Voyeuse Et Exhibs

Voyeuse et exhibs

- Tu es coquine ?
- … euh… oui, un peu …
- Qu’est-ce que tu veux ?
- Je ne sais pas !
- T’as bien une idée ? T’es habillée comment ?
- Et toi ?
- Tu es seule ?
- En ce moment ?
- Oui, maintenant !
- … oui …
- Tu mets ta cam ?

Mais vous qui me lisez, vous connaissez … un peu … mais si !
Au départ, un pseudo, une boîte mail gratuite, un site de dialogue en ligne ; c’est pratique, c’est gratuit et pratiquement livré avec la machine.
Pourquoi ? Mais pour discuter avec des copines, des copains, avec la famille … bien sûr !! Et puis … Un autre boîte, plus discrète …

La journée est passée très vite, et un peu embêtante : présenter ses vœux à tous les collègues, faire la bise à tout le monde, même à ceux qu’on a vraiment, mais alors vraiment pas envie d’embrasser, et la galette, et les histoires de vacances de Noël … en fait on n’a pas beaucoup travaillé, aujourd’hui. Heureusement, il y a eu le repas de midi, où j’ai retrouvé mes copines. Comme d’habitude on s’est raconté nos petits malheurs, quelques horreurs, aussi, un peu de cœur, un peu de cul … le cocktail habituel qui fait fuir les collègues hommes qui de temps en temps se joignent à nous.
La fille de Sophie a eu une bronchite, le mari de Patricia fait la gueule, Josée est amoureuse d’un beau brun, et Sandrine a tenu de l’entrée au dessert en racontant sa dernière engueulade avec son copain. Ça fait un mois qu’il ne lui fait plus l’amour, et le soir de Noël, chez sa mère à lui, après un repas bien arrosé « voilà-t-il pas qu’il avait des idées dans le slip, cet andouille » ; sauf qu’elle avait ses règles … qu’elle était pas chez elle … qu’il voulait qu’elle le suce … et qu’elle a fini par lui dire qu’elle voulait bien s’il lui rendait la pareille … elle nous a tenu une demie heure avec sa nuit de Noël ! (au final : il a pas voulu et « il se l’est mise sur l’oreille »).


En rentrant, j’ai relevé mes mails : pas de nouvelles. Mon copain est à l’étranger et ne rentre que dans la nuit ; il m’a envoyé quelques SMS dans la journée : tout va bien. J’ai basculé sur mon second compte de messagerie. Je n’ai pas beaucoup de contacts ; des personnes m’appellent, des hommes pour la plupart ; je garde ou je jette, au hasard ; moi je n’ai jamais ouvert de contact avec qui que ce soit ; à vrai dire, je ne navigue que depuis un mois et je ne saurais vraiment pas comment faire : on tape un nom au hasard ? Et puis pour dire quoi ? En fait je me laisse porter, par curiosité : comme je ne cherche rien de précis, je prends ce qui se présente … et ça donne à peu près le dialogue du début de mon histoire …
Ça m’agaçait. Je bloquais ces contacts-là. Et je les bloque plus … sauf certains … Franchement, j’ai souvent l’impression que c’est un gamin de 12 ans qui tape sur son clavier … quoique … enfin j’en bloque encore certains, et je ne sais même pas si ça sert à quoi que soit : il leur suffit de prendre un autre pseudo ! Il ya aussi des contacts plus réguliers, des noms qui reviennent. Le pire, c’est les questions qui reviennent, sans arrêt, de tous : « t’as pas une photo ? », « je t’entends pas », « branche ta cam ». Et comment je sais, moi, quelle utilisation sera faite des images ? Comment elles peuvent être enregistrées ? Diffusées ? J’ai pas envie, je veux pas ! Je me fais des films ? J’ai peur pour rien ? … peut-être … mais c’est comme ça ! J’imagine bien … « salut Zoé, t’étais super hier soir, c’était chaud , et on te voyait bien ! » et oui, chaud, parce que très souvent, ça finit comme ça … chaud …
Bon, je dis pas … c’est pas par hasard que mes jupes d’été sont si courtes … et oui, j’aime bien le regard des hommes (des femmes aussi, d’ailleurs), oui il m’est arrivé d’allumer un peu ; mais pas de m’exhiber ! Enfin … je suis quand même nue tout l’été sur la plage … mais c’est différent !
Là ? sur le net ? Jamais !
Par contre, voir … Mais je ne m’en vante pas.
Quand Chris (mon copain) se branche sur des sites pornos, je m’éloigne … mais je regarde le nom du site, on sait jamais, une soirée seule … je ne lui dis pas … la seule qui sache, parce qu’on en parle, c’est Josée : on se dit tout avec Josée (et des fois on regarde ensemble) ; on se dit presque tout : mes discussions sur le net, je me les garde pour moi.
- T’es habillée comment ?
(je réponds, sans tricher, à quoi ça servirait …)
En général d’ailleurs les messieurs qui posent la question doivent être assez déçus : je me promène rarement en string à paillettes et les seins à l’air chez moi. Quand je rentre, j’enfile un jogging et un sweat. Et quand je surfe de mon lit (c’est pratique un portable, quand même !), j’ai un grand t-shirt et une culotte en coton : confort avant tout !
- Tu fais quoi ?
(ben … je tape sur des touches qui font des mots que tu lis …)
Au début d’une conversation, quoi d’autre ? Il s’imagine quoi le monsieur ? que je fais un gâteau ? du yoga ? que je passe mes journées la main dans la culotte ? Bon, ça peut arriver … ben oui, y’a pas que les messieurs qui peuvent s’exciter, faut être honnête ; c’est moins démonstratif, peut-être ( ?) plus rare, mais oui, bien sûr, si ça me plaisait pas, si ça me laissait indifférente, je ne serais pas là … mais ça marche pas à tous les coups ! et puis y’a les jours sans …
- T’es coquine ?
(c’est quoi ça ? j’ai jamais demandé à un gars si il était coquin, moi ! je devrais ? qu’est-ce qu’il s’imagine ces messieurs ? qu’on est juste des poupées gonflables ? sans envie ? sans vie ?)
Pour moi le net est un terrain de jeu, d’anonymat, où quelques fantasmes peuvent se réaliser … Chris, je lui ai déjà demandé : il n’aime pas se caresser devant moi. Oh, le contraire, ça, ça le branche ! Me regarder me caresser, ça le titille pas mal ! Mais l’inverse … dur, dur ! Il doit le faire … mais tout seul ! Il l’a fait une fois ou deux, mais jamais bien longtemps, jamais il ne s’est donné du plaisir tout seul, pour moi, pour mes yeux à moi ! Je suis bizarre ou quoi ? ça se fait pas ? moi, j’aime voir ! Je ne crois pas donner la réponse attendue à la question posée, mais mon côté coquin à moi, c’est ça ! Je suis une voyeuse ! J’aimerais être une petite souris, cachée dans votre salle de bains, dans votre chambre à coucher, à surprendre vos moments d’intimité …
- T’es excitée ?
(ça dépend, pas toujours, et des fois pas du tout ; mais ça, je le dis pas ! peut être que ça va s’arranger ?)
Et toi ? t’es excité ? Par quoi ? Si on a le même goût, VOIR l’autre, c’est vrai que ça ne va pas pouvoir marcher, puisque moi, je ne veux rien montrer … tant pis … S’il n’y a que des voyeurs sur la toile, alors c’est vrai, je devrai remiser mon fantasme au fond d’un tiroir ! Grave ? non … ça doit bien exister quand même, des gens qui prennent plaisir à se montrer ? Moi je crois aux mots : si « exhibitionniste » existe en tant que mot, c’est que des personnes prennent plaisir à se montrer ! Mais c’est pas une question qu’on pose en soirée ou dans la rue : « t’es exhib ? chouette ! moi je suis voyeuse ! on se met où ? ».
Alors où ? des clubs ? une femme seule ? ouais … pas moi ! dans des lieux retirés ? ouais … pas moi ! sur le net ? Il me semblait que c’était une solution … pour un petit fantasme de rien du tout … qui croiserait celui de quelqu’un d’autre … mais voilà …
- Prouve que t’es une femme !
(oh, ils ne le disent pas tout à fait comme ça … mais je sens que ça les angoisse … )
J’ai décidé une fois pour toute de garder un anonymat total : ni photo, ni cam, ni voix. Bon ne pas leur parler, j’ sans doute … quoique … je m’en tiens à ce que j’ai décidé ! et des fois je m’y cramponne, même si ça serait plus simple … Pourquoi ils auraient confiance en moi qui ne leur donne pas ce qu’ils attendent ? Bonne question … Ce qu’ils attendent c’est me voir, et ils ne me verront pas ! Situation bloquée ? Tant pis … sur le net, je maîtrise totalement ce que j’accepte ou pas, hors du net, pas toujours, alors j’en profite … vous ne voulez pas vous montrer à moi ? Eh bien tant pis : je remise mes envies au placard, gardez les vôtres pour d’autres que moi …
Moi je veux être la petite souris, une souris qui leur écrit, qui les regarde, et qui les aime, mais oui, qui les aime, puisqu’ils me donnent ce que j’attends ! Certains se dévoilent, d’autres pas …

Fondu de noir … un bord de bureau … un plafonnier qui sature l’image. Jogging blanc, sweat bleu marine, une main qui s’approche d’un clavier, invisible … deux mains sur la ceinture du jogging ; il se lève, baisse le jogging, garde son boxer, soulève le sweat : un ventre plat, un mince ruban de poils qui remontent du slip vers le nombril ; il a dit 24 ans … peu être moins … Il se rassoit ; sur l’écran : le haut de deux cuisses, un boxer blanc, assez moulant, sexe deviné sous le tissu, penché sur le côté ; il écrit : « tu vois ? ça t’excite ? qu’est-ce que tu fais, toi ? ». Oui je vois, oui ça me plaît, oui ça m’excite, et oui je passe le bout des doigts sur ma culotte, je l’écris ? pas toujours, pas le temps, pas les mots.

« tu veux voir plus ? ». Oui bien sûr, mais pas trop vite, je ne suis pas pressée, laisse monter mon plaisir, ce que je devine me plaît et l’attente, c’est bien aussi … mais je ne dis pas « attends », je dis « oui, montre-moi ta queue ». Il a enlevé son boxer et s’est caressé, entrecoupé de coupures de cam ; je commentais un peu, l’encourageais, de quelques mots, un peu vulgaires, exprès, et je me caressais en le regardant. Je ne l’ai pas vu jouir. Il avait coupé avant. J’ai même pas eu le temps de lui dire merci, merci de m’avoir fait un cadeau. J’ai coupé la connexion, il était tard …

Un autre jour, un autre homme, 25 ans. Questions et réponses rapides, il écrit assez bien, je m’applique aussi. « … la mienne fait 23 cm, ça te plairait ? … ». Que oui ! J’ai vu des acteurs de pornos plutôt bien membrés, mais dans la vraie vie, une seule fois. Mes amants, pas si nombreux, n’étaient pas si généreusement pourvus. Et dans le fond, c’est aussi bien … d’accord, comme ça, oui, je prends : c’est une belle impression de tenir un sexe de cette taille dans sa main, de se sentir toute fébrile en attendant de faire l’amour … mais tous les jours … le corps s’habitue, mais tout de même ! ... « tu veux la voir ? » « oh, oui, j’aimerais beaucoup ». Difficile de se rendre compte, mais je crois qu’il ne ment pas, ou très peu. Il est allongé sur un petit lit une place avec des draps bleus, se caresse de la main opposée à la caméra, se redresse pour écrire. Il ne cache rien, je vois son visage, ses yeux fixent la caméra plus souvent que l’écran et mes messages restent en suspens … « serre tes couilles dans ta main », il n’aime pas … son gland se pose plus haut que son nombril, assez petit et peu gonflé ; juste en dessous du gland, son sexe s’épaissit beaucoup puis s’affine, il a les couilles et les cuisses très poilues : dommage … je préfère ceux qui les rasent.
Il s’est caressé longtemps, pas très vite, peut-être hésitant, je ne sais pas, et lui aussi a coupé sans avoir joui. J’étais dans mon lit ce soir-là, le portable posé à ma droite et je me suis faite jouir sans enlever ma culotte en le regardant et en m’imaginant assise à côté de lui, en regardant sa main monter et descendre.

Hier soir, toi à qui j’ai dit que j’écrirai ce texte. Tu veux à tout prix me voir, voir une photo, au pire m’entendre. Chaque fois je dis non, un peu agacée de devoir sans cesse répéter, mais tu insistes … Je suis dans le salon, devant le bureau. Chris rentre très tard et je suis seule pour la soirée, j’ai le temps. J’ai souvent le temps, Chris est un vrai pigeon voyageur : pour le boulot, pour le plaisir avec ses copains de rugby. Il est plus souvent absent que présent … Alors j’en profite, je cherche mon plaisir. Vicieuse ? Vice bien innocent tout de même, et puis je ne fais de mal à personne que je sache ! Tu as déconnecté, changé de pièce, peut-être, tu t’es changé aussi, je crois. Tu t’es montré en caleçon blanc et t-shirt blanc, inscription grise, debout devant ton micro ; je voyais tes avant-bras couverts de poils noirs, et toi du haut de tes cuisses au torse, plutôt mince. Tu as tourné devant la caméra pour te montrer de dos aussi, trop vite, j’aime bien les fesses des hommes … Tu insistais et je refusais bien sûr de brancher ma webcam ; ton autoritaire, un peu trop … et puis tu a baissé ton caleçon, joli sexe, au repos, cachant les testicules, dommage, des poils bruns, pas trop, mais quand même, je l’ai déjà dit, je préfère les hommes qui se rasent, cours au-dessus, complètement rasé sur les testicules et jusqu’à l’anus, j’ai des lubies comme ça … Tu as un peu découvert ton gland et puis … tu t’es fâché ? de pas obtenir de moi ce que tu attendais ? mais il n’y avait rien à attendre, et tu le savais ! et tu as fini par presque une injonction : « demain 19 heures ! ». Eh bien non ! Aujourd’hui je ne peux pas ! Plus tard ? peut-être … ça ne dépend pas que de moi … est-ce que je voudrais te voir nu, te voir te caresser ? oui ! est-ce que je me caresserai en te regardant ? oui ! je prendrai du plaisir ? qui sait … peut-être … est-ce que je te contacterai ? non !
Si tu as du plaisir à te montrer, je te tiendrai compagnie, et crois-moi, avec grand plaisir.

Un homme dans son intimité, qui s’offre, pour son plaisir et pour le mien, oui, je prends ! oui, vous êtes beaux ! oui vous êtes excitants ! je vous attends, monsieur !

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