Coup De Coeur Entre Artistes 2

2. Elle

Je passe mon dimanche à réviser pour mon exam d’histoire de l’art du lendemain et à finir mes esquisses. En fin d’après midi, j’enfile un short et un t-shirt pour partir faire mon jogging dans la campagne autour de Ustarritz accompagnée de Ice.

En rentrant, je file directement sous la douche puis me prépare à manger. Alors que je termine mon repas, mon portable sonne : c’est Sophie, ma meilleure amie depuis toujours.
- Coucou ma biche, dis-je en décrochant .
- Coucou, répond-elle d’une toute petite voix. Tu te souviens que demain matin y a le photographe qui passe à la fac pour la nouvelle pub ?
- Oui oui, je me souviens. On se rejoint devant le hall ?
- Je suis désolée mais je vais pas pouvoir venir, je suis malade à crever. Tu vas devoir y aller seule…
- Non mais je peux pas y aller seule… c’est toi la nana super à l’aise et tout… moi je voulais ben le faire parce que t’étais là…
- Julie, faut vraiment que tu y ailles, je me suis engagée auprès du recteur. Et de toute façon on va pourvoir prévenir le photographe… s’il te plaît ma chérie…

Je lève les yeux au ciel, me maudissant de la réponse que je vais lui donner.

- C’est bien parce que c’est toi. Mais je sais pas comment je vais faire sans toi…
- Merci, merci, merci ! Et t’en fais pas tu vas être top, t’es canon. Tu fais juste ce qu’il te dit et ça ira. Et n’oublie pas la tenue que je t’ai préparée.
- Oui maman ! Dis je en riant.
- Bon je te laisse, je retourne me coucher.
- Repose toi bien.

Et nous raccrochons.

Le lendemain matin, je me lève un peu plus tôt que d’habitude pour me préparer selon le cahier des charges établi par Sophie. Je lisse mes cheveux, enfile le jean slim et le chemisier blanc qu’elle m’a choisis. Je me maquille légèrement et me parfume. Je repasse par ma chambre pour attr mon sac de sport et y mettre une tenue plus confortable pour la journée.

Dans l’entrée, j’enfile des escarpins rouges, prends mon carton à dessins et pars pour la fac.

Dans la voiture je me demande encore ce qu’il m’a pris d’accepter d’y aller sans elle. Et si j’y allais pas ? Je rejette cette idée : Sophie s’est engagée auprès du recteur il y a des semaines déjà, je ne voudrais pas que ça lui porte préjudice.

Arrivée sur le parking, je me gare et prends mes affaires dans le coffre. Je ne suis pas très en avance, c’est donc d’un pas rapide que je me dirige vers la salle de dessin du dernier étage.

Quand j’entre, le photographe est déjà là. Il installe des spots dans différents endroits de la pièce.

- Bonjour, je lance timidement.

Il me répond tout en branchant la fiche électrique d’un spot, puis il se tourne vers moi. Il est vraiment bel homme : plutôt grand, musclé, des cheveux châtains foncés courts et coiffés avec du gel. Et des yeux bleus magnifiques. Il doit avoir une trentaine d’années.

- Moi c’est Julie.
- Thomas. Elle est en retard Sophie ?
- Elle ne pourra pas venir, désolée… Elle m’a dit que c’était arrangé avec le recteur pour que je fasse les photos seule…

Je vois un voile sombre passer des son regard.

- OK, je te laisse t’installer là, me dit il en me désignant un tabouret face à une toile posée sur un chevalet. Fais comme si je n’étais pas là.

Je commence alors à dessiner un visage de femme, mais je tremble. Je ne suis pas à l’aise lorsque l’on m’observe. J’entends les cliquetis de l’appareil photo à chaque fois qu’il appuie sur le déclencheur.

- Détends toi un peu, faut que tu donnes envie à des jeunes de 18 ans de venir étudier ici. Là tu as l’air coincée, stressée, limite de te faire chier… et mets toi un peu en valeur, on est pas au couvent…

Je prends sur moi pour ne pas lui montrer que je suis vexée. J’essaie de m’installer de façon plus détendue. Il pose son appareil sur une chaise, puis viens vers moi.
Il replace une mèche de cheveux en arrière de mon visage, ajuste ma position sur le tabouret, puis ouvre un bouton de mon chemisier. Puis il retourne prendre son appareil.

- Vas-y, reprends.

Sauf que je suis encore moins détendue qu’avant maintenant que mon chemisier dévoile le haut de ma poitrine et que ce soit un homme que je ne connaissais pas il y a 30 minutes qui s’en soit chargé.

- Bon, je vais prendre un café, fais une pause, on reprend dans 5 minutes.

Il sort de la pièce sans un autre mot.

Pour me détendre, je continue mon dessin. J’ai bien avancé quand j’entends à nouveau les cliquetis de l’appareil. Je me retourne brusquement.

- Désolé, je ne voulais pas te faire peur. Quand je suis remonté, tu étais vraiment concentrée et on voyait que tu aimes ce que tu fais, je me suis dit que c’était le moment ou jamais.
- Vous ne m’avez pas fait peur. Du coup on a fini ?

Il fait défiler les clichés sur l’écran LCD de son nikon.

- J’ai ce qu’il me faut. Tu veux les voir sur le pc ?
- Je ne voudrais pas r de votre temps .
- T’inquiète, viens.

Il se dirige vers son pc portable et y glisse sa carte SD. Il ouvre le fichier contenant les clichés. Les premières photos qu’il a faites : je donne vraiment pas envie de venir étudier ici. Puis celle qu’il a prise sans me prévenir est magnifique.

- Tu vois, tes traits sont plus détendus, et il y a quelque chose dans ton regard, une sorte d’étincelle. Tu veux que je te l’envoie ?
- Si ça ne vous dérange pas…
- Je ne te le proposerai pas… et par pitié, arrête de me vouvoyer… Note ton mail là, me dit-il en me tenant son portable.

En lui rendant son téléphone, je regarde l’heure sur l’écran.

- Je vais devoir te laisser, faut que je me change avant de retourner en cours.

Je prends mon sac de sport et vais aux toilettes pour enfiler mon jeans bootcut, mes converses et mon t-shirt AC/DC.


Arrivée devant la salle de cours, je me rends compte que j’ai oublié ma pochette à dessins dans la salle où on a fait le shooting. Je fais demi tour pour aller la chercher. Quand j’arrive, il a fini de ranger son matériel. Et il est assis à un bureau en train de regarder mes dessins : il a en main celui que j’ai fait samedi à la plage.

Soudain, il lève les yeux et me regarde un peu confus.

- Désolé, je suis du genre curieux. Je voulais t’envoyer un mail pour te dire que tu l’avais oublié et que je l’avais emmené et que tu pourrais passer le prendre à mon studio parce que je savais pas où je pourrais te trouver. Et je n’ai pas résister à l’envie de l’ouvrir. T’es douée…
- Merci.

Il remet les feuilles dans le carton et fait claquer les élastiques pour le refermer. Au moment où il me le rend, il s’approche de moi et me fait la bise.

- Ça a été un plaisir de te prendre en photo.

Ne sachant pas quoi lui répondre, je lui souris et m’en vais avec mon carton sous le bras.

Lui.

Le dimanche je vais à la salle de sport faire ma séance de musculation. J’ai un grand besoin de faire du sport, ça me défoule, me détend. Et c’est une habitude que j’ai gardé de mes années à l’armée.

Demain j’ai un shoot à l’école d’art de Biarritz. Deux petites étudiantes à photographier : ça peut être sympa. Surtout l’après shooting si ces demoiselles veulent bien jouer un peu.

Le lendemain, j’arrive sur place à 8h30. Les filles doivent arriver à 9h00. J’installe mon matériel.


- Bonjour, fait une voix féminine derrière moi.
- Bonjour, je réponds en branchant un spot.

Puis je me retourne. Une jeune femme châtain entre dans la pièce. C’est loin d’être une bimbo mais c’est justement ce qui la rend si jolie. Sa tenue est loin d’être aguicheuse, mais elle est très classe comme ça, bien qu’un peu stricte. Manque plus que sa copine et on pourra commencer.
Et après je compte passer du bon temps en charmante compagnie. J’ai pu rencontrer la deuxième étudiante, une certaine Sophie quand on a planifié cette séance avec le recteur. C’est une nana au physique très avantageux et qui sait le mettre en valeur. A priori, elle ne sera pas difficile à convaincre pour une partie de jambes en l’air.

- Moi c’est Julie, dit elle en me tendant une main
- Thomas. Elle est en retard Sophie ? Je le demande en lui serrant la main.
- Elle ne pourra pas venir, désolée… Elle m’a dit que c’était arrangé avec le recteur pour que je fasse les photos seule…

Dommage, je me serais bien fait un plan à 3 avec elles deux. Mais je me contenterai de Julie.

- Ok, je te laisse t’installer là.

Pendant qu’elle s’assied sur le tabouret, je récupère mon appareil et règle les spots vers elle.

Pendant que je la photographie, j’en profite pour l’observer : elle a la peau claire, des cheveux qui lui descendent jusqu’à la moitié du dos. Elle est jolie mais ce n’est pas mon genre de nana habituel. Pourtant elle m’attire énormément.

- Détends toi un peu, faut que tu donnes envie à des jeunes de 18 ans de venir étudier ici. Là tu as l’air coincée, stressée, limite de te faire chier… et mets toi un peu en valeur, on est pas au couvent…

Je pose mon appareil et me dirige vers elle. Je déplace une mèche de cheveux qui voilement peu son visage, repousse un peu ses épaules en arrière et ouvre le dernier bouton de son chemisier pour mettre en valeur sa poitrine. J’en profite pour y jeter un œil. Ses seins sont bien ronds. J’aperçois un peu de dentelle noire.

- Vas-y, reprends, lui dis je en reprenant mon appareil.

Elle est encore plus crispée qu’avant. Elle m’agace. Ça me saoule les nanas qui sont gauches. Et vue la tête qu’elle a fait quand j’ai déboutonné son chemisier, je pense que c’est pas ce matin que je vais tirer un coup.

- Bon, je vais prendre un café, fais une pause, on reprend dans 5 minutes.

Je descends à la machine à café de l’entrée. Je prends un café long sans sucre que je bois en remontant les escaliers. Cette fille me trouble vachement. Elle vraiment belle mais les nanas que je me tape en général sont plus souvent du genre salope que classe, elles acceptent plus facilement un coup à l’arrache.

Mais elle j’ai autant envie de la baiser que de la prendre tendrement dans mes bras et de l’embrasser. C’est confus dans ma tête. Je suis loin d’être un sentimental. Quand tu es à l’armée, vaut mieux pas s’attacher aux gens. Et je l'ai appris à mes dépends.

De retour devant la salle de cours, je la vois absorbée par son dessin. Elle est sublime. La lumière du jour fait des reflets dans ses cheveux. Elle ne peut pas être plus naturelle qu’à cet instant. J’entre sans faire de bruit, me saisi de mon appareil et la prend en photo. Je zoome et reprends une photo au moment où elle se tourne vers moi.

- Désolé, je ne voulais pas te faire peur. Quand je suis remonté, tu étais vraiment concentrée et on voyait que tu aimes ce que tu fais, je me suis dit que c’était le moment où jamais.
- Vous ne m’avez pas fait peur. Du coup on a fini ?

Je regarde les dernières photos.

- J’ai ce qu’il me faut. Tu veux les voir sur le pc ?
- Je ne voudrais pas r de votre temps.
- T’inquiète, viens.

Je vais insérer ma carte SD dans mon ordinateur portable. Je lui montre les premiers clichés, puis celle que j’ai faite par surprise. Je me garde de bien de lui montrer celle où j’ai zoomé sur son visage, comme un qui aurait fait une bêtise.

- Tu vois, tes traits sont plus détendus, et il y a quelque chose dans ton regard, une sorte d’étincelle. Tu veux que je te l’envoie ?
- Si ça ne vous dérange pas…
- Je ne te le proposerai pas… et par pitié, arrête de me vouvoyer… Note ton mail là.

Je lui tends mon téléphone portable ouvert sur un nouveau contact que j’ai nommé Julie.

- Je vais devoir te laisser, faut que je me change avant de retourner en cours, me dit-elle en rendant mon portable. Puis elle s’en va en attrapant son sac de sport sans que je n’ai eu le temps de lui dire quoi que ce soit

En rangeant mon matos, je constate qu’elle a oublié son carton à dessins. Je vais l’emmener au studio et quand je lui enverrai la photo, je lui dirai qu’elle peut passer le chercher. Ça me fera une excuse pour la revoir.

D’habitude, je n’ai aucun mal à séduire une fille et à l’avoir dans mon lit. Mais là, pas moyen d’articuler un mot en ce sens. Pourtant c’est pas l’envie de la sauter qui manque. D’ailleurs je me sens à l’étroit dans mon boxer avec ma queue dressée. Mais pour la première depuis des années, je ressens autre chose que du désir pour cette fille.

Une fois mon matériel rangé, je décide de jeter un œil à ses dessins. Elle dessine vraiment bien. Un dessin en particulier attiré mon attention.

En bas à droite, il y a la date de samedi, plage de Biarritz. Et au milieu de la scène, un berger australien et un homme habillé d’un jean et d’un t-shirt blanc le photographiant. Tout comme je le faisais samedi.

Soudain je sens qu’on m’observe. Elle s’est changé pour une tenue bien plus décontractée, mais elle est toujours aussi jolie et excitante.

- Désolé, je suis du genre curieux. Je voulais t’envoyer un mail pour te dire que tu l’avais oublié et que je l’avais emmené et que tu pourrais passer le prendre à mon studio parce que je savais pas où je pourrais te trouver. Et je n’ai pas résister à l’envie de l’ouvrir. T’es douée… lui dis je en rangent des dessins.
- Merci.
- Ça a été un plaisir de te prendre en photo, lui dis-je en lui faisant la bise après lui avoir rendu son carton à dessins.

Elle me sourit et part sans un mot. Cette inscription sur le dessin me taraude, il faut que je vérifie.

De retour au studio, j’allume mon ordinateur et parcours les clichés que j’ai faits à la plage samedi. Après quelques minutes, je trouve ce que je cherchais : une photo du point de vue opposé à celui de son dessin. Et au milieu du plan, une jeune femme assise sur un banc, un bloc à dessin sur les genoux, un crayon à la main.

Je zoome sur son visage. Pas de doute possible, c’est Julie.


De : thomas.photo@mail.com
À : julie.f@mail.com
Objet : photo.
Pièce jointe : julie.jpeg

Hey, voici la photo. Tu es vraiment très jolie dessus. Et tu es vraiment douée pour le dessin. J’aimerais bien voir d’autres de tes croquis à l’occasion. On pourrait peut être aller boire un verre un soir…

À bientôt, Thomas.

Je ne lui parle pas de ma présence sur son dessin, ni de la sienne sur ma photo. Je m’étonne moi-même de m’être attaché à se détail. Mais j’ai une irrépressible envie de la revoir.

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