L'Été D'Anaïs Actes 1 Et 2

ACTE I – SCENE 1 LOLA , ANAIS
La scène se passe dans le séjour , mobilier moderne, au travers des baies vitrées on aperçoit un jardin méditerranéen et la piscine. La famille arrive et est accueillie par Lola, la femme de chambre qui reste affectée à la villa. Dès l'arrivée les deux jeunes s'égaillent dans la maison pour la visiter.

LOLA
Madame bienvenue, vous voici arrivée
Dans la maison tranquille qui fera oublier
Les soucis quotidiens d'une vie parisienne
Et la plate existence de Française moyenne.

ANAIS
Voila les Parisiens, oui ma chère Lola !
Pour l'instant il n'y a que mes s et moi
La fille c'est Manon et le garçon Maël
Ils comblent tous les deux un amour essentiel.
Leur père s'est perdu, loin, dans une aventure,
Et n'est plus revenu, c'était dans sa nature.
On le sait détaché , peut-être de son corps,
Mais son âme survit , ils y pensent encore.
Il y a donc chez eux une quête infinie
De l'image d'un père qui faussa compagnie.

LOLA
Je les ai aperçus rodant dans la villa.
Mais Mathis notre maître, sera-t-il bientôt là ?

ANAIS
En principe Mardi, nous reverrons Monsieur.
Mais pourquoi «notre» maître?

LOLA
Oui! Le maître à nous deux,
A moi pour l'intendance , à vous pour...


ANAIS
Queue de chiffe !
Vous êtes dispensée d'adjectif possessif...
Je demande en ces murs de l' organisation,
Mathis a le désordre en sinistre aversion.
Et vous feriez bien de reprendre vos torchons
Pour n' être pas victime de ma répréhension

LOLA
Ne craignez rien Madame je m'y remets de suite,
J'offre de mon service, ce que chacun mérite.
Monsieur avait choisi ce mas et ma personne
Je vous y servirai comme chatte ou bien lionne
Selon ses sauts d'humeur et vos dispositions...

ANAIS
J'ignorais franchement cette situation.



LOLA
Il m'a clairement dit tout ce qu'il attendait,
Je dois bien vous servir, aussi vous surveiller.
Si un petit écart venait à survenir
Je suis autorisée aussi à vous punir.
Il y a en ce lieu mille instruments divers
Qui pour votre plaisir qui pour votre misère
Vous feront découvrir le ciel sept ou l'enfer.
Vois Madame comment je tiens à tout bien faire.

ANAIS
Dieu! les rôles ici me semblent inversés...

LOLA
Et je ne vous dis pas si un jour vous fautez!...

ANAIS
Entre ces murs épais dans notre isolement
Je ne vois pas comment me viendraient des amants.
Cette maison paisible me fera retrouver
Pour mon sexe et ma tête une tranquillité.

LOLA
La femme c'est fréquent, quand lui vient le repos
Elle laisse en sommeil toute sa libido.
Aussi je servirai autant qu'il le voudra
Monsieur qui tomberait en air de célibat.
Mais vous ressentirez quand même une langueur
Une envie de plaisir, une grande moiteur
Dans la lourde atmosphère de cet endroit secret
Qui a tout pour servir votre sensualité.
Et si le jeune fils qui est loin d'être laid
Qui se présente sage, timide et réservé,
Vous reste inaccompli par sa virginité
J'y serais pour l'instruire et pour le déniaiser.
Quant à Mademoiselle, si jolie et si frêle
J'ai perçu l' énergie qui se dégage d'elle;
Elle a dans la silhouette un petit peu gironde
Un appel de caresse , il faut qu'on y réponde;
Sa sexualité est prête à exploser
Nous devons sans délai l'aller lui enseigner.

ANAIS
Attention ces s sont la pureté même,
Je veille à la fraîcheur qu'ils eurent au baptême,
Leur dessein reste pur bien qu'ils me voient errer
Dans des voies égarées et dans quelques excès....
L'âge qu'ils ont atteint peut les autoriser
A s'informer un peu, et voire à s'initier ,
Mais je ne sais comment par exemple et leçon
Entamer tout ceci de la meilleure façon.


LOLA
Sûrement confiez-moi cette pédagogie
J'y ai gagné partout des lettres de crédit.

ANAIS
Vous me semblez experte en de nombreux domaines
Et votre charme opère hâtivement sans peine.
Je vous trouve jolie dans votre habit en cuir,
Vos façons, vos sourires sont tout à me ravir.
Vous n'avez pas pourtant que des atouts visibles
Mais aussi de l'esprit, et j'y suis très sensible.
Malgré la retenue que suscite l'invite
Il faut que ces leçons soient à un moment dites ;
Trouverez-vous les mots pour expliquer la chose
Et faire que les fleurs tranquillement s'éclosent ?
Mais avant , s'il vous plaît, de rejoindre l'office,
Pourriez-vous un instant m'allouer vos services ?
Le trajet m'a fourbue, je suis toute épuisée,
J'ai tous les os brisés, le dos courbaturé.
Vos deux mains sauraient-elles adoucir mon corps sage
Par un théutique et doucereux massage ?

LOLA
Je m'empresse d'aller voir votre installation
Et dire quelques mots à Maël et Manon
Avant de regagner votre lieu de sommeil..
Que Madame se mette dans le simple appareil
Qu'Eve jadis trouva pour émouvoir Adam
Et je pourrai alors vous soulager céans.

Anaïs sort vers le cabinet de toilette.


ACTE I SCENE 2 LOLA, MAEL , MANON

Maël et Manon entre dans la salle par la porte fenêtre.

MAEL
Voici une villa bien pourvue en recoins
Point n'est besoin je crois de s'éloigner bien loin
Pour profiter du calme et cultiver l'esprit
Car nous serons bien seuls je crois...

LOLA
Ah ! Vous voici..
Vous arrivez ici beaux et resplendissants.
Elle est fière Anaïs de ses deux grands s
Avec une raison que d'un coup d’œil on voit :
Une belle jeunesse où l'énergie flamboie.
Je vous souhaite vivre une belle aventure
Pendant tout le séjour de la villégiature.


MAEL
Ce que nous attendons avec avidité
C'est que nous devrions dans trois jours rencontrer
Pour la première fois l'ami de notre mère.
Informez-nous de grâce sur tout son caractère
On le dit riche, fort, et très autoritaire.

LOLA
Concernant sa personne rigoureuse et austère
Vous trouverez bien vite un homme à la hauteur :
Point de sensiblerie qui émeuve son cœur,
Non plus aucun remord pour toutes ses actions
Quel qu'en soit le motif, le plan ou la façon.

MANON
C'est un tempérament qui paraît en effet
Bien rigide et abrupt mais puis-je demander
De nous fournir aussi quelques informations
Sur son aspect physique et sur ses intentions ?

LOLA
Eh bien mademoiselle, jolie curiosité
Que vous cultivez là avec simplicité
Il est homme élégant , d'une diction parfaite,
Beau par le vêtement comme par la silhouette.
Quand vous mesurerez sa taille avec la vôtre
Que vous écouterez sa voix forte d'apôtre
Que vous découvrirez sa puissance mentale
Vous sentirez l'effet d'une faim de Tantale
Vous dévorer des yeux puis vous paralyser,
Vous laisser dominée, fragile et désarmée.

MANON
Je frémis, je frissonne , et sans savoir vraiment
Si c'est par impatience ou par égarement.
Ma nature inexperte ne m'a fait explorer
Aucun des sentiments que vous me décriviez.
Je n'ai jamais soumis à une volonté
Mon âme et ma pensée...

LOLA
Laissez votre âme en paix,
Parlez à votre corps et ses replis secrets :
C'est lui qui répondra à l'appel enflammé
Que causera en vous la première entrevue.
Offrez-lui l'appétit pour un fruit défendu,
Parez-le de parfums qui fleurent la vertu.
Ornez-le de couleurs aux reflets convenus...
Gardez cette innocence qui vous rend si distante
Cette présentation qui n'est point provocante
Et vous réveillerez chez cet homme mature
La faim irrésistible qui est sa vrai fêlure.


MAEL
Hola ! Madame ainsi vous précipiteriez
Ma virginale sœur sur l' horrible oreiller
D'un homme qu’aujourd’hui elle ne connaît guère
Et qui a vocation à devenir son père.

LOLA
Prenez garde jeune homme que ce que j'ai décrit
A votre jolie sœur vous soit valable aussi.
Vos airs et vos manières un rien hermaphrodites
Vont éveiller en lui ses penchants sodomites
Et vous ne pourrez plus en le regardant vivre
Ôter de votre esprit ce qui pourrait s'ensuivre...

MAEL
Votre propos, j'ignore s'il trouble ou s'il révolte.
Est-ce l'esprit malin, la forme désinvolte
Que nous allons garder de ce premier échange ?
Ou est-ce davantage le mystère et l'étrange ?
C'est l'impatience en moi qu'à la fin je retiens
Car je crois qu'elle flatte un singulier instinct...

LOLA
Ne dîtes plus un mot, vous raisonnez trop vite,
Et arrêtons l'échange, vous voici explicite.
Gardons de vos deux âmes la candeur vertueuse
Aussi de votre chair la jeunesse joyeuse
Et vous satisferez les premières attentes
De celui dont on sait la présence prégnante.

(puis après un silence)

Mais vous voudrez bien quitter cette carrée
Allez à la piscine , flânez dans le quartier,
Votre mère est brisée, et veut se reposer,
Je vais donc m'empresser de bien la délasser.

Les deux jeunes sortent.


ACTE I SCENE 3 LOLA , ANAIS

Anaïs entre et s'allonge nue à plat ventre sur la table , Lola lui masse le dos en parlant.

LOLA
 Madame s'il vous plaît vous me le permettez
Je veux vous dire combien vous êtes en beauté ;
Dévêtue comme ici, allongée sur le ventre,
C'est un tableau troublant, charmant, qui déconcentre.
La vision insolente de deux très belles pommes
A dû certainement retourner plus d'un homme.

ANAIS
Pourtant ne dit-on pas que les étreintes épuisent
Que le corps entier s'use par les scènes exquises
Qu'à force de s'ouvrir en tous lieux en tous sens,
Par tous les orifices sans délai ni distance
On finit par mollir les muscles et la peau,
Que le relâchement touche aussi le cerveau ?

LOLA
Mais votre corps Madame n'a rien de flasque ou laid,
Il s'éveille en jeunesse et en mille z' attraits.
Vous avez sans conteste un secret de jouvence
Qui mêle la vertu à votre art d'indécence.

ANAIS
Oui pour le faire vivre ce corps qui s'appauvrit ,
Pour le rendre attrayant à amants et maris
Il faut renouveler la pratique amoureuse,
Celle qui rend servile mais pleinement heureuse,
Celle qui me grandit quand on me tyrannise,
Celle qui fait de moi, enfin, une soumise.

LOLA
Avec vous je prétends que le corps, la silhouette,
A ces jeux vous rendront l'attrait d'une fillette.
Rien de plus délicieux que voir le martinet
Qui rappelle l'enfance et ses péchés secrets ;
Son ombre sur nos têtes virevolte en sifflant
Il s'abat sur la peau dans un fracas brûlant
Laisse des marques larges qui tannent l'épiderme
Pour, les journées suivantes, le retrouver plus ferme...
Et je ne peux Madame en massant votre dos
M’empêcher de descendre ma main vers le plus beau...

ANAIS
Ah Mon dieu vos doigts fins m'emplissent de désir,
Et vous caressez là ce que les hommes admirent.
Objet de doux fantasmes ou de fortes fessées
On n'en a pas fini de bien le célébrer …

LOLA
J'en écarte Madame les deux parts admirables ,
J'en observe étonnée l'orifice coupable.
A ses contours brunis j'en conçois que Monsieur
N'y prend pas seulement que le plaisir des yeux.

ANAIS
Vous avez deviné sa folle inclination ;
Je satisfais son goût pour les jeunes garçons
Et il m'a pour tout dire depuis ces deux années
Fait presque recouvrer ma vraie virginité.

LOLA
 Loin de moi est l'idée de blâmer la pratique.
Les plus grands philosophes de l' ère hellénistique
Ont récité bien fort l'art du fruit défendu.
Je note qu'en dépit de pratique assidue
Vous avez en l'endroit su conserver l'étroit,
J'en sens la pression douce tout autour de mon doigt...
On y va on y vient avec suavité,
Il s’entrouvre vraiment à la lasciveté...

Après un silence

Goûtez qu'avec l'index souple et inquisiteur
S'introduisent aussi mon pouce et mon majeur
Et vous aurez bientôt la sensation subtile
De l'entrée de l'organe aux fonctions érectiles.
Vous voilà préparée aux folles priapées...
Mais qu'avez-vous ma chère , oh mais vous gémissez...

Anaïs gémit alors que le rideau se referme.

Fin de l'Acte I



ACTE II SCENE 1 LOLA MATHIS

Deux jours plus tard même lieu

MATHIS
Dites chère Lola si Madame et sa clique
Ont trouvé à leur goût cette maison rustique.
Le travail ces jours-ci m'a complètement pris
Ma source d'affection en est en pénurie
J'ai hâte de trouver ma très chère Anaïs
Qui doit sans doute attendre comme le fit Phyllis.

LOLA
Pour l'heure elle n'est pas entre ces murs paisibles,
Elle revient de ville si vite que possible.
Votre arrivée soudaine et un peu avancée
Va dans un certain sens un peu la contrarier
Car elle tenait tant dès votre apparition
Vous offrir un service qui aille à vos façons...
Quand dans un autre sens, tendue comme jamais,
Elle ne restait en place ; une balade au frais,
Lui permettra sans doute d'offrir le meilleur d'elle...

MATHIS
Je sais , la solitude peut lui être cruelle.
Mais dans quel esprit se trouvait mon aimée
Avant ce tour de ville fait dès potron-minet.

LOLA
Elle attend en silence, elle lit, elle pense,
On la sent se glisser dans quelque pénitence.
La chasteté lui sied car vous l'avez choisie,
Cela lui permet mieux de vivre le repli.
En l'observant hier immobile au soleil
Je remarquai combien ses désirs en sommeil
Donnaient à sa figure des traits mélancoliques...

MATHIS
Cela a pour mes sens un effet magnétique...

LOLA
Moi-même j'ignorais votre venue si tôt
J'étais seule en ces murs avec les deux jumeaux.

MATHIS
J'ai hâte évidemment de les connaître aussi
Ils sont tous deux en âge de découvrir la vie .
Vous me direz plus tard votre impression sur eux
Votre sourire exprime des détails savoureux.
C'est d'abord leur jeunesse qui avive mes sens,
De les savoir tous deux si près de leur naissance,
Inculte de nos choses mais les y pressentant
Comme des éléments source de leur tourments.
C'est aussi leur aspect que l'on dit attrayant,
Sa mère les présente comme deux beaux s.
Eh oui, c'est l'ignorance de leur pensées profondes
Qui me fascine autant que les leurs les inondent.
C'est comme deux parcelles ignorées des semoirs
Sur lesquelles le vent ensemence au hasard,
Des grains qui donneront en leur premier printemps
Des couleurs, des senteurs aux effets enivrants.

LOLA
Oh que vous paraissez en graine de poète
Pour nous offrir ainsi cette strophe parfaite.
Mais pourquoi n'allez vous simplement à confesse
Concéder votre rêve habité de jeunesses ?
Mais pourquoi n'êtes vous pas simplement plus crû
En avouant vos goûts pour leurs parties joufflues ?
Mais pourquoi restez vous dans la modération
Car vous brûlez c'est sûr, d'une ardente passion ?..
Puis-je vous dire encore pour ajouter du sel
Que le fils de Madame est charmant damoisel ;
J'ai entrevu ses formes hier à la piscine
Et ses belles manières vaguement androgynes.
Serré dans son maillot je n'avais de pensée
Que pour son galbe accort et ses airs de guerrier.

MATHIS
Hé ! votre description de ce giton bien né
N'a pour unique effet que de plus m'échauffer
Au risque de devoir quand j'aurai consommé
Et m'être bien usé, après, vous corriger.
Vous m'invitez d'attendre jusqu'à l' heure tardive
Que Madame revienne ; sera-t-elle lascive ?
Ne m'avez vous pas dit qu'elle sait chastement
Vivre comme recluse sans aucun manquement ?
Je déciderais bien pour parfaire ce parcours
De ne lui rien montrer ni lui faire l'amour.
Cela travaillera encore son abstinence,
Un exercice utile pour la culture des sens.
Dès lors demain matin, languissant et brûlant
Son corps s'éveillera d'un désir dévorant
Et même la souffrance lui deviendra plaisir
Tous nos ébats seront le prétexte à sévir.

Puis après un silence

Mais mon corps attend vite et bien du réconfort
Après ce long voyage, il me faut des transports..
Allons chère Lola dévoilez vos talents
Tournez un peu le dos , montrez ce cul charmant.

LOLA
Attendez un moment , j'entends comme des pas
Qui s'approchent vers nous , à travers la villa.
On dirait qu'il s'agit de ces s jumeaux
Oui, c'est eux, pour Madame, il serait bien trop tôt..

MATHIS
Laissez-nous, il me faut pour les bien découvrir
Les jauger, les connaître , ensuite les tenir,
La présence d'aucun, même une conseillère,
Même une bonne amie, ce pourrait me distraire ;
Allez vous apprêter et revenez moi vite
En deuxième partie de ma courte visite.
Vous satisferez mieux ma boulimie ogresse
Qui ne pourra que croître avec ces deux jeunesses.

Lola sort


ACTE 2 SCENE 2 . MATHIS , MANON, MAEL

MAEL
Bonjour Monsieur , respect ! Nous venons de concert
Présenter nos personnes ; nous sommes sœur et frère :
Et vraiment honorés que votre personnage
Apporte animation dans ce logis bien sage.
Et, depuis quelque temps nous avons l'impression
De vous connaître bien, vos défauts, vos passions
Et les aspects curieux de vos inclinations.
Tel l'Empereur, un nom, une réputation,
Comme dans les campagnes que fit la Grande Armée
Allant de ville en ville et de prés en forêts
Vous précédaient , Monsieur, et vous rendaient grandiose
Pour nous qui demeurons de si petites choses.

MATHIS
Cet air impertinent me convient tout à fait
Et moi-même à votre âge, je jouais l'effronté,
Il reste que le ton de ce premier moment
Doit rester spirituel et se montrer plaisant.
Sinon vous trouverez ma personnalité
Un tantinet rigide en de nombreux aspects
Est-ce trop demander à nos deux candidats ?

MANON
Mon frère avait en tête ce que conte Lola :
Vos frasques et vos goûts visibles au grand jour.
Nous connaissons si peu les thèmes de l' amour
Les appréhendons tant, comme une fourbe drogue
Qu'on espère d'un maître expert et pédagogue
Qu'il apporte un savoir avec habileté
Et puisse nous former sans trop nous effrayer.

MAEL
J'y ajoute pour moi l'intime volonté
D'explorer en mon cœur un pouls inavoué
Qui fait gonfler mon sang dans mes extrémités
Où s'irriguent bien-être et culpabilité.

MATHIS, à Maël
Vous avez des propos d'un sibyllin attrait.
Tout cela me va bien. Et me voilà tout prêt
A être un précepteur des sciences d’Épicure
Et révéler en vous la réelle nature.

Puis aux deux

Poursuivons les échanges, j'y vois la volupté
Avec l'inconvenance prêtes à s'éveiller.
Mais je vous vois tous deux en vêtement de ville
Avec cette chaleur qui nous met sur un gril.
Pour les yeux de Mathis et pour votre confort
Dénudez-moi tout ça et en avant le sport !

MAEL
Devrons-nous aller pour le plaisir de voir
Dans nos tenues de bain du matin jusqu'au soir
Ou nous suggérez-vous des tenues plus typées
Qui doivent s'inspirer d'un style singulier ?

MATHIS
Non allez et venez dans vos maillots moulants.
Par cette canicule, ce n'est point éprouvant.
Marchez, bougez , nagez , rayonnez de désir
Imaginez toujours éveiller le plaisir.




ACTE 2 SCENE 3 . MATHIS , MANON, MAEL , LOLA
Lola entre

MATHIS
Ho ma chère Lola, votre présentation
Si juste et si fidèle de nos deux oisillons
M'a largement aidé pour ce premier contact.
Leur esprit reste pur et leur candeur intacte,
Cela augure bien pour le séjour qui vient,
Je ne me suis jamais senti si libertin...

MAEL
Mais à peine avons-nous échangé quelques phrases
Que vous laissez tomber les accents de l'emphase
Pour lancer franchement un air de crudité.
Vers quel curieux rivages comptez-vous nous mener ?

MATHIS
Je ne te dirai rien qui puisse compromettre
Les projets que j'ébauche en qualité de maître.
Aussi mon cher ami je t'invite à attendre
En toute obéissance, les choses à comprendre.

MAEL
Ce n'est pas seulement votre être magnétique
Qui agit sur nos corps en douleur entérique,
Mais vos propos si forts prononcés sur ce ton
Annihilent nos forces et nos résolutions.

LOLA
C'est là le potentiel que je veux évoquer
On sent le jeune ami prêt à s'interroger,
Dans la sphère d’Éros, sur mille et un sujets.
Quant à sa prude sœur, il y a, bien cachées,
Dans le long labyrinthe de son cœur, de son âme,
Déjà, une intuition , une émotion de femme...

MATHIS
Cette simple allusion qui cherche son effet
Me remplit d'un désir qui ne se peut masquer :
Mon sang se met en crue dans ma robuste artère...

LOLA
C'est troublant en effet de les regarder faire.
Nos deux adolescents se montrent très unis
Car lorsque l'une guigne, eh ! l'autre guigne aussi...
Observez ces regards qui glissent vers le bas
Leur objectif commun ne vous émeut-il pas ?

Elle fait un clin d’œil en direction de Mathis

C'est à la dérobade pour ces deux paires d'yeux,
A peine perceptible, et bien sûr malgré eux,
Mais tout ceci suffit pour vous mettre en tension
Vous qui savez la chose, objet de tentation ,
Gonfler comme l'ego peut parfois se bouffir ...
A ces propos, je vois, superbement rosir
Les jolies joues si fraîches de Mam’zelle Manon,
Discrètement trembler les doigts fins du garçon,
Comme si leurs désirs aux contours innocents
Se mêlaient en ardeur par la vertu ...
Que d'impudicité, de pensées inavouées
Se cachent tendrement dans ces regards biaisés.
Toute la pureté qui les habite encore
Laisse libre expression aux parties de leur corps :
Il ne faut plus attendre que les esprits s'emballent
Pour mettre à l'unisson la passion cannibale.

MATHIS
Tous ces événements ébouillantent mes sens
Il est temps maintenant de vous prendre en audience
Ma très chère Lola , et n'être plus que deux
Pour cet échange riche, cordial et vigoureux.
Il ne m'aurait pas gêné qu'ils restassent aussi
Pour assister en chœur , frère et sœur réunis,
Au congrès de l'émeu ou du lapin maudit,
Cela aurait hâté leur bonne éducation
Apaisé leurs fantasmes et leurs appréhensions
Mais chaque chose doit se faire en son bon temps
Veuillez, vers votre mère, y aller à l'instant.

MAEL
Nous laissons circonspects, en ce premier huis clos,
Le congrès mystérieux de tous vos animaux..

Maël et Manon sortent


ACTE II SCENE 4 MATHIS LOLA

MATHIS
Oh mon dieu j'ai bien cru ne plus pouvoir tenir
Dans mes extrémités je me sentais bouillir.
Votre cul vite !

Elle se tourne et relève la jupe

LOLA
Voici..

MATHIS
O joli spectacle callipyge...

LOLA
Pour mes émoluments ce sera comme pige ;
Si ce court intermède ne m'est pas décompté
Je n'aurais pas l'envie de rendre un tablier.
Votre imagination qui n'a pas de limite
Doit déjà se réjouir que les âmes séduites
Comme autant de signaux qui peu à peu dévorent,
Précèdent gentiment la soumission des corps.

MATHIS
Me chantez-vous cela pour mieux me stimuler
Ne suffit-il donc pas mon pilon bien bandé
Qui s'en va se frayer dans votre endroit secret..

LOLA
Mais non ! il me paraît très bien dimensionné
Et je vous remercie de ne pas emprunter
La voie que les garçons aiment vous présenter.

MATHIS
Curieux égarement de ma propre personne
Qui au su de mes œuvres à moi-même m'étonne.
Je garde pour demain le divin serrement
Que fera Anaïs sur mon membre puissant
En allant et venant en elle au plus étroit...
Et plus c'est resserré plus le plaisir s’accroît ;
Pendant ces nombreux jours le muscle délaissé
Aura récupéré de l' élasticité...

LOLA
Laissez un peu jouer votre imagination
Pour passer tous les cinq un séjour de passion
La maîtresse en grand manque, une fille ingénue
Un jeune homme mignon qu'on prendrait bien à crû,
Et moi pour vous servir et mieux vous préparer,
Cher Maître, à la folie de vos penchants secrets.

MATHIS
Lola cette pensée me met en perdition
Je me sens maintenant au bord de l'explosion...

...
La lumière se tamise lentement jusqu'à l'obscurité alors qu'on entend les gémissements de Lola.


Fin de l'Acte 2

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