L'Homme Du Train Deuxième Partie

En se secouant terriblement comme il le faisait si bien, l’homme du train glissa un petit papier dans la poche droite de mon tailleur. Sous ses soubresauts, je ne prêtais pas plus attention à ce geste. Je vivais pleinement, bientôt en fermant les yeux, cet instant magique que je voulais éternel.
Mais l’homme s’était retiré avant que je ne jouisse pour éjaculer de tout son saoul sur mes fesses que je voulais rondes et dodues pour mieux lui plaire et le séduire. L’homme cracha de grands jets de sperme que je sentais chaud sur ma peau. Dans ma folie, je portai mes doigts à la bouche comme obnubilée par ce venin qui pourtant m’allait si bien. L’homme partit, et sitôt restée seule, je me rhabillai, rabaissant la jupe qu’il avait soulevé sans aucun ménagement à mon égard. Silencieuse, je repris progressivement mes esprits. L’homme et la situation m’avaient tourné la tête comme rien ni personne ne me l’avait fait auparavant. Reprenant mes esprits, je regarde enfin ce qu’il avait glissé dans la poche de mon tailleur. C’était une petite carte de visite avec un nom un prénom et un numéro de téléphone.

Pendant longtemps, je regardais cette carte de visite, pensive, pendant tout le long du chemin qui me restait pour me rendre à ma destination : Venise. Je regardais le paysage du haut de ma cabine où je logeais seule et pensive je me remémorais la scène et les instants intenses de plaisir.

Je ne téléphonai à l’homme qu’une fois arrivée à destination. Dois-je appeler ? dois-je jeter la carte ? mes pensées se tourmentaient comme toujours dans l’indécision la plus totale, soumise malgré à la volonté de cet inconnu qui pourtant ne me paraissait pas totalement étranger.

A Venise, descendu dans mon hôtel, je décidai enfin à l’appeler. J’avais vécu par le passé une situation similaire et avait la nette sensation de revivre le même conte de fée pour ne pas dire la même histoire. L’homme se prénommait Lorenzo, un Italien.

C’est du moins le prénom qui était inscrit sur la carte de visite glissée dans la poche de mon tailleur-jupe. A mon hôtel, seule dans ma chambre je décidai donc d’appeler. Je tente, une sonnerie, deux sonneries… mon niveau d’italien est des plus médiocres ! ce n’est pas grave, on avisera !

A la troisième sonnerie, l’homme décrocha :
- Allo ?

Quoi me dis-je, il est Français. L’homme parlait un français des plus limpides. Ce qui m’arrangeait. Au tel, il me dit que oui c’était bien lui qui était dans le train avec moi. J’étais gênée de lui demander cela ne sachant comment lui dire. Heureusement pour moi, il comprit vite.

- Je vous trouve très timide, je me trompe ? me demanda-t-il.
- Non, vous ne vous trompez pas.

Pendant quelques minutes, nous discutâmes ainsi, moi toujours gênée et timide mais flattée qu’un si bel être puisse s’intéressée à moi non pas que je ne suis pas belle mais ma timidité empêche souvent les hommes à venir à moi. Elle m’empêche souvent de faire le premier pas vers eux. Puis je crois que ce n’est pas mon rôle.

Au final, j’appris que l’homme était descendu également à la gare de Venise. Je ne l’ai pourtant pas aperçu sur le quai du train au débarcadère, ni avant, pendant le reste du voyage.

Lorenzo était son vrai prénom et il était Français mais Français d’origine italienne. Il parlait d’ailleurs assez bien l’italien. Et il était beau et séduisant comme un dieu quand il parlait dans cette langue. Je crois que j’aurais tout donné pour lui pour passer encore une nuit avec lui dans le couloir d’un train où, qui sait, dans la chambre luxueuse d’un palace vénitien.

Lorenzo m’invita à se retrouver place Saint-Marc. Il était beau et sûr de lui et avait ce regard ténébreux qu’ont les hommes de la péninsule. Son regard parlait de lui-même. Je me sentais toute chose à côté de lui. J’avais l’impression d’être une midinette. Je m’étais offerte à lui presque sans le connaitre.
J’étais glacée entre l’effroi et la honte. Il me réchauffait en me disant ce n’est rien et que j’en verrai d’autres.

Sur la place Saint-Marc, j’écoutais ses mots à demi-mots sans y prêter plus d’attention que cela. J’étais dans ses bras et nous étions bien. Nous donnions à manger aux pigeons avant de nous faire assaillir par ces derniers puis nous partîmes à toute allure à travers la place comme deux adolescents vivant leur premier émoi.

Bientôt, nous nous assîmes à la terrasse d’un café en face de la basilique. Le campanile était sur notre droite. Lorenzo voyait que je regardais le campanile avec attention :
- Tu en as déjà vu des grands comme cela ? dit-il.
- Quoi ? lui répondis-je perdu dans mes pensées.
- Des campaniles, tu en as déjà vu ?

Je souriais à Lorenzo :
- C’est vrai que celui-là, il est d’une très grande taille, lui dis-je malicieusement.

Lorenzo avait parfaitement compris mon allusion.
- Je peux t’en montrer d’autres si tu le veux tu sais ? me dit-il.

L’homme m’intriguait. De quoi voulait-il parler ? Savait-il ce que je savais ? Très vite, je compris que ce jeu, qui n’en n’était pas un, pouvait m’emmener très loin, très très loin dans mes abysses et là où mes rêves deviennent réalité. Je feignais de ne rien savoir, laissant à Lorenzo tout le mystère de sa foi et la mienne en l’occurrence.

- Les femmes aiment les séjours avec un amoureux, à Venise, une balade en gondole, la nuit, au crépuscule, voir le Soleil couchant, ajouta Lorenzo. Je suis sûr que tu es du même gabarit que ces femmes. Laisse-moi t’emmener ce soir, je connais un petit gondolier sympa qui nous fera faire le tour des plus beaux monuments de la ville ; tu en dis-quoi ?

Lorenzo me flattait, me séduisait. Il me parlait avec ses mots à lui, ses mots que je ne saurais tout retranscrire tant je me sentais transportée ailleurs dans un autre monde, celui de l’amour et de l’amour volage en particulier.
Je découvrais que j’avais un réel penchant pour lui : il était ce que j’aimais en lui : l’assurance, la confiance en lui, le geste sûr. Il me prenait et me considérait comme voulu l’être depuis toujours, depuis les premiers instants ou je découvris l’amour avec un homme.
Il était élégant, délicieux que je me serais encore offerte à lui cette nuit-là dans les petits coins sombres de la Sérénissime.

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