Action ! 1Ère Partie

Allongés sur un canapé recouvert d'un vaste tissu de velours rouge, les amoureux se donnent à fond, si l'on peut dire. La bite coulisse dans le cul offert, sort de son fourreau, se voit déposséder de la capote et subit une masturbation complémentaire administrée par une main énergique. Le foutre gicle sur le corps du jeune éphèbe couché. Le mâle qui vient de le sodomiser avec délectation s’agite en spasmes éjaculatoires. Un caméraman filme le flot liquoreux, un autre une vue d’ensemble. Les jets s’amenuisent rapidement. L’homme s’allonge sur son partenaire, le souffle saccadé, suite aux efforts consentis. Une demie minute de repos l'apaise tandis que des mains continuent de parcourir son dos, ses cuisses, sa queue humide et poisseuse.
Remis de ses émotions, le mâle s'empare de la petite bite quasi-juvénile qu'il branle consciencieusement. Elle explose en deux saccades de sperme aspergeant un ventre déjà bien maculé. Le mâle dépose quelques petits baisers sur la peau tendre, choisissant les rares endroits secs, sourit, se lève après avoir administré une petite tape sur les fesses meurtries par la baise. Une voix clame :
<< - Coupez ! C’est bon ! >>

Chacun s’affaire aux divers rangements pendant que les deux acteurs se retirent sous la douche.
Le metteur en scène donne des instructions pour demain, puis quitte le plateau. Il savoure sa chance. Trouver un jeune de 25 ans en paraissant tout juste 18, voilà qui n’est pas courant. Les amateurs de chair fraîche seront satisfaits. Reste à ne pas dévoiler la date de naissance de l’intéressé qui, au demeurant, ne demande pas mieux.

Pascal est un homme d’une quarantaine d’année, peut-être un peu plus, si l’on en juge par ses tempes légèrement grisonnantes. Quoique cela ne soit pas vraiment un critère d’âge. Sa carrure impressionne par son ampleur, la force qu’elle dégage. On voit de suite que le mec n’est pas bodybuildé. Il se rend chaque matin à la piscine pour y nager durant une heure.

Dans la soirée, avant le dîner, il passe près d’une autre heure en salle de musculation. Jamais il ne déroge à ces deux occupations qui, seules, lui garantissent un physique sans un gramme de graisse. Son visage dégage une impression presque bestiale, simiesque disent certains. Ses yeux, toujours en mouvements tant sa curiosité est vivace, sont empreints d’intelligence. Pascal n’a rien du sportif genre brute épaisse. C’est un être délicat, doux, aimant. Dès son plus jeune âge il sait être homo. Soucieux d'éviter les imprécations homophobes, génératrices d'horions et autres yeux au beurre noir, il s'acharne à vouloir entrer "dans le milieu" pour y prendre une activité professionnelle.
Faute d’avoir suivi des études secondaires, faute de détenir un diplôme professionnel quelconque (l’école il n’aimait pas du tout si l'on excepte les masturbations réciproques sous le bureau ou dans les chiottes), faute de piston, faute de parents soucieux de son avenir, Pascal, après maints petits travaux plus salissants les uns que les autres, tout juste âgé de 18 ans, se décide à louer ce qu’il a de plus précieux, de plus beau : son corps. Car, jamais il n'a négligé cet atout. Un brin de narcissisme l'a maintenu dans une certaine discipline d'hygiène corporelle. Cependant, pas question pour lui de faire le tapin ! Le cinéma porno deviendra sa planche de salut. Après bien des hésitations, sur les conseils d’un copain, il se présente à un casting d’où il se fait jeter pour cause de tronche "à faire peur", comme l'a si gentiment précisé un assistant metteur en scène. Notre star en devenir ne se décourage pas pour autant, malgré de nombreux refus. Il réitère sa démarche jusqu'au jour où on apprécie enfin ce qu'il présente: son corps. L'embauche s'effectue sous réserve qu'on ne lui donne pas de texte à dire: on le croit demeuré, idiot. Encore une idée toute faite: fort physiquement signifie con. Pascal n'en a cure! Le principal pour lui étant de s'immiscer dans ce milieu, d'y faire carrière, de durer le plus longtemps possible.
Sa ténacité l'aide à supporter nombre d'avanies, de vexations. Jamais il ne regimbe, jamais il ne refuse un rôle. Arrive le moment où les spectateurs, amateurs de porno gay, s'attachent à son image, à son physique puissant, à sa virilité toute naturelle. On apprécie ses séances de baise, on aime le voir enculer toutes sortes de mecs, avec un entrain identique. Jamais il ne débande. À peine touche-t-on son pénis, que la chair gonfle. Nul besoin de le masturber, de le sucer, durant de longs instants avant de le voir se raidir. Un toucher et l'automatisme s'enclenche aussitôt. Ses éjaculations abondantes émerveillent. On s'émeut à constater que cette grande masse, ce grand gaillard, ce costaud, se fait des plus câlins dès qu'il entoure la taille d'un partenaire, qu'il touche une autre peau que la sienne. À n'en pas douter, Pascal aime faire l'amour, transmet à l'autre cette passion. Pour lui, ce succès représente l'occasion de ne pas renouveler le contrat par lequel il est un acteur exclusif pour un studio. Il devient indépendant, choisit ses films, tourne quand il veut. Bien entendu, ses émoluments évoluent dans le sens de la hausse. Il discute âprement chaque contrat. Il peut se vanter d'être un des rares "hardeurs" à gagner sa vie plus que correctement.
Aujourd'hui, après plus de vingt ans de bons et loyaux services, il se retire. Il tourne son ultime film, sorte de baroud d'honneur, dans lequel il participe à toutes les scènes. Par ailleurs, le producteur parle de multiples "best of" sur sa filmographie. On espère des retombées financières abondantes.

Vivien, toujours jeune écervelé épris de sexe, s'épanouit en plongeant dans le porno, façon comme une autre de gagner sa vie afin d'échapper à une famille génératrice d'opprobre, de vindictes, à son égard. L'indépendance, il n'y a que ça, selon lui! On ne peut pas dire qu'il soit un fana du boulot. Il serait un tantinet fainéant, même. Aussi, après tant et tant d'expériences plus décevantes les unes que les autres, s'est-il décidé à franchir le pas en quittant ce qu'il convient d'appeler un travail sérieux pour une occupation plus contestée bien que fort appréciée: faire des films cochons.
Son faciès d'ange, ses cheveux blonds (naturels) soulignés par des yeux pers, lui ont évité bien des démarches ou castings. En fait, il s'est vu engagé dès sa première tentative. Ses employeurs ont supposé en lui une proie facile à berner, se fiant aux confidences du garçon concernant ses états d'âmes. Prêt à de nombreux sacrifices pourvu qu'il n'ait plus aucune raison d'aller quémander auprès des siens, il accepte le tout venant. Inconscient de sa naïveté, il donne le meilleur de lui-même ou ce qu'il croit l'être. La scène qu'il vient de tourner en compagnie de Pascal est l'avant-dernière du film. Demain ils s'affaireront à la première et la seconde. La dernière occupera le surlendemain. Les deux journées précédentes étaient consacrées aux scènes trois et quatre. Pour Vivien, c'est son premier tournage, sa première scène. L'un débute, l'autre termine.

Comme à l'accoutumée, Pascal procède à un nettoyage méticuleux de son corps. L'eau très chaude lui apporte délassement, bien-être. En face de lui, Vivien l'observe, un peu épaté par tant de grâce chez un être qui semble si frustre. Intimidé, il bredouille:
<< - J'ai pas été trop mauvais? >>

Surpris par cette question, bougon parce que dérangé dans sa toilette, Pascal rétorque:
<< - C'est pas à moi d'le dire. Faut voir avec l'metteur en scène. >>

Déçu par cette remarque, le jeune insiste:
<< - Tu t'y connais, quand même.
- Ouais, bon! T'es pas mal comme mec, t'as un beau cul, t'es bien foutu. T'as une belle gueule. Ça suffit pour c'genre d'boulot. Surtout si tu t'contentes de t'faire baiser. Côté bite, t'es pas trop verni, c'est plutôt maigre. T'engage pas dans des scènes d'enculeur, t'as pas c'qui faut pour ça. Pour l'reste, y suffit d'aimer baiser et d'le faire savoir. C'est pas plus compliqué qu'ça. Et j'crois qu't'aime baiser. Tu prends bien ton pied. T'y arriveras. Voilà, t'es content?
- J'suis assez content. >>

Pascal reprend son occupation.
L'autre continue de le dévisager. Il s'approche, pose une main sur le pénis couvert de mousse, l'astique un peu. Son geste reçoit la récompense attendue: la bite, de nouveau en effervescence, appelle à plus d'action. Très vite elle se retrouve, une fois "habillée", frémissante dans le joli petit cul qui frétille tant et plus. Les respirations deviennent précipitées. Une main s'empare de la petite bite raide. Les deux amants jouissent de concert. Un doux baiser, langues coquines, clôt les ébats. Le mâle prophétise:
<< - Ouais, t'as c'qui faut pour réussir dans c'métier comme enculé seul'ment! T'aime autant t'faire baiser qu'moi j'aime baiser. >>

Vivien se plaque contre lui en signe de remerciement.
<< - Tu m'apprendras c'qui faut?
- Trop tard, mon gars. C'est mon dernier film. Après j'arrête. >>

La moue significative attriste le visage du jeune garçon. Il ne peut retenir une réflexion concernant l'admiration qu'il voue à Pascal. Admiration cachée depuis qu'il est jeune adolescent boutonneux qui, il n'y pas si longtemps encore, se masturbait en regardant, en cachette, profitant de l'absence de ses parents, les films pornos volés dans un sex-shop, de cet homme pour qui il éprouve ce qu'il qualifie de doux sentiments. En dirigeant ses pas vers un studio de cinéma porno, il ne croyait pas devoir tourner avec son idole. Décidément, la chance le comble, mais pour combien de temps? À peine rencontré l'homme de ses rêves, il apprend que leurs routes ne font que se croiser furtivement, lors d'un tournage. L'insouciance a ceci de pratique c'est qu'elle ne s'attarde pas sur les désagréments, quels qu'ils soient. Vivien pense de suite au lendemain: il sera encore le partenaire de Pascal. Une journée, c'est presque toute la vie en somme. Une autre suivra. Durant ce temps bien des événements peuvent arriver, des imprévus venir changer le cours des choses.

*****

Cheminant le long de la rue, le garçon se dirige vers son gîte ou ce qu'il considère comme tel: une mansarde que lui sous-loue un copain à peine plus riche que lui. Pour sa liberté, il a dû se passer de confort. Il pénètre dans "sa chambre", vérifie que rien ne manque. Ici, les visites intempestives s'avèrent fréquentes: la porte ne ferme que par une serrure d'un autre temps. Tout est là, à sa place. Ce soir, pas besoin d'aller quérir de l'eau sur le pallier: il a pris une bonne douche avec "son homme" comme il aime à le nommer dans sa tête. Il fouille une poche de son vieux blouson de cuir, en retire une serviette de papier enveloppant quelques rondelles de saucisson, deux morceaux de pain, chapardés lors du repas pris en commun au milieu de la journée. Ses yeux pétillent rien qu'à l'idée de percevoir sa paye dans deux jours. Enfin il assure sa survie. Ses projets restent simples. D'abord trouver un abri plus convenable, plus confortable, moins aléatoire. Ensuite courir chez le tatoueur qu'il connaît afin de faire graver dans sa chair le dessin qui le fait fantasmer. Cette dépense n'a rien d'innocente, de futile: un hardeur se doit de porter tatouage, c'est connu, presque obligatoire. Enfin, troisième priorité, se préoccuper de son corps, le muscler, le faire se développer afin qu'il coïncide avec son véritable âge d'adulte. Mais tout cela il le sait depuis longtemps, depuis que son "ange gardien" le lui serine. Celui-ci entre doucement, se déshabille, se couche, murmure:
<< - Alors, ça a marché?
- Impeccable! Je tourne dans le film. >>

Vivien ne parle pas de Pascal. D'ailleurs, un autre sujet de préoccupation l'accapare: des mains entament une montée vers les délices érotiques bien que brefs et succincts.
La nuit est agitée. Il ne cesse de revoir en rêve ses exploits devant la caméra, puis sous la douche. Sa mémoire magnifie le partenaire, le rend presque inaccessible. Pourtant, lors de ses réveils successifs, Vivien revient à l'évidence: c'est bien Pascal qui l'a pénétré à deux reprises. Quand arrive l'heure de se lever pour de bon, la forme revient.

Le metteur en scène hurle:
<< - Qu'est-ce qui m'a foutu des hardeurs pareils! Même pas capable de bander! >>

Pascal, bite bien dressée, attend son tour, tout en caressant son bas-ventre. Sur le plateau, deux mecs affalés sur un lit se masturbent avec frénésie: en vain. Leur braquemart, lourd, énorme, ne réagit pas ou trop peu.
L'autre continue de beugler:
<< - Pas la peine d'avoir un tel engin si c'est pour le voir pendre comme une chiffe molle! Allez vous rhabiller! On verra plus tard. Pascal, désolé, mais on change de programme: ces deux-là ont la bite en désolation. Ils sont justes bons à jouer les impuissants. On va filmer autre chose. Il est là le Vivien? >>

L'interpellé arrive sur ces entre-faits. On lui annonce le changement. Il se précipite dans la loge commune où un maquilleur s'évertue à lui appliquer quelque crème destinée à cacher les petits défauts de son visage, le rendant ainsi plus impersonnel. Une fois déshabillé à la vitesse grand V, l'acteur se rend sur le plateau, queue bien droite, bien rigide: l'effet de penser qu'une fois encore il va baiser avec sa vedette favorite. Tout le monde montre un visage épanoui: voilà deux vrais hardeurs, toujours prêts au combat.
Le tournage commence sous les directives du metteur en scène. Chacun effectue son travail dans le calme, consciencieusement.
<< - Vivien, lève un peu plus ton cul. Là, voilà, c'est bien. Pascal, fourre-le avec délicatesse. C'est la scène tendre, l'oublie pas. Comme ça, pas mal du tout. >>

Très vite, plus personne ne dit mot. Un silence envahit la pièce. Tous les yeux sont fixés sur le lit. Les automatismes font que chacun continue son travail. Mais le véritable pôle d'intérêt réside dans ces deux hommes au bord de l'éjaculation. On ne tourne plus un film, on joue les voyeurs. Chacun savoure le spectacle, une main sur la braguette. Pascal, protecteur, amant, aimant, semble s'excuser de ne pouvoir donner plus de plaisir à Vivien malgré toute l'attention apportée pour satisfaire ses appétits sexuels. On est loin du scénario qui prévoyait une baise douce mais très brève. Vivien oublie l'entourage, le plateau, les projecteurs, les caméras. Il ne voit, ne sent, qu'une personne: Pascal. Les soupirs, suggestifs deviennent comme un fond sonore des plus excitants. Le baiseur se soulève légèrement afin que l'on puisse filmer la bite pénétrant l'anus. Délicatement, suavement, il sort son engin de l'orifice, le rentre, à plusieurs reprises. Plus besoin de conseils. Pascal connaît depuis fort longtemps les positions à prendre afin de permettre de bonnes prises de vue. Obnubilé par la chair de son amant, Vivien se laisse guider. Plus de vingt minutes, d'une sensualité féroce, s'avèrent nécessaires pour amener les amants au paroxysme du plaisir. Les jets de foutre émis par Pascal inondent le corps de Vivien qui éjacule à son tour. Les souffles courts s'apaisent, les cœurs battent moins vite. Chacun reprend conscience de la réalité. Le metteur en scène, un peu gêné par cette sorte de torpeur dans laquelle tout le monde s'est complu, crie le fameux:
<< - Coupez! >>

Les deux acteurs se rendent sous la douche, sans précipitation, satisfaits du travail accompli, heureux de se donner à fond dans ce job qu'ils aiment.
Sur le plateau, un assistant se renseigne:
<< - On la garde comme ça, la scène? >>

La réponse est évidente: bien sûr qu'on la garde!
Pour Vivien, l'aventure prend fin. Son contrat stipulait deux scènes.

*****

Cette fois, pas d'extra sous la douche. On se regarde, on se sourit, on se frotte mutuellement le dos et les fesses. Au loin une voix claironne:
<< - Où ils en ont les impuissants? >>

Vivien s'approche de Pascal, se plaque contre lui, ronronne:
<< - C'était vachement chouette tout à l'heure. >>

Il ponctue sa remarque d'un petit bisou sur le sein de celui qu'il considère, dorénavant, comme le seul mec à conquérir en priorité.
Des éclats de voix leur parviennent: la crise n'est pas terminée. Les deux défaillants défaillent toujours. Rien ne peut les faire bander. C'est la catastrophe. Le metteur en scène n'arrange pas la situation. Sa vindicte, ses moqueries, ses vexations hurlées, rendent les bandaisons encore plus aléatoires. L'une des deux victimes s'écroule en proie à une crise de nerfs. Cela provoque une fureur sans nom chez le "patron". L'autre victime se lève, assène un coup de poing sur la tête du dirigeant tortionnaire. Ce geste le calme et la bite daigne enfin se redresser de suite imitée par celle de son compagnon d'infortune. Comme quoi, il suffisait juste d'un petit rien. Bien entendu, pas question pour ces deux-là de poursuivre. Tandis que l'on dépose l'assommé sur le sofa du décor, qu'on lui fait respirer des sels, ses agresseurs se retirent le plus dignement possible. Une fois arrivés dans la loge, ils racontent à Pascal et Vivien leur haut fait. Ensuite, ils se rendent sous la douche où ils calment leur érection par une partie de jambes en l'air digne du meilleur porno.

Tout est stoppé. On boit un café en attendant la remise en état de Jacques (le metteur en scène). Il ne tarde pas à manifester quelque raison même s'il éructe:
<< - Je vais porter plainte! >>

Chacun sait qu'il n'en fera rien par crainte du scandale dans sa famille où l'on croit qu'il dirige une troupe de théâtre itinérant.
Reste que la journée est fichue. Un important retard s'annonce. Le producteur, présent, n'apprécie guère. Il le fait savoir, exigeant que les délais soient respectés sans avoir à verser une rallonge financière. Il oublie seulement que c'est lui qui a imposé ce couple non bandant, couple dans la vie comme à la scène.
La solution vient d'une voix timide: un perchman propose:
<< - Pascal et Vivien sont encore là, je peux jouer, je l'ai déjà fait en remplacement. >>

Certes, la simplicité de la proposition éclaire les visages. Toutefois, Benoît le producteur, renâcle:
<< - Pascal n'est pas donné. Il va demander une grosse compensation. >>

En effet, Pascal demande une grosse compensation, non seulement pour lui mais également pour Vivien. Le perchman, trop heureux d'étaler ses atouts de hardeur amateur, n'a aucune exigence spéciale. Force est de céder. Retarder le tournage de plusieurs jours afin de trouver des remplaçants coûterait beaucoup plus cher. Tout le monde se remet au travail, y compris Jacques qui ne cesse de gémir après sa bosse sur le crâne.
Vivien, heureux de ce contre temps qui lui apporte un supplément financier et un supplément de baise avec son idole ne cache pas sa joie qui s'étale tout au long de la scène. Entraîné par cette ardeur (sic) les deux autres participent corps et âmes, n'écoutant pas les ordres de Jacques qui, au demeurant, s'en fiche complètement ou peu s'en faut car seul son mal de tête l'importe. Les cameramen se délectent à filmer, braguettes gonflées à bloc. Dans son coin, Benoît tripote son bout de viande flasque gisant dans son slip. A 72 ans, son unique sexualité consiste à regarder tourner les films pornos. En de très rares occasions, un futur acteur lui fait des avances sous réserve d'être engagé dans un film. Mais il s'agit là de faits exceptionnels vu l'état physique du producteur au regard libidineux et à la panse proéminente. Rendons-lui cette justice: il ne fait aucune avance ou autres propositions sexuelles, jouant ainsi sur son pouvoir d'embaucher ou non.
Une fois le tournage prévu bouclé, chacun quitte le plateau, soulagé que cette journée s'achève. Pascal propose à Vivien:
<< - Ça te dit d'venir manger un bout avec moi? >>

L'autre opine du chef, ricanant mentalement sur le sens du bout à manger. Toutefois, il ne saurait refuser: les maigres repas de ces derniers jours le rendent un peu faiblard. D'ailleurs, Pascal note:
<< - J'me doute que t'as pas tous les jours d'quoi t'remplir la bedaine. J'connais, j'suis passé par là. Y'a pas d'quoi avoir honte, tu sais. T'es comme moi au début. J'me lavais au boulot, j'avais pas c'qui fallait dans mon gourbi. Pour la bouffe, j'sautais sur l'buffet entre deux scènes. L'soir j'croquais c'que j'avais pu ram'ner. >>

Tout en parlant, il pose sa main sur l'épaule de son interlocuteur. Il continue:
<< - C'est drôle quand même. L'jour où j'pars, j'tombe sur un p'tit mec qui m'plaît beaucoup. P't'être qu'si j't'avais connu plus tôt j'aurais pas pu t'apprécier comme maint'nant. >>

Juste les paroles que Vivien voulait entendre, à quelque chose près. Avant de franchir la porte qui donne dans la rue, il se pelotonne contre Pascal qui rouscaille:
<< - Douc'ment, p'tit, on sort. Faut être discrets. >>

Dans la voiture, Pascal, en verve pour une fois, parle travail. Il raconte ses débuts, comment il a rencontré Jacques, leur vie commune durant près de onze ans puis leur rupture. Entre temps, lui avait créé, ce qu'ils appellent le studio. En fait, il s'agit d'une grange retapée et aménagée afin d'y tourner des pornos. Tout a été conçu dans cette optique. Le lieu, en cas d'inoccupation par les producteurs du propriétaire, est loué à des confrères. Le narrateur ajoute:
<< - Si l'cul t'plaît, faut pas t'laisser faire pour autant, mec. C'est tous des sangsues. Si j'avais pas parlé pour toi, y f'saient une bonne affaire. Faut profiter d'la moindre occasion. Mais attention, y sont impitoyables et s'rappellent de tout! Des tenaces les gonzes. Si t'arrives à t'faire un nom, à avoir ta place, dis tes exigences, sans rien cacher mais sans rien exagérer. Tu verras, y s'feront à toi. >>

Le visage est sérieux. Le maître enseigne à son élève. Celui-ci écoute avec avidité, non pour apprendre mais uniquement pour entendre la voix vénérée. Sur sa lancée, Pascal constate:
<< - L'perchman était pas mal. Y baise bien. Pour l'métier, y'a encore des trucs qui manquent. C'est qu'il a pas la pratique d'la scène. Mais y d'vrait y arriver. Si on l'a avec nous d'main, j'serais content. >>

Le visage de Vivien s'assombrit. Non seulement Pascal ne précise pas ses sentiment à son égard, mais en plus il a l'air de lui préférer ce perchman. Il ne desserre plus les dents de toute la soirée, sauf pour manger. Cependant, après le dîner, il supplie:
<< - J'peux rester dormir avec toi, Pascal? Pas baiser, juste dormir. >>

Demande accordée avec empressement. On dort, les corps collés l'un à l'autre.

*****

Pascal et Vivien arrivent ensemble au studio, sous les sourires narquois de toute l'équipe: on ricane sur cette aventure qui semble débuter. On attend Jacques sans qui rien ne peut commencer. Benoît s'impatiente. Une ambiance électrique plane sur le plateau. En premier, on se demande quelles modifications seront apportées au tournage suite au départ des deux "impuissants". À l'origine, il était prévu que Pascal les sodomise dans une cave. L'action devait être brutale. On avait choisi deux mecs baraqués porteurs de bites énormes. Juste après, les deux enculés devaient s'enculer chacun leur tour. Malheureusement, ni Vivien, ni le perchman ne sont baraqués. Quant à la grandeur de leur pénis, elle donne plutôt dans le minime pour le premier et le moyen pour le second. En tout état de cause, ils ne présentent pas une virilité grandiose l'un et l'autre.

Jacques débarque sur le plateau, feuilles en main. Sans prendre la peine de saluer qui que ce soit, il maugrée:
<< - Je suis crevé. J'ai mal au crâne. Alors faut pas m'emmerder. La scène de ce matin va devenir la première du film: la rencontre de Pascal avec Vivien. Bernard, t'es toujours d'accord pour continuer? >>

Le perchman saute presque de joie. Les yeux de Pascal brillent un peu plus tandis que ceux de Vivien se ternissent légèrement. Jacques explique:
<< - C'est simple. Vivien et Bernard vous êtes deux petits truands à la manque. Vous tentez de voler le portefeuille de Pascal qui vous maîtrise salement. Ensuite, il vous encule en guise de punition. Bon, on y va! >>

Plusieurs essais s'avèrent nécessaires avant le tournage définitif. Les deux jeunes s'en donnent à cœur joie. Pascal s'amuse. Il ne croit guère à ce scénario bien qu'il s'applique à jouer. Les gueulantes de Jacques succèdent aux "Action!" ou "Coupez!" ou encore "On recommence!". Cet homme ne sait pas diriger sans hurler, manifester un éternel mécontentement sous lequel transparaît une jalousie cachée. Il n'oublie pas ses années passées dans les bras de Pascal. Dans un ou deux jours, ce sera fini, vraiment fini. Son grand amour partira vivre une autre vie. Ils ne se verront plus ou fort peu. Il le perdra pour de bon. Jusqu'à présent, la rupture n'est pas totalement consommée: ils se voient presque chaque jour. Jacques conserve un espoir. Comme il regrette d'avoir humilié Pascal à maintes reprises. Comme il se morfond en se souvenant de ses crises de jalousie, d'autoritarisme ridicule. Et cette bosse sur le front qui le fait encore souffrir!
Tandis que le metteur en scène s'enfonce dans sa douleur, mentale principalement, les hardeurs ne ménagent pas leurs efforts. Vivien joue fort bien les assommés vite attaché, Bernard l'imite dans le teigneux rapidement maîtrisé. Tous deux se retrouvent cul à l'air. Pascal, pantalon sur les chevilles, admire les fesses tout en palpant doucement son énorme vit. Il s'accroupit, bouche au niveau du cul de Vivien qu'il lèche avec application, laissant entendre maints bruits de succions. C'est au tour de Bernard d'apprécier les douceurs linguales. Quelques minutes de ce petit traitement affectueux et voilà nos jeunes gens prêts à recevoir la manne du braquemart. Plusieurs claques bien ajustées détendent les chairs et le cylindre s'enfonce sèchement dans l'anus d'un Bernard surexcité pendant que deux doigts pénètrent celui d'un Vivien haletant d'impatience. Deux ou trois minutes de pistonnage et le premier se trouve délesté de l'impressionnant pénis vite remplacé par des doigts fureteurs. Le second se raidit pendant la pénétration de cette bite dont il ne saurait plus se passer à l'avenir. Il veut en savourer tous les charmes, toutes les sensations, en connaître les moindres détails, en sentir les plus petites effluves. Une joie intérieure l'envahit lorsqu'il s'aperçoit que Pascal l'encule plus longuement avec, juge-t-il, plus de volupté. L'inquiétude revient quand Bernard bénéficie du privilège de sucer le gland turgescent, sous prétexte qu'il doit subir une punition plus sévère. Les mauvaises idées s'envolent lorsqu'il a l'honneur de faire éjaculer abondamment un Pascal toujours bon jouisseur.
Comme souvent, les techniciens fourragent leurs braguettes en contemplant la scène. Un peu en retrait, on entend de forts soupirs, un petit cri étouffé. Benoît vient de gicler dans son caleçon: cela ne lui était pas arrivé depuis des temps immémoriaux.

Ce qu'aime Pascal après le boulot, c'est le passage sous la douche en compagnie de Vivien. D'ailleurs, il aime sa présence bien qu'il ne s'en rende pas vraiment compte. Aujourd'hui tous deux cheminent vers l'eau bienfaitrice. Bernard croit bon de s'immiscer entre eux, babillant sans cesse, se frottant à Pascal quitte à bousculer quelque peu celui qu'il considère comme son rival: Vivien. Tout se passe comme s'il s'agissait d'un jeu anodin. Mais Pascal n'apprécie pas cette intrusion dans son intimité. S'il n'a pas honte de son métier, il a besoin de compenser ses baises publiques par des moments à lui, avec une personne de son choix. Au travail on lui impose un partenaire (ou des partenaires). Ailleurs il veut son libre arbitre. Sans ménagement, il éjecte un Bernard déconfit:
<< - T'es pas obligé d'nous suivre partout! Reste à ta place et on s'entendra mieux. >>

Vivien cache sa joie en s'éloignant un peu, faisant mine de ne rien entendre. Pas question de montrer son plaisir. D'abord parce qu'il n'est pas du genre à tirer sur une ambulance comme on dit, ensuite parce qu'il craint que cela ne lui nuise auprès de Pascal, enfin parce qu'il se souvient d'avoir été repoussé lui aussi et que cela peut encore lui arriver. Dans un coin de son crâne, une image se fixe: le portrait de celui qu'il appelle son ange gardien.
Le perchman écarté, Pascal et Vivien reprennent leurs jeux érotiques sans aller jusqu'à la jouissance totale. Ils se "mignardisent".
Demain, journée de plein air pour les tournages en extérieur.

*****

Personne ne manque au rendez-vous. Jacques semble de meilleure humeur. Son caractère un tantinet futile reprend le dessus. Hier soir, juste avant de regagner son domicile, il s'est trouvé une passion naissante pour… Bernard le perchman. Ce dernier n'a pas lésiné sur ses efforts dans le but de parvenir à ses fins: devenir indispensable au producteur. Pour cela, il doit accepter quelques compromis, s'attirer des amitiés. D'habitude, il rechigne dès qu'il s'agit d'enculer un mec. Il préfère, et de loin, offrir son cul aux bites de passage. Mais dans le cas présent, il a consenti d'énormes concessions en enculant le metteur en scène à quatre reprises durant la nuit. L'autre est tout aussi vorace de queues entre ses fesses. En frayant avec Pascal, Bernard espérait obtenir de lui qu'il le recommande comme metteur en scène assistant, une montée en grade. Son coup raté, il s'est carrément jeté sur le cul de Jacques afin d'obtenir de lui gain de cause. Certes, aucun contrat verbal n'a été conclu, mais il ne désespère pas. Le regard chargé de fatigue lui dit combien Jacques est comblé. Comme quoi, même une bite de taille moyenne peut satisfaire tous les désirs, sans omettre que tout effort doit obtenir récompense.
Pascal arrive seul. Vivien ne tourne plus. Il viendra un peu plus tard pour percevoir ses émoluments.
La matinée se déroule sans accroc. Pas de scène porno, juste quelques intermèdes à filmer. L'humeur semble détendue.
La dernière image bouclée, on se dirige vers un buffet froid, au milieu duquel trônent plusieurs bouteilles de mousseux, inévitable terme d'une collaboration de quelques jours. Benoît y va de son petit discours de remerciements: il est heureux de payer si peu et d'encaisser autant, ça il ne le dit pas bien que son sourire béat l'affiche. Il se sait arnaqueur, mais c'est son véritable plaisir à lui. Jacques se console de ses déboires: le film est achevé même si le montage reste à faire. De plus, le départ de Pascal ne l'effraie plus, un autre amour l'attend, croit-il. Les techniciens se demandent quand ils reverront un bon hardeur, à l'identique de Pascal. Mais surtout, ils s'occupent déjà de trouver rapidement un autre emploi en attendant de revenir trimer sous les ordres de ce tyran. Pascal observe tout ce petit monde auquel se joint un Vivien épanoui qui a compris que son idylle ne prenait pas fin en même temps que ce tournage.
Une fois le compte de chacun dûment réglé, on se sépare dans une espèce de fausse camaraderie. On se reverra, c'est certain, métier oblige. Mais pas de véritable amitié dans ces relations-là. Le seul envers qui une certaine sincérité se manifeste, c'est Pascal. Il n'avait pas la grosse tête, n'emmerdait jamais qui que ce soit. Il imposait ses conditions, exigeait qu'elles soient respectées à la lettre. Il respectait celles qu'on lui imposait et qu'il avait acceptées. Rien de plus, rien de moins. Jamais de sentimentalité entre lui et ses coéquipiers. Vivien est la première exception.
On s'embrasse avec des sourires contrits. On se quitte.

Tenant Vivien par la main, Pascal l'entraîne derrière un fourré. Là, il honore son cul d'un bon coup de bite hautement protégée de latex, le gratifie d'une fellation en règle, le récompense en caresses et baisers langoureux. Une fois les pantalons remontés, la tenue vestimentaire ajustée, ils regagnent la voiture. Pascal, tout joyeux, s'exclame:
<< - Maintenant, on va tourner l'film de mes rêves; avec toi et moi comme acteurs principaux.
- J'croyais que tu arrêtais.
- J'croyais aussi. Seulement j'ai été obligé d'en accepter un autre, pour rendre service.
- Qui?
- Bernard. Y passe metteur en scène. Benoît produit.
- Mais c'qu'on vient d'tourner est basé sur ton départ.
- Jacques va connaître la nouvelle dès d'main: pas question de parler d'l'arrêt d'ma carrière. Ce s'ra pour l'prochain. >>

Vivien a beaucoup de mal à comprendre: pourquoi Bernard? Il expose son angoisse. Pascal le rassure:
<< - T'en fais pas, mec. J'devais un service à Benoît, j'règle mes comptes, c'est normal. En plus, on s'ra payé et bien payé, toi comme moi. On touch'ra pareil, un bon paquet. J'ai mis cette condition.
- Mais Bernard sort avec Jacques, non?
- C'était une tentative. Bernard ne supporte pas d'enculer, c'est pas dans sa nature à lui. Et Jacques non plus. Y'a aussi une histoire de vengeance que j'ai pas bien compris. J'aime pas trop ces racontars. J'les laisse s'arranger entre eux. Y'a aussi qu'Benoît n'veut plus d'Jacques. Il cherche à s'en débarrasser d'puis assez longtemps. Faut dire qu'Jacques à un caractère pourri. Y s'prend pour la reine du porno, respecte jamais ceux qui travaillent avec lui. Enfin, j'avais une dette envers Benoît, j'la paye, un point c'est tout. Tu participes oui ou non?
- D'accord, j'marche avec toi.
- Bien! J'pourrais t'fourrer encore deux ou trois fois. Ton cul, c'est ma passion à moi. >>

Cette perspectif met du baume au cœur du blondinet. L'avenir se présente au mieux. Reste à prévenir l'ange gardien que l'on cherchera probablement des hardeurs pour ce nouveau film.


À suivre…

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