Action ! -Fin-

En apercevant le tatouage sur le bras de Vivien, Bernard se contente d'ordonner:
<< - C'est un peu con d'avoir fait ça maintenant. Tu aurais pu attendre la fin du
tournage, quand même. Bon, ça fait rien, on va glisser une phrase ou deux là-dessus et
ça ira. Mais fait gaffe, tous les metteurs en scène ne seront pas aussi arrangeants.
Tu peux être viré, c'est une cause de rupture de contrat. C'est un corps que tu vends,
dans un certain état. >>

Pascal apprécie: pas de hauts cris, juste un reproche justifié, une mise en garde.
L'été brille de tous ses éclats. La chaleur, supportable, permet d'aérer les corps
très peu vêtus. Les peaux bronzent, rougissent, cuisent. Qu'importe! On se sent beau,
frais, jeune!
Toute l'équipe se retrouve au bord d'un lac, dans une propriété prêtée à Benoît pour
l'occasion. On installe le matériel pendant que les acteurs subissent un ravalement de
façade accompagné d'une tirade de la part du metteur en scène qui leur explique
l'histoire. Peu de temps après, on se retrouve sur ce qui est devenu le plateau:
<< - On est prêt? Alors action! >>

Naturels, Gaétan et Vivien jouent leurs retrouvailles présumées. Non loin de là,
Pascal observe. Il note le cambré des fesses de Vivien, la bosse proéminente sous le
bas-ventre de Gaétan. Rien que de voir ces deux-là, il bande. Ses pensées quittent le
déroulement de la scène pour voler vers des horizons plus érotiques. Baiser, il aime,
non il adore! Tâter des chairs fermes, des culs bien rebondis, lécher des rosettes
toujours attendrissantes, sucer des bites aux goûts variés, caresser, rouler des
pelles, bouffer des culs, tout ça l'enchante. Cependant, s'il y met toute sa science
de la baise, aucun sentiment n'entre dans ces relations. Il constate que sa réaction
est identique que ce soit professionnellement ou en privé.

Il est attiré par une
partie de jambes en l'air, il s'applique à satisfaire le ou les partenaires et à se
satisfaire, mais c'est uniquement sexuel. L'acte terminé, une fois seul, il oublie
complètement ce qui vient de se passer. Cela lui a permis de ne pas "s'accrocher".
C'était vital vu son métier. Or, étrangement, alors que sa carrière de hardeur
s'achève, sa faculté d'oubli semble s'estomper. Durant ses vacances, n'a-t-il regretté
à plusieurs reprises le cul de Vivien, au point de lui envoyer une carte postale? Un
éclat de voix l'interrompt dans ses cogitations:
<< - Coupez! Gaétan, tu veux que Vivien laisse tomber ton petit ami, pas l'engager à
vie pour des partouzes. Sois enjôleur, comme tu sais l'être dans la vie, mais
hypocrite pour le film. Tu vois ce que je veux dire? Et toi, Vivien, je t'ai dit pas
trop d'attitudes lascives: trop, ça fait pute et t'es pas une pute! Allez, on
recommence au moment où Gaétan entre dans le salon et trouve Vivien enfin seul…
Action! >>

Un bref instant distrait, Pascal en revient à ses réflexions. Non seulement il voit,
de temps à autres, les appâts de Vivien, mais ceux de Gaétan le harcèlent également,
même si c'est plus rare. Pascal vénère la grosse pine de son ami. C'est d'ailleurs le
seul mec à l'avoir enculé si l'on excepte la petite entorse faite avec Vivien.
Pourquoi a-t-il accepté de se faire baiser par Vivien, à la demande de Gaétan? Il n'en
sait fichtre rien! Cela le tarabuste souvent. Peut-être pour voir le visage radieux de
Vivien devenir plus souriant encore. S'il accepte avec joie la queue d'un Gaétan entre
ses fesses, c'est parce qu'elle est la queue de Gaétan, énorme, charnue, vigoureuse,
douce, jouissive. Il s'était promis de n'accepter dans son cul que des bites de cette
taille. Promesse non tenue. En y repensant, jamais il n'avait rencontré un engin
pareil.
Pourtant, il en est passé pas mal entre ses mains. Aucun d'eux ne l'excitait
au point de mettre son cul à leur disposition. Il cherche dans sa mémoire: c'est vrai
qu'il n'a jamais baisé en dehors de son lieu de travail. Tout compte fait, il n'a pas
dragué un seul mec en boîte, dans un parc ou autres endroits habituels. Tous ceux
qu'il a sautés étaient des professionnels, comme lui: hardeurs, techniciens, metteurs
en scène. La baise se déroulait sur le plateau, évidemment, mais aussi dans les
vestiaires, sous la douche, dans un bureau. Depuis le premier jour qui l'a vu arriver
dans le métier, il a toujours baisé sur son lieu de travail. Pascal en arrive à se
demander s'il est vraiment normal. Il repousse la réponse à plus tard. Un sourire
effleure ses lèvres: il a invité Vivien à bouffer puis il l'a laissé dormir avec lui,
dans son lit, contre lui, sans faire l'amour. Ce souvenir le console un peu, il le
détaille, essaie de s'en imprégner comme s'il voulait revivre cette nuit-là, ici, en
plein tournage. La rêverie s'envole
<< - Pascal qu'est-ce que tu fous, bon sang! On t'attend, merde! >>

Finie la douce évocation! Bernard le rappelle à la réalité.
<< - Gaétan a donc découvert que son petit ami Pascal le trompait avec Vivien.
Maintenant, il poursuit Vivien de ses assiduités car il voudrait en faire son amant,
le piquer à Pascal, en somme. Les retrouvailles se passent dans le petit bois, près de
ce lac. Tout doit se passer sans un mot. Je ne veux que des regards, des gestes
suggestifs. Pas d'attitudes de putes: vous êtes des mecs, des vrais. Toi, Vivien, ton
aspect d'adolescent te permet quelques fantaisies, mais très peu. Je vous laisse
faire. Gaétan, Vivien te repousse, comme on l'a dit, tu t'en vas penaud. Après, ce
sera ton tour, Pascal, de retrouver Vivien qui l'éjectera aussi. Mais Pascal ira se
consoler auprès d'un prostitué.
Bon, on y va. Action ! >>

Dans une pièce voisine, quatre mecs attendent de pouvoir être reçus afin de passer une
audition. Un acteur accidenté manque à l'appel, on doit le remplacer d'urgence.
L'assistant de Bernard arrive enfin, demande à chacun de se déshabiller, inspecte les
physiques: il ne devra pas être trop difficile. Il propose:
<< - Bon, les gars, formez deux couples. Vous aller vous peloter, vous rouler des
pelles, vous branler, vous sucer. Faites comme si je n'existais pas. >>

Trois des mecs veulent comme partenaire le quatrième, un apollon. L'homme, la
trentaine passée, est au summum de sa forme physique qu'il arbore avec plaisir. Il est
canon! Il refroidit ses soupirants en annonçant:
<< - J'suis pas pédé: j'suce pas, j'embrasse pas, j'me fais pas enculer, j'caresse
pas. J'encule, c'est tout. >>

Le roi des machos, en somme, et le roi des cons par la même occasion! C'est ce que
pensent les personnes présentes.
Vaclav, l'assistant, rétorque:
<< - Dommage pour toi, aujourd'hui on n'a pas besoin d'un automate enculeur! Ici, on
veut des pédés libérés, pas des coincés du cul. C'est dommage qu'un beau mec dans ton
genre soit couvert de pustules autour du pubis; la prochaine fois que tu te rases les
poils, fais gaffe, là on dirait que t'as la vérole. Je crois pas qu'on aurait envie de
te sucer ou de te lécher. C'est pas très appétissant. Tu peux t'en aller! >>

La répartie ne plaît guère à celui à qui elle est destinée. "L'ange gardien" de
Vivien, car c'est lui, montre son mécontentement. Heureusement, lors de ces séances de
casting, le garde du corps de Benoît n'est jamais bien loin. On l'aperçoit qui
s'approche du rouscailleur.
L'indésirable parti, Vaclav fait signe aux autres de commencer leur essai. Il les
observe s'émoustiller, lançant quelques conseils:
<< - J'ai dit des pelles, pas des baisers de serpent ou de carpe.
Jouer en se
titillant le bout de la langue c'est bien un petit moment mais à la longue on croirait
deux vipères qui se congratulent. Quant à s'attr les lèvres en ouvrant et fermant
la bouche, c'est un truc qu'on fait une ou deux fois mais pas durant des heures. Les
langues doivent se chevaucher, se lover l'une contre l'autre… >>

Ou encore:
<< - La queue se prend pas entre deux doigts et les autres levés, comme si vous buviez
du thé chez les Ducon! Ça se prend à pleine main une bite. Une pipe c'est pas
seulement suçoter le gland. On se l'enfourne dans la bouche au plus profond possible,
on salive, on lèche avec toute la surface de la langue. C'est pas possible, on dirait
que vous avez jamais baisé… >>

Autre reproche:
<< - Tu caresses comme un manche, mec! Ton geste est sans cesse le même, on croirait
que tu frottes un linge. Une caresse c'est voluptueux, merde! T'as envie de ce corps!
Tu veux le toucher partout et pas seulement ce va-et-vient que tu pratiques sur
quelques dizaines de centimètres… >>

Les remarques vexent un peu. Mettre en doute les capacités, les connaissances
sexuelles d'un homme est quasi sacrilège. Toutefois, le désir de travailler étant le
plus fort, on s'y met. Au demeurant, les connaissances, la pratique, sont là, mais on
traque un peu beaucoup.
L'essai n'est concluant pour personne. Avec regret, Vaclav rejoint son patron sans lui
amener de remplaçant. Bernard râle pour la forme. Dans sa tête, il est heureux. D'un
ton bougon, il décrète:
<< - Bon, pas la peine de s'emmerder plus, je vais jouer le rôle du prostitué. Dix
minutes de pause, le temps de me préparer. >>

*****

Le retour sur le plateau s'effectue près d'une heure plus tard. Bernard s'est
longuement attardé sous la douche, puis devant une glace guettant le moindre détail
susceptible de nuire à sa beauté: il veut être au mieux car son partenaire sera
Pascal.
Chacun sait ce qu'il doit faire. Benoît, de retour sur son fauteuil, se frotte les
mains en pensée: un acteur de moins à payer. Du coup, les mains il les fourre dans sa
braguette.
Vaclav s'assied dans le fauteuil du metteur en scène, s'époumone:
<< - Tout le monde est prêt? Parfait! On reprend lorsque Pascal, seul dans le bois, se
dirige vers le lieu de drague et rencontre le prostitué. On y va. Action! >>

Les acteurs deviennent leurs personnages. L'approche est directe: un client aborde le
prostitué, discute le prix, accepte: c'est tout simple. Le couple fait quelques pas en
direction d'un coin tranquille, suivi d'un cameraman. On s'allonge, on passe
rapidement les prémices pour en arriver à l'essentiel que filment deux autres
cameramen. Le client baisse le short du mec, lui fourre sa bite dans l'anus après
l'avoir recouverte d'un préservatif, et le pistonne sauvagement. Contre toute attente,
le pseudo-vénal prend son pied. Il grogne son bonheur d'être enfilé avec fougue. Hurle
des:
<< - Putain que c'est bon! Encore! Vas-y à fond! Je la sens bien! >>

Vaclav intervient:
<< - Coupez! Bon dieu, Bernard! T'es une pute! Tu te fais baiser par habitude, sans
jouir. >>

Un peu honteux, Bernard se défend:
<< - J'admets que j'y mets un peu trop de cœur. J'y peux rien si je prends mon pied.
Mais une pute fait semblant, c'est connu. On peut croire que je fais semblant, non?
- On peut voir que tu prends ton pied, ça oui! Mets-y moins de cœur ou alors,
Pascal fais en sorte qu'il jouisse moins! >>

On reprend. Cette fois, Bernard manifeste moins son contentement. Pour exulter, il
parle en sourdine. Seul Pascal l'entend et s'en donne à cœur joie. La baise est
violente: le baiseur est sensé passer toute sa mauvaise humeur, sa déception, dans cet
acte. Il pousse un cri rauque en se retirant, jetant la capote et éjaculant. Aussitôt
après, il se lève, remonte son jeans, jette quelques billets sur le prostitué puis
s'en va. On fait un plan de Bernard, pantelant, encore au sol. La scène est terminée.
La jambe un peu flageolante, le metteur en scène se met debout et se dirige sous la
douche où il retrouve Pascal. Il s'approche de lui, demande d'une voix un peu niaise:
<< - Tu veux me finir? >>

L'autre, silencieux, pose sa main sur la bite gonflée d'envies puis tâte le cul,
déclare:
<< - Tourne-toi, j'vais t'envoyer en l'air. J'te dois bien ça. >>

Les fesses de nouveau bien cambrées, Bernard sent la pine protégée s'introduire entre
ses fesses. Il la serre, la fait coulisser. L'enculage ne dure guère car l'enculé
explose rapidement dans la main de son enculeur qui, à son tour, lâche son foutre.
L'eau purificatrice efface toutes traces. Les deux hommes se sèchent mutuellement.
Avant de se séparer, Bernard roule une pelle à Pascal, constate:
<< - On a perdu beaucoup de temps, tous les deux: dommage! >>

*****

On change de décor. La scène se déroule dans une boîte de nuit. Pascal et Gaétan y
passent une soirée en amoureux fâchés qui tentent de se raccorder. Arrive Vivien
accompagné d'un homme d'âge relativement mûr avec lequel il fait l'attentionné.
L'acteur jouant le "vieux" présente encore fort bien! Le corps, un peu enveloppé
certes, reste alerte, élégant. Le faciès respire la jovialité, le bonheur de vivre. Le
personnage est assez grand, au regard franc. Pas un seul cheveux blancs ne vient
déranger une magnifique chevelure. Malgré l'éclairage tamisé, zébré de lasers
multicolores, on peut deviner chez lui les formes généreuses contenues sous son jeans.
En somme, il a de très beau restes dont on ferait son dimanche.
Totalement investi dans son rôle, Vivien procure maintes mignardises à son compagnon,
tout en s'assurant que Pascal et Gaétan le voient. Le blondinet se colle au mature
bien conservé, se frotte à lui, le gratifie de nombreuses galoches et autres léchages
d'oreille. Il rit à gorge déployée lorsque l'autre lui retourne ses gâteries. On est
bien dans le jeu des acteurs. Bernard ne bronche pas. Benoît reprend son éternelle
branlette, là-bas, dans son fauteuil maculé de sperme, prouvant ses lointaines et
rares éjaculations. Les caméras s'attardent volontiers sur le jeune révolté et son
amant du moment. Tout à coup, le metteur en scène intervient, s'adressant à Pascal et
Gaétan:
<< - Coupez! Qu'est-ce qui vous arrive, les deux amoureux transits? Vous avez vu vos
tronches? Vous avez vraiment l'air de deux crétins avec vos mines béates! Faut vous
secouer les mecs! Toi, Gaétan, tu décides de ne plus t'occuper de Vivien: tu as passé
l'éponge. Toi, Pascal, tu es sous le charme, c'est vrai, mais pas avec cette tronche!
Tu espères encore après lui tout en ne le voulant pas. C'est une valse hésitation qui
se déroule dans ta cervelle. Là, on croirait que tu l'as jamais vu, comme si c'était
une apparition miraculeuse. Allez, on reprend juste au moment où vous apercevez Vivien
et son vieux. Action! >>

Gaétan devient peu à peu indifférent. Pascal a beaucoup plus de mal à "entrer" dans
son personnage. Ce qu'il voit c'est Son Vivien qui flirte de manière éhontée avec un
autre que lui. Sa tête le lui serine, une boule dans la gorge le taraude. Il se
morigène: ridicule, c'est du cinéma et puis Vivien n'est qu'un bon coup sans plus!
Plus il tente de chasser ce qu'il considère comme une faiblesse, plus cette dernière
s'incruste dans son crâne. Comme rien ne le sort de cet état, il continue sans se
préoccuper de savoir s'il respecte le scénario auquel il ne pense plus. Il est
obnubilé par sa jalousie, il va éclater s'il n'y met bon ordre. Un autre moi va le
faire sortir de ses gonds. Heureusement, son moi habituel est supérieurement fort en
le ramenant à plus de sagesse. Les yeux devenus durs, glaciaux, s'adoucissent pour
reprendre leur aspect normal. Vivien continue ses mignardises en les exagérant afin
d'exaspérer les autres. Gaétan prend la main de Pascal, la porte à ses lèvres,
murmure:
<< - Ça va? On dirait que t'es pas bien. >>

Par automatisme, Pascal sourit pose ses lèvres sur celles de son compagnon. Sans s'en
rendre compte, il vient de jouer sa scène à la perfection. Bernard éructe:
<< - Coupez! C'était parfait! Bravo les mecs. Pascal, on pourrait croire que t'étais
vraiment jaloux en voyant Vivien dans les bras d'un autre. On y croyait. Encore bravo.
>>

Durant la brève pause, Gaétan avoue à son ami:
<< - J'ai compris que t'étais vraiment jaloux. T'es amoureux, mon gars! Je crois que
le petit te le rend bien. C'est chouette, tu vas te caser, mec. >>

Au fond de lui-même, Pascal reconnaît. Il est grand temps pour lui de raccrocher.
C'est ce qu'il s'ingénie à croire. Mais une petite idée germe quelque part: pourquoi
ne pas vivre avec Vivien? Il soupire: ne rien précipiter, ils se connaissent si peu.

*****

Gaétan arrive, suivi deux minutes plus tard d'un Pascal grincheux. Il bougonne
plusieurs phrases dans lesquelles on distingue un vague bonjour, un manque de sommeil
avec mal de crâne. Vivien pénètre dans la pièce, tout guilleret. On se congratule, on
papote, on cancane. Personne ne prête attention à ce téléphone qui ne cesse de sonner.
Non loin d'ici, un nouveau contingent de mecs attend de passer une audition pour un
prochain film. Vaclav est encore de corvée sous les yeux attendris d'un Benoît qui
prise énormément la nouveauté. Dans le cas présent, il zyeute à travers une glace sans
tain afin de ne pas effaroucher les novices.
Du côté du plateau, le travail reprend. On filme quelques scènes anodines puis on
passe aux choses sérieuses: l'explication entre Vivien et Gaétan. Inévitablement, cet
entretien se poursuit très vite sur la moquette, sans plus un mot, mais avec force
gestes érotiques. Une fois de plus l'un déguste le mastard de pénis, l'autre se
pourlèche avec le cul mirifique mis à sa disposition. On entend une sonnerie de
téléphone, aiguë, insistante, persistante. Excédé, Bernard hurle de répondre. Ce que
personne ne fait, tout le monde étant accaparé par son travail, même Benoît qui
n'arrive pas à laisser sa queue en paix. À ce propos, sa constance est à peine
croyable. Il semble détenir une endurance exceptionnelle. Certes, ça ne sont pas ses
éjaculations qui l'épuisent: il jouit une fois tous les…. enfin quand il peut c'est à
dire pas souvent. Mais ses branlettes ininterrompues durant des heures devraient
causer une fatigue du poignet voire même des crampes. Rien de tout cela! Il est vrai
aussi que sa bite redresse rarement la tête et que sa principale activité consiste à
obtenir une érection.
Gaétan serre Vivien contre lui, pine dans le cul du blondinet qui se trémousse de
bonheur. Les mains se baladent, tâtant, pinçant, caressant. Le braquemart coulisse à
merveille dans cet oignon accueillant. Derrière le fauteuil de Bernard, Pascal suit
chaque mouvement des acteurs. Il supporte de les voir s'enfiler avec entrain: Gaétan
est son meilleur ami, il lui fait une entière confiance. Tiens, les voilà qui changent
de rôle. Maintenant, c'est au tour de Vivien d'enculer l'autre. Dans le fond, cette
petite queue qui baise un gros julot n'a rien de ridicule. Au contraire, c'est assez
excitant. Sur cette question, Pascal revoit son opinion: même les petites bites
passent fort bien dans un film.
De nouveau, la sonnerie du téléphone stridule. Cette fois-ci, Benoît daigne délaisser
son activité favorite afin d'aller répondre. La conversation est brève. Il sort du
bureau, le visage livide, se précipite de son mieux vers le plateau, hurle d'une voix
chevrotante:
<< - Gaétan, ta femme rapplique! >>

L'avertissement arrive bien trop tard. Une furie débarque sur le plateau. Elle se
cloue sur place à la vue du spectacle qui s'offre à ses yeux: Gaétan, à poil, bite
bien dressée, jambes en l'air, tente de repousser un Vivien qui continue de le câliner
avec un gode d'une taille impressionnante. Un geste méchant envoie balader le frêle
blondinet. La dame n'émet aucun son, yeux écarquillés, toute tremblante de rage
contenue, terrassée par l'abominable réalité. Cela fait plus de vingt ans que son
homme dit travailler comme courtier en assurances! C'est donc comme cela qu'il assure!
Personne ne dit mot, le silence plane. On entend juste un léger bruit de succion causé
par le gode qui sort de l'anus dilaté. Enfin, Benoît bredouille:
<< - Le copain qui te couvrait a tenté de te prévenir plusieurs fois mais on n'a pas
décroché. C'est con un truc pareil! >>

La dame, toujours coite, reprend ses esprits. Elle fait demi-tour pour se diriger vers
la sortie: elle est anéantie. Gaétan se relève, son cul dégoulinant, vacillant, la
peur au ventre. Hagard, il constate:
<< - Putain, il a fallu que ça arrive juste maintenant que je vais arrêter moi aussi!
>>

Il regarde désespérément Pascal, comme pour quêter un conseil, obtenir un soutien. Ce
dernier ne trouve rien pour l'aider si ce n'est de lui tapoter l'épaule. Le silence
règne toujours. Bernard n'ose interrompre le malaise. Vaclav réagit le premier:
<< - Comment ça se fait qu'elle est entrée? >>

Haussement général d'épaules, nul ne sait. Probablement ces coïncidences et hasards
qui provoquent de tels incidents. En fait, la brave femme a tenté de joindre son époux
sur son mobile. Malheureusement, l'appareil était éteint, un simple oubli. En
désespoir de cause, elle a appelé l'assureur chez qui Gaétan était sensé travailler où
une nouvelle secrétaire a donné l'adresse du studio sans savoir ce dont il était
question. Averti dès son arrivé de ces drôles d'appels concernant un employé qui ne
l'était pas, le copain s'est ingénié à appeler le studio.

Sous la douche, Gaétan ne cesse de soupirer. C'est vrai qu'il aime cette femme. S'en
séparer serait le pire des malheurs. Cependant, il est bien conscient que la seule
issue réside dans un divorce. Jamais elle n'acceptera une tromperie de près de vingt
ans! Jamais elle ne supportera l'idée que son mari dispersait ses sentiments sur des
plateaux de films porno, éparpillait son foutre avec des mecs. Gaétan sait cela. Il
décide:
<< - Inutile de rentrer à la maison. J'en ai pas le courage. >>

Il regarde son mobile, prêt à le jeter le jugeant fautif. Pascal s'inquiète:
<< - Que vas-tu faire, maint'nant?
- Je sais pas.
- Viens chez moi en attendant. >>

Gaétan remercie. Il grommelle, parlant de son partenaire de scène:
<< - Si ce petit con s'était arrêté de suite, peut-être qu'elle aurait rien vu.
- Non, Gaétan, elle aurait vu quand même. Elle était presque sur le plateau, à
deux mètres de vous. Vivien a juste tardé à réagir. Mais de toute façon, elle avait
vu.
- J'aurais dû lui dire, à l'époque. J'ai pas osé. Après, c'était trop tard.
L'autre jour, j'étais content que ça se finisse. Je lui avais dit que je quittais les
assurances pour monter une salle de gym. On a le fric pour. On a fait les recherches
pour le local. C'est idiot mais j'envisageais le reste de ma vie avec elle, comme je
l'ai toujours envisagé. Bien sûr, j'aurais été fricoter avec des mecs, mais rien de
bien dangereux pour elle et moi. Un petit coup par-ci, un petit coup par-là. J'ai
presque réussi! >>

Tandis que les deux compères discutent, Bernard, conscient que ses acteurs sont bien
trop troublés pour reprendre le travail, change le scénario de cette scène. Le
résultat reste le même, la fin de l'aventure, mais pour des raisons différentes. Dans
le nouveau scripte, on voit les deux mecs baiser et une voix féminine mettre fin à
leurs ébats: la mère de Vivien découvre les mœurs de son fils.

*****

Gaétan s'approche de Pascal, son déjà ex-amant, dépose un dernier baiser sur ses
lèvres, quitte l'appartement après avoir empoigné ses sacs de voyage contenant toutes
ses affaires. Bernard tonitrue:
<< - Coupez! C'est bon. Bravo Gaétan! C'est courageux d'avoir fini le film! >>

L'interpellé constate:
<< - J'ai simplement joué ce que je viens de vivre. C'était facile. >>

Pascal entame son ultime scène dans un film porno: lui et Vivien se mettent en ménage.
Bien entendu, cette démarche débute par une baise. Le metteur en scène expose ses
desiderata puis ordonne le démarrage:
<< - Prêts? Action! >>

Vivien se blottit dans les bras puissants d'un Pascal affamé de ce corps qu'il ne veut
absolument pas partager. Rien de bien compliqué à jouer: c'est ce que ressentent les
intéressés. A cela près que l'ambiance ne se prête pas du tout à de tels "exploits".
Gaétan, désœuvré, suit Pascal sans le perdre d'un pas. Il est là, observateur aveugle,
tourmenté par ses pensées, ses regrets, ses peines. Personne n'ose lui conseiller de
partir, lui dire qu'il gêne, qu'il indispose. Peut-être que chaque personne présente
se croit un peu coupable de ce qui lui arrive, mis à part Vivien qui n'éprouve rien
puisque l'événement ne le concerne pas. Jeunesse? Insouciance? Egoïsme? Probablement
le tout à la fois.
Les interprètes continuent. De la douceur, de la tendresse, de l'amour. On se
papouille généreusement. On se prouve les sentiments par des gestes affectueux. Par
moment, Pascal quitte sa concentration afin d'épier Gaétan. Bernard s'en aperçoit,
déplore ces attentions qui ruinent la magie de cette scène. Il propose:
<< - Coupez! Ça va pas, les gars. On a besoin de se décontracter. Une heure de pause
fera pas de mal, je crois. Gaétan, tu sais que tu dois aller à la photo dans une demi-
heure. Oublie pas.
- Ouais, je sais. >>

Vaclav a arrangé ce rendez-vous afin de l'éloigner, le temps de finir sur le plateau.
La séance de photos sera assez longue.
On papote. Vivien reste à poil, bite toujours tendue. Il adore se pavaner ainsi, parmi
tous ces mecs qui le désirent. Pascal porte une sorte de paréo autour de la taille. Il
voudrait bien coincer Vivien dans un endroit tranquille mais il doit ménager ses
forces: trois éjaculations consécutives sont prévues par le scénario.

Benoît repose sa main et sa queue. Plus de branlette, il ne se sent pas à son aise.
Une sensation désagréable l'avertit d'une catastrophe. Il demande à son garde du corps
de veiller au grain.
Vaclav profite de la pause pour aller dégourdir ses jambes: un peu de marche à pied
lui fera le plus grand bien. À peine sorti du studio, il remarque trois gringalets et
un baraqué qui s'avancent vers lui. Son premier réflexe est de rentrer. Son demi-tour
tout juste entamé, il est rejoint, entouré par les mines patibulaires. L'une d'entre
elles, "l'ange gardien", rictus méchant aux lèvres, ricane:
<< - Mais c'est notre assistant metteur en scène, ce bon Vaclav.
- Fous-moi la paix ou j'appelle!
- Petite chérie, faut pas avoir peur. On va causer. >>

La causerie consiste en insultes, en coups divers et variés qui pleuvent sur le pauvre
assistant metteur en scène. Presque évanoui, il entend:
<< - Alors comme ça j'suis un automate enculeur et un coincé du cul, d'après toi. Sans
parler d'la vérole qui m'taraude. Ça, c'est pour t'apprendre à respecter les autres.
Maint'nant, on va s'occuper d'cette bande de pédés qu'est là-d'dans . D'abord on va
t'la boucler. >>

Gratifiée d'un coup de pied dans le foie, la victime s'évanouit pour de bon. Ses
agresseurs en profitent pour le ligoter avec bâillon dans la bouche. Ensuite, ils
s'emparent chacun d'une de barre de fer, s'introduisent dans le bâtiment où ils
commencent à tout casser sur leur passage. Benoît comprend vite, rien qu'aux bruits
assourdissants qui lui parviennent. Son garde du corps empoigne un filet de pêche
décorant un mur, comptant immobiliser un ou deux casseurs. Dans le même temps, il
appelle de l'aide. Pascal, sort sa bite du cul avenant de Vivien, Gaétan se précipite
du côté des cris. L'un prend une pique dans les accessoires, l'autre un fleuret.
Bernard n'est pas en reste. Il passe par une fenêtre, se dirige vers un robinet d'eau
extérieur auquel il branche un long tuyau, repasse par la fenêtre. Benoît veut appeler
la police. Pascal l'en dissuade:
<< - Gâche pas la fête, l'Gaétan à b'soin d'se changer les idées. >>

En effet, Gaétan se change les idées. Il se rue sur les arrivants, pendant que Bernard
les asperge. Profitant de cet aveuglement très provisoire, Gaétan fouette deux paires
de fesses avec son fleuret. Puis projette les détenteurs de ces parties charnues vers
un Pascal désireux de leur appliquer un complément d'objet direct, en l'espèce les
faire tomber en leur mettant la lance dans les jambes. Résultat cent pour cent
positif. Silencieux, patient, le garde du corps, après une assez longue attente, s'est
faufilé derrière les trois intrus, projetant le filet sur leurs personnes totalement
déséquilibrées. A terre, c'est un jeu d' pour le colosse de les maîtriser. La
bataille a été brève, rondement menée. Malheureusement, les méchants ont eu le temps
de faire pas mal de dégâts. Des halètements détournent l'attention des vainqueurs.
Vivien éjacule dans un soupir de satisfaction sans pareil suivi d'un rire frisant
l'hystérie. Durant toute la bagarre, il n'a pas bougé d'un pas, jouissant, au sens
sexuel du terme, du spectacle. Cette révélation sur le caractère du blondinet surprend
Pascal. D'un coup s'envolent ses illusions concernant un être sans défense, faible,
aimant. Il ne reste qu'un vicieux, amateur de sensations fortes, mais toujours
excellent baiseur. Tout, chez ce garçon, n'était que comédie. En arrivant ici, pour la
première fois, il n'avait de vierge que les parties de son corps ne formant pas un
trou. Maintenant cela saute aux yeux d'un Pascal qui comprend que son rêve de vie en
couple ne se réalisera pas. Gaétan comprend ce qui se passe. Il devine que son ami
souffre. Mais les deux hommes sont distraits par la venue de Benoît accompagné de son
garde du corps. Ce dernier s'approche de Vivien:
<< - Viens par là, toi, et bouge plus! On va t'causer. >>

Benoît précise:
<< - On vient de trouver Vaclav dehors, massacré. Il est dans les vap'. Un médecin va
pas tarder. En prenant Vivien, on a introduit la vermine chez nous. Ce gamin est un
vrai cinglé. Les connards sont attachés dans la réserve. Ils croyaient pouvoir piquer
le fric des payes, comme c'est le dernier jour de tournage. C'est lui qui leur a dit.
Vivien c'est la petite pute du gros caïd que Vaclav a rembarré l'autre jour. Il
s'était présenté au casting pour repérer les lieux. C'est pas tout. Gaétan tiens-toi
bien. T'as fait une victime de l'amour. Le Vivien est fou amoureux de toi, enfin de ta
bite. Il laissait croire qu'il avait le béguin de Pascal, mais c'était pour mieux
détourner ton attention, car il comptait mettre le grappin sur toi. Et d'abord se
débarrasser de ta femme. C'est lui qui a manigancé pour la faire venir ici. >>

Dire que Gaétan s'est rué sur le blondinet serait un euphémisme. Un éclair, un coup de
vent, et le voilà agrippant le coupable afin de lui faire comprendre la vie. Une
baffe, une seconde, un coup de genoux dans le ventre, un coup de boule, re-baffes, re-
coups de genoux. L'autre ne crie pas, ne geint pas. Une sorte de sourire béat
s'affiche, persiste, sur ses lèvres. Il est à bout, pas loin de tomber dans les
pommes. Gaétan ne ménage pas sa force, frappe encore et toujours. Personne ne bouge.
Pas une voix ne s'élève afin d'arrêter le massacre. Tout à coup, le cogneur stoppe
net, fixant le bas-ventre du supplicié qui s'écroule:
<< - Mais c'est qu'il éjacule, la salope! >>

En effet, deux jets de foutre giclent pour retomber sur le corps meurtri. On entend
plusieurs: "Pas croyable!".

"L"ange gardien", ficelé, précise, tout heureux de son effet:
<< - Z'avez rien compris! Z'avez rien pigé! Z'êtes vraiment cons! C'est l'délice du
Vivien d'se faire tabasser. Faut pas la lui jouer aux sentiments. Y'a qu'les coups qui
l'font jouir. >>

Dégoûté, Pascal grogne:
<< - On fait quoi, maint'nant? >>

Benoît prend les choses en mains. C'est le patron, il agit comme tel:
<< - Quand le toubib aura vu la lope, vous la ramenez chez elle avec son mac qu'on
aura congratulé copieusement au préalable: Gaétan, s'en chargera je pense. Après, faut
libérer les autres connards sans oublier de leur rappeler la bienséance, le savoir-
vivre. Pendant ce temps, moi je vais évaluer les dégâts car ils vont devoir payer, je
vous le jure. Ensuite, chacun rentre chez soi. Je prendrais contact avec vous dès
qu'on pourra travailler. Je pense que d'ici quelques jours ça devrait aller. >>

Quelques instants plus tard, un médecin, copain de Benoît, se penche sur Vaclav: rien
d'irrémédiable, tout juste une fracture du bras droit et une autre du tibia gauche,
plus pas mal de contusions en tous genres. Il examine Vivien rhabillé, par la même
occasion: là encore aucun danger si ce ne sont quatre côtes cassées.

Le garde du corps, accompagné de Pascal et Gaétan, se chargent de ramener Vivien et
son seigneur et maître dûment tancé. La correction ne s'est pas éternisée. Quelques
gnons bien appliqués sur la personne du mastodonte le rendent un peu moins fier de sa
stature d'autant que le nez vient de subir une bien étrange transformation dont il
conservera la marque.
Enfin, dûment chapitrés, les casseurs détalent le plus rapidement qu'ils peuvent, non
sans éructer quelques menaces qu'ils s'empresseront de ne pas mettre à exécution.

On se sépare la tête tourneboulée par cette journée de merde qui laisse un goût amer
de bestialité, de crétinisme.

*****

Une fois de plus le scénario est changé. On chamboule la fin. Les deux cameramen,
durant la bagarre de l'autre jour, n'ont cessé de filmer. Leur but était de prouver la
légitime défense, au cas où. Seule l'attaque des malfrats est sur la pellicule. Alors
Bernard imagine une conclusion qui, à ses yeux, s'impose:
<< - Pascal et Gaétan, vous avez enfin compris que le type qui vous séparait n'était
qu'un pourri. Vous vous consolez en vous rabibochant. La dernière scène de baise est à
vous. Tu te sens de la faire, Gaétan?
- Ouais, bien sûr! Faut savoir passer à autre chose. >>

Ce que ne dit pas Gaétan, c'est que l'autre chose c'est Pascal. Durant l'interruption
de deux mois, autrement plus longue que prévu, ils ont eu tout le temps de parler de
leurs malheurs, de leur passé, de leur avenir. Un constat s'est imposé: ils
s'apprécient depuis fort longtemps, pas de coups fourrés entre eux, seule une bonne
compréhension mutuelle préside à leur relation amicale. Beaucoup de points communs les
unis: la baise entre autres.
Gaétan a trouvé le courage de rencontrer celle qui devient son ex-femme. Cette
dernière, non moins courageuse sinon plus, l'a écouté. Cela n'a pas apaisé les
chagrins ou la colère. Mais c'est un pas vers une réflexion ultérieure. On s'est
accordé sur le divorce aux torts partagés. Après tout, croit l'épouse trompée, peut-
être n'a-t-elle pas su "convertir" son mari, ne lui a-t-elle pas donné tout ce dont il
avait besoin, manière comme une autre de calmer son dégoût. Elle veut aussi croire que
l'homme de sa vie a été dévoyé par un Pascal homo pur et dur. Cet ami d'enfance a
détourné Gaétan de son devoir conjugal: aimer, chérir, son épouse. Là encore, elle se
convainc sans vraiment y arriver. Matériellement, elle hérite de la maison et d'un
appartement occupé par des locataires qui lui procurera un petit revenu. Lui se
retrouve avec son projet de salle de gym pour lequel il a déjà engagé toutes leurs
économies.
Pascal s'est porté volontaire: il participera à la réalisation de ce projet, tant par
sa présence que par son aide financière: il vient de vendre le studio. Justement, il
se posait des questions quant à son avenir, une fois le porno abandonné. Il oublie
très vite la parenthèse amoureuse Vivien. Être aux côtés de son ami Gaétan lui
rappelle de bons souvenirs. Il est certain que leur avenir sera commun. Deux êtres
complémentaires ne peuvent que vivre ensemble, côte à côte, baisant de temps à autres
histoire de sceller leur entente, de la rendre plus parfaite encore.

Ils sont là, allongés sur le lit, dans un décor kitsch, épiés par les techniciens,
guettés par le metteur en scène et son assistant souffreteux. Dans un petit réduit
récemment aménagé, Benoît, nouveau propriétaire des lieux, s'installe dans un fauteuil
flambant neuf, derrière une glace sans tain. Fini de s'exposer à quelques pas du
plateau, il ne veut plus imposer sa présence qu'il juge dorénavant comme indécente. Sa
main caresse une bite molle qu'elle n'éveillera pas: la bandaison ne sera pas
provoquée manuellement. Gabriel, le garde du corps, ne quitte plus son maître.
Bernard vient de passer une heure avec son producteur: ils ont l'argent nécessaire
pour un "vrai" film. Les banques acceptent des prêts.
Les amoureux se regardent, attendris, s'enlacent, s'embrassent, se roulent sur le lit.
Les verges apparaissent, sortant de leur gangue de tissus. L'une énorme et fière,
l'autre conséquente et altière. Les doigts agiles frôlent les chairs tendues, étalent
la liqueur qui commence à s'écouler sur des glands violacés. Les muscles se tendent.
On s'aime tendrement, avec passion. Les pines se réjouissent dans les bouches,
coincées par des lèvres aux appétits féroces. Les culs s'offrent aux langues
vaillantes qui tentent de les pénétrer. Les couilles rutilent de salive, roulées sous
des langues voluptueuses. Les tétons durcissent au contact des mordillements. Enfin
l'acte d'accomplissement du don de soi! On place le vêtement de sécurité sur les pénis
tendus. Les anus s'offrent, chacun leur tour. Les entrailles, ainsi interpellées,
frémissent. Pascal savoure la matraque de Gaétan qui, lui, se délecte du braquemart de
son partenaire. Débarrassés des capuchons de latex, les bites explosent en centaines
de gouttelettes de sperme maculant les corps assouvis. Les amants s'enlacent de
nouveau, repus, prêts à recommencer. Un court baiser vient clore la dernière prise de
vue.
Pascal et Gaétan se lèvent, on les applaudit, on les félicité.
Un quart d'heure plus tard, le second propose au premier:
<< - Allez, mec, on rentre à la maison. À nous la belle vie! >>

Benoît cherche ses invités d'honneur. Il trouve un mot sur son bureau:
<< - Pour les chèques, envoie-les. Buvez à notre santé et ciao à tous! On a passé de
bons moments avec vous. >>

Un peu tristounet, le vieux producteur transmet le message aux autres.

Dans la soirée, deux hommes s'attablent dans un restaurant proche de leur domicile: un
chinois à l'excellente réputation. Gaétan plaisante:
<< - On dit qu'ils ont des petites bites. >>

Pascal rétorque:
<< - Maint'nant j'suis méfiant avec les p'tites bites. J'aime plus qu'les grosses. >>

Les mains se rejoignent sur la table, les jambes se croisent sous la table.

- FIN –


NDLA: Ce récit fait suite à une conversation avec un ancien hardeur qui a obtenu
quelques succès dans le porno hétéro. J'ai volontairement francisé le mot anglais. Les
faits décrits ici sont tout bonnement inventés et ne prétendent aucunement retracer la
vie des stars du porno et de leur milieu que je ne connais pas.

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