Un Juste Équilibre

J’ai lu avec beaucoup de plaisir la saga écrite par « Juste un rêve », 8 épisodes de la vie de Jade et de Nicolas de « Premiers émois » à « Lorsque le mari est candauliste, la femme infidèle est prête à tout, la suite : La surprise et la consécration ! ».

Comme beaucoup de lecteurs, j’ai été irrité des infidélités de Jade et de la passivité de Nicolas qui de cocu devenait candauliste.

Avec l’accord de l’auteur que je remercie de sa confiance, j’ai écrit une suite à contre-courant des épisodes précédents pour rétablir un juste l’équilibre.

Avant de poursuivre la lecture, je vous conseille de lire le récit original.
Si les 8 épisodes vous rebutent un peu (ce serait dommage), contentez-vous de lire le dernier publié le 28 mars 2020, qui expliquent pourquoi Nicolas et Jade décident de rompre le silence, dont le récit que j’ai écrit est une variante.

Je laisse la parole à Jade qui aime tellement nous raconter comment elle prend plaisir à faire cocu son mari Nicolas.

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Le lendemain au réveil, Nico est déjà debout. Je me lève pour le rejoindre, il s’active à faire un brin de rangement. Timidement, je m’en approche pour l’embrasser :

« - Comment vas-tu, mon Bidou ? Tu as passé une bonne nuit ? … Tu ne parles pas beaucoup ?
« - Très bien, merci ! Tu sais bien que parler n’est pas vraiment mon fort, ma puce, je t’ai laissé un mot sur le meuble d’entrée.

Effectivement, une enveloppe avec mon nom en en-tête m’attend au salon. C’est avec une légère appréhension que je la récupère, qu’avait-il donc de si important à me dire ? Ma main tremble un peu en la décachetant :

*----

Ma puce,
Je t’aime fort !

*----

Quels doux mots ! Je retourne alors auprès de lui pour le prendre dans mes bras et lui dire :
« - Moi aussi mon amour, je t’aime fort… Pourtant, j’étais bien hier avec Jérôme.


« - Alors, tu as passé une bonne soirée.
« - Très bonne, oui. Et toi, ta surprise ne t'a pas trop stressée ?
« - Un peu… beaucoup…
« - Je t’aime mon bidou, ne soit pas fâché.
« - Comment peux-tu dire que tu m’aimes, après la séance que tu m’as fait vivre ?

Aïe, la question qui tue :
« - Je t’ai toujours aimé, mon Nicolas… depuis le premier jour. Je ne pourrais pas imaginer vivre sans toi, je prends toujours beaucoup de plaisir avec toi. Avec Jérôme, c’est différent, c’est la nouveauté, je découvre et je sais que je lui plais. C’est un amant extraordinaire, il me fait tellement jouir. Tu l’as vu… Je le fais aussi pour toi, je ne t’ai pas obligé, c’est toi qui me l’as demandé, tu as même lourdement insisté.

Ayant toujours Nicolas dans mes bras, je descends mes mains pour dégrafer son pantalon, je lui en glisse une dans son slip afin de me saisir de son sexe qui, effectivement, est déjà bien bandé, cela me fait sourire. Rassurée, je rajoute alors ironiquement :

« - Il me semble t’aimer encore plus fort maintenant que je te fais cocu pour te plaire.
« - Moi aussi, je t’aime tous les jours plus fort, même après cette soirée… Enfin, ne recommence pas trop souvent.
« - Excuse-moi mon Bidou … Tu es le seul dont je ne pourrais jamais me passer. Si c’est ce que tu souhaites, je ne reverrais plus Jérôme
« - Mais non ma puce, fais comme tu en as envie.

J’accentue le mouvement de branle et Nicolas commence à gémir doucement. Sa queue se fait de plus en plus dure dans ma main et sa respiration de plus en plus saccadée.

Nous tombons ensemble sur le lit, nos bouches soudées. Nicolas m’a prouvé qu’il m’aimait toujours autant malgré la soirée avec Jérôme.

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La journée se déroule banalement, comme tous les dimanches. J’ai bien essayé de déceler quelques signes de changement dans le comportement de Nicolas, mais rien ne me semble anormal, cela me rassure.


Le soir venu, après avoir fait l’amour comme toujours avec passion, Nicolas me fait une proposition :
« - Ma puce, j’aimerais aussi te faire une surprise, je t’aime tant, je veux que tu sois pleinement heureuse.
« - Un surprise mon Bidou, c’est gentil… c’est quoi ta surprise ?
« - Je ne peux rien te dire, c’est une surprise… Samedi prochain, ce sera ma soirée.

En attendant la fin de la semaine, je revois deux fois Jérôme toujours aussi fou de mon corps. Je suis transportée par sa fougue… Consciente d’y être allée un peu fort samedi dernier, je n’ai rien dit à Nicolas, pour ne pas trop le brusquer.

Le soir, toujours attentive au plaisir de mon Nicolas et au mien, rien ne transparait de mes activités de la journée.
Mais ce soir, il a une petite forme, j’ai encore plus envie de lui. Une idée me vient :
« - Tu sais mon Bidou, cet après-midi, j’ai revu ton patron.
« - C’est vrai, il s’est absenté, il m’a demandé de le remplacer. C’était donc pour être avec toi.

Je le sens frémir dans ma main, ma stratégie fonctionne, je continue :
« - Je l’ai suivi chez lui, Il avait une forme éblouissante. Tu m’en veux ?
« - Non ma puce, je sais que tu aimes jouir avec lui.
« - C’est un coquin tu sais, alors que je lui présentais mon cul pour être prise en levrette, voilà qu’il veut passer par la porte de derrière. Ah non je lui ai dit, c’est réservé à mon Bidou.

Un petit mensonge fait toujours plaisir et ne coute rien. L’effet est immédiat. Nicolas retrouve sa forme olympique. J’arrête de parler de Jérôme, autant distiller les bonnes nouvelles.
Nicolas m’emmène tout doucement au septième ciel. Dans un grand élan de générosité, il profite du passage qui lui est réservé. Pour être triviale, j’en prends plein le cul. Mais quel pied ! C’est le meilleur mon Bidou.

La semaine s’étant écoulée, le jour de la surprise que Nicolas a prévu arrive enfin. Je suis curieuse et excitée de savoir ce que mon Bidou a imaginé.
La nuit nous appartient.

Sortant de la salle de bain dans sa tenue préférée, je me plante devant lui, déjà sagement installé sur le canapé du salon. Il m’attend en regardant la télé.
« - Je te plais ? Tu m’aimes comme ça ?
« - Tu es la plus belle, je t’aime ma chérie, installes toi dans le fauteuil. Ce soir, c’est ta fête.

Je m’assoie, il se met à genou face à moi et m’embrasse langoureusement. Ça commence bien, que me réserve mon Bidou. Prenant ma tête entre ses mains, en me regardant intensément, il me propose, sur un ton doux et rassurant :
« - S’il te plaît, ferme les yeux, ma chérie… mets tes mains dans le dos.

Après un bref instant de surprise, je joue le jeu. Je ne vais pas le contrarier, pour une fois que mon Bidou prend des initiatives. Il ne faut pas décourager sa bonne volonté.

En entendant le son d’un ruban adhésif, je suis un peu inquiète, et lui demande :
« - Que fais-tu ?
« - Chut… laisse-toi faire, mon cœur, garde les yeux fermés, ça fait partie de la surprise. Je te promets que tu ne le regretteras pas.

En un tour de main, il me scotche alors les mains dans le dos et mes pieds aux barreaux du fauteuil. Saisissant un foulard il le noue afin de me masquer les yeux… Un peu stressée, je n’en reviens pas de m’être ainsi laissée faire, mais, je fais confiance à mon Nicolas.

Je sens sa main sur mes cuisses, elle remonte vers mon entrejambe, et découvre mon excitation naissante, je mouille déjà. Il ouvre mon chemisier, dégrafe mon soutien-gorge faisant jaillir mes seins dont il se met à sucer les pointes déjà bien dures. Mon excitation monte, qu’a-t-il prévu ?
« - Humm mon Bidou, j’aime tes caresses,

Je sens son sexe contre mes jambes, il tient déjà la forme, la soirée risque d’être bien coquine. Je m’esclaffe :
« - Oh, quelle forme ! la soirée s’annonce décidément sous les meilleurs auspices.
« - Les meilleurs ma puce, les meilleures.


Ses mains quittent mon corps, j’entends ses pas qui s’éloignent du salon. Que va-t-il faire ? Je l’attends confiante.

Je ne vois rien, sentant juste quelques frôlements. Que prépare Nicolas ? Je suis curieuse, impatiente, ne pas savoir me fait mouiller encore plus, sacré Bidou.

C’est alors que j’entends une voix féminine que je ne connais pas :
« - Pourquoi lui as-tu bandé les yeux ? Tu devrais lui enlever ce foulard pour qu’elle puisse profiter du spectacle.

Mon sang se glace.
Anxieuse, je sens les mains de Nicolas me caresser les seins, ses lèvres sur les miennes, avant de dénouer le foulard, et là je vois une femme brune, nue, à moitié allongée sur notre canapé, qui me regarde en souriant.
« - Bonjour madame,
« - …
Je reste sans voix.

Nicolas rejoint cette femme et l’embrasse à pleine bouche. Il la caresse amoureusement, les seins, les fesses… avant de se déshabiller. Je vois mon Bidou bander, mais pas pour moi. Une main le branle, une bouche gourmande se referme sur son gland, mais ce n’est pas la mienne.
Plein de douceur, tout en continuant à la caresser, la regardant dans les yeux, il la possède avec tendresse. Il finit par jouir dans un râle sourd et profond, libérant son plaisir tout au fond de son ventre. L’orgasme qu’il déclenche me brise les oreilles et me vrille le cœur.

Tout à leur plaisir, ils restent serrés l’un contre l’autre en silence. Aucun son ne sort de ma bouche, je suis comme paralysée.

Enfin Nicolas se redresse, et me regardant :
« - Ça va, ma chérie ? Tu as l’air contrariée ?

Je n’ose croire à ce que je viens de voir.
« - Ma puce, je te présente Maud, tu te souviens d’elle je pense ?

Il s’approche de moi sous le regard amusé de cet ex que j’avais oublié. Il m’embrasse amoureusement en me caressant les seins :
« - J’aimerais passer la nuit avec Maud. Tu n’as rien contre, n’est-ce pas ?

Je n’arrive toujours pas à prononcer un seul mot, sous mes yeux incrédules, ils se rhabillent en s’embrassant.
Après m’avoir détaché les pieds et les mains, ils se dirigent vers la porte, Nicolas se retourne en souriant :
« - A demain ma puce, j’ai laissé une lettre pour toi sur le bahut.

–––oooOooo–––

Le claquement de la porte qui se ferme me ramène à la réalité. Je me lève d’un bond vers le bahut. En tremblant, j’ouvre l’enveloppe, au premier mot, je blêmi :

*----

Thomas
Damien
…
Christophe
Gregory
…
Sylvain
…
Antonio
Fred
…
Alexandre
….
Azad (au « Clean », tu m’as vraiment pris pour un con)
…
Paul (Fabienne n’est pas très discrète)

Et mon patron, JEROME

Jérôme c’est celui de trop, je t’avais dit « pas mon patron »
Ce qui m’oblige aujourd’hui à rompre mon silence, ton silence…

*----

Je suis sonné. Nicolas tu sais, tu sais tout depuis le début ? Pourquoi n’avoir rien dit ? Je me laisse tomber dans le fauteuil, je suis anéantie. Où es-tu ? Que fais-tu maintenant ?

Mon téléphone m’informe de l’arrivée d’un sms : « Je t’aime fort, ma puce, à demain ! »

Non, je ne veux pas, Nicolas tu es à moi.
Sidérée, le regard fixe… ce n’est pas possible, non mon Bidou non…et avec cette Maud… je ne quitte pas mon fauteuil de la soirée… j’ai dû m’endormir…

Au matin, je me réveille toute endolorie. J’ai rêvé, un vrai cauchemar, je n’y crois toujours pas. Nicolas sait tout, il ne m’a jamais rien dit depuis plus de 20 ans.

Je regarde, sans la voir, la liste de mes amants établie par Nicolas… comment a-t-il pu savoir ?
Je suis partagée entre la peur et la colère. Peur de le perdre, j’espère qu’il va rentrer, qu’il ne restera pas avec cette fille. Colère contre lui, contre moi, quelle conne j’ai été !

L’heure tourne… j’ai besoin de parler à quelqu’un.

Thomas, mon premier amant, lui saura me consoler... Mince, il a changé son numéro, impossible de le joindre.
Alors Damien… Dès la première sonnerie, sa voix résonne dans l’appareil :
« - Allo ?
« - C’est…
Je n’ai pas le temps de finir ma phrase, il m’a reconnue,
« - Jade, t’es gonflée de m’appeler après ce que vous nous avez fait,
« - Attends, de quoi tu parles ?
« - Pauvre Thomas, il ne méritait pas ça.

Sur ces simples mots, sans plus d’explication, il raccroche.
Je ne sais plus où j’en suis, de quoi parle-t-il ? Ma tête va éclater, je suis complètement perdue.

Paul, mon beau maitre-nageur, sera mon confident. J’aimerais entendre sa voix, j’aimerais qu’il me prenne dans ses bras :

Manque de chance, c’est Fabienne qui répond. Paul est en arrêt maladie, accident du travail.
« - Qu’est-il arrivé ?
« - Tu n’as pas su ? Peu de temps avant ton départ, le lendemain de la dernière nuit que vous avez passé ensemble, il est tombé dans un escalier, double fracture de la cheville, broche, plâtre, rééducation. Il en a encore pour 4 mois avant une nouvelle opération.

Intriguée, j’oublie mes soucis,
« - Comment est-ce arrivé ?
« - On ne sait pas trop, il a raté une marche, c’est pas de chance… Nicolas a été formidable.
« - Nicolas ? comment ça ?
« - Ben, c’est Nicolas qui l’a aidé et qui l’a conduit à l’hôpital, il a vraiment été très bien. Surtout après ce que tu lui as fait subir.
« - …
Je m’interroge, que faisait Nicolas avec Paul, il ne m’en a jamais parlé.
« - Il va un peu mieux maintenant mais sa cheville risque de rester bloquée, il boitera toute sa vie,
« - Oh ! … Il doit se sentir bien seul, j’aimerais le revoir.
« - Quand tu es partie je l’ai consolé. Nous sommes ensemble maintenant, ne vas pas me le reprendre.
« - …
Mon Paul, avec Fabienne ? Non, je ne veux pas… Voilà que je deviens jalouse, il faut te reprendre ma vieille. La voix de Fabienne me rappelle à la réalité :
« - Au fait, tu appelais pour quoi ?
« - Rien de particulier, juste pour prendre des nouvelles. Je te souhaite beaucoup de bonheur, Paul est un bon amant, crois-moi.

Que faisait Nicolas avec Paul ? Non il n’a pas pu…pourtant quelle coïncidence ! Ce n’est pas possible…

Je suis encore dans mes songes, ne sachant plus quoi penser. On sonne. Nicolas ? non, il doit avoir sa clé… J’ouvre sur un Jérôme en fureur, rouge, qui se mets à crier :
« - Bande de pervers, de dépraver, t’es une belle salope avec ton mari…

Je ne comprends rien, j’ai besoin de lui pour y voir clair. J’aimerais qu’il m’embrasse, qu’il me caresse, j’aimerais faire l’amour avec lui. Mais ce n’est pas le jour.
« - Vous vous êtes bien foutus de ma gueule tous les deux… Il a tout cassé, tout cassé…
« - Qui ça ? De quoi parles-tu ?
« - Ton Nicolas, de qui veux-tu que je parle. Ce salaud de Nicolas. Tout cassé, il a tout cassé.

Sans me laisser placer un mot, il repart en claquant la porte. La situation m’échappe.

Effondré dans mon fauteuil, la porte s’ouvre enfin sur un Nicolas tout sourire.
« - Comment vas-tu, ma puce ? Tu as passé une bonne nuit ? … Tu as l’air bien songeuse.

Je n’ai même plus la force de lui faire une scène, j’aimerais qu’il m’explique, j’aimerais me réveiller.
« - Jérôme sort d’ici, que s’est-il passé ? Il était en colère, il m’a dit que tu as tout cassé…je n’ai rien compris.
« - Ce matin, je suis allé à la salle de sport, j’ai fait l’ouverture à 9 heures, quand Jérôme est arrivé à 10 heures, il a dû faire la fermeture.
« - …
« - Non, je n’ai pas tout cassé…Il aura juste besoin de quelques jours pour faire un peu de rangement.
« - …
Que dois-je comprendre ? Qu’a-t-il fait ?

Anéantie, je lui brandi sa lettre sous le nez, la liste de mes amants :
« - Tu savais depuis le début ? Pourquoi ne m’avoir rien dit ?
« - Ma puce, je t’aimais trop, j’avais peur de te perdre. Et plus le temps a passé, moins je pouvais te parler.
« - Et aujourd’hui ?
« - Ton besoin de séduire mon patron, malgré mes mises en garde… J’ai décidé que ça ne pouvait plus durer, assez de mensonges entre nous. Je commençais à perdre espoir.

Je suis stupéfaite et ne sais plus vraiment ni trop quoi faire ni trop quoi dire ? Bon, il est vrai que j’ai eu des doutes, mais par la suite, rien ne pouvait me laisser penser que Nicolas savait quoi que ce soit.

« - C’est vrai qu’avec Thomas, j’étais jeune, je n’ai pas été discrète, mais les autres ? Comment as-tu pu savoir ?
« - La première fois avec Thomas, ça m’a fait super mal tu sais. Mais lorsque tu es revenue t’allonger à mes côtés, tu semblais si fragile que je ne pouvais vraiment pas t’en vouloir. Nous avons fait l’amour avec tellement de tendresse que je me suis dit qu’après tout, l’erreur est humaine et que tu avais des circonstances atténuantes. N’ayant pas vraiment assuré, je comprenais finalement que tu puisses en être frustrée.

Je n’en reviens pas. Un mélange de sensations assez bizarres m’envahi, j’ai honte, je me sens fautive, je ne parviens toujours pas à décrocher un mot. Ce que me révèle Nicolas me fait l’effet d’un coup de massue sur la tête, je suis incapable de lui répondre.

Quant à lui, Nicolas a apparemment beaucoup à dire. Son monologue se poursuit, il semble même soulagé de pouvoir enfin me parler :

« - Puis Damien, la balade du chien a certainement dû être plus courte que tu l’aurais pensé, ou bien étais-tu trop occupée pour te rendre compte de l’heure qui tournait, toujours est-il que lorsque je suis revenu… Je vous ai bien épié dix minutes avant de me décider de rentrer tout en faisant le plus de bruit possible pour annoncer mon retour. Cela a été super compliqué pour moi de faire l’innocent le restant de la soirée, je n’en menais vraiment pas large. Comme ton infidélité ne semblait pas amoindrir l’amour que tu me portais, ça m’a un peu rassuré et j’ai fini par l’accepter. Mais j’en voulais à Thomas et à Damien d’avoir profité de la situation.
« - Pourquoi n’es-tu pas intervenu ?
« - J’avais peur de t’obliger à choisir, je ne savais pas si tu m’aimais vraiment.

Attristée…, je réussis enfin à lui dire :
« - Je suis tellement désolée, mon Bidou,
« - Tu n’as pas à l’être. Je l’ai admis pour ne pas te perdre, autrement je serais parti… Il m’a quand même fallu un moment pour l’accepter, car dans un premier temps, j’ai plutôt été résigné, tu m’as fait souffrir, beaucoup souffrir, je lutais pour ne pas te le montrer, tu étais si tendre avec moi, j’étais si bien avec toi.
« - Je m’en veux terriblement de t’avoir fait du mal. Si j’avais su, tu aurais dû me parler… Et les autres, Christophe, Grégory, comment as-tu pu savoir ?
« - Parfois j’ai eu des doutes, Quand un homme te plait, tu as le bout du nez qui remu.
« - Non, ce n’est pas vrai ?
« - Je blague, mais tu viens de m’en donner confirmation.

Je me mords les lèvres, j’en dit trop, mais bof au point où on en est. Nicolas tient à me donner des précisions :
« - Par exemple Grégory, il fallait voir comment il te regardait lorsqu’on le croisait dans l’immeuble, un jeune-homme si sympathique et toi c’est à peine si tu tournais la tête vers lui, à peine si tu lui disais bonjour. D’habitude tu es plus gentille, tu salues à tout le monde. Un petit jeune, tu n’as pas honte ? Enfin il fallait bien faire son éducation.
« - …
« - Qu’est-ce que tu as fait comme progrès en compta, les cours particuliers y-a que ça de vrai. Grâce à Sylvain, tu as eu ton bac, je ne pouvais pas lui en vouloir.
« - …
« - Mais, je n’ai certainement pas eu connaissance de tous… À mon tour d’être désolé ma puce, je t’ai espionnée,
« - Salaud ! Comment as-tu pu ?
« - Hé, là ! Je te rappelle quand même que c’est moi le cocu.
« - Ce n’est pas faux… Mais quand même, t’s… Me laisser stresser plus de vingt ans à l’idée que tu t’en aperçoives, ce n’est vraiment pas sympa ! Et puis si ce que tu me dis est vrai, je ne comprends quand même pas tout.
« - Quoi donc, ma puce ?
« - Eh bien, Paul…, pourquoi cette crise de jalousie envers lui ?
« - Pour la première fois depuis longtemps, j’ai eu peur… Peur de te perdre… car je te sentais amoureuse. J’avais le sentiment qu’il ne s’agissait plus vraiment uniquement de sexe, ça m’a paniqué.
« - Mais alors, pourquoi cette obstination à vouloir être cocu ? Pourquoi accepter ce pacte, je pensais que tu te rebellerais ?
« - Je voulais te pousser à bout, savoir jusqu’où tu oserais aller, malheureusement j’ai vu. J’espérais que tu m’avouerais tes infidélités, ou que tu t’arrêterais, mais non, tu as continué de plus belle.
« - Pourquoi maintenant alors ?
« - Jérôme c’était trop. Je t’ai demandé d’arrêter, tu as refusé, me menaçant même de me quitter. Je t’aime ma puce, j’ai eu peur de te perdre avec Paul et avec Jérôme tout recommençait. Je n’ai eu que cette solution pour qu’on parle enfin.
« - Je ne t’aurais jamais quitté mon Bidou.
« - …

Regardant à nouveau la liste, je suis de plus en plus énervée :
« - Fred, qui c’est celui-là ? Je n’ai jamais connu de Fred, tu exagères,
« - Mais si rappelles toi, tu ne voulais plus faire la cuisine, pendant un mois, nous n’avons mangé que des pizzas… le beau blond qui assurait la livraison.
« - …
« - Il était étudiant, et comme par magie, à la fin des congés scolaires, nous n’avons plus mangé de pizzas.
« - Il s’appelait Fred ? tu vois j’avais oublié.
« - Heureusement que je suis là ma puce.
« - Il est parti sans même me dire au revoir.
« - Ce n’est pas gentil ça, avec tous les efforts que tu avais faits.
« -.…
« - Et Christophe, ton copain de Lycée, un soir avec des amis tu as été gênée quand nous avons regardé des photos de classes, quelques recoupements m’ont suffi pour comprendre. Tu es tellement prévisible. Mais dommage, je ne l’ai pas réussi à le retrouver, tu es restée trop peu de temps avec lui.

Un nom attire mon attention, intriguée :
« - Alexandre ? Tu ne peux pas être au courant pour Alexandre, c’était juste deux petites nuits, lors d’un déplacement pour mon travail.
« - Deux petites nuits qui t’ont marquée, ma chérie… C’est toi qui m’en as parlé.
« - Quoi ? Tu es fou, je ne t’ai jamais rien dit.
« - Comme tout le monde, tu rêves la nuit, une fois tu étais un peu agitée, et si moi il m’arrive de ronfler, toi tu parles en dormant : Ah Alexandre !
« - Non ?
« - Si ma puce, sinon je n’aurais jamais rien su.
« - …
Je n’en crois pas mes oreilles, je parle en dormant, c’est bien ma veine. Qu’est-ce que j’ai encore pu raconter.
« - C’est comme Azad.
« - Comment, j’ai aussi parlé de lui en dormant ?
« - Non ma puce, lui tu me l’as porté sur un plateau.
« - …

« - Rappelle-toi Azad, tu ne t’imagines pas que je ne le connaissais pas ? Pour être franc, c’était un client assidu de la salle dans laquelle je travaillais… J’ai été surpris de le voir arriver lors de notre sortie au « Clean », mais j’ai vite compris. Je n’ai d’ailleurs pas été étonné de t’entendre gémir son prénom dans le jacuzzi, tu n’es pas discrète quand tu jouis.
« - …

Je n’en reviens pas, je croyais qu’il n’avait pas entendu. Il s’est bien joué de moi.
« - Azad, pauvre Azad, c’était un étranger tu sais.
« - Oui bien sûr et alors ?
« - Son permis de travail n’a pas été renouvelé, il a dû rentrer dans son pays.
« - …
Et Nicolas continue :
« - Le service de l’immigration est toujours preneur d’informations concernant les ressortissants étrangers qui ne se comportent pas bien avec les petites françaises naïves et innocentes.
Je suis abasourdie, ce n’est pas possible. Il rajoute :
« - Je suis certain qu’Azad gardera un excellent souvenir de son séjour en France.

Encore sous le choc de toutes ces révélations, je ne veux pas lui laisser le dernier mot.
« - Et Maud ? Tu m’avais juré ne plus la revoir.
« - Nous avons gardé contact, nous nous voyons de temps en temps.
« - …
« - Pour hier, je lui ai expliqué, elle est accourue trop contente de passer cette nuit avec moi. Ce sera juste un petit écart pour nous rappeler le bon vieux temps.
« - Tu sais comme je suis jalouse, tu es à moi, je ne veux pas te voir avec une autre, hier tu m’as fait souffrir.
« - Comme toi la semaine dernière ma puce, comme toi… un juste équilibre.

Le stress et la honte se changent d’un coup en une bouffée de colère, je me sens abusée et trahie. Je vais répliquer, mais je sens que Nicolas ne m’a pas tout dit… que va-t-il encore m’apprendre ?

« - Ma puce, tu n’as pas tout lu. Regarde le verso de ta liste.

Curieuse et inquiète, je retourne le papier que j’ai dans les mains. Ma surprise est encore plus grande, j’écarquille les yeux, style le loup de Tex Avery devant une belle blonde :

*--

Lucie
Sophie
…
Sandra
Marie
…
Maud
…
Fabienne
…
Maud…. La belle MAUD

*--

« - Ma liste n’est pas aussi longue que la tienne, je n’ai pas ton charme non plus.

En plus, il se fout de moi. Je suis atterrée :
« - C’est quoi ?... Tu m’as trompé ?
« - Moi non, j’ai juste rétabli l’équilibre. A mon tour de te raconter, je suis certain que tu vas aimer.

J’en suis beaucoup moins certaine. Mais j’ai cette liste sous les yeux, je veux savoir :

« - Tu te souviens de Lucie la fiancée de Thomas. Quand j’ai compris que tu couchais avec lui, je me suis rapproché de Lucie. Elle était bien mignonne et pas farouche. Ils devaient se marier, j’espérais que Thomas l’apprenne ou nous surprenne en plein ébat, mais Lucie m’a devancé, elle a rompu à deux mois du mariage, les bancs étaient déjà publiés, la noce prête. Ça lui a fait un coup à Thomas, le pauvre.
« - Salaud, c’était ton pote
« - C’était oui… Mais lui, il l’avait oublié.
« - Ben mon Bidou…Et Damien, il n’a rien voulu me dire, tu n’as pas aussi couché avec sa copine ?
« - Non avec lui je me suis bien amusé. Enfin, lui ça ne l’a pas fait rire, va savoir pourquoi.

J’ai peur de l’apprendre :
« - Tu sais que Damien est assez raffiné, beau gosse. Un soir nous sommes sortis avec sa bande de copain, il avait des vues sur une belle brune, Sophie, cela faisait plusieurs fois qu’il tentait de la mettre dans son lit, veinard la belle n’était pas insensible à ses charmes. Donc ce soir-là, à la fin du repas, je suis venu derrière lui et lui ai fait une bise dans le cou… oui à Damien, il a été surpris, ses copains aussi. Il se retourne et là, en riant, je lui ai roulé une pelle d’enfer (beurk !) … comme tu peux l’imaginer il n’a pas mis Sophie dans son lit, ni ce soir-là, ni un autre soir. Pour tous ces copains il avait changé de bord, d’autant que chaque fois que j’en rencontrais un, j’enfonçais le clou, leur disant que « chacun fait comme il veut » … « Il faut être large d’esprit » … « c’est sa vie dans le fond » …toujours très conciliant. Cette étiquette lui est restée collée plusieurs années, difficile de se faire des copines.
« - … Ben mon Bidou …

Je n’en revenais pas.
Sur la liste, un nom que je ne connais pas, attire mon attention.

« - Sandra ? D’où elle sort celle-là ?
« - Pendant nos vacances en Italie, je n’allais pas me morfondre pendant que tu dévergondais le bel Antonio. Quel tempérament les italiennes ! Mais les italiens aussi je suppose…
« - Tu n’avais pas le droit.
« - Ben voyons…

« - Et Fabienne aussi !
« - Une gentille fille Fabienne, elle a su me consoler chaque fois que tu t‘envoyais en l’air avec Paul. Et comme elle était ta confidente, facile de savoir quand nous retrouver.
« - … La sa-lo-pe. !

Je suis sans voix, Nicolas me trompe depuis plus de 20 ans, je croyais que ça m’était réservé.

Content de lui, il m’annonce qu’il doit sortir :
« - Tu ne manges pas avec moi ? Où vas-tu ?
« - J’ai rendez-vous avec mon banquier…
« - …
J’accuse le coup, j’ai compris l’allusion, c’était l’excuse de Jérôme quand nous nous sommes rencontrés la première fois.

Me laissant les bras ballants, la porte se referme sur mon Nicolas tout guilleret d’aller retrouver sa poufiasse, cette Maud. J’ai appris bien après, qu’elle est mariée, mais a répondu à l’appel de Nicolas, trop contente de le retrouver. Une salope qui trompe son mari ! Elle a dû trouver une excuse pour s’absenter, je la comprends, depuis plus de 20 ans je suis experte dans les excuses foireuses.

Cette discussion m’a coupé l’appétit. Les révélations de Nicolas me laissent perplexe, je n’aurais jamais pu imaginer…Que dois-je faire ?

Après réflexion et un verre de whisky pour reprendre mes esprits, j’essaie de l’appeler, il faut que nous reprenions notre discussion.
Son téléphone est coupé, mes messages restent sans réponse. Que fais-tu ? ou es-tu ? Avec cette fille, cette Maud… je la hais, je te hais toi aussi Nicolas. Je t’aime et je te hais…

Ma mère… Je dois parler à quelqu’un, je me sens si seule tout à coup. Calme…Ne pas l’affoler… On discute de tout et de rien, je lui dis que je vais peut-être passer la voir. Bisous, à un de ces jours.

Je ne sais plus vers qui me tourner, j’ai l’impression que comme un château de cartes tout s’écroule autour de moi.
Mon verre à la main, je m’effondre dans un fauteuil, bien vite la fatigue me gagne…

Vers 18 heures, un bruit me tire de ma léthargie, la porte s’ouvre… Nicolas vient m’embrasser le plus naturellement du monde. Ma tête bourdonne, est-ce un rêve ou la réalité ?
Un peu en colère, après ce que j’ai appris aujourd’hui, ce qu’il a fait à Thomas, à Damien, qu’il m’a trompé. Et cette Maud, je ne peux pas l’accepter, ma jalousie est illogique vu mon comportement, mais je suis comme ça, Nicolas est à moi, je ne partage pas.

C’est alors que je remarque des cicatrices et des bleus sur les phalanges de sa main droite.
« - Qu’as-tu ? Tu t’es fait mal ?
« - Trois fois rien, je suis juste passé chercher mes affaires à la salle de sport et j’ai croisé Jérôme, il était toujours énervé, va savoir pourquoi.

Je devine son ton ironique. Je le regarde incrédule, il poursuit :
« - Enfin, son nez cassé lui donnera un petit air de baroudeur qui plaira aux dames, il aura encore plus de charme. Ce n’est pas comme Paul.

Ai-je bien entendu ? Ben mon Bidou…

Je l’impression de redécouvrir Nicolas, j’ai même l’impression que de parler l’a changé physiquement. C’est mon mari, mon homme…

Il s’approche de moi, me prend dans ses bras :
« - Viens m’embrasser, ma cocue.
« - Non, ce n’est pas beau. Ne m’appelle pas comme ça !
« - D’accord, mais tu me le dis bien toi, question d‘équilibre … allez viens ma puce, je t’aime.
« - Je préfère. Mon Bidou, je t’aime moi aussi.

Il m’embrasse, je l’embrasse avec la fougue de nos 20 ans, pleine d’une certaine fierté de ce que mon Bidou a pu faire par amour, par amour pour moi. Je ne sais pas si je le mérite.

Quelle journée ! La soirée n’en fut pas moins torride, pas besoin de vous la décrire. Nous nous sommes endormis assez tard, en essayant de ne pas faire trop de bruit pour ne pas réveiller les voisins.

–––oooOooo–––

Quelques jours plus tard, je suis passée voir Jérôme à l’hôpital. Quoiqu’en pense Nicolas, le gros pansement sur son nez ne lui donne pas encore un charme irrésistible. Ce qui m’a fait rire, en faisant attention à ce qu’il ne le remarque pas, c’est son zézaiement quand il parle, dû à sa dent cassée.
Il a compris que je n’étais pour rien dans le mouvement d’humeur de Nicolas, mais j’en étais la cause. Toujours très remonté contre nous, on le serait à moins, il m’a prédit les foudres, qu’il allait nous le faire payer, qu’il porterait plainte… enfin tout ce qu’on dit sous le coup de la colère.
Je lui ai gentiment expliquer qu’étant mon amant, et Nicolas son employé, il aurait du mal à apitoyer les juges, plus enclin à plaindre le mari cocu.

Est-ce que mes arguments ont porté, ou est-ce la main qui j’ai glissé sous son drap pendant que je parlais, toujours est-il que lorsque j’ai entendu :
« - Ouiiiiiii !

J’ai compris que Jérôme ne nous ferait pas d’ennui.

Après m’être essuyée la main sur le drap, je l’ai quitté par une grosse bise sur le front en essayant de ne pas trop toucher son nez qui devait encore être douloureux.

Nicolas a trouvé un autre travail… Je n’ai plus jamais revu Jérôme.

–––oooOooo–––

EPILOGUE

Nicolas, ahah Nicolas, mon compagnon depuis vingt-quatre ans, et toujours amoureux comme au premier jour. Nicolas mon homme, mon héros, je ne pourrais jamais me passer de toi.

Voilà donc mon histoire, notre histoire à mon Bidou et à moi. Cette fameuse journée, cette mise au point, devrais-je dire, a été un réel déclic. J’aime sincèrement Nicolas, je n’ai aucun doute sur le fait qu’il éprouve les mêmes sentiments à mon égard.

Maintenant mon désir d’autres bras s’est atténué et seuls les siens m’importent désormais. Certes, j’ai bien encore eu quelques rencontres qui n’ont pas du tout eu la même saveur que ce que j’avais pu vivre auparavant… Bref, aujourd’hui je suis fidèle, tout simplement parce que rien n’est plus beau, plus doux ni meilleur pour moi que les bras de Nicolas.

Les relations de couple sont une chose extrêmement complexe et le juste équilibre permettant de perdurer sur le long terme est très compliqué à trouver… notre équilibre a pris des chemins détournés, mais m‘ont fait comprendre combien mon Nicolas m’aimait, malgré tout… capable de tout pour me garder.

Nicolas, inutile de chercher, il n’y en a pas deux, c’est le seul, l’unique, c’est l’homme de ma vie.

Je l’aime à la folie.

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