Coup De Coeur Entre Artistes 3

3. Elle

Le soir en sortant de cours, j’appelle Sophie. En entrant dans la voiture, je passe le téléphone en mode main libre et je lui raconte le shooting.

Et là je viens de voir qu’il m’a envoyé un mail avec la photo. Il me propose d’aller boire un verre à l’occas'…
Julie, je te connais, les plans cul, c’est pas ton genre, toi tu veux une vraie histoire… et lui c’est un baiseur. Je connais sa réputation : il s’est tapé la moitié de Biarritz.. Il résiste pas à une jolie fille. Je suis d’ailleurs étonnée qu’il ait pas tenté plus que d’ouvrir ton chemisier ce matin…
Tu connais le genre de mec et tu me laisses y aller seule ?
Je savais que tu l’enverrais bouler s’il tentait quelque chose… j’ai dit qu’il aime s’envoyer en l’air, j’ai pas dit que c’est un violeur, me répond-elle en riant.
Qui te dit que je l’aurais remballé ? Il est plutôt beau mec et ça fait un moment que je me suis pas envoyée en l’air…
Parce que toi il te faut des sentiments pour passer à la position verticale. Et après ce que s’est passé avec Eric, t’es pas prête de faire confiance à un mec…


Ne voulant pas m’attarder sur mon ex, je change de sujet avant de raccrocher.

Arrivée à la maison, je réponds à Thomas.

De : julie.f@mail.com
A : thomas.photo@mail.com
Objet : merci

Salut,
Merci pour la photo.
C’était cool le shooting, mais tu sais je suis pas ce genre de nana. L’excuse d’aller boire un coup, pour ensuite tirer un coup dans les chiottes d’un bar, ça prend pas avec moi. Trouve toi quelqu’un d’autre.
Bonne continuation, Julie.


De : thomas.photo@mail.com
A : julie.f@mail
Objet : mégarde.

Je suis sincère, j’ai vraiment beaucoup aimé tes dessins et j’aimerais bien en voir d’autres.



De : julie.f@mail.com
A : thomas.photo@mail.com
Objet : pas naïve.



Je connais ta réputation, pas la peine de jouer les amateurs d’art…


De : thomas.photo@mail.com
A : julie.f@mail.com
Objet : ...

Je n’ai jamais dit que je n’étais pas à la hauteur de ma réputation, mais à ce que je sache je n’ai jamais qui que ce soit à coucher avec moi. Et je ne joue les amateurs d’art, je ne le suis absolument pas, mais tes dessins sont beaux, et tes portraits très réalistes, alors moi qui suis dans la photo, ça m’a impressionné.

Et je suis capable de prendre un verre avec une femme sans penser à comment je vais la culbuter, en tout bien tout honneur.


Ma discussion avec Sophie m’avait dissuadée d’accepter la proposition de Thomas, mais il a raison, rien ne m’empêche d’aller boire un verre avec lui, et de couper court s’il en veut plus.


De : julie.f@mail.com
A : thomas.photo@mail.com
Objet : juste un…

OK mais juste un verre alors… pas un de plus et pas d’autre activité.



De : thomas.photo@mail.com
A : julie.f@mail.com
Objet : quand ?

Je peux passer te prendre ce soir ? A 21h ?


De : julie.f@mail.com
A : thomas.photo@mail.com
Objet : cassons les codes.

Je passe te prendre à 20h30. Dis moi où…


De ; thomas.photo@mail.com
A : julie.f@mail.com
Objet : 🎵être une femme libérée 🎶

A mon studio à Anglet. Il est sur la route principale. Tu peux pas le rater. A ce soir.


Je vais promener Ice et mange rapidement quelque chose avant de prendre deux cartons à dessins dans la chambre qui me sert d’atelier.

Je les mets dans le coffre et prends la direction d’Anglet. En effet, son studio est bien situé de sorte que si l’on passe devant, on ne peux pas ne pas le voir.

Il m’attend debout dans l’encadrement porte. Il s’est changé depuis ce matin.
Il porte un jean bleu clair et un t-shirt gris anthracite près du corps dévoilant un peu plus sa musculature. J’aperçois également dans son cou une date tatouée, une autre sur l’intérieur de son bras droit au moment où il entre dans ma focus.

Hey, me laisse-t-il.
Salut, je lui réponds en redémarrant pour résister à l’envie de l’embrasser qui naît soudain en moi.

Tellement stressée ce matin, j’avais remarqué qu’il était plutôt beau gosse, mais à tête un peu plus reposée je me rends compte qu’en fait il est absolument canon. Et maintenant que je connais son côté bad boy, ça le rend hyper sexy.

Il me sort de ma rêverie :

Je t’imaginais plutôt au volant d’une petite voiture style twingo que d’une focus sport rouge…
Les apparences peuvent être trompeuses. Je sans fan de sport automobile. J’adore la vitesse. Tu veux qu’on aille où ?

Il m’indique un bar à Biarritz que je connais vite fait.

On s’installe sur la terrasse. Une serveuse vient nous demander ce qu’on veut boire. Thomas commande une bière au piment d’Espelette pour lui et un verre de vin pour moi. Je corrige immédiatement auprès de la serveuse : ce sera aussi une bière. Il me regarde comme si je sortais de nulle part.

Je t’ai dit les apparences sont parfois trompeuses : c’est pas parce que je suis une fille que je n’aime pas la bière. Même si je n’ai rien contre un verre de vin. Et tu le trimballes partout où tu vas ? Je lui demande quand il pose son appareil sur la table.
Quasiment oui, on peut tomber sur quelque chose d’intéressant à tout moment, me répond-il en me souriant.

Soudain, je suis à nouveau intimidée. Un long silence s’installe, pendant lequel il regarde les gens passer dans la rue. J’en profite pour l’observer plus attentivement. Il doit effectivement avoir une petite trentaine d’années. La date tatouée dans son cou est celle du 27 mai 2009. Sur son bras, c’est le 12 mars 1988 qui est tatoué.
Alors que je fixe son profil, il se tourne vers moi et mon regard plonge dans le sien. Je sens alors une vague de chaleur monter en moi. Je peine à retrouver une certaine constance quand il me dit :

Parles moi un peu de ta passion pour les voitures et la vitesse….

J’avale une grande gorgée de ma bière pour me donner du courage.

Quand j’étais au collège je sortais avec des gars pas ment fréquentables, plus âgés , qui avaient déjà le permis et qui aimaient prendre des risques au volant. Ces poussées d’adrénaline ça m’a vite plu. Une nuit, j’avais peut être 15 ans, je suis descendue de ma chambre, j’ai pris les clefs de la voiture à mon père et je suis partie. Je voulais aller prendre l’autoroute pour voir jusqu’à combien je pouvais faire monter la voiture mais je me suis faite choper par les flics… heureusement que mon père en connaissais un, ils ont fermé les yeux. Je me suis pris la raclée de ma vie. Puis mon père m’a payé une licence pour que je fasse du rallye et de la course sur circuit. J'ai fait mes premières compétitions à tout juste 17 ans. Et toi, la photo ?

Il reste très évasif.

J’ai eu l’occasion de rencontrer à un photographe de guerre et j’ai trouvé ça fascinant.

Une nouvelle vague de chaleur irradie en moi alors qu’il me fixe.

Je reviens tout de suite, lui dis-je en me levant.

Je me dirige vers le bar pour demander un verre d’eau que j’avale d’un trait. Ça fait vraiment trop longtemps que je n’ai pas eu de mec dans ma vie, je m’émoustille au moindre regard de ce gars alors que je sais très bien qu'il saute sur tout ce qu’il bouge. Et c’est pas ce dont dont j’ai envie. Après ce qu’il s’est passé avec Eric, je veux prendre le temps de connaître le prochain gars qui partagera mon lit, j’y ai trop perdu.

Je retourne m’asseoir à la table.

Tout va bien ? Me demande-t-il.
Oui t’inquiète, j’ai pas du assez manger aujourd’hui c’est tout.


Il se lève, va au bar et me prend par le bras en revenant.

Alors on va manger un truc.

Installés dans la voiture, il entre une adresse sur le GPS.

Voilà, comme ça on peut continuer à discuter pendant que la madame te dit où aller.

En bouclant nos ceintures, nos mains s’effleurent. Je retire ma main précipitamment en bredouillant un pardon, mais en réalité j’aurais voulu que ce contact dure plus longtemps.

Et sinon, à part le dessin et la course auto, t’as des passions, des loisirs ?
Je fais de l’escalade, de la course à pied, du surf… toi ?
Course à pied aussi, et musculation, tous les jours. Je vois qu’on est tous les 2 assez sportifs.
Toi plus que moi, on dirait. Tous les jours c'est trop.
Moi c’est une habitude que j’ai gardé de mon ancien travail…
Tu faisais quoi ?
Je n’ai pas trop envie d’en parler, me répond-il en tournant la tête vers l’extérieur.

Je n’ose plus parler jusqu’à ce que le GPS nous indique que nous sommes arrivés. Je m’attendais à trouver un petit resto ou un snack, mais il n’y a que des petites maisons dans ce quartier résidentiel d’Anglet.

Tu es sûr qu’on est au bon endroit ?
Oui, je t’ai dit qu’on allait manger. Chez moi…

Et voilà, je suis tombée dans les mailles du filet.

Je crois pas que ce soit une bonne idée… je te l’ai dit, je suis pas ce genre filles. Je m’allonge pas pour les beaux yeux d’un mec. Je vais y aller.

En réalité avec lui je serais prête à la faire, mais mes démons refont surface. Des flash de mon passé apparaissent devant mes yeux. Je perds l’équilibre et me ratt de justesse à la portière. En un instant, il est à côté de moi et m’entraîne à la porte de sa maison.

Et moi je crois surtout que tu vas entrer manger un truc parce que je ne te laisse pas conduire comme ça.

Il me fait m’asseoir sur le canapé et me tend rapidement un verre d’eau.

Depuis quand n’as-tu rien mangé ?
Mon dernier vrai repas date d’hier soir. J’ai juste avalé un yaourt avant de venir te chercher.
Mets toi à l’aise pendant que je te prépare à manger.

J’enlève mes converses et me mets assise en tailleur. J’observe son salon : il y a des photos de paysages basques au mur, des vinyles de groupes comme AC/DC, Metallica, Iron, les Beatles. Deux guitares acoustiques posées près d’un ampli. Une médaille militaire et la photo d’un homme en tenue de cérémonie sont posés sur le rebord de la fenêtre.

C’est ton père sur la photo ? Je lui demande.
Oui, il était dans les para. Il est mort lors du crash d’un avion qui les emmenait lui et ses gars sur une mission. Le 12 mars 1988. Je venais de fêter mes 3 ans...

Le tatouage sur son bras…

Je suis désolée.
Ne le sois pas, il avait choisi son métier, ça fait partie des risques.

Je me lève et prends la plus petite des guitares. Je m’installe par terre et commence à gratter quelques accords d’une chanson de Metallica et à chanter. Je ne m’aperçois pas tout de suite qu’il se tient près de moi avec deux assiettes. Je m’arrête net, comme une pris en flagrant délit de vol de bonbons.

Désolée, je n’ai pas pu résister à l’envie de jouer.
Pas de problème. Donc tu fais de la musique aussi. Et tu chantes...
A mes heures perdues.

Il pose les assiettes sur la table basse. Ça a l’air succulent.

Tagliatelles au saumon. Et tu as intérêt à vider ton assiette, sinon je ne te laisse pas rentrer chez toi.
A vos ordres chef.
Excuse moi de mettre les pieds dans le plat maintenant, mais quand tu as vu que je t’emmenais chez moi, tu as vraiment eu l’air terrifiée. Tu sais, je suis peut être un coureur, et je vais être honnête, si ça te tente de coucher je vais pas m’en plaindre, mais j’ai jamais qui que ce soit… je voulais pas de faire peur en tout cas.
Je sais bien que tu vas pas me violer, t’inquiète. Mais les histoires d’une nuit, j’ai donné une fois et je l’ai payé plutôt cher…
Tu t’es attachée et le mec t’a envoyée valser ?
Valser oui mais comme tu le penses. Ça devait un coup d’une nuit, puis je me suis attachée, il en a profiter pour se servir de moi comme plan cul quand il trouvait pas d’autre nana à sauter. Puis finalement on s’est plus ou moins mis ensemble, mais il continuait de se taper d’autres filles. Moi je pardonnais tout. Puis un jour je suis tombée enceinte. Quand je lui ai dit il a pensé que je l’avais fait exprès pour qu’il arrête de jouer avec moi. Il m’a envoyé valser dans les escaliers et m’a fracassée à coups de pieds. Je me suis réveillée deux jours plus tard à l’hôpital, le bras cassé, un trauma crânien et plus de bébé…

Il a reposé sa fourchette. Aucun de nous deux n'ose reprendre la discussion.
Viens, on va s'asseoir sur le canapé, me propose-t-il.
Je voulais pas te couper l’appétit… mais je voulais pas que tu crois que je pense que tu es un salaud. Je comprends tout à fait qu’on ait pas envie de s’engager.
Le mec est devenu quoi ? Dis moi qu’il est en taule…
Non. Il a été relâché faute de preuves et d’antécédents. Il habite le même village que moi, je suis susceptible de le croiser tous les matins…
A mon tour de t’expliquer pourquoi je suis comme ça avec les femmes. Comme tu le sais mon père était militaire et est mort quand j’étais tout petit. Ma mère l'a mal vécu. Elle a essayé de refaire sa vie, mais n’est tombée que sur des mecs qui l’ont prise pour une conne. Elle n’a eu que des aventures sans lendemain. La nuit j’entendais les mecs la sauter, et repartir à l’aube sans un mot. Je jamais su m’attacher à quelqu’un parce qu’on ne m’a jamais montré ce que ça fait… la seule histoire où j’ai tenté de m’engager c’est soldée par un échec. Du coup c’est plus simple de trouver des nanas qui veulent juste s’amuser une nuit : pas de prise de tête pas de jalousie.

Un silence s’installe entre nous. Il passe son bras autour de mes épaules et m’attire à lui. Je me laisse aller contre lui. Il pose ses lèvres sur les miennes mais je n’ose pas répondre à son baiser. Il cherche mon regard. Pose à nouveau sa bouche sur la mienne et je cède à l’envie qui brûle en moi depuis qu’on est arrivé au bar. Nos langues se cherchent et se frôlent, doucement d’abord puis ce baisers devient presque sauvage.

Ça fait longtemps que je n’ai pas eu de contact si rapproché avec un homme. Mais soudain je me fige : il entreprend der passer sa main sous mon t-shirt. Je me lève d’un bond :

Non, je peux pas, désolée… pas maintenant, dis-je en ramassant mes chaussures avant de sortir en courant pour rejoindre ma voiture.

Je ne dors presque pas de la nuit. Le lendemain en cours je raconte la soirée à Sophie.

Je t’avais dit de ne pas t’aventurer sur ce terrain. Ce mec est un chaud lapin, c’était sûr qu’il allait tenter quelque chose.
La n’est pas le problème, j’en avais aussi envie. Mais j’ai paniqué…

Lui.

Dans l’après midi, je vais à la salle de sport puis je passe chez moi me doucher et déposer Max chez Chris. Je ne doute pas une seule seconde qu’elle va accepter mon invitation. Elles finissent toutes par dire oui.

De retour au studio, toujours pas de réponse. D’habitude, ça n’arrive pas, et je pense que si arrivait, je m’en foutrais totalement, mais là, avec elle, ça m’énerve. J’ai vraiment envie de la revoir. Elle a quelque chose qui m’attire énormément.

Je suis train de regarder les clichés que j’ai fait d’elle et je durci à nouveau. Elle est vraiment bandante avec son chemisier laissant deviner sa poitrine.

Un petit ding me sort de mes pensées : un mail vient d’arriver.


De : julie.f@mail.com
A : thomas.photo@mail.com
Objet : merci

Salut,
Merci pour la photo.
C’était cool le shooting, mais tu sais je suis pas ce genre de nana. L’excuse d’aller boire un coup, pour ensuite tirer un coup dans les chiottes d’un bar, ça prend pas avec moi. Trouve toi quelqu’un d’autre.
Bonne continuation, Julie.

Bon l’affaire n’a pas l’air aussi simple que je ne le pensais. Je peux pas me résigner à laisser tomber.

De : thomas.photo@mail.com
A : julie.f@mail
Objet : mégarde.

Je suis sincère, j’ai vraiment beaucoup aimé tes dessins et j’aimerais bien en voir d’autres.



De : julie.f@mail.com
A : thomas.photo@mail.com
Objet : pas naïve.

Je connais ta réputation, pas la peine de jouer les amateurs d’art…

Pas facile à convaincre…

De : thomas.photo@mail.com
A : julie.f@mail.com
Objet : ...

Je n’ai jamais dit que je n’étais pas à la hauteur de ma réputation, mais à ce que je sache je n’ai jamais qui que ce soit à coucher avec moi. Et je ne joue les amateurs d’art, je ne le suis absolument pas, mais t’es dessins sont beaux, et tes portraits très réalistes, alors moi qui suis dans la photo, ça m’a impressionné.

Et je suis capable de prendre un verre avec une femme sans penser à comment je vais la culbuter, en tout bien tout honneur.

A condition qu’elle ne soit pas bandante comme toi ma jolie. Toi j’ai eu la journée entière pour m’imaginer toutes les façons dont j’aimerais bien te prendre…

Certaines personnes diront que je suis un salaud de traiter les femmes ainsi, mais elles savent parfaitement à quoi s’attendre. Je ne leur promets rien d’autre qu’une partie de jambes en l’air.

De : julie.f@mail.com
A : thomas.photo@mail.com
Objet : juste un…

OK mais juste un verre alors… pas un de plus et pas d’autre activité.

Premier round pour moi. Ça s’annonce plutôt bien. Elle finira par céder.


De : thomas.photo@mail.com
A : julie.f@mail.com
Objet : quand ?

Je peux passer te prendre ce soir ? A 21h ?


De : julie.f@mail.com
A : thomas.photo@mail.com
Objet : cassons les codes.

Je passe te prendre à 20h30. Dis moi où…

Mauvais point pour moi : c’est moi qui vais dépendre d’elle.

De ; thomas.photo@mail.com
A : julie.f@mail.com
Objet : 🎵être une femme libérée 🎶

A mon studio à Anglet. Il est sur la route principale. Tu peux pas le rater. A ce soir.

Il est 19h30, je vais en profiter pour travailler les photos avant de les envoyer au recteur.

A 20h25, je sors sur le pas de la porte de mon studio, appareil à la main. Je me surprends à être un peu stressé à mesure que l’heure où elle va arriver approche. Cette fille m’attire plus que juste sexuellement. Il est clair qu’elle m’excite et que j’ai envie d’elle. Et c’est justement là toute la différence : les autres j’ai envie de les sauter. Elle j’ai envie de lui faire l’amour. De prendre mon temps, de la regarder dans les yeux.

C’est la première fois que ça m’arrive depuis 10ans… et ça me fait peur.

Une focus sport rouge s’arrête devant moi, du AC/DC s’échappe par la fenêtre entre ouverte. Je lève les yeux et vois Julie à l’intérieur.

Hey, lui dis-je en entrant dans la voiture.
Salut.

Elle est aussi jolie que ce matin. Faut que je me retienne de l’embrasser. Et que je me calme avant qu’elle ne remarque que je bande.

Je t’imaginais plutôt au volant d’une petite voiture style twingo que d’une focus sport rouge… je lance pour tenter d’apaiser la tension qui monte en moi.
Les apparences peuvent être trompeuses. Je sans fan de sport automobile. J’adore la vitesse. Tu veux qu’on aille où ?

Je donne l’adresse d’un bar un rock à Biarritz.

Installés en terrasse, je commande une bière pour moi et un verre de vin blanc pour elle qu’elle annule aussitôt au profit d’une bière. Je la regarde étonné.

Je t’ai dit les apparences sont parfois trompeuses : c’est pas parce que je suis une fille que je n’aime pas la bière. Même si je n’ai rien contre un verre de vin. Et tu le trimballes partout où tu vas ? Je lui demande quand il pose son appareil sur la table.
Quasiment oui, on peut tomber sur quelque chose d’intéressant à tout moment.

Quand elle me fixe du bleu de ses yeux, j’ai envie d’envoyer voler la table qui me sépare d’elle, de l’embrasser et de la prendre contre le mur. Pour penser à autre chose, je regarde les gens aller et venir dans la rue. Si je continue de la regarder le seul moyen que j’aurai de débander ce sera de la baiser. Et elle a l’air dure à convaincre. Va falloir que j’y aille en douceur si je veux passer la nuit avec elle.

Quand je me tourne à nouveau vers elle, nos regards se croisent et je n’arrive plus à la lâcher du regard. Il y a quelque chose dans ses yeux qui me fait craquer. Les autres filles, je ne pense qu’à la nuit à venir, avec elle je sais déjà que j’aurai envie de la revoir. Et pas seulement pour la sauter mais pour passer du temps avec elle. Elle a quelque chose de différent des autres files.

Parles moi un peu de ta passion pour les voitures et la vistesse…. Je lui demande pour briser le silence.
Quand j’étais au collège je sortais avec des gars pas ment fréquentables, plus âgés , qui avaient déjà le permis et qui aimaient prendre des risques au volant. Ces poussées d’adrénaline ça m’a vite plu. Une nuit, j’avais peut être 15 ans, je suis descendue de ma chambre, j’ai pris les clefs de la voiture à mon père et je suis partie. Je voulais aller prendre l’autoroute pour voir jusqu’à combien je pouvais faire monter la voiture mais je me suis faite choper par les flics… heureusement que mon père en connaissais un, ils ont fermé les yeux. Je me suis pris la raclée de ma vie. Puis mon père m’a payé une licence pour que je fasse du rallye et de la course sur circuit. J'ai fait mes premières compétitions à tout juste 17 ans. Et toi, la photo ?
J’ai eu l’occasion de rencontrer un photographe de guerre et j’ai trouvé ça fascinant.

Je n’ai pas envie de m’épancher davantage sur mon passé.

Je reviens tout de suite, dit-elle en se levant.

J’ai dit un truc qui fallait pas ? Elle se dirige vers le bar. J’en profite pour mater son petit cul quand elle se penche pour parler au serveur. On dirait qu’elle porte un string vu que je ne vois aucune marque de culotte sous le tissus serré de son slim. Je me sens à nouveau à l’étroit dans mon boxer. J’att mon appareil photo et prends un cliché de ce fessier sexy. Quand elle se tourne un peu, je la photographie de profil. Je repose l’appareil avant qu’elle ne s’aperçoive que je l’ai prise en photo à son insu.

Elle revient.

Tout va bien ? Je lui demande.
Oui t’inquiète, j’ai pas du assez manger aujourd’hui c’est tout.

Je saute sur l’occasion : je vais payer nos consos et je la prends par le bras.

Alors on va manger un truc.

Installés dans la voiture, je tape mon adresse sur le GPS. Je me garde bien de lui dire que je l’emmène chez moi. Vu sa réaction dans les mails, elle ne démarrerait même pas.

Voilà, comme ça on peut continuer à discuter pendant que la madame te dit où aller.

En bouclant nos ceintures, nos mains s’effleurent. Elle retire sa main rapidement, trop à mon goût.

Et sinon, à part le dessin et la course auto, t’as des passions, des loisirs ?
Je fais de l’escalade, de la course à pied, du surf… toi ?
Course à pied aussi, et musculation, tous les jours. Je vois qu’on est tous les 2 assez sportifs.
Toi plus que moi, on dirait. Tous les jours c'est trop,
Moi c’est une habitude que j’ai gardé de mon ancien travail…
Tu faisais quoi ?
Je n’ai pas trop envie d’en parler.

Je regarde par la fenêtre en passant ma main dans mon cou, des images du 27 mai 2009 revenant me hanter.

On arrive devant chez moi.

Tu es sûr qu’on est au bon endroit ?
Oui, je t’ai dit qu’on allait manger. Chez moi…

Elle devient pâle, c’était trop radical comme méthode.

Je crois pas que ce soit une bonne idée… je te l’ai dit, je suis pas ce genre filles. Je m’allonge pas pour les beaux yeux d’un mec. Je vais y aller.

Faut vite que je trouve une idée si je veux garder toutes mes chances. Soudain elle manque de tomber. Je me précipite pour la rattr.

Et moi je crois surtout que tu vas entrer manger un truc parce que je ne te laisse pas conduire comme ça.

Je la conduis au canapé et vais chercher un verre d’eau.

Depuis quand n’as-tu rien mangé ?
Mon dernier vrai repas date d’hier soir. J’ai juste avalé un yaourt avant de venir te chercher.
Mets toi à l’aise pendant que je te prépare à manger.

Je mets de l’eau à chauffer et sors du saumon du frigo. Tout en m’affairant, je l’observe du coin de l’œil.

C’est ton père sur la photo ? Me demande-t-elle.
Oui, il était dans les para. Il est mort lors du crash d’un avion qui les emmenait lui et ses gars sur une mission. Le 12 mars 1988. Je venais de fêter mes 3 ans...

Souvenir un peu amer.

Je suis désolée.
Ne le sois pas, il avait choisi son métier, ça fait partie des risques.

Soudain, j’entends des accords joués à la guitare. Puis sa voix… je reste figé. Elle chante super bien. Je m’approche avec les assiettes mais elle ne me voit pas tout de suite. J’en profite pour l’admirer.

Désolée, je n’ai pas pu résister à l’envie de jouer.
Pas de problème. Donc tu fais de la musique aussi. Et tu chantes...
A mes heures perdues.

On s’installe à la table du salon.

Tagliatelles au saumon. Et tu as intérêt à vider ton assiette, sinon je ne te laisse pas rentrer chez toi.
A vos ordres chef.
Excuse moi de mettre les pieds dans le plat maintenant, mais quand tu as vu que je t’emmenais chez moi, tu as vraiment eu l’air terrifiée. Tu sais, je suis peut être un coureur, et je vais être honnête, si ça te tente de coucher je vais pas m’en plaindre, mais j’ai jamais qui que ce soit… je voulais pas de faire peur en tout cas.
Je sais bien que tu vas pas me violer, t’inquiète. Mais les histoires d’une nuit, j’ai donné une fois et je l’ai payé plutôt cher…
Tu t’es attachée et le mec t’a envoyée valser ?
Valser oui mais comme tu le penses. Ça devait un coup d’une nuit, puis je me suis attachée, il en a profiter pour se servir de moi comme plan cul quand il trouvait pas d’autre nana à sauter. Puis finalement on s’est plus ou moins mis ensemble, mais il contenait de se taper d’autres filles. Moi je pardonnais tout. Puis un jour je suis tombée enceinte. Quand je lui ai dit a pensé que je l’avais fait exprès pour qu’il arrête de jouer avec. Il m’a envoyé valser dans les escaliers et m’a fracassée à coups de pieds. Je me suis réveillée deux jours plus tard à l’hôpital, le bras cassé, un trauma crânien et plus de bébé…

Je repose ma fourchette, incapable de dire un mot. Elle ne parle plus non plus. Je lui propose qu'on aille s'asseoir sur le canapé. Elle accepte et me suis.

Je voulais pas te couper l’appétit… mais je voulais pas que tu crois que je pense que tu es un salaud. Je comprends tout à fait qu’on ait pas envie de s’engager.
Le mec est devenu quoi ? Dis moi qu’il est en taule…
Non. Il a été relâché faute de preuves et d’antécédents. Il habite le même village que moi, je suis susceptible de le croiser tous les matins…
A mon tour de t’expliquer pourquoi je suis comme ça avec les femmes. Comme tu le sais mon père était militaire et est mort quand j’étais tout petit. Ma mère la mal vécu. Elle a essayé de refaire sa vie, mais n’est tombée que sur des mecs qui l’ont prise pour une conne. Elle n’a eu que des aventures sans lendemain. La nuit j’entendais les mecs la sauter, et repartir à l’aube sans un mot. Je jamais su m’attacher à quelqu’un parce qu’on ne m’a jamais montré ce que ça fait… la seule histoire où j’ai tenté de m’engager c’est soldée par un échec. Du coup c’est plus simple de trouver des nanas qui veulent juste s’amuser une nuit : pas de prise de tête pas de jalousie.

Un silence s’installe entre nous. Je passe mon bras autour de ses épaules et l’attire à moi. Elle ne résiste pas. J’entreprends alors de l’embrasser mais elle ne répond pas à mon baiser. Je cherche alors son regard, n’y voyant aucune peur ni rejet, je repose mes lèvres sur les siennes. Elle répond timidement à mon baiser. Nos langues se cherchent et se frôlent, doucement d’abord puis ce baiser devient presque sauvage.

Pour la première fois depuis des années, j’ai envie de prendre mon temps. De découvrir chaque partie de son corps. Je glisse alors ma main dans son dos sous son t-shirt et la pose sur ses reins. Elle me repousse et se lève brusquement.

Non, je peux pas, désolée… pas maintenant.

Elle att ses chaussures et part en courant.

Je me retrouve comme un con sur mon canapé. Elle avait pourtant l’air d’accord, j’ai pris mon temps pour ne pas la brusquer. D’autant que j’aurais bien aimé que pour une fois ce ne soit pas l’histoire d’un soir.

Un peu plus tard dans la soirée, je décide d'en profiter pour me coucher tôt pour une fois, mais avec une trique pareille pas moyen de dormir.

Je vais faire un tour dans bar, descends une vodka cul sec et vais clairement dire à la nana qui me fixe depuis je suis entré que j’ai envie de baiser. Je l’emmène dans ma voiture et la prends sur la banquette arrière, en me disant que c’est le corps de Julie que j’aurais voulu avoir contre moi.

Le lendemain, je n’arrête pas de penser à elle.

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