Le Candauliste 1/2

Prévue pour tout le week-end de cette fin août, la pluie finalement ne se décida à tomber que le dimanche en fin d’après-midi. Hugo rétrograda une vitesse et enclencha les essuie-glaces d’un geste mou. La voiture ralentit, l’eau sur le pare-brise fut balayée rapidement et Hugo poussa un soupir.
— À chaque fois qu’on va chez tes parents, il pleut. Avec la buée, la pluie et ce ciel d’apocalypse, je n’y vois plus rien. C’est pénible à la fin !
— On y va que deux fois par an ! objecta Juliette. Tu peux faire un effort tout de même, ils sont gentils.
— Je ne dis pas, ce n’est pas comme ma mère, concéda le conducteur. Mais ce n’est vraiment pas le bol. On n’est pas rentré à cette allure !
— Attends, j’ai de quoi te faire patienter.
Juliette et Hugo formaient un couple d’environ vingt-cinq ans. Lui était grand et mince et si ses cheveux étaient abondants, ils étaient malgré son âge curieusement presque gris. Cela tranchait net avec son teint méditerranéen. Juliette était blonde, plutôt petite, mais extrêmement bien proportionnée. Ses fesses rondes dans son legging, ses jambes fines, son ventre plat, sa poitrine fière, ses courbes parfaites en faisaient une femme sur laquelle tous les hommes se retournaient avec admiration voire avec concupiscence. Jeunes et en pleine santé, ils s’entendaient merveilleusement bien, au lit comme ailleurs.
Joignant le geste à la parole, Juliette déboucla sa ceinture de sécurité et s’allongea sur le côté, la tête sur les cuisses du conducteur. Elle ne voyait plus la route, mais entendait l’eau violemment projetée sous la carrosserie. D’une main habile, elle dégrafa le ceinturon de cuir, passa les doigts sous la taille du pantalon qu’elle déboutonna puis fit glisser la fermeture de la braguette. Le jean d’Hugo, largement béant, laissait apparaître un caleçon aux couleurs vives.
— Chérie ! Tu crois que c’est prudent ? J’ai déjà bien chaud avec le coup de l’étrier que m’a à boire ton père… D’ailleurs, tu as aussi les oreilles rouges, je trouve.

Je pense qu’on ne devrait pas.
— Regarde la route et laisse-moi faire, rétorqua sa femme d’un ton faussement péremptoire.
Par la fente du sous-vêtement, Juliette fit glisser ses doigts et saisit le pénis recroquevillé. Elle changea de position pour placer la tête sur le bas-ventre de son mari et déposa quelques baisers sur le prépuce qui émergeait du slip. Quelques coups de langue bien appliqués et le sexe prit assez de vigueur pour lui permettre d’en libérer un gland rond et rose qu’elle happa goulûment. Hugo poussa un long soupir.
— Bon Dieu ! Ce que tu fais ça bien ! souffla-t-il.
Juliette, la bouche pleine, ne put sourire, mais elle le fit intérieurement. Elle aimait entendre son mari lui faire ce genre de compliments, cela la rassurait. Elle s’appliqua encore plus à la tâche et fit raidir et gonfler la verge d’Hugo à son maximum. Elle allait et venait de sa bouche grande ouverte, engloutissant le membre le plus loin possible, se risquant parfois à toucher la peau tendue du ventre et du scrotum de ses lèvres brûlantes. Quelquefois, elle restait la tête posée, immobile autant que faire se peut en raison des cahots de la route et, la langue largement sortie, elle y frottait le gland en balançant le phallus d’un geste de la main aussi régulier que celui du pendule d’une horloge comtoise. Hugo soupirait de plus belle.
Enfin, pressentant que le moment crucial arrivait, Juliette changea de tactique. Saisissant le prépuce entre ses doigts elle le fit aller et venir rapidement tout en gardant les lèvres arrondies autour du méat. Quand elle reçut la première giclée de sperme, elle l’avala précipitamment puis enfourna le gland entre la langue et le palais pour se délecter du liquide qui jaillissait. Hugo rugissait de plaisir en déchargeant sa semence dans la gorge de sa femme puis, il hurla à nouveau, mais de frayeur cette fois-ci et il lâcha le volant. Juliette se redressa, angoissée. Ce furent successivement le dérapage, la perte de contrôle inévitable du véhicule, les trois tonneaux sur la route, les vitres qui explosent, la glissade interminable parsemée d’étincelles dans un bruit d’enfer et enfin l’arrêt brutal de la voiture contre l’arbre d’un champ contigu.

Un voile noir et rouge descendit silencieusement sur les yeux des deux jeunes gens inconscients.
*
Les éclairs multicolores des véhicules de pompiers et de gendarmerie de Nancy tranchaient la nuit en cadence. La pluie redoublait de violence sur la route où des gendarmes, illuminés comme des sapins de Noël, ralentissaient la circulation presque jusqu’à l’arrêt. Dans la boue, les bottes crottées, une douzaine d’individus s’affairaient autour de la voiture accidentée.
— Amenez-vous pour la désincarcération ! Merde ! Qu’est-ce que vous foutez ?! hurla le lieutenant des pompiers.
Deux hommes arrivèrent en courant embarrassés de leurs outils, puis s’attaquèrent à la carrosserie de la berline dans un bruit strident difficilement supportable pour les oreilles de l’entourage. Le capitaine de gendarmerie élevant la voix jusqu’à crier, interrogea le pompier :
— Heureusement que les airbags ont fonctionné.
— Oui, seulement je constate que la femme avait détaché sa ceinture de sécurité. Je m’attends au pire là-dessous.
— Vous croyez qu’ils ont une chance de s’en tirer ?
— Je l’ignore, mais on va bientôt le savoir.
En effet, l’un des deux pompiers chargés de désincarcérer les victimes venait au rapport.
— Ça y est chef. On a le conducteur, il a perdu connaissance, mais il vit encore. Il faut qu’on l’enlève de là pour s’occuper de la passagère. Elle vit aussi, on a un pouls au niveau de la cheville.
— Alors, sortez-les de ce tas de ferraille ! Et vite !
— Je viens avec vous, assura le capitaine de gendarmerie.
Le pompier repartit en courant suivi du gendarme glissant et pataugeant dans la fange. Le lieutenant, quant à lui, s’engouffra dans le véhicule destiné à emporter les blessés aux urgences. Avec moult précautions, Hugo fut extrait de sa prison de métal, mais quand les jambes apparurent, l’officier tiqua.
— Bizarre, il a le pantalon sur les genoux.
Puis deux secondes plus tard :
— Putain ! Je n’y crois pas, elle lui faisait une pipe !
Il avait parlé haut.
Deux jeunes pompiers volontaires ne purent s’empêcher de sourire en se regardant, complices.
— Remettez-lui son froc et emmenez-le ! Vite ! Au lieu de vous marrer comme des cons ! vociféra un homme.
Quelques gendarmes prenaient des photos, les flashes ajoutaient à l’irréel de la scène.
— N’oubliez pas la prise de sang, fit le capitaine au pompier.
Ce dernier acquiesça de la tête et, une fois le brancard installé, le véhicule rouge partit toute sirène en action. L’officier revint vers la femme couchée sur les deux fauteuils avant. Son bras droit était en sang et formait un angle anormal avec l’épaule. Elle gémissait faiblement, un liquide blanchâtre facilement reconnaissable lui coula du coin de la bouche. Le gendarme ne put retenir une moue de dégoût, mais finit par lui murmurer à l’oreille d’un ton qui se voulait rassurant :
— Ne vous inquiétez pas, Madame, on va vous emmener à l’hôpital.
Aussitôt placée dans un brancard, Juliette fut conduite dans le deuxième véhicule ambulance qui démarra en trombe dans les mêmes conditions que le premier.
— Où les emmenez-vous ? s’enquit l’officier.
— À Saint-Julien, répondit le pompier.
Le capitaine nota ces renseignements dans un calepin puis, s’adressant à un gendarme, ordonna :
— Finissez et rentrez. Je retourne à la caserne pour commencer le rapport.
Sans attendre la réponse, l’officier de gendarmerie tourna les talons et se dirigea vers sa voiture. En chemin, soudain contrarié, il se dit :
— Zut ! Je ne me rappelle pas « fellation », ça prend un ou deux « l » ?
*
Quelques mois étaient passés. Malgré l’alcoolémie d’Hugo et les circonstances particulières de l’accident impudiquement révélées par le rapport de gendarmerie, l’assurance avait tout pris en charge. La voiture était hors d’usage, mais à part le champ qu’il avait fallu remettre en état après le passage des pompiers et des gendarmes, les dégâts causés aux tiers étaient nuls. Les sanctions avaient été minimes, Hugo s’était vu retirer son permis de conduire pendant trois mois et avait dû payer une amende salée.
Cette période de suspension ne lui avait pas causé beaucoup de tort, car il était à ce jour toujours à l’hôpital. Quant à l’amende, ce n’était plus qu’un détail que son épouse avait réglé en son temps.
Juliette n’avait plus le bras dans le plâtre, mais venait régulièrement à la clinique. Elle commençait par rendre visite à son mari qui s’était remis rapidement de son coma puis elle faisait sa rééducation et enfin, ne partait pas sans avoir rencontré le médecin qui s’occupait d’eux depuis le jour de l’accident. Ce jour-là, pendant sa séance de kinésithérapie, un homme de taille moyenne, chauve sur le sommet du crâne et vêtu d’une blouse blanche entra dans la salle. Il interpella Juliette :
— Madame Dusaule, je pourrais vous voir après ?
Reconnaissant le docteur Heyric, Juliette répondit :
— Oui, bien sûr docteur. Comme d’habitude.
— Bien, à tout de suite alors, dit-il en sortant de la pièce et en fermant la porte doucement.
— Ça va sans doute être fini pour vous à mon avis, lui fit le kinésithéute. Il faut dire que votre bras et votre épaule ont retrouvé toute leur mobilité.
— Si seulement, rétorqua-t-elle…
La séance terminée, Juliette se dirigea vers le bureau du médecin. Celui-ci vint la chercher dans le minuscule salon d’attente après quelques minutes. Il avait l’air grave, plus grave que d’habitude.
— Quelque chose ne va pas ? fit Juliette inquiète, avant même d’avoir franchi la porte du bureau.
— Asseyez-vous Madame Dusaule, répondit seulement Heyric.
Juliette se tut, suspendue aux lèvres du médecin. Il commença :
— Vous savez, Madame Dusaule, que votre mari a été touché à la colonne vertébrale et…
— Oui, vous l’avez même opéré, se dépêcha d’interrompre la jeune femme semblant redouter ce qui allait suivre.
— C’était l’opération de la dernière chance, poursuivit le médecin. Je ne vous ai pas caché qu’elle pouvait aussi bien réussir qu’échouer.
Le cœur de Juliette s’accéléra.
— Et ?...
— Malgré tous nos efforts, ses jambes restent et resteront définitivement inertes. Nous avons tout tenté, mais Hugo ne remarchera plus. Je suis désolé.
Des larmes coulèrent le long des joues de la jeune femme, la gorge nouée, elle ne pouvait prononcer un mot. Ce silence permit au docteur Heyric de poursuivre.
— Ses membres postérieurs ne réagissent plus et son bassin en dessous du nombril est devenu presque insensible. Heureusement, il a conservé le réflexe de miction et de défécation ; il n’aura donc pas besoin de sous-vêtements spéciaux. Par contre, malgré les divers stimuli auxquels nous l’avons soumis, il semble qu’il ait perdu celui de l’érection. À ce stade, ce n’est qu’un détail, me direz-vous.
— Il n’y a vraiment aucun espoir qu’il remarche ? articula Juliette entre deux sanglots.
— Je suis désolé. Je vous conseille de prendre rendez-vous avec le psychologue de l’établissement et que vous vous y rendiez tous les deux. Hugo va sortir avec un fauteuil que nous vous fournirons. Vous pourrez le garder un mois ou deux le temps pour vous d’en trouver un qui soit mieux adapté. Je vous conseille ce fabricant, termina Heyric en faisant glisser une carte de visite en direction de la jeune femme qui s’en saisit sans même la lire, abasourdie par la nouvelle. Puis, après avoir reçu quelques conseils complémentaires qu’elle n’écouta pas, Juliette quitta le bureau du médecin. Parvenue à l’extérieur, elle retrouva la voiture neuve qu’elle avait récemment achetée sur les conseils de son mari. La pluie se mit à tomber lui rappelant cette journée funeste de l’accident et elle s’écroula sur le volant, étouffée par les sanglots et un sentiment de culpabilité indicible, puis se calma enfin.
La mort dans l’âme, elle démarra, les yeux encore brouillés de larmes.
*
Deux semaines plus tard, Hugo était rentré à son domicile, un appartement de quatre pièces que Juliette et lui occupaient depuis plusieurs mois. Il lui tardait de reprendre son activité professionnelle, même si pour le début ce n’était qu’à mi-temps. Comme il travaillait essentiellement sur ordinateur, son patron avait fait facilement aménager son poste de travail. Juliette, institutrice, avait demandé à l’académie une année sabbatique qu’elle pouvait prolonger si elle le souhaitait en fonction de l’état de santé de son mari. L’assurance avait versé un gros capital et le couple était à l’abri des besoins financiers.
Dans l’intimité, après plusieurs mois sans relations sexuelles, la situation avait changé. N’ayant plus d’érection, Hugo s’efforçait de donner du plaisir à son épouse avec la langue ou les doigts. Son mari couché sur le dos, Juliette s’accroupissait au-dessus de son visage, se reposait sur les coudes et il lui léchait le clitoris jusqu’à l’orgasme. Elle aimait bien le contact de la langue, mais trouvait parfois la position inconfortable. Aussi, souvent, elle s’allongeait sur lui, glissait la main d’Hugo entre eux deux et il lui caressait le petit bouton ou faisait pénétrer deux ou trois doigts dans son vagin. Plusieurs positions étaient essayées parfois si acrobatiques, que Juliette s’écroulait sur le lit en riant aux éclats. Hugo était devenu lunatique. Tantôt il riait avec elle, tantôt il la rabrouait et faisait la tête en proie à un état dépressif.
Un soir, pensant faire plaisir à son mari, Juliette sortit d’un tiroir de la table de chevet, un vibromasseur qu’elle lui présenta. La réaction fut tout autre que celle espérée. Hugo s’énerva.
— Qu’est-ce que c’est que ce truc ? fit-il.
Interloquée, Juliette répondit :
— Bah, un vibromasseur ! Tu vois bien. Je l’ai acheté dans un sex-shop à l’autre bout de la ville pour être sûre de ne rencontrer personne de nos connaissances…
— Je vois bien que c’est un vibro ! Je ne suis pas idiot. C’est parce que je ne bande plus que tu en as besoin ? En plus, tu en as profité pour le prendre plus gros que ma bite, bravo ! Tu les aimes bien grosses, hein ? Salope !
Juliette, déçue et choquée, eut malgré cela la présence d’esprit de désamorcer le conflit naissant :
— Mais non, il n’est pas plus gros. Il y en avait des plus gros encore, mais aussi des plus petits. Tu vas rire, je l’ai choisi sur le présentoir en fermant les yeux et en les enserrant de ma main l’un après l’autre jusqu’à ce que je retrouve le diamètre de ton sexe…
La physionomie d’Hugo changea et il se mit à s’esclaffer.
— Je t’imagine palper tous ces machins à la recherche du format idéal ! J’aurais voulu te voir !
— Méchant ! dit-elle en riant et en frappant son mari avec le sex-toy.
— Viens là qu’on l’étrenne, reprit Hugo plus sérieusement.
Juliette cessa de rire et se pencha pour embrasser son époux. Elle se positionna ensuite à quatre pattes en faisant demi-tour comme pour un soixante-neuf. Elle évitait toutefois d’effleurer le sexe inerte qu’elle avait devant elle de peur de mettre son mari mal à l’aise. Hugo remarqua la vulve brillante et la cyprine qui perlait. Il approcha le vibromasseur, actionna l’interrupteur et caressa doucement les lèvres et le clitoris de sa femme qui poussa des petits cris de plaisir. Soudain, il arrêta la vibration, pointa l’extrémité à l’entrée du vagin et appuya. L’appareil s’enfonça d’une dizaine de centimètres et un long soupir se fit entendre. Il commença doucement à aller et venir dans ce puits d’amour qui émettait d’érotiques bruits de succion. Juliette se reposa sur ses coudes et ses lèvres ne purent s’empêcher de déposer quelques baisers sur la chair inerte entre les cuisses de son mari. Hugo, ne sentant ni ne voyant rien, les ignora. Au fur et à mesure que le vagin lubrifiait, il poussait le vibromasseur nettement plus loin jusqu’à parvenir jusqu’à la garde de l’objet.
— Mets-le en marche chéri, implora Juliette d’une petite voix déformée par l’excitation.
Tout en maintenant ses va-et-vient, Hugo actionna l’interrupteur. Le bruit lancinant reprit, couvert par les plaintes rapprochées de sa compagne qui poussa soudain un cri d’une ampleur qu’Hugo ne lui avait jamais connue. Pendant presque une minute, comme il était bien placé, il devina les contractions du vagin chacune accompagnée d’un profond gémissement qui diminuait en intensité au fur et à mesure. Juliette s’écroula sur son mari.
— Arrête ! Je t’en supplie ! implora-t-elle. Je n’en peux plus.
Hugo stoppa les vibrations et sortit le vibromasseur de son fourreau. De la cyprine coula en quantité. Il laissa sa femme reprendre sa respiration tout en lui caressant les fesses.
— Quel pied ! Chéri, je t’aime… lui dit-elle.
*
À partir de ce jour, le vibromasseur fit très souvent partie de leurs jeux sexuels. Hugo était ravi pour Juliette qui en tirait beaucoup de plaisir, mais au fond de lui quelque chose le dérangeait. Il ne savait quoi exactement jusqu’à cet après-midi de printemps où il comprit.
Depuis son retour de l’hôpital Hugo, qui travaillait le matin, avait pris l’habitude après le repas de midi de faire la sieste dans le salon pendant une demi-heure à une heure sur son fauteuil roulant. Pendant ce temps, son épouse lisait ou avait une quelconque activité silencieuse pour ne pas déranger son sommeil. Ce jour-là pourtant, cela faisait seulement dix minutes qu’il s’était abandonné aux bras de Morphée, il se réveilla subitement. Un son indéfinissable de faible intensité lui arrivait aux oreilles. Il avait beau écouter attentivement, il ne parvenait pas à en deviner la nature. Bien que son fauteuil fût électrique, il décida de s’approcher silencieusement de la source sonore en faisant tourner les roues manuellement. Quittant le salon, il s’engagea dans le couloir et se dirigea vers la chambre d’où semblait émaner le bruit. La porte était entrebâillée, il s’approcha pour glisser un regard curieux. Dans un premier temps, ce qu’il vit le surprit et le choqua.
Juliette, entièrement nue, était allongée sur le lit à califourchon sur le traversin positionné dans le sens de la longueur. Dans la partie basse, un gode-ceinture cernant le polochon, lui pénétrait profondément le vagin. Juliette enserrait de ses bras le haut du traversin, et de ses reins, faisait aller et venir dans son intimité le godemiché retenu à la courroie de cuir tout en poussant de petits gémissements plaintifs qu’elle s’efforçait de rendre discrets en mordant le drap. Le premier réflexe d’Hugo fut d’entrer brusquement et lui demander ce qu’elle faisait, mais il se ravisa. Ce qu’elle faisait, c’était évident. Pas besoin de chercher et puis, pourquoi gâcher son plaisir ? Pourquoi sans lui ? Là était la vraie question. Mais le gode-ceinture qu’il n’avait jamais vu auparavant et ce polochon succédané d’un corps masculin, semblaient lui jeter au visage son infirmité. C’était bien la représentation d’un mâle le sexe dressé et sa femme, en dépit des cunnilingus, des caresses digitales, du vibromasseur, avait besoin de l’étreinte d’un homme ! Et ça, il ne pouvait plus le lui offrir ! Malgré cela Hugo observa son épouse avec lubricité et laissa l’orgasme s’emparer d’elle toute entière, spasme d’amour qu’elle dissimula au mieux de ses cris étouffés. Il ne sut décrire exactement quel sentiment l’envahissait à voir sa femme jouir ainsi sans lui, mais il se sentait troublé. Quand ce fut terminé, il fit demi-tour et silencieusement reprit sa place initiale pour faire semblant de dormir. Vingt minutes plus tard, Juliette, d’étranges cernes bleutés sous les yeux, lui dit :
— Alors chéri, bien dormi ?
— Oui mon amour, mais j’ai fait de drôles de rêves, tu sais… répondit-il avec un sourire énigmatique qui laissa Juliette perplexe.
*
La fin de la semaine arriva et le dimanche matin, alors que sa femme sortait de la douche nue comme un ver, Hugo en riant la photographia plusieurs fois à l’aide de son smartphone. Juliette étonnée lui demanda :
— Qu’est-ce que tu fais ?
— Regarde ces belles photos. Maintenant, au boulot quand je penserai à toi, je pourrai te voir sur mon téléphone dans l’habit que je préfère.
Pas plus pudibonde que ça, elle répliqua :
— Si ça te plait… Mais ne me laisse pas traîner sur ton bureau !
— Rassure-toi, je t’aurai toujours sur moi.

Juliette oublia cet incident quand un soir de la semaine, Hugo se lança :
— Chérie, j’ai quelque chose à te dire, mais d’abord promets-moi de ne pas m’interrompre.
— C’est promis, mais tu m’inquiètes. Je n’aime pas une conversation qui débute comme ça.
— Ne t’en fais pas, écoute-moi seulement. Ce matin au bureau, j’ai eu un début d’érection.
— Quoi ? Mais c’est formidable chéri ! Tu sais, on va…
— S’il te plait. Tu m’as promis de ne pas m’interrompre.
— Oui, c’est vrai, mais c’est tellement merveilleux…
— Effectivement, pendant une seconde j’ai eu un début d’érection, mais c’est tout. C’est bien la première fois depuis ce foutu accident. Seulement voilà, ça s’est passé dans des conditions particulières.
— Une femme ? s’inquiéta Juliette.
— S’il te plait…
— Oui, pardon.
— L’autre jour, je t’ai surprise avec le polochon et le gode-ceinture. Je ne t’en ai pas parlé, mais je suppose que tu ne l’as pas fait qu’une seule fois.
Un silence gêné s’installa, Juliette rougit jusqu’aux oreilles. Un sentiment de laideur d’elle-même l’envahit et elle baissa le nez. Cette fois-ci, elle n’interrompit pas son mari.
— N’aie pas honte, chérie ; le plaisir solitaire fait partie de notre vie. Cependant, j’ai compris une chose ce jour-là, c’est que tu avais besoin d’un homme, d’un homme avec un sexe qui bande et que tu peux serrer dans tes bras pendant qu’il te possède. Mes doigts, ma langue et même le vibromasseur, ça va un temps. Ton traversin affublé du gode-ceinture, c’est comme si moi, dans ta situation, je baisais une poupée gonflable sans te le dire.
— Le gode-ceinture, je l’avais acheté pour toi, mais j’ai eu peur que tu le prennes mal. Je ne t’ai jamais trompé, tu sais, affirma Juliette.
— J’en suis sûr chérie, répondit Hugo. Puis il poursuivit :
— Un matin, au bureau, je contemplais avec envie les photos que j’ai faites de toi quand tu sortais de la douche. Je n’avais pas remarqué un collègue qui se tenait derrière moi lorsque soudain je l’entendis dire :
« Putain, la nana ! Fais voir ! T’as eu ça où, sur le Net ? » et, sans que je puisse faire un geste, il me prit l’appareil des mains. Il se rinça l’œil sur toutes tes photos, les yeux écarquillés. Je voulus reprendre mon téléphone, mais il ne me laissa pas faire. Je remarquai son air lubrique, son excitation sexuelle qui devenait tangible, je suis sûr qu’il commençait à bander. Ce fut alors que moi-même, je ressentis comme un spasme au niveau du pénis. Rien qu’en me contractant, je le faisais légèrement bouger dans mon slip. Je n’y croyais pas et savourant le phénomène plein d’espoir, je continuai à dévisager le collègue qui te scrutait avec convoitise.
Il finit par me rendre le téléphone et quitta la pièce ; je regardai à nouveau tes photos, mais la magie n’opéra plus. Le lendemain, il me demanda de lui montrer tes clichés une fois de plus, ce que je fis pour en avoir le cœur net. Dans les mêmes conditions que la veille, j’eus un début d’érection en voyant cet homme te fixer avec envie. Je compris soudainement que ce n’était pas tes photos qui me provoquaient ça, mais bien LA VISION DE l’AUTRE QUI TE DÉSIRAIT ! J’étais devenu candauliste, à l’image de ce roi mythique de Lydie. Cette révélation me terrassa et m’intrigua à la fois.
Hugo se tut, attendant la réaction de son épouse.
— Can… quoi ?
— Candauliste. Rassure-toi, il y a encore une semaine j’ignorais tout de ce terme. J’en ai découvert l’origine dans la mythologie où un certain roi du nom de Candaule trouvait sa femme tellement belle qu’il voulut la montrer nue à un officier de sa garde personnelle. Le type se cacha un soir derrière un rideau et admira la reine quand elle se déshabilla. Pour la petite histoire, cela ne porta pas chance au roi qui plus tard fut trahi par son épouse et assassiné par ce même officier. Maintenant, j’ai appris que le candaulisme consiste pour un homme, non seulement à s’exciter en montrant sa femme nue, mais plus communément à trouver du plaisir sexuel à la voir faire l’amour avec un ou plusieurs partenaires.
Juliette restait silencieuse et observait son mari avec une telle expression qu’il eut soudain le rouge aux joues.
— Et je peux savoir où tu veux en venir ? fit-elle d’une voix glaciale.
Hugo fit mine de ne pas s’apercevoir de la froideur de sa femme :
— Juste une faveur, je t’en serais reconnaissant. Tu es belle Juliette, mais même nue, la serviette sur la tête au sortir de la douche ce n’est pas d’un érotisme exacerbé. Puisque le collègue t’a trouvée excitante ainsi, j’aimerais pouvoir lui montrer des photos de toi davantage… Comment dirais-je ? Plus… émoustillantes. Je m’imagine que s’il est encore plus troublé en te voyant qu’il ne l’a été jusqu’à présent, mes chances d’érection seront plus importantes. Tu sais que je m’y connais pas mal en photographie, j’aimerais bien que tu poses pour moi, mais nue, et absolument sans retenue.
— Que je pose pour toi, je veux bien, mais pour montrer à quelqu’un d’autre ! fit remarquer Juliette.
— Oui, c’est vrai, admit Hugo. Mais notre future entente sexuelle est à ce prix.
Juliette retint cette dernière phrase qui l’émut. En une fraction de seconde, elle envisagea la vie avec son mari handicapé, mais sexuellement apte.
— Il sait qui je suis ?
— Non, je ne le lui ai pas dit. Il pense que j’ai trouvé les photos sur internet.
— Bon, c’est d’accord, mais tu ne lui dis toujours rien.
— C’est promis.
Le dimanche suivant, Hugo réalisa une série de clichés avec une Juliette amplement consentante. Un peu intimidée toutefois au début de la séance, elle se prit au jeu et finit par accepter sans rechigner des positions extravagantes qui exhibaient de près ses organes les plus intimes, glabres sur la demande de son mari. Les derniers clichés la représentaient avec le vibromasseur, mais elle refusa que ces photos-là soient montrées.
Passablement excitée, Juliette fit en sorte que les prises de vue se terminent dans la chambre avec un savant cunnilingus de la part de son époux, mais cette fois-ci tout appareil photo éteint.
*
Plusieurs jours s’écoulèrent et, un mercredi après la sieste d’Hugo, Juliette abandonna son ordinateur pour tenir compagnie à son mari. Silencieuse et à l’écoute, elle attendait manifestement quelque chose et Hugo le remarqua. Juliette se lança d’une petite voix faussement désintéressée :
— Tu as du nouveau ?
Hugo prit la balle au bond.
— Je suis content que tu m’en parles en premier, car oui, j’ai du nouveau, mais je n’osais pas aborder le sujet. Il va falloir que tu sois forte chérie.
— Que veux-tu dire ? Tu n’y arrives plus ? fit Juliette inquiète.
— Si, mais laisse-moi te raconter. Lundi matin à la pause-café, je glissai innocemment à Damien, mon collègue, que j’avais d’autres clichés de « la fille nue » qu’il avait déjà vue, autrement dit toi. Fortement intéressé, il me rejoignit dans mon bureau et s’assit à moitié sur mon secrétaire. Je lui donnai le téléphone et il fit passer les photos une à une dans un sens et dans l’autre. Sur certaines, il restait plusieurs secondes. « Putain ! Ce qu’elle est bien foutue ! » a-t-il dit plusieurs fois. Au bout de quelques minutes, il glissa la main dans la poche de son pantalon et je le vis prendre et remettre en place son sexe durci. Son érection était à son maximum et, en l’observant ainsi excité, la mienne vint également. Elle était normale et me gênait un peu aussi. Enfin, il quitta le bureau en tiraillant à nouveau son sexe pour que son érection ne se remarque pas trop. « Il faut que j’aille me branler », dit-il comme s’il se parlait à lui-même. Dès qu’il fut sorti, je débandai aussi sec et me mis à me lamenter sur mon sort.
Hugo laissa un blanc.
— Si tu y es arrivé, il doit bien y avoir moyen de recommencer, fit Juliette. Et puis, pourquoi me dis-tu que je dois être forte, c’est plutôt encourageant ce que tu me racontes.
— Tu te rappelles ce que je t’ai appris un jour sur le candaulisme ?
— Oui, vaguement…
— Voilà. Je suis arrivé à la conclusion suivante. Dans un premier temps, quelques photos non suggestives de toi, nue sortant de la douche, ont excité mon collègue et je me suis mis à bander sensiblement. Des photos plus érotiques l’ont allumé un peu plus et j’ai bandé plus également. Si je veux avoir une érection complète et peut-être avoir un orgasme, il faut aller plus loin encore.
— Ah ? Et comment ? fit Juliette qui ne voyait pas où son mari désirait en venir.
Hugo fit mine de réfléchir puis enfin s’élança :
— Il faut que je te voie faire l’amour avec lui.
— QUOI ?!!! hurla Juliette. Ça ne va pas dans ta tête ?
— Tu sais maintenant pourquoi je t’ai priée d’être forte…, reprit Hugo d’une voix intentionnellement douce.
— Non, mais là c’est trop me demander. Tu divagues chéri. De plus, c’est peut-être un gros porc, beurk !
— Pas du tout. Il n’a que deux ans de plus que moi, c’est un sportif et il a beaucoup de succès auprès des collègues féminines.
— Peu importe. C’est hors de question.
— Voyons, chérie…
— Non, non et non ! termina Juliette.
Elle se leva et fonça dans la chambre dont elle ferma la porte. Rageuse, elle se jeta sur le lit, prit une revue qui traînait à terre et s’y propulsa toute entière. Au bout de deux pages cependant, elle reposa le magazine, glissa les deux mains sous sa tête et fixa le plafond en une intense réflexion.

À l’heure du dîner, Juliette et Hugo se mirent à table dans un silence gêné. Au milieu du repas soudain Juliette questionna :
— Tu as une photo de ton collègue ?
Hugo la dévisagea fixement, n’osant espérer ni faire un geste.
— Je n’ai pas encore dit oui, précisa sa femme.
Le jeune homme interloqué sortit son téléphone, le manipula quinze secondes et le tendit à son épouse.
— Tiens, c’est lui à côté de moi. C’est un autre collègue qui nous a pris au cours d’une réunion.
— Oui, effectivement c’est un beau garçon. Mais c’est toi que j’aime, comprends-tu ? Comment peux-tu me demander ça ?
Hugo, les yeux pleins d’amour pour sa femme, se justifia :
— Écoute chérie, moi aussi je t’aime et j’ai envie d’avoir avec toi une vie de couple aussi normale que possible malgré mon handicap. Je sais que cette vie ne sera possible que si nous nous entendons bien sexuellement. Le fait que je n’aie plus d’érection nous mènerait droit dans le mur et je te perdrais si nous ne faisons rien. Le seul moyen pour cela c’est que je retrouve une érection normale afin de faire l’amour avec toi comme au premier jour ; ce moyen est à notre portée. Oui, je te demande un sacrifice, mais celui que je fais est au moins aussi grand, reconnais-le ; si la situation était inversée, que ferais-tu ? T’es-tu posé la question ? Quand j’aurai retrouvé toutes mes facultés, nous pourrons enfin être heureux et tout ceci ne sera plus qu’un mauvais souvenir. Oui tu as mal, oui j’ai mal, mais c’est un mal nécessaire pour notre amour.
Un long silence s’installa. Juliette versait silencieusement quelques larmes dans le creux de ses mains. Hugo fit glisser son fauteuil à ses côtés et posa la tête sur son épaule.
— C’est d’accord, déclara-t-elle. Mais je ne veux pas entendre le son de sa voix et nous ne nous rencontrerons qu’une seule fois.
— Tu verras, nous serons heureux après, dit Hugo, je te le promets.
*
Le mois de juin arrivait avec ses longues journées et ses courtes nuits. Un vendredi soir alors qu’ils avaient travaillé tard au bureau, Hugo invita Damien à prendre l’apéritif au café proche. Quand ils furent attablés au fond de la salle et après quelques banalités, Hugo entra dans le vif du sujet :
— Tu sais qui c’est la fille sur mon téléphone ?
— La fille à poil ?
— Oui.
— Non, je ne sais pas qui c’est, mais je donnerais cher pour avoir son numéro ! répliqua Damien en riant.
— Je peux te le donner si tu veux et je peux même faire mieux.
Intrigué, Damien s’enquit :
— Que veux-tu dire ?
— Bon, écoute, je ne vais pas y aller par quatre chemins. La fille à poil comme tu dis, c’est ma femme et elle s’appelle Juliette.
Damien en eut le souffle coupé. Hugo se serait soudainement transformé en dragon ou en mammouth qu’il n’aurait pas eu les yeux plus ronds.
— Tu… Tu rigoles ?
Sans répondre, Hugo poursuivit :
— Nous aimerions que tu nous rendes un service. Voilà. Pour faire court et si tu n’étais pas au courant, sache que depuis mon accident, non seulement je suis devenu paraplégique, mais aussi impuissant. Tu imagines bien que cela empoisonne nos relations alors que nous nous aimons fort tous les deux. Malgré son amour pour moi, elle a souvent envie de coucher avec un homme, elle me l’a confié plusieurs fois, mentit Hugo. Jusqu’à présent, j’ai réussi à ce qu’elle ne le fasse pas, mais je sais maintenant que si je continue dans cette voie, elle le fera en cachette et là, c’est la mort de notre couple.
Damien vida son verre d’un trait.
— Je l’ignorais, j’en suis désolé, mais qu’est-ce que je viens faire là-dedans ? dit-il.
— Je ne veux pas me morfondre dans la jalousie tous les jours en me demandant si elle l’a fait ou non. Guetter l’heure où elle rentre à la maison, fouiller son sac, éplucher l’historique de son téléphone, soupçons et compagnie… Non, je ne pourrais pas. Si elle doit s’envoyer en l’air avec un autre, je préfère de loin savoir avec qui et quand, au moins je serais fixé. Alors, d’un commun accord, nous avons convenu que je la laisserai coucher avec un homme à trois conditions.
— Quelles sont-elles ? fit Damien qui commençait à comprendre.
— Un préalable imposé par ma femme, l’homme ne doit pas prononcer un mot ; une condition que j’ai posée personnellement, je serai spectateur de ses ébats sans rien dire ni participer bien entendu ; et enfin, une condition admise par nous deux, cela ne se passera qu’une seule fois avec le même homme.
— Et tu as pensé à moi pour…
Hugo se contenta de regarder son collègue sans répondre. Damien se mordilla le pouce en fixant un point imaginaire de l’autre côté de la cloison.
— Nous avons aussi des relations d’amitié et de travail, tu es sûr que ça irait après ?
— Ne t’en fais pas, j’ai beaucoup réfléchi à cette solution. Rien ne sera changé entre nous, je te le promets.
Damien médita une minute puis finit par déclarer :
— Ta femme sera la plus belle fille que j’aurai enlacée de toute ma vie. C’est d’accord, donne-moi ton téléphone, s’il te plait que je l’admire encore…
Un creux dans l’estomac, le rythme cardiaque affolé, Hugo sortit son portable et le tendit en tremblant à son collègue qui se replongea dans les photos dénudées de Juliette. Il fut convenu que Damien serait invité le samedi du week-end suivant, Juliette ayant demandé à Hugo le temps de se préparer à l’idée dès qu’elle aurait connaissance de la date fixée pour le rendez-vous.
« Le sort en est jeté », songea Hugo, un pincement au cœur.
*
Juliette, informée dès qu’Hugo fut rentré, voyait soudain avec anxiété se profiler la réalisation prochaine d’un acte qui jusqu’à présent n’avait été qu’un fantasme un peu flou. Elle se renfrogna, se refusa à Hugo toute la semaine et lui parlait peu. Hugo, constatant le manque d’enthousiasme de sa femme, n’était plus bien sûr de lui et la veille du jour fatidique il lui déclara :
— On peut encore tout annuler, tu sais…
Juliette répondit sur un ton qui n’admettait pas de réplique.
— Non. C’est décidé, tu iras jusqu’au bout et moi aussi. Si tu dois retrouver une érection et un orgasme après ça, je ne veux pas que tu me reproches toute ma vie de ne pas l’avoir fait.
Hugo baissa les yeux. Elle avait raison, mais il sentait fébrilement en lui mordre le poignard de la jalousie qu’il avait fait semblant d’ignorer jusqu’à présent.
Le samedi soir, appréhendé par Juliette et attendu par Hugo ou vice-versa peut-être, arriva enfin. Damien avait été à l’heure et après l’apéritif, avait dîné de bon appétit. Juliette et Hugo, tous deux l’estomac serré, un peu moins. À la fin du repas, Hugo avait servi les digestifs, mais Juliette n’en voulut pas. Résolue, elle prit congé vers vingt-trois heures.
— Je me douche et je vous attends, fit-elle laconique.
Quand elle fut sortie de la pièce, Damien questionna Hugo :
— Tu es sûr qu’elle a envie de coucher avec un mec ? Elle n’a pas l’air dans son assiette.
— Si, si, mais c’est la première fois. Tu comprends, elle est intimidée.
— Bon. J’ai pris une douche juste avant de partir de chez moi, dit-il pour information.
Hugo, n’y tenant plus de ce suspens, déclara :
— Si tu as fini ton verre, on y va quand tu veux.
Damien ne répondit pas, mais se leva pour se placer derrière le fauteuil d’Hugo.
— Quand ce sera terminé, tu t’en vas immédiatement après pour me laisser seul avec ma femme. D’accord ? poursuivit-il.
— Compris, répondit Damien.
— Suis-moi alors, conclut le maître de maison.
L’invité posa les mains sur les poignées du fauteuil et le poussa jusqu’à la chambre où la porte était entrouverte…

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