La Honte

Je ne pouvais pas en croire mes yeux.

Pourtant la caméra ne mentait pas. J’étais tombé par inadvertance sur un petit film amateur caché dans l’ordinateur de mon compagnon. Un film qu’il s'était bien gardé de me montrer. J’avais instinctivement regardé la date du fichier – une simple vérification informatique. C’était un mois avant que l’on fasse connaissance, donc il n’y avait pas trahison et prescription. Et pourtant j’étais en train de bouillir de rage en voyant ce spectacle.

Pour quiconque d’autre que moi, c’était bandant, c’est indéniable. Mais pour moi le spectacle était atroce.

Comprenons-nous : mon homme est actif, puissamment actif. Il ne m’a jamais laissé le sodomiser entièrement et jouir en lui comme lui jouit en moi. Il n’aime plus ça mais par contre adore me sodomiser. Il jouit en moi à tous nos rapports et atteint l’extase. C’est évidemment très flatteur et je suis heureux et fier de ce plaisir que je lui procure, cherchant intensément à en garder l’exclusivité… mais de temps en temps j’aimerais que par amour il me laisse le pénétrer. Les trop rares fois où j’ai pu enfoncer mon sexe en lui restent gravées dans mon esprit comme des diamants étincelants. Et jouir en lui nous est arrivé trois fois en cinq ans...

Je ne reconnaissais pas l’homme qui sur l’écran se tenait à genoux, les fesses bien relevées. Il avait les yeux de mon amour, son corps mais l’expression cochonne que je voyais sur son visage m’était inconnue. Pourtant après cinq ans de vie commune, je connaissais la moindre parcelle du corps de mon homme, la moindre de ses expressions…

Je me surpris à trouver un trop bref instant la posture excitante puisque j’en rêvais mais bien trop vite je réalisais que ce que je voyais m’était refusé depuis des années… alors que de façon évidente il le donnait à d’autres autrefois.

Luc suçait avec passion la verge tendue. Il la faisait entrer et sortir dans sa bouche, la caressait en utilisant sa salive pour lubrifier l’engin raide qu’il manipulait avec plaisir.

Il lançait des œillades gourmandes en faisant une fellation masturbatoire.

Très rapidement, son partenaire du moment le retourna avec rudesse, ce qui me surprit. Luc n'est pas du genre à se laisser faire. Puis il introduisit son érection tendue dans l’anus de mon homme avec souplesse et dextérité. Luc devait être bien ouvert car il commença à onduler des hanches en rythme pour aller au-devant du plaisir de l’inconnu et multiplier les sensations.

Je montais le son car je n’entendais rien. Là, je surpris des râles inconnus provenant de la bouche de mon amour, râles très expressifs, exhortant l’homme qui le pénétrait « à se lâcher ». Plus grande fut ma surprise de voir mon compagnon ne rien dire lorsque l’homme lui flattait le fessier en le qualifiant de « bonne lope ».

Mais qu’est-ce que c’était que cette vidéo?

Je continuais à regarder, jusqu’au moment où l’homme que j’aime commençait à jouir de façon bien trop sonore. A genoux, le cul offert et les cuisses bien écartées, le visage rouge à demi-caché sur le matelas de notre lit, il jouissait de l’inconnu qui se déchargeait en lui. Son sperme maculait le haut de ses cuisses et le lit.

Trop choqué pour poursuivre et trop jaloux de voir ces choses qui m’ont toujours été refusées offertes avec tant d'abandon à d’autres, je reformatais le disque dur.

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