Vacances Sans Frontières - 21 Un Retour En Arrière

Sabrina avait veillé à dissimuler ses larmes à son amoureux et était rapidement venu le rejoindre, se blottissant dans ses bras où elle s'était à nouveau endormi, épuisée.
Sabrina avait été soulagée que Jean ne se soit pas réveillé. Elle savait parfaitement qu'il n'aurait pas pu s'empêcher de la questionner et elle savait qu'elle n'aurait pas eu la force de lui expliquer. Il y avait d'ailleurs encore tant de doutes, tant d'incertitudes. Tout avait été si bref. Elle n'était même pas sûre à 100 % de ne pas s'être trompée. Mais cette vision l'avait terrorisée, lui avait fait le même douloureux effet que d'être en train de nager avant d'être brusquement tirée vers le fond.
Le matin puis les jours suivants, elle s'efforça de conserver son attitude habituelle. Heureusement, les attentions de Jean l'y aidait énormément. Elle constata d'ailleurs avec soulagement que ce dernier n'avait pas réalisé ce qui s'était déroulé durant la nuit.
Par ailleurs, la période des examens de fin d'année approchant à grand pas, tous deux passaient de plus en plus de temps à réviser, ce qui permettait à Sabrina de se concentrer sur ce qui comptait réellement : leur avenir commun. Tous deux se focalisèrent alors sur leurs révisions respectives. Comme souvent ils demeuraient toujours ensemble, l'un près de l'autre, s'aidant mutuellement. Jean n'hésitait pas à multiplier les efforts durant les semaines en entreprise de sa belle, faisant tout pour la soulager de toute fatigue superflue, ce que Sabrina appréciait énormément et lui rendait par ses attentions, ses caresses. Elle connaissait Jean depuis assez longtemps pour savoir que ses démonstrations d'amour étaient pour lui un moteur.
Néanmoins, sans qu'elle n'en eut réellement conscience, Jean avait noté certains changements dans l'attitude de Sabrina.
Cette dernière se montrait en effet encore plus câline qu'à l'ordinaire et devenait peu à peu, entre autres, beaucoup plus demandeuse de leurs étreintes qui étaient déjà fréquentes, ce qui ne le dérangeait d'ailleurs pas outre-mesure.

Il sentait toutefois dans ces étreintes quelque chose de différent. Cela n'avait pas de rapport avec la nature des sentiments de Sabrina à son égard, au stress des examens ou même à leur retour dans le milieu libertin.
Cette attitude se retrouvait également dans son besoin de tendresse et d'attention. Il ne parvenait pas à déterminer exactement ce qui se passait, ce qui le préoccupait en fait de plus en plus. Heureusement leurs occupations et leurs révisions occupaient très efficacement leurs temps à tous les deux, même si Jean veillait à demeurer attentif.
Tous deux consacraient ainsi leurs journées à leurs emplois respectifs, leurs études et continuaient donc à veiller l'un sur l'autre, faisant fi des difficultés, en apparence du moins.
Ils avaient revu quelques fois Benoit et Amélie pour coquiner ensemble jusqu'à ce que les échéances deviennent de plus en plus proches pour chacun d'eux. Ils s'entendaient toujours aussi bien et il arriva à plusieurs reprises qu'Amélie, profitant d'une garde de Benoit, les rejoigne en soirée pour réviser ensemble. Une ou deux fois, Jean rentra de son travail le soir et retrouva les deux jeunes femmes en train de se câliner tout en révisant, ne laissant que peu de doute sur ce qui avait pu se passer durant son absence.
Sabrina et Amélie étaient d'ailleurs devenues assez proches et toutes deux rencontraient fréquemment un petit groupe de filles auprès desquelles elles passaient parfois des soirées entières.
A quelques jours des examens, Sabrina prévint Jean qu'elle comptait passer son prochain samedi soir avec ses amies.
- Ça ne te dérange pas j'espère ? Lui demanda –t-elle.
- Non, pas de soucis. Je vais appeler les gars et on se fera une soirée aussi. Ne t'en fais pas : de toute façon je pense que tu as besoin de décompresser. Tu n'en seras que meilleure quand les exams commenceront. Et puis il faut toujours relâcher quelques jours avant. Profite mon amour.
- T'es vraiment un homme parfait.

- Ouais, ouais, attend de voir le bazar que tu vas devoir ranger à ton retour avant de me remercier.
- Comme si c'était ton genre, lui dit-elle avant de se coller à lui et de l'embrasser tendrement tandis qu'il l'enlaçait.
- Je ne m'y risquerais pas : trop peur d'être privé de tes baisers.
- Aucun risque mon cœur.
Ils ne révisèrent pas cette nuit-là et passèrent de baisers à caresse jusqu'à s'endormir, repus de bonheur.
Le jour de la soirée arriva rapidement et Jean assista au spectacle habituel de sa belle devenant ravissante sous ses doigts experts disposant de subtiles couleurs sur son visage. Quelques minutes plus tard, Sabrina sortit de la salle de bain, prête à passer une soirée à s'amuser tandis qu'Amélie, accompagnée de Natacha, l'une des filles de son groupe, une ravissante jeune femme blonde aux cheveux courts et à la silhouette de mannequin sonnaient à la porte de leur appartement. Elles restèrent quelques minutes puis repartirent après que Sabrina eut embrassé Jean d'un baiser tendre.
- A tout à l'heure mon cœur. Pas de bêtises, ajouta-t-il en plaisantant.
- Jamais sans toi mon amour. A demain matin. Je t'aime.
Toutes les trois partirent rejoindre les autres filles de leur groupe. Jean s'affaira pour préparer le nécessaire lorsque Damien, Bastien, Emilien et Kevin arrivèrent. Ces derniers ne tardèrent pas et les festivités commencèrent rapidement, entre les pizzas commandées et les quelques bouteilles apportées pour agrémenter la soirée. Sorti à peine de sa garde, Benoit les rejoignit vers 23h.
Comme à chacune de ces réunions, Jean se posait toujours la même question : pourquoi ses amis s'acharnaient-ils toujours à apporter autant d'alcool sachant qu'aucun d'entre eux, lui y compris, n'avaient pour habitude de boire jusqu'à l'ivresse. Peu importait, ils passaient toujours de bonne soirée à rire discuter et s'amuser, ce qui était la bienvenue en cette période de stress.
La soirée suivait son cours et s'était orientée sur les navigations internet via l'écran de télé de l'appartement lorsqu'un téléphone sonna.

- Hé Jean, on t'appelle, lui dit Damien.
- Oui, oui j'entends. Tu peux me le passer s'il te plait, ce que fit son ami.
Jean vit s'afficher un numéro inconnu mais décida de répondre.
- Allo ?
- Allo ? Jean c'est toi ?
- Oui, c'est qui ?
- C'est Marjorie. Est-ce que Sabrina est avec toi ?
- Quoi ? Mais je croyais qu'elle était censée être avec vous. Vous êtes où ?
- Non, elle n'est plus avec nous. On est allé danser et nous sommes allés sous asseoir. Sabrina a dit qu'elle allait aux toilettes et on lui a demandé d'en profiter pour commander des verres. Vu le monde au bar, ça ne nous a pas étonné qu'elle mette un peu de temps mais Amélie est allée voir et ne l'a pas vue. On a fait le tour de la boite, du bar et des pistes : pas moyen de la trouver. Ludivine et moi sommes allées voir au parking : sa voiture est toujours là mais on ne la trouve pas. Amélie, Cassandra et Ludivine sont en train de refaire le tour de la boite. "
Jean sentit un froid glacial se répandre dans tout son ventre. Au fur et à mesure des explications de Natacha, des scénarii s'étaient déjà installés dans sa tête. Sabrina avait été enlevée ? Agressée ? Etait-elle partie ? Non c'était impossible. Sa Sabrina ne ferait jamais ça comme ça sur un coup de tête, sans aucune raison.
Il n'entendait plus les mots que Marjorie vociférait à son oreille avec pourtant beaucoup d'insistance. La voix d'Emilien lui parvint au loin et le sortit de sa brève torpeur.
- Hé, Jean, tu vas bien ? Qu'est ce qui se passe ? Il y a un souci ?
- Euh, oui, enfin non attend un moment.
- "Jean, tu es là ou pas ? Répond !!
- Oui, pardon je suis là. J'ai ….. Qu'est-ce que tu disais, vous ne l'avez pas retrouvée ?
- Quoi ? ….Mais … Non, c'est ce que je viens de dire. Ça fait maintenant plus de trois quarts d'heure qu'on la cherche sans résultat.
- Elle est peut-être partie sans la voiture. Vous aviez pris un vestiaire ?
- Oui, et il est encore là puisque c'est Cassandra qui avait gardé les tickets de vestiaires cette fois.

- Et ….les toilettes, si jamais elle a eu un malaise : elle est plutôt fatiguée en ce moment.
- On y a pensé ….. et à vrai dire on a même cru qu'il ne s'agissait pas que de repos mais non il n'y a personne. "
- Hé mec qu'est ce qui se passe ? Demanda à nouveau Emilien.
- "Bon écoute, dit Jean. Vous restez dans la boite et vous ne restez pas loin de la porte. Vous surveillez si vous la voyez. Moi je vois avec les gars et j'arrive dès que possible. Ok ?
- Euh …… je ne suis pas sûr que ça serve à grand-chose. On est déjà toute là …. Ne panique pas, ok, si tu savais le nombre de fois où….
- A tout de suite, répliqua Jean."
- Attend qu'est ce qui se passe ? Demanda Benoit avec une pointe d'inquiétude dans la voix. Il y a un problème avec les filles ?
- Sabrina a disparue. J'y vais.
- Quoi ? Comment ça "disparue" ?
- J'en sais pas plus, les filles m'ont dit qu'elles n'arrivaient pas à la trouver nulle part dans la boite, ni sur le parking. Je dois y aller. Restez ici si vous le voulez les gars, ajouta-t-il en enfilant sa veste à la hâte.
- Hé attend !! Intervint Damien, inquiet de voir son ami agir avec autant de précipitation. Pourquoi tu y vas ? Elles sont déjà cinq là-bas. Elles vont la retrouver.
- Elles sont cinq dans la boite. Elles l'ont cherché partout et elles ne l'ont pas trouvé. Et si il lui est arrivé quelque chose. Je… Je dois y aller.
Bastien se leva et se jeta sur Jean. Jamais il n'avait vu son ami paniquer de cette façon. Il le saisit par les épaules et le secoua un bref instant. Jean tenta de se débattre mais son imposante musculature et la puissance des bras de son ami ne lui permettaient pas de se dégager.
- Jean, calme toi, lui dit-il d'une voix forte. Si jamais elle est partie elle reviendra ment ici. Il vaut mieux que tu restes là.
- Et si il lui est arrivé quelque chose !! Je le savais j'aurais dû le voir venir, dit Jean d'un ton où se ressentait clairement la panique.
- Mais arrête tes conneries, lui dit Kévin. Si ça se trouve tout va bien. Et puis d'ailleurs même s'il y a un souci, comment tu aurais pu voir venir quoi que ce soit ?
- Parce que je savais qu'elle n'allait pas bien !!!
- Attends, intervint Benoit. Explique !!! Comment ça elle ne va pas bien ?
- Ça fait plusieurs semaines qu'elle se met à faire des cauchemars presque toutes les nuits. Elle croit que je ne la vois pas mais ….. ça se sent qu'il y a quelque chose qui la travaille. Et vu ses résultats, on peut pas prétendre que ce soit les exams qui la stresse. Je n'ai pas voulu l'embarrasser de questions mais je m'en rends bien compte.
- Tu le savais et tu ne lui as rien demandé ? Surenchérit Kévin.
- Elle sait que je suis là et que s'il y a le moindre souci elle n'a qu'un mot à dire. Je lui ai tendu quelques perches mais elle n'a rien relevé.
- Amélie m'en a parlé aussi, dit Benoit.
Tous se tournèrent vers lui. Jean le regardait, interloqué.
- Parlé ? ….. Mais parlé de quoi ?
- Elle m'avait fait promettre de ne rien dire mais ….. Tu sais que depuis quelques temps elles sont très proches elle et Sabrina.
- Oui, je sais bien. Et …. Elle lui a fait des confidences.
- Non, pas des confidences. Tu sais comme Natacha et ses copines, Amélie en première ligne, sont assez branchées réseaux sociaux, contrairement à Saby. En milieu d'année elles ont insisté pour que Saby s'inscrive sur FB. Sauf qu'elle avait déjà un compte sur lequel elle n'allait plus. Natacha et Saby ont donc réactivé son compte. Et il y a quelques semaines, Amélie m'a dit que Sabrina lui avait confié qu'elle avait reçue des messages réguliers de la part d'un gars.
- Attends !! Et tu me dis ça maintenant ? Et c'est qui ce mec ?
- Calme-toi !! Elle lui a expliqué que c'était une ancienne connaissance qui a réagi dès la réactivation du compte de Saby et qui a commencé à lui envoyé des messages, à peine quelques minutes après en fait. Mél m'a dit que ta copine lui a demandé de bloquer ce gars mais elle a pu lire certains de ses messages.
- Et ça donnait quoi ?
- Des trucs du genre "j'espère que tu ne m'as pas oublié", "je savais bien que je te reverrais" ou autres stupidité du genre. Mél a aidé Saby à le supprimer de ses amis et à le bloquer.
- Et Saby lui a dit qui c'était ?
- Non, juste que c'était une ancienne connaissance et que….. Ton téléphone Jean !!
- Hein ?! Ah merde, dit Jean en se précipitant sur son téléphone. Allô ?
- "Oui, Jean, c'est Amélie. On a retrouvé Sabrina mais je pense qu'on va partir de la boite. On va arriver.
- Ok, mais ……elle va bien ?
- Oui, oui, ne t'en fais pas mais …… enfin on t'expliquera. On va toutes sortir et on arrive tout de suite. Mais ne t'en fais pas : elle est avec nous et elle va bien, d'accord ?
- Euh …. Ok mais ……pourquoi tu…
- Marjorie nous a dit que tu t'étais inquiété …… mais bon on arrive dans un quart d'heure maxi, le temps de reprendre les vestiaires et d'arriver. A tout de suite."
- Alors ? Demanda Damien. Elle a refait surface ?
- Oui, répondit Jean. C'était Amélie. Elle m'a dit qu'elles l'avaient retrouvée mais elles arrivent. Elle n'a pas voulu m'en dire plus mais on dirait qu'il y a quelque chose.
- Elles arrivent …. Toutes les six ?
- Oui.
- Bon ben ça fera de l'ambiance. En tout cas elle va bien ta princesse, dit Bastien. Tu vois que ne n'était pas la peine de paniquer comme ça.
- Je n'en suis pas sûr. Amélie n'avait pas l'air très rassurée au téléphone.
- Je vais attendre Amélie et on va vous laisser. Je crois que vous avez des choses à vous dire tous les deux.
- Non, on ferait mieux de rester, dit Kevin. Sinon elle va sentir un truc pas normal. On reste un peu et si on voit qu'il vaut mieux vous laisser on s'en ira, Ok ?
Tous acquiescèrent, y compris Jean qui les remercia de leur présence et de leur prévenance. Une dizaine de minutes plus tard, Amélie ouvrait la porte, suivie de Sabrina et des quatre autres filles.
Jean attendit que Sabrina avance vers lui mais elle ne l'approcha que timidement, le visage pâle et l'air visiblement embarrassé, ne le regardant que par de brefs coups d'œil presque craintifs. Tandis que les autres nouvelles venues s'installaient dans l'appartement, Jean s'approcha de son amie et la prit par la main. Aussitôt elle osa cette fois plonger son regard dans le sien, et Jean pu cette fois sentir dans son regard toute la détresse de Sabrina. Il la prit par la main et la conduisit près de lui.
Il s'aperçut que Bastien avait rajouté des verres et commencé à servir chacune des nouvelles convives. Tous reprirent place sur le canapé et les chaises de l'appartement, les filles ravies de retrouver les genoux de leurs amoureux, Amélie en tête, laquelle était trop heureuse de retrouver son ami avec quelques heures d'avance.
Encouragées par l'initiative de Damien, Emilien et Kévin, les discussions avaient rapidement avec pour thèmes les pérégrinations des garçons du groupe sur la toile.
Ce fut lorsque Natacha commenta une vidéo où il était question de satires sur des câlins impromptus en boite de nuit que les conversations s'orientèrent sur la disparition soudaine de Sabrina. Ce fut ainsi Bastien qui, le premier, aborda le sujet sur un mode badin.
- En parlant de disparition, j'en connais un qui a carrément paniqué tout à l'heure. Il était tout pâle le prince charmant.
- Remarque il était toujours dans son rôle : si on n'avait pas réagi il aurait sauté par la fenêtre pour vous rejoindre plus vite, surenchérit Kévin.
- Bah en même temps j'aurais sans doute eu la même réaction, intervint Benoit. Peut-être sans paniquer autant mais dans l'ensemble …..
Durant ce bref échange, Jean avait senti Sabrina se crisper, devenir subitement mal à l'aise et, après avoir lancé un rapide coup d'œil à l'assemblée, comprit qu'elle n'allait cette fois pas avoir la possibilité de se dérober. Elle étreignit soudain la main de son ami, son Jean qui l'avait toujours soutenu depuis qu'ils s'étaient rencontré. Ce dernier enferma les doigts de sa belle plus fermement mais avec une grande douceur. Elle croisa son regard et y lut malgré tout à la fois une profonde douceur mais également une grande inquiétude ainsi qu'une réelle détermination qui ne pouvait signifier qu'une seule chose : lui aussi attendait désormais qu'elle lui s'explique. Ce fut d'ailleurs le moment qu'il choisit pour intervenir.
- Oui !! Bon !! Je suis d'accord, je me suis un peu enflammé. Je sais que ce n'est pas très intelligent comme réaction mais savoir qu'elle avait disparue de la boite et que personne ne la trouvait m'a inquiété. D'ailleurs, ajouta-t-il en s'adressant à Amélie et aux autres filles, vous étiez censées m'expliquer ce qui s'était passé. J'avoue que j'aimerais bien en savoir plus sur ce qui m'a fait une telle peur.
- Ben tu sais on n'a pas compris grand-chose, dit Marjorie. On s'est mise à surveiller la porte pour voir si elle n'était pas juste sortie prendre l'air et c'est Natacha qui l'a vue rentrer en premier. On s'est toutes jetées sur elle. Elle semblait terrorisée.
- Terrorisée. N'exagère pas, répliqua timidement Sabrina.
- Ah, non !! Pardon ma belle, riposta immédiatement Ludivine, une jolie fille rondelette aux cheveux courts ornées de mèches blondes platines qui tranchaient avec le reste de sa chevelure d'un noir corbeau, mais tu tremblais de partout. En te voyant j'ai même pensé que des mecs t'avaient attrapé et qu'ils t'avaient e à des trucs dégueulasses. Alors ne viens surtout pas nous contredire. On s'est toute faite un sang d'encre. Et d'ailleurs je me trouve déjà très patiente de ne pas t'avoir obligée à nous répondre !!!! Merde !!!
- Calme-toi, lui dit posément Marjorie.
- Oui, pardon!! Dit Ludivine d'un ton irrité où perçait la réelle inquiétude qu'elle avait ressenti. Mais tu comprends pourquoi je suis énervée j'espère. Comment ça se fait que tu aies été introuvable pendant tout le temps où on t'a cherché ?
- ……
- Chérie, dit doucement Jean, Ludivine a raison. On s'est tous inquiétés. Moi bien entendu mais les autres aussi, sans parler des filles. Met toi un instant à notre place. Il est peut-être temps que tu dises ce qui ne va pas, non ?
- Qu'est-ce que tu veux dire ? Demanda Sabrina. Je ne ….
- Allez, chérie, on arrête de jouer. Ça fait plusieurs semaines que tu fais des cauchemars. Parfois tu te réveilles en pleine nuit en pleurant. Chaque fois tu penses que je ne le vois pas mais je suis réveillé à chaque fois. Je n'ai pas voulu t'ennuyer ou te questionner mais je sens que quelque chose a changé depuis quelques temps. Et même en sachant que tu me caches des choses je continue à te faire confiance. Mais vu ce qui s'est passé ce soir et le mal que ça semble te faire, il est temps que tu oses en parler avec ceux qui tiennent à toi. Donc explique nous ce qui s'est passé ?
- Je ……..je ne p……
- Chérie, dit Jean en prenant le visage de sa belle dans ses mains. Tu peux tout me dire. Quel que soit le problème, je ne te laisserai pas seule. Tu sais que je t'aime.
Sabrina prit la main de son ami et la porta à ses lèvres tandis que Cassandra et Amélie la regardaient l'air grave.
- Jean a raison ma belle, dit Cassandra. Nous ne sommes pas tes amies que pour faire la fête : les amies c'est là pour aider quand il y en a besoin. Raconte nous.
- ……. D'accord …… mais il va falloir que je vous explique tout depuis le début.
Comme pour Amélie et Benoit, qui avaient déjà eu droit à l'histoire de leur rencontre alors que Sabrina travaillait comme serveuse d'un club libertin, cette dernière réitéra son récit pour ses autres amies, mais cette fois en précisant ce qui était arrivé avec Laurent, son ex-petit-ami.
- Quels fumiers de porcs, grommela Kévin, visiblement scandalisé par l'attitude de ce dernier. Enfin t'as eu une sacrée chance de tomber sur un gars gentil qui t'a tendu la main ….. et sur Jean après coup.
- Oui, et vice versa, plaisanta Damien. Une jolie fille, libérée, libertine qui tombe amoureuse de notre pote : il a vraiment eu une chance folle de tomber sur toi.
- Ça il n'y a pas une seule journée qui passe sans que je me rappelle à quel point je suis chanceuse de vivre près de lui. Enfin pour revenir à mon histoire, quand j'ai été hébergée par Christophe, mon patron, j'ai pris un peu de recul. Vous savez Laurent a toujours été un peu du style un peu voyou. C'est bête à dire mais son côté mauvais garçon me plaisait. C'est aussi en partie parce que je savais que c'était plus un genre qu'il se donnait qu'un vrai dur. Par contre en ce qui concerne Daniel, son cousin, et quelques autres copains qu'il recevait régulièrement, ce n'est pas du tout le même genre. Eux, ce sont de vrais caïds. Vous savez les fois où Laurent a insisté pour que je participe avec d'autres mecs en plus de lui, j'ai eu l'impression que son cousin et ses potes n'y étaient pas tout à fait étranger à cette idée. Surtout un. Antoine. Un grand mec cheveux rasé avec l'air gentil mais c'est un vrai salaud. Un jour il a demandé à Laurent de me forcer à …… enfin ….
- On a compris, intervint immédiatement Bastien. Mais quel rapport entre ces gars-là et ce qui s'est passé ce soir ?
- J'y viens. En fait quand je suis remontée ici avec Jean je ne voulais qu'une chose : reprendre une vie d'étudiante normale. Du travail, un copain, des amies, des sorties. Mais il y a quelques mois j'ai fait une connerie. J'ai réactivé mon compte FB et j'ai commencé à recevoir des messages de mon ex. C'est pour ça que je t'ai demandé comment on pouvait bloquer un compte, dit-elle à l'adresse d'Amélie. Mais apparemment ça n'a pas suffi. J'ai reçu d'autres messages ……. Et cette fois sur ma boite mail, poursuivit-elle la voix soudain tremblante
Au fur et à mesure de son récit, Sabrina se sentait curieusement soulagée. Elle avait conscience que le plus difficile, le récit de ce qui s'était passé cette nuit, était encore à venir mais elle avait l'impression d'extirper un venin de son cœur. Elle était soulagée de sentir leur soutien, mais surtout de toujours sentir les mains et le doux regard de Jean sur elle. Elle prit une nouvelle inspiration et poursuivit.
- Plusieurs mails m'ont envoyé des photos. De vieilles photos du temps où j'étais avec Laurent. Des photos intimes en fait. Et il y a eu la fois où nous sommes allés prendre un verre tous les quatre, dit-elle en parlant à Benoit, Amélie et Jean. Je ne sais pas si vous vous rappelez que….
- Que tu avais laissé tomber ton verre par terre et que tu étais devenue blanche comme un linge, acheva Benoit pour elle. Si, si, on s'en souvient bien.
- Il était là. Antoine était là. Je l'ai aperçu juste une seconde mais je sais qu'il m'a vue. Et quelques semaines plus tard j'ai reçu des photos sur ma boite. Des photos de nous quatre. Et d'autres photos, de nous deux ou de moi en train de sortir avec vous les filles. Et aussi …. Les dernières…..
- Aussi quoi ? Parle s'il te plait, lui dit Ludivine.
- Des photos de toi mon cœur. Beaucoup de photos de toi, seul, sur le chemin du restaurant, à la fac, devant notre porte. Je te demande pardon.
- …… Comment tu as pu ne rien me dire ? Lui demanda Jean.
- Je suis désolée. Je ne savais pas quoi faire.
- Oui …. Bon. Donc si je comprends bien il y a un connard qui nous suit et qui prend des photos de nous. La question c'est : qu'est-ce qu'il veut ?
- C'est ce qui me faisait le plus peur jusqu'à ce soir.
- Comment ça ? demanda Cassandra.
- Antoine m'a surprise par derrière ce soir. Quand je suis partie aux toilettes, il a débarqué et m'a entrainée dans une voiture au fond du parking. J'ai vu que vous me cherchiez mais je ne pouvais rien faire les filles, je suis désolée.
- Ne t'inquiète pas pour ça, répliqua Marjorie. Qu'est ce qui s'est passé ? Qu'est-ce qu'il t'a fait pendant tout ce temps ?
- Rien ….. Enfin …. Rien de trop méchant.
- Qu'est-ce que tu veux dire, répliqua Jean en l'examinant, puis en relevant légèrement le haut de Sabrina …….. Oh non, chérie. S'exclama-t-il en découvrant un large hématome sur le côté gauche de sa belle.
- Pourquoi il t'a fait ça ? demanda Emilien. Qu'est-ce qu'il te veut ce mec.
- Il n'était pas seul. Laurent était là aussi et ….. En fait ils veulent que je les rembourse.
- Que tu les rembourses ? Non mais ils déconnent ou quoi ? Tu parles de l'argent qu'ils avaient récupéré en vendant tes affaires ?
- Oui. Il y avait pas loin de quinze mille euros.
- Comment tu vas trouver une somme pareille ?
- En fait je n'en ai pas tellement dépensé, même pour l'appartement. C'est ce que je leur ai dit.
- Tu leur a proposé de leur rendre l'argent c'est ça ?
- Oui, pour qu'il nous fichent la paix mais ….. Ce n'est pas de l'argent qu'ils veulent.
- Comment ça ? Qu'est-ce qu'ils veulent ce troupeau d'abrutis ? demanda Emilien qui, chose rare, commençait à s'énerver.
- Je …. Je ne peux pas …..dit Sabrina, les larmes lui remplissant soudain les yeux. ….. Je suis désolé Jean, Je te demande tellement pardon, ajouta-t-elle en s'effondrant en larmes.
- Mais …… pourquoi tu ……
- Jean, intervint Benoit. Je crois qu'on va vous laisser. Elle a besoin que vous soyez tous les deux….. et toi aussi tu as besoin de rester un peu seul avec elle.
Tous prirent congé de l'appartement après avoir serré Sabrina dans leurs bras et demandé à Jean de leur donner des nouvelles.
Une fois seul, Jean prit Sabrina dans ses bras et la conduit dans la salle de bain. Il la déshabilla et la serra contre lui à nouveau. Il s'apprêta à la laisser prendre sa douche lorsqu'elle le retint par un bras.
- Viens contre moi, s'il te plait. Je …. J'ai besoin que tu restes près de moi.
Elle l'attira à elle et se blottit contre son amant, son amour. Elle se sentait libérée de lui avoir confié tout ce qui pesait si lourdement sur ses épaules. Elle en ressentait toujours une profonde culpabilité mais celle-ci s'estompa lorsqu'il referma ses bras sur son dos, la pressant intensément contre lui. Elle leva les yeux vers lui et l'embrassa, doucement d'abord puis elle pressa plus fortement ses lèvres contre celles de l'homme qu'elle aimait. Il la prit dans ses bras tandis qu'elle le débarrassait de ses vêtements. Elle se serra contre lui et sentit l'excitation de Jean palpiter contre sa cuisse. Sans attendre davantage, sans dire un seul mot, et le saisit et le guida en elle, comme elle l'avait fait durant leur première rencontre.
Il lui fit l'amour tendrement, lentement, se laissant bercer par ses soupirs. Il appuya sa belle contre le mur de la salle de bain puis la souleva et la porta jusque sur leur lit. Il s'y allongea et laissa sa belle le chevaucher. Elle lui jetait des regards enfiévrés par le plaisir d'être encore une fois à lui, reconnaissante de lui avoir laissé l'initiative de cette étreinte, heureuse d'en ressentir une fois de plus tout l'amour qu'ils partageaient. Doucement elle conduisit son amant au plaisir avant de jouir elle-même dans un profond et interminable soupir.
Elle demeura dans les bras de Jean de longues minutes durant lesquelles elle déposa de doux et minuscules baisers dans son cou.
- Je t'aime Jean, murmura-t-elle. Depuis l'instant où je t'ai rencontré, depuis la seconde où tu m'as pris les mains je n'ai jamais cessé de t'aimer. Quoiqu'il arrive je ferai tout ce que je peux pour protéger cette merveilleuse histoire d'amour que je vis depuis que tu es entré dans ma vie …… même si je dois ….le faire en remboursant cet argent avec mon corps.

Comments:

No comments!

Please sign up or log in to post a comment!