La Plantation Suite Et Fin

-- ATTENTION HISTOIRE FICTIVE POUR LECTEURS AVERTIS --

Colères...

Durant cinq jours, François n'avait quitté la chambre de Lili que pour se changer et satisfaire quelques besoins naturels. Il était fou de rage. Le fouet avait mis le dos de celle qui n'était pas une simple esclave dans un tel état qu'il lui semblait que jamais plus elle ne pourrait se lever et vivre normalement. ment, une telle hypothèse lui était insupportable. La mère de la jeune femme l'avait installée dans sa propre chambre, dans cette partie de la maison réservée aux domestiques et, dès que Madame la libérait, elle veillait sur elle en lui tenant la main. Malgré la nudité e de sa fille qui avait sombré très vite dans une semie d'inconscience, François voyait qu'elle appréciait sa présence. Elle parlait peu mais savoir qu'il gardait un œil sur elle en son absence la rassurait. Elle avait évidemment compris qu'un lien indéfectible existait entre eux. Malgré tous ses efforts pour aider, il se sentait impuissant et ruminait une vengeance sans savoir encore très bien comment il pourrait s'y prendre. Juan passa plusieurs fois prendre des nouvelles de Lili et François surprit des regards plein de tendresse et de complicité avec celle qui avait porté cet . Il fit même venir un médecin lorsque l'état de santé de Lili se dégrada brutalement avec de fortes fièvres et un état délirant qui inquiéta terriblement son invité français. Si elle était morte dans ses bras, il ne s'en serait jamais remis. Il fallut plusieurs jours durant lesquels Lili se battit de toutes ses forces pour la voir enfin retrouver une pleine conscience. Pour tous, l'entendre déclarer qu'elle avait faim avait résonné comme une délivrance.

Juan s'était encore davantage confié à François dans les semaines qui suivirent. Lili était bien sa fille et il aurait voulu faire voler en éclat toutes les contraintes qui pesaient sur lui. A la plantation, tout le monde savait et pas un des contremaîtres n'auraient osé poser la main sur la jeune fille, pourtant très belle.

Lors d'une longue promenade à cheval dans le domaine, Juan avait abordé le sujet avec François en lui demandant s'il avait des sentiments pour sa fille. D'abord troublé par la demande très directe, le jeune français n'avait cependant pas hésité à lui avouer l'amour qu'il vouait à la belle Lili. Juan fut ravi de mesurer la passion avec laquelle François lui parla de ce qu'il ressentait car, grâce aux confidences de la mère, il savait déjà que la chair de sa chair était aussi complètement éprise de son jeune invité. Ils avaient discuté sans tabou d'un avenir possible malgré tous les obstacles qui ne manqueraient pas de se dresser partout du fait de la couleur de peau de celle qu'il voulait pour femme. François en était sûr, rien ni personne ne l'empêcherait de faire de Lili la mère de ses s et il vit un large sourire éclairer le visage de Juan qui le prit dans ses bras comme un fils. Un peu avant d'arriver à la grande demeure, d'un air grave, Juan lui demanda s'il accepterait de l'aider pour mener à bien un projet très particulier en toute discrétion. La réponse de François fut aussi rapide qu'évidente. Que pouvait-il refuser désormais à cet homme ? Et même lorsqu'il ajouta que cela pourrait lui faire prendre des risques s'ils échouaient, son engagement ne fut nullement remis en cause.

Lili attendait, assise sur les marches. Madame avait compris qu'il valait mieux qu'elle laisse en paix la jeune femme et, durant sa convalescence, elle était complètement libre de ses mouvements. Les onguents avaient bien aidé à la cicatrisation et même si elle grimaçait pour certains mouvements, elle avait retrouvé sa joie de vivre et son entrain. La voir se lever d'un bond pour le rejoindre avec une joie non dissimulée lorsqu'il mit pied à terre le fit fondre de bonheur. Il lut dans ses yeux de la surprise quand il la prit dans ses bras pour la serrer sur sa poitrine mais il vit aussi dans les yeux clairs le même désir puissant. Pour la première fois, il lui faisait comprendre qu'il avait envie d'elle et elle se laissa emporter vers la grande chambre qui lui servait d'appartement.
Il eut juste le temps de surprendre le sourire de la mère de Lili qu'il vit dans un angle, affairée à nettoyer le sol. Une sorte de bénédiction tant il était clair qu'elle avait compris ce qui allait arriver.

François hésita un instant une fois entrés dans la grande pièce comme s'il doutait encore que son envie fut partagée par la belle Lili. Sans doute les femmes sont-elles plus courageuses que les hommes pour ces choses là... Ou bien est-ce simplement parce qu'elles gardent toujours le pouvoir sur eux, toujours est-il que ce fut elle qui prit l'initiative en s'approchant de François. Hissée sur la pointe des pieds, elle déposa ses lèvres sur les siennes et l'embrassa avec tendresse et volupté. François répondit à ce baiser avec fougue et l'entraîna vers le lit. Face à lui, elle fit glisser sa robe légère avant de le pousser en riant à plat dos sur le lit. François était certes son premier homme mais, la promiscuité ambiante entre esclaves dans la plantation et sa curiosité naturelle lui avaient donné de multiples occasions de voir des scènes d'accouplement qui l'avaient d'abord effrayée avant de susciter son étonnement et ensuite provoquer une excitation des plus agréables. Nue et offerte, elle l'aida à se débarrasser de ses habits. Lorsqu'elle découvrit son sexe dressé et frémissant, la caresse des mains menues qui enserrèrent son membre en érection mit François dans un état second. Elle se pencha en avant pour ouvrir ses lèvres autour du gland turgescent et la vision du dos toujours fortement marqué de la belle lui fit un effet très contradictoire. Au souvenir douloureux de la récente punition subie se mêlait étrangement une forme d'attirance vers les stries en léger relief qui subsistaient. Il retint son envie de les caresser doucement et laissa Lili se redresser pour placer son sexe juste au dessus du sien. Il posa ses deux mains sur les seins ronds d'une beauté parfaite et sentit aussitôt les pointes durcir sous ses doigts pendant qu'elle ouvrait d'une main les lèvres roses de son sexe.
Lili se laissa descendre jusqu'à frôler avec cette fente humide le gland du sexe de François qu'elle n'avait pas lâché. Elle resta un moment ainsi sans bouger, comme pour profiter encore un peu plus de l'instant puis elle laissa le poids de son corps agir pour s'empaler d'un coup en gémissant. La sensation de cette pénétration brutale mais désirée fut bien différente de ce qu'avait connu François lorsqu'il avait culbuté quelques jeunes et jolies aristocrates nantaises, amies de sa grande sœur, pour faire ses premières armes. La vue qui coula le bouleversa littéralement et, toujours au plus profond de cette femme si désirée, il se redressa pour la serrer dans ses bras et l'embrasser comme jamais il ne l'avait fait avec aucune autre. Avec douceur, il commença à bouger en elle et malgré la douleur provoquée par la défloration, elle encourageait ses mouvements sans quitter des yeux celui qui venait de la faire femme. Lorsqu'il voulut la placer sur le dos pour accélérer le rythme, elle lui sourit mais en montrant son dos qui la faisait encore souffrir, elle se plaça à quatre pattes devant lui en lui offrant le plus excitant des panoramas. Elle cambra les reins en rendant la position irrésistible et François la prit sans la moindre retenue, voyant que, loin de se prolonger, la douleur initiale avait cédé la place à un plaisir intense qu'elle appelait de tous ses vœux. Ses coups de reins étaient accompagnés de gémissements de bonheur et une nouvelle fois la vision de ce dos ravagé par le fouet le fit monter à un niveau jamais atteint. Sentant l'orgasme venir, il glissa sa main sous le ventre de Lili pour caresser avec intensité cet organe féminin si sensible et Lili, surprise, fut aussitôt emportée par des spasmes de plaisir si contagieux que François explosa à son tour en grognant de plaisir.

Allongés côte à côté, enlacés, François et Lili savouraient ce moment de bonheur. Du sperme mélangé à un peu de sang coulait le long des cuisses de la jolie métisse mais cela ne semblait pas la dégoûter.
Bien au contraire, avec son doigt, elle l'étalait en souriant. Ils avaient si peu parlé. Mais était-ce utile ? Tous les deux savaient et ce qui venait de se passer était juste dans l'ordre des choses. Enfin, il y avait juste un détail à régler et pas des moindres. François venait de lui annoncer que Juan s'était confié à lui et les yeux brillants de Lili confirmèrent l'attachement qu'elle avait aussi envers ce père, impossible, mais si présent. Elle ne lui en voulait pas de l'avoir fait punir par le fouet, c'est bien davantage de Madame dont elle se méfiait et il convinrent tous les deux qu'il valait mieux rester discrets pour ne pas afficher trop clairement leur liaison. François ne lui parla pas sa volonté de vengeance et trouva aussi qu'il valait mieux faire attention. Un jour, c'est certain, cette femme sadique paierait le prix fort...

Une dizaine de jours passèrent sans que Juan ne lui reparle de l'aide évoquée lors de leur sortie à cheval. François, de son côté, n'avait pas hésité à lui dire que Lili s'était donnée à lui et qu'il était le plus heureux des hommes. Le maître des lieux l'avait regardé intensément avant de le prendre dans ses bras sans ajouter quoique ce soit. Dans certaines circonstances, les mots sont inutiles. Mais lorsque son jeune invité lui demanda conseil, d'abord pour savoir s'il devait écrire à sa famille pour leur annoncer la nouvelle, puis pour lui expliquer qu'ils n'afficheraient pas leur amour en public de peur de voir Madame à nouveau faire des siennes, le visage de Juan se ferma et il entraîna le jeune noble français à l'écart de toute oreille indiscrète.
– Oui, tu as raison, inutile de vous montrer trop ouvertement. Continuez comme avant, j'ai encore besoin d'un peu de temps, indiqua-t-il sans plus de détail.
– Que voulez-vous dire ? demanda François, intriguée par la remarque.
- Tu verras demain, j'attends un messager et si les nouvelles sont bonnes, je t'expliquerai, reprit-il, toujours très mystérieux... Ah... et quant à avertir ta famille que tu rêves de faire ta vie avec une métisse, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée. Dès que ton père sera au courant, dans quelques mois à l'arrivée du bateau qui acheminera ton pli, je mets ma main à couper qu'il m'écrira aussitôt pour me demander de te renvoyer sur le vieux continent...et seul si tu vois ce que je veux dire.
- Oui, oui, c'est aussi ce que j'imaginais.
- Tu sais François, tu es ici chez toi. Et encore davantage aujourd'hui, si tu vois ce que je veux dire...

Remué par l'idée de ne plus jamais voir ses sœurs et ses parents, François eut du mal à trouver le sommeil avec un moral en berne...jusqu'à ce que sa porte s'ouvre tout doucement et que Lili apparaisse dans l'embrasure. Ils firent l'amour comme des fous. Décidément, cette fille avait un tempérament de feu. Tenait-elle cela de son père ? En tout cas, elle procurait à François un plaisir extraordinaire et en prenait également beaucoup. Exténué mais toujours éveillé, il laissait ses doigts glisser le long des sillons en relief, vestiges définitifs de la lanière de cuir tressée avec laquelle on l'avait durement fouettée, lorsqu'elle lui demanda doucement s'il trouvait ces marques excitantes. Surpris par la question, il mit un temps avant de lui avouer que le simple fait de caresser les stries et de voir son dos nu marqué le faisait bander irrésistiblement. Elle se retourna d'un coup pour poser la main sur son sexe et constater, qu'effectivement, il était de nouveau prêt à la pénétrer puissamment. Il vit un sourire se dessiner sur son visage avant qu'elle ne gobe avidement le membre dressé pour épuiser cette fois complètement son amant. Au petit matin, lorsqu'elle l'embrassa pour quitter les lieux avant que la maison ne se réveille, elle s'approcha de son oreille.
- Cette nuit, j'ai rêvé de toi.
- J'espère que c'était agréable, répondit François, bien réveillé maintenant.
- Oui, oui...mais bizarre tout de même, reprit-elle.
- Comment ça ?
- Ben, en fait, tu entrais dans la chambre avec une cravache à la main...
- Non, non ...impossi...
- Attends ! Si,si, dans mon rêve, j'avais commis une faute impardonnable et je méritais cette punition alors tu m'as fait mettre au bord du lit et tu as relevé ma robe ...
- Non, non, jamais je ne ferai cela Lili...
- Chut ! Ecoute ! Dans ce songe, tu m'as donnée dix coups de cravache sur les fesses sans un mot, tu as ensuite caressé les marques rouges et puis tu m'as embrassée.
- Un rêve... pas la réalité ! reprit François, de plus en plus intrigué par le récit
- Oui, évidemment, mais ce qui était étrange c'est que dans mon souvenir j'aimais ça et quand je me suis réveillée, mon sexe était si mouillé que je me suis caressée en te regardant et en repensant à cette cravache, ajouta-t-elle en filant comme une voleuse sans attendre de réponse.


François gambergeait toujours en repensant à ce rêve lorsque Juan qui sortait des écuries lui fit signe de le rejoindre. Son cheval était également préparé et, sans plus d'indication, il lui demanda de le suivre. Le jeune français peinait à suivre le maître sur sa monture lancée au grand galop dans une direction qu'il n'avait jamais prise. Lorsqu'il le rejoignit et descendit de cheval, en voyant les bâtiments miteux et les femmes en haillon entourées d's aussi noirs de peau que leur mères, il comprit que Juan n'était pas très fier des conditions dans lesquelles vivaient celles et ceux qui faisaient sa richesse en travaillant dur dans les champs de canne à sucre. Il entraîna François vers une case devant laquelle un de ses contremaîtres attendait. Il suivit Juan qui entra et se dirigea vers le très vieil homme noir, agenouillé à côté de deux paillasses à même le sol. Dans la pénombre, le jeune français distinguait à peine les deux corps allongés, recouverts d'une toile déchirée et salie. Juan prit dans ses bras l'homme noir qui avait senti leur présence et s'était retourné. La scène incroyable qui se déroulait devant lui le troubla profondément et, en écoutant l'esclave raconter ce qui s'était passé, il sentit une colère sourde monter en lui. Juan avait soulevé doucement le voile qui masquait les corps et François crut un moment qu'il allait vomir tant le spectacle était atroce. Les corps des deux femmes mortes qui reposaient devant lui était terriblement mutilés. Les seins avaient été tranchés, leurs ventres entaillés en de multiples endroits et leurs sexes sanglants laissaient imaginer ce qu'elles avaient subi. Le vénérable esclave que Juan côtoyait depuis sa tendre enfance et avec qui il entretenait une vraie relation d'amitié leur raconta ce qui s'était passé. La colère pouvait se lire dans ses yeux injectés de sang.

La veille, Madame accompagnée de son esclave favorite qui n'était autre que celle qui avait dénoncé Lili, était venue. François ne fut guère surpris d'apprendre qu'elle choisissait régulièrement un jeune et bel esclave pour satisfaire son appétit sexuel, pervers et démesuré. Bien sûr, les autres apeurés n'en avaient jamais parlé, de crainte des représailles. Mais depuis quelques temps, un sadisme exacerbé la poussait à des extrémités nouvelles et elle demandait souvent à la petite garce qui l'accompagnait de battre les hommes qu'elle choisissait lorsqu'elle avait eu son compte La garce semblait y prendre goût, profitant de sa position. Les esclaves eux-mêmes acceptaient la punition par le fouet lorsqu'il étaient pris en faute mais là, sans motif, nombreux étaient ceux qui commençaient à vouloir se révolter et c'est ce qui c'était passé. Alertées par ses hurlements, et accompagnées de plusieurs autres esclaves excédés, ces deux femmes étaient venues interrompre le jeu sordide de Madame qui venaient de suspendre par les pieds à une poutre le jeune homme noir qu'elle avait abusé avec sa favorite juste avant. Elles lui arrachèrent brutalement des mains le paddle de bois troué déjà utilisé à plusieurs reprises sur les fesses du pauvre esclave et les esclaves bousculèrent sans ménagement celle qui se sentait jusque là intouchable. Elles menacèrent Madame de tout raconter au Maître si elle revenait. Se sentant menacées, toutes les deux avaient filé sans demander leur reste mais le vieil homme était certain que Madame avait payé les sauvages qui étaient venus en pleine nuit enlever les deux révoltées. Au petit matin, tous furent réveillés par leurs hurlements provenant de la forêt voisine mais quand ils arrivèrent à l'endroit où on les avait torturées, c'était trop tard. Les deux femmes avaient succombé, nues et écartelées à même le sol, poignets et chevilles liés à des piquets de bois. Malgré les accords passés par Juan avec les tribus qui vivaient dans cette jungle, il se trouvait toujours quelques hommes prêts à tout pour quelques barils de rhum.

Au retour, Juan expliqua à François qu'il avait invité plusieurs fois chez lui le chef de la tribu la plus proche pour conclure un accord et faire cesser les vols et les violences sur les esclaves lorsqu'il avait décidé de faire défricher de nouvelles terres sur ce secteur. Il se rappelait qu'il n'avait cessé de regarder avec envie Madame. Elle, de son côté, ne s'était pas montrée farouche. Nul doute qu'elle lui avait rendu visite ensuite et l'hypothèse qu'elle connaisse très bien quelques indiens prêts à lui rendre ce genre de service était solide. Après un long silence, Juan reprit.
- Après ce qui vient de se passer, j'ai pris ma décision François... Je ne peux plus supporter ce qui se passe mais je ne veux pas t'obliger à m'aider...
- Expliquez-moi, Juan... c'est au sujet de Madame, non ?
- Oui, je ne peux la répudier car sa famille est trop puissante et à peine chassée, elle n'aurait aucun mal à convaincre son père et ses frères de prendre possession de force de ma plantation. Ce sont mes plus farouches opposants lorsqu'il est question d'abolir l'esclavage alors imagine...il me faut trouver une autre solution, ajouta-t-il, d'un ton grave.
- Parlez sans crainte Juan, je suis de tout cœur avec vous . Vous pouvez avoir confiance, l'assura François sans hésiter une seule seconde.
Juan lui expliqua son plan en chemin et lorsqu'ils franchirent le portail et qu'ils croisèrent le regard hautain et inquisiteur de Madame, impériale et dominatrice, assise dans son grand fauteuil sous les arcades, François fut certain qu'il avait pris la bonne décision. Il fallait juste qu'il résiste aux questions de Lili qui ne manquerait pas de l'interroger sur les raisons de cette escapade imprévue au fin fond du domaine avec son père. Il avait déjà une petite idée pour changer de sujet. L'idée de reparler de ce rêve avec elle ne lui déplaisait pas en fait et, il en était sûr, elle non plus...

Comme chaque année, Juan passait une quinzaine de jours d'affilé à Santos, le grand port marchand où j'avais débarqué et ce séjour traditionnel durant lequel il réglait quelques affaires avec les armateurs était aussi l'occasion de fréquenter la bonne société brésilienne. Madame n'aurait manqué pour rien au monde cette occasion de se montrer. Juan avait su que cette année, aucun membre de sa famille ne la rejoindrait car ses frères étaient trop occupés très au sud de leur propriété pour conquérir de nouvelles terres. C'était cette confirmation qu'il attendait patiemment lorsqu'il m'avait parlé la première fois. Qu'importe, elle saurait s'occuper pour dépenser sans compter et faire la belle dans les réceptions. Bien sûr, celle qui ne la quittait plus d'une semelle était aussi du voyage. François avait lu une grande tristesse dans les yeux de Lili au moment du départ mais il était soulagé qu'elle ne soit pas à ses côtés en pensant à ce qui se préparait en coulisse. Juan lui avait tout dit et il était le seul dans la confidence. Même le gouverneur local, grand ami de Juan ne savait rien. Il n'avait voulu prendre aucun risque et puis ce personnage jouerait un rôle clé une fois le scénario engagé. Ne rien savoir ferait de lui un allié sûr le moment venu. Les premiers jours furent remplis de rencontres et de découvertes nouvelles pour François que Juan emmenait partout comme son fils. Au faste des repas dans la haute société succédaient d'âpres négociations commerciales et le jeune français, passionné par cette vie trépidante, finit presque par oublier qu'ils étaient là aussi pour un tout autre dessein. Lorsque Juan lui glissa à l'oreille que c'était prévu pour le jour même, il revint à la réalité. Il serait là et bien là à ses côtés.

Le repas chez le gouverneur était le moment le plus attendu par Madame. L'homme était un ami mais Juan le soupçonnait d'avoir mis sa femme dans son lit à une époque où il lui témoignait encore sa fougue. C'était le jour où elle courrait les boutiques des marchands pour trouver l'accessoire qui devait la faire briller devant toute la nomenclatura locale. Juan savait qu'elle partirait tôt avec sa favorite et qu'ils ne se rejoindraient que devant le palais de l'homme de pouvoir. Évidemment, tous les deux se déclarèrent très inquiets en constatant l'absence de celle qui devait prendre place à table à la droite du gouverneur et, vu son absence, ce dernier envoya immédiatement des hommes pour la chercher. La place vide durant le début du repas fut vite dans toutes les discussions et, au bout d'une heure, Juan et François quittèrent les lieux en indiquant à leur hôte qu'ils partaient aussi à sa recherche. Bien sûr, Juan savait très exactement ce qui s'était passé et leur enquête auprès des marchands fut de pure forme. Ils retrouvèrent le responsable de la garde du gouverneur chez le dernier qui avaient accueilli Madame et sa favorite. Une jeune couturière lui racontait que depuis l'arrière boutique, elle avait vu deux hommes armés de dagues forcer les dames à monter dans une calèche à peine sorties. Juan empêcha l'homme en arme de rouer de coups la pauvre fille car il lui reprochait de n'avoir prévenu personne et l'invita plutôt à poursuivre son enquête pour retrouver au plus vite son épouse. Bien sûr, François n'avait pas quitté Juan de la journée et d'autres témoins purent le confirmer par la suite ce qui écarta tout soupçon officiel à son encontre. Lorsque bien plus tard dans la nuit, Juan et le gouverneur réfléchissait à la conduite à tenir, les deux femmes étaient déjà bien loin. L'affaire secoua toute la ville et la traque fut active mais le maître avait confié l'enlèvement à des hommes de confiance très organisés. Avertis par le gouverneur lui-même, le père et la mère de Madame, trop âgés pour se déplacer lui firent confiance pour poursuivre l'enquête, quant aux frères, ils n'étaient pas prêts de venir s'en mêler...

Les jours suivants François s'amusa presque de voir l'hypocrisie de la plupart des personnes qui venaient apporter leur soutien à Juan. Il était clair que Madame était presque autant détestée ici qu'à la plantation. Le visage fermé et grave de Juan faisait merveille mais François avait compris que c'était loin d'être une figure de circonstance. Il lui avait avoué le poids que représentait une telle décision pour cet homme droit et si honnête. Mais, elle était allée beaucoup trop loin...Une semaine s'écoula sans que le gouverneur n'obtienne d'autres informations. La calèche et ses occupants avait littéralement disparue et plus aucun témoignage n'orienta les recherches, au grand désespoir du responsable local qui avoua à Juan qu'il était très inquiet. Juan lui promit de l'avertir si une demande de rançon lui parvenait mais il orienta habilement sa réflexion vers les conflits engendrés par la volonté d'expansion des deux frères de Madame sur des zones que d'autres briguaient aussi très certainement. Un moyen de pression idéal et le gouverneur tomba dans le panneau.

Lorsque François enfourcha son cheval pour quitter la ville, dix jours plus tard. Il sut qu'il allait pouvoir lui aussi régler ses comptes. Il n'avait toujours pas digéré ce qui s'était passé à la plantation et l'heure de la vengeance avait sonné. Après une première journée, Juan s'engagea sur une piste plein sud ouest qui les éloignait très fortement de leur route. Mais sur ces chemins perdus, seuls des animaux sauvages et quelques indiens qui s'enfuirent en voyant les armes à feu furent témoins de ce détour. La forêt exubérante était partout. Malgré sa beauté envoûtante, elle était synonyme de danger pour François et ce ne fut pas la silhouette majestueuse d'un jaguar qui traversa avec audace et majesté en feulant devant leur chevaux à la tombée du jour qui le rassura. Ils arrivèrent tard sur les berges d'une rivière puissante qui charriait des eaux boueuses et François aperçut plusieurs baraquements de fortunes installés autour d'un feu où finissaient de se consumer de gros rondins de bois. Deux hommes vinrent à la rencontre de Juan et, après des salutations chaleureuses, ils partagèrent un repas bien peu habituel. François découvrit la saveur de la chair de serpent mais fut encore plus agréablement surpris de l'effet que lui procurèrent les feuilles qu'on lui proposa de mâcher ensuite.

Il sortit du hamac où il s'était effondré comme une masse. Des cris d's l'avaient réveillé brutalement et il voyait Juan en pleine discussion avec ses deux amis. Des gamins nus et joyeux couraient en tous sens et se jetaient à l'eau près des longues pirogues échouées sur une plage. Les femmes que voyaient maintenant François affairées un peu plus loin étaient également nues et leurs seins distendus par les grossesses se balançaient au gré de leurs mouvements. Deux hommes indigènes arborant des peintures étranges sur le visage et tout le corps vinrent les rejoindre. Juan lui fit signe et l'invita à les suivre. François comprit que l'instant approchait. Ils avancèrent un long moment en suivant un sentier qui s'enfonçait de plus en plus dans la forêt. En voyant la luminosité augmenter, François devina qu'ils atteignaient une clairière. Au centre de cet espace défriché était dressés trois troncs fichés dans le sol. Des cordes fixées en haut et en bas de chacun de ces poteaux ne laissaient guère de doute sur l'usage qui pouvait en être fait. Les deux indiens s'éloignèrent aussitôt par un autre chemin à l'opposé et Juan en profita pour lui parler après avoir sorti deux fouets du sac qu'il avait transporté. Le premier était semblable à celui qui avait déchiré le dos de Lili. Long, puissant en cuir tressé, il se terminait par une fine lanière venimeuse. Le second était fait d'un manche de bois prolongé par plusieurs brins de chanvre noués aux extrémités. François en avait vu sur la goélette durant sa traversée. Utilisé pour punir les marins fautifs, ce chat à neuf queues était craint des hommes car il infligeait des douleurs terribles à celui qui était châtié. Il n'avait pas eu l'occasion de le voir à l’œuvre mais, au moment où le maître de la plantation l'avait sorti du sac, il avait immédiatement compris qu'il en verrait vite les effets.

Les hommes revinrent très vite en poussant devant eux Madame et sa favorite, pieds nus et mains liées dans le dos. Simplement vêtues d'une tunique sale semblable à celle que portaient les esclaves dans les champs de la plantation, elles se débattaient et hurlaient leur colère sans rien avoir perdu de leur combativité. Ce fut lorsqu'elles virent Juan et François qu'elle furent saisies d'effroi et le silence qui s'installa fut juste perturbé par quelques cris d'oiseaux. Madame tenta bien de reprendre la situation en main en simulant le bonheur de voir ce mari si aimé venu la délivrer mais elle tomba vite à genoux pour le supplier cette fois de lui pardonner, jurant ses grands dieux de ne plus jamais recommencer. De son côté, François ne quittait pas des yeux celle qui avait trahi Lili et il aurait voulu lire des regrets. Mais au contraire, il y vit de la haine et une agressivité qui ne laissaient pas la place au pardon. S'ils la laissaient filer, elle irait immédiatement les dénoncer et, ça, il n'en était pas question.

Les deux femmes furent attachés entre les poteaux, bras et jambes écartelés à l'extrême. San un mot pour celle qu'il avait jadis essayé d'aimer, Juan vint d'abord derrière celle qui était devenue sa fidèle complice et il déchira brutalement l'étoffe pour offrir son corps nu à la morsure du fouet. François avait tressailli quand il l'avait entendu énoncer la sentence tout à l'heure. Cinquante coups de fouet pour chacune, pas un de moins ! Lui manierait le chat à neuf queues pour flageller sans pitié la jeune favorite, Juan se réservant le privilège de venger sa fille avec la même lanière de cuir qui l'avait marquée A son tour, le corps nu de Madame se révéla dans la lumière de la clairière. Moins fine mais très belle malgré tout avec des seins encore fermes et une croupe superbe, le spectacle de ces deux femmes soumises qu'ils allaient punir fit frémir François mais, à sa grande surprise, ce qu'il ressentait était loin d'être désagréable. Juan fit durer l'attente en laissant François agir en premier et les sanglots de son épouse terrorisée à l'idée du supplice à venir se mêlèrent aux cris déchirants de la jeune esclave que les lanières de chanvre cinglaient cruellement. François avait bien en main l'instrument beaucoup plus facile à manier que le grand fouet et son bras ne tremblait pas. Des stries rouges vifs apparaissaient après chaque frappe appuyée. Il pensa à Lili pour continuer après le vingtième coup de fouet malgré le dos déjà complètement ravagé par ce fouet redoutable. Juan avait, été clair. Cinquante ! Aucune pitié ! Les insultes qu'elle proféra envers Lili lorsqu'il fit une pause, hésitant à poursuivre sur le dos et les fesses de la fille en sang lui donnèrent la force de terminer la punition en déchirant avec les lanières les seins, lacérés à leur tour. Brisée par le supplice, pantelante, plus aucune parole ne sortit de sa bouche et seuls des gémissements accompagnèrent les derniers coups de François qui resta un moment immobile avant de jeter au sol le chat aux neufs queues couvertes de sang.

Madame supplia et supplia encore lorsqu'elle vit Juan prendre le long fouet avant de se placer à bonne distance derrière son dos. Le premier coup de fouet claqua comme un coup de fusil et le cri de douleur résonna très loin dans la forêt. Les coups suivants, puissants et précis dessinèrent des zébrures profondes . En voyant Juan manier l'instrument, François comprit qu'il avait demandé à l'homme qui avait puni Lili de retenir son bras. La peau du dos de celle qui s'était crue intouchable explosait cette fois à chaque impact et le sang coulait des plaies profondes que la lanière creusait irrémédiablement. Madame hurla mais resta consciente jusqu'au bout. Vaincue à son tour, son regard d'ordinaire si fier avait perdu de sa superbe. Juan fit porter la pointe de la lanière sur la poitrine généreuse pour finir la punition et lorsqu'il jeta le fouet d'un geste de dépit, les deux globes si beaux quelques instants auparavant étaient méconnaissables. Sans se retourner, il entraîna François. Ses hommes devaient revenir s'occuper des deux femmes... Le jeune homme comprit en voyant le regard fuyant de Juan que jamais plus on n'entendrait parler d'elle... Comme s'il fallait un signe, tandis qu'ils marchaient en silence, il entendit, tout prêt d'eux, le feulement du seigneur de la forêt...

La nouvelle était déjà parvenue à la plantation et lorsqu'ils franchirent le portail un climat étrange régnait dans le domaine. Personne n'osait évoquer la disparition des deux femmes et Juan s'enferma aussitôt seul dans ses appartements. Il avait fait ce qu'il croyait juste mais la vie ne serait plus jamais pareille pour lui maintenant. François se précipita dans les bras de Lili sans plus masquer l'évidence de leur amour devant les autres. Elle non plus ne posa aucune question mais il avait suffi à François de plonger dans son regard pour comprendre qu'elle avait tout deviné. Jamais plus, elle ne lui en parla.

La vie reprit son cours à la plantation et même sans la tyrannie de Madame, la maison ne fut jamais aussi bien tenue. La mère de Lili y prit une place spéciale sans que personne n'y trouve à redire. Chaque jour qui passait donnait à François et Lili la possibilité d'explorer encore davantage les limbes du plaisir et il avait presque oublié le fameux rêve. Alors lorsqu'un soir la belle métisse vint glisser son dos tout contre son ventre dans le grand lit, il n'en crut pas ses oreilles.

- Dis François, maintenant que Madame n'est plus là pour me punir, qui va me fouetter maintenant ?

Sans même attendre qu'il réponde, elle glissa sa main vers son sexe que les images qui venaient de fuser dans son cerveau avait fait fortement réagir et il comprit à cet instant que jamais plus il ne rentrerait en France.

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