A Dans 10 Ans.

Ce matin, en me réveillant, je m’étire langoureusement dans ce lit presque trop grand, cette fois les organisateurs ne se sont pas fichus de moi. Il faut dire que l’évènement est d’importance, il aura une répercussion internationale.
Déjà il y a deux jours quand je suis arrivée à l’aéroport, l’accueil avec ce gros bouquet de roses m’est allé droit au cœur, et quand j’ai vu les affiches, ma modestie en a pris un coup : « Muriel Gautier et Romane Labastide » écrit en gros et dessous « Soirée exceptionnelle », le 9 novembre 2019.

Nous allons jouer avec l’Orchestre Philharmonique de Berlin, celui dirigé pendant tant d’années par Herbert Von Karajan. Quel honneur ! Moi petite française, je partage la vedette avec mon amie Romane, une percussionniste virtuose que je n’ai plus vue depuis de nombreuses années.

Je regrette que mon mari ne soit pas à mes côtés, sa présence en coulisses m’est souvent indispensable, cette fois il n’a pas pu se libérer pour m’accompagner, trop de travail. Il suivra à la télévision, retransmission en direct, en mondovision.

30 ans, 30 ans déjà que je ne suis pas revenue à Berlin. Je ne sais pas ce qu'évoque pour vous la date du 9 novembre 1989… Moi, je me souviens.

Pour la première fois depuis 28 ans, des milliers de Berlinois franchissent le Mur de la honte. Les rues sont en liesse, de nombreux habitants de l’Ouest et de l’Est escaladent le Mur en chantant et se retrouvent ensemble une bière à la main.

Ma mère n’a pas voulu sortir, elle avait peur de la réaction des Russes en se souvenant de Prague et de Budapest. Mais deux jours après, sa curiosité a été la plus grande, avec mes frères, nous avons descendu le Ku-dam, la grande avenue de Berlin-Ouest, pour arriver au Reichstag et à la porte de Brandebourg, en suivant la foule nous avons longé le mur. Papa n’était pas très content, ça aurait pu être dangereux.

Mon père travaillait à l’ambassade de France.

A 8 ans quel souvenir peut-on avoir ? Le mur c’était quoi ? Un terrain de jeu.

Les images se brouillent, ma mémoire est floue, seul me reste un son, un son unique, magique : le violoncelle de Mstsislaw Rostropovitch jouant la Sarabande de Bach.
Ces images ont fait le tour du monde, mais j’étais là, je l’ai vu, je l’ai entendu, je l’ai écouté. Maman me tirait par la main, je ne voulais pas bouger, fascinée par ce vieil homme qui pleurait en jouant, et sa musique qui envahissait tout mon corps.
Sans comprendre pourquoi les gens étaient heureux, je n’entendais que la musique qui sortait de ce gros violon, une musique qui aujourd’hui encore résonne en moi.

Hier je suis retourné sur place. Je n’ai rien reconnu, le mur n’est plus là, de grandes pelouses remplacent le no man’s land où les chiens couraient sous le regard des vopos armés du haut des miradors.

Sur les grilles d’un petit jardin à proximité du Reichstag, des photos jaunies, quelques fleurs, le nom de jeunes gens, de jeunes filles, qui ont laissé leur vie en essayant sans succès de franchir ce mur pour retrouver la liberté. Ma gorge se noue. Papa me racontait souvent…

Je regarde les photos, un jeune homme me sourit, Kurt Wagner, une date septembre 1989, il n’avait pas eu le temps d’attendre. Avec sa petite amie, ils sont passés par un des immeubles qui bordaient le mur, il suffisait de se glisser de nuit par une des fenêtres mal obstruées et atterrir en bas de l’immeuble. Là, c’est l’Ouest, il faut alors courir, courir le plus vite possible vers ceux qui en face attendent à l’abri de grands arbres. Kurt tenait la main de son amie, ils avaient 17 ans tous les deux, en sautant derrière elle il lui a crié « cours, cours vite ». Un coup de feu a claqué dans la nuit, quand elle est arrivée à couvert, essoufflée, elle s’est retournée, elle était seule. Là-bas, tout là-bas, un corps sans vie gisait au pied de l’immeuble de la liberté.
Qu’est-elle devenue ? Je ne le saurai jamais.
Mais Papa me racontait qu’il faut toujours aller au bout de ses rêves, quoiqu’il en coûte.

L’image de Kurt gravée à jamais dans ma mémoire, je quitte ce lieu pour visiter un peu cette ville grouillante de vie, comme tous les touristes. Mais je n’ai pas le temps, ou pas l’envie, d’aller à Check Point Charly. J’en ai le souvenir de soldats en armes et de la crainte de mes parents quand nous devions aller dans la partie Est de la ville. Maintenant, c’est un musée avec des vendeurs de faux morceaux de mur. Papa en a ramassé un sur place, souvenir douloureux il est en bonne place dans son bureau.
J’atteins enfin les nouveaux bâtiments de la Philharmonie. Ultime répétition, la soirée sera longue. Le Chef est exigeant, très exigeant, et je me sens tellement fragile quand je le regarde.

J’ai aussi hâte de revoir Romane, il y a longtemps que nous ne nous sommes pas vues.

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Ce jour béni de 1989, en rentrant à la maison, la tête pleine d’images, heureuse sans savoir pourquoi, j’ai dit à ma mère « maman je veux jouer comme le monsieur » « du violoncelle ? » « Oui, comme le monsieur ».
J’avais encore ce son qui résonnait dans mon ventre.

Ma mère m’a inscrite au conservatoire, j’étais déçue de ne pas pouvoir avoir de suite un instrument, il me fallait d’abord apprendre le solfège, j’ai failli abandonner.
L’année suivante, mon père a été muté à Paris. Au conservatoire, ma première année à Berlin m’a permis d’intégrer directement la classe de violoncelle, mon rêve se réalisait. Pour mon anniversaire, mes parents m’ont gâtée, il était magnifique, presque plus grand que moi.

J’ai dû casser les oreilles de toute la famille pendant des mois, avant de sortir une note convenable, mais très vite, je retrouvais le son inscrit dans ma mémoire.

Trois ans après je jouais convenablement, petits concerts pour les amis, la famille. Au lycée classe musique, 3 heures de musique par jour, j’étais comme tous les ados, mais au lieu de jouer sur une console de jeux, je m’enfermais avec mon instrument.


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Mon corps se transformait. Mes seins avaient poussé, un fin duvet blond recouvrait ma minette.
Je me regardais souvent, nue, dans le miroir de ma chambre, troublée de voir ce corps de femme, ce n’était pas le mien. J’aimais me caresser les seins, c’était doux, mes tétons devenaient très durs sous mes doigts, des frissons sur tout le corps. J’avais peur que maman ne fasse irruption à ce moment-là dans ma chambre et me surprenne, la honte ! Aussi, je me réservais pour le soir. Dans la chaleur de mon lit, je pris l’habitude de me caresser avant de m’endormir. Mes mains s’aventuraient dans des zones intimes qui me procuraient un plaisir jusque-là inconnu.

J’avais du mal à me trouver belle, mais le regard des garçons me rassurait. Parfois, je m’amusais à les fixer de mes grands yeux bleus, ça les faisait rougir, je pense maintenant que ça leur faisait aussi un autre effet.

L’année du bac, en vacances chez mes grands-parents, je fis connaissance avec un voisin de mon âge, qui comme moi voulait partir à la découverte du sexe opposé. Nous l’avons découvert ensemble. Dire que ce fut l’extase est un grand mot, mais ce fut agréable pour lui comme pour moi. Nous avons mis à profit ce mois de vacances, pour parfaire notre technique. Je l’aimais bien, mais je ne l’ai jamais revu.

Cette année-là, j’ai eu l’impression de devenir une femme, je venais de coucher pour la première fois avec un garçon, et le bac en poche je m’étais inscrite en fac pour une licence de musicologie.
On ne peut pas bien jouer sans connaître l’histoire de la musique, l’histoire de tous les grands compositeurs. Trois ans de bonheur, dans notre classe de passionnés, je ne vivais que pour la musique, pour ma musique.

Sans me désintéresser de mon instrument préféré, je m’intéressais de plus en plus aux garçons qui passaient à ma portée. Je ne baisais pas avec eux, mais une main dans ma culotte au cinéma ne me déplaisait pas.
J’ai vite voulu savoir si toutes les bites se ressemblaient, et bien non, elles avaient toutes leurs particularités, et toutes me plaisaient. Mes amoureux étaient jeunes, ils se contentaient la plupart du temps d’une petite branlette, tachant leur slip, mais ça je m’en moquais

Je pouvais rester des heures blottie dans les bras d’un garçon qui m’embrassait, en passant sa main sous mon pull, l’ayant aidé un peu plus tôt en dégrafant mon soutien-gorge. Je me suis aperçue que les garçons avaient encore beaucoup à apprendre.

C’est ainsi que durant mes années de fac, je faisais un double apprentissage devenant au fil des jours une musicienne accomplit. Ma libido rassasiée, je passais des heures en tête à tête avec mon violoncelle.

Mes parents étaient ravis de mes progrès en musique, mes autres progrès leur étaient inconnus. Ils ont fêté comme il se doit le premier prix que je réussis à décrocher.

C’est donc avec un immense plaisir, que mon diplôme en poche, je réussis avec succès les auditions pour entrer dans l’orchestre de Radio France, un des plus prestigieux en France.

Heureusement que j’aimais la musique, cette fois c’était 10 heures de travail tous les jours, ça ne rigole pas dans un orchestre. Mais quel plaisir le soir de jouer devant 1000 spectateurs, des habitués qui partagent notre passion.
Il y avait aussi les tournées, sympa de se retrouver à Marseille, Toulouse, Lille ou Bordeaux, nouvelles salles, nouveaux publics.

J’avais deux grandes passions, la musique et le sexe. Durant tout ce temps, je ne me contentais plus d’une main glissée sous le drap avant de m’endormir, ni d’une branlette au cinéma. A Paris, je suis sortie avec un violoniste, puis j’ai élargi mon champ d’action, ce fut un trompettiste, il avait du souffle lui, puis un clarinettiste, mais aussi des amis de fac que je retrouvais toujours avec autant de joie.

Ce n’était pas le grand amour, j’aimais les garçons, ils me le rendaient bien. Je suis restée 4 mois avec mon trompettiste, un record. Mais en déplacement, c’était plutôt un coup d’un soir, histoire de ne pas dormir seule. J’ai pu ainsi parfaire mes connaissances anatomiques. J’avais un faible pour la fellation, sans jamais autoriser qui que ce soit à jouir dans ma bouche, plaisir que je découvrirais des années plus tard, comme la sodomie, avec mon mari. Je n’en étais pas encore là.

Ne croyez pas que j’étais une fille facile, non j’avais juste besoin de tendresse comme tout le monde, et un coup de temps en temps ça ne fait pas de mal à une jeune fille honnête et studieuse.
Je n’ai pas eu 36 amants, mais il fallait bien tester avant de trouver le bon, celui que je garderais pour la vie, qui deviendrait le seul, l’Unique.

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Échange de bons procédés, quelques musiciens sont invités par l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg, nous sommes une dizaine tous logés dans un bel hôtel 3 étoiles, avec piscine et centre de fitness.

Les répétitions durent trois jours avant le concert, 14 heures par jour. Le Chef va nous épuiser, mais nous sommes tous en admiration devant lui, c’est le maître.

Ce soir, en rentrant, nous décidons d’aller nous relaxer à la piscine de l’hôtel. Quelques musiciens locaux nous accompagnent, ils veulent en profiter aussi. Nous sommes peu nombreux, en nageant nous discutons les uns avec les autres. Je fais la connaissance de Romane, petite brune, assez musclée. Elle est jolie dans son maillot une pièce, il moule bien ses formes, moi j’ai un bikini que j’avais acheté l’an dernier pour les vacances en Corse, il est suffisamment sage pour le lieu. Romane me complimente :
« - Dis donc, t’es super canon, tu dois en faire des conquêtes.

Je suis un peu gênée, bien sûr je plais aux garçons, mais je n’ose lui dire qu’ils me plaisent aussi. Je lui retourne son compliment.

Sorties de l’eau, nous papotons sur le bord de la piscine, elle m’apprend qu’elle est percussionniste. Je me demande comment choisir un tel instrument, des timbales, une grosse caisse, et même le triangle. Aller dans un conservatoire pour apprendre à jouer du triangle, ça me dépasse. Je comprends vite qu’elle est aussi passionnée que moi, une passion ça ne s’explique pas, ça se vit.
A bien y réfléchir, moi ce n’est pas mieux, je suis au milieu des Cordes avec les 8 violoncelles, entre les 30 violons et les 6 contrebasses. Si je ne jouais pas, qui s’en apercevrait ? Alors qu’elle, si elle rate une seule note, ça fout tout par terre.

Passage au vestiaire, nous sommes seules. Sans fausse pudeur Romane retire son maillot pour aller sous la douche, un peu hésitante je la suis, confuse d’être nue devant une inconnue. Je la regarde, elle est bien faite, avec des petits seins adorables, je l’envie. Elle me regarde aussi, nous rions bêtement pour cacher notre gêne, et je dois dire notre trouble.

Alors que je lui tourne le dos, je sens ses mains se poser sur mes hanches, je frisonne mais ne bouge pas. Ses mains frôlent mes fesses. Elle se colle à moi, ses petits seins dans mon dos, ses mains remontent vers les miens. C’est la première fois qu’une femme me caresse, sauf une cousine en vacances, nous avions 15 ans, la découverte de nos corps, et il fallait bien apprendre à embrasser avant de sortir avec un garçon.

Je suis dans mes réflexions, ses mains empoignent mes seins, elles sont douces, chaudes. Elle dépose une bise dans mon cou en m’enlaçant de ses bras. J’aime, je n’aurais jamais pensé ressentir autant de plaisir avec une femme.
En tremblant je me retourne, nos yeux se croisent, elle a l’air tellement sérieuse tout à coup. Je ne peux m’empêcher de lui dire :
« - Tu sais, j’aime les hommes… enfin, je n’ai jamais essayé avec une femme, c’est la première fois.
« - Pour moi aussi, c’est la première fois.

Je pose mes lèvres sur les siennes, nous nous embrassons tendrement, nos corps collés l’une à l’autre, nos seins, notre ventre, nos cuisses. Je ne sais ni pourquoi ni comment, je lui caresse les fesses. On s’écarte, ma main passe devant, son sexe est humide, chaud. Elle me regarde de ses jolis yeux, attentive à mes caresses.

Nous entendons du bruit, vite séparées, chacune sous sa douche, en espérant que personne ne nous ait vues. Une femme d’une quarantaine d’années arrive nue sans aucune gêne, un simple petit bonjour de la tête. Je surprends le regard de Romane sur cette femme que je trouve si belle, petite pointe de jalousie.

Très vite nous sommes rhabillées. Après un rapide passage dans ma chambre, nous allons dîner ensemble au restaurant de l’hôtel, parlant de tout et de rien, de musique, de nos instruments, de notre vie, de nos petits copains… En quittant la salle de restaurant, Romane me prends par la main et me murmure « on va dans ta chambre ? ».

Je ne sais quoi lui répondre, devant mon silence elle prend ma clé, je la suis. Elle ne repartira que le lendemain matin, après une nuit que je n’aurais pas imaginée dans mes meilleurs fantasmes, surtout avec une femme.

Nue l’une contre l’autre, elle a été tendre, attentionnée, nous nous sommes embrassés mutuellement, partout. Je me trouvais maladroite, ne sachant comment faire. J’ai laissé sa main parcourir mon corps, j’ai fermé les yeux quand elle l’a mise sur mon sexe. Je ne me lassais pas de sucer ses petits seins, j’ai découvert combien il était agréable d’embrasser une femme entre les jambes, et combien ses lèvres étaient douces.
On a un peu discuté, j’ai appris qu’elle voulait se marier, mais il lui fallait trouver le Prince Charmant. Je ne suis pas aussi pressée qu’elle, j’aime trop ma liberté.

Hier, elle a eu l’envie subite d’essayer autre chose avec moi. Inconsciemment, j’en avais aussi envie. Nous nous regardons en riant :
« - Pour des débutantes, on ne s’est pas trop mal débrouillée.
« - Pas trop mal, ce n’est pas désagréable.

Et après avoir réfléchi quelques secondes, elle m’affirme droit dans les yeux :
« - Mais ça ne remplacera jamais un homme.

Bien d’accord avec elle.

Nous avons vécu la journée de répétitions sans pouvoir ne penser à rien d’autre qu’à notre partition. Le soir, trop stressée par le concert du lendemain, elle est rentrée directement chez elle. Moi sans manger, je me suis écroulée comme une masse sur mon lit.

Le lendemain, le concert a été un beau succès, pas à cause de nous … mais si, un peu tout de même.

A peine le temps de prendre un verre ensemble avant de repartir, nous avons conscience que cette nuit restera unique.
Timidement, j’ose lui demander :
« - Tu penses qu’on se reverra ?

Rêveuse, elle me sourit, avec ce sourire qui m’avait fait craquer :
« - Je ne sais pas. Maintenant je vais chercher un homme. Mais une fois tous les 10 ans, pourquoi pas.

En riant, je lui réponds :
« - Moi, je vais chercher des hommes. Mais pourquoi pas dans 10 ans.

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Au cours des années qui ont suivi, les tournées me menèrent dans toutes les grandes salles de concerts en France et en Europe. Nous avons même fait deux disques, moi seule est capable de reconnaître ma musique au milieu de l’orchestre, enfin je crois.

Je dois préciser que j’ai toujours continué à jouer du violon avec beaucoup de succès. Sur le conseil et l’insistance de mon professeur, j’ai passé le concours ouvert pour choisir le second violon. Contre toute attente, c’est moi qui ai été choisie.
J’abandonnais mon cher violoncelle, mais il n’a jamais été bien loin.

Cette fois, j’avais une place dans l’orchestre, une place reconnue, la consécration. Mon nom était inscrit sur tous les programmes, et sur les disques que nous continuions à enregistrer.

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Fatiguant les déplacements, mais j’aimais les voyages, les salles de concerts toutes différentes, l’ambiance bon qui régnait entre nous.

A l’occasion d’un événement à Bordeaux, nous avions été invités pour deux concerts, la soirée de prestige avec toutes les sommités locales, et un divertissement le dimanche après-midi pour le grand public. Je ne connaissais pas la région, mais comme à chaque fois, les deux jours allient être répétitions, hôtel, concert, répétitions, hôtel… ça me convenait.

A l’époque, je n’étais encore que second violon. Un must tout de même, je partageais la loge avec le premier violon, une femme un peu plus jeune que moi, mais quel talent !
Nous nous sommes aidées mutuellement pour nous habiller. Il fallait soigner sa tenue, toujours en noir, avec classe.

A peine avais-je commencé de jouer, portée par la mélodie, j’ai senti un regard sur moi. Pourquoi, comment ? Mystère. Très vite, j’ai repéré un monsieur au troisième rang qui me regardait, il ne regardait pas l’orchestre, ni le Chef à quelques mètres de moi, non il m’a fixé pendant toute la soirée. Sans le vouloir, je me suis alors rendu compte que je ne jouais que pour lui.

Intérieurement, j’ai pensé que je ne dormirais pas toute seule cette nuit.

Comme par hasard, pendant le cocktail qui a suivi dans les coulisses, j’ai reconnu mon admirateur, j’étais rassurée. Il s’appelle Michel, un verre à la main nous avons discuté, il ne voulait pas partir, je ne voulais pas qu’il parte.
Il m’a proposé de dîner ensemble, mais il était tard, le lendemain j’avais encore beaucoup de travail, et après le concert je préfère rentrer me coucher. J’avais toujours une idée en tête, espérant qu’il souhaitait la même chose que moi.

Il me proposa de me raccompagner à mon hôtel, c’était gagné.
Gentleman ou timide, Michel me fit une bise pendant que je prenais ma clé à la réception :
« - J’ai été très heureux de vous rencontrer, merci pour cette soirée, c’était magique

Et il est parti sans me laisser le temps de l’inviter dans ma chambre. Je me suis longtemps demandé ce qui était magique, le concert ou la bise. J’optais pour la seconde hypothèse.
C’est drôle, ce soir-là dans mon lit je n’ai pas eu envie de me caresser pour m’endormir, je me suis enlacée avec mes bras, en pensant à Michel mon admirateur du troisième rang.

Le lendemain, j’étais un peu déçue de me réveiller seule, mais la journée allait être bien remplie, pas le temps de réfléchir. Le matin répétition, l’après-midi concert et le train pour rentrer à Paris dans la soirée.

La salle est comble, nous jouons à guichet fermé. Toutes les places avaient été vendues dès l’ouverture, personne ne voulant rater l’évènement, Radio France ce n’est pas tous les jours.

Je m’installe comme d’habitude, accordant mon violon, me concentrant comme toujours en attendant l’arrivée du chef. Je jette un œil dans la salle encore bien éclairée pour laisser les retardataires s’installer. Et je le vois, mon admirateur de la veille assis sur les marches, il est venu écouter le même concert une deuxième fois, quel connaisseur !
Nos yeux se croisent, je lui souris, il me fait un petit signe de la main.

En sortant, je m’en serais douté, Michel est là. Pour m’accompagner à la gare, il porte ma valise. Pourquoi est-ce que je flotte en l’air tout à coup.
Michel toujours aussi réservé, nous nous séparons sur une nouvelle bise. J’avais heureusement eu la présence d’esprit de lui laisser mon numéro, au cas où.

Mon cœur bat fort dans le train me ramenant à Paris, mes pensées plus tournées vers mon admirateur que vers notre prochain concert sujet de la discussion des autres musiciens, dans une semaine nous nous envolions pour Rome.

Les concerts succèdent aux répétitions et aux cours hebdomadaires. On n’a jamais fini d’apprendre.

Nouvelle ville, nouveaux concerts, un gala au Théâtre du Capitole à Toulouse, voyage express, arrivée le matin, répétition, concert le soir, hôtel, et on reprend le train le lendemain.

Tandis que je m’installe, ma voisine se penche vers moi :
« - Regarde, sur le strapontin là-bas.
Elle me désigne du menton, la travée face à moi.

Je n’en crois pas mes yeux, Michel est là, je l’avais un peu oublié, je n’aurais jamais pensé être aussi heureuse de le revoir. Il me sourit, je lui fais un signe de tête.

Ce soir, juré, il ne me laissera pas dormir seule, il n’aura pas le choix.

Pour rester ensemble plus longtemps, j’accepte son invitation à dîner. Il a fait la route depuis Bordeaux pour me voir, il me regarde avec des yeux de merlan frit, mais j’aime, son sourire me fait craquer. Nous faisons plus ample connaissance, je lui raconte ma vie à Berlin, le coup de foudre pour la musique, lui me parle de ses études, la fac, son boulot.

La soirée est bien avancée, où va -t-il dormir ?
« - Je rentre ce soir sur Bordeaux, merci pour cette soirée.

Plus de 250 kms de nuit, il est fou. Cette fois je ne le laisserais pas partir, je me lance :
« -Tu rentreras demain matin, viens.

Je le prends par la main. Pas besoin de lui faire un dessin, il m’embrasse, enfin ! Je lui rends son baiser, en l’entraînant dans ma chambre.

La nuit a été merveilleuse. Il m’a déshabillée lentement, presque en s’excusant, qu’il est charmant, délicat. J’étais ravie d’être nue devant lui, pour lui.

Il m’a caressée, caressée, caressée, Dieu que j’ai aimé ses caresses et ses lèvres sur tout mon corps, sa timidité avait disparu. Nous avons fait l’amour tout simplement, attentif à donner le maximum de plaisir à l’autre. Mon cri l’a fait sourire, content de lui certainement, il pouvait, je n’avais jamais été aussi heureuse.

Nous sommes allés sous la douche, à mon tour de le caresser, d’embrasser son corps, partout. Il se laissait faire.

L’expérience a payé, légitimement satisfaite du résultat, je pouvais être fière devant la bite bien dressée de Michel. Il se souviendra longtemps de cette fellation, la première d’une longue série, mais je ne le savais pas encore, lui non plus.

Ne voulant pas aller trop vite, je lui ai laissé l’initiative de la suite, l’embrassant tendrement, mes seins durs contre lui, sentant son sexe contre mon ventre.
Après une caresse légère sur ma poitrine, il m’a soulevé une jambe, d’une main experte il a écarté mes lèvres, et lentement s’est introduit en moi. J’ai fermé les yeux, j’étais à lui, toute à lui.

Quand il a explosé en moi, je crois avoir crié comme jamais. L’orgasme a un autre goût quand on aime, je me rendais compte que je venais de tomber amoureuse.

Un peu essoufflé, il m’a embrassée tendrement, et en riant nous nous sommes lavés mutuellement.
Je me suis endormie nue contre lui. Je me suis réveillée nue contre lui.

Je devais rentrer sur Paris, Michel devait rentrer sur Bordeaux, son travail l’attendait.

J’ai voulu le revoir, il voulait me revoir. Pendant deux ans Paris-Bordeaux, Bordeaux-Paris, c’en était trop.
Un soir à Paris, il m’a dit « je ne retourne plus à Bordeaux, je reste ici », il avait réussi à se faire muter au siège de sa société à La Défense.
Trois mois après nous nous sommes mariés, tous mes amis de l’orchestre était là, quel orchestre dans l’église !

Il s’est installé chez moi, en attendant d’avoir notre chez nous. Les concerts en France et en Europe continuaient, plus amoureuse que jamais, nos retrouvailles étaient toujours passionnées. Bébé est arrivé peu de temps après.

Les spectateurs étaient toujours attendris de voir le ventre arrondi du premier violon. Entre-temps, j’avais pris du galon.

J’ai dû arrêter les concerts quelque temps, je m’occupais de ma fille tout en continuant à participer aux activités de l’orchestre qui préparait un nouveau disque.

Très vite, cette fois aucune excuse, le hasard ou l’envie, j’étais à nouveau enceinte.

Deux s, ma décision a été vite prise, j’ai quitté l’orchestre avec lequel j’avais passé tant d’années, vécu tant de joies, qui m’avait permis de rencontrer l’homme de ma vie.

Je n’abandonnais pas pour autant la musique. J’ai sorti un disque en soliste avec l’Orchestre National de Lille. Retrouvant ma première passion, j’ai même enregistré la Méditation de Thaïs de Massenet, un classique au violoncelle auquel je n’avais jamais renoncé.

Quand la maison d’édition me demanda une photo pour la pochette de mon CD, je me suis dit que seule une femme serait capable de saisir mes émotions.
Je me souvenais d’une journaliste Anne Jehanno, grand reporter, dont j’avais vu les photos dans des grands magazines. Je crois qu’elle avait même reçu le prix Pulitzer.
Grâce à Radio France, j’ai pu entrer en contact avec elle. Elle me reçut chez elle en toute simplicité, heureuse qu’on se souvienne d’elle. C’est moi qui ai été la plus heureuse quand elle m’a dit qu’elle me connaissait.
Nous avons discuté autour d’une tasse de thé. Sa sensibilité me convenait. Elle a su capter l’amour fusionnel que j’entretenais avec mon instrument.
Depuis, tous les programmes de mes concerts reproduisent ce même cliché, je n’en ai jamais fait d’autre. Je ne remercierais jamais assez Anne pour ce merveilleux cadeau.
C’est avec plaisir que tous les ans, je lui fais parvenir mes nouveaux albums, elle me répond toujours d’un petit mot gentil.

Une nouvelle carrière de soliste s’ouvrait devant moi. Je n’ai pas eu beaucoup de temps pour m’occuper des bébés, déjà la scène me réclamait. Heureusement mes parents n’étaient pas loin pour aider Michel qui avait la lourde tâche d’être là pendant mes absences. Il assurait sans rechigner, bien au contraire j’ai découvert le plaisir qu’il avait de s’occuper de nos s.

Pendant toutes ces années, j’eus l’immense joie de partager la scène avec les plus grandes formations, à New-York, à Londres, Milan, Vienne, Tokyo, Moscou, et à Paris bien sûr.
Le nom de Muriel Gautier était de plus en plus gros sur les affiches, les journaux spécialisés m’encensaient, louant mon talent. Je faisais des télévisions, le concert du Nouvel An en Eurovision pour la troisième année consécutive. La musique était toute ma vie, après ma famille naturellement, toujours aussi amoureuse de mon homme et de mes chérubins.

Un matin, mon manager me porta une lettre arrivée de Berlin. J’étais sollicitée pour la célébration des 30 ans de la chute du mur. Rien n’aurait pu me faire plus plaisir, me souvenant, j’ai pleuré.

C’était dans 8 mois, pas de temps à perdre. Suprême honneur, la prestigieuse Philharmonie m’a laissé le choix des œuvres à interpréter.

Suprême bonheur, je partageais l’affiche avec mon amie Romane percussionniste de renom, dont j’avais suivi la carrière, parallèle à la mienne.

Et me revoilà à Berlin, la ville de mon enfance, la boucle est bouclée.

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Cet anniversaire est un évènement mondial, les caméras de toutes les télévisions du monde sont là pour le concert du siècle.

C’est moi qui dois commencer avec le Concerto pour violon de Tchaïkovski, mon préféré, un classique toujours très apprécié. C’est un peu mon fétiche, je l’ai enregistré il y a quelques années.

Comme toujours j’arrive en avance, voir les coulisses, la scène, la salle, prendre l’ambiance, et surtout avoir du temps pour me préparer.
La Philharmonie de Berlin a été reconstruite après la réunification, superbe architecture dont la Philharmonie de Paris a dû s’inspirer quelques années plus tard.

Petit privilège, j’ai une loge pour moi, je peux ainsi me concentrer sans entendre le piaillement des autres musiciens. Ce soir j’ai choisi une robe de concert bleu profond, la couleur va bien avec mon teint, avec mes cheveux blonds, très chic, épaules nues, léger décolleté. J’en ai une autre pour le final, un fourreau noir, longue, raz du cou, très élégante.

Les coulisses grouillent de monde, plus de 100 musiciens sur scène, mais je préfère rester seule, seule avec ma musique en tête.
La loge voisine est occupée par Romane, nous nous sommes croisées en arrivant. Nous sommes tombées dans les bras l’une de l’autre, petites bises, quelle joie de se revoir après tant d’années ! Tellement contentes de partager cette soirée.

Comme moi Romane a besoin de calme et de repos avant sa prestation qui est très physique. Elle s’enferme rapidement dans sa loge pour garder son mental intact. On se verra après le spectacle.

J’en profite pour mes exercices d’assouplissement des doigts. Je passerais ma robe à la dernière minute, sinon difficile d’aller aux toilettes si une envie présente se fait sentir.

Toujours le même rituel, presque un cérémonial. Les spectateurs sont à l’heure. Les chaises de chaque musicien ont une place bien précise sur la scène.
A 21 heures, sous quelques applaudissements, les musiciens entrent portant leurs instruments, sauf les percussions et les contrebasses déjà en place. Chacun sait où il va. Petits ballets que les spectateurs suivent pour passer le temps.

Le hautbois donne le La, repris par le premier violon, signal de la cacophonie attendue par tous les spectateurs, chaque musicien accorde une dernière fois son instrument. C’est la tradition, l’annonce du début du concert.
Quelques secondes, le silence s’installe, juste troublé par le raclement de gorge de quelques spectateurs.
Enfin le Chef d’orchestre arrive, il attendait à côté de moi, pas un mot entre nous, on se connaît trop bien, chacun respectant l’autre.
Applaudissements, le Chef salue, un signe de sa main vers la coulisse, je prends une grande respiration et je me lance.

Majestueusement, sans regarder personne, je traverse les quelques mètres qui me séparent de ma place, je salue le public, sobrement, avec classe. Je serre la main du Chef, du premier puis du deuxième violon, petit signe de tête vers l’ensemble de l’orchestre. Je suis la reine du moment, tous les regards sont braqués sur moi.

Je suis prête, les yeux fermés, tenant bien serré mon instrument. Le Chef lève sa baguette, les premières mesures du concerto retentissent, pas besoin de partition, j’ai tout en tête, j’attends juste le coup de baguette qui me donnera le départ.

Premier mouvement, c’est à moi. Le silence de la salle m’enveloppe… mon archet vole sur les cordes de mon violon. Ce n’est pas moi qui joue, c’est la musique qui me porte.

Dernière mesure… silence… personne n’ose bouger. Le Chef se retourne déclenchant les applaudissements, des vivats fusent, la salle est debout, je vois peu de monde mais je suis heureuse, tellement heureuse à ce moment-là, je ne donnerais pas ma place pour tout l’or du monde, je salue en baissant la tête. Les Cordes de l’orchestre applaudissent à leur manière, en frappant doucement leurs archets sur leurs instruments, reconnaissance de la profession.

A l’inverse des concerts de jazz où tout le monde applaudit toutes les 5 minutes, une particularité des concerts classiques, les spectateurs n’applaudissent qu’à l’arrivée des musiciens et du Chef, et après la dernière mesure, jamais entre les mouvements, courtes poses de quelques secondes de silence quasi religieux, juste perturbées par le froissement des partitions que les musiciens déploient devant eux.

Après 5 ou 6 rappels, où avec le chef nous venons saluer, c’est l’entracte. La lumière se rallume, les techniciens vont préparer la scène pour Romane. Son instrument de plus de 2 m de long, un superbe marimba, sorte de grand xylophone africain, est installé en bonne place.

Nous nous croisons dans les coulisses, mais elle ne me voit pas. Je la laisse, ce sera bientôt son heure de gloire.

Romane, virtuose percussionniste, seule femme à jouer du marimba en concert. Elle a adapté un grand nombre d’œuvres à son instrument favori.

J’entends le Boléro de Ravel comme on ne l’a jamais entendu, tandis que dans ma loge je me change pour le final. Un coup d’œil dans le miroir, ma robe moule un peu mes seins et mes fesses, une soliste a toujours un petit côté sexy. Je me plais.

Depuis les coulisses, j’assiste au final de Romane. Je ne peux détacher mes yeux de ce petit bout de femme qui danse derrière son instrument, c’est là où le terme de virtuose prend tout son sens.

Ovation finale, tous les spectateurs sont debout. Ils ont dû comme moi découvrir une nouvelle musique.
Couverte de fleurs, Romane est rappelée à de nombreuses reprises, elle salue timidement, et seule devant l’orchestre debout, elle joue une œuvre de sa composition qui se termine sous un tonnerre d’applaudissements. Je suis heureuse pour elle.

Je vais clore la soirée. Nous nous croisons alors que je m’apprête à revenir sur scène pour le final. Juste un petit signe.

Sous les applaudissements du public, j’entre seule sur la scène mon violoncelle à la main. Les chaises des musiciens de l’orchestre sont vides, seuls leurs instruments sont posés dessus.

Le public retient son souffle. Prenant ma respiration, serrant l’archet entre mes doigts, j’attaque les premières mesures de la Sarabande de Bach. En fermant les yeux j’entends Rostropovitch, je me souviens de tout… mon émotion est à son comble, …je me souviens de Kurt… des larmes coulent sur mes joues… mon archet étire la dernière note, je la fais durer un peu plus que prévu, elle meurt dans un silence oppressant.

La salle est sous le charme, j’ouvre les yeux, difficile d’où je suis de voir les milliers de spectateurs, mais ceux du premier rang un mouchoir à la main essuient une larme au coin de l’œil. Eux aussi se souviennent, eux aussi y étaient.

Je relève la tête, fière de moi. A ce moment-là une salve d’applaudissements, de hourra s’élève de la salle, tout le public est debout, cette fois mes larmes sont des larmes de joie.

Une petite fille entre sur scène portant un gros bouquet de fleurs, petite blonde de 8 ans, moi il y a 30 ans. Venant de la salle, des dizaines de roses atterrissent autour de moi, je souris mon bouquet dans les bras. En tournant la tête j’aperçois Romane, elle me sourit.

Après, difficile de se soustraire à l’inévitable cocktail avec les autorités et les félicitations toujours difficiles à entendre. Je sens que je rougis un peu sous les compliments, mais c’est si agréable, en baissant les yeux j’en redemande.
Rapidement, nous partons Romane et moi rejoindre notre Hôtel.

Passage au bar, nous avons tant de choses à nous raconter. Très vite, ce ne sont pas deux artistes qui se parlent mais deux amies, deux amies qui ne s’étaient pas revues depuis leur première rencontre à Strasbourg, débutantes toutes les deux.
Elle aussi est mariée, elle aussi a deux s. Elle a choisi son instrument un peu par hasard lors d’une tournée en Amérique du Sud, elle est devenue rapidement une virtuose internationale.

En trinquant, Romane me sourit et pose ses lèvres sur les miennes, mon esprit ne pense plus, j’entrouvre les lèvres et l’embrasse tendrement. Nous nous regardons en souriant.

Je ne sais comment, nous sommes toutes les deux dans ma chambre. Après avoir détaché nos lèvres, elle me déshabille, je la déshabille, et étendues sur le grand lit de ce palace de Berlin tout naturellement nous nous caressons.

Sa bouche est douce, son sexe soyeux, je m’enivre de son odeur, de ses caresses. Mes mains se souviennent de son corps, mon corps vibre au souvenir de ses caresses.

La nuit est bien avancée lorsque nous rions de bon cœur sous la douche. Nous nous endormons dans les bras l’une de l’autre.

C’est la première fois que je trompe mon mari. Mais avec Romane, est-ce trompé ?
C’est la première fois que Romane trompe le sien. Mais avec moi, est-ce trompé ?

Juste deux amies, deux mères de famille, heureuses de se revoir, sans regret, ni remord.

Au matin, Romane regagne sa chambre. Je ne sais pas quand nous nous reverrons. En refermant la porte, elle se retourne et me sourit :

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