Adamo

Ces deux sœurs étaient blondes toutes deux. Elles étaient de Barbezieux, petite bourgade de Charente. Ville de naissance de mon papa, ce qui, néanmoins n’explique rien au fait que ces deux filles aient été là, à Andernos.

Nous étions en vacances et ce soir-là, se produisait au Casino Miami, face à la jetée, Adamo, chanteur belge.

Moi j’aimais bien Adamo. Surtout Tombe la Neige.

Les deux blondes étaient filles d’un copain de mon père, c’est pourquoi je les connaissais. Elles étaient là devant la jetée dans la nuit d’août. Chaleur de la nuit. Lumières hautes des lampadaires. Et beaucoup de monde en cette soirée chaude sur l’esplanade, vaquant en short-chemisette ou robe de cotonade légère.

Et ces deux filles blondes, seize ans la plus vieille, l’autre guère moins. Et blondes toutes deux, avec des seins qui moulaient leurs pulls fins rayés de bleu. Des seins comme on les aimait en ce temps-là, ronds et pleins.

Ces deux sœurs se tenaient par la main. Elles exprimaient dans la nuit trouble d’août leur désir de connivence leur évidente gemmelité. Et on en était tout chose. En tous cas moi, je l’étais. Moi j’étais en regard de ces deux filles. Et je bandais tendrement ... ni pour l’une ni pour l’autre. Pour laquelle donc ?

Leur père était copain du mien. C’était peut être la raison de ma retenue. Ou du moins de l’ambiguïté du moment.

Mais les deux filles me mataient avec des yeux immenses de mangas japonaises et moi je chavirais. La canicule de la nuit pesait sur nous.
Le Casino Miami a ouvert les portes de côté tant il faisait chaud dans la salle. La voix de Salvatore est venue à nous. Et nous nous sommes rapprochés comme papillons attirés par la lumière, par sa musique et ses chansons. Nous étions tous les trois serrés au sein d’un groupe d’adolescents comme nous qui s’efforçaient de voir un bout de scène et le chanteur écrasé des lumières agitées des projecteurs.



Elles étaient collées à moi et moi j’étais heureux au milieu d’elles.

Laisse mes mains sur tes hanches et moi je les serrais à la taille, à chaque main une taille. Elles aimaient ça et se collaient contre moi de leurs hanches élastiques. Mes mains sont remontées par dessus les polos rayés Coopérative maritime d’Andernos-les-Bains empaumer leurs tourterelles agitées et vivantes, à chaque sein une main.
Et les filles riaient. Sûr qu’elles ne faisaient pas des yeux furibonds.

Et le chanteur chantait zétaient chouettes les filles du bord de mer, et moi je lui donnais raison et pensais que son inspiration était clairvoyante. Et notre trio s’était immiscé par l’issue de secours jusqu’à l’intérieur de la salle de spectacle fortement compressé par les autres resquilleurs.

Pas question de leur voler un bécot. L’eût fallu pour cela quitter Adamo des yeux.

Quand il a attaqué Vous permettez Monsieur les deux filles m’ont regardé avec leurs yeux innocents et j’ai brusquement senti qu’elles empaumaient, l’une mes roupes, l’autre ma tige.
Et moi je m’interrogeais pour savoir qui de l’aînée ou de la cadette serrait ainsi si fort si bon mon gland à travers le tissu épais du jean.

Viens, viens ma Brune, et je ne me sentais pas concerné. Les deux filles étaient agrippées à mes intimités et personne autour de nous n’avait conscience de mon bienheureux martyre. J’avais compris qu’il me fallait moi aussi être discret et j’avais redescendu mes mains à leur taille pour passer sous les T-shirts rayés triturer leurs seins directement de peaux nues et de tétons dressés. Elles semblaient ravies sauf qu’elles pensaient, ce gars-là n’a que deux mains et c’est bien dommage.

Et Adamo entamait sa dernière, la Nuit.
Je pensais, la nuit après cette affaire sera mienne et si je me débrouille bien j’aurai deux trophées blondes de Barbezieux, bourgade de Charente. Pas même maritime, cette Charente.

Je les ai racompagnées à leur petite villa dans le noir des rues herbues d’Andernos.
Elles m’ont dit, nous on couche dans la caravane, la villa est trop petite il n’y a qu’une chambre pour les parents.

La roulotte blanche était garée sur le côté de la villa. On s’est glissés silencieusement dans l’Adria sans allumer de lumières.
Elles ont dit, il n’y a qu’un lit et on y dort toutes deux ensemble. Nous on est fusionnelles, viens avec nous, on se serrera.

Manifestement les filles de Charente étaient dégourdies et ont su me déniaiser de leurs mains de leurs bouches à faire gicler mon trop plein d’amour dans le lit matrimonial de leur caravane.

J’étais trop jeune et elles aussi pour aller plus loin et c’est bien ainsi car j’ai gardé d’elles souvenir ému du tour de chant de Salvatore Adamo. Et quand je vois l’homme âgé qu’il est à présent, je repense avec tendresse aux deux blondes rurales de Barbezieux égarées un soir d’août 1965 sur le Bassin, en villégiature.

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