Montalivet, L'Été De Magali Et Alexia - 3/3

Montalivet, l’été de Magali et d’Alexia. 3/3

(3ème partie ; z’avez lu les deux chapitres précédents ? NON ? ben allez-y ! … s’il vous plaît !)

Alexia se sentait seule. Et se sentait mal. Elle avait trouvé amusant de voir Magali se faire draguer. C’était un jeu. Et ça l’était plus.
Elle pensait attendre avec elle, que Mag serait un peu triste qu’il ne vienne pas, qu’elle la consolerait et qu’elles en riraient ensemble. Après tout, c’était un vieux ! au moins trente ans !
Elle l’avait aperçu, à la terrasse du café. Il lui avait fait signe, un doigt sur les lèvres, en souriant. Elle n’avait rien dit à Mag, l’avait laissée seule.

Léa lui avait dit qu’il était cool …

Elle a marché longtemps de long en large sur la plage ; elle a ramassé des coquillages ; au début elle les ramassait tous, et puis elle n’a gardé que ceux qui avaient un petit trou, à la pointe de la coquille, pour en faire un collier ; elle les rangeait dans son t-shirt replié sur son ventre.
Sur la mer, la ligne d’horizon est passée du pourpre au violet, et la mer a commencé à luire doucement. Sa mère lui avait dit que c’était le plancton.
Elle est allée s’asseoir sur le sable sec. Elle a trié ses coquillages par taille, plusieurs fois.

Elle avait un peu peur pour Mag … il était cool jusqu’à quel point ?

Une main sur son épaule. Léa. En se retournant elle a vu que toute la bande d’hier était là ; une petite blonde avec un anneau sur le sourcil en mini-jupe à ras des fesses avec de gros seins et les tétons qui pointaient sous son t-shirt qui laissait voir le piercing de son nombril pendue au bras de Yohann … un seul coup d’œil, elle ne l’aimait pas ; c’est Mag qui aurait dû être à son bras ; pas cette blonde.
Elle a donné un coup de coude à Léa :
- T’es sûre qu’il est cool, ton oncle ?
- Super cool, tout baigne Alex ! t’inquiète !

Un garçon avait amené un petit haut-parleur relié à son MP3.

Ils ont chanté. Et la batterie a rendu l’âme. Yohann et la bimbo anglaise s’étaient mis à l’écart. Tout le monde rigolait. Il lui pelotait les seins et on voyait sa culotte bleue. Quand ils s’embrassaient, un garçon dirigeait sa lampe électrique vers eux. Tout le monde attendait de voir si elle mouillerait et si ça se verrait.

Elle est revenue au camp toute seule. Il était deux heures passées.
Elle avait espéré … mais non. Mag n’était pas rentrée.
Elle a eu du mal à s‘endormir.

Une chatouille sur son nez, la chaleur sous sa joue, un parfum, elle ouvre un œil timide dans la lumière qui filtre à travers la toile, le referme … se réveille vraiment et sourit : le bras de Mag sous son cou, ses cheveux dans la figure. Tout va bien. Elle se tourne vers elle, passe une jambe sur les siennes, son bras sur sa taille et se rendort.

Elle l’a regardée dormir un moment, bras en croix et bouche entrouverte, une jambe découvertepar le sac de couchage repoussé sur sa taille.
Il fait très chaud sous la toile et elle entend des cris d’s, des voitures qui circulent dans le camp. Onze heures. Elle a enfilé son petit short blanc en lycra et la chemise de flanelle qu’elle portait hier, est partie acheter du jus d’orange et deux croissants. Mag dormait.
Mag dormait toujours, à plat ventre en travers du matelas, quand elle est rentrée de sa douche. Elle a ouvert à demi la porte d’accès pour qu’elle ait moins chaud, remonté un peu le sac de couchage sur ses fesses nues.
Elle lisait à l’ombre quand Magali s’est levée. Elle est venue s’agenouiller dans son dos et l’a entourée de ses bras :
- Tu m’as laissée dormir tard …
- T’avais l’air fatiguée !
- Mmm …
Magali a mangé le croissant qui restait en buvant du jus d’orange à la bouteille et est partie faire sa toilette.
Alexia brûlait de lui poser mille questions, mais elle s’était retenue … plus tard. Elle avait remarqué les cernes bruns qui soulignaient ses yeux, son air égaré et triste, le petit sourire qu’elle lui adressait quand elle se sentait observée … plus tard …

Sur la plage, elles ont retrouvé Léa, qui leur a fait de grands signes en les voyant approcher.

- T’es toute seule ?
- Ouais, les autres sont là-bas !
D’un geste de la main, elle montrait la plage principale.
- D’habitude, Yohann vient ici avec moi, mais avec sa british, soit il ose pas, soit elle veut pas. Pourtant hier soir, elle cachait pas grand-chose ! hein, Alex ? Et puis à l’appart, pareil ! Ce matin, ma mère lui a expliqué la vie ! J’ai pas tout compris, mais quand elle a cette tête-là, vaut mieux pas discuter ! Sa culotte, elle l’a renfilée vite fait !
- C’est grand, l’appart ?
- Pas trop ! Ma mère a une chambre, Cinthya et moi on a un lit sur la mezzanine, et Yohann dort dans le canapé du bas.
- Elle parle français ?
- Un peu …
- On se baigne ? Tu viens, Mag ?
- Pas tout de suite. Allez-y, vous !

Bien sûr elle savait avant. Elle savait en quittant l’appartement dans la lumière de l’aube et avait retenu ses larmes. Il s’était garé à l’entrée du camp et l’avait accompagnée jusqu’à sa tente. Ils n’avaient plus échangé un seul mot depuis qu’ils avaient pris une douche ensemble avant de se rhabiller. Elle avait attendu de le voir disparaître pour laisser couler ses larmes.
Elle savait avant. Et c’était si dur quand même. Ce vide. Ce manque. Ces couples sur la plage. Pourquoi eux ? Envie de bouger, d’être ailleurs, de dormir pour ne plus penser à rien, pas à lui, plus à lui, oublier ses bras autour d’elle, oublier ses baisers dans son cou, oublier son fou-rire et ses grands yeux noirs, et ses mains … elle pleure le nez enfoui dans son sac de plage.


- Regarde, c’est nos voisins …
Sur le chemin du retour, elles suivent les deux garçons du camp qu’elles voient le matin et dont elles écoutent la musique. Le costaud tient la jeune fille blonde par l’épaule, le plus mince et la dame plus âgée se tiennent par la taille. Elle les avaient vus s’embrasser. Elle aurait juré qu’ils étaient homos.Ils rient. Pourquoi eux et pas elle ? Mais elle savait avant … et elles sont là encore deux semaines … deux longues semaines.


Sous la douche, Alexia lui a lavé les cheveux, cherchant sur son corps les traces de la nuit qu’elle imagine. Elle n’en ont pas parlé encore. Elle l’a vue si malheureuse toute la journée. Elle a raconté la soirée sur la plage, réussissant à lui arracher un sourire, lui a montré le collier de coquillages qu’elle a fabriqué ce matin en attendant qu’elle se réveille en utilisant une des ficelles de tente. Elle a rincé son dos de la mousse du shampooing, a massé ses épaules et ses hanches. Elle sont de la même taille. Elle fine, un corps androgyne, les os des hanches saillants. Elle caresse doucement les formes plus féminines de Magali. Elle aimerait lui ressembler. Magali s’est retournée, l’a embrassée sur la joue et lui a à son tour lavé les cheveux. Bien sûr elle a remarqué les tétons durcis sur ses petits seins.
Elle aussi l’a rincée de la main dans son dos et lui a gentiment claqué les fesses en souriant.
Elles sont rentrées enveloppées dans sur draps de bains, trousse à toilettes sous le bras, les épaules et le cou parcourus de filets d’eau gouttant de leurs cheveux à peine épongés.

Elles ont fouillé leurs sacs et trié leurs vêtements, se sont habillées. Magali a enfilé sans sous-vêtement un collant noir moulant s’arrêtant sous le genou et grand t-shirt. Aléxia a choisi un pantalon de zouave rouge et un top sans manche. Elles ont fait une petite lessive qu’elles ont étendue sur une ficelle tendue entre deux pins au-dessus de la haie : des t-shirts, des sous-vêtements. Juste en face d’elles, un des garçons, le plus mince, étendait des draps de bains :
- Si j’avais su, je vous aurais donné ma lessive !
- Il est encore temps !
- Non, non ! je plaisantais !
- Pas moi !
- Alors merci ! mais je vais laver nos caleçons moi-même !
Alexia riait en haussant les épaules :
- Comme tu veux !

A l’entrée du camp, elles ont acheté une barquette de frites et des hot-dog, une bouteille de coca, des gâteaux et du yaourt à boire pour le lendemain matin, deux bouteilles de glace pour leur glacière.

Elles ont téléphoné à leur deux mères : il faisait beau, tout allait bien, elles mangeaient, elles avaient des copains …
Elles ne retrouveraient pas Léa et Yohann ce soir, ils étaient invités chez des amis.
Elles ont fait une petite balade jusqu’à la plage et sont rentrées. Elles étaient couchées à onze heures.
- Excuse-moi, Alex, je t’ai un peu laissée tomber, aujourd’hui …
- C’est rien, je comprends.
- T’es gentille.
- Normal.
- … et je te remercie … pour tes leçons …
- Oh ! ça a marché …
- Oui …
- Comme t’es restée toute la nuit … c’est toi qui pourrait m’en donner …
- … peut-être … mais tu sais, il n’y a pas besoin de leçons …
- T’as pas fait de connerie, hein ?
- J’en ai fait plein, Alex … plusieurs fois …
- C’était bien, alors …
- Beaucoup mieux que ça encore …
Alex est allongée contre Magali ; à la faible lumière de leur lampe à la pile fatiguée qu’elle a repoussée loin derrière elle, elle voit une grosse larme glisser sur la joue. Elle se redresse sur un coude et embrasse Magali sur les yeux en caressant sa joue.
Magali a toujours été amusée de voir comment Alex se collait à elle, ne perdait aucune occasion de la toucher. L’an dernier, elle la repoussait gentiment, mettant encore tous ces petits gestes sur le compte de l’affection d’une petite fille, d’une petite cousine qui l’aimait bien. Cette année, de ses confidences, à ses gestes plus appuyées, son chagrin quand elle l’a repoussée avant-hier, elle a compris qu’Alex recherchait sans doute plus que cette affection innocente. Elle l’avait repoussée le plus gentiment possible, un peu gênée et mal à l’aise.
Malgré cela, elle était toujours aussi câline et attentionnée avec elle. Les gestes étaient toujours un peu équivoques, comme ce soir sous la douche. Ce soir, elle avait besoin de cette affection, besoin d’être consolée.
- Vous … vous avez fait l’amour ?
Elle a fait oui de la tête …
- … on a fait beaucoup de choses … que j’aurais jamais imaginées ...
De grosses larmes débordent à nouveau de ses yeux. Elle serre Alex dans ses bras pour se cacher dans son cou :
- Je savais qu’il partait ce matin, avant d’aller chez lui … et puis j’ai fait semblant d’oublier … mais je le savais … et ça fait mal quand même … c’est tellement bête …
- Tu l’aimes ?
- … je sais pas … si ça fait toujours aussi mal, je veux aimer personne …
Elle pleure en silence en serrant Alex, en la berçant presque.
- Je sais …
- Ooooh, Alex … tu parles de toi … c’est pas de l’amour, Alex … pardonne-moi … pardonne-moi, Alex …
Elle a compris, bien sûr. De ses propres hésitations, de ses maladresses, des gestes échangés, hier, avec Marc, elle a reconnu ce qui se passait pour Alex ; ses regards, cet après-midi, ses sourires, ses gestes retenus, elle y a pensé, et a compris :
- C’est parce que on se connaît depuis longtemps … que t’as pas encore rencontré la bonne personne, et que moi je suis là …
- … pourquoi avec lui … toi !
- Je sais pas … J’étais étonnée qu’un homme comme lui s’intéresse à moi … et puis il est tellement beau !
- … toi aussi t’es belle … il l’a vu tout de suite, tu sais … c’est pas par hasard qu’il nous a invité le midi … ça nous faisait rire de vous regarder, avec Léa …
- Tu l’aimes bien Léa ?
- Elle est sympa … mais c’est toi que j’ai…
- Alex, Alex, non !
- C’est pas grave, Mag, n’y pense pas, c’est tout … te fâche pas après moi, j’y peux rien tu sais … et puis c’est ta faute aussi … tu dors à poil et tu me serres contre toi !
Elle rit en se redressant et en lui donnant un petit coup de poing dans l’épaule. Elle lui fait un gros smack droit sur la bouche.
Elle l’a faite rire, c’est déjà ça. Elle se recouche tout contre elle et Magali referme son bras sur son épaule, l’embrasse sur le front. Alex lui pince la hanche :
- C’est comme ça que tu l’embrassais, Marc ? ben dis-donc !
Magali repousse Alex sur le dos, se redresse sur un coude et pose sa main sur la joue d’Alex, effleure ses lèvres de sa bouche, puis l’embrasse, vraiment, tendrement, en caressant son visage, passant une jambe par-dessus les siennes, la caressant de sa cuisse, longtemps, un très long baiser.
Elle se recouche sur le dos. Alex respire vite, les yeux clos :
- … il avait aucune chance … personne résiste à ça …
En se tournant vers elle, à son tour elle enveloppe les jambes de Magali d’une jambe, collant son ventre chaud à sa cuisse.
Magali fait semblant. De ne pas sentir la chaleur contre sa cuisse. De ne pas reconnaître le geste de désir brûlant, tel qu’était le sien hier. Elle fait semblant et frotte son dos de sa main :
- On dort … d’accord ?
Elle la sent trembler contre elle. Elle tend le bras au-dessus de sa tête, éteint la lampe, serre Alex contre elle refermant ses deux bras dans son dos, et ferme les yeux.
Les grands yeux noirs de Marc sont là, sous ses paupières, et son sourire … la chaleur de ses mains sur elle …
Toutes les deux serrées l’une contre l’autre sous le sac de couchage pleuraient en silence.

Magali s’est levée la première. Elle a enfilé son grand t-shirt de la veille et une culotte avant de sortir sans faire de bruit. Elle a bu du jus d’orange à la bouteille et est partie aux toilettes.
En sortant, elle a vu arriver Alex et l’a attendue.
- Bonjour !
Elle s’est retournée. Leurs deux voisins et la jeune-fille blonde qu’elle avait vue avec eux sur la plage sortaient aussi du bâtiment.
- Oh ! pardon ! bonjour !
- Et voilà ta copine ! … Guillaume, c’est elle qui se proposait pour laver tes caleçons, hier !
Alex s’est approchée ; reconnaissant leurs voisins, elle leur a dit bonjour et a posé un baiser sur les lèvres de Magali, qui est restée interdite et a violemment rougi en voyant les coups d’œil amusés des trois autres. Alex les a dépassés :
- Je vais faire pipi ! attends-moi !
Les garçons riaient de bon cœur. La jeune-fille qui regardait Alex s’éloigner s’est tournée vers Magali :
- Je vais faire du thé, vous déjeunez avec nous ?
- Allez, n’hésite pas, je vais chercher des croissants, on vous attend !

Ils se sont tous retrouvés sur la plage l’après-midi. Elles ont fait la connaissance de la mère de Nadia. Léa a fait la bise à tout le monde quand elles les a rejoints. Ils se sont baignés ensemble, ont échangé des magazines ; Léa a fait rire tout le monde en racontant la colère de sa mère le matin quand elle avait surpris Yohann et sa correspondante dans la salle de bains « le rapprochement franco-britannique a des limites : rhabillez-vous tout de suite ! » :
- J’étais derrière ma mère. J’avais déjà vu mon frère dans cet état-là, mais j’aurais jamais cru qu’une fille pourrait en mettre autant dans sa bouche ! Résultat, c’est moi qui ait pris une gifle !
En fin de soirée, Magali et Alexia ont raccompagné Léa. Peut-être pour se faire pardonner cette gifle imméritée, sa mère l’a autorisée à passer la soirée avec ses amies et lui a donné de l’argent pour payer son repas. En leur disant au revoir, à leur surprise à toutes les trois, elle a serré Magali dans ses bras. Incidemment, dans la soirée, en mangeant, Léa leur a raconté que Marc et sa mère, la grande sœur de Marc, tenaient ensemble un magasin de fringues dans une galerie marchande de Bordeaux, qu’ils se téléphonaient tous les jours, qu’il avait 26 ans et vivait seul. Léa émaillait la conversation de petites informations, jetant de petits coups d’œil en dessous vers Magali qui buvait ses paroles.
Elles avaient fini leurs pizzas quand Nadia les a invitées à les rejoindre et à partager quelques bières avec Thierry et Guillaume.
Ils ont tous raccompagné Léa qui devait rentrer avant minuit. Thierry a offert des glaces qu’ils ont mangées sur le chemin du retour.
Alexia et Magali sont parties se coucher. Nadia est restée avec les garçons.

- Ils sont vachement sympas, non ?
- Ouais, et sûrement pas aussi homos qu’on croyait …
- On dirait bien …
- Après ce que t’as fait ce matin, ils pourraient penser la même chose de nous deux …
- Qu’est-ce que j’ai fait ?
- Tu sais très bien ! fais pas l’innocente ! quand tu m’as embrassée sur la bouche en allant aux toilettes …
- Ah ! ça …
- Ouais … fais pas semblant ! Pourquoi t’as fait ça ?
- Parce que j’avais envie … et puis c’est toi qui a commencé … hier soir !
- Tu sais bien que c’est pas pareil ! C’était différent …
- Je sais, Mag …
Elle a éteint la lumière et s’est à demi allongée sur elle, son torse sur les seins de Magali, une jambe glissée entre les siennes et a murmuré :
- …j’aimerais tellement que tu recommences …
- Alex !
- … un baiser …
- Alex !
- Quoi ?
- Tu te rends compte, là ? tu te frottes contre moi …
Alexia bascule sur le côté en lui tournant le dos. Magali reste immobile. Elle regrette immédiatement sa remarque ; c’était si maladroit, presque insultant. Elle comprend la frustration d’Alexia. Qu’est-ce qui lui serait arrivé si Marc l’avait repoussé ? C’est pourtant si différent … et si peu …
Elle se tourne vers Alexia et la prend dans ses bras. Alexia la repousse d’un coup d’épaule. Elle la reprend dans ses bras, cherche sa main, la serre dans la sienne.
- Arrête Mag ! je sais bien que ça te dégoute !
- Ooooh ! Non, Alex, non ! … Je … non, pas du tout … c’est pas ça ! je t’en prie Alex ! je sais pas quoi dire, pardonne-moi ! je t’ai vexée, pardonne-moi !
- C’est rien, va … c’est rien …
Magali reconnaît l’amertume du rejet qu’Alex ressent et elle entend les larmes dans sa voix :
- C’est pas comme ça que je t’aime … c’est tout … et je … Alex … s’il te plaît …
Elle aussi les yeux gonflés de larmes lâche la main d’Alex et caresse son bras, remonte sur sa nuque, écarte les cheveux et l’embrasse dans le cou, sur l’épaule, revient dans son cou, collée dans son dos.
- Mag … fais pas ça …
Magali a la bouche tout contre son oreille :
- Chhhhhut … j’aime bien t’embrasser … laisse-moi faire … ferme les yeux …
Sa main glisse sur son bras, retrouve sa main. Elle hésite. Ne sait pas ce à quoi elle est prête. Alex si malheureuse. Son corps chaud et tremblant. Elle se reconnaît en elle. Sa petite âme-sœur. Sa main remonte de sa main sur son bras, ses côtes creusées, qu’elle sent se soulever très fort, sa respiration qui se bloque quand sa main légère remonte sous ses seins. Elle reconnaît son désir, se réchauffe de ce désir, doigts légers sur un sein, petit renflement souple et son téton, si dur, si tendu. Elle sait, elle sait ce qu’elle veut pour elle, ce qu’elle veut lui donner. Elle ne sait pas encore comment, mais elle sourit dans son dos, se souvient de Marc qui lui a dit « essaie » quand elle voulait qu’il la guide. Et après tout c’est plus simple aujourd’hui ; un corps de fille ; elle connaît. Elle ne l’aime pas comme elle aimerait l’être, mais elle l’aime quand même, et elle veut répondre à son désir ; elle veut le faire pour elle, mais sans lui mentir, sans tricher. Elle murmure à son oreille :
- … entre filles, Alex … entre filles … embrasse-moi …
Elle s’est relâchée dans ses bras. Magali n’avait pas remarqué jusque là à quel point Alex était tendue, raidie dans ses bras.
Elle se tourne lentement, Magali lui laisse un peu de place, gardant un bras sous son cou, le glissant dans son dos pour l’attirer tout contre elle. Alex respire fort, appuie son front contre son front, avance sa bouche contre la sienne pour un doux baiser :
- … entre filles, Mag … ça me va …
Alex attendait. Finie la provocation, elle était brusquement timide et tremblante.
Magali l’a repoussée sur le dos, l’a embrassée, a avancé une jambe sur ses jambes, les caressant de sa cuisse, a joué d’une main sur ses seins et en prolongeant son baiser, elle a descendu sa main, glissant sur le ventre qui se creusait sous ses doigts légers. Elle a encore un peu hésité sur son ventre et a glissé ses doigts dans la petite toison blonde qu’elle voyait si souvent depuis quelques jours, à la plage et sous la douche, ici dans la tente quand elles s’habillaient. Elle a glissé ses doigts plus bas, trouvant les jambes ouvertes, glissé sur la peau si douce à l’intérieur de la cuisse ; son majeur a écarté les lèvres, glissant sur les chairs collantes et douces sous son doigt, remontant tout en haut de la fente et redescendant se glissant plus profond, tout en bas du sexe où semblait se concentrer la chaleur, où elle glissait sur un jus collant dont elle sentait le parfum monter jusqu’à elle. Avec un étonnement qui a fait naître un sourire sur ses lèvres, elle s’est rendue compte qu’elle sentait son propre sexe réagir, la chaleur l’envahir au creux de son ventre … entre filles … son corps aussi avait entendu … et peut-être était-ce l’odeur de son désir qu’elle sentait. Ses doigts agissaient seuls. Ses caresses-là, elle les connaissaient. Elle aurait voulu à ce moment qu’Alex pose ses mains sur elle, mais ne lui a pas demandé. Elle avait senti contre elle un bras d’Alex remonter vers sa poitrine. En continuant sa caresse elle a baissé la tête vers ses seins, cherchant sa main de ses lèvres, s’attardant à peine entre ses seins ; ses mains étaient là, serrées sous ses seins ; elle a pris un doigt dans sa bouche, l’a sucé et mordu ; redressant la tête elle a sucé un téton entre ses lèvres, du bout des lèvres et du bout des dents, à peine consciente du mouvement de ses doigts, tout en haut des petites lèvres qui glissaient et tournaient sur la petite tige tendue, plus vite, tantôt plus légers et tantôt plus durs. Elle a reconnu le basculement du bassin et les tremblement, le retrait du ventre, comme pour lui échapper. Elle l’a emprisonnée sous sa main, et repris sa caresse d’une main plus légère et plus lente, et la tension libérée, les brusques contractions ; elle connaissait bien tout ça ; c’était si facile de l’accompagner, encore et encore, de tenir son plaisir au creux de sa main et au bout de ses doigts, longtemps, la laissant s’apaiser, et la faisant renaître et jouir encore, plongeant parfois un doigt plus bas, où son ventre à elle avait cédé le passage à Marc en se déchirant. Elle l’a laissé s’apaiser enfin, s’est allongée sur elle, l’enveloppant de sa chaleur, de ses bras et ses seins, de son ventre et ses cuisses, en essuyant son front de ses lèvres.
Sur un baiser elle s’est relevée, l’a couverte du sac de couchage jusqu’au menton et l’a reprise dans ses bras. Son propre désir s’est calmé. Elle est restée éveillée jusqu’à ce qu’Alex s’endorme dans ses bras.
C’est un baiser d’Alex qui l’a réveillée le lendemain. Elle avait un merveilleux sourire.

L’après-midi filait doucement. Léa et Alex tenaient des messes basses et riaient entre elles. J’ai cru un moment qu’Alex avait raconté notre nuit … entre filles. Mais non, ça ne pouvait pas être ça, Alex n’aurait pas fait ça.
Et puis Léa, s’est dressée sur ses pieds la main en visière :
- Six heures et demi ; la précision même.
Thierry et Nadia la regardait, sourcils levés, se demandant comme moi de quoi elle pouvait bien parler.
Alex s’est penchée vers moi et m’a embrassée . A genoux devant moi, elle riait en se tenant le visage entre les mains :
- Mag, tu devrais te retourner, vraiment !
En levant la tête j’ai vu que tout le monde regardait derrière moi.
J’ai tourné la tête. Il était là ; debout à mes pieds et souriant.
Je me suis levée lentement.
Il m’a tendu les mains.
J’ai sauté à son cou, enfermant sa taille de mes jambes.
- J’ai résisté, tu sais ! je suis trop faible et toi trop belle !
Alex, m’a secoué l’épaule :
- Eh ! descend de là ! c’est indécent comme tenue!

Ils riaient tous. Et moi je pleurais.

FIN

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