Elle aurait tant aimé que Nicolas lui pardonne.

Depuis longtemps, elle ne pense plus à Tony comme à un amant, seul Nicolas lui manque. Souvent elle se caresse dans son lit en pensant à lui, à son sourire, à sa tendresse.
Plus le temps passe, plus elle le comprend. Il a eu raison, c’est sa faute à elle.

Elle se sent seule, impossible d’envisager reprendre une vie de couple avec un autre homme. Parfois se sentant encore plus seule, elle marche en ville dans la nuit, sans but, pour immanquablement terminer dans un bar, et ne rentrer chez elle que lorsque l’alcool lui a fait oublier pourquoi elle est seule.

Un soir, sans savoir comment, elle s’est retrouvée dans un lit inconnu, avec un homme inconnu. Telle une automate, Sarah a sucé cet inconnu, a baisé avec lui. Elle a joui, elle en avait envie, elle en avait besoin.

Reprenant ces esprits, elle s’est jurée que c’était la première et la dernière fois. Pourtant deux semaines plus tard, c’était un autre inconnu. Des sensations différentes, agréables, sans lendemain. Elle avait beau se dire que ce n’était pas la meilleure des méthodes pour trouver l’âme sœur, elle comblait sa solitude comme elle pouvait. Pas très glorieux.

Elle ne comptait pas. C’était le cinquième ou le sixième, elle devait faire un effort pour se rappeler. Il était beau gosse, gentil, elle se sentait bien avec lui. Pourtant quand elle s’est retrouvée nue sur son lit, elle s’est demandée ce qu’elle faisait là. Il était caressant, elle le laissait faire sans passion. Il l’embrassa, elle trouva ses lèvres fades. Deux mains la caressaient, elle frissonna, pas de plaisir, elle réalisa qu’elle allait se faire baiser sans aucun amour. Elle aurait voulu partir, s’enfuir loin, loin de cette chambre, loin de cet homme qui n’était rien pour elle.


Là, comme dans un flash, elle pense à Nicolas, aux mains de Nicolas, à la bouche de Nicolas, au sexe de Nicolas. Une envie de pleurer lui serre la gorge. Pour se débarrasser plus vite de cet intrus, il faut qu’il jouisse. Elle le prend dans sa bouche, aucun homme ne résiste à une bonne fellation, elle s’applique comme elle l’a toujours fait. Écœurée, elle le regarde enfiler un préservatif. Pour en finir au plus vite, elle écarte les jambes se laissant pénétrer, elle est là pour ça.
Tout en continuant à la caresser tendrement, l’inconnu, le souffle court, s’acharne par des va-et-vient de plus en plus rapides. Pour la première fois de sa vie, Sarah simule. Elle halète, se crispe et pousse un cri dans l’oreille de son amant du soir. Elle a fait semblant de jouir pour abréger cette étreinte qui la dégoûte. Lui, persuadé avoir déclenché l’orgasme du siècle, se déverse en elle dans un râle de plaisir.

Ouf, c’est fini ! Sans même prendre le temps d’une douche, elle se rhabille rapidement pour rentrer chez elle, laissant l’homme étonné mais content de sa performance.

Avant de se coucher, elle est restée longtemps dans son bain, essayant d’effacer la trace des mains qui l’avaient souillées.

Comment avait-elle pu tomber aussi bas. Elle tremble à ce souvenir. Ah, si Nicolas…

Mais Nicolas est loin. Elle avait bien essayé de le retenir, il n’a rien voulu entendre. Il est parti au Canada, pour mettre de la distance entre eux. Elle s’en veut de l’avoir fait souffrir.

Par un ami commun, elle a appris qu’il vivait avec une québécoise à l’accent caractéristique. Pouvait-il être heureux sans elle ? Sarah ne peut l’admettre.

Tout ça pour une nuit avec un amour de jeunesse auquel Sarah ne pensait plus depuis longtemps. Pour se prouver quoi ? Qu’elle pouvait encore plaire ? Foutaise. Une pulsion ? Peut-être.
Ce soir-là elle était fatiguée, l’ambiance, le souvenir de sa jeunesse… Elle a eu envie qu’il la voit nue.
Elle a fixé les yeux de Tony quand assise sur son lit, elle s’est déshabillée face à lui. Il a vite compris, il n’a rien dit. Ils ont fait l’amour, avec passion, toute la nuit.

Elle regrette, elle sait qu’elle n’aurait pas dû. Ce n’était qu’un moment hors du temps, une parenthèse sans importance. Malheureusement, pas pour Nicolas.

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Sarah loge chez sa sœur. Elle ne peut s’empêcher de la questionner. Il doit bien y avoir des rumeurs, qu’en disent les gens ici ?

De toute évidence Rachel ne porte pas Tony dans son cœur. Elle prend un malin plaisir à rapporter ce qui se dit en ville, mais Sarah se rend bien compte que c’est aussi ce qu’elle pense.
Depuis l’arrestation de Tony, les langues se délient, elle en entend des histoires sur son compte. Tony est un bosseur, il a bien réussi, mais surtout Tony est considéré comme un dragueur, un Don Juan. Des rumeurs, il y en a, beaucoup, trop. Comment savoir la vérité, « on ne prête qu’au riche » comme dit le dicton. Il passe d’une femme à l’autre, mariée ou célibataire, sans se soucier d’elle, enfin à ce qu’on dit.
Sarah digère l’information, elle aussi. Elle s’en veut, pourquoi avoir succombé, son petit égo, faire mieux que Sophie et les autres. Sans penser à Nicolas...

Rachel lui apprend que Nicolas est passé la voir il y a 2 mois, il semblait bien seul. Sarah est surprise :
- Il n’est pas au Canada ?
- Non il est rentré.
- Et sa copine là-bas.
- C’est terminé, je crois qu’il ne l’aimait pas vraiment.
- Pourquoi est-il venu te voir, toi ?
- Il avait besoin de parler, de parler de toi, de ce que tu devenais. Vous n’avez jamais beaucoup évoqué ce qui est arrivé, ta connerie de cette nuit-là, quand il est venu te voir, et que Tony a été arrêté.
- Il n’a jamais voulu.
- Mets-toi à sa place. Tu sais, je pense qu’il ne t’a jamais oublié.
- Tu crois qu’il m’a pardonné ?
- Je ne sais pas. Mais pourquoi être venu me voir.

Sarah peut-elle encore espérer ?
- Tu sais où il est maintenant ?
- Je ne sais pas exactement, à Paris je crois ou dans la région.
- Tu n’aurais pas…
- Son adresse ? Non, mais j’ai son téléphone

Sarah pousse un soupir d’espoir :
- Qu’est-ce que tu attends, donnes-le-moi.
- Je ne sais pas si tu le mérites.
- T’es bête…

Sarah note religieusement le numéro de Nicolas. Osera-t-elle l’appeler ?

---oOo---

Pour découvrir la vérité, Sarah compte sur sa bonne étoile et sur son instinct.
Elle ne veut pas passer au commissariat voir ses anciens collègues. Elle a encore honte en pensant à ce matin où ils l’ont surprise nue dans le lit du principal suspect qu’ils venaient arrêter.

Aussi, sa première visite sera pour Sophie sa meilleure amie.

En traversant la rue, Sarah tombe nez à nez avec une femme qu’elle semble reconnaître. Celle-ci aussi s’est arrêtée. Maryse, une de ses copines de classe, elle a changé, mais son regard ne trompe pas.
- Maryse ?
- Bonjour Sarah, tu habites Avignon maintenant ?
- Non je suis venue voir ma sœur Rachel, tu dois la connaître.
- Alors cette nouvelle agression, tu sais quelque chose ? A la télé, ils ont dit que Tony doit être innocent, c’est vrai ? Il va sortir de prison ?
- Je n’en sais rien.
- Tu ne le crois pas capable de faire une chose pareille, tout de même. Et puisque la télé l’a annoncé, Tony est innocent c’est certain.
- Excuse-moi je suis pressée, contente de t’avoir revue. Je passerais te voir un de ces soirs, on parlera du bon vieux temps
- Euh, oui… d’accord… si tu veux.

Sarah était amie avec Maryse, elles étaient tout le temps ensemble avec Sophie et Marie-Claire. Mais là, quelle commère …

Sophie accueille Sarah à bras ouverts, contente de revoir son amie. Rapidement, la conversation glisse sur l’agression de Jeanne.

- Je ne suis pas venue faire du tourisme. En entendant le Procureur suite à cette nouvelle agression, je voulais comprendre.
- C’est terrible, pauvre gamine. Tu en sais plus ? A la radio, il évoque un rapport avec Camille et avec Tony. Il est coupable ou pas ?
- Je ne suis plus dans la police, tu le sais. Tout plaide contre lui, surtout son ADN trouvé sur le chemisier de Camille, il devait coucher avec elle, mais dans le fond je n’en sais rien.
- Bien sûr que si, nous n’étions pas les seules, Camille aussi.
- Tu en es certaine ?
- Oui certaine. On les a vus ensemble la veille de son agression, j’en ai parlé aux enquêteurs,
- Comment ça ?
- Nous étions au bar, souviens-toi, comme souvent avec Marie-Claire et Maryse. Tu es partie dès que la nuit est tombée.
- C’est vrai, mes parents étaient très stricts sur les horaires.
- Un moment après, on les a vus passer, Tony et Camille, bras dessus bras dessous, ils allaient vers le petit bois. On a vite compris pour quoi faire, nous y sommes toutes allées avec lui.
- Pas moi.
- Peut-être, enfin tu t’es bien rattrapée depuis non ?
- Là n’est pas la question, alors.
- Alors rien. Ils sont allés dans le bois. Le lendemain on a retrouvé son corps, elle avait été agressée en faisant son jogging le matin. Les enquêteurs ont fait le lien.
- Tu leur as raconté tout ça ?
- Bien sûr, pourquoi le cacher.
- Tu as eu raison. Camille, elle était habillée comment ?
- Je sais plus, en pantalon je crois. Non en jupe, avec un chemisier blanc, Tu sais, celui qu’elle mettait souvent, un peu sport.
- Tu es certaine ? …Et après qu’avez-vous fait ?
- Rien. Tony nous a racontés à toutes la même salade, les voir ensemble nous a rendu jalouses.
- Toutes ? Même Maryse ?
- Oui même elle. Elle était très amoureuse, comme toi si je me souviens bien.
- Et après ?
- Après, il était tard, nous sommes rentrées chez nous, enfin moi je suis rentrée. Marie-Claire et Maryse aussi, je pense.
- Il faut que je leur parle. Tu as leurs adresses ?
- Marie-Claire a quitté la région, il y a au moins 10 ans, son copain avait trouvé un travail je ne sais plus où. Maryse habite toujours ici, dans la grande maison de ses parents, celle où nous allions jouer ensemble.
- Elle vit avec quelqu’un ?
- Non elle est seule. Elle a vécu quelques années avec un type qui un jour est parti, elle ne s’en est jamais remise.
- Elle n’a pas eu de chance. Je l’ai rencontré avant de venir te voir.
- Et toi, je ne t’ai pas demandé, comment vas-tu ? J’ai appris que tu ne t’es pas mariée.
- Pas mariée, non.
- Alors, c’est vrai ce qu’on dit, tu as passé la nuit avec Tony, cet assassin ?
- Arrête de dire ça, il n’est pas encore jugé
- Ok ça va, toujours amoureuse à ce que je vois.
- Non, c’est fini, depuis longtemps, mais j’aime la justice, c’est tout. Tu as entendu que l’enquête va être reprise depuis l’agression de la petite hier.
- Ouais… Moi tu sais, tous ces trucs.
- J’aimerais revoir certains de nos amis de l’époque, mais je ne sais pas comment les retrouver. Tu peux m’aider ?
- Il y a bien Valérie, elle n’habite pas très loin d’ici.
- Qui est-ce ? Je ne la connais pas.
- Elle est arrivée après ton départ, elle a vécu 5 ou 6 ans avec Tony.
- Non, je recherche des personnes qui pourraient avoir connu Camille et Tony à l’époque. Tony n’est pas le seul à être sorti avec Camille, tu lui connais d’autres petits copains ? Je me souviens de Pierrot.

Sophie se trouble
- Non je… je ne crois pas.
- Ah, d’accord c’est avec toi. Tu en as eu combien au lycée.
- Pas tant que ça, qu’est-ce que tu crois. J’étais moins réservée que toi, mais n’exagérons rien. Maintenant je suis mariée, ne va pas remuer tout ça, mon mari ne connaît pas trop mon passé.
- Tu sais où je pourrais trouver Pierrot, ou ses amis, il y avait Luca aussi. Et celle qui sortait peu, je n’ai jamais eu confiance en elle, elle sait peut-être des choses.
- Florence ?
- Oui Florence.
- Tu sais, nous avons toutes été interrogées par la police, toi aussi, que veux-tu apprendre de plus ?
- Donne-moi les coordonnées de celles et ceux que tu connais, j’espère glaner de nouvelles informations. On ne sait jamais.

Sophie se tord les mains, regarde son amie en hésitant, et enfin se lance :
- Sarah, y a un truc que je n’ai jamais dit aux enquêteurs. Avec Marie-Claire et Maryse on a juré de ne rien dire à personne.
- De quoi parles-tu ?
- Quand on a vu Tony et Camille se diriger vers le petit bois, je ne suis pas rentrée chez moi tout de suite.
- …
- Toutes les trois, nous avons décidé de les suivre.
- Pour quoi faire ?
- Pour rien, par jeu. Pour les surprendre, ou jouer aux voyeurs.
- Et qu’avez-vous vu ?
- Quand on est arrivé près de la cabane au milieu des arbres…

Sarah se souvient que c’est là que Tony l’a embrassé pour la première fois, et qu’il avait essayé de la déshabiller. Elle n’y était jamais retournée.
- … Ils s’embrassaient. Camille avait le chemisier ouvert, Tony lui pelotait les seins, et avait relevé sa jupe. On voyait sa culotte. Elle avait l’air d’aimer ça. On était gênée, sans oser bouger.
- Et après ?
- On allait partir. Camille a défait sa ceinture, elle a ouvert son pantalon, Tony bandait, nous étions fascinées. Elle s’est penchée et s’est mise à le sucer. Elle savait y faire. Maryse a dit « la salope », c’est vrai que même moi je n’avais encore jamais osé le faire avant.
- Oh, vraiment ?
- Tu sais, j’en disais plus que ce que je faisais. Nous avons regardé un moment, troublées de voir le sexe de Tony aller et venir dans la bouche de Camille. Nous sommes partis sans faire de bruit, au moment où Tony mettait sa main dans sa culotte. En rentrant Maryse n’arrêtait pas de dire « la salope », « oh, la salope ». Je crois qu’elle était choquée par ce qu’elle avait vu, une vraie oie blanche.
- Et après ?
- On est vraiment rentré chez nous, en se jurant de ne rien dire à personne. Après ce qu’il lui est arrivée, on n’allait pas en plus la faire passer pour une salope.

Les s de Sophie rentraient de l’école, deux beaux bambins. Sarah prit congé de son amie, pensant d’un coup à Nicolas et aux s qu’elle aurait pu avoir avec lui.

En sortant, Sarah va prendre un verre dans le bar qui leur servait de point de ralliement après les cours, leur bar. Changement de propriétaire, la décoration a changé. Sarah retrouve la table près de la fenêtre devant laquelle les quatre amies regardaient les passants, certainement là où elles avaient vu passer Tony et Camille.

Sarah écoute, les conversations vont bon train, tout le monde parle de l’agression de Jeanne, et de Tony. Comme toujours, il y a deux camps ceux qui croient en sa culpabilité et ceux qui croient en son innocence. Chacun allant de ses convictions et de ses certitudes. Moins les gens en savent plus ils en parlent.

Sarah aperçoit l’ancien patron, il est dans un coin devant un verre de bière. Elle s’approche, il la reconnaît ou du moins il sait qui elle est depuis qu’elle est passée à la télévision :
- Bonjour, vous me reconnaissez ?
- Bonjour, tu es encore parmi nous, toujours ton enquête ?
- Non, je suis juste venue voir ma sœur, je faisais un tour en ville.
- Qu’est-ce que tu penses de cette nouvelle agression ? Tu crois Tony innocent ?
- Je ne sais pas, il parait qu’il sortait avec Camille.
- Bah ! Vous étiez toutes amoureuses de lui, il en a bien profité.

Galant, il ne fait aucune allusion. Mais il est curieux :
- Si ce n’est pas lui, qui ça peut-être ? Un homme de passage comme Michel Fourniret dont on parle tout le temps. Vous avez suivi cette piste.
- Oui bien sûr, mais il reste muet, et maintenant il est gâteux, il a perdu la mémoire. Aucune preuve que ça puisse être lui, et son épouse qui raconte toujours tout, nous a certifiés qu’il n’y est pour rien. En plus c’est un violeur, Camille n’a pas été agressée sexuellement.
- Va savoir…
- Ça on le sait. Sinon beaucoup de personnes ont été mises en garde à vue comme Tony, tous les détraqués de la région. Nous n’avons rien trouvé
- Vous avez mal cherché, voilà tout.
- Pourtant on a relevé l’ADN de tous les hommes de la ville, le tien aussi. Et seul celui de Tony a été trouvé sur les vêtements de Camille.
- Je me souviens quand les gendarmes sont venus ici faire les prélèvements, nous n’étions pas fiers. Il peut y avoir une erreur ?
- Peu probable. Mais j’ai du mal à croire que Tony ait pu…
- Bah ! Tu le connais mieux que moi me dit-il avec un petit sourire.

Il est tard, je dois partir, Rachel doit m’attendre.
En passant dans une rue sombre, un coup de feu claque, je comprends que c’est moi qui suis visée. Vieux réflexe, je me plaque au sol. Je ne vois personne. Cinq minutes après, la rue est noire de monde, une voiture de flics arrive, je reconnais mes anciens collègues.

Déposition rapide au commissariat. Je n’ai rien vu, c’est incompréhensible, qui peut m’en vouloir à ce point ?
J’en profite pour demander des nouvelles de l’agression de Jeanne et du dossier de Tony après les déclarations du Procureur. Secret professionnel, on ne peut rien me dire. En sortant, un policier, avec qui j’avais sympathisé il y a deux ans, me souffle à l’oreille « Retrouves-moi au café de la gare dans une demi-heure ».

Rachel attendra.
En parlant doucement, mon collègue me confie que l’arrestation de Tony a arrangé tout le monde, on tenait enfin un coupable.
- Mais l’ADN ?
- Oui, l’ADN sur le chemisier, c’est troublant. Tony n’avait pas d’alibi ce matin-là. Les preuves sont minces, et Tony clame toujours son innocence. Je pense que les magistrats l’ont renvoyé devant la cour d’assises pour s’en débarrasser, au juge de décider s’il est coupable ou non.
- Et Jeanne ?
- C’est le grain de sable. Elle a été agressée comme Camille, difficile de croire à une coïncidence. Je ne peux pas t’en dire plus, on attend le résultat des expertises. Mais c’est suffisamment grave pour que le Procureur demande un complément d’enquête.
- Merci. Tiens-moi au courant.

---oOo---

Ce matin, alors que je me prépare à aller voir Pierrot ou Florence, mon téléphone vibre, c’est mon copain policier, toujours aussi sympa :
- Allô, Sarah ?
- Oui, bonjour. Tu as du nouveau ?
- Une info qui devrait t’intéresser. Jeanne n’a pas été violée, elle a été agressée d’un coup de revolver, comme Camille.
- Quoi ? Tu es certain ?
- Certain, aucune agression sexuelle. Elle était tout habillée lorsqu’on l’a trouvé. C’est la raison pour laquelle nous n’avons rien dit à la presse. Elle n’a pas été atteinte, elle s’est évanouie certainement de peur et sa tête a heurté une racine. Rien de grave, elle sort aujourd’hui de l’hôpital. Ses parents vont garder le silence, mais pour combien de temps.
- Quelle nouvelle ! Mais pourquoi ?
- Nous n’en sommes pas encore là. Ce n’est pas tout, nous avons retrouvé la balle, enfin les deux balles dans un arbre à côté, c’est le même calibre que pour le de Camille, le même que pour ton agression d’hier soir.
- Tu penses que…
- Ne t’emballe pas, on recevra bientôt le rapport de la balistique qui nous dira si ces balles proviennent bien de la même arme. Tu sais à partir des stries sur les balles, c’est aussi efficace que nos empreintes digitales pour identifier une arme de poing.
- Mais alors ?
- Ça change tout. L’enquête redémarre à zéro. Soit Tony est innocent, soit il avait un complice. Je remets mon rapport au procureur ce matin. Bon, je ne t’ai rien dit. Bonne journée.
- Merci.

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Bouleversée par ce que je viens d’entendre, je décide d’aller voir Maryse pour confirmer ce que m’a dit Sophie. Une technique éprouvée, croiser les informations, parfois la même scène vue par deux personnes différentes peut donner des indices, ou des idées.

Sa maison est toujours la même, aucun changement depuis 20 ans, une rue calme, une grande terrasse qui surplombe un petit jardin. Si je me souviens bien, derrière la baie vitrée, un grand salon et les chambres à l’étage. Que de souvenirs, de fous rires quand nous étions gamines.

Maryse m’accueille avec un grand sourire, après toutes ces années, nous sommes heureuses de nous revoir. On va pouvoir se parler un peu plus que l’autre jour dans la rue.
Je lui parle de Sophie et de Marie-Claire, de nos virées adolescentes, du « bon vieux temps ». Je lui parle de ma vie à Paris. Elle, de sa vie un peu monotone, du décès de ses parents la laissant seule.

Très vite, c’est elle qui aborde le sujet qui me préoccupe. Elle a suivi à la télé, comme tous les français. Elle veut surtout savoir si Tony va être libéré :
- Alors me dit-elle, où en est l’enquête ? Tony est coupable ou pas. Il va sortir de prison, comme la radio l’a annoncé ce matin ?
- Je ne suis plus dans la police, j’ai entendu la même chose que toi.
- Tu dois bien avoir des informations. Tony est innocent, c’est ça, tu peux me le dire. Il va sortir.
- Attends un peu, je pense que le procureur le dira dans la journée.

J’en viens à cet après-midi, la veille de l’agression de Camille. Elle me répète la même chose que Sophie, après mon départ, elles ont vu Tony passer avec Camille. Une heure après, elle est rentrée directement chez elle. Aucune allusion à ce qui s’est passé dans le bois. Sophie m’a-t-elle dit la vérité ? Qui croire ?

Maryse semble fuyante, je décide de la brusquer un peu :
- Tu étais amoureuse de Tony, ça t’a fait quoi de la voir avec une autre ?
- Nous étions toutes amoureuses de lui. Toi aussi, et tu l’aimes encore si j’en crois les journaux.
- Tu sais, il ne faut pas croire tout ce que disent les journaux.

Maryse est de plus en plus excitée, elle parle de plus en plus fort :
- Tony est innocent. Ils l’ont dit à la radio que ce n’est pas lui, que le véritable assassin court toujours, qu’il a agressé la petite Jeanne. Pourquoi tu ne veux pas me le dire.

Brusquement elle se lève, regarde Sarah et crie :
- Il a fallu que tu couches avec lui, toi aussi, et après tu l’as jeté en prison.
- Mais non, j’ai été aussi surprise que toi.
- Je ne te crois pas.

Sur ces mots, elle part en courant et monte à l’étage.

Sarah, un peu décontenancée par cette soudaine attitude, ne sait quoi faire. Elle monte lentement les marches, quand Maryse surgit de sa chambre, elle tient un revolver à deux mains en tremblant. Regardant fixement Sarah, elle hurle :
- Toi aussi, tu voulais me le prendre, Tony il est à moi.
- Que fais-tu ? Attention, c’est dangereux.

Sarah recule devant la menace. Maryse, les yeux exorbités, crie de plus en plus fort :
- Tony est à moi, vous ne me le prendrez pas. Déjà Camille, elle n’avait pas le droit. Et maintenant tu veux le faire condamner, après avoir couché avec lui.
- Calme-toi. Que veux-tu faire ?
- Je suis calme dit-elle en tremblant de plus belle. Mais, cette fois je ne te raterais pas.

Sarah blêmit, c’est un aveu. Elle recule pas à pas, et se retrouve sur la terrasse. Maryse continue de crier en proie à une grande agitation.

Les cris ont alerté du monde. Les voisins se massent devant le jardin. Il regarde sans y croire Maryse brandissant un pistolet. Chacun retient son souffle.

Au loin, on entend la sirène d’une voiture de police alertée par un voisin. Sarah essaie toujours de raisonner Maryse
- Donne-moi ce revolver, c’est fini. Tu es malade, je t’aiderais.

Maryse pose le canon de son arme sur sa tempe :
- Si tu fais un pas de plus, je me tue.

Sarah recule, les flics braquent leurs armes sur Maryse. Que veulent-ils faire ? Étonnant de vouloir empêcher quelqu’un de se suicider en lui tirant dessus.

Gardant son sang-froid, Sarah continue à parler lentement, calmement, en regardant Maryse dans les yeux, tout en surveillant le canon braqué sur la tempe de son amie.
Enfin Maryse pousse un long cri, elle éclate en sanglots, baisse les bras et laisse tomber son revolver à ses pieds.

Retrouvant ses réflexes, résultats des longues heures d’entraînement à l’école de Police, Sarah bondit et saisit Maryse dans ses bras. Veut-elle la rassurer, la protéger, ou la ceinture-t-elle pour l’immobiliser.

La foule pousse un soupir de soulagement, tandis que les flics ramassent le revolver.

Maryse monte dans la voiture de police pour être emmenée au commissariat.

Quelques minutes plus tard, se remettant de ses émotions dans les locaux de police qu’elle connaît bien, Sarah fait une déposition en racontant ce qui s’est passé. Elle se sent à l’aise, elle retrouve l’ambiance, ses anciens collègues. Elle est heureuse, c’est sa vie.

Elle resterait bien, pour savoir, mais elle ne peut s’éterniser, l’interrogatoire de Maryse va être long.

Chez sa sœur, informée par la rumeur, elle va pouvoir enfin se reposer. Mais Rachel a hâte d’en savoir un peu plus, Sarah doit une nouvelle fois raconter ce qui s’est passé.

Dans la soirée, n’y tenant plus elle appelle son ami policier. Il est encore au travail :
- Alors ?

Maryse est passée aux aveux, dans un état second, en parlant d’une voix monocorde, sans exprimer le moindre sentiment. Sous le sceau du secret, le policier confie à Sarah ce qu’elle redoute : le père de Maryse avait une arme qu’il cachait dans son armoire, c’est bien Maryse qui s’en est servi pour Camille par jalousie, et c’est encore elle que lui a tiré dessus hier toujours par jalousie.
- Mais pourquoi Jeanne ?
- Elle ne pouvait accepter que Tony soit condamné. Pour le sauver, elle a voulu faire croire que l’assassin était encore en liberté. Elle a choisi Jeanne au hasard dans la rue.
- Pauvre gamine... Heureusement que Maryse ne sait pas tirer. Elle risque la perpétuité non ?
- Oui, mais elle va être enfermée dans un hôpital psychiatrique. Elle sera sûrement déclarée irresponsable.

Sarah veut aussi comprendre les expertises. D’autres traces ADN ont été relevées sur le chemisier de Camille, mais personne n’a pensé que l’assassin pouvait être une femme. Seuls les hommes ont été prélevés, personne n’a cherché plus loin. Maintenant que l’on sait, la présence de l’ADN de Tony s’explique, il avait passé la soirée avec Camille, le témoignage de Sophie est capital.

Sarah est en colère, contre elle, contre ses collègues, ils auraient dû … mais c’est facile de le dire après. Tony n’avait aucun alibi, c’était le coupable idéal.

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Le lendemain, lors d’une conférence de presse, le procureur détaille un peu pompeusement les conditions de l’arrestation de Maryse s’en attribuant tout le mérite. Il annonce que les poursuites contre Tony sont abandonnées. Il sera libéré le soir même, son avocat ayant demandé sa libération.… Tony est innocenté, il touchera une indemnisation pour les 2 ans passés à tort en prison.

Vers 17 heures, je suis devant la porte de l’établissement pénitentiaire. Tony devrait sortir bientôt, son avocat est là. Je reste dans la voiture pour me faire discrète.
Tony a-t-il changé ? En fermant les yeux, je le revois… Mon esprit va vers cette soirée maudite, quand je me suis mise nue devant lui. De la nuit, je n’ai plus aucun souvenir, ai-je joui, sûrement.
Son image est vite remplacée par celle de Nicolas, par le regard de Nicolas quand je suis rentrée. J’avais l’impression que mon infidélité était inscrite sur ma figure, qu’il savait déjà. J’étais triste quand il est parti. Je voulais le rappeler, mais la radio est allée plus vite.
Bien sûr, je n’aurais pas dû… Nicolas est-ce que tu m’aimes encore ?

La porte de la prison s’ouvre me tirant de ma rêverie. Tony n’a pas trop changé. Son avocat va à sa rencontre.
Je sors de la voiture. Tony me voit, il se dirige vers moi, me sourit. Je lui rends son sourire, contente de le voir en si bonne forme. Il s’approche et me fait la bise :
- Merci Sarah. Sans toi je ne sais pas ce que je serais devenu.
- Je te devais bien ça. Je suis contente pour toi. Ça n’a pas été trop dur ?
- Pas facile tous les jours, mais ça va... Tu restes avec moi ce soir ?
- Non Tony.
- Je comprends. J’ai appris pour toi. Les nouvelles vont vite en prison.
- Adieu.

Sarah retourne à son véhicule, tandis que Tony part avec son avocat.

La parenthèse est refermée, définitivement. Sarah se dit qu’elle aurait dû regarder l’avenir plutôt que de se tourner sur son passé, Elle a tout gâché.

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De retour à Paris, Sarah essaie de savoir où habite Nicolas, le numéro ne l’aide pas, mais Jérôme saura.
Content d’avoir de ses nouvelles, Jérôme trouve le bon renseignement rapidement.
- Merci, toujours aussi efficace.
- On formait une belle équipe. Ici je m’ennuie un peu. Avec toi impossible de voir le temps passer.
- Tu as des nouvelles d’Aïcha ?
- Oui de temps en temps, elle est toujours au RAID, elle s’éclate. Enfin c’est une expression, car elle ne chôme pas avec tous ces tordus qui font sauter des bombes. Tu sais qu’elle était au Bataclan, toujours volontaire en cas de coups durs. Elle m’a raconté, une véritable horreur, un carnage. Elle était écœurée, elle marchait sur des corps, il y en avait partout, surtout des jeunes. Elle en a pleuré quand je l’ai vu.
- Je m’en doute.
- Tu devrais l’appeler, elle sera contente d’avoir de tes nouvelles.

Quelques jours plus tard, Sarah reçoit un appel de la direction centrale de la police, peut-elle passer les voir. Demain matin 9 heures. Cela ressemble plus à un ordre qu’à une invitation.

Elle est reçue par un fonctionnaire qu’elle ne connaît pas. Elle se doute que c’est un gradé, il n’y va pas par quatre chemins.
- Vous vous êtes bien reposée pendant ce congé sabbatique, plus de deux ans, ça devrait vous suffire non ?

Intriguée, Sarah ne sait que répondre. Elle se tait. Disciplinée, elle attend de savoir ce qu’on a à lui dire :
- J’ai là une note de votre chef à la Crim’ vous accordant un congé illimité compte tenu de votre implication personnelle dans un dossier. Ça vous dirait de revenir de votre congé ? vous vous êtes suffisamment reposée depuis le temps lui dit-il avec ironie.
- …
- Les affaires anciennes non élucidées, ras-le-bol, nous sommes la risée des médias. La Chancellerie a demandé un rapport pour la mise en place de moyens spécifiques. Nous allons créer un office central spécialisé dans les cold case, moitié gendarme moitié police. Ordre du ministère faudra travailler ensemble, mais c’est déjà le cas pour d’autres structures.
- …
- Alors ça vous intéresse ? Vous êtes une spécialiste non ?
- D’accord pour quoi ?
- Votre cerveau s’est ramolli. Bon je vous explique, le patron de la structure qui sera décidée lors du conseil des ministres de mercredi prochain sera un gendarme, donc obligatoirement son adjoint doit être de chez nous, alors ça vous intéresse ?
- Sarah commence à comprendre, on lui propose de reprendre du service. Avec les formes, pas question de parler de démission.

D’ailleurs, lui revient en mémoire la réflexion d’un collègue « On ne démissionne jamais de la Police ».

Quelques semaines plus tard, un décret signé du Premier Ministre crée un office central pour les affaires anciennes non élucidées (OSAANE), avec un nom impossible à dire comme le Ministère de l’Intérieur sait faire. Sont nommés à sa tête le colonel Strogoff, et son adjointe la commissaire Sarah Castaing.

Dès le premier jour, Sarah et son nouveau chef doivent consti une équipe, déjà une douzaine de gendarmes et de policiers sont pressentis. En fin politique, ils épluchent leurs CV pour savoir qui garder, tout en assurant l’équilibre des deux armes.

Sarah jetant un œil circulaire sur les candidatures retenues, décroche son téléphone :
- Allô Jérôme ?
- …
- Allô Aïcha ?
- …

Intrigué, son chef la regarde sans rien dire. Sarah repose le combiné :
- Voilà notre équipe est maintenant au complet.

Le soir, Sarah se sent seule. Plus question d’écumer les bars. Elle aimerait revoir Nicolas, lui parler, lui dire qu’elle regrette, lui dire… mais voudrait-il l’écouter ?

Comment reprendre contact. Lui téléphoner ? Non trop protocolaire. Un mail ? C’est nul.
Comme toujours, Sarah décide de foncer, quand il y a un obstacle il vaut mieux l’aborder de face, elle est bien décidée à se battre.
Grâce à Jérôme, elle a son adresse. Un dimanche, en fin d’après-midi, il doit être chez lui. Un peu stressée, Sarah sonne à sa porte. En ouvrant, Nicolas a l’air surpris.

Ils se regardent quelques secondes. Elle n’ose pas bouger, elle n’ose rien dire. Maintenant que va-t-il se passer ?
Nicolas réagit le premier, il s’efface et l’invite à entrer. Timidement il lui sourit, elle se demande si elle a bien fait de venir.

Nicolas referme la porte sur Sarah.

Sarah ne ressortira que le lendemain matin pour rejoindre son bureau. Le soir même, quand elle revient avec une valise, Nicolas a préparé un petit repas.
Il a même acheté un gros bouquet de fleurs.

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