Looking For Manara. Chapitre I. La Fille Du Train.

Looking for Manara
                               Cinq personnages en quête d'auteur.
                                                  Chapitre1
                                           La fille du train.
     Je me trouvai, debout, hébété, près de la porte de communication, juste avant le premier compartiment, dont tous les rideaux étaient tirés.

     Un train ! J'étais dans un train ! Qu'est ce que je faisais dans un train...? Où allait-il ?
     Dehors, c'était une nuit d'encre, hachurée de temps à autre, par la tache blanche, aveuglante, d'un feu de sémaphore, avalée tout aussitôt qu'apparue, ou rehaussée par le trait de pinceau, vite estompé, d'un pâle faisceau lointain.
       A l'intérieur, régnait une pénombre transparente, dont le calme, teinté  par le lavis de la lumière bistre des veilleuses, contrastait avec l'obscur vacarme, qui semblait régner, au dehors.
      Qu'est ce que je foutais dans ce train de nuit, qui m'emmenait nulle part ? Je n'avais le souvenir de rien ! Les sensations qui me parvenaient, étaient étranges, dans un vertige... gommées par une brume... J'avais mal à la tête, comme si j'avais bu !
        Bien sûr ! Hier soir, j'avais bu. Et comment, on avait  bu! Nous étions avec toute la bande, et on fêtait l'anniversaire de... Comment s'appelle t-elle, déjà... ? C'est pas vrai... ! Je l'ai baisée ! Je devrais, au moins, me souvenir de son nom...
       Oui, c'est ça ! Voilà ce qui n'allait pas.

      Je réalisai, que je ne percevais qu'un bruit blanc. De ce train, ne me parvenait aucun bruit. Aucun son identifiable , sinon une espèce de chuintement inaudible, mat et plat. Comme un long sifflement ...sans que ça siffle...C'est pas vrai... !
Que j'ai chaud !
       Je ressentais bien les secousses rythmiques, qui font un des charmes du voyage en train, mais je n'entendais pas leur bruit caractéristique : tatam -tatam.

.. tatam- tatam, que j'aimais tant, quand j'étais gosse.
       Pense pas à quand t'étais gosse !
       Surtout, garder son calme, pas d'émotion ! Maîtrise !
        La perspective du long couloir se mit à osciller de droite, de gauche, encore et encore, sortant du cadre... les fuyantes se mettaient à onduler...il n'y avait plus rien de construit ...! J'allais vomir !
        Il fallait  que je ferme les yeux. Les yeux,  tout passait par les yeux, si je maîtrisais la vision , j'étais sauvé !
J'y parvins et, effectivement, tout se calma, presque instantanément. J'entendais toujours ce même bruit blanc, en fond, mais petit à petit, je retrouvai mon calme.
         Combien de temps suis-je resté là, prostré, dans cette zone ouatée et vide ? Toujours ce balancement immobile... !
        Je décidai de rouvrir les yeux. Ce que je pus faire, sans avoir à fournir d'effort. Que se passa t-il, autour de moi, pendant ce temps ? Rien...Je n'en savais rien.
        Il me fallait trouver quelqu'un, un contrôleur, un simple voyageur, quelqu'un à qui parler, qui puisse me renseigner, au moins, sur la destination de ce foutu train.
        Ça ne m'était pas encore venu à l'idée, mais j'eus soudain l'impression d'avoir perdu la mémoire. Non, ça n'était pas ça, je me souvenais, quand même, de ce que j'avais fait hier soir ...enfin, à peu près.

        « E vietato fumare » , la consigne d'interdiction de fumer était en italien. J'étais complètement paumé !
          Je me tenais près du soufflet de communication avec la voiture suivante, et décidai de m'y rendre. Je m'avançai vers la porte et l'ouvris. Alors qu'un vacarme infernal aurait dû m'assourdir, il n'y avait aucun bruit dans le sas, rien, si ce n'était ce bruit blanc, toujours... J'ouvris, l'autre porte, qui donnait sur le couloir.
         Elle était là !
          Dieu , que de beauté ! Je restai figé. En état de totale sidération.

         Les coudes appuyés sur le rebord de la fenêtre, qu'elle avait baissée sur la nuit, qui défilait, au dehors, elle avait les yeux mi-clos, ses longs cils baissés sur ses joues veloutées, pour lutter contre le vent de la vitesse, qui emmêlait les boucles de la gracieuse sculpture mobile que formait son abondante chevelure. Du haut front pur, à l'arcade délicate de ses sourcils, de la finesse de ligne de sa joue, à la grâce fragile de la délinéation du délicat maxillaire, le moindre détail du magnifique visage, disait la perfection idéale de sa  féminité.
        Elle était vêtue d'un sobre T-shirt blanc, très court, qui laissait nus, ses beaux bras graciles et ronds, sa taille flexible, l'évasement émouvant de ses hanches, le bas de son dos, jusqu'à la naissance des jolies petites fesses, rondes et fermes, que mettait en valeur un nonchalant et naturel déhanché, et qui tendaient un jeans délavé, aux plis délicieusement suggestifs. Elle portait ces horribles baskets, qui à ses pieds, devenaient sexy.
           Une impression de déjà-vu. J'étais certain d'avoir déjà rencontré cette sublime créature... Où ?
           Je m'approchai et la saluai d'un « Bonsoir, Mademoiselle. » que je rendis le plus courtois et le plus discret possible... Elle ne m'avait ni vu ni entendu arriver, je ne voulais pas la surprendre, ou la brusquer. Elle se retourna, et je fus, encore une, fois stupéfié par sa beauté.
         Cherchant du regard autour d'elle :
— Ma chi é... ? (Mais, qui est-ce ?)

      Sa voix ! C'était comme si, ses paroles me parvenaient à travers des bulles !
       Cette déesse était italienne, évidemment.
      Origines obligent : je parle couramment l'italien. Je lui répondis.

    — C'est moi, Mademoiselle, qui suis devant vous !
   — Mais... il n'y a personne !...Ah, D'accord !   j'y suis ! C'est encore toi ! Tu m'avais pourtant promis que... Alors, tu recommences à te rendre invisible ?
       —Non , non, je vous assure !
      — Ah ! Je t'en prie ! Ne recommence pas, non plus, à me mentir.

Toujours à travers ce rideau de bulles... Cependant, je comprenais parfaitement, tout ce qu'elle disait.
       — Je ne vous mens pas, je ne comprends pas...
      — Et puis, arrête de me voussoyer, s'il te plaît, on se disait tu, non ? Faire l'amour, ça rapproche...
    Ça devenait intéressant, parfaitement absurde et délirant, mais très intéressant : cette magnifique créature m'ouvrait des perspectives, auxquelles je ne pouvais croire...
     Une idée me vint, que je chassai immédiatement. Pourtant...
— Comment t'appelles tu ? Moi, c'est Mick.
     —Tu ne t'appelles pas Mick ! Et moi, tu sais parfaitement, comment je m'appelle !
Je devais sérier mes interrogations. Tant de questions m'assaillaient, qu'il était impossible de toutes les résoudre en peu de temps.
— Où va ce train, s'il te plaît ?
Elle rit. Même à travers ces bulles, c'était charmant
— Toi, alors ! Nous allons à Milan et tu es monté à Lausanne, vu qu'il n'y a pas eu d'arrêt...C'est vrai qu'avec toi...on ne sait jamais !

Milan, c'était donc, là où nous allions, second berceau de ma famille. Milan, où j'avais tant de souvenirs, et où se trouvaient encore, tant de gens que j'aimais...
— Mais qu'est ce qu'on va faire à Milan ?
       — Toi, je n'en sais rien... Moi, je vais y retrouver mon père. Mon créateur. Maurilio Manara, tu dois connaître !
C'était donc ça ! Cette idée insensée que j'avais d'abord rejetée!...  A
— C'est donc ça ! Nous sommes dans un univers parallèle, et rien de ce que nous croyons vivre, en ce moment, n'est vrai !
       — Mais, bien sûr qu'il est rallèle, cet univers ! Pourquoi dis tu : pas rallèle ? Les mondes pas rallèles, ça n'existe pas ! Ce monde, c'est le réel ! Il n'en existe pas d'autre...Et ce que nous vivons, est la réalité ! C'est comme ça, il faudra t'y faire !
Elle était aussi intelligente qu'elle était belle, et moi, j'étais un con !  
     Les fonctionnements imposent, d'eux mêmes, la règle.
Une cible, une flèche. Tu t'adaptes, point barre.
      Les cibles, ça ne manquait pas... mais des flèches, j'en avais peu !
      Si j'arrivais à descendre de ce train,  peut-être arriverais-je à me sortir de ce cauchemar...
       Descendre de ce train ? Mais, en était il encore question ? Maintenant que le délire hallucinant, dans lequel je me débattais, était entrain de se muer en un rêve exquis, par la présence magique de l' iconique beauté ?
Est ce que j'avais, seulement, envie de le quitter, ce train ?  Maintenant que ma merveilleuse inconnue me faisait miroiter des possibles, qui enflammaient mon âme?
      Elle me subjuguait... je vivais un rêve... Comment était-ce possible... ?
      Elle, quintessence de féminité, idéale de beauté,  Elle se tenait tout près de moi, et je ne pouvais y croire !
       Elle devait être l'amante parfaite, violente et  fragile, dont je percevais l'affolante et innocente perversité, dans les beaux yeux mi-clos...
       Ne pouvait elle être qu'une fille de papier ?
       Non ! Non ... Elle gommait toutes mes angoisses, mes  peurs, mes questionnements, qui , depuis Elle, n 'en étaient plus.
Ma présence dans ce train, maintenant, allait de soi.
      Tout le reste... quelle importance !
      Plus rien ne comptait, que la lumière de son visage, le havre de sa bouche, l'eau de ses yeux, pour le naufragé que j'étais.

       — Ti riccordi, caro? (Tu te souviens, chéri? ) Ces moments, passés ensemble ? Qu'est ce qu'on s'est amusé ! Comme c'était bien... !

       Alors, venant de nulle part, éclata l'intro au piano, de « Via con me »,  de Paolo Conte, me clouant sur place...Le crooner italien, commença à chanter de sa voix traînante et  profonde, m'enserrant dans l'étau d'une indicible émotion...
       Que se passait- il ? Une tourmente me balayait.  Un paroxysme de jouissance douloureuse explosait en moi et me broyait .  J'étais secoué de sanglots secs. Jamais je n'avais ressenti une telle plénitude, en même temps, qu'un tel désarroi... Je n'en pouvais plus... des larmes, qu'elle ne pouvait, heureusement pas voir,  me montaient aux yeux.
      Était ce, Elle, ensorceleuse, qui provoquait ce cataclysme ? Qu'avait Elle dit ? Qu'avait Elle fait ?
    Elle venait de rouvrir le monde.
     Tous les bruits que je connaissais du voyage en train, me revenaient, familiers. J'entendais.  
Il flottait un arôme de café, qu'accompagnait sa complémentaire, l'odeur épicée d'une cigarette de tabac blond...
      J'entendis sa jolie voix, claire :
— Vieni...Adesso, fare l'amore. (Viens...Maintenant, on va faire l'amour. )
Tendant ses mains, elle me chercha, trouva mon bras, et, s'en saisissant, m'entraîna vers le premier compartiment, le sien, qui se trouvait être vide.
     Nous y entrâmes. Je remarquai un sac de voyage et un imperméable beige dans le filet, au- dessus de ce qui avait dû être sa place.  
     Elle chercha mon visage, le prit entre ses mains et se jeta sur ma bouche, dans un baiser inassouvi, qui me foudroya. Son souffle précipité, disait sa faim, son appel à l'amour, déjà elle gémissait, anticipant le plaisir, accaparée par un désir qui l'égarait.
     Je la pris dans mes bras, et l'enserrai dans un baiser passionné, dont je ne parvenais à me rassasier, m'enivrant de son souffle, goûtant l'exquis parfum de sa bouche offerte, la tendresse de ses lèvres, chaudes et humides, promesse d'autres douceurs, plus profondes, plus suaves encore.
       Je plongeai dans la profonde énigme de ses yeux.

       Saisissant  le bas de son  court T-shirt, je le levai, l'obligeant à lever les bras,  dans ce joli geste de consentement, prélude à  l'abandon, dévoilant ses adorables petits seins, dont les mamelons rosés, durs et dressés, disaient l'intensité du désir.
      Je me penchai sur ces merveilles, en révérence, et les baisai, avec la plus grande douceur et la plus profonde dévotion. Ma divine maîtresse avait saisi ma tête entre ses bras graciles, et me serrant contre son doux giron, m'embrassait avec tendresse.
     Alors qu'elle s'affairait autour des boutons de ma chemise, je dégrafai son jeans et le fis glisser, me baissant, le long de ses jambes lisses et fuselées.
     Je me retrouvai, accroupi, face au plus doux des paysages, qui se puisse imaginer.
      Cerné de la courbe suave de ses hanches, orné d'un ombilic au dessin pur, son tendre ventre nacré, délicieusement bombé, fuyait dans une courbe bouleversante, jusqu'au doux renflements de son mont de Vénus, que dissimulait, à peine, le minuscule triangle de dentelle noire, et qu'enserraient la douceur émouvante, de ses cuisses fuselées.
    A travers la dentelle du minuscule cache-sexe, je pressai ma bouche sur la jolie motte, et la baisai avec piété, m'imprégnant de son parfum envoûtant, étreignant la douceur ferme de ses somptueuses fesses, y enfonçant mes ongles. Je la sentis se tendre, écartant les jambes, vers mon fervent baiser, aspirant l'air entre ses dents serrées. Elle appuyait de ses deux mains, sur ma nuque, accentuant ma luxurieuse caresse, et c'était une pure jouissance, que de sentir cette sublime créature frissonner sous mon baiser.
Sa très grande beauté n'était plus un obstacle... Je la voulais mienne.
       Je lui ôtai son jeans et descendis le joli sous-vêtement de dentelle.
      L'ayant assise sur la banquette de moleskine verte, et m'agenouillant devant son autel, j'écartai ses cuisses opalines pour fondre sur sa source, où je goûtai le plus doux des nectars.
       Je bandais depuis si longtemps, et avec une telle intensité que c'en était douloureux.
      Elle jouissait, râlant des mots obscènes, caressait mes épaules , m'attirant sur son sexe turgide, noyé de plaisir, exacerbant mon luxurieux baiser et m'affolant d'un plaisir indicible.
       Je n'étais plus qu'une sensation, une volonté : me fondre en elle...Je ne pouvais plus attendre !

 Je débouclai mon ceinturon, dégrafai mon jeans, et l'ouvris, saisissant ma sublime déesse par la taille, je la fis lentement glisser sur mon sexe dressé, où elle vint s'empaler, m'enserrant de son précieux fourreau soyeux, noyé de cyprine . Avec de longs râles, m'embrassant avec une violence contenue, elle imprimait  de lents mouvements à son bassin, alors que je me tendais, de toute la force de ma mentule, sur son trésor, inondé de désir.
      Elle atteignit très vite l'orgasme, et avec un art accompli, elle parvint à prolonger le nirvana dans lequel nous flottions tous deux , abandon total où la moindre parcelle de ce qui était nous, liée à l'autre, baignait en  un tout cosmique. Cela me sembla durer une éternité. Je ne savais plus où j'étais.
         Sans que j'en eus conscience, l'apex de ma jouissance explosa, je me lâchai,  faisant jaillir en elle, dans un râle, un flot de semence. Une sensation de volupté ineffable m'envahit tout entier, tandis que tout mon corps, s'arquait, contre le corps sublime de ma magnifique maîtresse.
      J'embrassai sa bouche, éperdu de bonheur, alors qu'elle gémissait les répliques de son orgasme dans de lascives ondulations.
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