Le Bon Côté De La Neige

« Temps de chien ! »
« Crisse de neige ! Tabernacle !» comme disent les Québécois !
J’aurai beau dire, je suis dans une merde blanche !
Je roule depuis plus d’une heure dans un monde blanc et hostile.
Quand je dis « Je roule », il faut comprendre que je suis dans la voiture à me traîner comme un
malheureux sur ce que je devine étant une route.
La sortie de la ville a été une galère pas possible et, maintenant, je vais pouvoir attr la
rocade pour rejoindre la nationale.
Si je n’avais pas ce rendez-vous pour le boulot, je serais resté tranquillement à la maison.
Sur le dernier rond-point avant de prendre la bretelle d’accès sur la rocade, je devine entre les
flocons une silhouette s’agitant doucement.
On dirait juste un arbre couvert de neige bougeant avec le vent.
Avec d’infinies précautions, je m’arrête et le bloc de neige s’approche de la voiture.
Je regarde tout autour de moi pour vérifier qu’aucun véhicule n’arrive et la porte passager s’ouvre.
A la lueur blafarde de cette journée sans couleur, je découvre un petit visage rouge sous une de la
capuche.
Une voix malheureuse me demande de l’aide par pitié.
Avec ce temps et le blizzard qui décornerait bien un bœuf s’il osait se mettre dehors, la pitié n’a
pas de place et le bon sens m’indique de prendre cette personne à mon bord.
Sans m’en rendre compte, je gueule de se dépêcher de monter avant qu’un con nous transforme en bas-
côté.
Le Yeti entre dans la voiture avec pratiquement toute la neige qui s’était collée aux vêtements.
Je peste mais je dois bien reconnaître que cette petite personne n’y est pour rien car la neige est
collante.
La portière juste fermée, je commence à avancer pour m’engager sur la piste presque dégagée de la
rocade.
Pendant que je prends de la vitesse… Enfin, je dépasse les 30km/h ! Une petite voix pleurnicharde
s’excuse.


Un rapide regard sur le passager et je vois des cheveux collés sur un visage de… nana.
Elle fait ce qu’elle peut pour ne pas mettre de la neige partout mais chaque mouvement répand de la
neige et la place passagère est en train de se transformer en mare.
Engagé sur la route tout aussi blanche que les routes secondaires, je demande au petit bout de femme
à mes côtés où elle va.
Entre deux reniflements, elle me dit « N’importe où ! »
Le temps que cette petite phrase traverse mes synapses engourdis par l’ambiance neigeuse, plusieurs
flocons ont l’occasion de s’écraser sur le pare-brise.
La seule réponse qui me vient est aussi conne que la réponse de la donzelle : « Je vais à la plage,
j’vous emmène ? »
Je réfléchi à la très bonne idée que j’ai eu de prendre cette ombre en me demandant pourquoi j’avais
ajouté une emmerde à cette journée pleine de promesses.
La jeune femme ne répond pas et continue de retirer comme elle peut la neige qui reste sur ses
vêtements.
Je sens que je vais péter un plomb avec cette boulette dans ma caisse si elle ne se décide pas à me
dire où elle va.
D’un coup, elle pouf de rire et dit : « La plage…j’veux bien… ça changera de cette journée de merde
! »
Pour le coup, je suis d’accord avec elle.
Sa réponse me calme un peu et je lui demande avec un peu plus de gentillesse dans la voix : « Sans
déc’, vous allez où ? »
Elle soupir et finit par me dire « Je ne sais pas, j’ai tout perdu ce matin.. alors je vais là où la
vie m’emmène… »
Perso, j’ai la journée à passer sur la route pour un rendez-vous et ensuite, je dois rentrer dans
mon appart au centre-ville. Si tout se passe bien comme depuis 6h du mat’, j’en ai jusqu’à la nuit.
Rapidement, je lui dis mon emploi du temps entre la route, le rendez-vous d’une à deux heures et le
retour dans la même purée de pois.
Elle me demande avec une voix très douce : « Ça vous dérange si je vous accompagne ? »
« Ma fois ! Pourquoi pas si ça peut vous aider ! »

Dans la voiture, le chauffage est à fond mais le givre arrive quand même à se former à l’intérieur
du pare-brise.

Je propose à la jeune femme de retirer son manteau trempé et de le mettre à l’arrière de la voiture.
« Brigitte » me répond-elle.
Pendant qu’elle retire, avec quantités de gestes, le manteau molletonné et imbibé, je lui dis mon
prénom et elle arrive à sourire timidement.
Elle porte un gros pull et un jean noir. J’arrive à voir son visage et elle est très jeune. Je lui
demande son âge et elle me dit qu’elle est majeure, 21 ans.
Dans la voiture, la présence de l’eau issue de la neige fondue, créée une buée qui n’arrange rien au
confort de conduite.
Pendant un long moment, la route se déroule doucement dans un silence tranquille.
Au moment où je quitte la nationale pour m’engager vers la direction prévue, elle me demande où je
vais.
En lui disant le nom de la ville, elle me demande si c’est raisonnable d’aller dans ce trou par une
journée comme celle-ci.
Pouffant, je lui réponds que je dois avoir un boulot important dans cette ville et que mon avenir
est en jeu.
Ensuite, elle commence à me questionner sur mon métier, ma vie et tout ce qui tourne autour.
La route est vraiment mauvaise et je fatigue à glisser sur ce que je crois être une route. Je
pourrais rouler sur l’herbe que ce serait pareille.
Les pneus neige m’aident mais je suis toujours à la limite de me planter en pleine campagne.
Nous arrivons dans la petite ville et je laisse la jeune femme dans la voiture, seule.
Sans m’en apercevoir, je lui demande de s’enfermer et de faire attention à elle.
En m’avançant vers mon rendez-vous, je me focalise complètement sur l’entretien que je vais avoir.

1 heure d’entretien et me voilà sorti de cette grande usine. J’ai complètement subjugué le patron
qui ne s’attendait pas à me recevoir avec ce temps. Il veut un gars avec la niaque et il l’a trouvé.
Je suis content d’avoir réussi et me voilà de retour vers la voiture.

La voiture est toute embuée et le moteur tourne encore.
Je tape au carreau et Brigitte m’ouvre.
Elle semble impatiente de savoir si j’ai réussi et dès ma réponse, elle se jette sur moi pour
m’embrasser sur la joue en me disant « Bravo ».
Elle me pose mille questions et je dois répondre à tout à pleine vitesse.
Sur son visage, je vois qu’elle est réellement heureuse pour moi et j’avoue que cette nana me paraît
de plus en plus attirante.
Je commence à la regarder avec un autre regard et je découvre ses traits fins, ses yeux pétillants
d’un vert bleuté. Sa coiffure est encore en vrac et elle ne porte pas de maquillage mais elle est
quand même très belle.
Si elle avait une tenue un peu plus féminine, elle pourrait faire craquer n’importe quel mec sur
cette Terre.
Dehors, la neige recommence à tomber et le vent reprend du service. Encore facilement 3 heures de
route !

Je lui dis qu’il faut rentrer et aussitôt, son visage s’assombri. Je lui demande ce qui se passe
pour elle à la ville mais elle reste silencieuse en se mettant contre la vitre.
Je n’insiste pas et je commence à vouloir sortir de la place de parking.
C’est laborieux et la route est vraiment super mauvaise. Ma voiture fait office de chasse-neige en
cumulant la neige devant le pare-choc.
A une intersection, je décide de prendre à travers bois pour profiter du couvert des arbres.
Brigitte est d’accord avec moi et nous prenons une petite route pour 1km en forêt pour éviter les
congères dans la plaine.
Rapidement, je me rends compte que cette idée est très mauvaise et je dois abandonner après la
moitié du parcours à cause d’un arbre couché à travers la chaussée.
Je tente de reculer mais c’est carrément « mission impossible ».
Je croise le regard de Brigitte et je vois comme de la reconnaissance dans son regard.
Je lui demande ce qu’il y a de si horrible en ville pour qu’elle préfère se perdre en forêt avec un
inconnu en pleine tempête de neige.

Dans la voiture perdu dans le linceul blanc de la campagne Champenoise, elle me dit que ces parents
l’ont mise dehors et qu’elle passe pour une salope parce qu’elle n’accepte pas que son copain couche
avec tout le monde.
Quand je lui demande si son mec va s’inquiéter pour elle, elle sourit en m’avouant que ça fait un
moment qu’elle est seule dans la vie.
Pour tenter de lui faire revenir le sourire, je lui dis qu’elle n’est pas seule… juste un peu isolé
dans une forêt !
« Je suis bien mieux avec toi ici qu’en ville. »
Je lui promets de l’héberger chez moi le temps que ça aille mieux si elle m’aide à sortir de ce
bois.
Elle m’offre le plus beau sourire jamais encore vu et elle hoche la tête pour signer l’accord.

Un regard sur le réservoir et nous décidons quand même de tenter de sortir de cette situation
hasardeuse.
Pendant plus d’une heure, nous avons bossé pour dégager la neige et tourner la voiture dans le sens
du retour.
Complètement frigorifié après seulement quelques dizaines de mètres franchis, je décide d’abandonner
et de rentrer à l’abri de la voiture.
Brigitte m’accueille dans l’ambiance moite et juste chaude du véhicule.
Je grelotte et j’ai un mal de chien à me réchauffer.
Je baisse les sièges et je vais dans le coffre prendre les couvertures qui traînent toujours en cas
d’urgence.
Je me déshabille pour retirer les fringues trempées et je me couvre avec les deux couvertures.
Le moteur tourne toujours et je commence à m’inquiéter de la suite des évènements.
Incapable de me réchauffer, Brigitte me regarde et me demande si ça va.
J’arrive quand même à lui sortir une blague au sujet de la plage mais elle reste inquiète.
Au bout de 10 minutes, elle retire son pull et se glisse sous la couverture pour se plaquer contre
moi.
Je sens aussitôt la chaleur de son corps et la pression de sa poitrine contre moi.
Elle est en tee-shirt et le contact de son corps me donne une érection… c’est toujours ça de gagné !
Elle me demande si ça va mieux.
Je n’ose la toucher de peur qu’elle se méprenne sur mes intentions. De plus, j’ai les mains glacées.
Elle prend l’initiative et me prend les mains pour les mettre dans les siennes.
J’ai la tête dans ses cheveux et mon esprit commence à la désirer.
Elle s’agite sous les couvertures et elle glisse une de mes mains dans son jean qu’elle a ouvert,
sur le haut de ses hanches.
Je suis tellement « out » que je me laisse faire.
Elle rigole en me disant que je lui glace les fesses.
Je m’excuse mais ça l’a fait encore plus rigoler de la situation.
J’ai mal aux bouts des doigts mais cela indique que la chaleur commence à circuler de nouveau dans
mes extrémités.
Malgré les efforts de Brigitte, je ne peux empêcher les frissons de me parcourir.
Brigitte m’enlace et se colle à moi en me frottant le dos.
Je suis en tee-shirt et elle glisse ses mains chaudes directement sur ma peau, sous le tissu.
Je lui dis que c’est cool comme premier rendez-vous mais Brigitte n’est plus dans l’humour, elle
s’active pour m’aider avec toute la force qu’elle peut avoir.
Mes mains sur ses hanches la caressent sans vraiment le vouloir. Ses frictions commencent à devenir
des caresses et la nature prend le parti d’unir notre esprit dans un jeu bien connu.
C’est elle qui commence en m’embrassant dans le cou.
Au deuxième baiser, je sors une main de son jean et la glisse dans son dos, directement sous le tee-
shirt.
Ma main arrive à la fermeture de son soutif et je me glisse en dessous pour rester contre sa peau.
Nos respirations s’accélèrent et dans un mouvement commun, nos bouches se trouvent pour un
langoureux baiser.
Ma langue joue doucement avec la sienne et elle se presse contre moi.
D’un geste presque trop précis, je dégrafe l’attache de son soutif. Brigitte se dégage de mon baiser
et me susurre à l’oreille « Il ne tient pas, ce n’est pas grave ! »
« Merde… moi qui me prenait pour un Dieu d’avoir réussi du premier coup ! »
Elle rit de ma réponse et nous reprenons notre baiser.
Mes deux mains sont dans son dos. Brigitte en fait autant et elle commence à soulever mon tee-shirt.
Je crève d’envie de passer mes mains sur sa poitrine mais j’ai peur de casser ce moment magique.
C’est encore Brigitte qui prend le devant et elle retire d’un coup son tee-shirt et son soutif.
Le temps qu’elle se déshabille, je regarde avec plaisir une paire de seins avec plein de taches de
rousseur.
Les tétons sont très sombres et crispés avec une auréole bien dessinée.
Nous nous plaquons l’un contre l’autre et nous nous caressons pendant un long moment.
Ensuite, tout se passe sans un mot avec une infinie douceur.
Brigitte se met nue comme moi et elle vient se poser sur mon sexe dressé.
J’entre en elle et nos corps s’agitent dans le silence de cette voiture perdue.
Nos plaisirs se rejoignent et quand nous reprenons nos esprits, la voiture est couverte
intégralement d’une épaisse buée à l’intérieur.
Nous restons enlacés sous la couverture et quand deux grands coups heurtent la voiture, nous
poussons ensemble un cri d’effroi.
Sans rien faire, la portière s’ouvre et la tête d’un homme hirsute s’encastre dans l’ouverture et
nous regarde avec surprise.
Aussitôt après, il éclate de rire et me demande si je suis Mr Lejeune.
Etonné, je réponds oui.
Il part aussitôt dans une explication fumeuse au sujet de mon futur patron qui lui a demandé de
partir à ma recherche pour me ramener à l’abri.
Il regarde Brigitte et moi, à tour de rôle et nous dit : « Continuer les s, je m’occupe de la
voiture ! »
En éclatant de nouveau de rire, il ferme la portière qui nous éclabousse de neige.
A notre tour, nous partons d’un grand fou-rire.

L’agriculteur accroche notre voiture et nous traîne jusqu’à la ville où il dépose la voiture devant
une grande maison.
Pendant le temps de la route, tiré par le tracteur, nous nous habillons.
Au moment où le voyant de carburant s’allume, la voiture s’arrête.
L’agriculteur ouvre la porte et nous regarde avant de dire « Dépêchez-vous et entrer à l’abri chez
Mr Cardois.
Nous partons en courant pour nous engouffrer dans une maison cossue.
La chaleur nous accueille en même temps que le patron que j’avais rencontré plus tôt dans la
journée.
« Pas très intelligent de se perdre par ce temps ! Je n’accepte pas de perdre mon meilleur atout au
moment où je le trouve ! Entrez vous réchauffer ! »
Le couple nous accueille comme si nous étions mari et femme. Un regard avec Brigitte cèle un accord
tacite.
Nous sommes invités pour la nuit et jusqu’à ce que les routes soient dégagées.
Brigitte est rhabillée par la fille des proprios. Moi, c’est carrément le patron qui me prête des
fringues.
L’agriculteur entre pour informer que tout est en ordre. Il explique rapidement qu’il nous a trouvé
grâce aux traces se dirigeant vers la forêt. Seul un gars qui ne connait pas la région pouvait avoir
l’idée saugrenue de se perdre dans le bois.
Pour finir, il me fait un clin d’œil à la sauvette et je comprends qu’il garde le passage de notre
découverte secret.
Le patron le remercie et j’en fais autant..
Pendant le repas, le patron discute âprement avec moi et nous commençons même à parler collaboration
et plan de bataille pour l’avenir. Brigitte est à l’aise et discute avec un sourire que je découvre
quand j’ai l’occasion de la regarder.
Nous finissons dans la chambre d’amis avec une salle de bain privée.
Je propose à Brigitte de prendre la salle de bain en premier car je considère l’épisode de la
voiture comme une aventure sans lendemain.
Brigitte me prend la main et me traine à sa suite dans la salle de bain.

A chaque fois qu’il neige, je repense à cette journée.
Aujourd’hui, ça fait trois ans et mon patron est le témoin que je choisi pour être le témoin de mon
mariage.
Brigitte choisi ma sœur avec qui elle s’entend à merveille.

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