Cours Particulier

Cours particulier

— J’avais douze ans, presque treize. Quand mon père était en week-end, souvent, un homme venait. Le « professeur de violon » dixit maman.
— Et il fallait garder le secret évidemment ?
— Oui parce que mon père faisait toujours des histoires pour tout, et était super vieille France, pas du tout du genre à laisser sa femme faire ce qu’elle veut. J’ai vécu dans un schéma hyper patriarcal.
— Et pendant les… « leçons », tu étais où ?
— Oh, dans le jardin… Elle m’installait avec une boisson et des bouquins, avec interdiction absolue de venir. Parce que la musique classique demandait de l’isolement, de la concentration, bla bla bla…
— Elle t’aurait fait le coup à six ans, tu y aurais peut-être cru.
— Oui, mais là à cet âge j’étais quand même moins naïve. La première fois, j’étais choquée. Et puis…
— C’est devenu la routine.
— Au contraire ! Et puis je me suis mis à m’exciter en y pensant. Je sais pas si c’est quelque chose d’ueux, mes meilleures parties de caresses la nuit sous mes draps c’était quand j’imaginais maman baiser avec le beau monsieur.
— Si beau que ça ?
— Va savoir si mes souvenirs ne déforment pas tout ! Va savoir si, aujourd’hui on me montrait une photo de lui à l’époque, je ne le trouverais pas super banal, voire même carrément moche.
— En tout cas dans tes yeux de gamines ayant rarement vu un homme bien bâti, habillé, coiffé, c’était magique.
— Sans doute. Puis y’a le contexte…
— Je devine que tu n’as pas pu respecter l’interdiction bien longtemps.
— J’ai beaucoup hésité. A la maison quand ça donnait des roustes, maman n’avait rien à envier à papa.
— Tu étais sa complice, tu ne l’avais jamais trahi ! Elle aurait pu être plus sympa.
— Au début, je me suis juste rapprochée de la porte de la maison, en restant dans le jardin. Puis un jour, je n’y tenais plus : il fallait que j’aille voir. J’étais enfin prête !
— Comment ça.

Assez mature ?
— Non, assez entraînée pour ne pas me faire choper ! Toute la semaine j’avais marché un peu partout dans la maison pour mémoriser à quel endroit le sol craquait, à quel endroit le pas était silencieux. Chez moi, tout craque : il fallait être hyper prudent. Une vraie préparation militaire… j’ai été parfaite. J’ai approché de la chambre, franchement, même le chat n’a rien remarqué. J’ai regardé par le trou de la serrure… et c’est là que j’ai vu une scène traumatisante.
— A ce point ?
— Bien sûr : ma mère, sur son lit, assise, toute habillée, en train de… jouer du violon !

Un nouvel épisode de « Dialogues Interdits » chaque samedi à 8 H.

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